En savoir (un peu) plus sur le projet Framaforms

En général nous utilisons des logiciels libres qui existent déjà, pour nos framachins. Comme nous créons rarement nos outils nous-mêmes, il fallait qu’on vous explique le pourquoi, le comment.

Le jeune Pierre-Yves, développeur de Framaforms, s’est prêté au jeu de l’interview.

Pierre-Yves Gosset - photo Framasoft - licence CC-BY-SA
Pierre-Yves Gosset – photo Framasoft – licence CC-BY-SA

Pierre-Yves, peux-tu tout d’abord te présenter ?

Économiste de formation, j’ai dû rater quelque chose dans mon parcours, puisque je suis le délégué général de Framasoft depuis 2008. Alors que les premières années, mon travail tournait beaucoup autour de la technique, il a beaucoup évolué ces dernières années, notamment parce que si j’ai longtemps été le seul salarié, j’ai aujourd’hui plusieurs collègues infiniment plus compétents que moi sur les questions techniques. Framaforms était l’occasion de ne pas trop perdre le fil, et de remettre un peu les mains dans le camb^Wcode.

Était-ce la seule motivation à réaliser Framaforms ?

Non, même si beaucoup de développeurs décident de développer un logiciel « parce qu’ils le peuvent » (et qu’on apprend toujours beaucoup dans ce cas-là).

D’abord, il fallait répondre à l’engagement moral pris dans la campagne « Dégooglisons Internet » de proposer une alternative à Google Forms.

Ensuite, lorsque j’ai fait le tour des solutions libres existantes, il m’est apparu rapidement qu’un logiciel sortait clairement du lot : l’excellent Limesurvey. Ce logiciel dispose d’une forte communauté, et – de par sa maturité (13 années d’existence) – propose de nombreuses fonctionnalités, plutôt pointues.

J’ai d’ailleurs échangé avec plusieurs membres francophones de cette communauté à cette occasion.

Mais après avoir installé et testé le logiciel, il fallait se rendre à l’évidence : Limesurvey est parfait pour réaliser des enquêtes complexes, mais assez peu adapté à un public qui veut juste créer un petit formulaire en 5 minutes chrono. Alors que Google Forms excelle dans ce domaine, mais au prix de la collecte de vos données et de votre dépendance à la plateforme : les réponses sont enregistrées dans un autre produit Google (Google Sheets), il est impossible d’exporter un formulaire pour le recharger dans un autre logiciel (c’est ce qu’on appelle l’interopérabilité), et surtout le jour où Google décide de changer les règles du jeu (graphisme, prix, usage, etc.) vous êtes coincés…

En 2014, j’avais rencontré Alexis Métaireau, qui travaillait alors pour Mozilla. Il développait alors un projet logiciel (kinto) et souhaitait créer une application de création de formulaires plus simple que Limesurvey. Malheureusement, l’emploi du temps d’Alexis ne lui a pas permis d’avancer aussi vite qu’il le souhaitait et début 2016, il n’existait donc pas encore de solution.

Framasoft préfère de loin proposer et mettre en valeur des logiciels libres déjà existants et disposant déjà d’une communauté, plutôt que de développer des solutions maison qu’il faudra maintenir, faire évoluer, sans compter le support utilisateur à gérer. Cela représente un coût et une perte de temps pour une petite association comme la nôtre, mais comme nous nous étions engagés vis-à-vis de nos donateurs il fallait bien avancer, et j’ai donc commencé à envisager de développer notre propre solution.

N’ayant que très peu de temps disponible, j’ai préféré « assembler » des briques de logiciels libres existants plutôt que de partir de zéro. Je suis donc parti sur une solution utilisant Drupal (un des logiciels libres de création de sites web les plus installés au monde).

Justement peux-tu nous dire un mot sur la solution technique retenue, même pour ceux qui n’y connaîtraient rien ?

Lorsque j’ai jeté sur papier les grandes lignes d’un cahier des charges pour une application qui serait une alternative à Google Forms, je me suis rendu compte que c’était à la fois très simple et très compliqué. Il fallait évidemment pouvoir gérer une couche « administrative » du site (que les utilisateurs puissent créer des comptes, retrouver leur mot de passe, qu’un ou plusieurs administrateurs puissent gérer les formulaires dépassant le cadre d’une utilisation raisonnable, etc.), et bien entendu développer un système de création/gestion de formulaire. Cette dernière partie n’était pas la plus complexe, sauf que le diable se cache dans les détails : si je souhaitais rajouter des fonctionnalités comme par exemple « faire apparaître ce champ seulement si le participant coche telle case » ou « mettre ce formulaire sur plusieurs pages » ou « envoyer un email à telle personne avec telles infos lorsque quelqu’un répond telle information dans tel champ », le développement se complexifiait énormément.

Or je connaissais déjà un peu Drupal, l’un des CMS les plus répandus, et son grand nombre de modules, notamment un module nommé Webform qui permet… la création de formulaire.

Courant 2015, je me suis donc lancé un double défi : réaliser Framaforms sur une base Drupal + Webform 1) en moins de 10 jours équivalent temps plein, et 2) sans écrire aucune ligne de code 🙂

Euh, un développeur qui n’écrit aucune ligne de code, c’est légal, ça ?

Justement, je ne suis pas développeur ! 🙂

J’ai évidemment des connaissances en développement, mais j’aurais sûrement été la pire personne à Framasoft pour développer un tel soft 😛

Et par ailleurs, je souhaitais montrer l’un des avantages du libre : sa capacité à réutiliser/détourner du code existant pour produire un nouveau logiciel.

De plus, si je parvenais à relever ces défis, cela me simplifierait largement la question de la maintenance ou de la sécurité : Drupal est un logiciel dont le code est scruté par des milliers de paires d’yeux sur la planète, et les failles sont vite corrigées. Si j’avais tout écrit moi-même, ça aurait probablement été bourré de failles et de bugs !

Les défis ont donc été relevés ?

Pour être honnête, non ! Mais de peu 🙂

J’ai compté environ 14j ETP de travail, étalés en pointillés sur 17 mois (j’aurais été plus vite si mon emploi du temps m’avait permis de ne me consacrer qu’à ce projet, mais j’ai rarement pu travailler plus de 2H d’affilée dessus).

Et pour les lignes de code, j’en ai finalement écrit… une soixantaine (autant dire rien du tout !) juste pour adapter Webform à des besoins spécifiques, comme par exemple le fait de mieux anonymiser les réponses des participants aux formulaires.

Entre temps, Alexis Métaireau a fini par publier son outil (fourmilières) que je vous recommande, d’ailleurs. Mais c’est sans regret pour moi, puisque si le design et la simplicité de fourmilières sont plus grandes, Framaforms est tout de même bien plus riche en fonctionnalités.

Au fait, il me semblait que Drupal 8 était sorti, pourquoi avoir choisi d’utiliser la version 7 ?

Tout simplement parce qu’autant le cœur de Drupal 8 est stable, autant bon nombre de modules n’ont pas encore été portés pour cette version. Mais comme je n’en utilise qu’une dizaine, je suis confiant sur le fait que la migration vers Drupal 8 ne sera pas trop douloureuse. Par ailleurs Drupal 7 sera encore maintenu jusqu’à fin 2019, ce qui me laisse le temps de planifier une migration.

Et pour l’avenir ?

Aucune idée ! C’est un peu l’inconnue pour moi, puisqu’il va falloir confronter mon choix technique (je sais que les développeurs qui nous lisent vont troller sec sur le côté « usine à gaz » de Drupal, qui plus est en version 7, sur PHP vs Django, etc. etc.).

Mais je l’assume d’autant plus qu’en fait Framaforms servira aussi de « beta test grandeur nature » à un autre projet « Dégooglisons » de Framasoft, à savoir Framapétitions. Si mes choix tiennent la route, alors je pense que je pourrai me relancer un nouveau défi : réaliser Framapétitions en moins de 4j ETP et 0 ligne de code 🙂

 

vdp.com

L’urgence, c’est d’abord de… consolider Framaforms, car pour être très franc, la peinture est encore très fraîche (des traductions sont manquantes, certains éléments mal placés, la documentation non terminée, etc.). Bref, ça va encore bouger dans les tous prochains jours.

Il va donc falloir maintenir non seulement Framaforms, mais aussi le code du projet (c’est-à-dire ici surtout « le plâtre »  entre les différentes briques utilisées, qui donnent l’architecture de Framaforms)

Par ailleurs, j’ai quelques idées d’améliorations, comme la protection de formulaire par mot de passe, la mise en place d’une API permettant de remplir un framaforms par des logiciels externes, etc. Mais une chose à la fois : il faut déjà voir si ça fonctionne à large échelle !

Un petit mot pour la fin ?

Je voudrais surtout remercier la communauté Drupal, notamment l’auteur principal et mainteneur du module webform, que j’ai contacté, et qui propose un site très proche, et plus joli que Framaforms, avec un service payant pour supprimer des limitations. J’encourage d’ailleurs les lecteurs à le soutenir financièrement, ou au moins à l’encourager.

 

Pour aller plus loin :




Framanotes : vos notes vous appartiennent. For ever.

Framanotes vous permettra de chiffrer (et de retrouver) sans effort vos listes de courses, de tâches à faire, schémas et photos inspirantes, fichiers perso et marque-pages qui en racontent bien plus sur vous que ce que vous voudriez en dire !

Parce qu’avoir toutes ces petites notes sous la main, c’est pratique. Très pratique. On les arrange sur son ordinateur, on les récupère sur son téléphone quand on a en a besoin en déplacement, et on prend sa tablette pour ajouter trois photos et deux liens le soir depuis son canapé… Mais si tout passe par les serveurs d’Evernote (ou de ses concurrents), ces petits bouts de nos vies sont-ils vraiment en sécurité, demeurent-ils confidentiels ?

Attendez : Evernote, ce sont pas des GAFAM, si…?

Si, tout à fait.

Evernote est encore, pour l’instant (et à notre degré de connaissance) une entreprise indépendante des géants du Web étatsunien. Néanmoins, l’omniprésence croissante de leur application crée à elle seule un nouveau silo de données, donc un pouvoir important pour leur entreprise. Pour l’instant, leur modèle économique semble reposer sur le paiement de fonctionnalités et d’espace disque supplémentaire.

Le problème, c’est que non seulement leur code source n’est pas libre (donc nul autre qu’eux ne peut en faire l’audit pour savoir ce qu’ils font des informations qu’on leur confie) ; mais en plus cette concentration des utilisateurs leur confère un pouvoir unilatéral. Quand ils décident d’une hausse tarifaire, soit vous obtempérez, soit vous partez…

Les GAFAM ne s’y trompent pas : mieux comprendre vos intérêts, vos travaux, vos futurs achats, etc. a une valeur folle. Depuis la montée en puissance d’Evernote il y a quelques années, Google a sorti son application Keep, Microsoft son OneNote, Apple ses Apple’s Notes… Vous rendre service ET augmenter la valeur de votre profil publicitaire ? Voilà une affaire juteuse !
prise de notes avec un paon domestique

Framanotes : la tortue du chiffrement soulève le lièvre du profilage !

Nous avons donc installé Turtl sur nos serveurs. il s’agit d’un logiciel de prise de notes, mais pas comme les autres. Le principe est simple :

  1. Se créer un compte sur Framanotes.org
  2. Retenir son mot de passe (très important, nous ne pourrons pas vous le retrouver/renouveler !)
  3. Installer les applications sur votre bureau, ordiphone, tablette, etc.
  4. Les connecter à https://api.framanotes.org et à votre compte
    1. Bonus : ajouter une extension Turtl à votre navigateur !
    2. Bonus : utiliser la version Web sur https://mes.framanotes.org
REMARQUE : À l’origine, Turtl est pensé comme un ensemble d’applications se connectant à un serveur. La version Web est donc un hack expérimental : il s’agit du code des applications que nous avons simplement mis en ligne. Selon nos tests, elle fonctionne bien sur Chromium/Chrome, correctement sur Firefox, peu ou pas du tout sur Internet Explorer/Edge. Nous n’avons pas pu tester sur Safari/Vivaldi.

La différence qui change tout ? Turtl vous propose du chiffrement de bout en bout. Cela signifie que c’est l’application qui chiffre lorsque vous envoyez une note, et qui déchiffre lorsque vous la consultez (pas d’inquiétude, tout cela se fait automatiquement, sans que vous ne le voyiez ^^). Votre mot de passe permet l’accès à vos notes en clair, voilà pourquoi nous ne l’avons pas sur nos serveurs et ne pourrons pas le retrouver (sinon ce serait une grosse faille de sécurité) !

Techniquement, cela signifie que, quoi que vous notiez sur Framanotes, nous n’avons aucun moyen de savoir ce que c’est. Même s’il s’agit du meilleur coin à champignons de l’Ariège. Ou de la recette magique pour réintroduire des licornes sur Terre. Vos notes vous appartiennent à vous, rien qu’à vous et picétout !

En plus de cela, Turtl (et donc Framanotes) vous permet de :

  • Créer & modifier des notes textes au format Markdown
  • Donc créer aisément des listes à puces, avec titres, gras et italique
  • Créer & modifier des notes images (jusqu’à 2 Mo par fichier)
  • Créer & modifier des notes fichiers (jusqu’à 2 Mo par fichier)
  • Créer & modifier des notes marque-pages (adresses web)
  • Noter vos mots de passe (allez-y, c’est chiffré !)
  • Trier vos notes par un système d’étiquettes (tags)
  • Rechercher dans vos notes (indexation)
  • Rassembler certaines notes dans des tableaux
  • Partager un ou des tableaux avec vos ami-e-s (qui sont sur Framanotes)

Turtl est codé par Lyon Bros, en Common Lisp pour la partie serveur (licence AGPLv3) et JavaScript (si, si !) pour les applications et la version Web (licence GPLv3). Beaucoup de fonctionnalités intéressantes figurent sur leur feuille de route, donc n’hésitez pas à leur faire un petit don pour les encourager !

Ou alors, faites comme Framasky, qui, pour préparer Framanotes, n’a pas hésité à se retrousser les manches et a contribué au code en ajoutant entre autres un système de traduction (qui sera intégré aux applications dans leurs prochaines versions).

animation framanotes

Framanotes me sert à préparer mon prochain roman (et faire une tarte)

Nous aimons donner des exemples d’utilisations fictifs et un peu farfelus. Ici, nous allons simplement prendre l’exemple de Pouhiou, framaslave de son état, et romancier à ses heures perdues.

Pour écrire son prochain roman, mettant en scène un Incube patron d’un coffee shop, Pouhiou a besoin de rassembler les notes de ses recherches… Il décide donc de créer un compte sur Framanotes.org.

Il a bien lu l’avertissement, et note son mot de passe avec soin, parce que même en tant que salarié chez Framasoft, il sait qu’il n’y a pas de passe-droit possible : il est strictement impossible pour l’équipe technique de le lui retrouver s’il le perd.

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Maintenant, il lui faut installer l’application Turtl sur son ordinateur (sous Ubuntu) et son téléphone (sous Android/Cyanogen). C’est simple : télécharger, installer, rentrer son pseudo (avec la majuscule, sinon c’est pas le même) et son mot de passe, et bien inscrire  » https://api.framanotes.org  » dans les « paramètres avancés ».

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Bon il est temps de créer sa première note : il fait un résumé des idées maîtresses pour ce nouveau roman, et utilise la puissance du Markdown, un code tout léger et facile à utiliser, pour les mettre en page.

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Il en profite pour ajouter dans ses notes quelques liens et photos qui vont l’inspirer dans son écriture : des infos sur les incubes, des photos pour le coffee shop où démarre l’intrigue, et le document pdf du dictionnaire des Furby (puisque son démon sera accompagné de cette peluche possédée). Malin, il prend soin d’ajouter à chacune l’étiquette « Projet Incube ».

Les notes pour le roman de Pouhiou

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Dans ses recherches pour les plats servis au coffee shop, il trouve une recette de tarte crue « avocat-citron vert » qui lui fait vraiment de l’œil. (Aux autres frama-enquiquineurs aussi. À tous les coups ils vont demander à goûter pour l’AG, tels que Pouhiou les connaît.) Il décide d’installer l’extension Firefox pour l’ajouter plus facilement dans ses Framanotes… Vu qu’il utilise l’application Turtl sur son ordinateur, l’extension Firefox marche comme un charme ! (il sait qu’elle ne fonctionnera pas avec la version web)

L’application de bureau et l’extension Firefox s’appairent en un copier/coller !

Bon, c’est trop alléchant : il lui faut faire cette tarte. Il crée une note avec tous les ingrédients pour ses prochaines courses. Le problème, c’est que ça fait tache parmi les notes sur son roman ! Pas de souci : il va donc créer un tableau de notes « projet incube », puis un deuxième « courses et achats », pour trier encore plus facilement ses notes !

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Une fois dans son magasin préféré, il retrouve le tableau « courses » sur l’application de son ordiphone, et il retrouve le lien vers la recette ainsi que la liste des ingrédients nécessaires… Pratique, ce système !

Par
Par pudeur, Pouhiou n’a pas rajouté « PQ » dans sa liste de courses.

Le lendemain, il est temps de se remettre au travail. Framasky, son collègue à Framasoft, vient justement de lui proposer de partager un tableau de notes des tâches qu’ils ont à faire pour Dégoogliser Internet ! Oh la belle idée !

L’email du partage de Luc.

Il lui suffit de cliquer sur accepter pour que ces notes professionnelles s’ajoutent aux notes perso. Mais seules celles sur le tableau partagé avec Luc seront visibles par ce dernier.

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Et voilà, Pouhiou n’a plus qu’à se mettre à l’écriture, aux fourneaux et au boulot ! À aucun moment il ne s’est rendu compte que tous les envois, échanges et réceptions de notes étaient chiffrés et déchiffrés, car les applications Turtl le font directement pour lui.

Chez Framasoft, nous sommes (littéralement) les premiers à « manger la pâtée de notre chien« , c’est à dire à utiliser les services que nous vous proposons. C’est donc avec un enthousiasme non dissimulé que nous pouvons vous affirmer combien ce Framanotes est pratique, utile et respectueux de vos données. Maintenant, c’est à vous de vous en emparer et de nous dire ! (Mais attention : Pouhiou n’envoie pas de parts de tarte par la poste !)

Pour aller plus loin :




Framalistes : vos « Groups » n’ont plus à appartenir à Google

Entre nous, on peut se l’avouer : on revient toujours aux bons vieux emails groupés, hein ?

Certes, Framateam nous permet de nous passer des groupes Facebook… Oui, Framavox est un outil extraordinaire pour discuter et prendre des décisions en groupe…

Mais, à un moment ou à un autre, la tentation est grande de faire un email groupé (avec souvent plus de dix destinataires, en mentionnant « Merci de cliquer sur « répondre à tous » »), voire carrément de créer une liste de diffusion, notamment chez Google Groups…

Nous avons quitté Google Groups, maintenant c’est à votre tour !

Nous avons connu, cette tentation, chez Framasoft. Nous y avons même succombé : jusqu’à début 2014, nous avons utilisé leurs services, puis nous avons fait en sorte de devenir autonomes.

En effet, les listes de diffusion restent un outil extrêmement pratique : elles donnent un email unique (monsupergroupe@framalistes.org, par exemple) pour rassembler tou-te-s les participant-e-s de son asso / entreprise / groupe de travail / famille / bande de joyeux drilles auto-radicalisés sur Internet ;)…

Voici une conversation email chez Framasoft. Ça bosse grave.

La liste de discussion, c’est un peu l’anneau unique des internets, celui qui vous offre tous les pouvoirs :

  • Un email pour les contacter tous, (sans se soucier de qui s’ajoute ou quitte le groupe)
  • Une archive à consulter en ligne (pour découvrir ou retrouver d’anciennes discussions)
  • Une liste pour échanger avec tous et sur les internetz travailler (au pays des datas où Google étend son ombre).

Bien entendu, utiliser Google Groups implique que vous devez vous créer un compte Google (donc leur fournir nombre d’informations personnelles) et les autoriser à scanner tous les échanges que vous aurez avec votre groupe par email, tel que noté dans leur politique de confidentialité :

« Nos systèmes automatisés analysent vos contenus (y compris les e-mails) afin de vous proposer des fonctionnalités personnalisées sur les produits, telles que des résultats de recherche personnalisés, des publicités sur mesure, et la détection de spams et de logiciels malveillants. »

Bref, les listes de diffusion, c’est une belle moissonneuse à données, c’est d’ailleurs un des rares services que Yahoo n’ait pas (encore) abandonné !

anim_framalistes

Google et Yahoo ne sont pas Sympa

Sympa, c’est le logiciel libre (sous licence GPLv2) qui gère nos listes de diffusion depuis que nous nous sommes dégooglisés. Nous l’avons donc amplement testé, nous avons paramétré nos serveurs (notre tuto est ici) et vous l’avons bichonné pour que Framalistes vous offre la possibilité de :

  • Créer une ou plusieurs listes et en gérer la propriété
  • Paramétrer dès la création et en un clic votre type de liste :
    • Confidentielle
    • Publique
    • De type hotline
    • Groupe de travail
    • Forum web
  • Ou bien paramétrer plus finement ensuite :
    • Les propriétaires, modérateurs et abonnés
    • La modération des abonnements
    • Les emails d’accueil et de désinscription
    • L’en-tête de votre email
    • La confidentialité des échanges et des archives
    • Et une foultitude d’autres détails
  • Chercher parmi les listes publiques
  • Vous abonner aux listes (publiques ou modérées)
  • Consulter les archives publiques des listes qui y consentent
  • Gérer dans votre compte vos abonnements et informations personnelles

Attention : nous avons spécifiquement paramétré Sympa pour qu’il vous permette de créer des listes et y participer (chacun peut répondre à tous) et non pour diffuser une lettre d’information (la newsletter en mode « noreply » / pas de réponse, où un seul s’adresse à tous unilatéralement).

Ainsi, la limite du nombre de membres par liste est de 500 adresses email, et nous avons désactivé les inscriptions de lots d’emails par le propriétaire. De même, nous surveillerons l’activité du serveur pour éviter de telles utilisations abusives (contrevenant à nos CGU) qui pénaliseraient tout le monde (dont nous !) en faisant classer automatiquement les emails « framalistes » comme spam.

Ce sont là les conditions dans lesquelles nous nous sentons capables de gérer un tel service. Ce dernier va assurément nous demander beaucoup de support, de suivi et de ressources internes (et en même temps, il nous était très demandé, à en croire le nombre de listes que vous avez essayé de créer depuis l’annonce de Dégooglisons Internet ^^). Bien entendu, si vous avez des besoins spécifiques, l’autonomisation reste encore et toujours la meilleure solution.

La famille Dupuis-Morizeau s’ouvre une Framaliste !

Fanny Dupuis-Morizeau a un gros problème : avec son épouse, Cécile, et leurs enfants, elles ont décidé de faire un tour du monde dans leur bateau. Bon, ça, c’est plutôt plaisant. Mais entre la mamie accro à son iPad, les cousins à fond sur GNU/Linux, et la connexion approximative qu’elles auront en mer, le plus simple pour rester en contact avec les nombreux membres de leur famille recomposée reste l’email.

Qu’à cela ne tienne, Fanny se dit qu’elle va ouvrir une Framaliste pour toute sa (grande) famille. Elle se rend donc sur Framalistes.org et se crée un compte. Jusqu’ici tout va bien :

  1. Elle entre son adresse email
  2. Reçoit l’email d’activation
  3. Clique sur le lien reçu pour décider de son mot de passe
  4. Puis elle saisit ses informations personnelles
  5. …sans oublier de cliquer sur Valider ! (elle connaît les Conditions Générales d’Utilisation des services Framasoft, et ça lui convient bien.)

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Vient le moment de créer la liste. Elle clique sur le bouton « créer une liste » dans la barre en haut à droite, et doit choisir le nom, donc ce qui se trouvera avant le « @framalistes.org ».

Ayant un nom composé, elle connaît le piège que représentent les traits d’union, par exemple quand on doit donner un email par téléphone. Elle ne supporte plus d’entendre parler du « tiret-du-six », ça la rendrait méchante. Elle choisit donc la stratégie du « tout-attaché-en-minuscules-et-sans-accents » qui a fait ses preuves !

Par défaut, elle choisit une liste de type confidentielle, mais elle se dit qu’elle pourra affiner les paramétrages un peu plus tard.

Enfin, elle soigne son objet et la description de sa liste, car elle se doute que ce sera réutilisé par le logiciel (elle a raison, la description est le texte qui s’inscrit par défaut dans les emails accueillant les nouveaux abonnés).

Voilà, la liste est créée ! Tiens, Fanny lit qu’elle n’y est pas abonnée. Au départ elle trouve cela étrange, puis elle réalise que cela peut lui permettre de créer une liste de diffusion pour les camarades de classe de sa fille sans qu’elle en reçoive les messages… plutôt pratique !

Fanny s’abonne donc d’un clic à sa liste toute neuve, et note dans un coin les liens pour s’abonner et se désabonner (elle les enverra plus tard à la famille)

Il est temps de paramétrer cette liste. Fanny se rend sur l’accueil de la liste, et voit que ses options d’administration y apparaissent. Bien ! Elle décide de modifier le message de bienvenu aux nouveaux inscrits à la liste, de vérifier qui peut y envoyer des messages, et de faire un joli en-tête pour les emails.

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Fanny pourrait continuer longtemps à s’amuser à paramétrer sa liste, mais elle veut tester un truc… Elle envoie par email la page d’accueil de sa liste à son épouse, Cécile : https://framalistes.org/sympa/info/dupuismorizeau

Cécile n’étant pas propriétaire de la liste, elle n’en voit pas les options d’administration. De fait, elle a simplement une page d’accueil descriptive et des liens très pratiques pour s’abonner (ou se désabonner), ce qu’elle fait de ce pas !

Bon, c’est décidé, Fanny va envoyer ce lien à toute la grande famille pour que chacun-e puisse enfin s’y inscrire. Très vite, elle propose à son cousin Solal (un autre doué du clavier) d’en devenir le co-propriétaire !

Les échanges vont bon train sur la liste. David, qui vient d’entrer dans la famille Dupuis-Morizeau par amour, accède à la liste ! Pas de souci, il rattrape son retard dans les conversations en consultant les archives…

Pas besoin d’être un-e Dupuis-Morizeau pour tester Framalistes, ni même d’avoir une famille élargie et recomposée : que vous soyez en association, en syndicat, dans un collectif artistique, un club de sport, une institution ou une PME… Ou que vous vouliez juste vous rassembler par centre d’intérêt, l’outil s’adaptera à vos besoins !

Chez Framasoft, cela fait deux ans que nous travaillons à distance des 6 coins de l’hexagone (et au-delà) avec des listes de diffusion comme outil principal ^^ ! Désormais, C’est à vous de le tester, le partager et l’adopter.

Pour aller plus loin :




Dégooglisons saison 3 : 30 services alternatifs aux produits de Google & co

6 nouveaux services et une annonce majeure pour attaquer la 3e – et dernière – année de notre (modeste) plan de libération du monde… De moins en moins modeste : déjà trente services à ce jour !

Après Framinetest (qui montre que les libristes ont déjà répondu à l’édition « éducation » de Minecraft/Microsoft), Framemo (le petit outil pratique pour collaborer sur des idées), les mises à jour de Framacarte, Framacalc, Framapad, Framapic, Framasphère, Framemo, et d’autres… on aurait pu croire que notre été était déjà bien rempli.

Mais non. Il nous fallait fêter ces deux ans avec de nouveaux services. OK. Chiche !

2 ans : la route est de moins en moins longue…

Nous l’avions annoncé dès le départ : Dégooglisons Internet, c’est proposer une trentaine d’alternatives aux services de Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft sur trois ans. Une dizaine de services par an entre octobre 2014 et octobre 2017 (à une vache près, hein), afin de montrer que des alternatives libres et éthiques existent, et qu’on peut reprendre le pouvoir sur nos vies numériques.

D’emblée, nous pensions que c’était un but impossible. Alors on s’est dit qu’en visant les étoiles, on attendrait peut-être la lune… Que nous ferions de notre mieux, parlerions d’empouvoirement numérique et que ce serait déjà pas si mal. Sauf que… avec votre aide, vos dons, vos partages, vos participations et soutiens : nous sommes en train d’y arriver ! La mayonnaise prend, vous nous suivez dans cette belle aventure. Soyons francs : nous en sommes les premiers surpris-e-s. Et les dernièr-e-s à se plaindre, même si cela représente un travail monstrueux.

Maintenir et mettre à jour l’existant, l’améliorer, assurer les nombreuses demandes de support, d’interventions, et d’entretiens… cela laisse peu de temps pour tester, contribuer aux nouveaux services et les préparer ! Même pas peur, on va quand même le faire.

C’est qui les entreprises les plus riches…?

Car les enjeux sont énormes : grâce à nos données, aux petits bouts de nos vies numériques (et de nos intimités) qu’ils récoltent, les GAFAM sont désormais le top cinq des entreprises les plus puissantes du monde. Ce ne serait rien si leur situation de monopoles n’imposait pas l’enfermement de nos communications, l’extraction de nos données et l’emprise sur nos comportements.

Voilà pourquoi, comme l’an dernier, nous avons décidé de vous proposer une semaine de dégooglisation. Afin de créer l’événement, six nouveaux services vont vous être présentés tout au long des prochains jours. Nous parlerons aussi de notre projet qui vise à essaimer cette initiative, recomposer des chaînes de confiance (transparentes et solidaires) et de ne pas mettre toutes vos données dans le même panier (même pas le nôtre).

Le sujet de la concentration des données et de la surveillance qu’elle permet est d’ailleurs au centre de toutes les attentions en ce moment, puisque c’est aujourd’hui, par un heureux hasard, que sort l’ouvrage de l’ami Tristan Nitot « Surveillance:// » chez C&F éditions.

Une semaine événement, l’avant-dernière donc, pour que vous puissiez en parler autour de vous, partager sur vos réseaux et sensibiliser votre entourage à cette hygiène de vie numérique qui nous semble essentielle à une société ouverte.

5 nouveautés, car la voie est de plus en plus libre !

Le Libre propose des alternatives aux services propriétaires des GAFAM. Tout comme les initiatives de l’agriculture biologique et/ou solidaire (les AMAP, le local, etc.) proposent des alternatives aux Hyper-MacDo-Monsanto-Bayer… Mais une alternative n’est pas un concurrent ni une copie carbone. Ce n’est en effet pas toujours aussi joli, facile ou confortable. Quand on se met au bio, il faut savoir renoncer aux fruits calibrés et brillants, aux tomates au mois de décembre ou au jambon bien rose sorti de l’emballage. Mais le goût et la saveur sont tellement meilleurs !

Pour les services Web, c’est un peu pareil. Vous n’y trouverez pas les mêmes choses, l’accès y est parfois plus rude, il y a des expérimentations qui ne sont pas tout à fait mûres : mais on sait pourquoi on choisit telle solution alternative plutôt que telle autre. Nous n’entendons donc rien révolutionner : nous voulons simplement montrer des outils qui existent, qui ont été développés par de formidables communautés, qui les mettent à libre disposition pour que vous puissiez reprendre le pouvoir sur vos vies numériques. En fait, nous montrons simplement qu’un autre Internet est possible, et qu’il ne tient qu’à vous de vous en emparer.

Nous savons que nos actions trouvent de l’écho auprès de vous. Il nous suffit de tenir un frama-stand quelque part pour recevoir des encouragements et des remerciements. Et ça, c’est bien mieux qu’un cocktail de vitamines !

 

Le travail de deux ans... et des poussières.
Le travail de deux ans… et des poussières.

Basta les promesses, soyons concrets ! Cette semaine, vous pourrez découvrir, tester et adopter :

  • Framalistes (lundi 03 octobre, aujourd’hui !) : cet outil qui repose sur le logiciel Sympa vous permettra de créer vos listes de diffusions, d’échanger des emails et de quitter Google Groups !
  • Framanotes (mar 04 octobre) : installez les applications Turtl, connectez-les à notre serveur pour créer, conserver et chiffrer vos notes, images, fichiers, marque-pages sur des tableaux… voire les partager avec d’autres ; et ainsi quitter en groupe Evernote !
  • Framaforms (mercredi 05 octobre) : basé sur Drupal et Webforms, il vous permettra de créer rapidement des formulaires pour votre doctorat, vos contributeurs ou votre site Web sans livrer les réponses des participants à Google Forms.
  • Framatalk (jeudi 06 Octobre) : avec Jitsi Meet installé sur nos serveurs, vous pourrez créer en deux clics une conversation audio ou vidéo, voire une conférence (si votre connexion le permet) et vous défaire peu à peu de Discord ou du Skype de Microsoft. L’affreux verbe « skaïper » deviendra enfin un mauvais souvenir.
  • Framagenda (vendredi 07 octobre) : nous avons amélioré pour vous le code de l’application « calendar » de ownCloud/Nextcloud, afin que vos agendas, contacts, rendez-vous, et plannings puissent être affichés, devenir publics, semi-publics ou complètement privés… Fini l’espionnage par Google/Apple/Microsoft Agenda.

MyFrama et les CHATONS : pas question de vous framasoftiser

Il est une demande qui nous revient régulièrement :

« Pourquoi ne pas créer un compte unifié Framasoft ? Comme chez Google (oui, hein, ça part pas au top), un seul compte qui permet de retrouver et de profiter de tous ses framachins ? »

C’est ce qui s’appelle du SSO (pour single sign on, car s’il n’y avait pas un peu d’anglais on s’ennuierait). Notre problème avec le SSO, le compte unifié, est multiple :

  • Cela crée une vulnérabilité, une cible parfaite à attaquer pour les malveillances publicitaires, frauduleuses ou étatiques (single point of failure – et après on arrête avec l’anglais ^^).
  • C’est techniquement hyper laborieux et coûteux à mettre en place (chaque service proposé par Framasoft utilisant des technologies et langages différents).
  • Tout ceci induirait un bond de croissance pour Framasoft, qui y perdrait son identité. D’une bande de potes qui fait de son mieux pour faire de l’éducation populaire et du libre, nous deviendrions un prestataire de services en mode « entreprise-clients »… et ce n’est carrément pas dans notre ADN 😉
  • Cela pourrait faire de l’ombre aux solutions vers lesquelles Dégooglisons Internet veut vous mener : des hébergements mutualisés et éthiques de services libres (CHATONS) et l’auto-hébergement (Yunohost / La Brique Inter.net, MyCozyCloud, Sandstorm…)
  • Enfin et surtout, nous deviendrions ce que nous combattons : un nouveau silo de données, une concentration de pouvoir informationnel.

myframa une solution à la saturation

MyFrama, c’est notre réponse au framabazar. Elle vous sera proposée le lundi 10 octobre. Basé sur Shaarli, il s’agit d’un récolteur/trieur d’adresses Web (à la Del.icio.us) que JosephK a bidouillé pour vous afin qu’il classe automatiquement les adresses de nos services que vous y ajouterez. Avec un seul compte, vous pourrez remettre une dose de cathédrale dans ce bazar et retrouver aisément les services que vous utilisez.

Et puis le mercredi 12 octobre marquera l’acte de naissance officiel du Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires : les CHATONS ! Annoncé en février dernier, c’est un nouveau travail sur le long terme que nous avons appelé de nos vœux, pour que vous puissiez trouver aisément un hébergement de services libres (dont du mail, oui oui) partageant la même éthique et proche de chez vous.

Les premiers CHATONS sont prêts à faire ronronner vos internetz, et nous serons fiers de nous ranger parmi eux, en tant que simple membre de ce collectif qui peut évoluer et être forké, comme un logiciel libre !

Framasoft grandit, mais pas trop (micro-bilan)

C’est peu connu, mais au moment où nous avons lancé Dégooglisons Internet, Framasoft était sur le point de fermer. Épuisement des membres, épuisement des ressources (nous n’avions plus de sous !)… nous avons préféré lancer un beau projet quitte à exploser en plein vol plutôt que de finir sur les rotules.

Extrait de la toute première conférence « Dégooglisons Internet », juillet 2014, aux RMLL de Montpellier.

Vous comprenez maintenant pourquoi nous avions du mal à croire qu’on y arriverait. Mais voilà : Dégooglisons Internet a re-mobilisé les énergies en interne, nous donnant un grand coup de fouet ! Ce projet vous a sans doute aussi parlé puisque vous nous avez soutenus, vous l’avez partagé, vous vous en êtes emparé au delà de nos plus folles espérances ! Plus encore, il a touché le grand public, il a été reçu cinq sur cinq en dehors de nos habituels cercles de libristes.

En deux ans, nous sommes passés de deux à cinq permanent-e-s (nous sommes en train de pérenniser et consolider les contrats les plus précaires) et venons de prendre en CDD Thomas, qui a passé son stage de fin d’études sur Framagenda. Nous avons aussi accueilli de nouveaux membres bénévoles, pleins d’énergie et d’idées, pour nous aider à encaisser le choc.

Ces énergies sont indispensables pour répondre à vos (légitimes) attentes et réussir à dégoogliser Internet. Pour autant, nous ne voulons pas devenir le little big brother des internets : notre (et votre) liberté tient aussi à ça. Voilà pourquoi l’association a décidé de modérer cette croissance afin de garder cette mentalité foutraque et enthousiaste qui fait qu’on peut décider d’ouvrir un Framinetest sur une blague et un coup de tête !

La joyeuse équipe se retrouvant sur Lyon pour pique-niquer et Dégoogliser ;)

Aujourd’hui, à un an du gong final, nous pensons que réaliser ce projet fou est réellement à notre portée, sans y perdre notre identité. C’eut été inimaginable sans votre aide, et nous en aurons encore grandement besoin toute cette année. La liberté, vous nous (et vous vous) l’offrez.

Alors, selon ce que vous pouvez faire, pensez à nous soutenir :




Framemo : un tableau pour vos tempêtes de cerveaux !

Lorsque l’on est en réunion, que l’on travaille en groupe, il faut prendre des notes. Pour cela, un Framapad, c’est plutôt pratique. Mais dès que vous voulez organiser ces notes, on en revient au tableau blanc avec les sempiternels papiers jaunes à bouts collants (dont on ne doit pas prononcer le nom)…

Du coup, nous on s’est dit « Ce serait-y pas formidable qu’un logiciel libre permette de simuler le tableau blanc et les papiers, de manière collaborative, comme les pads ? »

Et c’est là que nous avons découvert Scrumblr, de Ali Asaria ; qui a eu la belle idée de créer un logiciel compréhensible instinctivement, en deux clics. La suite, vous la devinez…

Framemo expliqué aux kanbanistes agiles

Oui, le tableau blanc, les colonnes et les papiers repositionnables, cela s’appelle du Kanban. Le passage qui suit est donc à réserver aux personnes qui connaissent déjà la méthode (ou veulent un bref aperçu de ce service). Si vous voulez une illustration explicative, pas de soucis, rendez-vous au titre suivant 😉 !

Framemo vous propose donc :

  • De créer des tableaux kanban en ligne (sans ouverture de compte) ;
  • De les partager via l’URL (adresse web) ;
  • De travailler collaborativement en temps réel ;
  • Le tout en mode cliquer-glisser-déposer ;
  • L’édition, l’ajout et la suppression de colonnes ;
  • L’édition, l’ajout et la suppression de notes (4 couleurs dispos) ;
  • L’ajout ou le retrait de gommettes sur les notes ;
  • L’ajout et l’édition du pseudonyme des participant-e-s ;

Ce service est basé sur le logiciel Scrumblr (participez-y ici), sous licence GNU GPL, et notre tuto pour l’installer sur vos serveurs est sur le Framacloud.

L’initiative Cot-Cot-Commons ouvre un Framemo

Prenons l’exemple (purement fictionnel) de Cot-Cot-Commons, une organisation qui voudrait créer un prototype de poulailler Libre (en plus d’être open source) et auto-géré, dans le jardin partagé de l’immeuble de Sandrine. Cette dernière s’y investit (elle aime réduire ses déchets végétaux) mais voit très vite que les idées fusent en réunion sans être forcément notées pour les personnes n’ayant pas pu venir. Qu’à cela ne tienne, lors de la réunion suivante, elle ouvre un Framemo !

Elle se rend donc sur Framemo.org et décide de créer un tableau sobrement intitulé « CotCotCommons« . Pas besoin de créer un compte, il suffit juste de taper le nom de son tableau et de cliquer sur « Allons-y » !

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Bon, pour l’instant, il faut avouer que ce n’est pas super entraînant : un tableau tout vide, et quelques boutons « plus » et « moins » ici ou là, de petits points colorés…

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En passant sa souris sur la droite du tableau, Sandrine fait apparaître un petit « plus » qui lui permet d’ajouter des colonnes. Lorsqu’elle clique sur leur titres, elle s’aperçoit qu’elle peut en modifier le nom. Sandrine prépare un tableau kanban assez classique (de toutes façons elle voit bien qu’on peut toujours modifier les noms de colonnes par la suite).

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Notons au passage que Sandrine a vu qu’il suffisait de cliquer sur « Anonyme (vous) » pour entrer son prénom (ou son pseudo). Étant une habituée des pads, elle sait combien c’est pratique et met vite le sien.

Puis elle commence à noter les idées du compte rendu de la séance précédente. Pour créer une note, elle clique sur le « plus » à gauche sous le tableau. Un petit papier apparaît qui ne demande qu’à être édité, puis déplacé d’un geste de la souris…

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Sandrine n’y tient plus, elle finit juste quelques notes avant que de partager l’adresse web du tableau avec le reste de Cot-Cot-Commons. Elle est facile à retenir c’est le nom du site puis le nom de son tableau : framemo.org/CotCotCommons

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Très vite, Abdel, le secrétaire de séance, décide de projeter le tableau sur le mur de la salle de réunion. Dans le groupe, plusieurs s’emparent de leurs ordinateurs (dont Naya, restée chez elle à cause d’une jambe cassée, qui participe donc en visio conf) pour réorganiser les notes de Sandrine et y ajouter leurs idées !

C’est d’ailleurs Naya qui découvre qu’on peut glisser et déposer sur chacune des notes les gommettes qui se trouvent en bas à droite. Le groupe décide donc d’un code couleur pour attribuer les tâches à chacun-e. Bien vite, il y a tant de notes qu’il leur faut agrandir le tableau (en le tirant vers le bas d’un simple geste de la souris !)

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À vous de tester (et partager) Framemo !

Et voilà : Ali Asaria (et toute l’équipe de Scrumblr) nous propose là un petit service efficace, pratique, facile d’accès… L’idéal pour collaborer aisément sans avoir à apprendre et à s’habituer à un logiciel plus complexe !

Car si le collectif Cot-Cot-Commons est une pure invention, nous sommes certains que Framemo peut être utile à vos associations, syndicats, familles, entreprises, institutions : bref, dans tous les cercles où vous vous organisez en commun.

Et si vous trouvez Framemo trop léger pour vos besoins, nous vous rappelons qu’il existe un outil plus orienté gestion de projets – et donc plus complexe – nommé Framaboard.org utilisant lui aussi la méthode kanban.

Nous sommes ravis de pouvoir vous proposer ce nouveau service, et attendons de voir avec impatience si vous allez vous en emparer, l’utiliser, le partager… et surtout le quitter parce que vous l’aurez finalement adopté sur vos serveurs 😉 !

Pour aller plus loin :




Framinetest Édu : laissez Microsoft hors de portée de nos enfants.

Le Framachin de la rentrée est un jeu…

Sérieux.

Un serious game avec une infinité d’applications pédagogiques que nous proposons avant que l’ogre Microsoft ne vienne faire la sortie des écoles… voire y rentrer pour mieux dévorer les données de nos chères têtes blondes.

 

C’est parti d’une blague. Après la parution d’une traduction de Framalang sur Minetest, l’alternative libre au jeu Minecraft, un certain SVTux nous a partagé ce qu’il faisait en classe avec ce jeu tandis qu’un·e certain·e Powi nous a demandé « À quand un Framinetest ?« … Nous avons rétorqué d’un « C’est çui qui dit qui fait ! » auquel ellui et SVTux ont répondu « chiche ! »

Ce n’était pas prévu. Le jeu Minecraft (racheté par Microsoft en 2014 pour 2,5 milliards de dollars) ne faisait pas partie de notre plan pour dégoogliser internet. Puis, nous avons vu que le 9 juin dernier, Microsoft a lancé la bêta de Minecraft: Education Edition

Chère Éducation Nationale… Tu joues avec nos gosses.

Et ça, vraiment, c’est pas drôle.

Tu le sais pourtant, nous on t’aime bien. Nombre de nos membres (et de notre audience) travaillent en ton sein, les « Fra » et « ma » de Framasoft viennent même de « Français » et « Mathématiques » (les matières enseignées par les deux professeurs à l’origine du tout premier projet Framasoft)… bref, nous avons une longue histoire commune.

Nous nous sommes éloignés de toi (en nous tournant vers l’éducation populaire) un peu par dépit : car tu ne veux rien entendre. Tu te laisses courtiser par les GAFAM, tu leur ouvres grand les portes de nos établissements d’enseignement… sans assumer le fait que c’est aussi grave que d’ouvrir les portes des cantines à McDonald’s.

Cette publicité est un vrai tweet Microsoft. Oui. Cliquez sur l'image pour lire l'article de l'APRIL à ce sujet.
Cette publicité est un vrai tweet de Microsoft. Oui.
Cliquez sur l’image pour lire l’article de l’APRIL à ce sujet.

Quand tu échanges les données de nos collégiens et nos collégiennes contre 13 millions d’euros de Microsoft, quand tu laisses ce dernier t’instrumentaliser pour faire sa pub, au point que d’aucuns envisagent de dénoncer cet accord en justice… Tu n’entends pas nos avertissements.

Tu souhaites juste « mettre en tension » les propositions du Libre et celles de GAFAM. Comme s’il s’agissait de deux concurrents sur un marché.

Comme si protéger les vies numériques de nos élèves n’était pas un choix politique.

Ce choix, nombre d’enseignant-e-s l’ont fait, souvent bien malgré toi. C’est en pensant à elles et eux que nous ouvrons ce nouveau service, avant que Microsoft ne vienne cette fois-ci parachever son business model chez toi en faisant son marché dans nos écoles primaires avec Minecraft: Education Edition.

Framinetest Édu : à vous de jouer !

Et là, ça devient vraiment bien plus drôle.

Minetest est un clone libre de Minecraft, un jeu dit « bac à sable ». Imaginez un monde fait de cubes : terre, eau, troncs, feuillages, minéraux, sable, glace… mais aussi plantes, poules, vaches et cochons (et même des zombies !) Ce monde est régi par des règles similaires au nôtre : le jour succède à la nuit, avec le temps l’érosion y fait son office, les poules ne se reproduisent que si l’on met un coq dans l’enclos, tomber de trop haut altère votre santé.

Vous y incarnez un petit personnage dont le but est de « miner », c’est à dire de briser les blocs de matières premières pour les mettre dans sa besace et en faire d’autres choses. Dans votre inventaire, « crafter » un bloc de bois vous permet d’obtenir des planches. Aligner planches et bâtons en T vous permet de fabriquer (crafter) une pioche… et d’aller creuser pour obtenir du grès, du granit… Dès lors vous pouvez commencer à construire !

Bon, vous pouvez aussi voler... Mais c'est juste pour prendre de la hauteur sur votre travail.
Bon, dans le jeu, vous pouvez aussi voler… Mais c’est juste pour prendre de la hauteur sur votre travail.

Nous avons ouvert un monde où les ressources sont déjà dans votre inventaire, qui peut supporter jusqu’à 400 connexions simultanées (c’est de la théorie, hein, pas un défi : restez choux avec nos serveurs ^^ !), un monde dont les mods (les possibilités modulaires) ont été choisis et pensés pour des applications pédagogiques

Bref : un monde qui n’attend que vous pour y construire collaborativement des villages et des activités pédagogiques !

Microsoft enclot Minecraft… alors changez de bac à sable !

Pour se connecter à Framinetest Édu, c’est simple ! Tout est sur la page d’accueil :

  1. Téléchargez le logiciel « client » (celui qui permet de se connecter.)
  2. Connectez-vous sur le serveur framinetest.org (onglet « client », justement ^^)
  3. Euh… jouez ? Oui : jouez !

L’avantage d’un jeu open source (développé en C/C++, et sous licence CC-BY-SA) est qu’il est adaptable sur toutes les plateformes, que vous soyez sous Windows, sous Mac, sous une des nombreuses distributions libres GNU/Linux, sur Android ou même sur un RaspberryPi : vous jouerez au même jeu partout.

Cela parait évident, mais les personnes qui ont testé Minecraft Windows10 Edition (qui est un peu le même que le Pocket Edition sur smartphone, donc incompatible avec la version PC du jeu, oui cette phrase fait mal au crâne, merci Microsoft & Mojang !) savent de quoi on parle.

Cot-cot commons, le projet d'élevage de poules libres, approuve Minetest :p !
Cot-cot commons, le projet d’élevage de poules libres, approuve Minetest :p !

Autre avantage, Minetest regroupe aussi une joyeuse communauté de libristes qui seront ravi-e-s de vous aider et vous conseiller. D’ailleurs, Powi a contribué à mettre à jour le wiki francophone pour que nous soyons certains que vous y trouviez les informations qui vous manquent ! (EDIT du 2 sept. : les contributions au wiki-fr se poursuivent : venez rejoindre la fine équipe en lisant ceci 😉 ) Et s’il vous reste des questions, pensez à les poser sur le forum

L’avantage enfin, c’est que les règles concernant le jeu sont les vôtres ! Impossible pour Microsoft d’interdire ceci, de restreindre cela ou de faire payer l’accès à telle fonctionnalité : le Libre vous offre la maîtrise de votre monde. D’ailleurs, avant de vous connecter sur notre serveur, pensez à lire nos conditions générales d’utilisation ! (cela prend moins de 5 minutes et s’applique à tous nos services ^^)

Si ces dernières ne vous conviennent pas, ou que vous souhaitez un serveur et un monde réservé à votre classe / école / collège / famille / bande de potes / etc., vous vous donnons toutes nos astuces pour installer facilement Minetest chez vous et gagner en indépendance.

Changer l’école malgré l’Éducation Nationale

Les possibilités pédagogiques dans Framinetest Édu (et de Minetest, plus généralement) sont tellement nombreuses que nous avons décidé de leur consacrer un article complet. C’est un article écrit par Frédéric Véron, le fameux SVTux, professeur de Sciences de la Vie et de la Terre qui utilise Minetest dans son collège et nous a transmis son savoir-faire.

Sa démarche prouve qu’il est possible de proposer des activités numériques ludiques, pédagogiques et innovantes en respectant les données des élèves et sans les accoutumer aux produits commerciaux des GAFAM. Ce n’est qu’une démarche d’enseignant parmi les centaines d’autres dont nous avons été témoins chez Framasoft.

Nous n’avons plus vraiment d’espoir d’un changement provenant « d’en haut », comme on dit. Mais nous savons la force et l’implication du personnel encadrant nos élèves… Voilà pourquoi nous nous adressons à vous, et nous espérons que vous saurez vous emparer de ce nouvel outil.

Bref : à vous de creuser !

La classe de SVTux a a reconstruit leur collège à l'échelle dans Minetest.
Les élèves de SVTux ont reconstruit leur collège à l’échelle dans Minetest.

Pour aller plus loin :

Mise à jour du 20/09/2016 : faisant suite à vos demandes, nous avons ouvert une section « Minetest » sur notre forum : https://framacolibri.org/c/framinetest-minetest



Non, je ne veux pas télécharger votre &@µ$# d’application !

« Ne voulez-vous pas plutôt utiliser notre application ? »…

De plus en plus, les écrans de nos ordiphones et autres tablettes se voient pollués de ce genre de message dès qu’on ose utiliser un bon vieux navigateur web.

Étrangement, c’est toujours « pour notre bien » qu’on nous propose de s’installer sur notre machine parmi les applications que l’on a vraiment choisies…

Ruben Verborgh nous livre ici une toute autre analyse, et nous dévoile les dessous d’une conquête de nos attentions et nos comportements au détriment de nos libertés. Un article blog traduit par Framalang, et sur lequel l’auteur nous a offert encouragements, éclairages et relecture ! Toute l’équipe de Framalang l’en remercie chaleureusement et espère que nous avons fait honneur à son travail 😉

Cross platform applications - CC-BY Tsahi Levent-Levi
Cross platform applications – CC-BY Tsahi Levent-Levi

Utilisez plutôt le Web

Auteur : Ruben Verborgh

Source : blog de l’auteur

Traduction : Julien, David_5.1, AlienSpoon, roptat, syst, serici, audionuma, sebastienc, framasky, Ruben Verborgh, Diane, Éric + les anonymes.

Sous des prétextes mensongers, les applications mobiles natives nous éloignent du Web. Nous ne devrions pas les laisser faire.

Peu de choses m’agacent plus qu’un site quelconque qui me demande « Ne voulez-vous pas utiliser plutôt notre application ? ». Évidemment que je ne veux pas, c’est pour ça que j’utilise votre site web. Certaines personnes aiment les applications et d’autres non, mais au-delà des préférences personnelles, il existe un enjeu plus important. La supplique croissante des applications pour envahir, littéralement, notre espace personnel affaiblit certaines des libertés pour lesquelles nous avons longtemps combattu. Le Web est la première plate-forme dans l’histoire de l’humanité qui nous permette de partager des informations et d’accéder à des services à travers un programme unique : un navigateur. Les applications, quant à elles, contournent joyeusement cette interface universelle, la remplaçant par leur propre environnement. Est-ce vraiment la prétendue meilleure expérience utilisateur qui nous pousse vers les applications natives, ou d’autres forces sont-elles à l’œuvre ?

Il y a 25 ans, le Web commença à tous nous transformer. Aujourd’hui, nous lisons, écoutons et regardons différemment. Nous communiquons à une échelle et à une vitesse inconnues auparavant. Nous apprenons des choses que nous n’aurions pas pu apprendre il y a quelques années, et discutons avec des personnes que nous n’aurions jamais rencontrées. Le Web façonne le monde de façon nouvelle et passionnante, et affecte la vie des gens au quotidien. C’est pour cela que certains se battent pour protéger le réseau Internet qui permet au Web d’exister à travers le globe. Des organisations comme Mozilla s’évertuent à faire reconnaître Internet comme une ressource fondamentale plutôt qu’un bien de luxe, et heureusement, elles y parviennent.

Toutefois, les libertés que nous apporte le Web sont menacées sur plusieurs fronts. L’un des dangers qui m’inquiète particulièrement est le développement agressif des applications natives qui tentent de se substituer au Web. Encore récemment, le directeur de la conception produit de Facebook comparait les sites web aux vinyles : s’éteignant peu à peu sans disparaître complètement. Facebook et d’autres souhaitent en effet que nous utilisions plutôt leurs applications ; mais pas simplement pour nous fournir une « meilleure expérience utilisateur ». Leur façon de nous pousser vers les applications met en danger un écosystème inestimable. Nous devons nous assurer que le Web ne disparaisse jamais, et ce n’est pas juste une question de nostalgie.

Internet, notre réseau global, est une ressource fondamentale. Le web, notre espace d'information mondial, est de loin l'application la plus importante d'Internet. Nous devons aussi le protéger.
Internet, notre réseau global, est une ressource fondamentale. Le web, notre espace d’information mondial, est de loin l’application la plus importante d’Internet. Nous devons aussi le protéger.

Le Web : une interface indépendante ouverte sur des milliards de sources

Pour comprendre pourquoi le Web est si important, il faut s’imaginer le monde d’avant le Web. De nombreux systèmes d’information existaient mais aucun ne pouvait réellement être interfacé avec les autres. Chaque source d’information nécessitait sa propre application. Dans cette situation, on comprend pourquoi la majeure partie de la population ne prenait pas la peine d’accéder à aucun de ces systèmes d’information.

Le Web a permis de libérer l’information grâce à une interface uniforme. Enfin, un seul logiciel – un navigateur web – suffisait pour interagir avec plusieurs sources. Mieux encore, le Web est ouvert : n’importe qui peut créer des navigateurs et des serveurs, et ils sont tous compatibles entre eux grâce à des standards ouverts. Peu après son arrivée, cet espace d’informations qu’était le Web est devenu un espace d’applications, où plus de 3 milliards de personnes pouvaient créer du contenu, passer des commandes et communiquer – le tout grâce au navigateur.

Au fil des années, les gens se mirent à naviguer sur le Web avec une large panoplie d’appareils qui étaient inimaginables à l’époque de la création du Web. Malgré cela, tous ces appareils peuvent accéder au Web grâce à cette interface uniforme. Il suffit de construire un site web une fois pour que celui-ci soit accessible depuis n’importe quel navigateur sur n’importe quel appareil (tant qu’on n’utilise rien de spécial ou qu’on suit au moins les méthodes d’amélioration progressive). De plus, un tel site continuera à fonctionner indéfiniment, comme le prouve le premier site web jamais créé. La compatibilité fonctionne dans les deux sens : mon site fonctionne même dans les navigateurs qui lui préexistaient.

La capacité qu’a le Web à fournir des informations et des services sur différents appareils et de façon pérenne est un don immense pour l’humanité. Pourquoi diable voudrions-nous revenir au temps où chaque source d’information nécessitait son propre logiciel ?

Les applications : des interfaces spécifiques à chaque appareil et une source unique

Après les avancées révolutionnaires du web, les applications natives essaient d’accomplir l’exacte inverse : forcer les gens à utiliser une interface spécifique pour chacune des sources avec lesquelles ils veulent interagir. Les applications natives fonctionnent sur des appareils spécifiques, et ne donnent accès qu’à une seule source (ironiquement, elles passent en général par le web, même s’il s’agit plus précisément d’une API web que vous n’utilisez pas directement). Ainsi elles détricotent des dizaines d’années de progrès dans les technologies de l’information. Au lieu de nous apporter un progrès, elles proposent simplement une expérience que le Web peut déjà fournir sans recourir à des techniques spécifiques à une plate-forme. Pire, les applications parviennent à susciter l’enthousiasme autour d’elles. Mais pendant que nous installons avec entrain de plus en plus d’applications, nous sommes insidieusement privés de notre fenêtre d’ouverture universelle sur l’information et les services du monde entier.

Ils trouvent nos navigateurs trop puissants

Pourquoi les éditeurs de contenus préfèrent-ils les applications ? Parce-qu’elles leur donnent bien plus de contrôle sur ce que nous pouvons et ne pouvons pas faire. Le « problème » avec les navigateurs, du point de vue de l’éditeur, est qu’ils appartiennent aux utilisateurs. Cela signifie que nous sommes libres d’utiliser le navigateur de notre choix. Cela signifie que nous pouvons utiliser des plugins qui vont étendre les capacités du navigateur, par exemple pour des raisons d’accessibilité, ou pour ajouter de nouvelles fonctionnalités. Cela signifie que nous pouvons installer des bloqueurs de publicité afin de restreindre à notre guise l’accès de tierces parties à notre activité en ligne. Et plus important encore, cela signifie que nous pouvons nous échapper vers d’autres sites web d’un simple clic.

Si, en revanche, vous utilisez l’application, ce sont eux qui décident à quoi vous avez accès. Votre comportement est pisté sans relâche, les publicités sont affichées sans pitié. Et la protection légale est bien moindre dans ce cadre. L’application offre les fonctionnalités que le fournisseur choisit, à prendre ou à laisser, et vous ne pourrez ni les modifier ni les contourner. Contrairement au Web qui vous donne accès au code source de la page, les applications sont distribuées sous forme de paquets binaires fermés.

« Ne voulez-vous pas plutôt l’application ? »

J’ai procédé à une petite expérience pour mesurer exactement quelle proportion des sites Web les plus visités incitent leurs utilisateurs à installer l’application. J’ai écrit un programme pour déterminer automatiquement si un site web affiche une bannière de promotion de son application. L’outil utilise PhantomJS pour simuler un navigateur d’appareil mobile et capture les popups qui pourraient être insérés dynamiquement. La détection heuristique est basée sur une combinaison de mots-clés et d’indices du langage naturel.
Ce graphique montre combien de sites du top Alexa (classés par catégorie) vous proposent d’utiliser leur application :

Plus d'un tiers des 500 sites les plus visités vous proposent d'utiliser leur application.
Plus d’un tiers des 500 sites les plus visités vous proposent d’utiliser leur application.

Les chiffres obtenus sont basés sur une heuristique et sous-estiment probablement la réalité. Dans certaines catégories, au moins un tiers des sites préfèrent que vous utilisiez leur application. Cela signifie qu’un tiers des plus gros sites essaient de nous enfermer dans leur plate-forme propriétaire. Sans surprise, les catégories informations locales, sports et actualités atteignent un pourcentage élevé, puisqu’ils souhaitent être en première ligne pour vous offrir les meilleures publicités. Il est intéressant de noter que les contenus pour adultes sont en bas du classement : soit peu de personnes acceptent d’être vues avec une application classée X, soit les sites pornographiques adorent infecter leurs utilisateurs avec des malwares via le navigateur.

Des prétextes mensongers

Même si les éditeurs de contenu demandent si nous « souhaitons » utiliser leur application, c’est un euphémisme. Ils veulent que nous l’utilisions. En nous privant de la maîtrise plus grande offerte par les navigateurs, ils peuvent mieux influencer les éléments que nous voyons et les choix que nous faisons. Le Web nous appartient à tous, alors que l’application n’est réellement qu’entre les mains de l’éditeur. Généralement, ils justifient l’existence de l’application en plus du site web en marmonnant des arguments autour d’une « expérience utilisateur améliorée », qui serait évidemment « bien plus rapide ». Il est curieux que les éditeurs préfèrent investir dans une technologie complètement différente, plutôt que de prendre la décision logique d’améliorer leur site internet en le rendant plus léger. Leur objectif principal, en réalité, est de nous garder dans l’application. Depuis iOS 9, cliquer sur un lien dans une application permet d’ouvrir un navigateur interne à l’application. Non seulement cette fonctionnalité prête à confusion (depuis quelle application suis-je parti(e), déjà ?), mais surtout elle augmente le contrôle de l’application sur votre activité en ligne. Et une simple pression du doigt vous « ramène » vers l’application que vous n’aviez en fait jamais quittée. Dans ce sens, les applications contribuent sciemment à la « bulle de filtre ».

Les Articles Instantanés de Facebook sont un exemple extrême : un lien normal vous dirige vers la version « optimisée » d’une page à l’intérieur-même de l’application Facebook. Facebook salue cette nouveauté comme un moyen de « créer des articles rapides et interactifs sur Facebook » et ils ne mentent même pas sur ce point : vous ne naviguez même plus sur le vrai Web. Les Articles Instantanés sont vendus comme une expérience « interactive et immersive » avec plus de « flexibilité et de contrôle » (pour les fournisseurs de contenu bien sûr) qui entraînent de nouvelles possibilités de monétisation, et nous rendent une fois de plus « mesurables et traçables ».

Soyons honnêtes sur ce point : le Web fournit déjà des expériences interactives et immersives. Pour preuve, les Articles Instantanés sont développés en HTML5 ! Le Web, en revanche, vous permet de quitter Facebook, de contrôler ce que vous voyez, et de savoir si vous êtes pisté. Le nom « Articles Instantanés » fait référence à la promesse d’une rapidité accrue, et bien qu’ils soient effectivement plus rapides, cette rapidité ne nous est pas vraiment destinée. Facebook explique que les utilisateurs lisent 20% d’articles en plus et ont 70% de chances en moins d’abandonner leur lecture. Ces résultats favorisent principalement les éditeurs… et Facebook, qui a la possibilité de prendre une part des revenus publicitaires.

Rendez-nous le Web

Ne vous y trompez pas : les applications prétendent exister pour notre confort, mais leur véritable rôle est de nous attirer dans un environnement clos pour que les éditeurs de contenu puissent gagner plus d’argent en récoltant nos données et en vendant des publicités auxquelles on ne peut pas échapper. Les développeurs aussi gagnent plus, puisqu’ils sont désormais amenés à élaborer des interfaces pour plusieurs plate-formes au lieu d’une seule, le Web (comme si l’interface de programmation du Web n’était pas déjà assez coûteuse). Et les plate-formes de téléchargement d’applications font également tinter la caisse enregistreuse. Je ne suis pas naïf : les sites web aussi font de l’argent, mais au moins le font-ils dans un environnement ouvert dont nous avons nous-mêmes le contrôle. Pour l’instant, on peut encore souvent choisir entre le site et l’application, mais si ce choix venait à disparaître, l’accès illimité à l’information que nous considérons à juste titre comme normal sur le Web pourrait bien se volatiliser avec.

Certaines voix chez Facebook prédisent déjà la fin des sites web, et ce serait en effet bon pour eux : ils deviendraient enfin l’unique portail d’accès à Internet. Certains ont déjà oublié qu’il existe un Internet au-delà de Facebook ! La réaction logique de certains éditeurs est d’enfermer leur contenu au sein de leur propre application, pour ne plus dépendre de Facebook (ou ne plus avoir à y faire transiter leurs profits). Tout ceci crée exactement ce que je crains : un monde d’applications fragmenté, où un unique navigateur ne suffit plus pour consommer tous les contenus du monde. Nous devenons les prisonniers de leurs applis :

Last thing I remember, I was running for the door.

I had to find the passage back to the place I was before.

“Relax,” said the night man, “we are programmed to receive.”

“You can check out any time you like, but you can never leave!”

Eagles – Hotel California

 

Mon dernier souvenir, c’est que je courais vers la porte,

Je devais trouver un passage pour retourner d’où je venais

« Relax », m’a dit le gardien, « on est programmés pour recevoir »

« Tu peux rendre ta chambre quand tu veux, mais tu ne pourras jamais partir ! »

Eagles, Hotel California

Cette chanson me rappelle soudain le directeur de Facebook comparant les sites web et le vinyle. L’analogie ne pourrait pas être plus juste. Le Web est un disquaire, les sites sont des disques et le navigateur un tourne-disque : il peut jouer n’importe quel disque, et différents tourne-disques peuvent jouer le même disque. En revanche, une application est une boîte à musique : elle est peut-être aussi rapide qu’un fichier MP3, mais elle ne joue qu’un seul morceau, et contient tout un mécanisme dont vous n’auriez même pas besoin si seulement ce morceau était disponible en disque. Et ai-je déjà mentionné le fait qu’une boîte à musique ne vous laisse pas choisir le morceau qu’elle joue ?

Les sites web sont comme les vinyles : un tourne-disque suffit pour les écouter tous. Image : turntable CC-BY-SA Traaf
Les sites web sont comme les vinyles : un tourne-disque suffit pour les écouter tous.
Image : turntable CC-BY-SA Traaf

C’est la raison pour laquelle je préfère les tourne-disques aux boîtes à musique – et les navigateurs aux applications. Alors à tous les éditeurs qui me demandent d’utiliser leur application, je voudrais répondre : pourquoi n’utilisez-vous pas plutôt le Web ?




À la recherche du téléphone libre… et sans Google !

Vous connaissez l’adage ? « Si le téléphone est intelligent, c’est que l’utilisateur est stupide. » Malheureusement, il se vérifie dans la manière dont les entreprises qui conçoivent ces ordinateurs de poche (avec option téléphone) nous traitent…

Entre la prison dorée qu’est l’Iphone d’Apple (qu’il nous faut « jailbreaker » pour un tout petit peu plus de contrôle, ce qui signifie en Français qu’on en « brise les barreaux »), l’espionnage total de Google sur les Android, les autorisations hallucinantes que nous demandent les applications propriétaires, l’esclavagisme qui se cache derrière les matériaux et la construction, l’obsolescence programmée… difficile de trouver un ordiphone qui convient à nos choix éthiques.

Gee, notre illustrateur-auteur-docteur maison, est parti à la quête d’un smartphone (et de ses logiciels) qui respecterait ce lourd cahier des charges. Nous reproduisons ici un article (libre, bien entendu) paru sur son blog, qui nous offre un retour d’expérience très personnel.

N’hésitez pas à ajouter vos astuces, alternatives, choix et bonnes adresses dans les commentaires !

Photo © Fairphone, c'ets pour cela qu'il y a du Google de partout. Le reste des images de cet article est CC-BY-SA Gee
Photo © Fairphone, c’est pour cela qu’il y a du Google de partout.
Le reste des images de cet article est CC-BY-SA Gee

Fairphone : un téléphone pour libriste ?

Aujourd’hui, je vous propose un petit retour sur le Fairphone 2 qui est devenu mon téléphone il y a un mois de cela. Bon, je n’ai jamais fait d’article de ce genre alors désolé si c’est un peu décousu. Je précise d’emblée que ce n’est absolument pas un article sponsorisé ou commandé, c’est juste un retour spontané parce que je pense que cela peut en intéresser certains (les libristes en premier lieu mais pas seulement).

By Gee

Mon problème avec les smartphones

Au départ, c’est tout bête : un téléphone vieillissant mal et la volonté d’en changer. Sauf que les smartphones, outre leurs avantages (oui parce que si j’en ai un, ça reste un choix), m’ont toujours dérangé pour plusieurs choses :

  • ils sont chers (je n’ai jamais été très à l’aise à l’idée de me trimbaler avec des objets de plusieurs centaines d’euros dans la poche ou à la main) ;
  • ils sont fragiles et conçus pour durer le moins de temps possible (jusqu’à la sortie du modèle suivant, en gros), obsolescence programmée, tout ça ;
  • ils sont ultra-verrouillés. Firefox OS plus ou moins enterré, Ubuntu Touch à peine existant, c’est encore Android (et dérivées) qui se rapproche le plus du libre (c’est dire dans quelle merde on est).

Pour le prix, je m’étais toujours dirigé vers du milieu de gamme en faisant des concessions sur les perfs (je ne joue que très peu et ne regarde pas de vidéos de manière prolongée dessus, ça aide).

Pour le second, malgré tous mes efforts pour en prendre soin et pour ne conserver un système stable dans le temps, je n’ai jamais réussi à garder un smartphone bien longtemps. Le dernier en date (Sony Xperia J) va avoir 3 ans et honnêtement, il a déjà des soucis depuis facilement 1 an, c’est justement par pragmatisme que je l’ai gardé. Vous allez me dire, j’aurais pu mettre plus cher et avoir un truc plus solide. M’enfin ma sœur a réussi à péter un Samsung à 500€ avec une Chupa Chups, alors vous m’excuserez si je suis sceptique.

Pour le troisième point, il y a la solution de se lancer dans les joyeusetés du root et de l’install de ROM custom. J’ai testé avec CyanogenMod sur mon Xperia, eh bien c’est incroyablement chiant et compliqué (et je dis ça du point de vue d’un mec qui installe des GNU/Linux tous les 4 matins sur des appareils plus ou moins exotiques). Des ROMS hébergées sur d’immondes sites de direct download (avec 1 tiers de liens morts), des forums à inscription obligatoire pour lire les tutos, des utilitaires Windows-only à tous les étages. Yark. Et après on va me dire que Gnunux, c’est trop compliqué.

Le Fairphone

Bref, l’idée de changer de smartphone ne m’enchante pas vraiment. Forcément, j’en viens à chercher des choses comme « smartphone alternatif » sur Internet. C’est comme ça que je retombe sur le Fairphone (dont j’avais déjà entendu parlé d’une oreille distraite avant). Je ne vous refais pas la description, en gros un smartphone qui se veut un peu plus responsable que la moyenne : pas d’exploitation d’enfants pour l’extraction des matières premières, des circuits type commerce équitable, possibilité de facilement réparer et remplacer les pièces du smartphone pour ne pas devoir le jeter au premier souci, etc. Tout de suite, ça me tente bien.

Mais voilà, tout cela a un prix : 525€. Aïe. Bien plus cher que des téléphones aux caractéristiques équivalentes d’autres marques. Rien de surprenant, quand on paie correctement les travailleurs et qu’on essaie d’avoir des pratiques éthiques, on arrive forcément à un prix total plus élevé que des entreprises sans scrupules plus habituées aux filets anti-suicide pour les exploités au bout de la chaîne et du rouleau à la fois. Mais on est bien au-dessus de mon budget habituel. Non pas que je n’en aie pas les moyens, mais comme je l’ai dit, me balader avec des centaines d’euros à la main ou dans la poche, ça m’embête un peu.

Et là je tombe sur le truc qui va faire basculer ma décision : le Fairphone est vendu de base avec un Android classique… mais ils fournissent également une version d’Android Open Source débarrassée de toutes les apps non libres (dont toutes celles de Google, y compris Play Store). Oh. Alors certes, un Android Open Source, ce n’est pas Fairphone qui l’a inventé. Mais là, on parle d’un truc :

  • supporté officiellement par le constructeur et prévu pile pour le téléphone en question ;
  • qui ne fera donc pas péter la garantie si on l’installe ;
  • qui est (visiblement) installable en un clic (hallelujah hare krishna).

Je demande quelques conseils sur Diaspora* et devant les avis majoritairement positifs, je saute le pas. C’est cher, mais après tout j’aurais réglé 2 de mes 3 problèmes avec les smartphones (l’obsolescence et le verrouillage) en faisant une concession sur le troisième (le prix).

Est-ce que ça marche ?

En bref : oui. Premier allumage, je rentre toutes mes infos, je zappe les parties Google et je remplace direct Android par la version open Source fournie par Fairphone. Deuxième allumage, un Android parfaitement fonctionnel sans Google et avec juste ce qu’il faut (applications téléphone, appareil photo, galerie, musique, etc.). Quand on est habitué au merdier que les constructeurs ajoutent habituellement dans leurs Androids personnalisés, c’est presque reposant.

 

Screenshot_2016-07-08-19-11-11

Côté matos, rien à redire. On n’est sans doute pas au top de la technologie actuelle, mais pour quelqu’un comme moi habitué à du milieu de gamme, c’est parfait. Je ne vous fais pas la fiche technique, c’est dispo partout sur le web.

L’autonomie (le point qui laisse à désirer dans tous les tests) n’est pas fabuleuse mais rien de catastrophique non plus. En utilisation modérée (un peu de communication, quelques SMS, lire ses mails, ses tweets et ses forums de temps en temps), il peut tenir 2 jours voire 3 en utilisation très modérée. Après si on se lance dans les jeux ou de la navigation un peu intensive, on est plus sur 1 jour, c’est vrai. À part ça, il est stable, fluide, aucun ralentissement, appareil photo très performant (deux exemples ci-dessous). L’écran n’est pas mat mais l’affichage est de très bonne qualité.

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Après quelques semaines d’utilisation, je m’y sens chez moi. Il y a déjà eu une mise à jour de l’OS depuis que je l’ai installé. Espérons que le support dure.

Android sans Google ?

Cette partie ne concerne pas spécifiquement le Fairphone. Comment on se débrouille avec Android sans compte et sans appli Google ? Comment on se débrouille avec Android quand on veut au maximum utiliser du logiciel libre ?

Déjà, un grand classique que tous les libristes connaissent : F-Droid. C’est un app center alternatif à Google Play Store promu par la Free Software Foundation Europe. Parfait pour n’installer que des applications alternatives et libres. Le logiciel n’est pas des plus sexy (pas de doute, on est bien chez la FSF 🙂 ) mais il fait le boulot très bien. Le plus gros manque, à mon sens, c’est un système de classement : quand on recherche une app, on voudrait savoir laquelle est la plus appréciée ou la plus téléchargée et ce n’est pas possible. On finit toujours par chercher sur le web « best open source photo gallery app android » par exemple. Dommage. Pour le reste, c’est clair, épuré, on installe/désinstalle en un clic, des messages avertissent si l’appli est partiellement non-libre ou promeut des services non-libres, etc. Bref, F-Droid, c’est la supérette bio d’Android.

Ensuite, eh bien il faut juste trouver les applis qui vous conviennent. Le site Droid Break est très bien et donne quelques alternatives à des applications connues.

Un aperçu des applications installées sur mon téléphone :

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Bien sûr, dans le tas, il y a des applis pour se connecter à des services non-libres (Twitter, YouTube, etc.). Mais contrairement aux applis officielles, elles ont tendance à vous demander sacrément moins d’autorisations, c’est déjà un plus. En vrac :

  • TTRSS-Reader : lecteur de flux RSS spécialisé pour Tiny Tiny RSS (branché dans mon cas sur mon compte Framanews) ;
  • Diaspora : branché sur mon compte Framasphère. Dispensable puisque la version web de Diaspora* est très satisfaisante ;
  • Twidere : appli alternative pour gérer ses comptes Twitter. Pas de publications promotionnelles, pas de timeline et tout marche bien (manque les sondages pour l’instant). Rien à redire ;
  • LeafPic : galerie photo bien foutue (je n’étais pas très satisfait de la galerie de base) ;
  • Firefox : inutile de le présenter mais le panda roux / renard de feu (choisissez votre camp, perso j’en ai rien à carrer) marche bien aussi sur mobile ;
  • K-9 Mail : excellente appli pour gérer des comptes mails multiples. Les fans de Dr Who apprécieront la référence (perso je n’en ai – encore une fois – rien à carrer) ;
  • GBCoid : émulateur de GameBoy qui marche très bien et qui est très configurable. Oui, je disais que je ne jouais pas sur smartphone, mais c’est à moitié vrai. Disons que je suis plutôt retrogaming, ce qui se satisfait de perfs modestes en général. Les boutons émulés sur l’écran tactile, faut s’y faire (surtout pour les jeux d’adresse) mais c’est sympa d’avoir un téléphone qui fait GameBoy ;
  • ScummVM : pour faire tourner les point’n’click des années 90 (particulièrement ceux de LucasArts) dont je suis un fan absolu. Je viens tout juste de me refaire tout Monkey Island 2 (et là je refais le un, OUI C’EST DANS LE DÉSORDRE ET ALORS) ;
  • NewPipe : lecteur pour YouTube. Simple et efficace ;
  • Wikipédia : rien à redire, ça marche nickel. J’aime particulièrement le fait que cliquer sur un lien interne ouvre un petit onglet de prévisualisation en bas au lieu d’ouvrir l’article directement ;
  • Barcode Scanner : lecteur de QR-Code et assimilés. Le genre d’appli que j’utilise toutes les morts d’évêques mais qu’il est bien pratique d’avoir quand même ;
  • Turbo Editor : éditeur de texte. Je n’en ai pas une grande utilisation (éditer du texte sur un smartphone, faut être motivé), mais ça dépanne bien ;
  • Tomdroid : gestionnaire de notes. Bien pour relever les compteurs, noter un numéro, etc. Les linuxiens reconnaîtront Tomboy ;
  • OsmAnd~ : cartes et navigation basé sur OpenStreetMap avec stockage des cartes en local. Une très bonne appli qui mériterait d’être plus connue, parfaite pour remplacer Google Maps ;
  • ShoLi : gestionnaire de liste de courses. C’est tout con mais c’est très pratique (on prépare une liste puis on coche les éléments en tapotant dessus) et je m’en sers tout le temps ;
  • DAVdroid : pour gérer les contacts et calendrier de mon compte Owncloud (sur Framadrive) ;
  • RedReader : pour gérer un compte Reddit ;
  • ownCloud : client OwnCloud (pour la partie fichiers donc), branché aussi sur mon Framadrive ;
  • Amaze : l’appli est installée de base, c’est un bon explorateur de fichiers.

Et la petite appli « L’espace client » dont je n’ai pas parlé ? Eh bien là, c’est la solution de secours en l’absence d’alternative : utiliser un marque-page Firefox et en faire une icône. Là, il s’agit du portail web mobile de ma banque. Ils fournissent une appli non-libre sur le Play Store et c’est typiquement le genre de d’appli que, pour des raisons de sécurité, je n’irai pas télécharger en APK directement sur n’importe quel site venu. Bref, le web mobile, c’est bien, ça marche (quand c’est fait correctement).

Comme ça a tendance à manquer un peu, quelques captures d’écran de la plupart de ces applis :

#gallery-11 { margin: auto; } #gallery-11 .gallery-item { float: left; margin-top: 10px; text-align: center; width: 33%; } #gallery-11 img { border: 2px solid #cfcfcf; } #gallery-11 .gallery-caption { margin-left: 0; } /* see gallery_shortcode() in wp-includes/media.php */

Bilan

Alors, est-ce qu’au final, Android sans les applis fermées et sans Google, c’est faisable ? Bien sûr ! Et ça marche même très bien.

Mais est-ce que c’est pareil ? Aussi facile à utiliser ? Aussi pratique ? Alors là, je vais être un peu abrupt : la réponse est non.

Mais au bout d’un moment, il va falloir faire le deuil de ce genre de problématique. Aucune alternative libre n’a la puissance de frappe d’un GAFAM, il est illusoire d’espérer en obtenir la même chose. J’ai parlé de F-Droid comme de la supérette bio d’Android, et ce n’est pas un hasard : je pense que le choix du Libre en informatique, c’est comme le choix du bio en nourriture. Quand tu décides de manger bio, tu sais que les KitKats c’est terminé, tu sais que tes légumes seront peut-être moins brillants et que tu auras moins de choix en prenant des produits locaux (normal, on ne produit pas des bananes n’importe où et à n’importe quel moment de l’année). Mais tu manges bio parce que, quelque part, tu es prêt à faire des concession pour avoir accès à des choses plus saines et que tu sais qu’au final, tu restes « gagnant » par rapport à la bouffe industrielle. Et jamais tu n’exigeras autant de choix et de flexibilité à ta supérette bio qu’au Géant Casino d’à côté.

Le Libre, c’est pareil. Non, je n’aurai pas la dernière appli qui défonce tout, oui je me prive de certaines fonctionnalités hyper-pratiques (Google Maps et Waze pour t’aider à éviter les bouchons quand t’habites près de Nice, c’est un bonheur pourtant). Mais ça vaut le coup. Avoir un téléphone qui vous fout la paix, qui ne vous espionne pas. Des applis qui demandent juste les autorisations qu’il leur faut (c’est-à-dire souvent pas grand-chose). Pas de pub, pas de fonctionnalités payantes cachées, pas de connexion centralisée avec Google, Facebook ou qui sais-je encore. Juste des applis simples qui font le boulot et qui manquent parfois un peu de polish.

On ne démantèlera pas Géant Casino ou Carrefour avec nos petites paluches. Mais, supérette bio après supérette bio, on participe à une alternative de plus en plus viable. C’est pareil pour GAFAM et les petites alternatives qui ne paient pas de mine.

Et comme indiqué au-dessus, ça n’implique pas nécessairement de se couper totalement des services non-libres (type Twitter) dont on reste parfois encore dépendants (je n’ai pas la prétention d’être blanc comme neige sur ce point, je fais comme la plupart des gens : au mieux).

Je conclurais bien en disant que ça me rappelle un certain projet de dégooglisation, mais zut, on va encore dire que je fais de la promo pour les copains 🙂

 

Pour aller plus loin