Ils sont devenus fous ou la simple mais affligeante histoire d’un étudiant allemand

Nate Bolt - CC by-saUn étudiant allemand cherche à consulter un article référencé sur Internet. Et le cauchemar commence…

On lui indique qu’il ne peut le faire que dans une bibliothèque (publique) ayant acquis les droits sur l’article en question[1].

Il se rend à cette bibliothèque mais il doit attendre car un autre lecteur est dessus et les droits stipulent qu’on ne peut lire l’article simultanément !

Un peu de patience, la place se libère et il peut enfin parcourir son article. Et là, nouvelle stupeur, impossible de sauvegarder, rechercher, ni même copier/coller tout ou partie de l’article !

C’est une histoire démente. C’est une histoire fictive qui se rapproche chaque jour un peu plus de la réalité. Je me demande même si elle n’existe pas déjà quelque part.

Bienvenue au XXIe siècle…

Ce (faux) témoignage est issu de l’excellent livre « Biens Communs – La Prospérité par le Partage » que nous avons évoqué dans un billet précédent. Il fait tristement écho à l’article Pour libérer les sciences de Christophe Masutti. On pourra également lire avec effroi la nouvelle prémonitoire de Richard Stallman rédigée en 1997 : « Le droit de lire ».

Comment ce qui n’est pas rare le devient – Dissertation d’un étudiant sur le droit d’auteur moderne

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Extrait du rapport de Silke Helfrich, Rainer Kuhlen, Wolfgang Sachs, Christian Siefkes
Publié en décembre 2009 par la Fondation Heinrich Böll
Traduit par Jeremy Marham et Olivier Petitjean (Ritimo.org)
Sous licence Creative Commons By-Sa

Devant rédiger un devoir sur les biens communs, j’ai effectué une recherche sur Internet, laquelle fut fructueuse. J’ai pu télécharger facilement plusieurs textes et en inclure certains passages appropriés dans mon brouillon. Jusqu’à ce que mon attention soit attirée par un texte intéressant, qui était payant, c’est-à-dire qu’il ne pouvait être lu que dans une bibliothèque qui en aurait acquis les droits.

« Aucun problème, me suis-je dit, la bibliothèque universitaire est reliée au net, et son catalogue est accessible en ligne. » Et, de fait, l’article dont j’avais trouvé la référence était indiqué comme « disponible sous format électronique ». Pourtant, lorsque je tentai de le télécharger, un message d’erreur s’afficha: « Cet article n’est consultable que dans l’espace de la bibliothèque. » Je restai sans voix. Pourquoi donc ?

Je pris donc le bus jusqu’à la bibliothèque nationale – un trajet d’une petite heure – et m’orientai jusqu’aux places réservées à la consultation d’Internet. Là encore, je trouvai dans le catalogue en ligne la référence de l’article recherché.

Mais un nouveau message s’afficha à l’écran: « Le recueil recherché est actuellement consulté par un autre utilisateur. La bibliothèque n’a fait l’acquisition que d’un seul recueil et ne peut, selon le principe d’accessoriété au fonds, permettre un accès simultané qu’à autant d’articles qu’elle détient de droits sur l’édition achetée. Nous ne voyons pas dans votre cas une exception à cette règle. » À nouveau, je restai sans voix.

Je n’ai pas compris le terme «accessoriété au fonds», mais j’ai compris ce qu’il signifiait : je devais attendre !

Mais pourquoi donc ? N’avais-je pourtant pas appris récemment dans un séminaire que les ressources électroniques peuvent faire l’objet d’une utilisation non rivale ? Mon utilisation ne porte pas atteinte à celle des autres. J’ai brusquement pris conscience de ce que signifiait le fait de rendre rares et exclusives des choses comme la lecture d’un texte, qui ne devraient pas l’être selon cette théorie.

Bon, un café ne me ferait pas de mal…et, après le café, la voie était enfin libre ! Comme de toute façon l’article était plutôt long, je décidai de le sauvegarder sur ma clé USB afin de pouvoir le relire plus attentivement. «Save as». Une troisième fois, je restai sans voix. Cette fois, le message m’apprit que le texte ne pouvait pas être sauvegardé.

Contraint par la force des choses, je commençai à lire le texte. Puis je décidai de rechercher les passages comprenant les termes « commons » et « bien commun », qui m’intéressaient plus particulièrement. Résultat : « Aucun passage trouvé ». Étrange, c’est pourtant le sujet de l’article ! Je testai avec un mot courant de tous les jours : « Aucun passage trouvé ». La fonction de recherche en plein texte ne fonctionnait pas.

À bout de nerfs, je décidai de ne copier qu’une seule phrase importante, que je souhaitais citer, dans le presse-papiers et de la coller ensuite sur ma clé. Encore une fois, un message d’erreur apparut, où je trouvai finalement l’indication décisive: « Il s’agit d’un PDF protégé par un système de gestion des droits numériques ou digital rights management (DRM). Tous les droits appartiennent à la maison d’édition. Vous ne pouvez lire l’article qu’à l’écran. Vous avez le droit de prendre des notes. »

Je ne m’attendais pas à une telle mesure technique de protection dans une bibliothèque publique. Pour moi, cela signifiait soit que je devais passer les deux heures suivantes devant l’écran pour prendre des notes, comme c’était l’usage à l’époque de Gutenberg, soit que je quittais la salle de lecture en décidant que l’article en question n’avait pas assez importance. Je rejetai d’emblée la troisième possibilité consistant à acheter l’article en ligne à l’éditeur pour 30 euros, d’autant que je n’aurais reçu, même dans ce cas, qu’une licence pour mon usage personnel sur mon propre ordinateur.

Ah oui, et le message d’erreur ajoutait que le système de DRM était « dans mon propre intérêt »…

J’ai renoncé à l’article, mais je voulais tout de même au moins savoir la raison de tout ceci. J’avais toujours associé les questions de droits d’auteur et de copyright aux débats sur l’utilisation de la musique, des vidéos, des jeux ou de la littérature de divertissement. Mais la recherche, l’enseignement, les études ? Je me rappelai alors l’article 5 de la Loi fondamentale allemande :

(1) Chacun a le droit d’exprimer et de diffuser librement son opinion par la parole, par l’écrit et par l’image, et de s’informer sans entraves aux sources qui sont accessibles à tous…

(3) L’art et la science, la recherche et l’enseignement sont libres…

Une bibliothèque publique, ayant fait l’acquisition contre paiement des ouvrages qui y sont disponibles, est accessible à tous, mais je n’y ai pas bénéficié d’un accès libre. Et aurais-je mal compris également le passage concernant la liberté de la science ?

J’appris par la suite, en évoquant cette expérience avec mon professeur, que les droits énumérés dans la Loi fondamentale et ceux qui sont explicitement formulés dans une loi avec des restrictions éventuelles sont deux choses totalement différentes. Mon cas tombait sous la juridiction du droit des auteurs, lequel protège avant tout l’auteur, ou celui qui aurait acquis les droits de celui-ci dans le but de publier et exploiter ses ouvrages.

Certes, il existe bien sûr, afin de garantir l’intérêt public, certaines limites aux droits des auteurs ou des exploitants, qui pourraient permettre l’utilisation pleine et entière de documents électroniques dans les bibliothèques sans avoir à en demander la permission aux ayant droits. Mais seulement lorsque le législateur en dispose ainsi !

Et pourquoi n’est-ce pas le cas en l’occurrence ? Mon professeur me renvoya au paragraphe 52b de la loi sur les droits d’auteur, qui réglemente la « consultation d’ouvrages au moyen de postes de lecture électroniques dans les bibliothèques … » J’y trouvai toutes les dispositions législatives qui m’avaient empêché de travailler à la bibliothèque comme je suis habitué à le faire avec Internet. À vrai dire, je ne comprends pas. Pourquoi nos parlementaires adoptent-ils une loi qui rend l’accès à l’information et au savoir pour les étudiants et les professeurs plus difficile qu’au temps de Gutenberg ? D’autant plus que ce savoir est généralement produit grâce à des financements publics. Il me semble que cela mériterait un recours pour inconstitutionnalité.

En tout cas, j’ai trouvé le sujet de mon devoir :

Ce qui est dans le domaine public ou ce qui est financé par les deniers publics doit rester accessible à tous.

Notes

[1] Crédit photo : Nate Bolt (Creative Commons By-Sa)




Wikipedia a 10 ans : Un petit bilan en compagnie de Wired et de Sue Gardner

Lane Hartwell - Wikimedia Commons - CC by-saUn nouvel élément à ajouter à notre série d’articles sur Wikipédia à l’occasion de la célébration de son dixième anniversaire.

Ici nous poursuivons avec Sue Gardner, la remarquable Executive Director de la Wikimedia Foundation, en procédant un peu à l’envers puisqu’après les perspectives vient le temps du bilan. On y évoque bien sûr la fiabilité mais aussi les récentes avancées, qui sont autant de projets, dans les milieux culturels et éducatifs.

Il est dit dans l’article que pour beaucoup de monde, Wikipedia concrétise à la perfection les premières promesses de l’Internet en proposant une « incarnation de ce que le Web peut offrir de mieux »[1]. Nous en faisons partie 😉

On y trouve également un passage qui devrait particulièrement intéresser les lecteurs du Framablog. Il s’agit d’une critique d’un ancien rédacteur en chef de l’encyclopédie Britannica. Vous me direz qu’il n’est pas forcément objectif mais l’argument avancé mérite à mon avis d’être commenté voire débattu :

« L’erreur fatale dans le modèle Wikipedia est qu’un article de l’encyclopédie est pensé comme étant un projet libre, comme ceux qui produisent du logiciel libre, et que comme eux, il sera transformé par des améliorations constantes pour atteindre un idéal. Mais le logiciel est clairement perçu comme étant en développement continu, et est sans arrêt testé avec l’aide de différents critères objectifs. L’article de Wikipédia, quant à lui, est publié et est accessible par tout le monde en l’état, il change pour le meilleur ou pour le pire de temps en temps, et n’est jaugé par aucun standard auquel l’utilisateur puisse se fier. »

Une décennie pour Wikipédia, le projet collaboratif emblématique

A decade of Wikipedia, the poster child for collaboration

Olivia Solon – 10 janvier 2011 -Wired UK
(Traduction Framalang : Goofy, Slystone, Marianne et Penguin)

À l’heure où Wikipédia fête son dixième anniversaire, Wired.co.uk s’entretient avec Sue Gardner, directrice de la Wikimedia Foundation, à propos du rôle de l’encyclopédie collaborative sur le Web et son plan de domination mondiale.

Wikipédia, beaucoup le considèrent encore comme un petit secret honteux. Un site que l’on consulte discrètement dès qu’une conversation au bureau dérive vers un domaine où l’on n’est pas spécialement à notre aise. Lorsqu’on y fait référence explicitement, c’est souvent en ajoutant bien vite qu’on connaît bien ses insuffisances. Nous avons tous l’habitude des sous-entendus sarcastiques qui accompagnent la phrase rituelle : « Si c’est dans Wikipédia, c’est que ça doit être vrai ». Mais ces sous-entendus ironiques se dissipent peu à peu à mesure que le système s’améliore et que consulter le site devient moins honteux et moins un secret chaque jour.

Exactement 10 ans après son lancement et 17 millions d’articles plus tard, la figure emblématique des projets collaboratifs fait désormais partie de la vie quotidienne du monde développé, avec de sérieuses percées en cours dans le reste du monde.

La personne chargée de mener à bien le développement de Wikipédia, c’est Sue Gardner, directrice de la Wikimédia Foundation. Ex-journaliste combative et directrice de CBC.ca, Mme Gardner a été recrutée en 2007 dans le but de développer une stratégie claire pour l’organisation à but non lucratif. Son principal défi était de s’assurer que la gigantesque communauté disparate de contributeurs du monde entier était bien en phase avec l’objectif commun. Selon le fondateur de Wikipédia Jimmy Wales, engager Mme Gardner a été « une des meilleures décisions que nous ayons prises ».

Les chiffres en témoignent : depuis l’embauche de cette brillante canadienne, les revenus ont en effet plus que triplé, et l’audience du site a augmenté de 85 %. Après une lecture approfondie des sources de revenus de la fondation et deux ans d’expériences diverses, elle s’est rendue compte que la meilleure stratégie consistait à cibler les dons privés d’un faible montant.

« Dans un monde à but non lucratif, on poursuit normalement deux objectifs bien distincts, la prise en charge des frais de service, et la production de revenus. Ces deux composantes sont généralement en déséquilibre. La plus grosse surprise en ce qui me concerne fut de découvrir que l’on pouvait harmoniser l’ensemble de manière à ce que les dons proviennent des mêmes personnes que celles à qui nous fournissons un service. »


En tant que cinquième site le plus visité dans le monde, son hébergement sur serveur a un coût conséquent. L’organisation à but non lucratif lance chaque année une opération de levée de fonds afin d’assurer le fonctionnement du site pour l’année suivante. La dernière campagne vient juste de se terminer, elle s’est soldée par la récolte de 16 millions de dollars donnés par 500 000 personnes.

Pour beaucoup de monde, Wikipedia concrétise à la perfection la vision des premières promesses de l’internet. Gardner s’aventure même à dire que c’est « l’incarnation de ce que le Web peut faire de mieux. »

« C’est la promesse que les gens vont travailler ensemble, c’est l’illustration de gens travaillant ensemble en confiance, c’est la démocratisation de l’information et de la liberté d’accès à l’information, malgré les nombreux et récurrents dangers qui la menacent. »

Joseph Reagle, auteur du livre The Good Faith Collaboration (NdT : La collaboration de bonne foi), et ancien étudiant à Harvard ajoute : « par défaut, l’interaction en ligne est faite pour ceux qui refusent de voir le pire chez les autres, même chez les nazis comme l’indique la loi de Godwin. Wikipedia au contraire, promeut et est dépendant de personnes collaborant ensemble en toute bonne foi. »

Quelles en sont les points faibles ? Gardner ne fait pas preuve de réserve : « c’est un travail qui progresse sans arrêt, on aura donc toujours besoin de faire mieux. Tous les aspects doivent être améliorés. »

Tandis que Wikipedia se concentre sur l’amélioration et l’expansion, le site est sous un feu constant de critiques de personnes qui l’accusent de ne pas être objectif, de ne pas être fiable, et de préférer, au cours du processus d’édition, le consensus plutôt que le mérite et les qualifications.

Robert McHenry, auteur et ancien rédacteur en chef de l’encyclopédie Britannica, résume ce qu’il décrit comme l’erreur fatale du modèle Wikipedia :

« L’erreur fatale dans le modèle Wikipedia est qu’un article de l’encyclopédie est pensé comme étant un projet libre, comme ceux qui produisent du logiciel libre, et que comme eux, il sera transformé par des améliorations constantes pour atteindre un idéal. Mais le logiciel est clairement perçu comme étant en développement continu, et est sans arrêt testé avec l’aide de différents critères objectifs. L’article de Wikipédia, quant à lui, est publié et est accessible par tout le monde en l’état, il change pour le meilleur ou pour le pire de temps en temps, et n’est jaugé par aucun standard auquel l’utilisateur puisse se fier. »

Il n’a certainement pas tort, il y a beaucoup d’exemples d’informations fausses, parfois diffamatoires, qui sont par exemple écrites sur des profils biographiques. Ainsi en 2005, John Seigenthaler Sr, assistant du ministre de la justice Robert Kennedy au début des années 60, journaliste reconnu et plus tard éditeur créateur de USA Today, fut la cible de vandalisme sur Wikipedia. Une fausse biographie de Wikipedia l’accusa d’être un suspect du meurtre de Kennedy. Et la notice resta en l’étant pendant 132 jours. Ceci illustre le biais systémique qui fait que les événements contemporains attirent bien plus l’attention (et le manque d’objectivité lié à l’absence de sources et de recul) que les événements plus anciens, et la culture pop bénéficie à ce titre d’une couverture disproportionnée.

Cela ne veut pas dire que les encyclopédies traditionnelles sont dépourvues d’erreurs. Il y a eu une série d’études comparant la fiabilité de Wikipedia avec d’autres encyclopédies (telle que l’enquête réalisée par Nature en 2006 comparant Wikipedia et Britannica), qui ont montré que la fiabilité de Wikipedia est en hausse. L’étude de Nature précitée révèle que les articles scientifiques de Wikipedia s’approchent du niveau d’exactitude de l’encyclopédie Britannica, et avait un taux équivalent « d’erreurs sérieuses ».

Gardner le concède : « En 2001, Wikipedia n’était pas une source d’information riche et complète, c’était très partiel. Mais chaque année et chaque jour, Wikipedia s’améliore. »

Elle décrit un changement d’attidude et de comportement dans le monde académique et les communautés culturelles. L’initiative GLAM (Galleries, Libraries, Archives, Museums) rapproche les utilisateurs de Wikipedia des membres des instituts culturels, y compris le British Museum, dans le but d’une part d’améliorer le contenu culturel de Wikipedia et d’autre part d’offrir aux institutions un espace pour exposer leurs collections.

Un événement à Londres en novembre dernier a réuni les représentants de quelques grands organismes culturels, afin de voir ensemble comment ils pouvaient contribuer davantage à Wikipedia (NdT : Un évènement similaire a également eu lieu en France).

Gardner dit : « c’était vraiment encourageant de voir les gardiens de la culture et du savoir considérer Wikipedia de plus en plus sérieusement. Cela ne serait pas arrivé cinq ans aupravant. »

Parallèlement s’est ouvert un programme de sensibilisation destiné au monde académique dans le but de contribuer à améliorer le contenu. Le Wikipedia Ambassador Program qui a débuté en 2010 implique et accompagne les enseignants qui veulent participer à Wikipedia à travers leurs cours. L’idée est d’agrandir la communauté des éditeurs tout en aidant les enseignants à avoir une utilisation plus aisée de Wikipedia.

Quand on lui demande si Wikipedia pourrait un jour être considéré comme une source crédible dans le monde académique, Gardner dit : « nous ne recommandons pas que les gens utilisent Wikipedia pour faire des citations dans leur travail, de même que nous ne recommandons pas qu’ils utilisent l’encyclopédie Britannica. Le but d’une encyclopédie est d’être un point de départ pour faire de la recherche. Vous pouvez apprendre les bases, et approfondir la lecture de l’article en regardant les références pour trouver et y suivre les sources originales. »

L’argument de la fiabilité, selon Gardner, passe à côté de la « véritable histoire » : l’accès à l’information a augmenté selon une courbe exponentielle. « Pour le lecteur d’information, le monde est radicalement meilleur qu’il ne l’était il y a 10 ans ou 20 ans. »

Quiconque âgé de plus de 20 ans se souvient du temps où, pour trouver des informations sur un obscur politicien, un artiste underground ou la dernière action militaire d’un pays en particulier, il fallait consulter une encyclopédie en 30 volumes, aller à la bibliothèque ou espérer qu’un adulte autour de vous ait la réponse.

Ayant épuisé ces possibilités, on s’était habitué au fait qu’on ne saurait probablement jamais. Ou en tout cas pas avant la sortie de la prochaine édition de l’encyclopédie et, même dans ce cas, sans la certitude que la question y serait traitée.

Aujourd’hui, tout le monde peut avoir un accés instantané et gratuit à la connaisance collective de centaines de milliers de personnes, mise à jour quotidiennement, et même, la plupart du temps, presque en temps réel. Dans ce contexte, le débat sur la fiabilité perd de son importance.

Notes

[1] Crédit photo : Lane Hartwell (Creative Commons By-Sa)




À lire et à faire lire : Biens Communs – La Prospérité par le Partage

Ed Yourdon - CC by-saEn avril dernier nous mettions en ligne un remarquable article de Silke Helfrich « Les biens communs ou le nouvel espoir politique du XXIe siècle ? ». Cette fois-ci nous avons le plaisir de relayer l’annonce de la traduction française d’un rapport d’une cinquantaine de pages sur ces fameux Biens communs, où l’on retrouve Silke Helfrich parmi les nombreux auteurs de cet ouvrage collectif. Il a pour titre « Biens Communs – La Prospérité par le Partage » et il est naturellement placé sous licence libre Creative Commons By-Sa.

Nous avons déjà eu l’occasion de dire que nous pensions que « les Biens communs seront à n’en pas douter non seulement l’un des mots clés de ces temps nouveaux qui s’offrent à nous, mais aussi, si nous le voulons bien, l’un des éléments moteurs et fédérateurs des politiques progressistes de demain ». Ce rapport est une pièce important à verser au dossier, tellement importante que d’aucuns pourraient presque y voir une sorte de manifeste pour les générations à venir[1].

Il n’est pas toujours aisé de définir avec précision ce que sont les Biens communs, d’ailleurs ceci fait l’objet d’un chapitre dédié en guise de préambule. Mais à chaque fois que l’on tente d’en dresser une liste, les logiciels en font partie, à la condition d’être libres. On ne s’étonnera donc pas qu’ils soient souvent cités ici.

Il est également dit que « les biens communs ont besoin d’hommes et de femmes qui soient prêts à les défendre et qui s’en sentent responsables ». Aussi modeste soit notre contribution, nous en sommes 😉

Vous trouverez le rapport en version PDF en suivant ce lien. Et pour vous donner plus encore envie de le lire (ce qui implique le dur sacrifice de devoir laisser au repos son compte Twitter pendant une petite heure), nous en avons reproduit ci-dessous la quatrième de couverture, l’introduction et la conclusion.

Remarque : Le document est agrémenté de citations comme, par exemple, celle-ci de Benni Bärmann que je soumets à votre sagacité : « Les biens communs plairont aux conservateurs par leur dimension de préservation et de communauté, aux libéraux par la mise à distance de l’État et l’absence d’incompatibilité avec le marché, aux anarchistes par la mise en avant de l’auto-organisation, et aux socialistes et communistes par l’idée de propriété commune sous contrôle collectif. »

Biens Communs – La Prospérité par le Partage (extraits)

URL d’origine du document (dans son intégralité)

Un rapport de Silke Helfrich, Rainer Kuhlen, Wolfgang Sachs, Christian Siefkes
Publié en décembre 2009 par la Fondation Heinrich Böll
Traduit par Jeremy Marham et Olivier Petitjean (Ritimo.org)
Sous licence Creative Commons By-Sa

Quatrième de couverture

Ce sont de grands inconnus, et pourtant nous vivons tous grâce à eux. Ils sont au fondement même de notre vie collective. Ce sont les biens communs. L’air, l’eau, les savoirs, les logiciels et les espaces sociaux. Et bien d’autres choses qui rendent possible la vie quotidienne et le bon fonctionnement de l’économie.

De nombreux biens communs sont cependant menacés – ils sont ôtés à la collectivité, commercialisés, détruits de manière irréversible. Au lieu de cela, ils devraient être cultivés et développés.

Nous avons besoin d’une nouvelle conscience de l’importance de ces « choses qui nous sont communes ». Sans eux, il n’y a en effet pas de bien-être et pas de prospérité possibles. Les biens communs ont besoin d’hommes et de femmes qui soient prêts à les défendre et qui s’en sentent responsables.

De nombreux problèmes de notre époque pourraient être résolus si nous dirigions l’énergie et la créativité dont nous disposons vers ce qui fonde notre richesse, ce qui fonctionne, et ce qui aide les hommes et les femmes à développer leur potentiel.

Ce rapport vise précisément à mettre ces choses, ainsi que les principes d’une «production par les pairs basée sur les biens communs», au centre de l’attention publique.

Objet de ce rapport

Ce que l’on appelait traditionnellement res communes – les choses qui nous appartiennent en commun – a été sinon oublié, du moins supplanté par les res privatae organisées par le marché, ainsi que par les res publicae mises à disposition par l’État. Elles sont dès lors traitées comme des res nullius, c’est-à-dire des « choses de personne ».

L’air et l’eau sont de parfaits exemples de biens communs qui, malgré leur importance, partagent bien souvent le triste sort des « choses de personne », de ces choses dont personne ne s’occupe. Les conséquences catastrophiques pour nous tous d’un tel état de fait se manifestent aujourd’hui de toute part.

Les « biens communs » – res communes, ou encore « commons » en anglais – ne sont pas des biens « sans maître ». Ils ne peuvent pas et ne doivent pas être utilisés à n’importe quelle fin, et encore moins détruits. Chacun de nous peut légitimement faire état de droits sur eux. Les biens communs sont les choses qui nous nourrissent, qui nous permettent de communiquer ainsi que de nous déplacer, qui nous inspirent et qui nous attachent à certains lieux– et dont, de manière tout aussi significative, nous avons besoin pour déverser nos gaz d’échappement et nos eaux usées.

La conception classique de la propriété, comprise en premier lieu comme droit de l’individu, acquiert une nouvelle dimension si l’on prend conscience de l’existence d’un droit collectif sur les biens communs.

  • Quelles sont les conséquences d’une redéfinition des terres comme biens communs ?
  • Qu’advient-il de l’espace public lorsqu’il n’est plus possible de le privatiser à volonté par la publicité, les décibels, les voitures ou les parkings ?
  • À quoi ressemblerait une société où l’utilisation libre des biens relatifs à laconnaissance et la culture serait devenue la règle, et leur utilisation commerciale l’exception ?
  • Quelles sont les règles et les institutions qui encouragent un rapport riche de sens aux biens communs ?

Ces questions ne sont débattues ni sur le plan théorique ni sur le plan de leurs conséquences politiques, sociales ou économiques.

Nous avons voulu dans ce rapport étudier le potentiel des biens communs lorsqu’ils sont utilisés de manière appropriée et durable. Nous y examinons les facteurs qui menacent leur existence. Nous y montrons quelles sont les règles qui ont fait leurs preuves dans certaines situations, et quelles sont celles qui doivent être entièrement repensées. Dans les pages qui suivent, nous partageons avec vous nos réflexions et nos expériences.

Les biens communs ne sont pas tous similaires, pas plus que les habillages institutionnels nécessaires pour transformer des ressources existantes en biens communs sécurisés. La remise du prix Nobel d’économie 2009 à la théoricienne des biens communs Elinor Ostrom a attiré l’attention du monde entier sur les questions discutées ici. L’approche théorique du juriste Yochai Benkler, avec le motif d’une « production par les pairs basée sur les communs » (commons-based peer production) qu’il met en avant, est elle aussi stimulante.

Il faut renforcer les biens communs, au-delà et de manière complémentaire au marché et à l’État. Chacun est appelé à assumer ses responsabilités en tant que copossesseur des « choses qui nous sont communes », afin d’en tirer davantage de liberté et de communauté. Les biens communs ont besoin d’hommes et de femmes, non seulement de marchés, d’aides gouvernementales ou de régulation étatique. La richesse qui se dispense à travers les biens communs doit être partagée de manière nouvelle et équitable dans toutes les sphères de notre vie.

Pour conclure : une vision

Nous avons besoin de changement, et nous connaissons la direction à emprunter. De nombreuses personnes sont déjà en chemin.

Ce rapport démontre que l’idée des biens communs peut faire nconverger différents mouvements. Voilà leur point fort.

Elle permet de rassembler en une stratégie commune la diversité des expériences pratiques et des projets, sans pour autant renoncer à la diversité des perspectives et des idéologies.

  1. Nous pouvons directement vouer notre énergie, nos institutions et nos talents aux biens communs et à ce qui constitue leur essence: la diversité de la vie.
  2. Nous pouvons nous demander systématiquement, à propos de tout projet, de toute idée ou de toute activité économique, s’il apporte plus aux communautés, à la société et à l’environnement qu’il ne leur retire.
  3. Nous pouvons reconnaître et soutenir matériellement en priorité les activités qui génèrent, entretiennent ou multiplient des biens à la libre disposition de tous.
  4. Nous pouvons faire en sorte que la participation collective et équitable aux dons de notre Terre ainsi qu’aux réalisations collectives du passé et du présent soit institutionnalisée et devienne la norme.
  5. Nous pouvons recourir à des processus décisionnels, des moyens de communication et des technologies transparents, participatifs et libres, ainsi que les améliorer.
  6. Nous pouvons inverser la tendance actuelle: en nous fixant des limites et en utilisant de manière durable les ressources naturelles, mais en étant prodigues en matière de circulation des idées. A insi nous bénéficierons au mieux des deux.
  7. Nous pouvons trouver des moyens intelligents de promouvoir la progression de tous, au lieu de nous concentrer exclusivement sur l’avancement individuel.

Lire le rapport « Biens Communs – La Prospérité par le Partage » dans son intégralité …

Notes

[1] Crédit photo : Ed Yourdon (Creative Commons By-Sa)




Un excellent reportage de la TSR sur le devenir des dons à Wikipédia

La Télévision suisse romande (TSR) a mis en ligne, à l’occasion des 10 ans de Wikipédia, un excellent reportage au titre bien choisi : « Pour la bonne cause Wikipédia ».

En quelques trois minutes on y explique fort bien l’utilité de soutenir financièrement le projet ainsi que le rôle joué par les associations locales, en l’occurrence Wikimedia CH.

Et puis cela fait aussi du bien de voir qu’il ne s’agit pas uniquement de personnes derrière leur ordinateur, avec cette jolie petite histoire de photographes de hockey.

—> La vidéo au format webm

URL d’origine du document

PS : J’ai retrouvé la page en question illustrant l’équipe de hockey de Bâle. Quant au l’ancien maire de Genève, il y a sa page Wikipédia, quand bien même celle-ci ne serait encore qu’une ébauche 😉




L’accueil, le Sud et la défense d’Internet : des défis majeurs à venir pour Wikipédia

Enokson - CC byL’extraordinaire encyclopédie libre Wikipédia a 10 ans et c’est naturellement l’occasion de faire des bilans.

Nous avons préféré ici nous projeter dans l’avenir en compagnie de Sue Gardner, à la tête de la Wikimedia Foundation depuis 2007 (dont Jimbo Wales en personne nous dit que le recrutement fut certainement « l’une des meilleures décisions que nous ayons jamais prise au cours de cette première décennie »).

L’accueil[1] et la diversification de nouveaux éditeurs, l’ouverture au monde et tout particulièrement vers « le Sud » et son utilisation croissante des terminaux mobiles, mais aussi l’inquiétude (ô combien partagée) de l’émergence de lois potentiellement liberticides pour Internet et de ce que pourrait faire ensemble les Wikipédiens pour le défendre, sont quelques uns des thèmes abordés ici.

Rendre Wikipédia plus accueillant : un véritable défi

The battle to make Wikipedia more welcoming

Olivia Solon – 10 janvier 2011 – Wired.co.uk
(Traduction Framalang : Olivier Rosseler, Martin et Goofy)

L’un des défis majeurs pour Wikipedia est d’étendre sa base de collaborateurs. Ce ne sont pas les volontaires qui manquent, le problème vient plutôt de l’accueil pas très chaleureux qui est réservé aux novices. Sue Gardner, directrice exécutive de la fondation Wikimédia, annonce des mesures pour y remédier, dans une interview donnée à Wired.co.uk.

Le profil du contributeur de Wikipédia moyen, pour sa version anglaise est le suivant : homme (88%), jeune (pas encore tout à fait trentenaire), féru de technique, disposant d’une bonne éducation et qui habite dans l’hémisphère nord. Pour cette raison, les centres d’intérêt de l’encyclopédie tournent plus autour de l’informatique, de l’astronomie ou de la culture populaire qu’autour de l’agriculture, de l’art au moyen-âge ou de la linguistique, par exemple.

Afin de corriger ce déséquilibre, et pour élargir sa base de contributeurs et la rendre plus représentative de la population mondiale, Wikipédia est sur le point de lancer une campagne d’accompagnement des novices pour leurs 100 premières éditions. Cela implique de se pencher sur l’ergonomie du site, mais il s’agit surtout de s’assurer que les contributeurs chevronnés se montrent plus accueillants pour les nouveaux éditeurs.

Sue Gardner, directrice générale (NdT : Executive Director) de la fondation Wikimedia, se confie à Wired.co.uk : « Les Wikipédiens ne se montrent pas toujours très compréhensifs avec les nouveaux arrivants qui ne maîtrisent pas encore tout à fait l’outil et les règles. On parle beaucoup de « septembre sans fin » (NdT : endless September) – un terme inventé par Dave Fisher pour décrire le débarquement annuel d’étudiants qui se créaient leur premier adresse mail aux débuts d’Internet – et lorsque je suis entrée chez Wikimédia, l’idée de recruter de nouveaux contributeurs rencontrait énormément de résistance. »

« Les contributeurs de Wikipédia veulent que l’encyclopédie soit de très bonne qualité, et ils ne voient donc pas forcément d’un bon œil l’arrivée de personnes qui n’en connaissent pas les valeurs et les processus de publication. Il n’y avait pas une bonne perception de ce que pouvaient apporter de nouveaux éditeurs. »

Les contributeurs mystérieux

Après deux ans de discussions internes, les choses sont en train de changer. Une évolution majeure a été réalisée quand des contributeurs expérimentés ont mené une expérience en se faisant passer pour des contributeurs anonymes pour voir comment leurs modifications étaient reçues. Ils ont pu constater qu’elles avaient été annulées ou supprimées même si leurs contributions étaient d’aussi bonne qualité que celles faites en leur nom. On ne prenait même, en général, pas la peine de leur expliquer pourquoi elles étaient effacées.


Gardner ajoute : « je pense que maintenant nous comprenons le problème, mais il nous reste à évaluer notre gestion des 100 premières contributions, qui sont si cruciales. ».

Ils projettent de modifier l’interface, pour la rendre plus accueillante, avec plus de messages encourageants. Contrairement à d’autres sites où le contenu est généré par les utilisateurs, Wikipédia a toujours évité de contacter ses utilisateurs par e-mail. Mais envoyer des messages comme « Untel a apporté des modifications à l’article que vous avez rédigé » ou « Vous avez édité cet article, peut-être voudriez-vous également éditer celui-ci » renforcerait peut-être l’adhésion au site des nouveaux utilisateurs.

Mais au-delà des modifications de l’interface, la communauté tente d’inciter ses contributeurs actifs à être plus accueillants. Le but est de les encourager à adopter le même comportement avec les anciens qu’avec les novices.

« On ne peut pas vous assurer de ne pas rencontrer de méchanceté sur Wikipédia, mais il nous faut encourager les discussions constructives, » nous dit Gardner.

L’un des plus gros défis de Wikimédia est d’encourager les contributions du « Sud » (au sens économique). Fruit d’une année de discussions collaboratives, la stratégie établie est de mettre l’accent sur les pays moins développés économiquement.

Actuellement, la version anglaise de Wikipédia compte le plus grand nombre d’articles (plus de 3 500 000), viennent ensuite la version allemande, puis la version française, avec plus d’un million d’articles chacune. On dénombre quasiment 300 versions de Wikipédia dans d’autres langues, qui affichent entre un et 750 000 articles. Il y a environ 67 000 articles en Hindi, 55 000 en Urdu et 21 000 en Swahili, par exemple.

2011 verra l’ouverture du premier bureau hors des États-Unis, en Inde. Ce sera la première initiative de « plusieurs tentatives d’incursion dans des parties du monde où les contributeurs et les utilisateurs potentiels sont nombreux, mais ces possibilités sont encore bridées » d’après Gardner. L’amérique latine et les pays arabophones sont les prochains sur la liste.

Wikipédia souhaite recruter de nouveaux éditeurs, mieux faire connaître ses besoins, faciliter techniquement l’édition et accélérer le site. L’idée est d’éviter que Wikipédia ne soit une encyclopédie rédigée par des gens uniquement dans les pays riches.

Pour corriger ce déséquilibre géographique, il faudra travailler sur l’énorme barrière que représente l’interface pour mobiles. Dans les pays en voie de développement, la majorité des personnes accède au Web grâce à leur mobile. Même si Wikipédia est optimisée pour être lue sur un téléphone portable, contribuer à l’encyclopédie à partir d’un mobile reste très difficile. Il y a bien une éditrice de la version indonésienne de Wikipédia qui y parvient grâce à un clavier externe connecté à son téléphone, mais « ça à l’air extrêmement laborieux », d’après Gardner.

Elle s’interroge : « La question préalable demeure : est-il possible de créer une interface d’édition ergonomique sur téléphone portable ? »

Une autre menace se fait de plus en plus sentir : l’instabilité des lois. Actuellement, aux États-Unis, Wikipédia est protégée des poursuites si un contributeur met en ligne quelque chose de diffamatoire par le Communications Decency Act. Sans ce régime de responsabilité favorable, il serait presque impossible pour Wikipédia de maintenir son modèle d’encyclopédie rédigée par les utilisateurs.

Gardner dit : « Nous devons sans cesse nous faire entendre pour définir ce qu’Internet doit être à nos yeux. Dans les premières années, le pouvoir législatif s’est contenté d’observer son développement, mais maintenant il veut de plus en plus avoir son mot à dire. »

Elle se dit inquiète des interventions de plus en plus fréquentes des gouvernements qui censurent le Web à l’échelle nationale, comme l’Australie qui a mis en place une liste noire des sites interdits à ses concitoyens ou encore comme le Royaume-Uni, en la personne de Ed Vaizey, qui demande aux fournisseurs d’accès de se montrer plus stricts sur le pornographie pour combattre l’exposition trop précoce des enfants au sexe (NdT : Elle aurait également pu citer la France avec sa loi LOPPSI 2 !).

« Au début, on pensait qu’Internet ne connaîtrait pas de frontières. Mais on se rend de plus en plus compte que d’un pays à l’autre, la manière de l’utiliser diffère fortement. J’aimerais vraiment que les Wikipédiens aient voix au chapitre sur ce point ». Elle cite l’expérience d’eBay Main Street Initiative, le volet « local » du site d’e-commerce qui informe les vendeurs des projets législatifs qui pourraient les concerner, comme modèle à imiter. Ils encouragent ainsi les vendeurs sur eBay à faire pression sur le gouvernement lorsque leurs intérêts sont menacés. Ils les incitent à écrire des lettres, à envoyer des e-mails ou encore à appeler leurs élus lors des débats importants.

« J’aimerais que les Wikipédiens s’engagent de cette manière afin d’influencer le développement d’Internet. » ajoute-t-elle.

À quoi donc ressemblera Wikipédia dans 10 ans ? « J’aimerais qu’elle soit plus complète, qu’elle soit plus dense. La version anglaise est vraiment impressionnante, mais la variété de son contenu réflète malheureusement la catégorie sociale prédominante des éditeurs. J’aimerais au contraire que, pour toutes les langues, le contenu bénéficie des connaissances et du savoir de toute la population. »

Notes

[1] Crédit photo : Enokson (Creative Commons By)




Wikipédia fête ses 10 ans !

C’est fou ça, demain 15 janvier 2011 « le plus beau projet du XXIe siècle » fête ses dix ans d’existence ! C’est si loin et si proche en même temps…

Wikipédia ne manque jamais de reconnaître ce qu’il doit au logiciel libre. Aujourd’hui la réciproque est tout aussi vraie.

Quant à nous, nous avons modestement mis à contribution nos traducteurs de Framalang pour sous-titrer ci-dessous l’annonce de son fondateur Jimbo Wales.

Bon anniversaire et grand merci, et plutôt dix fois qu’une !

—> La vidéo au format ogv
—> Le fichier de sous-titres

Transcript du sous-titrage

URL d’origine du document

Bonjour. Je m’appelle Jimmy Wales, je suis le fondateur de Wikipédia, et aujourd’hui, nous célébrons le dixième anniversaire de Wikipédia.

Difficile d’imaginer que cela fait déjà dix ans que j’ai lancé ce projet.

Je me rappelle le premier jour : j’ai cliqué sur « Modifier » et écrit « Bonjour le monde », et c’était le début de Wikipédia et de tout ce qui a suivi.

Désormais, nous avons des millions d’articles dans des centaines de langues. Environ 400 millions de personnes visitent le site chaque mois et c’est quelque chose de tout simplement stupéfiant. Si vous songez à l’impact sur notre culture, c’est renversant… et c’est entièrement grâce à vous.

Je veux remercier tous ceux qui ont aidé. Je veux remercier ceux qui ont édité Wikipédia, contribuant à cette formidable base de connaissances. Je veux remercier tous ceux qui consultent Wikipédia, qui se soucient des idées et de la connaissance.

Nous l’avons créée pour ça. Pour que vous l’utilisiez.

J’ai une petite requête à adresser à chacun de vous. Même si nous avons des millions d’articles, même si nous existons dans des centaines de langues, il reste beaucoup de travail à accomplir. C’est pourquoi j’aimerais que ceux qui n’y ont jamais contribué essayent. Cliquez sur « Modifier ». Vous voyez des erreurs ? Corrigez-les. Rien ne nous fait plus plaisir.

Et donc… Bon anniversaire Wikipédia.

Wikipédia : 10 années de partage de la somme de nos connaissances.




Geektionnerd : OpenBSD

Gee revient cette semaine sur l’affaire des portes dérobées découvertes dans le code d’OpenBSD, un systèmes d’exploitation libre réputé pour l’importance accordée, dans son développement, à la sécurité et à la cryptographie.

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Facebook, difficile de s’en défaire…

Réagissant au dernier billet du Framablog : Où est le bouton « J’aime pas » Facebook ?, Odysseus s’est fendu d’une figure entre fantastique et métaphore… [1]

Odysseus - Licence Art Libre

Notes

[1] Copyleft : cette œuvre est libre, vous pouvez la copier, la diffuser et la modifier selon les termes de la Licence Art Libre