PeerTube : vers la version 1, et au-delà !

PeerTube est un logiciel libre permettant d’héberger et de partager des vidéos.

Ses principales différences avec YouTube, Dailymotion, Vimeo & co ?

  • PeerTube est libre : son code est un « commun » numérique, partagé avec tous et toutes, et non une recette secrète appartenant à Google (pour YouTube) ou à Vivendi/Bolloré (pour Dailymotion).
  • PeerTube est décentralisé : toute personne en ayant les compétences peut l’installer sur son propre serveur et mettre en place « sa » version de PeerTube (qu’on appelle une « instance »).
  • PeerTube n’impose pas de gouvernance : contrairement à YouTube, toute structure (individu, entreprise, association, communauté, etc.) ayant installé son instance PeerTube peut choisir sa thématique, les vidéos qu’elle héberge, qui peut s’y enregistrer pour disposer d’un compte, etc.
  • PeerTube est fédéré : contrairement à YouTube qui est un seul énorme silo contenant des milliards de vidéos, une instance PeerTube peut se connecter à d’autres instances de son choix et afficher leurs vidéos, sans avoir besoin de changer de site. Ainsi, avec PeerTube, vos vidéos ne sont plus isolées sur une seule machine : elles peuvent être cherchées et regardées depuis des centaines d’autres instances PeerTube.
  • PeerTube permet du streaming en pair-à-pair : contrairement à YouTube, qui est le seul « émetteur » de la vidéo, si 100 personnes regardent une même vidéo avec PeerTube, elles s’envoient de petits morceaux de la vidéo les unes aux autres, diminuant ainsi les coûts de diffusion pour la structure hébergeant l’instance.

[Vidéo de présentation de PeerTube, en anglais, avec les sous-titres français, sur Framatube. Pour la vidéo avec les sous-titres en anglais, cliquez ici. Réalisation : Association LILA (CC by-sa)]

 

Rappel des épisodes précédents : en novembre dernier, nous vous annoncions que Framasoft avait recruté Chocobozzz, le développeur du logiciel PeerTube (alors en version alpha), afin de lui donner les moyens de produire une version bêta du logiciel.
Nous vous avions alors sollicités pour nous aider à financer ce contrat de quelques mois (octobre 2017 à mars 2018). Grâce à l’aide précieuse de centaines de donatrices et donateurs, nous avons pu tenir notre engagement et publier la version bêta de PeerTube en mars 2018 (en respectant les délais, en plus !).

Depuis, les instances PeerTube ont fleuri. On compte aujourd’hui plus d’une centaines d’instances publiques déclarées (et sans doute bien plus non publiquement déclarées), hébergeant plusieurs milliers de vidéos !
Nous avons aussi pu éprouver sa robustesse lorsque nos amis de Datagueule ont publié leur film « Démocratie(s) » simultanément sur YouTube et PeerTube. Malgré des milliers de connexions, le logiciel a parfaitement tenu la charge. 🙂

Vers la version 1, et au-delà !

Cependant, force est de constater que PeerTube reste un logiciel encore non finalisé.
Par exemple la recherche n’est pas encore très fonctionnelle (si vous cherchez « Iinternet own boy » sur Framatube, aucun résultat n’est retourné, alors que si vous cherchez « internet’s own boy« , vous pourrez accéder à cet excellent documentaire sur la vie de l’hacktiviste Aaron Swartz).
PeerTube ne permet pas non plus encore d’intégrer un fichier de sous-titres à une vidéo, ou d’afficher son interface dans une autre langue que l’anglais, etc.
Bref, PeerTube fonctionne (bien), mais il reste encore de nombreuses améliorations à y apporter pour pouvoir le considérer comme une alternative sérieuse à YouTube.

Framasoft a donc fait le pari de prolonger le contrat de Chocobozzz jusqu’à la fin de l’année 2018, afin là encore de se donner les moyens d’atteindre son objectif, fournir une version 1 de PeerTube.

Mais là encore, se posait la question du financement de ce poste.

Comme nous avions déjà sollicité la communauté francophone (qui connaît plutôt bien l’association Framasoft et nous fait confiance depuis des années), nous ne souhaitions pas demander à cette communauté de mettre à nouveau la main au portefeuille.

Représentation d’instances PeerTube (CC by-sa – Association LILA)

 

Framasoft Need You!

Nous avons donc fait le choix de lancer une « classique » campagne de financement participatif. Mais de nous adresser avant tout au public non-francophone lors de son lancement.

En effet, les actions de Framasoft sont relativement inconnues à l’étranger. Évidemment parce que l’essentiel de nos travaux (maison d’édition Framabook, annuaire Framalibre, et bien entendu nos différents services libres de la campagne « Dégooglisons Internet ») sont publiés en français, mais aussi parce que nous communiquons et intervenons rarement à l’étranger (à quelques exceptions près).
Nous souhaitons donc, avec cette campagne, sensibiliser le public non-francophone, en l’informant de l’existence de PeerTube (qui n’est pas un vaporware  puisque déjà largement fonctionnel).

Par ailleurs, et de façon pas du tout anecdotique, nous souhaitons remercier l’association LILA qui, en parallèle de la réalisation de ZeMarmot (long métrage d’animation réalisé avec Gimp), a réalisé la magnifique animation que vous pouvez découvrir au début de cet article ou, bien entendu, sur la page de campagne. Cette vidéo a été réalisée uniquement avec des logiciels libres (Gimp, ça va de soi, mais aussi Synfig et Blender). Merci à Jehan et Aryeom pour leur colossal travail en un temps record ! N’hésitez pas à les remercier et à les encourager financièrement pour leurs travaux.

Notez que la vidéo est disponible sur Framatube (évidemment) afin de pouvoir la partager. Elle est naturellement sous licence libre (CC by-sa), ainsi que la musique (par Ken Bushima – CC by).

La page de la campagne en anglais est accessible ici : https://www.kisskissbankbank.com/en/projects/peertube-a-free-and-federated-video-platform/ (et en français ici : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/peertube-a-free-and-federated-video-platform/ )

Le premier des trois paliers de la campagne de financement PeerTube (CC by-sa – Association LILA)

Comment nous aider ?

Vous pouvez bien évidemment participer financièrement à la campagne de financement participatif, mais si vous l’avez déjà fait fin 2017, vous aurez compris qu’on ne vous met pas la pression (d’autant que cette fois, il n’y aura probablement pas de défiscalisation possible).

Vous pouvez aussi nous aider à traduire certaines parties de la campagne, qu’il s’agisse de la page de campagne, de la FAQ, des sous-titres de la vidéo, ou du site joinpeertube.org, en vous signalant comme volontaire sur notre forum.

Nous sollicitons surtout votre aide pour partager l’information sur les médias sociaux (libres ou non), en utilisant si possible le hashtag #joinpeertube !

Si vous avez un oncle d’Amérique, une tante en Australie, une cousine au Chili, ou un frère en Allemagne, lui signaler l’existence de PeerTube nous serait d’une grande aide pour faire découvrir ce projet qui nous semble essentiel pour l’émancipation de toutes et tous.

 

Joinpeertube – Cliquez pour accéder à la page de campagne




Dégooglisons Internet : on publie les chiffres !

Quelques semaines après le lancement de la 3e année de Dégooglisons (et des six nouveaux services qui l’ont accompagné), nous avons fait une photographie des statistiques d’utilisations (anonymisées, rassurez-vous ^^), afin de vous livrer un petit bilan de ce projet…

Des grands classiques qui marchent bien

On ne le cache pas, Framadate, notre alternative à Doodle, est le site le plus visité par chez nous. Avec 591 000 sondages créés depuis son lancement et plus de 1 100 sondages créés par jour, on peut dire que vous aimez planifier des choses en toute liberté !

Framapad (pour écrire collaborativement vos documents) n’est pas en reste. Mais, depuis que les pads que nous hébergeons s’effacent au bout d’un certain temps d’utilisation, il est difficile de donner des chiffres significatifs. Ah si, tiens : MyPads (qui vous permet de créer un compte pour avoir des pads permanents et d’en modérer l’accès), héberge à ce jour plus de 41 500 pads… Autant vous dire qu’on a un serveur en béton (et un admin-sys super-saiyan) !

Luc, gardant son calme face aux nombre de pads sur le serveur MyPads (allégorie) Photo CC-BY-SA Hikaru Kazushime
Luc, gardant son calme face aux nombre de pads sur le serveur MyPads (allégorie)
Photo CC-BY-SA Hikaru Kazushime

À leurs côtés, Framacalc (les feuilles de calcul collaboratives) et Framindmap (pour travailler à plusieurs sur des cartes heuristiques) feraient presque figure d’outsiders. Sauf qu’ils sont respectivement les 4e et 3e services les plus visités de notre réseau, avec plus de 105 000 comptes et 133 000 cartes heuristiques créées par vos soins sur Framindmap !

Des outils pratiques et pratiqués

Ça a été dur de choisir parmi tous les services existants. Donc on a choisi de vous en dire le plus possible. Prêt⋅e⋅s pour une liste à la Prévert (en moins poétique car plus chiffrée…) ?
Ok, c’est parti !

  • Visiblement, vous aimez dessiner sur la géographie, vu qu’il y a eu 403 comptes et plus de 5 800 cartes créées sur Framacarte.
  • Avec 5 084 comptes et 1,1 To de données synchronisées, Framadrive (notre alternative à Dropbox) affiche complet… Mais nous ne désespérons pas de trouver une solution (peut-être même qu’une est en cours de route…). Et, pour plus d’espace disque, vous pouvez toujours prendre un compte chez IndieHosters qui nous aide à maintenir ce service, ou chez un autre des CHATONS
  • Par contre, notre lecteur de flux RSS Framanews ne fera pas mieux : 500 utilisateurs et utilisatrices y synchronisent et consultent déjà plus de 10 800 flux RSS.
  • Avec 11 420 comptes créés, Framabag (l’alternative à Pocket) vous permet de conserver vos articles préférés dans la poche. Pensez à soutenir les créateurs du logiciel Wallabag en prenant directement un compte à prix modique chez eux. Vous pourrez ainsi bénéficier d’une nouvelle version majeure avec plus de fonctionnalités !

    Prenons une pause au milieu de tous ces chiffres pour admirer la carte de vos créations sur notre serveur Framinetest, une alternative à Minecraft
    Prenons une pause au milieu de tous ces chiffres pour admirer la carte de vos créations sur notre serveur Framinetest, une alternative à Minecraft
  • Framadrop est un cas particulier : cette alternative à WeTransfer (le chiffrement en plus) efface automatiquement les fichiers après que vous les aurez partagés. On ne peut donc que vous donner des instantanés ! À l’heure où nous préparons cet article, vous échangez plus de 48 000 fichiers pesant 874 Go…
  • Framapic, notre hébergeur d’images, permet lui aussi un effacement au bout de X temps. Actuellement, c’est plus de 141 800 images qui sont sur nos serveurs.
  • Frama.link raccourcit d’ores et déjà 46 900 URL (adresses web) bien trop longues, et ce, nous l’espérons, de manière aussi fiable que durable.
  • Vous aimez discuter dans vos groupes : Framateam (l’alternative à Slack et aux groupes Facebook) vient de franchir la barre des 10 000 utilisateurs et utilisatrices, se partageant pas loin de 2 770 équipes, et plus de 734 000 messages. Chez Framasoft, nous l’utilisons beaucoup, mais de là à dire que les plus bavard⋅e⋅s d’entre nous seraient à l’origine de 42 % des messages, ce serait un mensonge :p.
  • Enfin Framavox, qui vous sert à prendre des décisions en équipe, compte désormais plus de 1 500 groupes où se répartissent 3 626 personnes. Alors, c’est-y pas jubilatoire d’avoir un outil de prises de décisions transversales ?

Les petits nouveaux ne sont pas en reste !

En septembre, avant de fêter les deux ans de Dégooglisons, nous avons tout de même sorti deux services : Framinetest Édu (une alternative à Minecraft Éducation, dont vous avez vu la carte plus haut), et Framémo. Ce petit tableau pour organiser ses idées collaborativement, en direct et en ligne, remporte une fière adhésion, puisqu’en moins d’un trimestre vous avez déjà créé plus de 5 800 tableaux de notes !

Petit retour sur les chiffres des six nouvelles applications que nous avons lancées durant une folle semaine de début octobre :

  • Il y a aujourd’hui plus de 1 850 listes sur Framalistes, notre alternative à Google Groups, servant près de 1 050 emails par jour à plus de 21 500 utilisateurs et utilisatrices ;
  • Notre alternative à Evernote, Framanotes, héberge aujourd’hui plus de 3 060 comptes, dont les 12 900 notes sont chiffrées de bout en bout, ce qui fait que nous ne pouvons rien savoir de ce qu’elles contiennent ;
  • Près de 1 800 formulaires sont publiés grâce à Framaforms, l’outil qui permet de ne pas transmettre les réponses de vos questionnaires à Google Forms ;
  • Avec une moyenne de 1 000 salons d’audio/visio conférences créés par semaine, Framatalk vous libère de plus en plus de Skype (et ne nécessite aucune installation logicielle) ;
  • Plus de 4 500 d’entre vous se sont libéré⋅e⋅s (délivrééééééééééééé⋅e⋅s) de Google / Apple / Microsoft agenda en se créant un compte sur Framagenda : félicitations !
  • MyFrama, l’alternative à Del.icio.us (qui vous permet en plus de trier et conserver les adresses web des Frama-services que vous utilisez) est utilisé par plus de 2 650 personnes.

Nous n'avons par contre aucun chiffre sur votre chasse aux trolls grâce à Framatroll
Nous n’avons par contre aucun chiffre sur votre chasse aux trolls grâce à Framatroll

Tous ces chiffres nous donnent le tournis, tant ils nous enchantent et nous inquiètent.

Ils nous enchantent car ils renforcent notre conviction qu’une alternative aux services centralisateurs, intrusifs et privatifs des GAFAM est attendue et utilisée. Cela signifie qu’un nombre croissant de personnes sont conscientes des enjeux de la centralisation du web et cherchent à prendre des mesures pour protéger leurs données, leur vie numérique.

Ils nous inquiètent parce que, même si on est à des années-lumière des statistiques d’utilisation de Google et Cie, il existe une possibilité de re-centraliser et concentrer vos données personnelles, ce que nous ne voulons pas. Une initiative moins scrupuleuse que la nôtre pourrait donc en profiter pour peu qu’elle vous propose une certaine éthique, ou du chiffrement, ou du logiciel libre…

Il existe donc une nouvelle « niche de marché » pour conquérir l’or 3.0 que sont vos données, et les géants du Web sont d’ores et déjà en train de s’y attaquer (exemples ici, ou encore ).

Nous ne le répéterons jamais assez, les services que nous proposons sont des démonstrations à grande échelle, et nous ne sommes jamais autant heureux⋅ses que lorsque vous les quittez parce que :

Bref : lorsque votre passage par Framasoft vous a mené vers plus d’indépendance et de liberté dans votre vie numérique !

Le point sur les dons : l’hiver est rude !

Tous ces chiffres ne sont possibles que grâce à vos dons. Nous avons (enfin !) rattrapé notre retard afin de publier nos rapports d’activités 2014 et 2015 agrémentés des données statistiques et financières de l’association (dont les comptes sont, depuis l’exercice 2015, validés par un commissaire aux comptes). À nos yeux (et comme pour tous les membres du collectif CHATONS), la transparence n’est pas négociable : promis, nous ne prendrons pas autant de temps pour publier notre rapport sur 2016 😉

En 2015, plus de 90 % de nos ressources proviennent de votre soutien financier, qui nous offre cette indépendance et cette liberté si chères à nos yeux.

Ces dons servent principalement à financer, dé-précariser et pérenniser les 6 postes des personnes employées par Framasoft. Car, si le bénévolat est essentiel, il ne permet pas tout : la stabilité des services, les développements spécifiques, le suivi des 1 046 demandes (d’aide, de soutien technique, de réponses et d’interventions) reçues ces trois derniers mois, depuis le lancement de l’an 3 de Dégooglisons… mais aussi l’organisation et la logistique derrière tous ces projets : cela demande du temps et du savoir-faire que l’on ne peut exiger de la part de bénévoles (en tous cas, pas sans les épuiser -_-…)

Framasoft essayant d'atteindre son budget 2016 (allégorie.)
Framasoft essayant d’atteindre son budget 2016 (allégorie.)

À ce jour, nous avons du mal à boucler le budget 2016 tel que nous l’envisagions. Sur 205 000 € de budget souhaité pour 2016, nous en sommes à environ 185 000 €. Rien d’alarmant, on ne va pas mettre la clé sous la porte !

Mais de ces financements découleront directement les énergies que nous pourrons mettre dans nos projets pour cette nouvelle année : les derniers services à Dégoogliser (YouTube, Meetup, Twitter, blog, pétitions, voire le mail !), la transmission d’expérience et la promotion du collectif CHATONS, la participation au développement de solutions d’auto-hébergement… ce ne sont pas les envies qui manquent !

Alors une fois encore, nous nous permettons de vous rappeler que vous pouvez participer financièrement à nos actions, par un don ponctuel ou mensuel, déductible des impôts pour les contribuables Français. Par exemple, un don de 100€ ne vous coûtera (après déduction fiscale) que 34€.

Si vous le pouvez et le voulez, rendez-vous donc sur : Soutenir.framasoft.org

Grâce à votre soutien, vos dons et votre amour Trente nouveaux services, de belles mises à jour, Voilà déjà deux ans que nous dégooglisons, Que les vilains GAFAM nous démoralisons ! Mais pour persévérer, fragile est l’équilibre. Face aux géants du web et tous ceux qui nous pistent De nos alternatives, allongeons donc la liste… La route est longue encore, mais la voie reste libre !




Hackadon du 11/12/13 Donnez au Libre ! Entretien avec Bastien Guerry

Bastien Guerry co-organise l’événement « 111213 » qui aura lieu le 11 décembre 2013 à simplon.co à Montreuil, une soirée où les internautes sont invités à soutenir des logiciels libres avec des dons. Nous lui avons posé quelques questions pour comprendre le pourquoi et le comment.

Hackadon

Peux-tu te présenter en deux mots ?

Je m’appelle Bastien Guerry. J’ai découvert le libre en 2000 via Thierry Stoehr, alors vice-président de l’AFUL, et en lisant le recueil d’articles de Florent Latrive et Olivier Blondeau intitulé « Libres enfants du savoir numérique », paru aux éditions de l’Éclat en 2001. Depuis, je suis devenu contributeur de GNU Emacs.

La programmation, simple passe-temps, est peu à peu devenu une passion. Quand j’ai reçu des dons pour mon implication comme mainteneur d’un logiciel, ça a fait « tilt » : je me suis dit qu’il fallait que j’aide d’autres développeurs à recevoir plus de dons. C’est à ça que je consacre aujourd’hui mon énergie avec le projet http://kickhub.com

Tu lances avec d’autres un « hackadon » le 11 décembre. C’est quoi ?

C’est une soirée pour faire des dons à des projets libres, pour recenser les différentes façons de le faire et pour réfléchir ensemble au sens de ce geste.

Nous lançons ça avec Sylvain Le Bon, de http://openinitiative.com, et Frédéric Bardeau, de http://simplon.co.

Depuis quelques années, un bandeau s’affiche tous les ans sur les pages de Wikipédia pendant les campagnes de dons de la Wikimedia Foundation et de Wikimédia France. Cela a permis aux gens de se rendre compte que le sort de l’encyclopédie était entre leurs mains, et que même ceux qui ne contribuent pas directement peuvent jouer un rôle, celui de soutenir l’infrastructure technique et le mouvement Wikimédia.

Pour les logiciels libres, c’est différent. D’abord parce que bon nombre d’entre eux sont en partie financés par des entreprises ; ensuite parce qu’il n’y a pas de canal de communication unique pour solliciter des dons, les demandes avancent en ordre dispersé.

Mais imaginons une campagne qui rassemble des logiciels populaires comme Firefox, LibreOffice et VLC. Qui ne serait pas sensible à un message du genre : « Pour continuer de développer ces logiciels et pour rester indépendants, nous avons besoin de votre soutien ! » Je crois qu’une telle démarche aurait du succès et permettrait à chacun de comprendre qu’il peut être utile, non pas comme développeur, mais comme soutien ; qu’il y a encore plein de logiciels dont la survie dépend de la bonne volonté des contributeurs, et qu’en général, les entreprises ne devraient pas être seules à en assurer le financement.

Le Hackadon du 11 décembre est une première tentative de sensibilisation.

Pourquoi maintenant ?

Le déclic a été pour moi d’assister à la montée en volume du financement participatif ces deux dernières années. Ce que les gens ont l’air d’apprécier dans ces modes de financement (un contact direct avec le porteur de projet, des nouvelles régulières sur ses avancées, etc.) c’est ce qu’on fait dans les projets libres depuis toujours !

On voit de plus en plus de projets libres sur les plates-formes comme kickstarter.com, la dernière campagne pour le Ubuntu Edge a beaucoup fait parler d’elle — et pour cause : il y a une affinité naturelle entre ce mode de financement et le mode de développement du libre.

Mais le préalable est que chacun comprenne qu’en soutenant un projet libre, même modestement, il donne du temps et de l’indépendance à son développeur. Et je crois qu’aujourd’hui les mentalités sont mûres pour cette prise de conscience.

Cette soirée s’adresse à qui ?

À tous ! Nous aurons à manger et à boire pour tous les invités qui se déplaceront jusqu’à Montreuil (l’événement a lieu à Simplon.co, qui co-organise l’événement), et le message s’adresse à Monsieur et Madame Toutlemonde. Pour qu’ils comprennent la différence entre un logiciel gratuit et un logiciel libre. Et qu’ils se disent : « Mais bon sang mais c’est bien sûr, un freeware c’est juste de la publicité, alors qu’un logiciel libre c’est ma liberté ! »

Nous invitons aussi tous les développeurs qui souhaitent solliciter des dons — la soirée sera ponctuée de présentations de donateurs qui expliquent pourquoi ils donnent et de développeurs qui partagent leur passion.

Vous avez un objectif précis ?

Assez : atteindre un beau score final et passer une soirée riche de témoignages et d’échanges !

Est-ce qu’il y aura une suite ?

J’ai un peu cherché mais je n’ai pas vu d’événement du même type.

J’espère que ce hackadon donnera envie à d’autres d’en organiser. La formule est simple : se réunir pour donner à des logiciels libres. Un geste qu’on fait parfois dans son coin, mais qui prend encore plus de sens quand on explique à d’autres pourquoi on le fait.

Donc les suites possibles, ce sont d’autres hackadons ailleurs : croisons les doigts !

As-tu un rêve pour l’avenir du libre ?

Je ne veux plus voir de libriste faire du propriétaire le jour et du libre la nuit. Je ne veux plus voir de libriste dire qu’il abandonne la maintenance d’un projet parce qu’il vient d’avoir un enfant.

La main invisible du marché logiciel a tout intérêt à laisser les utilisateurs confondre le libre et le gratuit ; mais cette main, on risque à tout moment de se la prendre dans la figure tant qu’on ne donne pas plus d’indépendance aux développeurs.

C’est sûr, il y aura toujours plus de bénévoles que de donateurs, car donner de l’argent est rarement une passion. Mais Wikipédia montre l’exemple : on peut rétablir, peu à peu, la balance !

-> Hackadon du 11/12/13 : donnez au libre !

Bastien Guerry




Geektionnerd : Soutenez Framasoft !

Cliquer sur l’image pour un agrandissement.

Framasoft Campagne 2013 - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Merci 😉

http://soutenir.framasoft.org/

Source :

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Framasoft lance sa campagne de soutien 2013 « moins de Google et plus de Libre »

Framasoft - Campagne 2013 - Google - LL de Mars - Licence Art Libre

« Le logiciel libre est plus important que jamais », affirmait il y a peu Richard Stallman sur le Framablog. Nous le pensons également.

Depuis 12 ans, Framasoft fait œuvre d’éducation populaire et agit en faveur de la promotion et diffusion de ce que l’on appelle désormais « le Libre ».

L’année écoulée fut une année bien remplie. Nous comptons désormais une vingtaine de projets déployés, regroupés en trois grandes catégories : logiciels libres, cultures libres et services libres.

Avec votre soutien, nous allons évidemment poursuivre le développement de nos projets liés directement à nos chers logiciels libres (un partenariat vient d’être contracté pour améliorer notre annuaire Framalibre, de nouvelles clés Framakey sont en préparation…) ainsi que ceux liés à la culture libre (de nombreux livres sont récemment sortis et d’autres arriveront sous peu). Mais nous comptons également mettre l’accent sur nos services libres qui ont connu un franc succès en 2013.

Cette campagne s’inscrit dans un contexte, celui du monopole des services web contre les besoins de choix et de liberté des individus. Il s’agit bien moins de montrer du doigt ou diaboliser des entreprises comme Google que d’alerter sur les phénomènes de concentration sur Internet qui captent nos applications et exploitent nos données[1].

Alerter mais aussi et surtout continuer à travailler sur la maintenance et le déploiement de nos petites alternatives regroupées sous le nom global de « Framacloud ». En effet, Framapad, Framadate, Framacalc, Framindmap, Framavectoriel… sont autant de projets certes bien moins évolués qu’un Google Docs par exemple mais qui rendent leurs services et répondent à de réels besoins. Vous avez été très nombreux à les utiliser (et faire preuve de patience lorsque nos serveurs étaient en difficulté pour cause de trafic élevé).

Le challenge pour nous désormais c’est d’abord de stabiliser l’infrastructure technique et de participer avec vous à les améliorer (ce qui signifie que nous allons de plus en plus souvent mettre les doigts dans le code). C’est également de faciliter la tâche de ceux qui souhaitent les installer sur leurs propres serveurs (participant à décentraliser le web). Enfin nous avons d’autres applications dans nos cartons qui pourraient venir s’adjoindre aux services déjà existants.

Google c’est dix milliards d’euros de chiffre d’affaire par trimestre et une trésorerie avoisinant les cinquante milliards[2]. Chiche de proposer ensemble une alternative avec un budget représentant 1 à 2 minutes de leur CA soit 0,0004% de leur trésorerie !

L’association qui soutient le réseau et sa communauté de bénévoles compte aujourd’hui 3 permanents, financés presque exclusivement par vos dons (défiscalisables). Nous vous remercions pour votre attention et votre don éventuel.

http://soutenir.framasoft.org/

L’équipe Framasoft

PS1 : Vous trouverez notre CP ci-joint en bas de page.

PS2 : Ajoutons également que nous allons en profiter pour nous séparer nous-mêmes des traces de Google qui traînent sur le réseau (Publicité, Analytics…), histoire de montrer l’exemple et d’être cohérent. A fortiori si cette campagne rencontre adhésion.

Notes

[1] Grand merci à L.L. de Mars pour son dessin original de soutien que vous trouverez en format haute définition. Il est également disponible au format badge parmi d’autres anciennes illustrations dans le générateur de bannières. N’hésitez pas à le partager 😉

[2] Voir par exemple ce site qui calcule en temps réel les revenus de certaines multinationales.




Contribuer au logiciel libre : un devoir civique ?

Le témoignage d’un développeur qui considère qu’à partir du moment où vous vivez bien il est moralement important de rendre à la communauté un peu de ce qu’elle vous a donnée.

David Orban - CC by

L’open source, une responsabilité civique

Open Source as a Civic Duty

Jeremy Kahn – 13 juillet 2013 – Blog personnel
(Traduction : Asta, r0u, aKa, GregR, regularuser, Tentate, dig, Fol, Maijin + anonymes)

On me demande parfois la raison pour laquelle je passe autant de mon temps libre à écrire des logiciels et à les mettre à disposition librement et gratuitement. Il y a un certain nombre de raisons à cela. J’aime construire des choses et cela me sert de prétexte pour pratiquer et m’améliorer, mais une de mes principales motivations est que je vois dans les contributions open source un devoir civique, une obligation morale envers le reste du monde.

Étant donné que je suis un programmeur actif travaillant dans la Silicon Valley, et qu’on me considère généralement comme pas trop incompétent, vous vous doutez bien que je ne me soucie pas trop de comment j’arriverai à payer mon prochain repas. Je ne suis pas « riche », mais j’ai un style de vie plutôt confortable, et c’est tout ce que j’ai toujours voulu. Après tout, un programmeur a-t-il besoin d’autre chose qu’un ordinateur portable et d’une tasse de café pour être heureux ? Ceci étant, je n’ai pas à m’inquiéter de savoir si je vais avoir, ou non, un endroit pour vivre et à manger le mois prochain, je suis parmi les gens les plus heureux du monde. Et si vous avez toute la technologie nécessaire à la lecture de cet article, vous l’êtes sûrement tout autant.

La morale est un sujet sensible qui dépend des individus et de leurs cultures, et ce texte ne suggère pas que ma conception de la moralité soit nécessairement correcte. Cependant, je pense que les gens assez chanceux pour parvenir à vivre par leurs propres moyens ont une obligation de rendre quelque chose à leur communauté. Je crois qu’un certain niveau de sacrifice personnel et de devoir civique est nécessaire afin de bâtir et de maintenir un collectif au sein duquel nous souhaitons tous vivre. Cela peut prendre plusieurs formes, des dons, du travail bénévole ou, dans mon cas, la conception et le développement de logiciels libres. La manière dont vous tentez de contribuer à la communauté n’est pas vraiment importante, ce qui compte est que vous le fassiez.

Bien sûr, je ne code pas des logiciels qui permettront de fournir de l’eau à des pays pauvres en Afrique ou à soigner la malaria. Je me focalise plutôt sur des outils d’animations pour le Web et d’autres utilitaires pour les interfaces utilisateurs. Cependant, je travaille dessus afin que d’autres n’aient pas à le faire. Mon but à mon niveau est de faire gagner du temps à d’autres personnes, et leur permettre de résoudre des problèmes qui n’ont pas encore de solutions. Pour prendre un exemple significatif, considérons le projet GNU. Au final, GNU a permis de faire gagner à l’humanité des siècles en temps de travail. De nos jours, on ne passe plus beaucoup de temps à développer des systèmes d’exploitation et autres outils basiques, car c’est une tâche quasiment résolue. À la place nous utilisons des outils GNU que d’autres ont laborieusement développé, nous permettant alors ainsi de poursuivre et nous concentrer vers d’autres défis comme la modélisation statistique ou la lutte contre le SIDA. Si vous avez des doutes sur l’intérêt du logiciel libre, il vous suffit de regarder le projet GNU.

L’altruisme n’est malheureusement pas très répandu dans la Silicon Valley. Au mieux, les grandes firmes ont une division s’occupant de responsabilité sociale et environnementale, et les plus petites organisent une collecte de fonds à but solidaire de temps en temps. Mais il semble qu’une grande partie des entreprises technologiques de la Silicon Valley se concentrent sur une vision autocentrée et des problèmes « de niche », spécifiques à leur fondateur et à ses amis. Je ne veux pas d’une culture dans laquelle les seuls problèmes résolus sont ceux que les techniciens rencontrent. Je pense que l’écriture de logiciels libres sur mon temps personnel est un petit pas dans la bonne direction, même indirect. Mon rêve est qu’un jour, un outil libre que j’aurai écrit soit utilisé à des fins vraiment utiles. N’importe qui peut accomplir cela, ça ne requiert que peu de temps ou d’argent — seulement de prendre un peu de recul.

Crédit photo : David Orban (Creative Commons By)




Il faut réformer le droit d’auteur et le faire savoir à nos députés !

« C’est bien joli de vouloir de la culture libre, mais au fond on peut rien y faire, hein ? Déjà le droit d’auteur c’est compliqué, personne n’y comprend rien à part les juridico-geeks. En plus c’est une tradition bien trop ancrée, née pour protéger les auteurs. Et puis nous on n’a pas le pouvoir de changer la loi, et on sait même pas comment la modifier… »

J’ai pensé toutes ces phrases, et je suis persuadé de ne pas être seul. Ce n’est pas glorieux, c’est un peu déprimant, mais ces généralités sont bien présentes dans nos esprits, engluant nos désirs d’évolution, d’ouverture et de liberté. Imaginez donc ma joie quand j’ai eu vent d’un projet qui démonte un par un tous ces lieux communs, explique les choses de façon simple et complète et propose des réformes concrètes favorisant et le public et les créateurs.

Le principe est simple : un petit livre de 50 pages, libre et éditable , qui se lit en une heure maxi.

Deux parties, l’une proposant 18 mesures concrètes et argumentées, l’autre contant combien chacun-e s’y retrouverait.

Et un crowdfunding (au succès aussi rapide que motivant) pour imprimer et envoyer la première partie à nos député-e-s. En 15 jours seulement, ce projet a trouvé son financement. Il reste encore 2 mois au compteur pour participer, franchir les paliers de financement suivants et diffuser largement cet ouvrage.

Derrière ce magnifique travail de synthèse se trouve l’impulsion de @Sploinga, qui a accepté de répondre à mes questions.

Sploinga - Campagne Ulule

Interview de Xavier par Pouhiou

Bonjour Xavier Peux-tu te présenter aux lecteurices du Framablog ?

Xavier. 24 ans. Étudiant en sciences politiques, après un master de philosophie. Ubuntero de longue date et amateur de confitures au cassis ou à la rhubarbe.

Tu annonces clairement, dès l’avant-propos, que ce livre est un remix, qu’il s’inspire et reprend un ensemble de travaux sur la question du droit d’auteur. Tu peux brièvement en citer quelques-uns ?

J’avais déjà traduit et publié l’année dernière grâce à deux acolytes le programme du Parti Pirate Européen au Parlement Européen. Je trouvais que certains points pouvaient être améliorés comme la réflexion sur le droit moral, le remix, la promotion des licences libres par l’État ou le financement de l’immatériel. J’ai parcouru le Web francophone à la recherche de travaux sur une réforme du droit d’auteur dans un contexte français. Je suis principalement tombé sur des travaux de la Quadrature du Net avec les travaux de Philippe Aigrain et des associations de défense du logiciel libre comme l’April ou l’Aful. Le rapport Lescure contient aussi quelques idées pertinentes sur le droit au remix. J’ai donc voulu résumer et compiler tout ça. Lionel Maurel alias @calimaq a aussi bien contribué à la précision de certaines propositions comme les échanges non-marchands ou la contribution créative.

Dans les initiatives réussies, il y eut l’opération DataLove de la Quadrature. Pourquoi lancer une nouvelle campagne vers une réforme du droit d’auteur ? Quels besoins as-tu ressentis pour te mettre à apporter ta pierre à l’édifice ?

Tout simplement, le projet de sensibiliser en masse les élus du Palais Bourbon par l’envoi d’un livre n’a jamais été fait. J’ai donc décidé qu’il fallait le tenter.

L’opération DataLove touchait les parlementaires européens, en anglais, avec des clés USB remplies de contenu libre outre le programme de la Quadrature, sans suivi particulier des citoyens. Ici il s’agit d’envoyer seulement un programme avec des lettres personnalisées pour assurer un suivi des positions des députés français.

Faire du lobbying citoyen à l’échelle européenne est très complexe. Les institutions y sont peu ou pas lisibles. Il faut s’adapter à la multiplicité des langues et des contextes nationaux. Je fais confiance à la Quadrature du Net là-dessus. Son aura est pan-européenne. Les activistes allemands les connaissent . Ils ont raison car certains problèmes du droit d’auteur ne peuvent être complètement traités qu’à cette échelle.

Malgré ces difficultés liées à la manière dont l’Europe est construite, il est déjà possible d’obtenir des avancées à l’échelle française. Le droit moral est très rigide chez nous à cause d’une jurisprudence franco-française. Le droit au remix est très limité alors qu’une extension du droit de citation est possible. La dépénalisation du partage non-commercial peut ne s’opérer qu’à l’intérieur de nos frontières. L’institution d’un registre pour résoudre le problème des œuvres orphelines n’a pas besoin d’un accord européen. Sur ce point, l’État français ne s’est de fait pas gêné pour abuser de ses pouvoirs dans le cadre de ReLIRE.

Enfin et surtout, je suis d’avis que l’assouplissement du droit d’auteur n’est pas un échec. Ce n’est pas seulement parce que le droit d’auteur est un bon prétexte pour censurer nos échanges sur Internet qu’il faut le réformer. C’est avant tout parce qu’Internet est devenu une magnifique bibliothèque d’Alexandrie où tout un chacun puise pour partager et réutiliser ce qu’il y trouve. L’État doit fournir les livres d’une bibliothèque, pas les mettre à l’enfer.

Il est normal que ceux qui tirent un bénéfice financier des œuvres trouvées à la bibliothèque rémunèrent les auteurs de ces œuvres. Mais il est tout à fait scandaleux que tous les amateurs soient criminalisés. Car encourager la culture amateure, c’est encourager la culture tout court. Tous les Mozart étaient de très bons amateurs avant d’en faire leur profession. C’est ce que défend SavoirsCom1 et c’est pourquoi le collectif m’a soutenu.

Les sources citées dans ton ouvrage sont des textes importants, pas forcément faciles d’accès… Or quand je lis « Il faut réformer le droit d’auteur ! » l’argumentaire est simple et limpide. C’était important de pouvoir être compris par le profane ? Comment t’y es-tu pris ?

Le député moyen ne connaît pas toujours grand-chose à ce domaine. Tout comme le citoyen moyen. Or ce sont ces publics que je vise. Il a donc fallu faire le grand écart entre la complexité de la loi et l’argumentation pour des non-initiés. Au lecteur de voir si ce grand écart est réussi ou pas. S’il le veut, qu’il n’hésite pas à corriger les formulations (ou les propositions !) sur le wiki. Le but est d’arriver à une version finale à la fois simple et complète. Pour ça, il faut essentiellement se forcer à résumer et à ne pas multiplier les arguments. Bien sûr, connaitre les enjeux, discuter avec d’autres des textes et les avoir déjà travaillé aide. Pour cela je remercie tous ceux avec qui j’ai échangé sur le sujet via Twitter, par mail ou ailleurs et tout particulièrement Lionel Maurel 🙂

Tu te crédites en tant que co-auteur… quelles sont les participations que ce livre a reçues ? On peut encore aider à travailler dessus ?

C’était sans doute une mauvaise idée car savoir qui a écrit la version actuelle n’est pas essentiel. J’ai déjà changé ça dans les sources en « éditeur » même si bien sûr j’ai traduit ou rédigé une partie du livre. Les auteurs sont les auteurs des textes originaux, à savoir les associations et individus cités dans les sources, puis les traducteurs, compilateurs et correcteurs qui ont rédigé la version actuelle du livre. Comme dans beaucoup de travaux collaboratifs, une minorité fait la majorité du boulot, mais toute aide même marginale est appréciée. On m’a signalé quelques idées que je compte inclure dans la version finale comme le mécénat volontaire. Les contributeurs intéressés peuvent toujours apporter leur pierre à l’édifice sur le wiki. Je créditerai avant tout dans le livre final tous les soutiens et les contributeurs 🙂

Portée par un super bouche-à-oreille sur Twitter, et avec le soutien (entre autres) du collectif SavoirsCom1, la campagne de crowdfunding n’a mis que 2 semaines pour atteindre les 100 % de financement. Tu t’attendais à un tel plébiscite ? C’est important d’aller plus loin ?

Non, je ne m’y attendais pas. Le bouche à oreille sur Twitter a été/est formidable. Ça marche par vague. On peut gagner +30% en deux jours simplement en allant de RT en RT. J’ai aussi eu plusieurs articles juste avant ou après le palier des 100%, dans PCInpact, Actualitté, Numerama, Linuxfr. Je suis heureux que les gens m’aient fait confiance sur les estimations de coût et pour le contenu. La transparence est payante. J’ai aussi tenu à garder des coûts réduits.

J’avais prévu que le financement durerait jusque début septembre à cause des vacances qui allaient former un gros creux en plein milieu. À la fin juillet, celles-ci ont déjà commencé et ont considérablement ralenti les dons. C’est dommage car, après consultation des soutiens, je viens de fixer comme objectif d’arriver à 2200€ pour passer à un palier de 1000 exemplaires 🙂

Outre les 577 députés français, le projet vise maintenant les 57 sénateurs de la commission des affaires culturelles, les 74 eurodéputés français et les hauts-fonctionaires du ministère de la culture par exemple. Une cinquantaine de journalistes sera aussi touchée. Les exemplaires surnuméraires seront distribués aux soutiens du projet et aux membres de mon collectif, SavoirsCom1, pour distribuer/vendre dans des festivals ou associations.

Que dirais-tu pour donner aux lecteurices envie de lire / partager / participer à / soutenir ce livre ? Quels sont ses arguments massue ?

Lisez pour vous faire votre opinion sur le sujet ! Ça vous prendra une heure grand maximum et vous aurez toutes les clés en main. Si vous n’êtes pas convaincu que le sujet est important, lisez seulement l’allégorie du vélo mise au début du livre. À peine 2 minutes de lecture pour vous sensibiliser à la question.

Une fois convaincu par la nécessité d’une réforme et du bien-fondé de ce qui est proposé, le risque est vous soyez défaitistes, sur le mode « Tous des pourris ! ». C’est une erreur, parce qu’en n’essayant rien vous êtes sûr de ne rien obtenir. Vos député(e)s sont des humains comme les autres et le droit d’auteur n’est qu’une question parmi d’autres pour eux. Les lobbies de l’industrie culturelle le savent et en abusent.

Pour contrebalancer ces influences, il est important que les citoyens contactent sérieusement leurs député(e)s et les élus plus généralement. C’est ce à quoi vise l’envoi d’un livre et de lettres personnalisées. Je pense que la forme papier est la plus adaptée car, malheureusement, les mails des citoyens ont tendance à finir aux oubliettes. Nos députés sont pour beaucoup nés dans les années 50 ou 60. Ils vivent dans une culture du papier. Il est important de les avoir informés et relancés du mieux que nous pouvons. Soyons diplomates !

Un dernier mot pour le plaisir ?

Je suis honoré d’être interviewé sur le Framablog dont je suis un lecteur régulier. Merci à Pouhiou et Aka pour leur soutien !

Ensuite sharing is caring 🙂 Partagez, remixez, diffusez le projet et les textes 🙂

Sploinga




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« Framasoftienne, framasoftien… » Dans ce court message vidéo, Jérémie Zimmermann s’adresse ici directement à notre communauté (c’est-à-dire à vous) pour nous expliquer en quoi il crucial de soutenir l’action et le développement actuel de la Quadrature du Net.

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