Scoop : Christine Albanel publie sous licence libre un livre sur le partage !

Sebastian Bergmann - CC by-saSi seulement c’était vrai… Bien que le premier avril soit passé depuis longtemps, vous devez vous en doutez un peu : mon titre n’est qu’un fake.

Je plaide coupable donc. Mais coupable par approximation parce qu’à quelques milliers de kilomètres au nord près, j’avais bon !

En effet, je me suis juste trompé de ministère et de pays puisqu’aujourd’hui, en Norvège, Madame Heidi Grande Røys (sur la photo ci-contre[1]), ministre de l’Administration publique et de la réforme, publie un livre sous licence Creative Commons By-Sa.

Il s’intitule Delte meninger, est accompagné d’un site participatif autour du projet, et, à en croire le blog des Creative Commons, il porte sur le partage et l’aspect social des réseaux informatiques et d’Internet.

Merci à tout visiteur qui comprend un tant soit peu le norvégien de nous en dire plus dans les commentaires. Parce qu’avec l’outil de traduction Google appliquée à cette page du site, on se retrouve avec des morceaux intéressants (le procès du The Pirate Bay, évocation des logiciels et de la culture libre…) pour un titre aux accents étranges : « La paix, la liberté, et tout est gratuit ! ».

En attendant, et quand bien même nous n’en connaissons pas encore le contenu dans le détail, on ne peut que saluer l’initiative. Nous y viendrons nous aussi en France, même si visiblement il faudra s’armer d’un peu de patience…

Notes

[1] Crédit photo : Sebastian Bergmann (Creative Commons By-Sa)




Le YouTube Symphony Orchestra : c’est pas de l’Hadopi, c’est de la musique !

Vincent Boiteau - CC byArrêtons-nous le temps d’une journée de se montrer critique vis-à-vis du YouTube et sa maison-mère Google, pour évoquer, voire célébrer, l’initiative unique au monde que constitue le projet musical du YouTube Symphony Orchestra.

De quoi s’agit-il exactement ?

Il serait carrément abusif d’affirmer que le YouTube Symphony Orchestra est à la musique classique, ce que Linux est à l’informatique, mais il y a un peu de cela dans la mesure où nous avons affaire à un projet collaboratif d’envergure qui n’aurait pu être imaginé avant l’avènement d’Internet.

Petite présentation : « Nous avons contacté des musiciens professionnels, amateurs, de tous âges et tous lieux pour participer au YouTube Symphony Orchestra[1]. Pour auditionner, ils ont envoyé une vidéo dans laquelle ils interprétaient une composition musicale créée spécialement par le célèbre compositeur Tan Dun. Les finalistes sont sélectionnés par un panel composé de représentants des orchestres les plus célèbres au monde et de la communauté YouTube. Les gagnants seront invités à New York en avril 2009 pour participer au sommet du YouTube Symphony Orchestra et jouer au Carnegie Hall sous la direction de Michael Tilson Thomas. »

Nous sommes aujourd’hui à la veille de ce point d’orgue puisque la fameuse représentation aura lieu ce mercredi 15 avril.

Pourquoi avoir choisi d’en parler sur le Framablog, en traduisant ci-dessous un article dédié du Time, alors que certains y voient déjà un projet gadget où l’âme de la musique classique se dissout dans le marketing ?

Parce que comme le dit l’un des protagonistes « le sens de la musique, et peut-être même de la vie, est de créer et de tisser des liens entre les gens ». Nous voici d’un coup d’un seul assez loin du projet de loi Hadopi, non ?

Comment êtes-vous arrivés à Carnegie Hall ?

How Do You Get To Carnegie Hall?

Vivien Schweitzer – 9 avril 2009 – Time
(Traduction Framalang : Balzane)

Hannah Pauline Tarley, violoniste de 17 ans, arbore queue de cheval et sourire face à l’objectif. Elle joue l’ouverture d’un extrait de la Symphonie n°4 de Brahms, dodeline dans une chambre décorée d’autocollants et de posters des Beatles et du San Francisco Symphony Youth Orchestra.

Tarley s’est filmée elle-même dans sa chambre de Cupertino, Californie, à l’aide d’un ordinateur posé en équilibre sur une pile de volumes de l’Encyclopaedia Britannica. Elle est l’une des 3 000 musiciens amateurs et professionnels, originaires de pays allant des Bermudes à l’Azerbaïdjan, qui, en décembre et janvier, ont passé une audition vidéo pour intégrer le YouTube Symphony Orchestra. Cet ensemble singulier, le seul a avoir sélectionné ses membres exclusivement par Internet, fera sa première apparition le 15 avril au Carnegie Hall de New York lors d’un concert dirigé par Michael Tilson Thomas, directeur musical de l’Orchestre symphonique de San Francisco.

Le projet constitue une idée originale de Google. Il ambitionne à la fois d’encourager les communautés en ligne de la musique classique et d’asseoir la réputation de YouTube comme hébergeur de contenus de qualité. Après avoir imaginé le projet fin 2007, Google a contacté des musiciens et des ensembles de premier plan, comme l’Orchestre symphonique de Londres et Tilson Thomas, un pionnier des nouveaux médias dans son travail avec l’Orchestre de San Franscisco et du Nouveau Monde.

« La musique classique est souvent perçue comme un domaine conservateur et parfois même un peu élitiste, » déclare Ed Sanders, directeur marketing chez YouTube. Mais, à l’écouter, la réponse des professionnels du secteur fut résolument positive. Google prend en charge l’ensemble des frais, pour un montant que Sanders ne révèlera pas, y compris les visas et les dépenses de voyage pour les musiciens, originaires de 30 pays.

Les vidéos soumises par les musiciens les montraient en train de jouer des incontournables du répertoire, mais aussi un nouveau morceau composé pour l’occasion : The Internet Symphony No. 1 – « Eroica », de Tan Dun, compositeur de la bande originale du film Tigre et dragon.

Les musiciens des orchestres symphoniques de Londres, Berlin et New-York, entre autres ensembles, ont évalué les clips et sélectionné les 200 finalistes. Les vidéos ont ensuite été diffusées dans une section dédiée de YouTube en février. Les utilisateurs de YouTube pouvaient alors voter pour leurs favoris un peu comme pour la Nouvelle Star. Selon les organisateurs, depuis le lancement de YouTube.com/Symphony en décembre 2008, le site a enregistré selon les organisateurs plus de 14 millions de visites.

Composition d’un orchestre virtuel

Tilson Thomas, qui a validé la sélection finale pour le concert du 15 avril, affirme que le projet est « une façon d’élargir notre propre conception de la musique classique », un point qu’il souligne par un programme éclectique, composé d’œuvres de Bach, Mozart, Brahms, Villa-Lobos, John Cage, Tan Dun et du DJ Mason Bates. Tilson Thomas attend du projet qu’il montre à quel point le classique est essentiel pour des personnes de différents âges, nationalités, expériences et professions. Il espère aussi que les artistes apprendront à utiliser Internet et YouTube pour mieux se mettre en valeur, à l’exemple des écrivains en herbe qui se font connaître par leurs blogs.

Eric Moe, un trompettiste de 35 ans de Spokane dans l’État de Washington, a passé avec succès la sélection. Selon lui, ils est essentiel pour un musicien d’être à l’aise avec la technologie. Moe a filmé son audition dans une église ; il a effectué plusieurs essais avec différents PC portables et webcams avant d’obtenir une vidéo qui le satisfasse. Il compare le processus d’audition de YouTube avec une rencontre en ligne : vous ne savez pas si vous allez effectivement rencontrer la personne, ni comment elle est réellement.

Les gagnants ont déjà eu la chance de faire connaissance… virtuellement ! En plus de son audition, chaque gagnant postait une vidéo de présentation. Vêtue d’un kimono, Maki Takafuji, habitante de Kyoto, joue un court solo de marimba et parle de son éducation musicale. Jim Moffat, joue du cor et travaille en Angleterre dans le marketing technologique ; il se présente sur fond de London Bridge. Nina Perlove, une flûtiste de Cincinnati dans l’Ohio, commence sa vidéo en jouant un « New York, New York » inspiré. David France, violoniste et professeur à l’école de musique des Bermudes, salue ses spectateurs depuis une plage sableuse.

Rachel Hsieh, violoncelliste de 24 ans en master au conservatoire de Peabody, a filmé son audition dans son appartement de Baltimore. Elle considère le YouTube Symphony comme un moyen de toucher une audience plus large que les seuls amateurs de musique : « Beaucoup de personnes visitent YouTube, et ils y vont pour s’amuser. C’est vraiment facile pour eux de cliquer et de voir quelque chose de nouveau ».

Des Beethovens invisibles derrière YouTube

Nos musiciens YouTube vont eux aussi voir leur horizon élargi. Ils vont jouer avec des solistes de premier plan, comme le violoniste Gil Shaham. Le violoncelliste Yo-Yo Ma et le pianiste Lang Lang feront une apparition vidéo. Les musiciens vont répéter leur programme lors d’une rencontre de la musique classique à Carnegie Hall du 12 au 15 avril. Ils ont déjà eu la chance d’étudier le répertoire lors de master-classes en ligne organisées par des professionnels. Maxine Kwok-Adams, violoniste de l’orchestre symphonique de Londres, a ainsi donné quelques précieux conseils pour le morceau de Tan Dun.

Toutes les vidéos soumises dans le cadre de ce travail, objet d’un rare engouement des participants, seront assemblées en un montage diffusé le 15 avril, en parallèle avec le concert. Et le public sera autorisé à filmer le concert à Carnegie Hall. Où retrouver ces clips ? Sur YouTube ! Dans une interview sur le site du YouTube Symphony, Tan s’enthousiasme sur les possibilités offertes par Internet. « Il y a tant de Beethovens invisibles derrière YouTube », affirme-t-il.

Moe pense que « les orchestres doivent être attractifs et gagner de nouvelles audiences ». Pour lui, l’aspect le plus fascinant de l’orchestre YouTube est sa vision de la communauté. « Le sens de la musique, et peut-être même de la vie, est de créer et de tisser des liens entre les gens », dit-il. Chacun se demande si cela va marcher musicalement, mais cela constitue sans aucun doute, comme le relève Moe, « une expérience vraiment amusante ». Et pour les artistes, il n’y a rien à perdre. « Je suis content que quelqu’un règle la facture ! », concède Moe.

Pour les autres participants, certains bénéfices vont bien au-delà de la chance de pouvoir augmenter l’audience de la musique classique. Il y a sept ans, Hannah Tarley, l’adolescente californienne, avait demandé à avoir les oreilles percées. Sa mère lui avait répondu qu’elle lui autoriserait un piercing le jour où elle jouerait au Carnegie Hall. Le chemin passait alors par d’innombrables répétitions, mais le monde est un peu différent aujourd’hui. Hannah a joué, puis envoyé sa vidéo… et la voici au Carnegie Hall.

Notes

[1] Crédit photo : Vincent Boiteau (Creative Commons By)




GroundOS : et si l’Hadopi faisait émerger le web 3.0 ?

Josef Grunig - CC by-saComme vous le savez, la loi Création et Internet a été votée en catimini par 16 gus dans un hémicycle. Je ne reviens pas sur le fait que cette loi pose de nombreux problèmes (démocratiques) et paradoxes (techniques). D’autres s’en sont déjà chargés.

Parmi les des effets de bord, il parait évident que cette loi va pousser l’internaute moyen vers des solutions de sécurisation de ses communications toujours plus poussées. On va voir se multiplier les réseaux chiffrés (bien), sans compter probablement les mails avec des groooosses pièces jointes (pas bien, mais inévitable).

Reste que tant qu’on reste sur du Minitel 2.0, on participe à un système où l’on ne contrôle pas ses propres données. Si je dépose une video sur Youtube, Youtube saura dire qui l’a déposée (adresse IP, email, date et heure précise). Et si je télécharge une vidéo depuis ce même site, non seulement Youtube, mais aussi mon fournisseur d’accès internet, et bientôt la Haute Autorité bidule[1] pourront me tomber sur le dos : « Ha, mon bon Monsieur, vous avez écouté une reprise de Petit Papa Noël par une enfant de 15 ans, ce qui lui aura couté 300 000€ d’amende. Mais vous, passez directement par la case courrier recommandé[2] avant qu’on ne vous coupe votre accès internet. Cela vous met au chômage technique ? Tant pis, fallait pas encourager la subversion et la contrefaçon. ». Bienvenue en Chine à Pionyang au Brésil.

Par contre, si j’héberge moi-même mes données, et si je les partage en les chiffrant, je reprends le contrôle de mes données.

Le problème, c’est que c’est quand même un « truc d’informaticien » de s’héberger soi-même. Si, si. Moi dont c’est le métier, quand je dis aux gens qui veulent quitter Gmail, Hotmail & co : « Prends-toi donc un hébergement à l’APINC ou chez Gandi, pour 15€ par an, tu seras tranquille ». Ce n’est pas le prix qui les arrête, mais le jargon, le nombre de pages de contrat, le fait de saisir un numéro de CB sur le web, etc.

Mais cela pourrait changer[3].

Prenez le buzz du moment : GroundOS.
Pour le dire rapidement, GroundOS est une application web qui vous permet de partager facilement votre musique, vos films, vos photos, vos documents (déposés dans groundOS ou rédigés directement dans groundOS, sur le principe de Google Docs).
En tant que tel, rien de bien nouveau, si ce n’est que ça a l’air particulièrement bien intégré (alors que pour arriver au même résultat aujourd’hui, il faut de nombreuses applications différentes). Et d’ailleurs, GroundOS n’est peut être qu’un « fake », on sera fixé le premier mai, mais peu importe.

En utilisant GroundOS (ou autre application similaire), j’héberge moi même mes données, je les partage avec qui je veux, et je les chiffre si je veux. Et je souhaite bien du courage à l’Hadopi pour savoir si ce qui transite dans mes tuyaux c’est le dernier album de Johnny, ou la vidéo de l’anniversaire de mon petit neveu.

Maintenant, il reste encore un problème : comment Tata Jeannine va-t-elle pouvoir utiliser GroundOS ? Certes, elle pourrait utiliser la version installée par son entreprise, par l’école de sa fille, ou par l’association du coin. Mais c’est remettre de la centralisation là où l’on veut décentraliser.
Elle pourrait aussi l’utiliser sous forme d’une WebApp ( de préférence made by Framasoft). Mais à l’extinction de son ordinateur, ce serait fermer le partage de données.

Reste une voie intéressante : celle des boxes internet.
Par exemple, on estime le nombre d’abonnés ADSL de Free à 3 500 000. Une grande partie d’entre eux ont une Freebox équipée d’un disque dur (qui sert notamment de magnétoscope). Imaginons que Free livre ses Freebox prééquipées d’un GroundOS (qu’on ne me dise pas qu’installer un serveur web sur des box internet est impossible). Pour le même prix, Tata Jeannine aurait : (Internet+téléphone+TV) + « son petit coin d’internet à elle ». Accessible facilement (tatajeannine.free.fr) 24h/24, 365 jours par an.

Évidemment, cela soulève des questions, notamment en terme de sécurité. Se faire hacker sa connexion internet, ce serait potentiellement donner accès à toute votre vie numérique. En terme technique, le premier geek poilu venu me rétorquera « en terme de QOS on a vu mieux », que le « MTBF des HDD des boxes c’est pas top », que « Free sapusaipalibre », que « le A de ADSL limite les usages », voire qu’il fait ça (de l’autohébergement) « depuis 6 ans avec un vieux 486 sous Debian planqué sous l’évier ».

Mais quand même. Là il s’agit de Tata Jeannine ! Et juste d’activer une fonctionnalité qui lui permettrait de partager facilement ses photos, d’écouter sa musique (achetée légalement) d’où qu’elle soit, de pouvoir blogguer sans pub sans craindre le dépôt de bilan de l’hébergeur, de pouvoir regarder la fin du film qu’elle a enregistré sur sa box à Lyon depuis sa maison de campagne à Sainte-Ménehould, de pouvoir stocker tout ou partie de son courrier sur sa MachinBox internet (plutôt qu’on ne sait où sur le web). Bref, d’avoir un petit bout d’internet comme on a un petit bout de jardin, plutôt que d’aller systématiquement au parc du coin. Et tout ça depuis son Firefox préféré.

Après l’ère de la diffusion de l’information, après celle de la participation, peut être allons nous vers celle de la décentralisation ?

Ou, autrement formulé, « et si on redonnait internet aux internautes ? »

Notes

[1] C’est à dire Vivendi & co – qui nous aura plus ou moins forcé à installer leur logiciel espion puisque si je refuse d’être observé en permanence, c’est donc que je suis coupable !

[2] Ben oui, je ne lis pas les mails de mon FAI.

[3] Crédit photo : Josef Grunig (Creative Commons By-Sa)




Libre.fm deviendra-t-il le Last.fm (ou le Deezer) de la musique libre ?

Aloshbennett - CC byDeezer, Last.fm… sont des services en ligne autour de la musique très appréciés des internautes. Ils sont souvent rangés dans la catégorie « web 2.0 » dans la mesure où la richesse des sites provient avant tout du contenu généré par les utilisateurs.

Leur modèle économique est en construction mais généralement il s’agit d’offrir au départ la complète gratuité pour faire venir un maximum de monde et se rémunérer avec la publicité, sachant de plus qu’ils doivent composer avec les ayant-droits de la musique qu’ils proposent en streaming[1].

Le problème c’est qu’en situation de crise économique, la publicité rapporte moins et les ayant-droits sont plus exigeants. Du coup on a vu tout récemment Last.fm changer de politique pour annoncer que désormais il en couterait 3 € par mois aux utilisateurs hors de la zone USA, Angleterre, Allemagne (où l’audience et les négociations avec les ayant-droits garantissent, mais pour combien de temps encore, la gratuité). Il est d’ailleurs amusant de voir les français crier à l’injustice, trop habitués que nous sommes à bénéficier de tous ces services « gratuits » sur Internet. Détruire ce mythe de la gratuité permettrait assurément de faire avancer la cause du Libre…

Justement à propos de Libre. N’y a-t-il pas moyen de procéder autrement ?

On pourrait par exemple libérer le code, permettant ainsi de travailler collectivement en confiance à l’amélioration de la plate-forme tout en offrant à chacun la possibilité d’installer son « Last.fm libre » sur son propre serveur. On pourrait ne s’occuper que des artistes sous licence libre et mettant l’accent sur le format ouvert Ogg Vorbis. La question de la gratuité et des ayant-droits se poserait complètement différemment (en fait elle ne se poserait même pas). Il faudrait alors bien entendu faire le deuil de tous les artistes qui ne sont pas sous licence libre (ce qui en fait tout de même un bon paquet) mais après l’épisode Hadopi je ne serais pas étonné de voir de plus en plus de monde se rabattre presque exclusivement sur du Jamendo ou du Dogmazic.

On pourrait, on pourrait… Quittons le conditionnel parce que, cela tombe bien, c’est justement le modèle choisi par le projet Libre.fm. Encore en phase de test, il sortira très bientôt mais à lire la présentation ci-dessous il semble plus que prometteur.

Un topo rapide sur Libre.fm

A quick interview about Libre.fm

Mattl – 2 avril 2009 – Libre.fm Ideas Wiki
(Traduction Framalang : Don Rico)

Je suis en train d’écrire un article sur Libre.fm, en espérant qu’il permettra de promouvoir le projet et de diffuser la nouvelle. Je me demandais si tu pouvais me décrire rapidement les raisons qui t’ont poussé à te lancer dans ce projet et/ou quel est le but de la manœuvre ? Pas besoin d’écrire un roman, quelques lignes à insérer dans mon texte, ce serait déjà excellent. Je sais que tu dois être pas mal débordé, alors pas de souci si tu n’as pas le temps, mais je préférais demander au cas où. 🙂

Pas de problème.

L’idée de créer Libre.fm m’est venue alors que je fermais mes comptes pour des services tels que Facebook, MySpace, LinkedIn, etc. Il m’est apparu que je pouvais mettre en place une solution de remplacement libre à Last.fm – un service que beaucoup de monde utilise.

Last.fm, en fait, c’est la combinaison de deux éléments. Audioscrobbler, qui récupère vos données depuis des programmes tels que Rhythmbox ou Amarok, et Last.fm, qui propose des radio en streaming et de la musique au téléchargement.

Pour l’heure, Libre.fm espère fournir une solution de remplacement pour ceux qui souhaitent archiver leurs habitudes d’écoute, en implémentant l’API Audioscrobbler (qui semble être complètement ouverte) et des clients modifiés pour différentes plateformes.

Le but à plus long terme est en lien direct avec mes autres centres d’intérêt, tels que la Free Culture, la promotion et l’enregistrement de musique d’artistes issus de la Free Culture. Sur Libre.fm, ce seront ces artistes qu’on pourra télécharger, mais des membres de la communauté s’emploieront à convaincre d’autres groupes de distribuer des morceaux sous une licence libre, telle que la licence Creative Commons By-Sa, de sorte qu’on puisse les proposer sur le site. La promo gratuite ne peut faire de mal à aucun groupe – nous ajouterons peut-être une boutique de musique en ligne où nous vendrons des téléchargements de musique libre. Les morceaux seront au format Ogg Vorbis.

Le Ogg Vorbis, ce n’est peut-être pas ce à quoi les gens s’attendront, vu que les services similaires penchent en général pour des formats du genre MP3, mais à mes yeux il s’agit d’un moyen formidable de promouvoir l’utilisation du Ogg Vorbis. Plus tard, nous intégrerons peut-être aussi des clips vidéo au format Theora.

En plus de tout ça, beaucoup de monde semble avoir envie de développer des trucs sympas autour de Libre.fm – ça va des gars qui font dans le Web sémantique au W3C à ceux qui voudraient que soient pris en charge Laconi.ca et XMPP.

Bien sûr, le succès du projet dépendra de la motivation de chacun. J’espère en tout cas que des tas de gens vont bidouiller pour le faire avancer – je réfléchis toujours pour savoir si on doit utiliser Subversion ou un quelque chose comme Git pour le code. Pour l’heure, je pencherais plutôt pour Git, en partie parce que j’ai envie d’apprendre à m’en servir, et aussi parce que ça me paraît plus adapté pour la construction de ce genre d’outil. Mais qui sait… si ça se trouve je vais me dégonfler et revenir à SVN.

Ce projet a reçu un accueil dingue… moins d’une demi heure après que j’ai annoncé mon désir de le poursuivre, j’ai reçu des dons pour l’achat du nom de domaine, j’ai monté vite fait un site Internet, et je suis parti au cinoche. À mon retour, ma boîte mail débordait de messages de gens qui me faisaient part d’idées et me témoignaient leur soutien.

J’encourage tout le monde à nous rejoindre et à nous filer un coup de main – je veux tout essayer pour que ça fonctionne. Bradley, Mike et Evan d’autonomo.us m’ont déjà fait des suggestions et donné des pistes pour des wikis et des bug trackers. J’ai établi une feuille de route sur le wiki, que les participants peuvent aller voir, fouiller et modifier.

Comme d’habitude, les retours sont les bienvenus. Qu’on me les envoie par tous les canaux possibles : IRC, sur le canal #libre.fm sur Freenode, via identi.ca/mattl, sur le wiki ou par courriel.

Notes

[1] Crédit photo : Aloshbennett (Creative Commons By)




Quand l’Allemagne offre 350 000 photos à Wikipédia

Eugen Nosko - Deutsche Fotothek - CC by-saPrésenter les choses ainsi est sujet à caution, mais pendant qu’en France on met en place l’Hadopi, de l’autres côté du Rhin on participe aux biens communs.

En effet après le don de 100 000 images, sous licence libre Creative Commons By-Sa, des Archives Fédérales Allemandes en décembre dernier, c’est au tour de la Bibliothèque Universitaire et Fédérale du territoire de Saxe d’en faire de même en offrant un fond de 250 000 photographies à Wikimedia Commons[1], la médiathèque en ligne de tous les projets Wikimedia (dont Wikipédia).

Question d’état d’esprit sans doute…

Une donation de 250 000 images à la communauté

250,000 Images Donated to the Commons

Michelle Thorne – 2 avril 2009 – Creative Commons Blog
(Traduction Framalang : Poupoul2 et Xavier)

Comme nous ne souhaitions pas que le 1er avril éclipse cette annonce, c’est aujourd’hui que nous vous informons du don récent de 250 000 images données au petit frère de Wikipedia, Wikimedia.

Ces images font partie de la Collection Photo Allemande de la Bibliothèque Universitaire et Fédérale du territoire de Saxe. Elles sont en cours de traitement, accompagnées des légendes et metadata correspondantes. Des volontaires se chargeront alors d’assurer le lien entre ces photos, toutes disponibles sous la déclinaison allemande de la licence Creative Commons BY-SA 3.0 ou dans le domaine public, avec les données d’identification et les articles pertinents de Wikipedia. Cette collection représente des scènes de l’Histoire de l’Allemagne et des scènes de vie quotidienne.

En cadeau pour la bibliothèque bienfaitrice, les metadata fournies par la Collection Photo Allemande seront enrichies et annotées par les utilisateurs de Wikipedia puis reversées dans la base de données de la collection.

Cette donation marque la première étape dans la collaboration entre la Bibliothèque Universitaire et Fédérale et Wikimedia Allemagne e.V., section pionnière de Wikimedia, qui a rendu possible, en décembre dernier, un don similaire de 100 000 images par les Archives Fédérales Allemandes.

Notes

[1] Crédit photo : Eugen Nosko – Deutsche Fotothek (Creative Commons By-Sa)




Doit-on vendre son âme pour télécharger de la musique ?

Littledan77 - CC byVoilà. Le projet de loi Création et Internet a été adopté hier. Mais c’est une véritable victoire à la Pyrrhus pour le gouvernement et ceux qui l’ont soutenu.

Il existait déjà une fracture numérique sociale, il y aura désormais une fracture numérique « sociétale » profonde et durable entre ceux qui ont soutenu le projet de loi et ceux qui s’y sont opposés[1].

De quel coté se trouve notre ami Cory Doctorow, dont nos vous proposons ci-dessous une nouvelle et intéressante traduction ?

Connaître par avance la réponse ne vous dispense nullement de la lecture 😉

On ne devrait pas être obligé de vendre son âme pour télécharger de la musique

You shouldn’t have to sell your soul just to download some music

Cory Doctorow – 26 février 2009 – The Guardian
(Traduction Framalang : Poupoul2, Yonnel et Don Rico)

Les activités délimitées par les accords de licence de téléchargement vont du ridicule au douteux.

Voici l’accord de licence le plus court, le plus juste et le plus simple qui puisse exister : « N’enfreignez pas le droit d’auteur ». Si cela ne tenait qu’à moi, chaque œuvre numérique proposée au téléchargement, qu’il s’agisse de musique sur iTunes ou sur la plateforme de vente de MP3 d’Amazon, de livres électroniques pour le Kindle et le Reader de Sony, ou encore de jeux pour une console, porterait cette mention – et cette mention seule – en guise d’accord de licence.

« N’enfreignez pas le droit d’auteur » est une mention qui présente de nombreux avantages, mais son meilleur atout, c’est ce qu’elle explique à l’acheteur, à savoir : « On ne va pas vous entuber ».

La guerre du copyright a parfois eu de drôles de conséquences, mais la plus loufoque, à mon sens, a été la campagne menée par l’industrie du disque afin que l’on éduque davantage la population au problème de copyright sous prétexte que les jeunes gens grandissaient sans la sensibilité morale nécessaire pour devenir des citoyens responsables.

Les mêmes entreprises qui depuis des décennies expliquaient aux législateurs qu’ils ne voulaient surtout pas être les gardiens de la morale des jeunes – et qu’on ne pouvait les juger responsables de la culture « sex, drugs & rock’n’roll », du gangsta-rap et des raves où abondait la drogue – ont opéré un virage à 180 degrés et se sont mises à dénoncer à qui mieux mieux l’influence néfaste du téléchargement sur nos chères têtes blondes.

Bon, ils n’avaient pas tout faux : le fait que les ados – et un paquet d’adultes — ne voient pas de mal à mettre à genoux les maisons de disques est certainement une mauvaise nouvelle pour les maisons de disques. Aux débuts de Napster, voici quel était le sentiment général : les maisons de disques méritaient de crever pour nous avoir imposé leurs boys-bands en boîte, pour avoir cessé de vendre des singles, saccagé le catalogue, s’être entendu sur la fixation du prix des CDs, et enfin pour les contrats notoirement scandaleux qu’ils faisaient signer aux artistes.

Puis vinrent les DRM, les procès (d’abord contre ceux qui fournissaient les outils, tel Napster, puis contre des dizaines de milliers d’amateurs de musique), puis l’utilisation de programmes malveillants pour combattre la copie, le vote de lois inéquitables, la destruction des radios Internet. Petit à petit, les maisons de disque ont rendu légitimes les attaques à leur encontre (les studios de cinéma, les diffuseurs, les éditeurs de livres électroniques et les entreprises de jeux vidéo n’étaient pas en reste). À mesure qu’ils luttaient pour la défense du copyright, démolir l’industrie du divertissement devenait de plus en plus tentant.

Dix ans plus tard, l’industrie du disque a finalement repris la production de singles, et il semblerait qu’on soit revenu à un semblant de concurrence pour les prix (les contrats imposés aux artistes et l’existence de boys-bands figurent toujours dans la colonne des points négatifs, bien sûr). Ils se sont même débarrassés des DRM pour la majorité des ventes de musique, et le catalogue est bien plus fourni qu’à l’époque on l’on achetait sa musique dans un magasin de disques.

Et voilà ce qu’on nous serine, à présent : « Vous avez eu ce que vous vouliez, vous nous avez mis à genoux. Arrêtez donc de nous dépouiller et recommencez à acheter de la musique… c’est un marché équitable ». Mais il suffit d’étudier leur discours de plus près pour se rendre compte de ce qu’il cache : encore un appât pour nous attirer dans un autre piège.

Le piège, c’est cette saleté d’accord utilisateur. Dans les quelques magasins de disques qui restent, il n’y aucun employé posté à côté de la caisse pour déclamer « En achetant ce support musical, vous acceptez les termes et conditions suivantes », avant de déballer une liste interminable de droits auxquels vous renoncez pour avoir eu la témérité de payer la musique que vous écoutez au lieu de la télécharger.

Si leur laïus pour le téléchargement évoque « un accord équitable », alors cet accord doit l’être vraiment. Les activités circonscrites par ces accords de licence vont du ridicule au douteux, alors que toute personne sensée pourrait à mon sens estimer qu’il n’est pas équitable de vendre ou de louer sa collection de musique numérique.

Mais il n’appartient pas à l’industrie du divertissement de me dire ce que sont ou pas des conditions de vente équitables pour mes téléchargements. Si prêter un MP3 devait être illégal, qu’ils fassent voter une loi en ce sens (apparemment, ils sont très doués pour cela – le fait qu’ils n’y soient pas encore parvenu en dit long sur l’aspect aberrant de la proposition). L’accord de licence inéquitable et arbitraire tapi derrière la mention « Cochez cette case pour indiquer que vous avez lu et accepté nos termes de service » représente une vision du processus d’achat d’industriels qui prennent leurs désirs pour des réalités (voire qui se bercent d’illusions).

Si l’on veut nous rebattre les oreilles qu’il s’agit « d’un accord équitable », alors le CLUF devrait être le suivant : « Vous êtes autorisé à faire ce que bon vous semble de ce produit, à la seule condition de ne pas enfreindre la loi ».

Non pas « Toi qui achètes ici, abandonne tout espoir » (NdT : Référence à la Divine comédie de Dante).

Notes

[1] Crédit photo : Littledan77 (Creative Commons By)




Et pourquoi pas aussi l’Open Money ?

Jessica Shannon - CC by-saCela demande analyse et précision au cas par cas mais on ne peut que constater que « l’état d’esprit du logiciel libre » est en train de s’infiltrer un peu partout actuellement. Et si le très sérieux journal britannique The Guardian posait récemment la question de la construction d’un monde Open Source il doit bien y avoir une raison.

Dans la sphère anglophone cela se traduit en effet par la multiplication des expressions précédées de l’adjectif « Open ». Les idées véhiculées ne sont pas forcément neuves ni originales mais elle retrouvent force et vigueur à l’heure du numérique, en s’inspirant toutes plus ou moins directement de la matrice Open Source.

Ce qui donne, et j’en oublie certainement, Open Hardware, Open Format, Open Data, Open ID, ou encore Open Politics, Open Gouvernance, et puis également Open Content, Open Knowledge, Open Research, Open Education (dont le très prometteur dérivé Open Educational Resources), sans oublier, cela va de soi, le champ culturel avec par exemple ses Open Music et Open Movie.

Et si la lecture de cette longue liste vous a donné soif, nous vous suggérons Open Cola ou, avec modération, Open Beer 😉

Tout comme Wikipédia dont sont issus l’ensemble des liens précédents, ces jeunes expressions ne sont pas figées. Elles sont en construction et susceptibles de fortement évoluer avec le temps. Mais mises en commun cela donne du sens et témoigne indéniablement que quelque chose d’intéressant est en train de se produire.

L’Histoire nous dira ce qui émergera exactement de cette effervescence. Certains voudraient déjà remplacer un modèle par un autre. Nous n’en sommes pas encore là mais il y a peut-être déjà un acquis : celui d’introduire une perturbation dans de nombreux systèmes dont nous ne nous étions pas toujours rendus compte qu’ils s’étaient avec le temps souvent refermés sur eux-même en laissant à l’économie et à l’argent une trop large place.

L’argent[1], justement, tiens, parlons-en ! Dans ce contexte-là pourquoi ne pas en profiter pour le mettre lui aussi sur la sellette ? Ne peut-on pas quelque part le considérer en l’état comme propriétaire ? Quelques hurluberlus ont donc osé s’attaquer de front au tabou pour créer une nouvelle expression à ajouter au corpus : « l’Open Money ».

C’est la traduction d’un vieux document que nous vous proposons ci-dessous pour alimenter le débat. Vous jugerez peut-être ce manifeste naïf, utopique et irréalisable, mais GNU/Linux, Wikipédia ou Creative Commons n’étaient-ils pas eux aussi des projets impossibles ?

Ce n’est qu’un simple exemple mais ne vous arrive-t-il pas de rêver à des alternatives à PayPal, carte de crédit et grosse ponction au passage, lorsque vous souhaitez faire un simple don à un logiciel libre sur Internet ? Pourquoi est-ce si compliqué, alors même que l’argent se dématérialise ? Et dois-je vous faire l’affront d’évoquer la crise globale que nous subissons aujourd’hui avec fatalisme, venue d’on ne sait où si ce n’est d’un monde financier devenu légèrement dément ?

Une folie en vaut bien une autre. Alors pourquoi ne pas tenter ensemble de lentement mais sûrement organiser différemment les échanges, la richesse, l’argent, les banques… en privilégiant cette fois-ci l’humain et le bien commun ?

Vous trouverez en fin d’article, une première liste de liens connexes autour du sujet (que nous vous invitons à compléter dans les commentaires). Nous vous proposons également en pièce-jointe la page du dossier « Sortie de crise : l’enjeu vital de la création de la monnaie » du journal Vendredi, qui a eu la bonne idée de reprendre ce billet dans son édition du 10 avril 2009.

Le manifeste de la monnaie libre

Open money manifesto

Michael Linton – 2001 – OpenMoney.info
(Traduction Framalang : Claude, Don Rico et Poupoul2)

Les problèmes dûs à l’argent proviennent entièrement du traitement de la monnaie conventionnelle : elle est créée par des banques centrales en quantité limitée. Il y a trois choses que nous savons sur cet argent. Nous savons ce qu’il fait : il va et il vient. Nous savons ce qu’il est : rare et difficile à obtenir. Et nous savons d’où il vient : il vient d’eux, pas de nous.

Ces trois caractéristiques, communes à toutes les monnaies nationales, font que l’on doit constamment lutter pour partager un bout du truc qui fait tourner le monde. Cet argent peut aller n’importe où, ce qu’il fait inévitablement, laissant la communauté démunie de son moyen d’échange.

C’est tout simplement dans la nature de la monnaie conventionnelle de créer, par ses allées et venues, les conditions de compétition et de rareté à l’intérieur des communautés ou entre elles.

Ainsi devons-nous courir après l’argent pour survivre, obligés de combattre pour lui, souvent durement. Tentés d’avoir le plus pour le moins, nous cherchons les meilleures affaires en tant qu’individus, entreprises, associations caritatives, gouvernements ou nations.

Telle société, telle génération : il semble que nous soyons déterminés à tout avoir, quelques soient les conséquences de nos excès et négligences sur les autres, maintenant et dans le futur.

Nous dépendons de cet argent, en n’ayant guère de choix et malgré ses défauts évidents. Certains ont peu ou rien, ne pouvant trouver le nécessaire pour vivre dans ce monde. D’autres en ont une quantité énorme sans, pour autant, que cela soit bénéfique pour eux et pour le monde.

Et tout cela, à propos de quoi ? Un argent rare qui court dans toutes les directions mais venant d’eux. Leur argent arrive avec de nombreux problèmes.

  • Le problème de la bonne quantité de monnaie en circulation ? Personne ne parait savoir comment garder un équilibre entre trop et pas assez.
  • Le problème de la distribution : où est-il ? qui le possède et qui n’en a pas ? Est il là où nécessaire ? Certainement pas.
  • Le problème du coût: coût de la création et de la sécurité, des opérations et de la comptabilité, le coût des intérêts, le coût des tribunaux.

Mais avant tout, et impossible à chiffrer, notre conduite monétaire dirigée a des effets absolument dévastateurs sur notre société et l’environnement mondial.

C’est la mauvaise nouvelle que vous deviez probablement déjà connaître. Maintenant, voici la bonne nouvelle: tous ces problèmes peuvent être résolus avec une monnaie mieux conçue.

L’argent n’est qu’une information, une façon de mesurer ce que nous échangeons, il n’a pas de valeur en lui même. Et nous pouvons en fabriquer nous-même en complément de la monnaie conventionnelle. Ce n’est qu’une question de conception.

Il n’y a aucune raison valable, pour une communauté, de rester sans argent . Être à cours d’argent quand il y a du travail à faire, revient à ne pas avoir assez de centimètres pour construire une maison. Nous avons le matériel, les outils, l’espace, le temps, la technique et l’envie de construire… mais nous n’avons pas de centimètres aujourd’hui ? Pourquoi être à cours de centimètres ? pourquoi être à court de monnaie ?

Les monnaies libres sont virtuelles et personnelles. Chaque communauté, réseau ou entreprise peut créer son propre argent libre. libre comme dans liberté d’expression, radical libre, librement disponible mais pas gratuit comme dans déjeuner gratuit ou tour gratuit. Vous ne l’avez pas pour rien. (NdT : Le classique problème de traduction en anglais de l’adjectif free)

La monnaie libre doit être méritée pour être respectée. Quand vous l’émettez, vous êtes obligé de l’honorer. Votre monnaie est votre parole : une question de réputation dans votre communauté.

La monnaie libre est une monnaie plate (NdT : ou neutre pour flat). Elle ne confère aucun pouvoir à l’un sur l’autre, on ne fait qu’un avec l’autre. Pas de problème d’exploitation, quand vous possédez votre propre monnaie, vous ne pouvez pas être acheté ou vendu facilement. Vous pouvez choisir ce que vous voulez faire pour gagner votre argent. Il n’y a pas de monopole, tous les systèmes co-existent dans le même espace. Plus plate que plate, la monnaie libre est super plate.

La monnaie libre est virtuelle et infinie. Les objets physiques existent dans l’espace et le temps (ce qui les rend limités), en nombre, en masse, en lieu et place. Les objets virtuels n’existent pas et n’ont pas a respecter de telles limites.

Tout est possible dans l’espace de la monnaie virtuelle, sous toutes les formes. Il n’est question que de mettre au point un système de notation pour ceux qui consentiraient à l’utiliser : l’argent n’est qu’un accord social.

Bien entendu, un système ne marchera en tant que monnaie que s’il est bien conçu. Un système de notation que personne ne veut utiliser n’est pas une monnaie valable. Aussi, bien qu’aucune limite aux monnaies ne puisse être pensée, toutes ne vont pas fonctionner.

C’est nous qui créerons la nouvelle monnaie qui fonctionnera, en quantité suffisante pour satisfaire nos besoins, et dans un contexte ouvert afin que chacun puisse contribuer et être reconnu. La monnaie libre circulera dans les réseaux et communautés qu’elle sert, complètement légale et virtuellement libre, par conception.

Nous pensons que les problèmes venant de la monnaie conventionnelle peuvent être résolus avec un système de monnaie libre.

  • Où la monnaie conventionnelle est rare et chère, la nouvelle monnaie existe en quantité suffisante et est libre.
  • Où la monnaie conventionnelle est créée par des banques centrales, la nouvelle monnaie vient de nous, comme des promesses de rachat : notre monnaie est notre parole.
  • Où la monnaie conventionnelle se propage avec inconstance, dans et hors de nos communautés, créant des dépendances nuisibles à l’économie, la société et la nature, la nouvelle monnaie complémentaire circule en permanence, encourageant le commerce et les échanges.

Donc, réglons le problème de l’argent et, pour les autres dangers menaçant notre monde, voyons ce qu’il adviendra.

Imaginons simplement…

  • Imaginons avoir l’argent nécessaire pour subvenir à tous nos besoins.
  • Imaginons une société et une économie fonctionnant sans les problèmes monétaires courants de pauvreté, d’exploitation, de sans-abris, de chômage, de peur et d’angoisse.
  • Imaginons un monde où chacun pourrait travailler et payer, travailler et jouer.
  • Imaginons un air sain, une eau et une nourriture saine pour tout le monde.
  • Imaginons une société humaine vivant en équilibre avec l’environnement.

Trop beau pour être vrai ? Ou peut être pas ? Peut-être cela mérite-t-il d’être vérifié ?

Ce sont nos convictions à propos de monnaie libre, nos idées de développement d’un système de monnaie libre, et notre intention d’agir maintenant pour mettre en œuvre nos convictions…nous vous invitons à adhérer.

Cette déclaration ne s’adresse pas à tel individu ou tel organisme. Les déclarations n’appartiennent pas à une personne ou une entité et ne sont en rien prévues pour servir les intérêts particuliers d’un individu ou d’une organisation.

Le but du manifeste de la monnaie libre s’auto-détermine : il est inhérent à son contenu.

  • Il n’est pas négocié, personne ne vote pour lui.
  • Il n’est ni une question d’opinion ni une proposition politique.
  • Sa validité est basée sur le sens interne créé et le sens externe généré…

Les concepts de monnaie libre n’appartiennent à personne.

Le manifeste est une série ouverte d’idées : les concepts sont là pour être étendus, développés, affinés. Nous vous invitons à adhérer.

Le manifeste est un document actif.

  • C’est un constat de preuves vérifiables : il y a des problèmes avec l’argent.
  • C’est une question de conception : les problèmes lié à l’argent peuvent être réglés facilement.
  • C’est une déclaration d’intention : Nous sommes en train de les régler.

Amagill - CC by

Quelques liens connexes

A l’heure de la crise, le mouvement open-money propose une approche au moins aussi stimulante de l’économie que l’open-source l’est pour le monde du logiciel. L’open money, c’est la libération des moyens de paiement. Nos monnaies actuelles sont en effet en un sens des systèmes propriétaires : l’euro et le dollar sont gérés par des banques centrales qui décident de leur mode d’émission tout en se faisant rémunérer pour leur mise à disposition aux banques commerciales. Ces dernières redistribuent ces liquidités (avec effet de levier grâce aux mécanismes de l’argent scriptural et des taux de réserves obligatoires) aux agents économiques. Deux agents économiques voulant commercer avec de l’euro ou du dollar doivent donc nécessairement faire appel à un système commercial extérieur sur lequel ils n’ont aucun contrôle.

(…) Le système monétaire classique est donc bel et bien verrouillé comme l’est, dans un autre genre, un logiciel propriétaire. Partant de ce constat, l’open money reprend l’héritage des LETS (Local Exchange Trading Systems, en français SEL pour Systèmes d’échanges locaux) pour proposer des circuits monétaires alternatifs libres : il s’agit d’implanter au sein d’une communauté donnée une ou plusieurs monnaies que les membres gèrent directement. Les échanges entre membres ne sont dès lors plus soumis à des conditions extérieures à la communauté telle que la quantité et la qualité de la monnaie en circulation.

Vous avez déjà joué au Monopoly, n’est-ce pas, avec des joueurs et une banque ? Si la banque ne donne pas d’argent, le jeu s’arrête, même si vous possédez des maisons. On peut entrer en pauvreté, non par manque de richesse, mais par manque d’outil de transaction, de monnaie. Dans le monde d’aujourd’hui, 90% des personnes, des entreprises et même des États sont en manque de moyens d’échange, non qu’ils soient pauvres dans l’absolu (ils ont du temps, des compétences, souvent des matières premières), mais par absence de monnaie. Pourquoi ? Parce que, comme dans le Monopoly, leur seule monnaie dépend d’une source extérieure, qui va en injecter ou pas. Il n’y a pas autonomie monétaire des écosystèmes.

Souvent réduit à son aspect médiatique, le cinquième pouvoir est en fait une force de décentralisation : médiatique, énergétique, alimentaire… et aussi monétaire comme l’explique Jean-François dans cette vidéo enregistrée en annonce de la conférence qui se déroule sur le sujet à Mexico.

Le passage des monnaies uniques, c’est-à-dire de l’économie propriétaire et centralisée, à l’économie diverse et ouverte pourrait valoir un prix Nobel. Mais comme les autres transitions en cours, elle n’est pas l’œuvre d’une personne mais d’une multitude d’acteurs. Comme les nouveaux médias, les nouvelles monnaies existent déjà. Dans les jeux vidéo, partout sur les services d’échange en ligne, dans nos vies lorsque nous rendons services à un ami qui nous rend plus tard service…

La réappropriation de nos existences passe aussi par la réappropriation des monnaies d’échange. C’est possible à l’âge numérique. Avec ces nouvelles monnaies, la notion de croissance vole en éclat. Nous passons de l’autre côté.

Tous nos échanges ne se fondent pas sur l’argent ni sur la valeur monétaire de ce que nous échangeons, expliquent les auteurs du forum. En échange d’une photo qu’on offre à la communauté Flickr, nous n’attendons pas nécessairement de l’argent en retour, mais plutôt un sentiment d’appartenance à une communauté, une visibilité, le plaisir de faire plaisir à ceux avec qui on l’a partage… Ce type d’échanges non monétaires n’a rien de nouveau, mais la question est de savoir si nos outils numériques peuvent favoriser leur renouveau ?

(…) A une époque où nous allons vers une monnaie virtuelle, le coût marginal d’introduire de nouvelles monnaies se rapproche de zéro, explique le consultant et éditorialiste David Birch, organisateur du Digital Money Forum britannique, d’où la probabilité qu’elles se démultiplient. Dans un scénario post-monétaire, quels autres types de biens et de services pourrions-nous échanger ? Comment persuader les gens de rejoindre votre économie alternative ? Comment expliquer ses bénéfices aux autres ?

Dans son livre « The Future of Money », Lietaer fait remarquer – comme l’a fait hier le gouvernement britannique – que dans des situations comme celle que nous connaissons actuellement tout s’arrête brusquement à cause de la pénurie de liquidités. Mais il explique également qu’il n’y a aucune raison pour que cet argent doive prendre la forme de la livre sterling ou qu’il soit émis par les banques. L’argent ne consiste qu’à « un accord au sein de la communauté d’utiliser quelque chose comme moyen d’échange ». Ce moyen d’échange pourrait être n’importe quoi, du moment que tous ceux qui l’utilisent ont la certitude que tous les autres en reconnaîtront la valeur. Durant la Grande Dépression, des entreprises aux Etats-Unis ont émis des queues de lapins, des coquillages et des disques de bois comme monnaie, de même que toutes sortes de bons de papier et de jetons de bois.

Une monnaie libre consiste en un ensemble de règles et processus qui définissent l’émission, l’évolution, la circulation et la consommation d’une monnaie ouverte, suffisante, décentralisée, peer-to-peer et démocratique. Elle appartient au domaine public tout comme les logiciels ou les productions intellectuelles du logiciel libre. Elle est conçue, développée, testée, documentée et mise en circulation de manière collaborative, chacune de ses parties pouvant être transformée et améliorée par quiconque. Les monnaies libres sont désignées sous le terme d’Open Money en anglais, suivant les travaux de Michael Linton et Ernie Yacub à l’origine de cette vision.

Notes

[1] Crédit photos : Jessica Shannon (Creative Commons By-Sa) – AMagill (Creative Commons By)




Luc Viatour – Photographe

Luc Viatour - CC by-saJe ne me souviens plus pourquoi je suis tombé, il y a quelques jours de cela, sur le site du bruxellois Luc Viatour. Était-ce à cause de GIMP ? de la qualité de ces photographies ? des licences libres de ces mêmes images ? de son implication dans Wikipédia ?

Toujours est-il que j’ai eu envie d’entrer en contact avec lui pour lui proposer une courte interview par mail interposé. Et comme vous pouvez vous en rendre compte ci-dessous, il a fort gentiment accepté 😉

Entretien avec Luc Viatour

Bonjour, pourriez-vous vous présenter en quelques mots. On trouve la mention « photographe » sur votre site. En avez-vous fait votre métier ?

Je suis Belge, IT Manager pour une société d’édition. Plus spécialisé dans l’IT pré-presse et impression. Je suis aussi partiellement photographe[1] salarié pour cette entreprise.

Sur votre page utilisateur de Wikipédia, on peut lire « Passionné par les logiciels libres utilisateur de GNU/Linux avec la distribution Ubuntu ». Pourriez-vous nous en dire plus ?

Luc Viatour - CC by-saJ’ai découvert Linux en 1999 suite à des problèmes avec des serveurs Windows. Cela ma intéressé et j’ai rejoint un groupe d’utilisateurs de Linux Belge le BxLUG.

J’ai donc rapidement passé les serveurs du boulot sous Linux Debian. La suite en 2000/2001 je suis passé sous Debian pour mon ordinateur personnel. Rapidement les 3/4 des postes clients au boulot sont passé sous Linux. Nous somme maintenant à 90% sous Linux (Ubuntu pour les clients et Debian pour les serveurs). Je n’envisage même plus autre chose personnellement. Le plus dur pour moi ce fut le passage après plusieurs années de Photoshop à GIMP.

Est-ce que c’est cette passion pour les logiciels libres qui vous a incité à placer vos images sous licence libre ?

Oui l’idée du partage libre m’a séduit doucement…

Que pensez-vous de la pétition « Sauvons la photographie : Pour que la création visuelle continue d’exister et que les Auteurs Photographes puissent continuer à produire des photographies » ? Ne participe-t-elle du même mouvement de crainte et de repli qui caractérise actuellement l’industrie du disque et du cinéma ?

Luc Viatour - CC by-saUn photographe au début de la photographie était un artisan qui vendait un service. Il passait dans les rues faire des photos des passants et vendait son travail pas des droits d’auteur. Je suis pour des images libres qui servent à faire connaître son travail et une rémunération pour un service ou une commande.

Je pense que les droits d’auteurs deviennent invivables, je râle tous les jours de ne pas pouvoir faire des photo d’un bâtiment et les publier car l’architecte n’est pas mort depuis plus de 50 ans alors que c’est un lieu publique et que souvent le bâtiment en question est réalisé avec l’argent public ! Exemple connu en Belgique avec l’Atomium !

Par contre je suis pour le respect des licences choisies par l’auteur des photos, libres ou non ! Ce que de plus en plus de média ne respectent pas ! Les changements doivent venir des auteurs. Je comprend que certains photographes ne veulent pas publier sous licence libre, mais de là à légiférer pour interdire ou limiter les licences libres c’est je pense aller dans un mauvais sens.

Vous éditez vos images avec GIMP depuis 2005. Pourquoi l’avoir préféré à Photoshop ? par principe ? pour ses qualités intrinsèques ? Les deux ?

J’ai eu beaucoup de mal au début après cinq ans d’utilisation de Photoshop, mais voilà pour qui décide d’utiliser Linux, il n’y avait pas le choix et j’ai fait l’effort de changer mes habitudes. Maintenant lorsque je dois travailler sous Photoshop je suis perdu 😉 Comme quoi ce n’est qu’une question d’habitudes.

Plusieurs centaines de vos photographies se retrouvent sur Wikipédia. Pourriez-vous nous en dire plus. Qu’est-ce qui vous motive à participer à un tel projet ?

Luc Viatour - CC by-saJ’ai découvert le projet Wikipédia suite a une conférence au BxLUG. J’ai trouvé cela génial, mais comme je ne suis vraiment pas littéraire, je me voyais mal participer à la rédaction d’un article. Puis j’ai vu qu’il y avait des demande de documents visuels et là je me suis rendu compte que je pouvais aider le projet.

Petit à petit j’ai donc ajouté des photos qui traînaient dans des tiroirs, puis ma démarche a évolué, maintenant je fais parfois des photos volontairement pour Wikipédia. Je suis finalement très content d’avoir fait cela, j’ai énormément de retours sympathiques, bien plus que si elles étaient restées dans mes tiroirs 😉

Notes

[1] Crédit photos : Luc Viatour (GFDL – Creative Commons By-Sa)