La nouvelle ère numérique selon Assange : l’âge de la surveillance généralisée ?

Deux membres influents de Google (et donc d’Internet), Eric Schmidt et Jared Cohen, ont récemment publié le livre The New Digital Age (La Nouvelle ère numérique).

Nous vous en proposons ci-dessous la critique cinglante de Julian Assange qui n’hésite pas à affirmer que « l’avancée des technologies de l’information incarnée par Google porte en elle la mort de la vie privée de la plupart des gens et conduit le monde à l’autoritarisme ».

Lorsque Google s’associe ainsi avec le gouvernement américain, son fameux slogan a du plomb dans l’aile et la menace plane…

La banalité du slogan de Google « Ne soyez pas malveillant »

The Banality of ‘Don’t Be Evil’

Julian Assange – 1er juin 2013 – New York Times
(Traduction : Goofy, agui, P3ter, godu, yanc0, Guillaume, calou, Asta, misc, Gatitac, Martinien + anonymes)

« La Nouvelle ère numérique » présente un programme étonnamment clair et provocateur de l’impérialisme technocratique, signé de deux de ses principaux apprentis-sorciers, Eric Schmidt et Jared Cohen, qui élaborent les nouveaux éléments de langage destinés à asseoir la puissance états-unienne sur le monde pour le 21e siècle. Ce langage reflète l’union sans cesse plus étroite entre le Département d’État et la Silicon Valley, incarnée par M. Schmidt, le président exécutif de Google, et par M. Cohen, un ancien conseiller de Condoleezza Rice et de Hillary Clinton, qui est maintenant directeur de Googles Ideas. Les auteurs se sont rencontrés dans le Bagdad occupé de 2009, où ils ont décidé d’écrire ce livre. En flânant parmi les ruines, ils furent excités à l’idée que les technologies de consommation de masse étaient en train de transformer une société laminée par l’occupation militaire des États-Unis. Ils ont décidé que l’industrie des technologies pourrait être un puissant agent de la politique étrangère américaine.

Le livre fait l’apologie du rôle des technologies dans la refonte du monde des nations et des citoyens en un monde semblable à celui des superpuissances dominantes, de gré ou de force. La prose est laconique, l’argumentaire sans détour, la philosophie d’une banalité affligeante. Mais ce n’est pas un livre destiné à être lu. C’est une déclaration majeure destinée à nouer des alliances.

« La Nouvelle ère numérique » est, au-delà de toute autre considération, une tentative par Google de se positionner comme incarnant une vision géopolitique de l’Amérique — la seule et unique entreprise capable de répondre à la question « Où doit aller l’Amérique ? ». Il n’est pas surprenant qu’une sélection imposante des plus farouches bellicistes ait été amenée à donner sa bénédiction à la puissance séduisante du « soft power » occidental. Il faut, dans les remerciements, donner une place de choix à Henry Kissinger, qui, avec Tony Blair et l’ancien directeur de la CIA Michael Hayden, a fait à l’avance les éloges du livre.

Dans celui-ci, les auteurs enfilent avec aisance la cape du chevalier blanc. Un saupoudrage libéral de précieux auxiliaires de couleur politiquement corrects est mis en avant : des pêcheuses congolaises, des graphistes au Botswana, des activistes anti-corruption à San Salvador et des éleveurs de bétail masaïs analphabètes du Serengeti sont tous convoqués pour démontrer docilement les propriétés progressistes des téléphones Google connectés à la chaîne d’approvisionnement informationnelle de l’empire occidental.

Les auteurs présentent une vision savamment simplifiée du monde de demain : les gadgets des décennies à venir ressembleraient beaucoup à ceux dont nous disposons aujourd’hui : simplement, ils seraient plus cool. Le « progrès » est soutenu par l’extension inexorable de la technologie de consommation américaine à la surface du globe. Déjà, chaque jour, un million d’appareils mobiles supplémentaires gérés par Google sont activés. Google, et donc le gouvernement des États-Unis d’Amérique, s’interposera entre les communications de chaque être humain ne résidant pas en Chine (méchante Chine). À mesure que les produits deviennent plus séduisants, de jeunes professionnels urbains dorment, travaillent et font leurs courses avec plus de simplicité et de confort ; la démocratie est insidieusement subvertie par les technologies de surveillance, et le contrôle est revendu de manière enthousiaste sous le terme de « participation » ; ainsi l’actuel ordre mondial qui s’appuie sur la domination, l’intimidation et l’oppression systématiques perdure discrètement, inchangé ou à peine perturbé.

Les auteurs sont amers devant le triomphe égyptien de 2011. Ils jettent sur la jeunesse égyptienne un regard dédaigneux et clament que « le mélange entre activisme et arrogance chez les jeunes est universel ». Des populations disposant de moyens numériques impliquent des révolutions « plus faciles à lancer » mais « plus difficiles à achever ». À cause de l’absence de leaders forts, cela aboutira, ainsi l’explique M. Kissinger aux auteurs, à des gouvernements de coalition qui laisseront la place à l’autocratie. Selon les auteurs « il n’y aura plus de printemps » (mais la Chine serait dos au mur).

Les auteurs fantasment sur l’avenir de groupes révolutionnaires « bien équipés ». Une nouvelle « race de consultants » va « utiliser les données pour construire et peaufiner une personnalité politique. »

« Ses » discours et ses écrits seront nourris (ce futur est-il si différent du présent ?) « par des suites logicielles élaborées d’extraction d’informations et d’analyse de tendances » alors « qu’utiliser les fonctions de son cerveau », et autres « diagnostics sophistiqués » seront utilisés pour « évaluer les points faibles de son répertoire politique ».

Le livre reflète les tabous et obsessions institutionnels du Département d’État (NdT : l’équivalent du Ministère des Affaires étrangères). Il évite la critique sérieuse d’Israël et de l’Arabie Saoudite. Il fait comme si, de manière extraordinaire, le mouvement de reconquête de souveraineté en Amérique Latine, qui a libéré tant de pays des ploutocraties et dictatures soutenues par les États-Unis ces 30 dernières années, n’avait jamais existé. En mentionnant plutôt les « dirigeants vieillissants » de la région, le livre ne distingue pas l’Amérique Latine au-delà de Cuba. Et bien sûr, le livre s’inquiète de manière théâtrale des croque-mitaines favoris de Washington : la Corée du Nord et l’Iran.

Google, qui a commencé comme une expression de la culture indépendante de jeunes diplômés californiens — une culture du respect, humaine et ludique — en rencontrant le grand méchant monde, s’est embarqué avec les éléments de pouvoir traditionnels de Washington, du Département d’État à la NSA.

Bien que ne représentant qu’une fraction infinitésimale des morts violentes à l’échelle mondiale, le terrorisme est un des sujets favoris des cercles politiques des États-Unis. C’est un fétichisme qui doit aussi être satisfait, et donc « Le Futur du Terrorisme » a droit à un chapitre entier. Le futur du terrorisme, apprenons-nous, est le cyberterrorisme. S’ensuit une série de scénarios complaisants et alarmistes, incluant un scénario haletant de film catastrophe dans lequel des cyber-terroristes s’emparent des systèmes de contrôle aérien américains et envoient des avions percuter des bâtiments, coupent les réseaux électriques et lancent des armes nucléaires. Les auteurs mettent ensuite les activistes qui participent aux manifs virtuelles dans le même panier.

J’ai une opinion très différente à ce sujet. L’avancée des technologies de l’information incarnée par Google porte en elle la mort de la vie privée de la plupart des gens et conduit le monde à l’autoritarisme. C’est la thèse principale de mon livre, Cypherpunks (traduit en français sous le titre Menace sur nos libertés. Mais, tandis que MM. Schmidt et Cohen nous disent que la mort de la vie privée aidera les gouvernements des « autocraties répressives » à « cibler leurs citoyens », ils affirment aussi que les gouvernements des démocraties « ouvertes » la verront comme une bénédiction permettant de « mieux répondre aux problèmes des citoyens et des consommateurs ». En réalité, l’érosion de la vie privée en Occident et la centralisation du pouvoir qui lui est associée rendent les abus inévitables, rapprochant les « bonnes » sociétés des « mauvaises ».

La section du livre relative aux « autocraties répressives » décrit nombre de mesures de surveillance répressives qu’elle condamne : les lois dédiées à l’insertion de « portes dérobées » dans des logiciels afin de rendre possibles l’espionnage de citoyens, la surveillance de réseaux sociaux et la collecte d’informations relatives à des populations entières. Toutes ces pratiques sont d’ores et déjà largement répandues aux États-Unis. En fait, certaines de ces mesures, comme celle qui requiert que chaque profil de réseau social soit lié à un nom réel, ont été défendues en premier lieu par Google lui-même.

Tout est sous nos yeux, mais les auteurs ne peuvent le voir. Ils empruntent à William Dobson l’idée selon laquelle les médias, dans une autocratie, « permettent l’existence d’une presse d’opposition aussi longtemps que les opposants au régime comprennent quelles sont les limites implicites à ne pas franchir ». Mais ces tendances commencent à émerger aux États-Unis. Personne ne doute des effets terrifiants des enquêtes menées sur The Associated Press et James Rosen de Fox News. Reste que le rôle de Google dans la comparution de Rosen a été peu analysé. J’ai personnellement fait l’expérience de ces dérives.

Le ministère de la Justice a reconnu en mars dernier qu’il en était à sa 3ème année d’enquête criminelle sur Wikileaks. Le témoignage du tribunal fait remarquer que ses cibles incluent « les fondateurs, propriétaires ou gestionnaires de WikiLeaks ». Une source présumée, Bradley Manning, fait face à un procès de 12 semaines à partir de demain, avec 24 témoins à charge qui témoigneront à huis clos.

Ce livre est une œuvre de très mauvais augure dans laquelle aucun auteur ne dispose du langage pour appréhender, encore moins pour exprimer, le gigantesque mal centralisateur qu’ils sont en train de construire. « Ce que Lockheed Martin était au 20e siècle, les sociétés technologiques et de cybersécurité le seront au 21e siècle », nous disent-ils. Sans même comprendre comment, ils ont mis à jour et, sans accroc, mis en œuvre la prophétie de George Orwell. Si vous voulez une vision du futur, imaginez des lunettes Google, soutenues par Washington, attachées — à jamais — sur des visages humains disponibles. Les fanatiques du culte de la technologie de consommation de masse y trouveront peu de matière à inspiration, non qu’ils en aient besoin visiblement, mais c’est une lecture essentielle pour quiconque se retrouve pris dans la lutte pour le futur, ayant en tête un impératif simple : connaissez vos ennemis.

Crédit photo : Steve Rhodes (Creative Commons By-Nc-Nd)




Le bug #1 d’Ubuntu enfin fixé : Microsoft n’est plus dominant sur le marché

Lorsque la distribution GNU/Linux Ubuntu est sortie en 2004, son père fondateur Mark Shuttleworth a signalé lui-même le premier « bug » : Microsoft détient la majorité du marché (Microsoft has a majority market share).

Il s’agissait symboliquement, et avec humour, de montrer le cap à suivre en désignant le principal concurrent.

Aujourd’hui la donne a changé et Shuttleworth a décidé hier de marquer ce bug comme résolu (fix released), quand bien même cela ne signifie pas, loin de là, qu’Ubuntu ait gagné comme il s’en explique ci-dessous.

Remarque : Nous en profitons pour signaler que Framasoft sera présent en masse à l’Ubuntu Party de Paris, avec stand et 3 mini-conférences le samedi 1er juin.

Ubuntu bug#1 Microsoft

Bug #1 : Microsoft détient la majorité du marché

Bug #1 (liberation) : Microsoft has a majority market share

Mark Shuttleworth – 30 mai 2013 – Launchpad Ubuntu
(Traduction : Penguin, Mowee, Cryptie, quack1, @zessx, Asta, misc, MFolschette, Samusz + anonymes)

Aujourd’hui, l’utilisation de l’informatique dans la vie de tous les jours est beaucoup plus importante qu’elle ne l’était en 2004 : les téléphones, tablettes et autres appareils nomades sont devenus une part non négligeable de notre vie numérique. D’un point de vue compétitif, cet édifiant marché est une bénédiction pour la concurrence. Avec notamment iOS et Android, qui tous deux représentent une part significative du marché (Voir Windows en dessous de iOS et Android réunis avec ce graphique.

Android n’est peut-être pas mon premier choix de (noyau) Linux, ni le vôtre, mais c’est sans aucun doute une plateforme open source qui offre des avantages pratiques et économiques aux utilisateurs, comme à l’industrie. Ainsi, nous avons d’un côté de la concurrence et de l’autre une bonne représentation de l‘open source dans l’informatique personnelle.

Même si nous n’avons joué qu’un petit rôle dans ce changement, je pense qu’il est important pour nous de reconnaître qu’il a eu lieu. Du point de vue d’Ubuntu, le bug est maintenant clos.

Évidemment, ce bug a aussi un aspect social. Pour beaucoup, il a fait office de déclaration d’intention. Mais il est préférable pour nous de nous concentrer sur l’excellence de notre propre travail, plutôt que considérer notre impact sur le produit des autres. Depuis les (nombreuses) années que ce bug est référencé, nous avons trouvé comment être excellents dans le cloud, et j’espère que nous trouverons aussi bientôt comment l’être sur les postes de travail des développeurs, et peut-être même sur toute la quantité d’appareils que les utilisateurs réguliers peuvent utiliser. Je préférerais désormais que nous trouvions un cri de ralliement qui célébrerait ces idées et leur management.

Il est important de remarquer que de nos jours, si vous êtes dans le domaine de l’informatique dématérialisée (NdT : cloud computing), l’équipe de service d’infrastructure (NdT : IaaS) de Microsoft est très compétente et travaille dur pour que Linux soit parfaitement supporté par Azure, ce qui rend le travail avec eux très plaisant. Si l’évolution du marché a peut-être joué un rôle dans tout ça, les circonstances ont changé et les institutions se sont adaptées. Nous nous devons donc de le faire aussi.

Cela dit, il est bon de prendre du recul et de visualiser combien tout cela a changé depuis 2004, et à quelle vitesse ! Avec Ubuntu, notre but est de proposer à tous une expérience utilisateur formidable, que ce soit pour les développeurs, pour la production en entreprise ou tout simplement l’utilisateur final. Et tout cela avec un large support de matériel. Nous évoluons dans un environnement dynamique qui ne cesse de changer d’année en année. C’est donc pour cela que nous devons sans arrêt nous remettre en question, que ce soit au niveau de notre façon de faire, nos pratiques, les outils que nous utilisons ainsi que les relations que nous entretenons en interne et en externe. Corriger ce problème n’en est qu’un tout petit exemple.




Quand l’industrie culturelle US veut attaquer les « pirates » à l’artillerie lourde !

Une nouvelle traduction de Cory Doctorow

L’industrie américaine du divertissement au Congrès : autorisez-nous légalement à déployer des rootkits, des mouchards, des logiciels rançonneurs et des chevaux de Troie pour attaquer les pirates !

US entertainment industry to Congress: make it legal for us to deploy rootkits, spyware, ransomware and trojans to attack pirates!

Cory Doctorow – 26 mai 2013 – BoingBoing.net
(Traduction : Mowee, ehsavoie, audionuma, Asta)

La « Commission sur le Vol de la Propriété Intellectuelle Américaine », qui porte bien comiquement son nom, a finalement rendu son rapport de 84 pages complètement folles. Mais dans toute cette folie, il y a une part qui l’est encore plus que le reste : une proposition pour légaliser l’usage des logiciels malveillants afin de punir les personnes soupçonnées de copies illégales. Le rapport propose en effet que ce logiciel soit chargé sur les ordinateurs et qu’il détermine si vous êtes un pirate ou non. S’il soupçonne que c’est le cas, il verrouillera votre ordinateur et prendra toutes vos données en otage jusqu’à ce que vous appeliez la police pour confesser vos crimes. C’est ce mécanisme qu’utilisent les escrocs lorsqu’ils déploient des logiciels rançonneurs (NdT : ransomware).

Voilà une preuve supplémentaire que les stratégies en terme de réseau des défenseurs du copyright sont les mêmes que celles utilisées par les dictateurs et les criminels. En 2011, la MPAA (Motion Picture Association of America) a dit au Congrès qu’ils souhaitaient l’adoption de la loi SOPA (Stop Online Piracy Act). Selon eux, cela ne pouvait que fonctionner vu que la même tactique est utilisée par les gouvernements en « Chine, Iran, Émirats Arabes Unis, Arménie, Éthiopie, Arabie Saoudite, Yémen, Bahreïn, Birmanie, Syrie, Turkménistan, Ouzbékistan et Vietnam. » Ils exigent désormais du Congrès que soit légalisé un outil d’extorsion inventé par le crime organisé.

De plus, un logiciel peut être écrit de manière à ce que seuls des utilisateurs autorisés puissent ouvrir des fichiers contenant des informations intéressantes. Si une personne non autorisée accède à l’information, un ensemble d’actions peuvent alors être mises en œuvre. Par exemple, le fichier pourrait être rendu inaccessible et l’ordinateur de la personne non autorisée verrouillé, avec des instructions indiquant comment prendre contact avec les autorités pour obtenir le mot de passe permettant le déverrouillage du compte. Ces mesures ne violent pas les lois existantes sur l’usage d’Internet, elles servent cependant à atténuer les attaques et à stabiliser un cyber-incident, pour fournir à la fois du temps et des preuves, afin que les autorités puissent être impliquées.

De mieux en mieux :

Alors que la loi américaine interdit actuellement ces pratiques, il y a de plus en plus de demandes pour la création d’un environnement légal de défense des systèmes d’informations beaucoup plus permissif. Cela permettrait aux entreprises de non seulement stabiliser la situation, mais aussi de prendre des mesures radicales, comme retrouver par elles-mêmes les informations volées pouvant aller jusqu’à altérer voire détruire ces dernières dans un réseau dans lequel elles n’ont pourtant aucun droit. Certaines mesures envisagées vont encore plus loin : photographier le hacker avec sa propre webcam, infecter son réseau en y implantant un logiciel malveillant ou même désactiver voire détériorer physiquement le matériel utilisé pour commettre les infractions (comme son ordinateur).

Source : La Commission sur le Vol de la Propriété Intellectuelle Américaine recommande les malwares !




Framapad de plus en plus utilisé dans l’éducation

Framapad sur iPad

On ne nous prévient pas toujours loin de là mais nous constatons avec fierté et plaisir que notre service libre Framapad est de plus en plus souvent utilisé dans les établissements scolaires (par exemple ici, ici, ici ou encore ).

On y a apprécie son immédiateté, sa simplicité d’usage et surtout ses potentialités pédagogiques, notamment pour ce qui concerne le travail collaboratif (on y apprécie également le fait que ce soit libre et qu’on n’est pas obligé d’en passer par Google).

Nous avons voulu en savoir plus en interviewant ci-dessous deux enseignantes, l’une du primaire et l’autre du secondaire.

Merci de relayer l’info pour faire connaître et donner envie à plus de monde encore de se frotter à Framapad. Merci également d’apporter votre témoignage dans les commentaires si vous aussi vous l’utilisez dans vos classes, il est important pour nous de faire savoir que nous sommes utiles 😉

La photo ci-dessous est issue d’une séance pédagogique très détaillée réalisée en SVT dans l’Académie de Créteil (on y parle de Firefox et LibreOffice aussi). Nous vous invitons également à regarder cette vidéo[1] où des élèves de l’Académie de Bordeaux découvre l’écriture poétique avec Framapad sur leur… iPad !

Framapad éducation - Créteil SVT

Interview croisée de deux utilisatrices de Framapad, l’une au primaire et l’autre au secondaire

Bonjour, pouvez-vous vous présenter succinctement. Où enseignez-vous et à quel niveau ?

Laetitia : Bonjour, Laetitia, enseignante en CM1/CM2, dans les Deux-Sèvres

Hélène : Professeur documentaliste au Collège Saint Jean (215 élèves) dans le Tarn.

Comment avez-vous connu Framapad ?

Laetitia : Par l’animateur informatique de ma circonscription qui en a parlé en animation pédagogique (temps de formation).

Hélène : Je ne me souviens plus précisément mais sans aucun doute par le biais de mutualisation entre professeurs documentalistes

Qu’est-ce qui vous a motivé(e) à le proposer à vos élèves/étudiants ?

Laetitia : Un projet inter-degrés entre ma classe et une classe de 6e de mon collège de secteur.

Hélène : Plusieurs questions et interrogations m’ont amenée à utiliser un outil d’écriture collaborative. Comment dépasser le simple « copier-coller » des élèves ? Comment enseigner l’écriture numérique ? Comment faire pour que les élèves donnent du sens à leurs recherches documentaires ? Comment développer chez des élèves de collège le sens du travail collaboratif ?

Il fallait un outil simple, facilement accessible et bien sûr librement utilisable par les élèves. Framapad répondait à ces critères.

Quels dispositifs avez-vous mis en place pour l’utiliser ? Avec quels matériels ? Et surtout pour quelle démarche pédagogique ?

Laetitia : Production d’écrit par 4 (1 élève chacun), connectés en même temps.

Hélène : lors de la mise en activité de recherche par les élèves, je pratique avec mes collègues la méthode du document de collecte. Ce document de collecte est la première étape d’un brouillon, constituée d’extraits « copier-coller » correctement référencés (sources des informations relevés). Il permet à la fois de cerner un sujet, d’évaluer la pertinence d’une information et de prélever l’information à partir d’internet notamment.

Lors de travaux de groupes, il est apparu nécessaire de trouver un outil permettant aux élèves de travailler simultanément sur un même document pour mutualiser ce document de collecte et interagir sur celui-ci. Par exemple, pour un dossier santé et environnement en SVT en classe de 3e, les élèves ont en amont travaillé sur un article d’actualité qui a permis de dresser collectivement une cartographie des producteurs d’info, sur les sources (cartographie des sources) en réalisant un scoop.it comme traces de leur recherche.

L’outil Framapad a ensuite permis à chaque binôme de réaliser son travail de collecte, de synthèse et de réécriture des informations à partir du document de collecte réalisé. Au besoin, chacun a pu revenir sur les sites préalablement sélectionnés pour compléter, approfondir des points particuliers.

Dans la mesure où Framapad se trouve sur Internet, est-ce que la connexion parfois hésitante des établissements scolaires a été un frein à son usage ?

Laetitia : Parfois j’ai eu du mal à avoir un ordinateur connecté par élève (ligne Wi-Fi trop légère pour le nombre de PC).

Hélène : Personnellement, je n’ai pas eu de soucis particuliers. 5 ou 6 groupes ont pu travailler simultanément sur leur pad. Mais j’ai des retours de collègues pour qui le site a plusieurs fois « beugué » lorsqu’il y avait trop de connexions simultanées. Ce genre de séance nécessite d’avoir une solution de repli sous le coude.

Dans la mesure où Framapad se trouve sur Internet, avez-vous envisagé des scénarios pédagogiques hors temps de classe, où les élèves seraient invités à travailler dessus et ensemble depuis leur domicile ?

Hélène : Les binômes qui n’avaient pas terminé leur travail de réécriture ont été invités à le terminer. L’avantage avec ce dispositif c’est que chacun des élèves du groupe peut y accéder à son rythme, depuis chez lui ou depuis le CDI du collège. Même en cas d’absence d’un élève par exemple le travail reste accessible à l’autre élève.

Quels sont les points positifs et négatifs que vous avez rencontrés lors de son usage en classe ?

Laetitia : Lorsque les élèves se connectent à leur texte d’un ordinateur différent, ils n’ont plus la même couleur, celle-ci reste attribuée à l’ordinateur qui se connecte. Les prénoms ne restent pas enregistrés, c’est dommage pour le suivi par l’enseignant (hors temps scolaire sur un ordi perso, donc connexion différente).

Hélène : Je partage cette dernière remarque qui peut être résolu en demandant aux élèves de préciser en haut de page la couleur qu’ils ont choisi (ici même, pour cette interview c’est ce que vous nous demandez de faire d’ailleurs[2]).

Framapad permet un véritable travail collaboratif du binôme qui peut annoter, corriger, compléter le travail de l’autre. Je trouve important (et c’est d’ailleurs une compétence du B2i (2.4 – Participer à des travaux collaboratifs en connaissant les enjeux et en respectant les règles) de leur montrer ces possibilités de travail.

Plusieurs points positifs à l’usage du pad en classe :

  • Un suivi pour mon collègue de SVT et moi-même après chaque séance : annoter, corriger, questionner et même si besoin vérifier l’historique du pad—qui a écrit, quoi ?
  • Alternance de l’individualisation du travail et de travail de groupe : d’abord un travail individuel (chacun ayant en charge une partie du travail) puis un travail de relecture et d’annotation de la partie de l’autre. Les élèves ont vraiment eu le souci de reformulation, de conservation des informations pertinentes par rapport à leur plan même si sur certains pads le passage du copier-coller au copier-créer reste difficile soit parce qu’ils ne comprennent pas ce passage et ne font donc aucun effort de synthèse soit au contraire parce qu’ils estiment que la phrase est déjà suffisamment claire.
  • La possibilité de personnaliser les URL d’accès au pad pour être facilement mémorisable et transmise aux autres et aux enseignants.

Points d’amélioration : En collège, l’usage du tchat, qui offre pourtant des perspectives intéressantes d’échange et de partage, reste difficile, sans doute encore par manque de maturité ou d’expérience de l’exercice. J’ai donc pour ma part privilégié la concertation de vive voix et mettant les élèves côte à côte dans la salle informatique.

Quelles sont les fonctionnalités qui manquent selon vous à Framapad, notamment pour un usage éducatif ? Que pensez-vous de son ergonomie générale, est-ce adapté à la spécificité d’un jeune public ?

Laetitia : Pas d’idée particulière. Oui, ça convient pour des élèves du primaire de fin de cycle 3.

Hélène : Peut-être plus de possibilité de mise en page (taille de la police par exemple pour mettre en valeur des titres)

On dit souvent que les élèves ne sont pas assez habitués à travailler collaborativement, ensemble, en groupe, etc. Un tel outil vous semble-t-il intéressant pour développer de telles compétences ?

Laetitia : Oui, pour le développement de la maîtrise de la langue écrite, pour expliquer, argumenter, justifier…

Hélène : Un outil d’écriture collaborative permet de développer des compétences informationnelles et numériques.

  • LIRE : Savoir confronter les différents discours sur un sujet (information divergentes ou contradictoires sur des sujets de controverses par exemples), être capable de relever les manques ou les besoins ;
  • ECRIRE : Etre capable d’écrire à plusieurs sur un même document, Savoir prendre en compte l’écrit de l’autre afin de le compléter ou de modifier son propre écrit. Il s’agit d’un véritable travail de création ;
  • NAVIGUER : Maîtriser la navigation en ligne en utilisant les hypertexte, la navigation d’un onglet à l’autre ;
  • ORGANISER : S’appuyer sur le document de collecte pour construire une carte d’idées et un plan.

L’outil pad permet également de développer chez les élèves des aptitudes de concertation et de choix (ce qu’on garde, ce qu’on supprime et pourquoi). Il amène les élèves à développer un esprit critique et une réflexion sur leur propre écriture

Réitérerez-vous l’expérience ? Le conseilleriez-vous à des collègues ?

Laetitia : Oui, mais avec 3 élèves et l’enseignant sur le 4e poste pour réguler en direct, poser des questions, relancer, aider…

Hélène : Sans aucun doute, OUI et même pour les plus petites classes. je l’utilise d’ailleurs également avec des collègues professeurs documentalistes lorsque nous avons besoin de réfléchir à plusieurs sur une problématique, bâtir des ordres du jour ou des synthèses par exemple.

Saviez-vous que derrière Framapad se cache Framasoft et derrière Framasoft la promotion et la diffusion du logiciel libre ?

Laetitia : Je savais que Framapad faisait partie de Framasoft dont j’avais entendu parler par un autre animateur informatique de mon département.

Hélène : Oui pour utiliser plusieurs de ses services notamment Framamindmap ou Framadate. Nos établissements n’ont pas toujours les moyens d’avoir des logiciels payants. Et puis la philosophie du libre est en adéquation avec les valeurs que je souhaite véhiculer à travers mon enseignement du numérique.

Notre slogan est « La route est longue mais la voie est libre », cela vous inspire quelque chose ?

Laetitia : Oui, que c’est un dur labeur mais que la réussite est assurée !

Hélène : Je suis convaincue de l’intérêt collectif du partage et du libre : il contribue à l’intelligence et à la pensée collectives. Cette notion de libre rejoint de très près la notion de biens communs.

Les initiatives comme celles de Framasoft sont à encourager parce qu’elles participent au développent de l’enseignement du numérique… Même si la route est longue, nous y sommes bel et bien. Pour Bernard Steigler, le numérique entre aujourd’hui dans une troisième phase : celle des « technologies de l’annotation ».

Notes

[1] Vidéo d’où est extraite l’image d’introduction.

[2] L’interview croisée a été réalisée sur Framapad également 😉




Google abandonne les standards ouverts pour sa messagerie instantanée ?

Un coup on souffle le chaud, un coup on souffle le froid, Google est bipolaire vis-à-vis du logiciel libre, des formats ouverts et du respect de la vie privée.

C’est d’autant plus flagrant lorsque pour critiquer Google on s’en réfère à ses propres déclarations.

Et l’on se retrouve, sans crier gare, du jour au lendemain, avec une messagerie instantanée potentiellement amputée de ses qualités précédentes…

Osde8info - CC by-sa

Google abandonne les standards ouverts pour la messagerie instantanée

Google Abandons Open Standards for Instant Messaging

Parker Higgins – 22 mai 2013 – EFF.org
(Traduction : Penguin, TheCamel, audionuma, Asta, KoS)

Au milieu du tourbillon médiatique qui entoure sa conférence I/O annuelle, Google a lâché quelques informations malheureuses sur ses plans concernant sa messagerie instantanée. À plusieurs endroits sur le web, la société remplace son actuelle plateforme « Talk » par une nouvelle dénommée « Hangouts » qui réduit drastiquement le support du protocole ouvert de messagerie instantanée connu sous le nom de XMPP (ou Jabber de manière informelle) et supprime également l’option de désactivation de l’archivage de toutes les communications en messagerie instantanée. Ces changements représentent une bascule des protocoles ouverts vers des protocoles fermés ainsi qu’un recul flagrant pour de nombreux utilisateurs.

Une régression pour l’interopérabilité

Auparavant, le support complet de XMPP par Google signifiait que les utilisateurs pouvaient communiquer avec des interlocuteurs utilisant d’autres services de messagerie instantanée, voire hébergeant leur propre serveur de messagerie instantanée. Ce type de décentralisation est une bonne chose : il diminue la dépendance à un service particulier, ce qui en contrepartie permet aux différents services de se différencier sur des aspects importants comme la qualité, la fiabilité ou le respect de la vie privée.

Certains utilisateurs, par exemple, ne souhaitent peut-être pas fournir à Google des informations sur le contenu de leurs messages, quand et d’où ils se sont connectés, ou bien avec qui ils ont l’habitude de clavarder. Les informations concernant les personnes avec qui les utilisateurs communiquent peuvent être sensibles ; souvenez vous, ces données étaient au cœur du retour de bâton qui frappa Buzz, un ancien réseau social, lorsqu’il décida de les rendre publiques par défaut.

La possibilité de fédérer différents services permet aux utilisateurs de faire leur choix eux-même. Voici une explication issue de la propre documentation de Google concernant la plateforme « Talk », dans une partie intitulée « Communications ouvertes » :

Le choix du service vous permet de choisir votre fournisseur en vous basant sur des facteurs plus importants tels que les fonctionalités, la qualité de service et le prix, tout en conservant la capacité de communiquer avec qui vous voulez.

Malheureusement, ce n’est pas le cas de nombreux services IM (messagerie instantanée) et VOIP (voix sur IP) aujourd’hui. Si les personnes avec qui vous souhaitez communiquer sont toutes connectées à des services IM/VOIP différents, vous devez créer un compte chez chacun d’entre eux pour pouvoir communiquer.

Le nouveau protocole Hangouts soulève précisément les questions que Google souligne ci-dessus. Les utilisateurs n’ont d’autre choix que d’utiliser les serveurs de Google ou se déconnecter des gens qui les utilisent. Les utilisateurs de Google ne sont pas informés du changement : leurs copains qui utilisent jabber.org, member.fsf.org, ou n’importe quel autre service qui utilise XMPP n’apparaîtront tout simplement plus dans la liste des contacts en ligne.

Ces changements sont le résultat de l’abandon par Google d’un sous-ensemble particulier du standard XMPP, le server-to-server federation. Mais pour le moment, Google continue à utiliser la partie connexion client-serveur, ce qui signifie que dès lors que vous êtes connecté avec un compte Google, vous pouvez utiliser n’importe quelle application utilisant ce protocole.

C’est important pour plusieurs raisons. Une des plus importantes est qu’aucun client officiel Google ne propose le chiffrement des communications Off-the-Record (OTR), qui devient un composant critique pour la sécurité des communications en ligne. Si les deux participants dans un échange sur messagerie instantanée utilisent chacun un chiffrage OTR, ils disposent d’une liaison sécurisée d’un bout à l’autre, ce qui signifie que personne, y compris leur fournisseur de service, ne peut lire le contenu de leurs messages.

Des changements dans l’historique

Malheureusement, un autre changement de la part de Google pourrait forcer les utilisateurs à faire un choix difficile, à savoir utiliser ou non ces clients externes tels que Pidgin, Adium, Gibberbot ou Chatsecure pour discuter. Le dilemme vient en particulier de la manière dont Google a changé sa façon d’archiver les conversations et de les présenter à l’utilisateur.

Précédemment, les utilisateurs pouvaient désactiver l’« historique de conversation », ce qui empêchait la sauvegarde des messages instantanés sur leur compte Gmail. Avec les nouveaux paramètres, les utilisateurs qui ne veulent pas conserver une copie de leur conversation accessible via Gmail doivent désactiver l’« historique Hangout », et ce pour chaque contact[1]. Le problème est que les utilisateurs peuvent seulement désactiver l’historique Hangout avec un compte Google Hangout officiel.

Donc tant pis pour les utilisateurs soucieux de leur vie privée qui veulent utiliser le chiffrement Off-the-Record et qui désirent garder leurs messages loin de leur compte Gmail. Et s’ils veulent continuer à discuter avec leurs amis sur Google chat, ils ne peuvent même pas le faire autre part.

Depuis la semaine dernière, Google demande aux utilisateurs de remplacer l’application Android Talk par Hangouts et de passer à Hangout au sein de Gmail dans Chrome. Soyez vigilants avant d’effectuer la mise à jour, soyez vigilants du coût pour la liberté de ces « améliorations ».

Que devrait faire Google ?

Dans son explication publique officielle de son abandon du support de XMPP, Google a expliqué que c’était une décision difficile, rendue nécessaire par des contraintes techniques. Mais même si le nouveau protocole obéit à de nouvelles contraintes techniques, cela n’empêche pas la compagnie de le rendre public et interopérable. Libérer les spécifications de Google Hangouts serait un bon premier pas. Fournir des client et des serveurs open source en serait un second. Il est clair que certaines fonctionnalités vidéo de Hangouts ont été implémentées dans un but spécifique à Google. Mais ce n’est pas une excuse pour nous emmener vers un monde où les seuls choix concrets sont des logiciels et des protocoles de chat propriétaires.

Une autre initiative simple à mettre en œuvre au bénéfice des utilisateurs aurait été d’incorporer le support de Off-the-Record dans le client Hangout officiel. Si de telles possibilités de confidentialité étaient proposées aux utilisateurs, cela atténuerait le fait d’offrir des options de protection de la vie privée seulement dans le logiciel propriétaire de Google.

Dans le document Google « Communications ouvertes » cité ci-dessus, l’entreprise explique en quoi c’est un véritable engagement d’ouvrir les canaux de communication :

La mission de Google est de rendre l’information mondiale universellement accessible et utile. Google Talk, qui permet aux utilisateurs de communiquer instantanément avec leurs amis, leur famille et leurs collègues via des appels vocaux et des messages instantanés, reflète notre conviction que les communications devraient être accessibles et utiles.

Nous sommes frustrés et déçus de voir Google reculer face à cette mission.

Crédit photo : Osde8info (Creative Commons By-Sa)

Notes

[1] Pour être clair, même les réglages précédents étaient loin d’être parfaits du point de vue de la vie privée : désactiver l’historique de conversation permettait uniquement d’empêcher l’archivage des messages sur votre compte Gmail, mais n’empêchait pas les autres utilisateurs, ou Google lui-même, de garder une trace de la conversation.




Il y a du Aaron Swartz dans le projet Strongbox du New Yorker

« Le magazine américain New Yorker a annoncé la création d’une boîte informatique sécurisée nommée Strongbox, destinée à recevoir des informations en protégeant l’anonymat des sources » pouvait-on lire récemment sur le site des Écrans, qui ajoute : « La technologie utilisée a été développée par le jeune militant d’Internet et hacker Aaron Swartz, qui était poursuivi par la justice pour avoir pénétré une base de données universitaires et s’est suicidé en janvier ».

Nous avons voulu en savoir plus en traduisant l’article ci-dessous. Difficile de se départir d’une certaine émotion quand on sait ce qu’il lui est arrivé par la suite…

Strongbox - The New Yorker

Strongbox et Aaron Swartz

Strongbox and Aaron Swartz

Kevin Poulsen – 15 mai 2013 – The New Yorker
(Traduction : anneau2fer, Penguin, Sky, lgodard, Rudloff, Asta, Jere, KoS + anonymes)

Aaron Swartz n’était pas encore une légende lorsque, il y a presque deux ans, je lui ai demandé de développer une boîte aux lettres anonyme et open source. Ses réussites étaient réelles et variées, mais les événements qui allaient le faire connaître du grand public faisaient encore partie de son futur : sa mise en cause dans une affaire criminelle au niveau fédéral ; son essor en tant que leader du mouvement contre la liberticide Sopa ; son suicide dans un appartement de Brooklyn. Je le connaissais comme programmeur et comme activiste, un membre de la tribu relativement restreinte de gens qui savent transformer des idées en code — un autre mot pour « action » — et qui ont la sensibilité nécessaire pour comprendre instantanément ce que je cherchais : un moyen sûr pour les journalistes de communiquer avec leurs sources.

Il existe une fracture technologique grandissante : les écoutes de téléphones et d’emails, le piratage d’ordinateurs, sont des armes pour quiconque cherche à identifier les sources d’un journaliste. À quelques exceptions, la presse a peu fait pour se protéger : nos efforts en matière de sécurité de l’information tendent à se concentrer sur la partie des infrastructures qui accepte les cartes de crédit.

Aaron était au fait de ce genre de problème. Je l’avais d’abord rencontré en 2006, lorsqu’avec deux autres codeurs, il avait vendu le site d’info communautaire Reddit à Condé Nast, la maison mère de Wired, où je travaille, et du New Yorker. Tous trois se sont retrouvés dans une salle de conférence improvisée près du siège de Wired à San Francisco. Aaron se distinguait de ses collègues — il était angoissé, silencieux, et a expliqué dans un billet de blog à quel point il n’aimait pas travailler là.

Un lundi, il a quitté le bureau pour passer la journée au tribunal tout proche, où une audience avait lieu dans l’affaire Kahle contre Gonzales, une bataille constitutionnelle autour du copyright menée par le professeur de droit Lawrence Lessig. Lorsqu’il est revenu, il m’a demandé, un peu timidement, s’il pouvait écrire quelque chose sur le sujet dans Wired. Le billet de blog de 700 mots qui en résultât était bien écrit et énonçait clairement le sujet. Je me suis posé des questions sur ce jeune patron de start-up qui mettait son énergie dans le débat sur le copyright. Ça, et sa co-création d’un projet d’anonymisation appelé Tor2Web, était ce que j’avais en tête lorsque je l’ai approché pour mon projet de boîte aux lettres sécurisée. Il a accepté de le faire, tout en sachant que le code serait open source — la licence autorisant n’importe qui à l’utiliser librement — lorsque le système serait lancé.

Il se mit à coder immédiatement, pendant que je cherchais les serveurs et la bande passante nécessaires chez Condé Nast. Les normes de sécurité imposaient que le système soit sous le contrôle physique de la société, mais avec sa propre infrastructure isolée. Des autorisations ont du être demandées. Les cadres avaient des questions. Les juristes avaient encore plus de questions.

En octobre 2011, Aaron est venu dans les bureaux de Wired et nous avons travaillé sur quelques détails. Durant les années qui ont suivi, le mutisme tranquille d’Aaron s’est mué en confiance provisoire, sa morosité remplacée par un sourire désarmant et une douce générosité. Avant qu’il ne parte, je suis allé avec lui dans les nouveaux locaux, bien plus grands, de Reddit, qui se trouvaient à côté. Il entra, regarda autour de lui, et ressortit sans que personne ne l’ait reconnu.

Entre-temps, Aaron avait été inculpé pour le téléchargement de 4 millions d’articles de JSTOR, une base de données académique, depuis le réseau public du MIT. Cette affaire a dû lui peser. Mais il n’en parlait pas.

Il vivait a New York à cette époque, mes contacts avec lui étaient donc essentiellement électroniques. Le système, que nous appelions DeadDrop, était, pour nous deux, un projet secondaire, et Aaron en avait beaucoup de prioritaires. J’ai appris son protocole : quand il avait le temps de programmer, je pouvais le joindre par téléphone ou sur Skype. Nous avions de long échanges à propos de sécurité et de fonctionnalités ; Aaron rejetait ceux dont il pensait qu’ils compliqueraient trop le système — clés de chiffrement individuelles pour chaque reporter, par exemple.

À New York, un expert en sécurité informatique nommé James Dolan convainquit un trio de collègues de son industrie de rencontrer Aaron pour examiner l’architecture, et plus tard, le code. Nous voulions être raisonnablement assurés que le système ne serait pas compromis, et que les sources pourraient déposer des document de manière anonyme, afin que même l’organe de presse qui les recevrait ne serait pas capable de dire au gouvernement d’où ils venaient. James a écrit un guide de sécurité pas à pas très détaillé pour les organisations qui implémentent le code. « Il va un peu trop loin », disait Aaron dans un email, « mais ce n’est peut-être pas une mauvaise chose ».

En décembre 2012, le code d’Aaron était stable, et une date approximative de lancement avait été définie. Puis, le 11 janvier, il se suicida. Dans les jours qui suivirent, il était difficile de penser à autre chose que la perte et la douleur de sa mort. Un lancement, comme beaucoup d’autres choses, était secondaire. Son suicide a également fait apparaître de nouvelles questions : à qui appartient le code désormais ? (Réponse : ses dernières volontés indiquaient qu’il voulait que toutes ses propriétés intellectuelles reviennent à Sean Palmer, qui donna sa bénédiction au projet). Est-ce que ses amis proches et sa famille approuveraient de poursuivre le lancement ? (Son ami et exécuteur testamentaire, Alec Resnick, a signalé que c’était le cas). Le New Yorker, qui a un long passé de travail d’enquête sérieux, apparut comme le premier foyer pour le système. La version du New Yorker s’appelle Strongbox et a été mise en ligne ce matin.

Neuf jours après la mort d’Aaron, son avatar Skype si familier, est apparu sur mon écran. Quelqu’un, quelque part, probablement un membre de sa famille, avait démarré son ordinateur. J’ai dû combattre l’envie irrationnelle de cliquer sur l’icône et reprendre notre conversation. Puis il a disparu à nouveau de mon écran.




Les statistiques du réseau Framasoft réactualisées au début 2013

En 2008, nous présentions ici-même quelques statistiques mensuelles des cinq premiers sites du réseau Framasoft en terme de trafic. Nous avons réitéré en 2010. Les voici réactualisées en janvier/février 2013 (la même période qu’en 2010).

On constate tout d’abord l’apparition dans le top five de deux de nos services libres : Framapad et Framadate (en lieu et place de Framabook et Framagora).

Si on compare à 2010, du côté des OS, Windows baisse un peu, GNU/Linux stagne et Mac progresse. Tandis que chez les navigateurs, Firefox baisse et Internet Explorer plonge (Safari lui passe même parfois devant) au détriment de Chrome qui gagne en moyenne près de 20%.

Pour ce qui concerne le trafic global, les sites historiques Framasoft et Framakey baissent (plusieurs hypothèses, une interne : la faible mise à jour, et une externe : changement d’usages et d’intérêt), le Framablog progresse et nos services libres font d’emblée une belle percée. N’oublions pas également que le réseau Framasoft compte aujourd’hui une vingtaine de projets, ce qui était loin d’être le cas en 2010.

Statistiques Framasoft entre le 11 janvier et le 10 février 2013

  • Framasoft
    • visiteurs/mois : 208 000
    • visites/mois : 256 000
    • pages vues/mois : 636 000
    • Les 3 premiers OS : Windows 77%, Linux 11%, Mac 10%
    • Les 3 premiers navigateurs : Firefox 48%, Chrome 26%, IE 16%
  • Framablog
    • visiteurs/mois : 63 000
    • visites/mois : 85 000
    • pages vues/mois : 120 000
    • Les 3 premiers OS : Windows 54%, Linux 23%, Mac 13%
    • Les 3 premiers navigateurs : Firefox 49%, Chrome 27%, Safari 9%
  • Framakey
    • visiteurs/mois : 33 000
    • visites/mois : 65 000
    • pages vues/mois : 210 000
    • Les 3 premiers OS : Windows 93%, Linux 4%, Mac 2%
    • Les 3 premiers navigateurs : Firefox 69%, Chrome 12%, IE 10%
  • Framadate
    • visiteurs/mois : 32 000
    • visites/mois : 66 000
    • pages vues/mois : 180 000
    • Les 3 premiers OS : Windows 64%, Mac 16%, Linux 13%
    • Les 3 premiers navigateurs : Firefox 48%, Chrome 18%, IE 17%
  • Framapad
    • visiteurs/mois : 28 000
    • visites/mois : 62 000
    • pages vues/mois : 159 000
    • Les 3 premiers OS : Windows 65%, Mac 16%, Linux 15%
    • Les 3 premiers navigateurs : Firefox 51%, Chrome 27%, Safari 11%



Nouveau framabook : Histoires et cultures du Libre !

Framasoft est fier de vous annoncer la sortie officielle de son nouveau framabook, assurément l’un des plus importantes et ambitieux de sa collection (et pas uniquement pour ses 580 pages !).

Nous laissons le soin à Christophe Masutti, président de l’association Framasoft, et co-directeur de l’ouvrage, le soin de vous le présenter. Nous invitons également les parisiens et parisiennes intéressé(e)s au lancement du livre vendredi 17 mai 2013 de 17h à 19h à l’Institut des sciences de la communication du CNRS.

Histoires et cultures du Libre - Couverture

  • Titre : Histoires et cultures du Libre. Des logiciels partagés aux licences échangées
  • Direction : Camille Paloque-Berges et Christophe Masutti
  • Licences : Creative Commons CC-By
  • Prix : 25 €
  • ISBN : 978-2-9539187-9-3
  • Première édition : Mai 2013, Framasoft
  • Format : broché, 14,5 x 21 cm
  • Poids : 830 gr.
  • Nombre de pages : 580 (dont xxiii)
  • Téléchargement et vente sur Framabook.org

Première sortie de l’année 2013, qui sera suivie de près par le tome II du Cycle des NoéNautes par Pouhiou et une réédition de C en 20 heures, Histoires et cultures du Libre est un ouvrage qui comptera sans doute parmi les références incontournables pour qui veut comprendre le mouvement du Libre et son histoire.

Sous un titre ambitieux, ce livre est néanmoins dans l’air du temps. Ces derniers mois, on n’a jamais autant parlé des acteurs qui ont créé l’Internet d’aujourd’hui. L’excellent site/portail/documentaire Une contre-histoire d’Internet par Arte.tv est une belle illustration de ce besoin de rétrospective, de s’arrêter un moment non seulement sur ce qu’est Internet (on parle tout de même d’un 8e continent) mais aussi sur les valeurs et les pratiques qui y circulent et se diffusent mondialement. Pourquoi ce besoin? Je crois, toujours pour coller à l’actualité, que l’arrivée du récent rapport Lescure est les désillusions qu’il porte sont un bel exemple du choc culturel que représentent les pratiques de partage et de coopération numériques et du manque d’intégration par les modèles économiques dominant les marchés, de manière volontaire ou non.

On a longtemps parlé d’une « culture underground » ou, pour reprendre l’expression de T. Roszak, d’une contre-culture plus ou moins aux « origines » d’Internet ou du logiciel libre en général. C’est en partie vrai. En partie seulement parce que les enjeux « contre-culturels » que l’on retrouve aujourd’hui autour de la neutralité du Net, de la lutte contre la cybersurveillance, du partage du savoir et des connaissances, de la liberté d’expression, du droit d’auteur, etc., font que justement les histoires d’Internet, du logiciel libre, de l’informatique et de la circulation de l’information numérique sont vues de manière rétrospective, un peu comme si toutes les étapes de leur construction, depuis la fin des années soixante, tendaient vers cette île d’Utopia de la résistance contre l’oppression ou de l’émergence de « nouveaux modèles » (économiques, politiques, sociaux, etc.). Tout cela est néanmoins juste et l’on ne peut nier que des valeurs communes sont partagées et se développent de manière positive dans la société.

Dans la mesure où il s’agit d’en fait une analyse historique, on ne peut pour autant nier qu’il y a dans tout ceci une certaine dose de folklore populaire. C’est tout à fait normal. Il y a toujours un besoin latent d’identification une fois que des acteurs sortent du lot. Qui a lu la biographie de Richard Stallman ne peut s’empêcher, en plus d’adhérer à son éthique du Libre, d’avoir envie de le rencontrer, d’échanger et surtout d’espérer et oeuvrer avec lui pour un monde (plus) libre. Et vous avez remarqué comment l’on passe facilement de l’histoire d’Internet à ces questions de liberté et de logiciel libre ?

Je pense qu’il faut préciser ce que nous entendons par Libre, avec un grand L. C’est, au delà de la divergence méthodique entre logiciel open source et logiciel libre (relativement secondaire par rapport à l’histoire générale que nous racontons ici), ce qui fait que l’ensemble des modèles et des conditions socio-techniques du logiciel libre deviennent justement culturels et ainsi s’appliquent à d’autres domaines, comme aujourd’hui le matériel informatique ou agricole, la musique ou les arts en général, les connaissances et les sciences en particulier, etc. L’un des vecteurs principaux est Internet, l’outil de partage par excellence, mais aussi l’ensemble des licences libres, et même l’économie qui peut nous montrer comment la culture Libre est porteuse de référents suffisament solides pour constituer une approche sociale différente. L’une des bases de ce développement, c’est l’abolition de la frontière entre l’ingénieur et l’utilisateur, entre le créateur et le spectateur, bref l’apparition de la possibilité de casser la division sociale des rôles (par exemple la division du travail) en permettant une approche coopérative de la société. Un autre pilier, c’est le fait que la création est elle-même le véhicule des valeurs qu’elle traduit : ces idées de partage se transcrivent dans l’invention de nouveaux langages informatiques (par exemple LISP), dans l’arrivée de systèmes d’exploitation « ouverts » pour travailler à plusieurs sur des grosses machines, par les protocoles de communication (Internet, en général), et par tout ce qui pouvait circuler, à la fois l’organisation et la création. En somme, ce sont toutes ces pratiques des hackers (ainsi qu’il se reconnaîtront plus tard, sans toutefois former une classe sociale à part, puisque nous sommes tous des hackers), en informatique et au delà de l’informatique, que le livre Histoires et cultures du Libre tente de raconter… sans toutefois être exhaustif.

Étant donné la pluralité des approches possibles, il fallait que cet ouvrage soit un collectif et il a toute sa place dans la collection Framabook, entre la biographie de Richard Stallman et Option Libre de Benjamin Jean. Avec Camille Paloque-Berges, nous avons donc lancé en mai 2012 un appel à publication en tâchant de résumer la problématique d’une approche historique du libre. Rien ne laissait présager que cet appel allait intéresser autant d’auteurs. 27 ont été selectionnés par Camille, Benjamin et moi sur la quarantaine de résumés reçus. Il s’agissait avant tout de donner de la cohérence entre les parties de l’ouvrage (en six parties). La très grande majorité présentaient des approches riches, variées et pertinentes. Nous avons tâché d’équilibrer nos choix et, finalement, avons laissé carte blanche aux auteurs quant au nombre de pages tout en essayant de les orienter au mieux par rapport à la problématique de départ. Beaucoup d’allers et retour avec les auteurs ont donc eu lieu. L’appui du comité éditorial du projet Framabook a été décisif : sans les relecteurs, la cohérence de l’ouvrage aurait été fortement compromise. Quant aux coquilles… sur 580 pages cela donne une idée de l’enfer.

Et ce n’est pas fini. Nous avons livré pour l’instant un Framabook disponible en PDF (gratuit) et à la vente en version papier (pour les vacances d’été, vous pourrez le lire sur la plage ou à la montagne si vous avez de la place dans votre sac à dos, le premier qui parvient à emmener ce pavé à plus de 2500 mètres d’altitude, à pied, pas en avion, photographie à l’appui, gagne un second Framabook !). Il faut maintenant en produire des versions HTML et e-pub rigoureuses. C’est là que ca se complique : le texte est en LaTeX, avec une gestion bibliographique par chapitre avec biblatex. Or, la transformation ne peut se faire en un clic. Avis, donc, aux amateurs : nous serons ravis de les accueillir dans le groupe Framabook qui a bien besoin de bras. Par ailleurs, l’objectif serait de pouvoir en faire une traduction au moins en anglais. Là encore, si des spécialistes (aguerris) sont partants…

En attendant bonne(s) lecture(s) et n’hésitez pas à faire passer l’info.

Histoires et cultures du Libre. Des logiciels partagés aux licences échangées

Sommaire

  • Hervé Le Crosnier , Préface
  • Camille Paloque-Berges et Christophe Masutti, Introduction générale

Partie 1 – (Pré-) histoire

  • Valérie Schafer, Des réseaux ouverts, pour quoi faire?
  • Christophe Masutti, Ingénieurs, hackers : naissance d’une culture
  • Pascal Robert, Esquisse d’une archéologie de l’informatique communicante
  • Christopher Kelty, Sharing source code

Partie 2 – Économie du Libre

  • Stéphane Ribas, Patrick Guillaud, Stéphane Ubéda, Les modèles économiques du logiciel libre et leur évolution
  • Nicolas Jullien et Jean-Benoît Zimmerman, Le logiciel libre : un renouveau du modèle industriel coopératif de l’informatique
  • Pierre-Amiel Giraud, Les RMLL, haut lieu mobile du libre francophone

Partie 3 – Trajectoires du Libre

  • Damien Djaouti, Influence du Libre dans l’histoire du jeu vidéo
  • Thibaud Hulin, Brève histoire de l’identité visuelle du Libre
  • Sébastien Broca, Free Software et open source: utopie et idéologie

Partie 4 – Licences libres

  • Benjamin Jean, L’évolution des licences libres et open source : critères, finalités et complétude?
  • Primavera de Filippi et Isabelle Ramade, Libre choix ou choix du libre?

Partie 5 – Études de cas

  • Robert Viseur, Mozilla : histoire d’une libération
  • Séverine Giordan, Pure Data, logiciel libre de productions créatives
  • Adrienne Alix, Wikipédia et le monde du Libre
  • Jonathan Chibois, Du logiciel libre pour l’Assemblée Nationale
  • Alexandre Hocquet, RTFM! La chimie computationelle: une communauté scientifique loin du libre

Partie 6 – Témoignages: Libre et institutions

  • Gérard Giraudon, Un point d’histoire de la stratégie d’INRIA sur l’open source
  • Jean-Luc Archimbaud, La place du logiciel libre au CNRS

Textes complémentaires

  • François Élie, Des trois communautés aux forges de demain
  • Jean-Pierre Archambault, Le libre dans l’Éducation Nationale