Bertrand Delanoë et Bill Gates : « Comme un accord de paix »

Petit reportage vidéo du Parisien lors de la signature mardi 29 janvier du « partenariat numérique » entre Microsot et la ville de Paris.

Bill Gates à l'hôtel de ville de Paris - Le Parisien
Bill Gates à l’hôtel de ville de Paris – Le Parisien

Du moment que Fluctuat nec mergitur[1]

Notes

[1] Fluctuat nec mergitur est la devise de Paris que l’on peut traduire par « Il vogue sans jamais être submergé ».




Mon ministère me désespère… ou le fabuleux non destin du logiciel libre à l’école française

Not a happy end - Miikas - CC BySa

Un billet d’humeur péremptoire et de parti-pris qui n’engage que moi… [1]

Il était une fois un professeur qui décida d’écrire une lettre à son Ministre de l’Éducation.

En voici la conclusion : « La thèse défendue ici revient à dire à peu près ceci : en utilisant les logiciels libres, non seulement on effectue des économies spectaculaires pour le matériel, non seulement on se libère des logiques que tentent d’imposer les grandes multinationales de l’informatique, mais, en plus, on se met en relation avec l’un des foyers les plus vivants de la société qui est en train de se créer, celle de l’intelligence distribuée. Cette intelligence distribuée a déjà donné quelques résultats spectaculaires. La recherche scientifique en est l’exemple historique le plus éclatant, mais, plus près de nous, Internet, Linux, la Toile témoignent aussi de la validité du concept. Cette intelligence distribuée, en fait, ne fait que commencer à faire sentir ses effets et ils vont être majeurs. De grandes surprises attendent les instances politiques et commerciales qui ne vont pas bien en saisir les enjeux. Le maillage massif, sur des modes originaux, de centaines et de milliers d’esprits va conduire à de nouvelles formes de territoires, d’identités et donc de réalisations. Le schéma offert ci-dessus, tout en permettant de fonctionner mieux que jamais dans la société d’aujourd’hui, prépare déjà la société de demain. Or, ceci correspond exactement à l’enjeu fondamental d’une vraie politique de l’éducation. »

Ce professeur c’est Jean-Claude Guédon[2] et ce « il était une fois » est de rigueur puisque son document fut rédigé en… octobre 1998. Dix ans déjà ! Autant dire une éternité à l’échelle des temps numériques…

Certes Jean-Claude Guédon s’adressait à son propre ministre québécois et non à son homologue français. Certes il y a dix ans le logiciel libre était loin de sa maturité actuelle (et Wikipédia n’existait pas !). Il n’empêche que les arguments avancés étaient pourtant simples à comprendre. Il n’empêche que « gouverner c’est prévoir » et qu’au Ministère de l’Education nationale française, c’est bien simple, on n’a, durant cette longue période, strictement rien prévu d’envergure en faveur du logiciel libre.

Nous aurions dû montrer l’exemple et être en tête du mouvement. C’est à peine si on arrive à le suivre lamentablement.

Oh, bien sûr il s’en est passé des choses en dix ans et heureusement ! Il faut dire que l’Éducation Nationale dépasse le million de fonctionnaires qui jouissent tout de même d’une certaine liberté. De très nombreux professeurs ont adopté des logiciels libres. De très nombreux projets libres éducatifs ont vu le jour, il est vrai souvent soutenus localement par des académies (heureusement que le système est un tant soit peu décentralisé soit dit en passant). Mais tout ceci ne s’est fait au départ qu’à la base et à la marge.

Par nature et par culture, je me méfie des décrets et autres directives autoritaires venus d’en haut. Mais on aurait pu et on aurait dû être bien plus courageux et volontariste à la rue de Grenelle vis-à-vis du logiciel libre. On aurait dû encourager et accompagner avec force et conviction l’utilisation massive du logiciel libre à l’école. On aurait dû organiser des plans de migration du propriétaire vers le libre. On aurait dû soutenir réellement tous ces projets libres dont certains s’épuisent ou sont carrément morts de n’avoir pu trouver le temps et l’argent pour se développer.

Comment se fait-il qu’au sein des différents cabinets des ministres qui se sont succédés on n’ait pas remué ne serait-ce que le petit doigt vis-à-vis du logiciel libre ? Il n’y a que deux hypothèses en guise de réponse. Soit ils n’étaient pas au courant. Soit ils étaient au courant mais ont jugé que (tout faire pour) favoriser l’usage du logiciel libre à l’école n’était pas le bon choix. Soit irresponsables soit coupables en quelque sorte…

Alors voilà. Aujourd’hui on nous annonce que la Gendarmerie Nationale, après avoir fait le choix radical et unilatéral d’OpenOffice.org pour sa suite bureautique, se prépare à migrer tous ces postes clients vers GNU/Linux Ubuntu. De plus en plus de pays déploient ouvertement du Linux dans leurs écoles (le dernier en date : les Philippines). De plus en plus de pays affirment sans ambiguité que le nouveau système d’exploitation Windows Vista n’est pas bon pour l’école et qu’il convient d’utiliser des formats ouverts (le dernier en date : l’Angleterre).

Et chez nous ?

Rien.

Ah si, j’oubliais. Monsieur Darcos vient d’installer la mission « E-educ » sur les technologies de l’information et de la communication pour l’Enseignement. Extrait du communiqué de presse : « Le ministre va confier à Jean Mounet, président de SYNTEC informatique, une réflexion globale et ambitieuse visant au développement des technologies de l’information et de la communication pour l’Enseignement (TICE) au sein du monde éducatif. Cette mission, d’une durée de trois mois, rassemblera des représentants de l’Éducation nationale et des professionnels du secteur informatique. Les propositions feront l’objet d’un rapport qui sera remis à Xavier Darcos courant avril aux fins d’envisager de nouvelles actions dès la rentrée 2008. »

Pensez-vous que, comme le récent rapport Attali, le logiciel libre soit cité dans la lettre de mission ? Pensez-vous que le logiciel libre soit représenté au sein de la commission ?[3] Par contre, tiens, tiens, on y trouve non pas un, non pas deux, mais trois membres de la société Microsoft !

Il y a des jours comme cela où l’on se demande vraiment si créer Framasoft et y dépenser tant d’énergie valait vraiment le coup…

GHCA Computer lab running Gentoo Linux - Extra Ketchup - CC BySa

Notes

[1] Illustrations : Not a happy end de MiikaS et GHCA’s Computer Lab Running Gentoo Linux d’Extra Ketchup sous licence Creative Commons By-Sa.

[2] Fichtre, pas de lien Wikipédia vers Jean-Claude Guédon, il va falloir y remédier !

[3] On nous invite tout de même à nous exprimer sur un forum dédié. Si le cœur vous en dit…




Open source ? Logiciel libre ? Les deux mon capitaine ?

Gianca - CC by-saNous reproduisons ici un article de la FSF de Stallman expliquant pourquoi de son point de vue il est plus que préférable, sémantiquement parlant, d’utiliser l’expression « logiciel libre » plutôt que « Open Source ».

Chez les francophones le débat est atténué parce que « libre » ne peux également signifier « gratuit » mais aussi parce que le monde de l’entreprise semble avoir adopté « logiciel libre » dans sa grande majorité.

Il n’empêche que cette polémique interne, de celles qu’affectionnent tant la communauté, est loin d’être stérile dans la mesure où elle permet à tout un chacun de mieux se positionner par rapport à sa propre définition d’un logiciel libre ainsi qu’au mouvement qui lui est associé[1].

Par exemple c’est toute l’approche pragmatique Windows de Framasoft qui se trouve interpellée par cette citation de Stallman extraite d’un autre billet blog : « Si vous n’avez pas la liberté pour principe, vous trouverez toujours une bonne raison de faire une exception. Il y aura toujours des moments où, pour une raison ou pour une autre, il y a un avantage pratique à faire une exception. »

Bonne lecture…

Pourquoi l’« Open Source » passe à coté du problème que soulève le logiciel libre

Why Open Source misses the point of Free Software

Richard Stallman – dernière mise à jour : 19 juin 2007
(Traduction : Mathieu Stumpf)

Quand on dit qu’un logiciel est « libre », on entend par là qu’il respecte les libertés essentielles de l’utilisateur : la liberté de l’utiliser, de l’étudier et de le modifier, et de redistribuer des copies avec ou sans modification. C’est une question de liberté, pas de prix, pensez donc à « liberté d’expression » (ndt : « free speech » en anglais), et pas à « bière gratuite » (ndt : « free beer » en anglais).

Ces libertés sont d’une importance vitale. Elles sont essentielles, pas juste pour les enjeux individuels des utilisateurs, mais parce qu’elles promeuvent la solidarité sociale, que sont le partage et la coopération. Elles deviennent encore plus importantes à mesure que de plus en plus notre culture et les activités quotidiennes sont numérisés. Dans un monde de sons, d’images et de mots numériques, le logiciel libre devient de plus en plus nécessaire pour la liberté en général.

Des dizaines de millions de personnes à travers le monde utilisent maintenant le logiciel libre ; les écoles des régions de l’Inde et de l’Espagne enseignent maintenant à tous les étudiants à utiliser le système d’exploitation libre GNU/Linux. Mais la plupart des utilisateurs n’ont jamais entendu parler des raisons éthiques pour lesquelles nous avons développé ce système et bâti la communauté du logiciel libre, parce qu’aujourd’hui ce système et la communauté sont plus souvent décrits comme « open source » (ndt : à code source ouvert) et attribués à une philosophie différente dans laquelle ces libertés sont à peine mentionnées.

Le mouvement du logiciel libre a fait campagne pour la liberté des utilisateurs d’ordinateur depuis 1983. En 1984 nous avons lancé le développement du système d’exploitation libre GNU, pour pouvoir ainsi éviter d’utiliser un système qui refuse la liberté à ses utilisateurs. Durant les années 80, nous avons développé la majeure partie des composants essentiels d’un tel système, tout autant que la GNU General Public License, une licence conçue spécifiquement pour protéger la liberté pour tous les utilisateurs d’un programme.

Cependant, tous les utilisateurs et les développeurs de logiciel libre n’étaient pas en accord avec les buts du mouvement du logiciel libre. En 1998, une partie de la communauté du logiciel libre s’est mise à part et a commencé à faire campagne au nom de l’« open source ». Le terme fut originellement proposé pour éviter une possible incompréhension du terme « logiciel libre » (ndt : « free software ») mais il fut bientôt associé avec des points de vue philosophique complètement différents de ceux du mouvement du logiciel libre.

Certains des partisans de l’« open source » considéraient cela comme « une campagne marketing pour le logiciel libre » qui plairait aux cadres des entreprises en citant les avantages pratiques, tout en évitant les idées de bien ou de mal qu’ils pourraient ne pas aimer entendre. D’autres partisans rejetèrent catégoriquement les valeurs morales et sociales du mouvement du logiciel libre. Quel que fut leur point de vue, pendant leur campagne sur l’« open source » ils ne mentionnèrent ou ne préconisèrent pas ces valeurs. Le terme « open source » devint rapidement associé avec la pratique de ne citer que les valeurs pratiques, tel que faire des logiciels puissants et fiables. La plupart des défenseurs de l’« open source » se sont ralliés à celui-ci depuis, et cette pratique est celle dont ils se servent.

Pratiquement tous les logiciels « open source » sont des logiciels libres ; les deux termes décrivent pratiquement la même catégorie de logiciel. Mais ils représentent des vues basées sur des valeurs fondamentalement différentes. L’« open source » est une méthodologie de développement ; le logiciel libre est un mouvement social. Pour le mouvement du logiciel libre, le logiciel libre est un impératif éthique, parce que seul le logiciel libre respecte la liberté de l’utilisateur. En revanche, la philosophie de l’« open source » considère uniquement les questions pratiques en termes de performance. Cela signifie que les logiciels non-libres sont des solutions sous-optimales. Pour le mouvement du logiciel libre cependant, les logiciels non-libres sont un problème social et migrer vers les logiciels libres est une solution.

« Logiciel libre ». « Open source ». Si ce sont les mêmes logiciels, le nom utilisé pour les qualifier est-il important ? Oui, parce que des mots différents véhiculent des idées différentes. Bien qu’un programme libre avec n’importe quel autre nom vous donnerait la même liberté aujourd’hui, l’établissement de la liberté de manière durable dépend par dessus tout de l’enseignement de la valeur de la liberté. Si vous voulez aider à faire cela, il est essentiel de parler de « logiciel libre ».

Nous, dans le mouvement du logiciel libre, nous ne considérons pas le mouvement « open source » comme un ennemi ; l’ennemi est le logiciel propriétaire. Mais nous voulons que les gens sachent que nous représentons la liberté, alors nous n’acceptons pas d’être incorrectement assimilés aux défenseurs de l’« open source ».

Malentendus courants sur le « logiciel libre » et l’« open source »

Ndt : Le paragraphe suivant traite de l’amalgame qui existe dans le terme « logiciel libre » dans la langue anglaise. En effet, en anglais on parle de « free software », le mot « free » pouvant s’interpréter aussi bien par « libre » que par « gratuit ». En français cet amalgame n’existe pas.

Le terme de « free sofware » souffre d’un problème de mauvaise interprétation : une signification fortuite, « un logiciel que vous pouvez avoir gratuitement » correspond au terme aussi bien que la signification voulue, « un logiciel qui donne certaines libertés à l’utilisateur ». Nous traitons ce problème en publiant la définition de logiciel libre, et en disant « Pensez à la liberté d’expression, pas à la bière gratuite » (ndt : « Think of free speech, not free beer. »). Ce n’est pas une solution parfaite, cela ne peut pas complètement éliminer le problème. Un terme correct non ambigu serait meilleur, s’il n’avait pas d’autres problèmes.

Malheureusement, toutes les alternatives en anglais ont leurs propres problèmes. Nous avons étudié de nombreuses alternatives que les gens nous ont proposées, mais aucune n’est aussi clairement « juste » pour que changer soit une bonne idée. Tous les remplacements suggérés pour « free software » ont des problèmes de sémantique, ce qui inclut « open source software ».

La définition officielle d’un « logiciel open source » (qui est publiée par l’Open Source Initiative est trop longue pour être citée ici) était indirectement dérivée de nos critères pour le logiciel libre. Ce n’est pas la même elle est un peu plus laxiste à quelques égards, en conséquence de quoi les défenseurs de l’open source ont accepté quelques licences que nous considérons inadmissibles par les restrictions qu’elles imposent aux utilisateurs. Néammoins, elle est assez près de notre définition dans la pratique.

Cependant, la signification évidente de « logiciel open source » est « Vous pouvez regardez le code source » et la plupart des gens semble penser que c’est ce que cela signifie. C’est un critère beaucoup plus faible que celui du logiciel libre, et beaucoup plus faible que la définition officielle de l’open source. Elle inclut beaucoup de programmes qui ne sont ni libres, ni open source.

Puisque cette signification évidente d’« open source » n’est pas la signification que ceux qui la préconisent entendent, le résultat est que la plupart des gens se méprennent sur le terme. Voilà comme Neal Stephenson définit l’« open source » :

Linux est la signification du logiciel « open source », simplement que quiconque peut obtenir des copies des fichiers de son code source.

Je ne pense pas qu’il a délibérément cherché à rejeter ou contester la définition officielle. Je pense qu’il a simplement appliqué les conventions de l’anglais pour trouver une signification du terme. L’état du Kansas à publié une définition similaire :

Utiliser le logiciel open source. Le logiciel open source est un le logiciel pour lequel le code source est librement et publiquement disponible, bien que les accords de licence spécifiques changent quant à ce qui est permis de faire avec ce code.

Les gens de l’open source essaient de traiter ceci en renvoyant à leur définition officielle, mais cette approche corrective est moins efficace pour eux qu’elle ne l’est pour nous. Le terme « free software » a deux significations naturelles, l’une d’entre elle est la signification escomptée, ainsi une personne qui aura saisi l’idée de « free speech, not free beer » ne pourra plus dès lors se tromper sur son sens. Ainsi il n’y a aucune manière succincte d’expliquer et de justifier la définition officielle d’« open source ». Cela rend encore pire la confusion.

Des valeurs différentes peuvent amener à des conclusions similaires… mais pas toujours

Les groupes radicaux dans les années 60 avaient une réputation pour le sectarisme : quelques organismes se sont scindés en deux en raison des désaccords sur des détails de stratégie et les deux groupes résultants se sont traités l’un l’autre comme des ennemis en dépit du fait qu’ils aient les mêmes buts et des valeurs de base semblables. La droite a fait grand cas de ceci et a utilisé cela pour critiquer la gauche toute entière.

Certains essaient de déprécier le mouvement du logiciel libre en comparant notre désaccord avec l’open source avec les désaccords de ces groupes radicaux. Ces personnes ne font que reculer. Nous sommes en désaccord avec le camp de l’open source sur les buts et les valeurs de base, mais leurs points de vue et les nôtres mènent dans beaucoup de cas au même comportement pratique, comme développer du logiciel libre.

En conséquence, les gens du mouvement du logiciel libre et du camp de l’open source travaillent souvent ensemble sur des projets pratiques tels que le développement de logiciel. Il est remarquable que de telles différences de point de vue philosophiques puissent tellement souvent motiver des personnes différentes à participer aux mêmes projets. Néanmoins, ces vues sont très différentes et il y a des situations où elles mènent à des actions très différentes.

L’idée de l’open source c’est que permettre aux utilisateurs de modifier et redistribuer le logiciel le rendra plus puissant et fiable. Mais ce n’est pas garanti. Les développeurs de logiciel propriétaire ne sont pas nécessairement incompétents. Parfois il produisent un programme qui est puissant et fiable, bien qu’il ne respecte pas les libertés des utilisateurs. Comment les activistes du logiciel libre et les supporters de l’open source vont réagir à cela ?

Un supporter de l’open source, un qui n’est pas du tout influencé par les idéaux du logiciel libre, dira, « Je suis surpris que vous ayez été capable de faire fonctionner ce programme si bien sans utiliser notre modèle de développement, mais vous l’avez fait. Comment puis-je avoir une copie ? ». Ce genre d’attitude incite des arrangements qui emportent avec eux notre liberté, la menant à sa perte.

L’activiste du logiciel libre dira « Votre programme est vraiment attrayant, mais pas au prix de ma liberté. Je dois donc faire sans. Au lieu de cela je soutiendrai un projet pour développer un remplacement libre. Si nous accordons de la valeur à notre liberté, nous pouvons agir pour la maintenir et la défendre.

Le logiciel puissant et fiable peut être mauvais

L’idée que nous voulons que le logiciel soit puissant et fiable vient de la supposition que le logiciel est fait pour servir ses utilisateurs. S’il est puissant et fiable, il les sert mieux.

Mais on ne peut dire d’un logiciel qu’il sert ses utilisateurs seulement s’il respecte leur liberté. Que dire si le logiciel est conçu pour enchaîner ses utilisateurs ? La fiabilité ne signifie alors uniquement que les chaînes sont plus difficiles à retirer.

Sous la pression des compagnies de film et de disque, les logiciels à usage individuel sont de plus en plus conçus spécifiquement pour imposer des restrictions. Ce dispositif malveillant est connu sous le nom de DRM, ou Digital Restrictions Management (ndt : Gestion Numérique des Droits) (voir DefectiveByDesign.org), et c’est l’antithèse dans l’esprit de la liberté que le logiciel libre vise à fournir. Et pas simplement dans l’esprit : puisque le but des DRM est de piétiner votre liberté, les concepteurs de DRM essayent de rendre difficile, impossible ou même illégal pour vous de modifier le logiciel qui met en application les DRM.

Pourtant quelques défenseurs de l’open source ont proposé des logiciels « DRM open source ». Leur idée est qu’en publiant le code source de leur programme conçu pour restreindre votre accès aux medias chiffrés, et en autorisant d’autres à le modifier, ils produiront un logiciel plus puissant et plus fiable pour limiter le droit des utilisateurs comme vous. Il vous sera alors livré dans des dispositifs qui ne vous permettent pas de le changer.

Ce logiciel pourrait être « open source » et utiliser le modèle de développement open source ; mais il ne sera pas un logiciel libre, étant donné qu’il ne respectera pas la liberté des utilisateurs qui l’utiliseront. Si le modèle de développement open source réussi à réaliser un logiciel plus puissant et fiable pour limiter vos droits, cela le rendra encore pire.

La crainte de la liberté

La principale motivation initiale pour le terme « logiciel open source » est que les idées éthiques du « logiciel libre » rend certaines personnes mal à l’aise. C’est vrai : parler de liberté, de problèmes d’éthique, de responsabilités aussi bien que de commodités, c’est demander aux gens de penser à des choses qu’ils préféreraient ignorer, comme leur conduite est-elle éthique ou non. Ceci peut déclencher un malaise et certains peuvent simplement fermer leurs esprits à cela. Il ne s’en suit pas que nous devrions cesser de parler de ces choses.

Cependant, c’est ce que les dirigeants de l’« open source » ont décidé de faire. Ils se sont figuré qu’en passant sous silence l’éthique et la liberté, et en ne parlant que des bénéfices immédiats de certains logiciels libres, ils seraient à même de « vendre » le logiciel plus efficacement à certains utilisateurs, particulièrement aux entreprises.

Cette approche à prouvé son efficacité, dans ses propres termes. La rhétorique de l’open source à convaincu beaucoup d’entreprises et d’individus à utiliser, et même à développer du logiciel libre, ce qui a étendu notre communauté, mais seulement au niveau superficiel et pratique. La philosophie de l’open source avec ses valeurs purement pratiques, empêche la compréhension des idées plus profondes du logiciel libre ; elle apporte beaucoup de monde dans notre communauté, mais ne leur enseigne pas à la défendre. Cela est bon, tant que les choses vont bien, mais ce n’est pas assez pour instaurer une liberté durable. Attirer des utilisateurs vers le logiciel libre ne fait que leur faire prendre une partie du chemin pour devenir des défenseurs de leur propre liberté.

Tôt ou tard, ces utilisateurs seront invités à retourner vers le logiciel propriétaire pour quelques avantages pratiques. D’innombrables compagnies cherchent à offrir une telle tentation, certaines offrent même des copies gratuites. Pourquoi les utilisateurs refuseraient-ils ? C’est seulement s’ils ont appris la valeur de la liberté que le logiciel libre leur donne, la valeur de cette liberté en tant que telle plutôt que la commodité technique et pratique de logiciels libres spécifiques. Pour diffuser cette idée, nous devons parler de logiciel libre. Une certaine quantité de l’approche « passer sous silence » avec les entreprises peut être utile pour la communauté, mais elle est dangereuse si elle devient si commune que l’amour de la liberté en vient à sembler comme une excentricité.

Cette dangereuse situation est exactement ce que nous avons. La plupart des gens impliqué dans le logiciel libre en disent peu sur la liberté, habituellement parce qu’ils cherchent à sembler « plus acceptables pour les entreprises ». Les distributeurs de logiciel montrent particulièrement ce modèle. Pratiquement tous les distributeurs de système d’exploitation GNU/Linux ajoutent des paquetages propriétaires au système de base libre, et ils invitent les utilisateurs à considérer cela comme un avantage, plutôt qu’un pas en arrière vis-à-vis de la liberté.

Les greffons logiciels propriétaires et particulièrement les distributions non-libres GNU/Linux, trouvent un sol fertile parce que notre communauté n’insiste pas sur la liberté de ses logiciels. Ce n’est pas une coïncidence. La plupart des utilisateurs GNU/Linux furent introduits au système par un discours « open source » qui ne leur a pas dit que la liberté était le but. Les aspects pratiques qui n’impliquent pas la liberté et les discours qui ne parlent pas de liberté vont de pair, l’un favorisant l’autre. Pour surmonter cette tendance, nous avons besoin de plus parler de liberté, pas l’inverse.

Conclusion

Alors que ceux qui préconisent l’open source amènent de nouveaux utilisateurs dans notre communauté, nous, activistes du logiciel libre, devons travailler encore plus pour porter l’attention de ces nouveaux utilisateurs sur les problèmes de liberté. Nous devons leur dire « C’est le logiciel libre et il te donne la liberté ! » plus souvent et plus fort que jamais. Chaque fois que vous dites « logiciel libre » plutôt qu’« open source » vous aidez notre campagne.

Apostille

Joe Barr a écrit un article intitulé Live and let license (ndt : Vivre et laisser licencier) qui donne sa perspective sur cette question.

Le paper on the motivation of free software developers (ndt : le papier sur la motivation des développeurs de logiciel libre) de Lakhani et Wolf dit qu’une fraction considérable est motivée par la perspective que le logiciel devrait être libre. Cela malgré le fait qu’ils ont examiné les développeurs de SourceForge, un site qui ne soutient pas le point de vue qui veut qu’il s’agit d’un problème éthique.

Copyright © 2007 Richard Stallman

Verbatim copying and distribution of this entire article is permitted in any medium, provided this notice is preserved.

La reproduction exacte et la distribution intégrale de cet article est permise sur n’importe quel support d’archivage, pourvu que cette notice soit préservée.

Notes

[1] Crédit photo : Gianca (Creative Commons By-Sa)




Citation de Tocqueville

Une (longue) citation de Tocqueville entendue sur France Culture en clôture de l’émission L’Esprit Public du 26 juin dernier (merci le podcasting).

Après recherche, elle semble notoirement diffusée sur internet, surtout depuis le buzz de la campagne présidentielle. Mais pour ce qui me concerne je l’ai découverte aujourd’hui et je souhaitais malgré tout vous la faire partager.

Parce qu’en y réfléchissant bien nous ne sommes peut-être pas si hors-sujet que cela…

L’illustration est une photographie de eva101 intitulée us issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY.

us - eva101 - CC BY

« Il y a un passage très périlleux dans la vie des peuples démocratiques.

Lorsque le goût des jouissances matérielles se développe chez un de ces peuples plus rapidement que les lumières et que les habitudes de la liberté, il vient un moment où les hommes sont emportés et comme hors d’eux-mêmes, à la vue de ces biens nouveaux qu’ils sont prêts à saisir. Préoccupés du seul soin de faire fortune, ils n’aperçoivent plus le lien étroit qui unit la fortune particulière de chacun d’eux à la prospérité de tous. Il n’est pas besoin d’arracher à de tels citoyens les droits qu’ils possèdent ; ils les laissent volontiers échapper eux-mêmes (…)

Si, à ce moment critique, un ambitieux habile vient à s’emparer du pouvoir, il trouve que la voie à toutes les usurpations est ouverte. Qu’il veille quelque temps à ce que tous les intérêts matériels prospèrent, on le tiendra aisément quitte du reste. Qu’il garantisse surtout le bon ordre. Les hommes qui ont la passion des jouissances matérielles découvrent d’ordinaire comment les agitations de la liberté troublent le bien-être, avant que d’apercevoir comment la liberté sert à se le procurer ; et, au moindre bruit des passions politiques qui pénètrent au milieu des petites jouissances de leur vie privée, ils s’éveillent et s’inquiètent ; pendant longtemps la peur de l’anarchie les tient sans cesse en suspens et toujours prêts à se jeter hors de la liberté au premier désordre.

Je conviendrai sans peine que la paix publique est un grand bien ; mais je ne veux pas oublier cependant que c’est à travers le bon ordre que tous les peuples sont arrivés à la tyrannie. Il ne s’ensuit pas assurément que les peuples doivent mépriser la paix publique ; mais il ne faut pas qu’elle leur suffise. Une nation qui ne demande à son gouvernement que le maintien de l’ordre est déjà esclave au fond du cœur ; elle est esclave de son bien-être, et l’homme qui doit l’enchaîner peut paraître. (…)

Il n’est pas rare de voir alors sur la vaste scène du monde, ainsi que sur nos théâtres, une multitude représentée par quelques hommes. Ceux-ci parlent seuls au nom d’une foule absente ou inattentive ; seuls ils agissent au milieu de l’immobilité universelle ; ils disposent, suivant leur caprice, de toutes choses, ils changent les lois et tyrannisent à leur gré les mœurs ; et l’on s’étonne en voyant le petit nombre de faibles et d’indignes mains dans lesquelles peut tomber un grand peuple…

Le naturel du pouvoir absolu, dans les siècles démocratiques, n’est ni cruel ni sauvage, mais il est minutieux et tracassier. »

Alexis de Tocqueville
Extrait de De la Démocratie en Amérique, Livre II, 1840




Quand Barack Obama souhaite libérer la parole publique

Obama - roxannejomitchell - CC-BY

Candidat à l’investiture démocrate pour 2008 (au même titre qu’Hillary Clinton), le sénateur de l’Illinois Barack Obama est présenté par les médias comme l’homme qui pourrait être le premier président noir des Etats-Unis.

Il a récemment adressé une lettre au président de son parti pour demander à ce que les futures vidéos des débats des primaires soient, au choix, placées dans le domaine public ou sous licence Creative Commons BY[1].

Cette novatrice et positive démarche méritait bien une petite traduction[2].

Source : Blog de Lawrence LessigFree Debates: Barack is on board

Chairman Howard Dean
Democratic National Committee
430 S. Capitol St., SE
Washington, DC 20003

Cher Président Dean, j’écris pour apporter mon soutien à une lettre qu’une coalition bi-partisane d’universitaires, de blogueurs et d’activistes Internet vous ont envoyée ainsi qu’au Comité National Démocratique. Cette lettre demande que la vidéo de chaque débat pour les présidentielles au parti Démocrate soit disponible librement après le débat, soit en plaçant la vidéo dans le domaine public, soit en la licenciant sous une licence Creative Commons.

Comme vous le savez, Internet a permis à un nombre extraordinaire de citoyens de participer au dialogue politique autour de cette élection. La plus grande part de cette participation prendra la forme de contenu créé par les citoyens. Nous, en tant que Parti, devons faire tout ce qui est possible pour encourager cette participation. Non seulement ceci nous aidera à nous focaliser sur ce qui préoccupe le plus l’Amérique, mais cela encouragera aussi la participation d’une grande partie de notre jeunesse qui s’est traditionnellement désintéressée de la politique.

La lettre ne propose pas de changement radical de la loi sur les droits d’auteur, ou une expansion injustifiée du "fair use". A la place, elle demande simplement que chaque propriétaire d’une vidéo qui pourrait prétendre à un quelconque droit d’auteur renonce à celui-ci.

Je crois très fort en l’importance du droit d’auteur, tout spécialement dans l’ère numérique. Mais il n’y a pas de raison pour que ce type particulier de contenu requiert cette protection. Nous avons assez de motivations pour débattre. Les réseaux ont suffisamment de motivations pour transmettre ces débats. Plutôt que de restreindre le produit de ces débats, nous devrions à la place nous assurer que notre démocratie et les citoyens ont une chance d’en profiter par tous les moyens offerts par la technologie.

Votre campagne présidentielle a utilisé Internet pour ouvrir un nouvel espace dans la participation politique citoyenne. Je voudrais vous exhorter à prendre l’initiative une fois de plus en continuant à supporter cet important média du discours politique. Et j’offre toute l’aide que je peux pour obtenir le support des autres également.

Cordialement,

Barack Obama

Edit : Dans l’intervalle est parue une lettre similaire mais d’un républicain cette fois-ci.

Notes

[1] L’illustration est une photographie de roxannejomitchell intitulée Obama ’08 issue de Flickr et sous licence Creative Commons BY

[2] Merci à VLI, Olivier et Yostral pour la traduction.




Deux représentants du logiciel libre sont nommés au CSPLA

La bonne nouvelle du jour sous la forme d’un communiqué que je reproduis ici.

CSPLA

Le 3 mai 2007, trois arrêtés du ministre de la culture et de la communication modifient la composition du Conseil supérieur de la Propriété Littéraire et Artistique (CSPLA) et nomment ses nouveaux membres pour une durée de trois ans. La création libre est enfin reconnue officiellement par la nomination de deux représentants du logiciel libre, Bernard Lang comme titulaire et François Élie comme suppléant.

Paris, le 15 mai 2007.

Nouveaux membres nommés au CSPLA, officiellement en tant que représentants des auteurs et éditeurs de logiciels et bases de données, Bernard Lang et François Élie y représenteront donc la création libre et se félicitent de cette reconnaissance officielle de son importance économique et culturelle.

Toutes les catégories de création représentées au CSPLA peuvent être concernées par la création libre, et l’ont été peu ou prou. Bernard Lang et François Élie estiment que leur nomination reflète l’importance particulière et le succès incontestable des logiciels libres, dont ils sont des représentants en tant que, respectivement, vice-président de l’AFUL et président de l’ADULLACT. Seuls représentants de la création libre et de la diffusion ouverte des oeuvres de l’esprit au CSPLA, ils considèrent qu’il sera de leur responsabilité de représenter au mieux toutes les autres catégories de ces modes de création et de diffusion (oeuvres ou interprétations, bases de données, encyclopédies, ressources pédagogiques, etc.), ainsi que les secteurs professionnels qui s’y rattachent, dans la mesure où les acteurs concernés l’estimeront utile.

La nomination de Bernard Lang, directeur de recherche à l’INRIA, est aussi une reconnaissance du dynamisme de l’INRIA concernant le logiciel libre, tant par le grand nombre de logiciels libres conçus et diffusés par ses chercheurs, que par son travail institutionnel de soutien, dont la création des licences libres francophones CeCILL. Il faut ajouter à cela, dans un autre domaine, la forte implication de l’INRIA dans les objectifs de la Déclaration de Berlin pour la diffusion ouverte des publications scientifiques.

Par la nomination de François Élie, cet arrêté reconnaît de même les actions soutenues de nombreuses collectivités territoriales et administrations pour s’informatiser avec des logiciels libres, et garder ainsi la maîtrise de leurs choix techniques, de leurs coûts et de l’ouverture concurrentielle des marchés publics.

Ces nominations sont également la conséquence du travail considérable de toutes les associations de la création libre, tant sur le terrain auprès du public et des décideurs que dans la bataille politique pour que ses spécificités sociales, économiques, juridiques, culturelles et techniques soient prises en compte par le législateur et que soit respecté un espace où elle puisse faire la preuve de sa capacité d’innovation, de l’efficacité de sa contribution à l’économie et la culture, et de sa particulière adéquation à la société de la connaissance et aux objectifs de Lisbonne. Elles sont aussi, en particulier, la conséquence des efforts de la Free Software Fondation (FSF) pour obtenir que le logiciel libre soit effectivement représenté au CSPLA.

C’est pour ne pas faire de différence entre tous ces acteurs, qui sont tous intéressés et ont tous contribué, chacun dans son domaine et selon ses méthodes, que nous avons choisi de publier ce communiqué à titre personnel, plutôt que de le faire publier par nos associations et/ou organismes respectifs. Qu’ils soient ici tous remerciés. Nous auront à coeur de ne pas les décevoir.

Nous voulons profiter de cette occasion pour rappeler que la création libre – tout particulièrement le logiciel libre – se fonde de façon essentielle sur le droit d’auteur, auquel nous sommes tous deux très attachés tant par notre culture d’origine de chercheur ou de philosophe que par notre participation à ce mouvement créatif.

Pour autant, nous ne souhaitons pas que le droit d’auteur devienne le prétexte de dérives législatives et réglementaires qui menacent la création elle-même, tant dans son rôle culturel, économique et social que dans sa diversité et sa pérennité, ou portent atteinte à d’autres valeurs essentielles comme la liberté de communication et d’expression ou la protection de la vie privée. Convaincus que le dialogue reste la meilleure façon de résoudre les problèmes, nous voulons croire que ces nominations sont annonciatrices d’une réflexion plus ouverte et partagée qui a tant manqué par le passé, notamment dans l’élaboration de la loi sur le Droit d’Auteur et les Droits Voisins dans la Société de l’Information.

Enfin, nous espérons que cette nomination n’est que le début d’une plus large reconnaissance par le pays des apports de la création libre. Il reste un espace immense pour des idées et des initiatives nouvelles et prometteuses.

Bernard Lang – Francois Élie

Adresse permanente de ce communiqué




Message du président de la République

Voici une récente et vibrante allocution télévisée du président de la République… équatorienne qui invite tous les pays d’Amérique latine à utiliser le logiciel libre à l’occasion du FLISOL, Festival Latinoamericano de Instalación de Software Libre, qui a eu lieu le 28 avril dernier.

Pour ce qui concerne la France, je crains qu’il ne faille encore un peu patienter !

Traduction

Mes chers amis. Rafael Correa président de la République d’Équateur vous salue. Comme vous le savez, le temps est venu de l’intégration de l’Amerique latine à tous les niveaux, incluant entre autres la technologie et l’utilisation des technologies de l’information.

Pour cette raison, il est nécessaire que nous tous adoptions le logiciel libre aussi bien au niveau public que privé. De cette manière nous garantirons la souveraineté de nos états, nous dépendrons de nos propres forces et non de forces externes à la région. Nous serons producteurs de technologies et pas seulement des consommateurs. Nous posséderons le code source, et développerons ainsi de nombreux produits qui, par la mise en commun de nos efforts, pourront être d’une grande utilité pour les entreprises publiques et privées de la région.

Aussi, je vous invite tous à utiliser le logiciel libre. Le gouvernement équatorien l’a deja établi comme politique de gouvernement et d’État. Ceci constituera un pas important dans l’integration et, pourquoi ne pas le dire, – pour la libération de l’Amérique latine.

La vidéo est classiquement extraite de YouTube mais ce qui l’est moins, et c’est assez malin, c’est qu’elle vient du canal YouTube de la présidence équatorienne qui peut ainsi l’inclure dans son annonce officielle sur le site gouvernemental tout en permettant à l’info de se diffuser.

edit : merci à plakat pour la relecture de la traduction




La route est longue mais la voie est libre

Framasoft - LL de Mars - Art Libre

J’ose espérer que notre lectorat dépasse l’Hexagone pour rencontrer de temps en temps la francophonie mais ce soir, difficile d’échapper à l’actualité, la France a donc un nouveau président.

Les électeurs, et c’est heureux, ne se sont pas déterminés en fonction des seules positions des candidats sur le logiciel libre et les libertés numériques, quand bien même nous savons que cela ait pu avoir une influence chez certains d’entre nous.

Il n’empêche que si l’on passe outre nos propres (et respectueuses) opinions pour se réfèrer uniquement à l’objectif principal de Framasoft qui est de faire connaître et diffuser la culture libre en général et le logiciel libre en particulier au plus large public alors force est de constater que ce n’était pas forcément a priori le meilleur des choix.

Ce n’est pas un procès d’intention. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir et comparer les réponses des uns et des autres au questionnaire de Candidats.fr ou pour aller plus vite d’en lire la remarquable synthèse de Thomas Petazzoni sur son blog.

Pour moi cela signifie ni plus ni moins que le mouvement national de défense, reconnaissance et impulsion institutionnelles du logiciel libre et son état d’esprit va s’en trouver si ce n’est freiné du moins ralenti.

Cela signifie également que des réseaux associatifs comme le nôtre, qui n’ont pas attendu un quelconque soutien de l’Etat pour démarrer et agir, ont encore toute leur raison d’être.

La route est (peut-être un peu plus) longue, mais la voie est (plus que jamais) libre…