Cette année, comme les précédentes, Framasoft fait appel à votre générosité afin de poursuivre ses actions.
Depuis 14 ans : promouvoir le logiciel libre et la culture libre
L’association Framasoft a 14 ans. Durant nos 10 premières années d’existence, nous avons créé l’annuaire francophone de référence des logiciels libres, ouvert une maison d’édition ne publiant que des ouvrages sous licences libres, répondu à d’innombrables questions autour du libre, participé à plusieurs centaines d’événements en France ou à l’étranger, promu le logiciel libre sur DVD puis clé USB, accompagné la compréhension de la culture libre, ou plutôt des cultures libres, au travers de ce blog, traduit plus de 1 000 articles ainsi que plusieurs ouvrages, des conférences, et bien d’autres choses encore !
Depuis 4 ans, décentraliser Internet
En 2014, l’association prenait un virage en tentant de sensibiliser non seulement à la question du libre, mais aussi à celle de la problématique de la centralisation d’Internet. En déconstruisant les types de dominations exercées par les GAFAM (dominations technique, économique, mais aussi politique et culturelle), nous avons pendant plusieurs années donné à voir en quoi l’hyperpuissance de ces acteurs mettait en place une forme de féodalité.
Et comme montrer du doigt n’a jamais mené très loin, il a bien fallu initier un chemin en prouvant que le logiciel libre était une réponse crédible pour s’émanciper des chaînes de Google, Facebook & co. En 3 ans, nous avons donc agencé plus de 30 services alternatifs, libres, éthiques, décentralisables et solidaires. Aujourd’hui, ces services accueillent 400 000 personnes chaque mois. Sans vous espionner. Sans revendre vos données. Sans publicité. Sans business plan de croissance perpétuelle.
Mais Framasoft, c’est une bande de potes, pas la #startupnation. Et nous ne souhaitions pas devenir le « Google du libre ». Nous avons donc en 2016 impulsé le collectif CHATONS, afin d’assurer la résilience de notre démarche, mais aussi afin de « laisser de l’espace » aux expérimentations, aux bricolages, à l’inventivité, à l’enthousiasme, aux avis divergents du nôtre. Aujourd’hui, une soixantaine de chatons vivent leurs vies, à leurs rythmes, en totale indépendance.
Il y a un an : penser au-delà du code libre
Il y a un an, nous poursuivions notre virage en faisant 3 constats :
L’open source se porte fort bien. Mais le logiciel libre (c-à-d. opensource + valeurs éthiques) lui, souffre d’un manque de contributions exogènes.
Dégoogliser ne suffit pas ! Le logiciel libre n’est pas une fin en soi, mais un moyen (nécessaire, mais pas suffisant) de transformation de la société.
Il existe un ensemble de structures et de personnes partageant nos valeurs, susceptibles d’avoir besoin d’outils pour faire advenir le type de monde dont nous rêvons. C’est avec elles qu’il nous faut travailler en priorité.
Face à ces constats, notre feuille de route Contributopia vise à proposer des solutions. Sur 3 ans (on aime bien les plans triennaux), Framasoft porte l’ambition de participer à infléchir la situation.
D’une part en mettant la lumière sur la faiblesse des contributions, et en tentant d’y apporter différentes réponses. Par exemple en abaissant la barrière à la contribution. Ou, autre exemple, en généralisant les pratiques d’ouvertures à des communautés non-dev.
D’autre part, en mettant en place des projets qui ne soient pas uniquement des alternatives à des services de GAFAM (aux moyens disproportionnés), mais bien des projets engagés, militants, qui seront des outils au service de celles et ceux qui veulent changer le monde. Nous sommes en effet convaincu·es qu’un monde où le logiciel libre serait omniprésent, mais où le réchauffement climatique, la casse sociale, l’effondrement, la précarité continueraient à nous entraîner dans leur spirale mortifère n’aurait aucun sens pour nous. Nous aimons le logiciel libre, mais nous aimons encore plus les êtres humains. Et nous voulons agir dans un monde où notre lutte pour le libre et les communs est en cohérence avec nos aspirations pour un monde plus juste et durable.
Aujourd’hui : publier Peertube et nouer des alliances
Aujourd’hui, l’association Framasoft n’est pas peu fière d’annoncer la publication de la version 1.0 de PeerTube, notre alternative libre et fédérée à YouTube. Si vous souhaitez en savoir plus sur PeerTube, ça tombe bien : nous venons de publier un article complet à ce sujet !
Ce n’est pas la première fois que Framasoft se retrouve en position d’éditeur de logiciel libre, mais c’est la première fois que nous publions un logiciel d’une telle ambition (et d’une telle complexité). Pour cela, nous avons fait le pari l’an passé d’embaucher à temps plein son développeur, afin d’accompagner PeerTube de sa version alpha (octobre 2017) à sa version bêta (mars 2018), puis à sa version 1.0 (octobre 2018).
Le crowdfunding effectué cet été comportait un palier qui nous engageait à poursuivre le contrat de Chocobozzz, le développeur de PeerTube, afin de vous assurer que le développement ne s’arrêterait pas à une version 1.0 forcément perfectible. Ce palier n’a malheureusement pas été atteint, ce qui projetait un flou sur l’avenir de PeerTube à la fin du contrat de Chocobozzz.
Nous avons cependant une excellente nouvelle à vous annoncer ! Bien que le palier du crowdfunding n’ait pas été atteint, l’association Framasoft a fait le choix d’embaucher définitivement Chocobozzz (en CDI) afin de pérenniser PeerTube et de lui donner le temps et les moyens de construire une communauté solide et autonome. Cela représente un investissement non négligeable pour notre association, mais nous croyons fermement non seulement dans le logiciel PeerTube, mais aussi et surtout dans les valeurs qu’il porte (liberté, décentralisation, fédération, émancipation, indépendance). Sans parler des compétences de Chocobozzz lui-même qui apporte son savoir-faire à l’équipe technique dans d’autres domaines.
Nous espérons que vos dons viendront confirmer que vous approuvez notre choix.
D’ici la fin de l’année, annoncer de nouveaux projets… et une campagne de don
Comme vous l’aurez noté (ou pas encore !), nous avons complètement modifié notre page d’accueil « framasoft.org ». D’une page portail plutôt institutionnelle, décrivant assez exhaustivement « Qu’est-ce que Framasoft ? », nous l’avons recentrée sur « Que fait Framasoft ? » mettant en lumière quelques éléments clefs. En effet, l’association porte plus d’une cinquantaine de projets en parallèle et présenter d’emblée la Framagalaxie nous semblait moins pertinent que de « donner à voir » des actions choisies, tout en laissant la possibilité de tirer le fil pour découvrir l’intégralité de nos actions.
Nous y rappelons brièvement que Framasoft n’est pas une multinationale, mais une micro-association de 35 membres et 8 salarié⋅es (bientôt 9 : il reste quelques jours pour candidater !). Que nous sommes à l’origine de la campagne « Dégooglisons Internet » (plus de 30 services en ligne)… Mais pas seulement ! Certain⋅es découvriront peut-être l’existence de notre maison d’édition Framabook, ou de notre projet historique Framalibre. Nous y mettons en avant LE projet phare de cette année 2018 : PeerTube. D’autres projets à court terme sont annoncés sur cette page (en mode teasing), s’intégrant dans notre feuille de route Contributopia.
Framasoft n’est pas une multinationale, mais une micro-association
Enfin, nous vous invitons à faire un don pour soutenir ces actions. Car c’est aussi l’occasion de rappeler que l’association ne vit quasiment que de vos dons ! Ce choix fort, volontaire et assumé, nous insuffle notre plus grande force : notre indépendance. Que cela soit dans le choix des projets, dans le calendrier de nos actions, dans la sélection de nos partenaires, dans nos prises de paroles et avis publics, nous sommes indépendant⋅es, libres, et non-soumis⋅es à certaines conventions que nous imposerait le système de subventions ou de copinage avec les ministères ou toute autre institution.
Ce sont des milliers de donatrices et donateurs qui valident nos actions par leur soutien financier. Ce qu’on a fait vous a plu ? Vous pensez que nous allons dans le bon sens ? Alors, si vous en avez l’envie et les moyens, nous vous invitons à faire un don. C’est par ce geste que nous serons en mesure de verser les salaires des salarié⋅es de l’association, de payer les serveurs qui hébergent vos services préférés ou de continuer à intervenir dans des lieux ou devant des publics qui ont peu de moyens financiers (nous intervenons plus volontiers en MJC que devant l’Assemblée Nationale, et c’est un choix assumé). Rappelons que nos comptes sont publics et validés par un commissaire aux comptes indépendant.
En 2019, proposer des outils pour la société de contribution
Fin 2018, nous vous parlerons du projet phare que nous souhaitons développer pendant l’année 2019, dont le nom de code est Mobilizon. Au départ pensé comme une simple alternative à Meetup.com (ou aux événements Facebook, si vous préférez), nous avons aujourd’hui la volonté d’emmener ce logiciel bien plus loin afin d’en faire un véritable outil de mobilisation destiné à celles et ceux qui voudraient se bouger pour changer le monde, et s’organiser à 2 ou à 100 000, sans passer par des systèmes certes efficaces, mais aussi lourds, centralisés, et peu respectueux de la vie privée (oui, on parle de Facebook, là).
Évidemment, ce logiciel sera libre, mais aussi fédéré (comme Mastodon ou PeerTube), afin d’éviter de faire d’une structure (Framasoft ou autre), un point d’accès central, et donc de faiblesse potentielle du système. Nous vous donnerons plus de nouvelles dans quelques semaines, restez à l’écoute !
Éviter de faire d’une structure (Framasoft ou autre), un point d’accès central
D’autres projets sont prévus pour 2019 :
la sortie du (apparemment très attendu) Framapétitions ;
la publication progressive du MOOC CHATONS (cours en ligne gratuit et ouvert à toutes et tous), en partenariat avec la Ligue de l’Enseignement et bien d’autres. Ce MOOC, nous l’espérons, permettra à celles et ceux qui le souhaitent, de comprendre les problématiques de la concentration des acteurs sur Internet, et donc les enjeux de la décentralisation. Mais il donnera aussi de précieuses informations en termes d’organisation (création d’une association, modèle économique, gestion des usager⋅es, gestion communautaire, …) ainsi qu’en termes techniques (quelle infrastructure technique ? Comment la sécuriser ? Comment gérer les sauvegardes, etc.) ;
évidemment, bien d’autres projets en ligne (on ne va pas tout vous révéler maintenant, mais notre feuille de route donne déjà de bons indices)
Bref, on ne va pas chômer !
Dans les années à venir : se dédier à toujours plus d’éducation populaire, et des alliances
Nous avions coutume de présenter Framasoft comme « un réseau à géométrie variable ». Il est certain en tout cas que l’association est en perpétuelle mutation. Nous aimons le statut associatif (la loi de 1901 nous paraît l’une des plus belles au monde, rien que ça !), et nous avons fait le choix de rester en mode « association de potes » et de refuser — en tout cas jusqu’à nouvel ordre — une transformation en entreprise/SCOP/SCIC ou autre. Mais même si nous avons choisi de ne pas être des super-héro⋅ïnes et de garder l’association à une taille raisonnable (moins de 10 salarié⋅es), cela ne signifie pas pour autant que nous ne pouvons pas faire plus !
Pour cela, de la même façon que nous proposons de mettre nos outils « au service de celles et ceux qui veulent changer le monde », nous sommes en train de créer des ponts avec de nombreuses structures qui n’ont pas de rapport direct avec le libre, mais avec lesquelles nous partageons un certain nombre de valeurs et d’objectifs.
Ainsi, même si leurs objets de militantisme ou leurs moyens d’actions ne sont pas les mêmes, nous aspirons à mettre les projets, ressources et compétences de Framasoft au service d’associations œuvrant dans des milieux aussi divers que ceux de : l’éducation à l’environnement, l’économie sociale et solidaire et écologique, la transition citoyenne, les discriminations et oppressions, la précarité, le journalisme citoyen, la défense des libertés fondamentales, etc. Bref, mettre nos compétences au service de celles et ceux qui luttent pour un monde plus juste et plus durable, afin qu’ils et elles puissent le faire avec des outils cohérents avec leurs valeurs et modulables selon leurs besoins.
Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Nous pensons que le temps est venu de faire ensemble.
Framasoft est une association d’éducation populaire (qui a soufflé « d’éducation politique » ?), et nous n’envisageons plus de promouvoir ou de faire du libre « dans le vide ». Il y a quelques années, nous évoquions l’impossibilité chronique et structurelle d’échanger de façon équilibrée avec les institutions publiques nationales. Cependant, en nous rapprochant de réseaux d’éducation populaire existants (certains ont plus de cent ans), nos positions libristes et commonistes ont été fort bien accueillies. À tel point qu’aujourd’hui nous avons de nombreux projets en cours avec ces réseaux, qui démultiplieront l’impact de nos actions, et qui permettront — nous l’espérons — que le milieu du logiciel libre ne reste pas réservé à une élite de personnes maîtrisant le code et sachant s’y retrouver dans la jungle des licences.
Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. Nous pensons que le temps est venu de faire ensemble.
Nous avons besoin de vous !
Un des paris que nous faisons pour cette campagne est « d’informer sans sur-solliciter ». Et l’équilibre n’est pas forcément simple à trouver. Nous sommes en effet bien conscient⋅es qu’en ce moment, toutes les associations tendent la main et sollicitent votre générosité.
Nous ne souhaitons pas mettre en place de « dark patterns » que nous dénonçons par ailleurs. Nous pouvions jouer la carte de l’humour (si vous êtes détendu⋅es, vous êtes plus en capacité de faire des dons), celle de la gamification (si on met une jauge avec un objectif de dons, vous êtes plus enclin⋅es à participer), celle du chantage affectif (« Donnez, sinon… »), etc.
Le pari que nous prenons, que vous connaissiez Framasoft ou non, c’est qu’en prenant le temps de vous expliquer qui nous sommes, ce que nous avons fait, ce que nous sommes en train de faire, et là où nous voulons vous emmener, nous parlerons à votre entendement et non à vos pulsions. Vous pourrez ainsi choisir de façon éclairée si nos actions méritent d’être soutenues.
« Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose. Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer. » — Antoine de Saint-Exupéry
Nous espérons, à la lecture de cet article, vous avoir donné le désir de co-construire avec nous le Framasoft de demain, et que vous embarquerez avec nous.
Three years later, more than thirty alternative services to Google, Facebook, and others were available and released to the public. Based on free/libre software only, without advertising, respectful of privacy, maintained by a non-profit association and totally independent.
However, in the « missing » services, one important actor remained: YouTube. Because how one can produce or make available a YouTube alternative without, tomorrow, collapsing in the face of problems? Explosion of online storage space (which costs a fortune), explosion of bandwidth costs (which costs two fortunes!), moderation problems, etc.
A solution had to be found.
The origins of PeerTube
In October 2017, Framasoft has hired the PeerTube developer for a few months on a full-time basis. PeerTube was then only a personal project of a free/libre and federated video distribution platform, in alpha version. The promise was a beta version, usable by the most courageous, for March 2018. The particularity of PeerTube is that the software allows to connect several « instances » of PeerTube between them (thus forming a « federation »), allowing them to exchange information without the user having to change between websites.
By March 2018, the beta version was ready. The association (which lives only on donations) then took the financial risk of extending the developer’s contract, in order to be able to launch a version 1.0 in October 2018. Since Framasoft could not finance this development on its own, a crowdfunding was launched in May 2018 with different levels. 45 days later, the association had collected 53 100€ through 1 381 donations.
In October 2018, the Framasoft non-profit is proud to announce the release of version 1.0 of PeerTube!
Video introducing to PeerTube. For a video with English subtitles, click here.
Realisation : Association LILA (CC by-sa)
But then, what does this 1.0 version offer?
First of all, and to avoid misunderstandings, let us remind you that PeerTube is not a single centralized platform (as YouTube, Dailymotion or Vimeo can be), but a software that brings together many PeerTube instances (i.e. different installations of the PeerTube software, thematic or community based) within what is called a federation. You must therefore look for the PeerTube instance that suits you best to view or upload your videos or, failing that, set up your own PeerTube instance, on which you will have full rights.
PeerTube is not a single centralized platform, but a software
Basic functionalities
Peertube allows you to watch videos with WebTorrent, to prevent the saturation of the broadcast servers. If several people are watching the same video at the same time, they download small pieces of the video from your server, but also from the devices of other people who are watching the same video in the same time!
Federation between PeerTube instances. If the PeerTube instance A subscribes to the PeerTube instances B and C, from a search on A, you can find and watch videos of B and C, without leaving A.
The software has fairly detailed settings that allow the governance to be adjusted: each instance can be organized as it wishes. Thus, the instance administrator can define:
a disk space quota for each videographer;
the number of accepted accounts;
the role of users (administration, moderation, use, video upload).
PeerTube can run on a small server. For example, you can install it on a VPS-like hardware with two cores and 2GB of RAM. The storage space required obviously depends on the number of videos you want to host personally.
PeerTube has a stable and robust code, tested and proven on many systems, which makes it powerful. For example, a PeerTube page often loads much faster than a YouTube page.
Your videos can be automatically converted into different definitions (e. g. 240p, 720p or 1080p. or even 4K) to suit the speed and equipment of the visitors. This step is called transcoding.
A « Theater » mode as well as a « night » mode are available for better viewing comfort.
PeerTube does not spy on you or lock you up: indeed, the application does not collect personal information for commercial purposes, and above all PeerTube does not lock you in a « filter bubble ». In addition, it does not use a biased recommendation algorithm to keep you online indefinitely. It may be a detail (or a weakness) for you, but for us it is a strength that means a lot!
There isn’t – yet – any dedicated smartphone application. However, the web version of PeerTube works just as fast on smartphones and adapts perfectly to your device.
Visitors can comment on the videos. This feature can be disabled either by the instance administrators on any video or locally by the person who uploads the videos.
Since PeerTube uses the W3C standard ActivityPub exchange protocol, it is possible to interact with other software using the same protocol. For example, the PeerTube video platform can interact with the Mastodon social network, an alternative to Twitter. Thus, it is possible to « track » a PeerTube user from Mastodon, or even comment on a video directly from your Mastodon account.
PeerTube demo with Mastodon
A dedicated button allows you to support the author of a video. In this way, videographers can pick the financing method that suits them.
We may not have insisted on this point, but PeerTube is of course free/libre software🙂 This means that its source code (its recipe) is available and open to everyone. This means you can contribute to the code or, if you think the software is not going in the right direction, copy it and make the changes that suit your needs.
Functionalities financed through crowdfunding
Subtitling: possibility to add multiple language files (in.srt format) to provide subtitles for videos.
Instance redundancy: it is possible to « help » a designated instance by activating the redundancy of all or part of its videos (which will then be duplicated on your instance). Thus, if the linked instance is overloaded because too many people are watching the videos it hosts, your instance can support it by making its bandwidth available.
Import from other video platforms by simply copying and pasting: YouTube, Vimeo, Dailymotion, etc. On some platforms, the retrieval of the title, description or keywords is even automatic. It is of course also possible to import videos by direct link or from another PeerTube instance. Finally, PeerTube also allows import from .torrent files.
Importing a video in PeerTube
Several RSS feeds are available to you according to your needs: one for videos globally, another for those of a channel and one for comments on a video.
Peertube has become international and now speaks 13 languages including Chinese. Translations into other languages are in progress.
The search feature is more relevant. It takes into account certain typographical errors and provides filters.
Upcoming features
We have excellent news: although the third level of our crowdfunding wasn’t reached, Framasoft has decided to hire the PeerTube developer on a permanent contract in order to ensure the sustainability of the software development. Other functionalities are therefore planned for 2019.
A plugin system to customize Peertube. This is an essential development, as it will allow everyone to develop their own plugins to adapt PeerTube to their needs. For example, it will become possible to propose recommendation plugins with specific algorithms or completely different graphic themes.
We will probably develop a mobile application (or some motivated contributors will)
It will quickly be possible to improve the video import tool, so that you can « synchronize » your YouTube channel with your PeerTube channel (PeerTube will be able to check if new videos have been added and will automatically add them to your PeerTube account, including title and descriptions). In fact, this feature is already available for those who host their PeerTube instance and master the command line.
Statistics by instance or by account may be made available.
The improvement of moderation tools for big instances
To go further
It’s up to you! PeerTube belongs to you, take advantage of its possibilities. Submit quality videos (preferably under a free license, or for which you have the broadcasting rights or an explicit agreement) to one of the existing instances. Let your contacts and subscribed YouTubers know about PeerTube. And if you can, install your own instance to further expand the federated network!
PeerTube 1.0 : la plateforme de vidéos libre et fédérée
Ce qui nous fait du bien, chez Framasoft, c’est quand nous arrivons à tenir nos engagements. On a beau faire les marioles, se dire qu’on est dans l’associatif, que la pression n’est pas la même, tu parles !
[Short version of this article in English available here]
Après le financement participatif réussi du mois de juin 2018, nous avions fait la promesse de sortir la version 1 de Peertube en octobre 2018. Et alors, où en sommes-nous ? Le suspense est insoutenable.
Nous étions confiants. Le salaire du développeur principal, Chocobozzz, était assuré jusqu’à la fin de l’année, nous avions déjà recensé des contributions de qualité, nous avions fait un peu de bruit dans la presse… Cependant, nous avions aussi pris un engagement ferme vis-à-vis de nos donateur·ices, ainsi qu’auprès d’un large public international qui ne nous connaissait pas aussi bien que nos soutiens francophones habituels.
Ne vous faisons pas languir plus longtemps, cette version 1.0, elle est là, elle sort à l’heure dite et elle tient ses promesses, elle aussi. C’est l’occasion de dérouler pour vous un récapitulatif des épisodes précédents, ce qui vous évitera de farfouiller dans le blog pour retrouver vos petits. On sait que c’est pénible, on l’a fait. 🙂
C’est quoi, PeerTube ? Une révolte ? Non, Sire, une révolution
[Vidéo de présentation de PeerTube, en anglais, avec les sous-titres français, sur Framatube. Pour la vidéo avec les sous-titres en anglais, cliquez ici. Réalisation : Association LILA (CC by-sa)]
« Dégooglisons Internet ! » avons-nous crié partout pendant trois ans, sur l’air de « Delenda Carthago ! »
Ça, c’était une révolte. Un cri du cœur. Déjà un défi fou : proposer une alternative aux services des géants du web, les GAFAM et leurs petits copains (Twitter, par exemple). Un par un, les services étaient sortis, à un rythme insensé. Ils sont toujours là. Il faut les maintenir. Heureusement, les (désormais 60) CHATONS permettent de répartir un peu la charge. L’offre de mail mise de côté, il restait un gros morceau : proposer une alternative crédible au géant Youtube, rien que ça ! Pas facile de briser l’hégémonie des plateformes de diffusion vidéo !
Les fichiers vidéo sont lourds, c’est le principal inconvénient. Donc il faut de gros serveurs, beaucoup de bande passante, ce qui représente un coût astronomique, sans parler de l’administration technique de tout ça.
Non seulement impensable au regard de nos moyens, mais surtout complètement à l’opposé des principes du Libre : indépendance, décentralisation, partage. Pour répondre au défi financier, Youtube et ses clones utilisent toutes les ressources du capitalisme de surveillance : en captant l’attention des internautes dans des boucles sans fin, en profilant leurs goûts, en les assaillant de publicité, en leur proposant des recommandations parfois toxiques…
C’est là que nous avons pris connaissance du logiciel (libre !) d’un jeune homme sympathique caché derrière le pseudo Chocobozzz, qui travaillait dans son coin à proposer une manière innovante de diffuser et visionner de la vidéo sur Internet.
Quand vous visionnez une vidéo, votre ordinateur participe à sa diffusion
PeerTube utilise les ressources du Web (WebRTC et BitTorrent, des technologies permettant le partage de diffusion, qui est un concept fondamental d’Internet) pour alléger la charge des sites qui hébergent du contenu. Avec un principe on ne peut plus simple : quand vous visionnez une vidéo, votre ordinateur participe à sa diffusion. Si beaucoup de personnes regardent la même vidéo, au lieu de tirer sur les ressources du serveur, on demande un petit effort à chaque machine et à chaque connexion. Les flux se répartissent, le réseau est optimisé. L’Internet comme il doit être. Comme il aurait dû le rester !
Pas besoin d’héberger tous les contenus que vous souhaitez diffuser : il suffit de se fédérer avec des instances amies qui proposent ces contenus pour les référencer sur sa propre instance. Sans dupliquer les fichiers. Et ça marche ! Quand les copains de Datagueule ont mis en ligne leur documentaire Démocratie, le logiciel a encaissé les milliers de visionnages sans broncher. Nous vous avons alors soumis l’idée d’embaucher Chocobozzz pour lui permettre de travailler sereinement à son projet, avec pour objectif de produire une version bêta du logiciel en mars 2018. Grâce à vos dons et à votre confiance, nous avons franchi cette première étape.
Nous avons entre-temps peaufiné notre nouvelle feuille de route Contributopia, dans laquelle PeerTube s’inscrivait parfaitement. Avec la recommandation du protocole ActivityPub par le W3C, qui renforçait le principe de fédération déjà initié par des logiciels sociaux (comme Mastodon), PeerTube est même devenu une brique majeure de Contributopia. Heureusement, la fédération, c’est facile à expliquer, parce que tout le monde l’utilise déjà : on a tou⋅tes des adresses mails, fournies par des tas de serveurs différents, et pourtant on arrive à s’écrire ! Avec PeerTube, lorsque plusieurs instances sont fédérées, il est possible de faire des recherches sur toutes ces instances, sans quitter celle sur laquelle vous êtes, ou de commenter des vidéos d’une instance distante sans avoir besoin de vous créer un compte dessus.
L’étape suivante allait de soi : continuer. La communication autour de PeerTube, via nos réseaux habituels, nous avait déjà permis d’attirer les contributions, des vidéastes avaient manifesté leur intérêt, les forums bruissaient de questions.
C’est pourquoi, rompant avec nos usages habituels, bousculant notre tempo, nous avons décidé de pousser les feux en prenant définitivement le rôle d’éditeur du logiciel de Chocobozzz, avec son accord, évidemment. Et surtout en soumettant une demande de financement participatif à l’international, en anglais, pour pérenniser son embauche, sans forcément vous solliciter à nouveau directement (mais on sait qu’une partie d’entre vous a tenu à participer quand même, et ça fait chaud au cœur, vraiment).
Cette fois encore, ce fut un joli succès, alors que franchement on n’en menait pas large, et voilà ce qui nous amène à cette version 1.0.
Mais alors, elle embarque quoi, cette version 1.0 ?
Avant tout, et pour éviter les mécompréhensions, rappelons que PeerTube n’est pas une seule plateforme centralisée (comme peuvent l’être YouTube, Dailymotion ou Viméo), mais un logiciel permettant de rassembler de nombreuses instances PeerTube (c’est-à-dire différentes installations du logiciel PeerTube, thématiques ou communautaires) au sein de ce que l’on appelle une fédération. Il vous faut donc chercher l’instance PeerTube qui vous convient pour visionner ou mettre en ligne vos vidéos ou, à défaut, mettre en place votre propre instance PeerTube, sur lequel vous aurez tous les droits.
PeerTube n’est pas une seule plateforme centralisée, mais un logiciel
Fonctionnalités de base
Peertube permet de regarder des vidéos avec WebTorrent, pour ne pas saturer les serveurs de diffusion. Si plusieurs personnes regardent la même vidéo, elles téléchargent de petits morceaux de la vidéo depuis votre serveur, mais aussi depuis les machines des autres personnes qui regardent la même vidéo !
Fédération entre instances PeerTube. Si l’instance PeerTube A s’abonne aux instances PeerTube B et C, depuis une recherche sur A, on peut trouver et visionner les vidéos de B et C, sans quitter A.
Le logiciel dispose de réglages assez fins qui permettent d’ajuster la gouvernance : chaque instance s’organise comme elle le souhaite. Ainsi, l’administrateur·ice de l’instance peut définir :
un quota d’espace disque pour chaque vidéaste ;
le nombre de comptes acceptés ;
le rôle des utilisateur·ices (administration, modération, utilisation, upload de vidéos).
PeerTube peut fonctionner sur un petit serveur. Vous pouvez par exemple l’installer sur un matériel type VPS ayant deux cœurs et 2Go de RAM. L’espace de stockage requis dépend évidemment du nombre de vidéos que vous souhaitez héberger personnellement.
PeerTube dispose d’un code stable et robuste, testé et éprouvé sur de nombreux systèmes, ce qui le rend performant. Ainsi, une page PeerTube se charge souvent bien plus vite qu’une page YouTube.
Vos vidéos peuvent être automatiquement converties dans différentes définitions (par exemple 240p, 720p ou 1080p. voire le 4K) pour s’adapter au débit et matériel des visiteur·euses. Cette étape s’appelle le transcodage.
Un mode «Théâtre» ainsi qu’un mode «nuit» sont disponibles pour un meilleur confort de visionnage.
PeerTube ne vous espionne pas et ne vous enferme pas : en effet, l’application ne collecte pas d’informations personnelles à des fins d’exploitation commerciale, et surtout PeerTube ne vous enferme pas dans une « bulle de filtre ». Par ailleurs, il n’utilise pas d’algorithme de recommandation biaisé pour vous faire rester indéfiniment en ligne. C’est peut-être un détail (ou une faiblesse) pour vous, mais pour nous c’est une force qui veut dire beaucoup !
Il n’existe pas – encore – d’application smartphone dédiée. Cependant, la version web de PeerTube fonctionne rapidement sur smartphone et s’adapte parfaitement à votre appareil.
Les visiteur⋅euses peuvent commenter les vidéos. Cette fonctionnalité peut être désactivée soit par l’administrateur·ice de l’instance sur n’importe quelle vidéo, soit localement par la personne qui met en ligne les vidéos.
PeerTube utilisant le protocole d’échanges ActivityPub, il est possible d’interagir avec d’autres logiciels utilisant ce même protocole. Par exemple, la plateforme de vidéo PeerTube peut interagir avec le réseau social Mastodon, alternative à Twitter. Ainsi, il est possible de « suivre » un utilisateur PeerTube depuis Mastodon, ou même de commenter une vidéo directement depuis votre compte Mastodon.
Un bouton permet d’apporter votre soutien à l’auteur d’une vidéo. Ainsi, les vidéastes peuvent mettre en place le mode de financement qui leur convient.
Nous n’avons peut-être pas insisté sur ce point, mais PeerTube est bien évidemment un logiciel libre 🙂 Cela signifie que son code source (sa recette de cuisine) est disponible et ouverte à tou⋅tes. Ainsi, vous pouvez contribuer au code ou, si vous pensez que le logiciel ne va pas dans la bonne direction, le copier et y apporter les modifications qui correspondent à vos besoins.
Fonctionnalités financées par le crowdfunding
Le sous-titrage : possibilité d’ajouter de multiples fichiers de langue (au format .srt) pour proposer les sous-titrages des vidéos.
La redondance d’instance : il est possible « d’aider » une instance désignée en activant la redondance de tout ou partie de ses vidéos (qui seront alors dupliquées sur votre instance). Ainsi, si l’instance liée est surchargée parce que trop de monde regarde les vidéos qu’elle héberge, votre instance pourra la soutenir en mettant sa bande passante à disposition.
L’import depuis d’autres plateformes vidéo par simple copier-coller : YouTube, Viméo, Dailymotion, etc. Depuis certaines plateformes, la récupération du titre, de la description ou des mots clés est même automatique. Il est bien entendu possible d’importer aussi des vidéos par lien direct ou depuis une autre instance PeerTube. Enfin, PeerTube permet aussi l’import depuis les fichiers .torrent.
Plusieurs flux RSS s’offrent à vous selon vos besoins : un pour les vidéos de manière globale, un autre pour celles d’une chaîne et un dernier pour les commentaires d’une vidéo.
Peertube s’est internationalisé et parle maintenant 13 langues dont le chinois. Des traductions vers d’autres langues sont en cours.
La recherche est plus pertinente. Elle prend en compte certaines fautes de frappe et propose l’utilisation de filtres.
Fonctionnalités à venir
Nous avons une excellente nouvelle : bien que le troisième palier du crowdfunding n’ait pas été atteint, Framasoft a décidé d’embaucher Chocobozzz en CDI afin de pérenniser le développement de Peertube. D’autres fonctionnalités sont donc prévues au cours de l’année 2019.
Un système de plugins pour personnaliser Peertube. Il s’agit là d’un développement essentiel, car il permettra à chacun⋅e de développer ses propres plugins pour adapter PeerTube à ses besoins. Par exemple il deviendra possible de proposer des plugins de recommandations avec des algorithmes spécifiques ou des thèmes graphiques complètement différents.
Nous développerons éventuellement une application mobile (ou bien des contributeur⋅ices motivé⋅e⋅s le feront)
Il sera rapidement possible d’améliorerl’outil d’importation de vidéos, de façon à pouvoir «synchroniser» votre chaîne YouTube avec votre chaîne PeerTube (PeerTube sera en capacité de vérifier si de nouvelles vidéos ont été ajoutées et pourra automatiquement les ajouter à votre compte PeerTube, titre et descriptions compris). Dans les faits, cette fonctionnalité fonctionne déjà pour celles et ceux qui hébergent leur instance PeerTube et maîtrisent la ligne de commande.
Des statistiques par instance ou par compte pourront être mises à disposition.
L’amélioration des outils de modération.
[Exemple de la fonction d’import de vidéo]
PeerTube répare Internet
La campagne « Dégooglisons Internet » était un cri, une réaction, un rejet. Rejet des GAFAM et de leur vision centralisatrice, fermée, toute tournée vers le fric et le contrôle. Lutter contre les GAFAM, c’est mener un combat disproportionné. Mais la prise de conscience est faite. Nous n’avons plus besoin de rabâcher notre couplet sur leur façon de nier nos libertés, de s’approprier nos données personnelles, de prendre le pouvoir dans nos vies. Et puis il faut dire qu’à force de scandales, ils nous ont bien aidés à accélérer dans l’opinion publique cette prise de conscience. Nous revendiquons fièrement notre participation à cette évolution des esprits, au milieu d’autres acteurs tout aussi importants (LQDN, la CNIL, l’APRIL, etc.). Il est temps maintenant de passer à autre chose.
Chez Framasoft, incorrigibles bavards que nous sommes, nous avons produit beaucoup d’écrits, et nous avons finalement, proportionnellement, assez peu de contenus vidéos à proposer, alors que c’est un média qui est devenu à la fois plus facile à élaborer et plus demandé par le public. Ce virage vers la vidéo nous a été confisqué par les plateformes centralisatrices, Youtube en tête. Elles ont installé un standard, une norme, avec des pratiques révoltantes comme la censure aveugle et l’appropriation des contenus.
Le principe de fédération impulsé par le protocole ActivityPub et les logiciels qui l’utilisent (Peertube, Mastodon, Funkwhale, PixelFed, Plume… la liste s’allonge chaque mois) est en train, ni plus ni moins, de corriger le tir, de (re)construire le futur d’Internet. Celui que nous appelons de nos vœux.
Oui, cette fois, c’est une révolution. Avec Contributopia, nous annonçons une étape de construction, basée sur le partage, les communs, l’éducation populaire.
Nous avons aussi pris conscience, en avançant, que nous ne pouvions plus nier la dimension politique de cette vision. Alors quand on dit «politique», on convoque l’étymologie du mot, hein. C’est pas demain qu’on verra Pyg, notre délégué général, à l’Assemblée Nationale. Il n’empêche ! La culture du libre, ça va bien au-delà de l’hébergement d’agendas ou de l’ouverture d’un pad pour rédiger le présent article à plusieurs.
Nous travaillons, dans le cadre qui est le nôtre, à fournir des outils numériques aux utopistes qui, comme nous, pensent qu’il y a encore moyen de sauver les meubles. On se disait que ce n’était pas super vendeur, mais nous avons pu voir, lors de nos fréquentes interventions à droite et à gauche, que la démarche rencontrait de l’écho. Nous avons encore quelques jolies cartes à jouer pour la suite (même si pour certaines on ne sait pas encore comment ça se passera ^^), comme toujours dans la bonne humeur et le houblon doré.
Nous espérons que vous nous suivrez, encore, dans cette voie.
Longue vie à PeerTube.
L’équipe de Framasoft.
Pour aller plus loin
À vous de jouer ! PeerTube vous appartient, emparez-vous de ses possibilités. Déposez des vidéos de qualité (de préférence sous licence libre, ou pour laquelle vous avez les droits de diffusion ou un accord explicite) sur l’une des instances déjà existantes. Faites connaître PeerTube à vos contacts et aux YouTubeur⋅euses auxquels vous êtes abonné⋅e. Et si vous le pouvez, installez votre propre instance pour agrandir encore le réseau fédéré !
C’est dans l’air du temps et c’est tant mieux. Comme à chaque fois que Twitter (ou Facebook) se signale par ses errements manifestes (et comment pourrait-il en être autrement ?), s’ensuit une vague de migrations.
Voici par exemple Laura Kalbag. Cette designeuse britannique qui est la moitié de indie.ie avec Aral Balkan et qui a publié le guide Accessibility for everyone a récemment pris ses distances avec Twitter pour expérimenter Mastodon au point de piloter sa propre instance…
Il y a quelques semaines j’ai publié une brève note pour signaler que j’ai désormais ma propre instance Mastodon. Mais commençons par le commencement : pourquoi ?
J’ai l’intention d’utiliser Mastodon comme alternative à Twitter. Bien que Mastodon ne soit pas l’équivalent de Twitter, nombre de ses fonctionnalités sont semblables. Et je cherche une solution alternative à Twitter parce que Twitter n’est pas bon pour moi.
Parfois, il m’arrive de croire qu’en disant : « Twitter n’est pas bon pour moi » je n’ai pas besoin d’expliquer davantage, mais ce n’est pas une opinion tellement répandue. Cela vaut la peine d’être expliqué un peu plus en détail :
Le capitalisme de surveillance
En bref, le problème avec Twitter c’est le capitalisme de surveillance. Au cas où ce terme vous serait étranger, le capitalisme de surveillance est le modèle économique dominant en matière de technologie grand public. La technologie nous traque, observe nos actions : c’est l’aspect surveillance. Cette information est alors utilisée afin de mieux nous vendre des biens et services, souvent par le biais de la publicité « pertinente », c’est l’aspect capitalisme. Pour dire les choses clairement, Aral Balkan appelle cela le people farming que l’on peut traduire par « élevage humain».
Nous sommes la plupart du temps conscient⋅e⋅s du fait que les publicités que nous voyons sur les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter financent leurs services. En revanche, nous sommes moins conscient⋅e⋅s du fait que des algorithmes affectent les articles ou billets que nous voyons dans les fils d’information de nos réseaux sociaux, et nous ne savons pas quelle information nourrit ces algorithmes ; ni comment ces algorithmes et leurs interfaces sont conçus pour manipuler notre interaction avec le service. Nous sommes largement inconscient⋅e⋅s de la manière dont la plupart des technologies utilisent le traçage et leurs propres algorithmes pour nous rendre dépendant⋅e⋅s et pour manipuler notre comportement d’une manière qui leur est financièrement bénéfique.
Si tout cela semble tiré par les cheveux, jetez un coup d’œil à la version blog de ma conférence intitulée : « Digital Assistants, Facebook Quizzes, et Fake News ! Vous n’allez pas croire ce qui va se passer ensuite. »
Qu’est-ce qui ne va pas avec Twitter, au juste ?
Le modèle économique de capitalisme de surveillance de Twitter a un impact sur chaque décision prise par Twitter. Twitter récompense les comportements abusifs à travers les algorithmes utilisés pour son historique car la controverse entraîne « l’engagement ». Twitter construit des cultes de la célébrité (qu’il s’agisse des individus ou des mèmes) parce que davantage de personnes s’inscriront sur une plateforme pour suivre l’actualité et éviter la peur de passer à côté.
À travers ses algorithmes Twitter décide de ce que vous voyez
Tout comme l’a fait Facebook auparavant, la décision de Twitter d’utiliser des algorithmes pour vous dicter ce que vous voyez dans votre fil au lieu de vous montrer les messages dans leur ordre chronologique signifie que vous ne pouvez pas faire confiance au flux pour vous afficher les messages des personnes que vous suivez (le contournement consiste à utiliser les « Listes », mais pour cette raison, je soupçonne Twitter de vouloir se débarrasser des listes à un moment ou à un autre…)
Vous ignorez si vos messages sont vus ou si vous voyez ceux de vos amis, puisque vous n’avez aucune idée de ce que fait l’algorithme. il semble que cet algorithme favorise les comptes et les tweets populaires et/ou viraux, ce qui fait de la viralité l’aspiration ultime des vedettes expérimenté⋅e⋅s des réseaux sociaux, au-delà du nombre spectaculaire d’abonné⋅e⋅s. (je ne porte pas de jugement… je décide moi aussi de suivre ou non une personne en fonction de son nombre d’abonné⋅e⋅s, pas vous ?)
En réalité, Twitter encourage les agressions
Twitter permet aux agressions et au harcèlement de continuer parce que l’engagement des utilisateurs prospère grâce à la polémique. Des trolls haineux qui chassent en meute ? C’est ça, l’engagement ! Des femmes et des personnes de groupes marginalisés sont harcelées sur Twitter ? Mais tous ces trolls sont si engageants ! Qu’est-ce que ça peut faire qu’une femme quitte Twitter si la polémique a pour résultat qu’un plus grand nombre de personnes vont tweeter, ou même s’inscrire pour avoir leur mot à dire sur la question ? Pourquoi Twitter, Inc. devrait-il se soucier des gens alors que les chiffres sont tout ce qui compte pour les investisseurs, et que ce sont eux qui gardent la mainmise sur les projecteurs ? Tout ce que les entreprises de réseaux sociaux ont à faire, c’est de maintenir un équilibre délicat pour ne pas mettre trop de gens en colère et à ne pas les aliéner au point de les faire quitter la plateforme en masse. Et étant donné qu’un si grand nombre de ces gens sont tellement engagés dans Twitter (est-ce nécessaire de mentionner que « engagement » n’est probablement qu’un euphémisme pour « addiction »), ils ont du mal à en sortir. C’est mon cas. Pas vous ?
Si Twitter se conformait rigoureusement à une politique stricte contre le harcèlement et les agressions, il y aurait moins de tweets. Si Twitter nous donnait des outils efficaces pour modérer nos propres fils, réponses et messages, il est probable que cela impacterait ce que l’algorithme choisit de nous montrer, et impacterait le modèle économique de Twitter qui monétise ce que l’algorithme met en priorité dans le flux des messages.
Twitter ne gère pas efficacement les cas d’agression
Il n’est pas facile de modérer les agressions. Décider de ce qui constitue une agression et de la façon de la traiter de manière appropriée est un problème pour toutes les plateformes de publication et tous les réseaux sociaux. Ce sont aussi des problèmes systémiques auxquels sont confrontées les communautés locales et le système judiciaire. Problèmes qui sont généralement traités (encore souvent de manière inadéquate) par ces communautés et systèmes judiciaires. Mais nous devons être conscients que la technologie amplifie les problèmes, en facilitant le ciblage d’un individu et la possibilité d’une attaque de manière anonyme. Et comme nous utilisons les plateformes de grandes entreprises, nous déléguons au contrôle de l’entreprise la responsabilité des décisions sur la manière de gérer les agressions.
Les personnels de ces entreprises technologiques ne devraient pas être ceux qui décident de ce qui relève de la liberté d’expression et de la censure sur ce qui est devenu notre infrastructure sociale mondiale. Les personnes qui ont des intérêts financiers dans le chiffre d’affaires ne devraient pas être en mesure de prendre des décisions concernant nos droits et ce qui constitue la liberté d’expression.
Nuances
Bien sûr, il y a aussi des situations diverses et certains choix de conception d’algorithmes de flux pour gérer le harcèlement et des agressions ne sont pas principalement destinés à servir le capitalisme de surveillance. Il se peut qu’il y ait des personnes qui travaillent dans l’entreprise et qui ont des intentions bienveillantes. (J’en ai rencontré quelques-unes, je n’en doute pas !)
Mais comme le modèle d’affaires de Twitter est concentré sur l’extraction de l’information des gens, les décisions de conception qui servent le modèle économique auront toujours la priorité. Les cas de comportements bienveillants sont des exceptions et ne prouvent pas que le modèle entier repose sur le principe de « l’attention bienveillante malgré tout ». De tels gestes de bonté sont malheureusement accomplis, ou plutôt consentis, pour améliorer les relations publiques.
Mon usage de Twitter
Quand je me demande sincèrement pourquoi j’utilise encore Twitter, je trouve de bonnes raisons et aussi des prétextes. Toutes mes bonnes raisons sont probablement des prétextes, tout dépend du degré de complaisance envers moi-même dont je suis capable tel ou tel jour. Je suis comme prise dans un tourbillon entre mes convictions et mon amour-propre.
Twitter me donne les nouvelles
C’est sur Twitter que je vais d’abord pour m’informer des actualités internationales et locales. Il est difficile de trouver un organe de presse qui couvre l’actualité et les questions qui me tiennent à cœur sans publier également du putaclic, des listes attrape-cons et des bêtises calculées avec du SEO. Malheureusement, c’est en grande partie parce que la publicité sur le Web (qui repose avant tout sur la surveillance) est le modèle économique de la publication de nouvelles. Je me tiens donc au courant des actualités en suivant quelques organes d’information et beaucoup de journalistes individuels.
Il existe une stratégie de contournement : suivre des comptes et des listes Twitter sur Feedbin, à côté des autres flux RSS auxquels je suis abonnée. Tous les tweets sont à disposition, mais l’algorithme ou les applications ne tentent pas de manipuler votre comportement.
Il s’agit d’une solution de contournement temporaire, car Twitter peut trouver un moyen d’interdire ce type d’utilisation. (Peut-être que d’ici là, nous pourrons passer au RSS comme principal moyen de publication ?) Et de toute évidence, cela ne servira pas à grand-chose et ne résoudra pas le problème de la dépendance des médias d’information au capitalisme de surveillance comme modèle économique.
Les abonnés
Beaucoup de personnes dans l’industrie Web ont accumulé un grand nombre d’abonnés sur Twitter, et il est difficile à abandonner (mon nombre d’abonnés est relativement modeste mais assez grand pour flatter mon ego lors d’une mauvaise journée). La façon positive de voir les choses, c’est que vous vous sentez responsable envers les gens qui vous suivent de les tenir au courant des nouvelles de l’industrie, et que vous avez une plateforme et une influence pour promouvoir les enjeux qui vous tiennent à cœur.
La façon plus cynique de voir les choses est la suivante : quelqu’un remarquerait-il vraiment si j’arrêtais de tweeter ? Je suis une goutte d’eau dans l’océan. Est-ce qu’un décompte de mes abonnés est juste devenu une autre façon de flatter mon ego et de prouver ma propre valeur parce que je suis accro à la dopamine d’une notification qui me signale que quelqu’un pense que je vaux un petit clic sur le bouton « suivre » ? Peut-être que me suivre n’est pas l’expérience heureuse que j’imagine avec autosatisfaction. Il n’y a pas d’autre solution que de s’améliorer et de devenir moins obsédé⋅e par soi-même. En tant que personne issue de la génération millénium dans une société dominée par le capitalisme, je me souhaite bonne chance.
Le cercle des ami⋅e⋅s
Malgré ce modèle suivre/être suivi de Twitter, j’ai des amis sur Twitter. J’ai déjà parlé d’amitié en ligne. Je me suis aussi fait des ami⋅e⋅s sur Twitter et je l’utilise pour rester en contact avec des gens que je connais personnellement. Je veux savoir comment vont mes amis, ce qu’ils font, à quoi ils s’intéressent. Je veux aussi pouvoir bavarder et échanger des inepties avec des inconnu⋅e⋅s, partager mon expérience jusqu’à ce que nous devenions ami⋅e⋅s.
Une solution : Mastodon. Un réseau social loin d’être parfait mais bien intentionné.
Qu’est-ce que Mastodon et pourquoi l’utiliser ?
Mastodon a démarré comme une plateforme de microblogging similaire à Twitter, mais a évolué avec davantage de fonctionnalités qui montrent une orientation éthique, progressiste et inclusive. À la place de tweets, vos billets sur Mastodon sont appelés des pouets (NdT : en anglais c’est amusant aussi, des “toots”).
Pourquoi utiliser Mastodon et pas un autre réseau social nouveau ?
Maintenant que vous savez pourquoi je quitte Twitter, vous avez probablement une vague idée de ce que je recherche dans un réseau social. Mastodon est unique pour plusieurs raisons :
Mastodon est fédéré
« Mastodon n’est pas seulement un site web, c’est une fédération – pensez à Star Trek. Les milliers de communautés indépendantes qui font tourner Mastodon forment un réseau cohérent, où, bien que chaque planète soit différente, il suffit d’être sur l’une pour communiquer avec toutes les autres. »
La fédération signifie qu’il y a beaucoup de communautés différentes faisant tourner le logiciel Mastodon, mais chaque individu de chaque communauté peut parler à un autre utilisateur de Mastodon. Chaque domaine où Mastodon tourne est appelé une « instance ».
Fédération vs centralisation
Dans mon billet à propos de Twitter, je mentionnais « comme nous utilisons les plateformes de grandes entreprises, nous déléguons la responsabilité des décisions sur la manière de gérer les agressions au contrôle de l’entreprise. » Cette manière dont le pouvoir est tenu par un individu ou un petit groupe est une forme de centralisation.
La centralisation se manifeste à travers le Web de diverses façons, mais pour les plateformes comme Twitter, la centralisation veut dire que la plateforme tourne sur un serveur appartenant à une entreprise et contrôlé par elle. Donc pour utiliser Twitter, vous devez aller sur Twitter.com, ou utiliser un service ou une application qui communique directement avec Twitter.com. Ceci signifie que Twitter a un contrôle absolu sur son logiciel, la manière dont les gens s’en servent, ainsi que le profil et les données de comportement de ces personnes. Aral explique ceci en disant que ces plateformes ne sont pas comme des parcs, mais comme des centres commerciaux. Vous pouvez entrer gratuitement, rencontrer vos ami⋅e⋅s là-bas, avoir des conversations et acheter des trucs, mais vous êtes assujetti⋅e⋅s à leurs règles. Ils peuvent observer ce que vous faites avec des caméras de surveillance, vous entourer de publicités, et vous mettre dehors s’ils n’aiment pas ce que vous faites ou dites.
L’inverse de la centralisation, c’est la décentralisation. Une alternative décentralisée à la publication sur Twitter consiste à poster de petites mises à jour de votre statut sur votre blog, comme je le fais avec mes Notes. De cette manière je suis propriétaire de mes propres contenus et je les contrôle (dans les limites de mon hébergeur web). Si tout le monde postait son statut sur son blog, et allait lire les blogs des autres, ce serait un réseau décentralisé.
Mais poster des statuts sur son blog passe à côté de l’intérêt… social des réseaux sociaux. Nous n’utilisons pas seulement les réseaux sociaux pour crier dans le vide, mais nous les utilisons pour partager des expériences avec les autres. Aral et moi travaillons sur des manières de le faire avec nos sites personnels, mais nous n’y sommes pas encore. Et c’est là que la fédération rentre en jeu.
On peut appeler ça une « mono-instance ». Elle est hébergée sur mon propre domaine, donc j’en suis propriétaire et contrôle tout ce que je poste dessus, mais parce que j’ai Mastodon installé, je peux voir ce que les autres gens postent sur leurs instances Mastodon, et leur répondre avec des mentions, des boosts (équivalents d’un retweet) de leurs pouets, bien qu’ils soient sur des instances différentes. C’est comme avoir mon propre Twitter qui puisse discuter avec les autres Twittos, mais où c’est moi qui décide des règles.
« Mastodon est un logiciel gratuit, libre, que chacun peut installer sur un serveur. »
Mastodon est libre et gratuit, c’est pour cela que nous pouvons avoir nos propres instances avec nos propres règles. Cela veut aussi dire que si Eugen Rochko, qui fait Mastodon, va dans une direction que les gens n’aiment pas, nous (suivant nos compétences) pouvons le forker et réaliser notre propre version.
« En utilisant un ensemble de protocoles standards, les serveurs Mastodon peuvent échanger de l’information entre eux, permettant aux utilisateurs d’interagir sans heurts… Grâce aux protocoles standards, le réseau n’est pas limité aux serveurs Mastodon. Si un meilleur logiciel apparaît, il peut continuer avec le même graphe social. »
Mastodon utilise des protocoles standards, ce qui signifie que vous pouvez vous fédérer avec Mastodon même si vous n’utilisez pas Mastodon vous-même. Ceci signifie que vous n’êtes pas enfermé⋅e dans Mastodon, vu qu’il est interopérable, mais aussi qu’une autre technologie peut marcher avec vos pouets à l’avenir.
« Il n’y a pas de publicité, monétisation, ni capital-risque. Vos donations soutiennent directement le développement à plein temps du projet. »
Voilà qui est important. Mastodon est financé par des donations, pas par de la publicité ou autre astuce néfaste de monétiser vos informations, et pas non plus par des investisseurs de capital-risque. Cela signifie qu’il n’y a pas de conseil d’administration qui décidera qu’ils doivent commencer à faire des choses pour vous monétiser afin d’obtenir un retour sur leur investissement, ou pour “croître”. Cela signifie que nous dépendons de la bonne volonté et de la générosité d’Eugen. Mais, comme je l’ai mentionné plus haut, puisque Mastodon est libre et ouvert, si Eugen devient un monstre (cela semble improbable), nous pouvons forker Mastodon et faire une version différente qui fonctionne pour nous, à notre goût.
Mastodon est inclusif
Un des plus gros problèmes de Twitter est la modération (ou plutôt l’absence de modération) du harcèlement et des agressions. Dans un article intitulé Cage the Mastodon (NdT : mettre en cage le mastodonte) Eugen explique comment Mastodon est conçu pour empêcher le harcèlement autant que possible, et vous donner des outils pour vous assurer que votre fil et vos réponses ne contiennent que ce que vous souhaitez voir.
« Mastodon est équipé d’outils anti-harcèlement efficaces pour vous aider à vous protéger. Grâce à l’étendue et à l’indépendance du réseau, il y a davantage de modérateurs auxquels vous pouvez vous adresser pour obtenir une aide individuelle, et des instances avec des codes de conduite stricts. »
Bien sûr, Mastodon est loin d’être parfait – cette critique constructive de Nolan Lawson aborde certaines des plus grandes questions et plusieurs approches possibles – mais Mastodon accorde la priorité aux outils anti-agressions et les gens qui travaillent sur Mastodon accordent la priorité aux décisions de conception qui favorisent la sécurité. Par exemple, vous ne pouvez pas simplement rechercher un mot-clé sur Mastodon. Cela signifie que les gens qui cherchent à déclencher une bagarre ou une attaque en meute ne peuvent pas se contenter de chercher des munitions dans les pouets d’autres personnes. Si vous voulez que les mots-clés de vos pouets puissent être recherchés, vous pouvez utiliser des #hashtags, qui peuvent être recherchés.
Une autre de mes fonctionnalités favorites de Mastodon, c’est que par défaut, vous pouvez apporter un texte de description alternatif pour les images, sans que l’option soit cachée dans un menu « Accessibilité ». Par défaut, une zone de saisie vous est montrée au bas de l’image avec la mention « Décrire pour les malvoyants »
C’est une façon astucieuse pour Mastodon de dire aux gens qu’ils doivent rendre leurs images accessibles à leurs amis.
Comment utiliser Mastodon
Je ne suis pas une experte et j’en suis à mes premiers pas sur Mastodon. Alors voici une liste des meilleurs guides d’utilisation réalisés par des personnes qui connaissent bien mieux que moi comment fonctionne Mastodon :
Un guide de Mastodon des plus exhaustifs par @joyeusenoelle – guide écrit de manière simple et suivant le format de la FAQ. Utile si vous voulez trouver une réponse à une question en particulier.
Qu’est-ce que c’est que Mastodon et pourquoi est-ce mieux que Twitter par Nolan Lawson – Une introduction détaillée à Mastodon et à son histoire.
• Le Mastodon apprivoisé par Eugen Rochko – Un aperçu des caractéristiques pour gérer les abus et le harcèlement, qui explique également les décisions prises dans les coulisses de Mastodon en termes de design.
• Comment fonctionne Mastodon ? Par Kev Quirk—Introduit des comparaisons entre Mastodon et Twitter à travers des exemples qui permettent d’améliorer la compréhension.
• La confidentialité des posts de Mastodon – Un pouet qui explique qui peut voir ce que vous pouettez sur Mastodon selon les différents paramétrages choisis.
• La liste ultime – Un guide pratique des apps et des clients web à utiliser avec Mastodon au-delà de son interface par défaut. D’autres points sont également référencés, tels les outils d’affichage croisé notamment.
Rejoignez une petite instance, ou créez la vôtre
Si vous êtes intéressé⋅e par Mastodon, vous pouvez choisir l’instance que vous souhaiteriez rejoindre, ou vous pouvez créer la vôtre. Je suis partisane de l’instance unique pour soi-même, mais si vous souhaitez juste tester, ou si vous avez eu de mauvaise expérience de harcèlement sur les réseaux sociaux ailleurs, je vous recommande de choisir une petite instance avec le code de bonne conduite qui vous convient.
Beaucoup de gens (moi incluse) commencent par se créer un compte sur mastodon.social, mais je vous le déconseille. C’est la plus grande instance anglophone mise en place par les développeurs de Mastodon, avec notamment Eugen Rochko (@gargron). Ils ont des règles anti-nazis et semblent être plutôt bienveillants. Toutefois, beaucoup de gens utilisent mastodon.social. La dernière fois que j’ai regardé, ils étaient 230 000. Cela veut dire beaucoup de pression sur les modérateurs, et sur le serveur, et ça contrevient grandement au concept de fédération si tout le monde rejoint la même instance. Rappelez-vous, vous pouvez facilement communiquer avec des personnes de n’importe quelle autre instance de Mastodon. Si des personnes insistent pour que vous veniez sur leur instance alors que ce n’est ni pour le code de conduite ni pour la modération, à votre place je m’interrogerais sur leurs motivations.
Soyez conscient⋅e que l’administrateur d’une instance peut lire vos messages privés. L’administrateur de l’instance de l’utilisateur avec qui vous communiquez peut aussi lire vos échanges. Cela vient du fait que les messages privés ne sont pas chiffrés de bout en bout. Même si je ne pense pas que ce soit catastrophique pour Mastodon (c’est tout aussi vrai pour vos messages sur Twitter, Facebook, Slack, etc.), [çà nous rappelle que l’on doit vraiment faire confiance à notre administrateur d’instance/un rappel sur la nécessité de pouvoir se fier à l’administrateur de votre instance]. Aussi, si vous souhaitez envoyer des messages de manière vraiment sécurisée, je conseille de toujours utiliser une application de messagerie chiffrée, comme Wire.
Pourquoi Ind.ie ne propose pas d’instance ?
Quelques personnes nous ont encouragés, Aral et moi, à lancer notre propre instance. Nous ne le ferons pas, parce que :
Avant tout : la décentralisation est notre objectif. Nous ne voulons pas la responsabilité de détenir et contrôler vos contenus, même si vous nous faites confiance (vous ne devriez pas !).
De plus, nous serions de piètres modérateurs. Les modérateurs et modératrices devraient être formé⋅e⋅s et avoir une expérience significative. Ils sont la principale défense contre le harcèlement et les agressions. Les modérateurs se doivent d’être des arbitres impartiaux en cas de désaccord, et faire respecter leur Code de Conduite. C’est une activité à temps plein, et je crois que ça ne peut être efficace que sur de petites instances.
Ma mono-instance
J’ai d’abord rejoint Mastodon.social fin 2016. Alors que j’étais assez active sur les comptes @Better et @Indie, mon propre compte était très calme. Mastodon.social était déjà plutôt grand, et je voulais avoir ma propre instance, et ne pas m’investir trop pour un compte qui pourrait finalement cesser d’exister.
Mais je ne voulais pas héberger et maintenir une instance Mastodon toute seule. C’est un logiciel vaste et complexe, et je ne suis pas développeuse backend de grande envergure ni adminsys. De plus, je n’ai tout simplement pas le temps d’acquérir les compétences requises, ni même de mettre à jour les nouvelles versions et faire les mises à jour de sécurité.
Alors quand Masto.host, un hébergeur pour « un hébergement de Mastodon entièrement géré » m’a été recommandé, j’ai su que c’était ce dont j’avais besoin pour franchir le pas pour l’hébergement de ma propre instance.
Pourquoi mettre en place une mono-instance ?
Tout ce que je publie est sous mon contrôle sur mon serveur. Je peux garantir que mon instance Mastodon ne va pas se mettre à tracer mon profil, ou à afficher de la pub, ou à inviter des Nazis dans mon instance, car c’est moi qui pilote mon instance. J’ai accès à tout mon contenu tout le temps, et seuls mon hébergeur ou mon fournisseur d’accès à Internet peuvent bloquer mon accès (comme pour tout site auto-hébergé). Et toutes les règles de blocage et de filtrage sont sous mon contrôle – Vous pouvez filtrer les personnes que vous voulez sur l’instance d’autres personnes, mais vous n’avez pas votre mot à dire sur qui/ce qu’ils bloquent pour toute cette instance.
Vous pouvez aussi créer des emojis personnalisés pour votre propre instance Mastodon que chaque autre instance pourra voir et/ou partager.
Pourquoi ne PAS mettre en place une mono-instance ?
Dans un billet précédent sur les niveaux de décentralisation qui se trouvent au-delà de mes moyens, j’ai examiné les facteurs qui nous permettent, ou non, de posséder et contrôler nos propres contenus. Il en va de même pour les réseaux sociaux, surtout en termes de sécurité. Parfois nous ne voulons pas, ou nous ne pouvons pas, modérer notre propre réseau social.
Je suis une personne privilégiée parce que je peux faire face au faible taux de harcèlement que je reçois. Ce n’est pas un indicateur de ma force mentale, c’est seulement que le pire que je reçois sont des pauvres types qui me draguent par MP (messages privés), et certains individus qui insultent notre travail à Ind.ie de manière non-constructive et/ou blessante. Ce n’est pas infini, c’est gérable avec les outils de blocage et de sourdine usuels. (Je suis également fan du blocage préventif, mais ce sera un billet pour un autre jour). Je n’ai pas (pas encore ?!) été victime d’une attaque en meute, de harcèlement ciblé, ou d’agression plus explicite.
Parce que beaucoup de gens sont victimes de ce type de harcèlement et d’abus, et ils ne peuvent pas s’attendre à maintenir leur propre instance. Parce que pour être en mesure de bloquer, mettre en sourdine et modérer efficacement les personnes et les choses malfaisantes, il faut voir ces personnes et ces choses malfaisantes.
De la même manière qu’à mon avis le gouvernement devrait fournir des filets de sécurité pour les personnes vulnérables et marginalisées de la société, le web devrait fournir également des filets de sécurité pour les personnes vulnérables et marginalisées du web. Je vois des petites instances comme ces filets de sécurité. Idéalement, je vous conseillerais de connaître votre administrateur d’instance en personne. Les instances devraient être comme des familles (entretenant de saines relations) ou des petits clubs du monde hors-ligne. Dans ces situations, vous pouvez avoir quelqu’un qui représente le groupe en tant que leader lorsque c’est nécessaire, mais que ce soit une hiérarchie horizontale sinon.
Connaître de bonnes personnes qui vous protègent est un sacré privilège, alors peut-être qu’une recommandation par du bouche-à-oreille pour une petite instance d’une personne que vous connaissez pourrait suffire. Je ne me suis pas retrouvée dans cette situation, alors prenez ma suggestion avec des pincettes, je veux seulement souligner les potentielles répercussions négatives lorsque vous décidez qui peut contrôler votre vie sociale en ligne. (Prenez en compte les exemples de ceux qui ont été confrontés aux répercussions de Twitter ou Facebook pour décider jusqu’où une agression raciste est acceptable ou quel est leur véritable nom.)
Comment mettre en place une mono-instance
Si, comme moi, vous n’êtes pas un bon adminsys, ou si vous n’avez simplement pas le temps de maintenir votre propre instance Mastodon, je vous recommande masto.host. Hugo Gameiro vous fera l’installation et l’hébergement d’une petite instance Mastodon pour 5 €/mois. La procédure est la suivante :
Acheter un nom de domaine (si vous n’en avez pas déjà un à utiliser)
S’inscrire sur masto.host et donnez à Hugo votre nom de domaine. J’ai mis le mien en place à mastodon.laurakalbag.com ce qui est plutôt long, mais il apparaît clairement que c’est mon instance rien que par le nom.
Mettre en place les réglages DNS. Masto.host vous enverra alors quelques changements que vous devez effectuer sur votre configuration DNS. La plupart des fournisseurs de nom de domaine ont une page pour le faire. Puis, signalez à Masto.host une fois que vous avez effectué ces changements.
Créer votre compte Mastodon. Masto.host va installer votre instance Mastodon. Vous recevrez alors un message vous demandant de créer votre compte Mastodon. Créez le compte Mastodon pour votre administrateur/administratrice. Puis, indiquez à Masto.host que c’est celui que vous avez choisi comme compte administrateur. Masto.host vous donnera alors les droits administrateur/adminstratrice sur ce compte.
Modeler votre instance Mastodon à votre guise pour qu’elle corresponde à ce que vous souhaitez. Dès que vous avez les droits d’administration, vous pouvez personnaliser votre instance Mastodon de la manière qui vous plaît. Vous souhaiterez probablement commencer par fermer l’enregistrement aux autres personnes.
La procédure entière sur Masto.host a pris environ une heure pour moi. Mais gardez à l’esprit que c’est une procédure qui nécessite quelques interventions manuelles, ça peut donc prendre un peu plus de temps. Masto.host est géré par un seul véritable humain (Hugo), pas une société quelconque, il a besoin de dormir, manger, vivre sa vie, et maintenir d’autres instances, donc, si vous vous inscrivez à Masto.host, soyez sympas et polis s’il vous plaît !
Mais, mais, mais…
À partir du moment où vous commencez à recommander un réseau social alternatif, les gens auront leurs raisons pour vous dire en quoi ce n’est pas fait pour eux. C’est très bien. Tant que la critique est fondée. Comme l’a résumé Blain Cook sur Twitter…
Bien que j’aie réfléchi et travaillé à ce problème depuis le tout début de Twitter, je n’ai pas eu beaucoup de succès pour y remédier. Pas plus que n’importe qui d’autre.
Ce sont des problèmes difficiles. La critique facile d’efforts acharnés ne nous mènera nulle part. Ce n’est pas pour dire que la critique n’est pas fondée. De nombreux problèmes se posent. Mais si l’argument par défaut revient à « Il ne nous reste qu’à rester et nous plaindre de Twitter », cela sabote sérieusement la légitimité de toute critique.
Cela dit, il y a quelques arguments qui valent la peine d’être rapidement évoqués :
– Tous mes amis / les gens sympas / les discussions intéressantes sont sur Twitter…
Tous vos amis, les gens sympas et les discussions intéressantes étaient-elles sur Twitter lorsque vous l’avez rejoint ? Voyez Mastodon comme une chance de nouveau départ, trouver de nouvelles personnes à suivre, peut-être même saisir l’occasion de suivre un groupe plus diversifié de personnes… ! Vous pouvez cross-poster sur Twitter et Mastodon s’il le faut. Évitez juste de cross-poster les retweets et @réponses, le rendu est moche et illisible.
Je m’abonne à des comptes et des listes sur Twitter en utilisant RSS avec Feedbin, ce qui me permet de garder un œil sur Twitter tout en me désintoxiquant.
– Je n’ai pas le temps de rejoindre un autre réseau social
Créer ma propre instance ne m’a pris qu’une heure. Rejoindre une instance existante prend moins de 30 secondes une fois que vous avez décidé laquelle rejoindre. Instances.social peut vous aider à trouver une petite instance qui vous convient. Assurez-vous d’avoir lu leur Code de Conduite !
Rejoignez-moi !
Si vous lisez ce billet et vous inscrivez à Mastodon, pouettez-moi ! Je serai heureuse de vous suivre et de répondre aux questions que vous vous posez à propos de Mastodon ou du lancement de votre propre instance (ou les booster lorsque je ne connais pas la réponse !)
Mastodon ne sera peut-être pas notre solution optimale définitive en tant que réseau social, mais ce sera peut-être une étape sur le chemin. C’est une véritable alternative à ce qui existe déjà. Nous sommes actuellement bloqués avec des plateformes qui amplifient les problèmes structurels de notre société (racisme, sexisme, homophobie, transphobie) parce que nous n’avons pas d’alternatives. Nous ne pouvons pas échapper à ces plateformes, parce qu’elles sont devenues notre infrastructure sociale.
Nous devons essayer des solutions de rechange pour voir ce qui fonctionne et, en tant que personnes qui travaillent quotidiennement dans le domaine du Web, nous devrions nous charger de trouver une technologie sûre que nous pouvons partager avec nos proches.
Retour sur le Fédérathon, le hackathon de la fédération
L’objectif de cette rencontre durant ces quelques jours était de réfléchir ensemble à des problématiques propres aux réseaux fédérés : ces alternatives éthiques et distribuées aux médias sociaux centralisés.
Étaient présents des développeurs et des UX designers ainsi que des étudiants, tous intéressés par le principe de fédération :
Séba, développeur Python ;
Moutmout, étudiante en mathématiques (mais qui fait aussi du Python) ;
Agate, principale développeuse de Funkwhale (plateforme de musique fédérée) ;
Maiwann, UX-designeuse ;
tcit, développeur et adminsys chez Framasoft ;
Natouille, UX-designeuse ;
Narf, stagiaire au sein de Framasoft qui réalise un mémoire scientifique sur le principe de la fédération (surtout ActivityPub*) et un mémoire philosophique sur les formes d’organisation non centralisées;
Renon, également contributeur de Funkwhale ;
Bat, développeur de Plume (blogs fédérés) qui contribue aussi un peu sur Funkwhale ;
Nathanaël, hébergeur de ce séjour et aussi membre de Framasoft.
*ActivityPub est un langage utilisé par les services fédérés pour communiquer entre eux.
Petite introduction
Nous avons commencé par un petit tour de présentation, pendant lequel nous en avons profité pour faire part à tout le monde nos souhaits et les activités que l’on proposait pour ce séjour.
Cela a été facilité par le fait qu’un dépôt sur Framagit a été ouvert quelques semaines plus tôt, sur lequel chacun était invité à proposer des activités et repas (le séjour reposant sur le principe d’auto-gestion).
Nous avons ainsi pu mieux les lister et définir (avec une méthode sponsorisée par 3M*).
*3M, c’est la marque des post-its (oui si on ne sait pas, on ne peut pas comprendre la référence).
On a donc rapidement plein de petites fiches d’activités, de quoi bien nous occuper pendant le séjour :
Ensuite, nous nous sommes inscrits dans chaque activité que nous souhaitions afin de les prioriser, avec des petits motifs que chacun s’est attribués.
Petite astuce donnée par les designeuses : pour retirer un post-it, il faut le faire par le coté et pas par en bas. Comme ça il collera plus longtemps, parce que la surface de collage sera moins pliée et donc davantage en contact avec le mur. 😉
Nous avons clos cette première journée par un petit cours d’astronomie à l’œil nu proposé par Moutmout.
Design et Ergonomie
Nous avons fait un fishbowl sur le thème de l’ergonomie des logiciels, notamment comment savoir si son interface est utilisable.
Un fishbowl (ou bocal à poissons) est un processus de communication permettant d’échanger sur un sujet particulier. Au départ, nous plaçons 4 chaises au centre de la pièce et nous invitons 3 personnes maximum à s’asseoir sur celles-ci pour prendre la parole, les autres sont invités à écouter sans intervenir. Lorsqu’une personne qui s’est exprimée se rend compte qu’elle n’a plus rien à ajouter, elle libère une place et une autre personne peut s’asseoir et discuter à son tour. Si une personne en dehors du cercle veut prendre la parole, elle s’assied sur une chaise libre (il y en a toujours une, vu qu’il y a 4 chaises pour 3 orateurs max.), et invite de fait un orateur à libérer sa place. Ce fonctionnement permet d’améliorer la dynamique de la conversation et de faciliter la prise de parole pour tout le monde.
Agate (qui développe Funkwhale) nous a présenté la conférence qu’elle avait faite aux RMLL quelques jours plus tôt. Cela a permis à certains de comprendre ce qu’il se passe sous le capot d’un projet utilisant ActivityPub, et à d’autres, d’avoir des idées pour mieux expliquer.
Après différents échanges, un sketch-note en est ressorti :
Partant de là, nous avons réfléchi brièvement à comment expliquer la fédération à M. ou Mme Tout-le-monde.
Nous avons ensuite fait appel à la communauté, en demandant sur Mastodon comment expliquer le principe de fédération. De nombreuses suggestions ont été proposées :
Note post-fédérathon (Nathanaël) : 2 semaines plus tard, je suis revenu avec mes frères dans la même maison, les post-its étaient encore accrochés. Alors qu’ils ne connaissaient pas le principe de fédération, je leur ai fait deviné la question qu’on avait posé, sans donner plus d’indices. Sans se concerter ils se sont tous deux mis d’accord sur cette question : * »Comment se mettre d’accord quand on est différents ? »*. Je trouve que celle-ci est au final une des meilleure réponse (et ce concept de « brainstorming inversé » est assez amusant). Et c’est vrai, c’est un peu ça la fédération.
Nous avons également noté que le terme instance pouvait faire un peu peur aux néophytes.
Nous avons donc, une fois de plus, fait appel à la communauté Mastodon pour trouver un terme équivalent. Une foule d’idées en est ressortie (certaines nous ont bien fait rire).
N’hésitez pas à piocher dans la liste pour vos prochaines explications. 😉
Les identités nomades
Une des Fiches Activités qui a eu du succès concernait les identités nomades. Nous n’étions en fait pas tout à fait d’accord sur ce que ce terme signifiait et son intérêt principal.
C’est pourquoi nous avons fait un échange en groupe afin d’identifier les problématiques auxquelles peuvent être confronté·e·s les utilisateur·ice·s d’un système fédéré actuellement :
« J’ai un identifiant et mot de passe pour chaque service. »
« Comment interagir avec un contenu qui n’est pas sur mon instance ? »
« Si mon instance est hors-ligne je n’accède pas à mon compte. »
« Quand je déménage je ne veux pas perdre mes données. »
« Je veux qu’on me retrouve sur mes différents services. », également lié à :
« Je ne veux pas qu’on usurpe mon identité. »
Nous avons ensuite listé les différentes solutions possibles à chaque problématique, en nous basant notamment sur celles déjà existantes sur certains projets comme Pleroma, KeyBase ou Diaspora.
Financement des créateurs
Comme proposé sur une autre Fiche Activité, nous avons discuté d’une plateforme pour faciliter le financement des créateurs présents sur le Fediverse. La problématique se rapproche de celle de l’identité évoquée plus haut.
Cette plateforme aurait pour but de trouver le contenu avec lequel l’utilisateur interagit (visualisation, like, écoute, …) afin de comptabiliser la somme à donner à chaque créateur, puis rediriger le donateur vers les plateformes choisies par le créateur (Tipeee, Liberapay, monnaie libre, …).
Il en est ressorti quelques schémas et illustrations représentant l’idée :
Ainsi que quelques sketch-notes…
Gouvernance
Nous avons réalisé un autre fishbowl, cette fois-ci sur le thème de la gouvernance au sein de la fédération : qu’elle se situe au niveau de la gestion des instances et de leur modération, ou bien au niveau du projet et de son développement.
Durant le fishbowl nous avons abordés de nombreux sujets.
Le fait par exemple que la manière de gérer un groupe dépend de sa taille : un état, un logiciel ou une entreprise ne peuvent pas s’organiser de la même manière. Il en serait donc de même pour les instances du Fediverse, où leur gouvernance pourrait être pensée vis à vis de leur taille.
Nous avons également abordé des notions d’inclusivité et d’accessibilité, des différentes façon de gérer cela comme l’élaboration d’un code de conduite où la manière de modérer les instances.
Notre discussion s’est ensuite étendue à la gouvernance au sens large et comment celle-ci est gérée dans les groupes qui sont sensibles aux notions d’égalité (associations, squats, communautés, etc.). On note que même dans une volonté de gouvernance horizontale, une hiérarchie peut se mettre en place naturellement : simplement parce que bien souvent l’investissement des membres n’est pas le même, ce qui peut avoir un impact sur les décisions prises.
Tests utilisateurs
Si un jour vous vous retrouvez entre passionnés du libre, partants pour contribuer sans trop savoir comment et qu’un développeur de projet est avec vous, faites des tests utilisateurs.
Les tests utilisateurs sont à la contribution au libre ce que le houmous est aux repas en auberge espagnole : c’est simple à faire, c’est rapide, accessible à tous et surtout très efficace.
— Un fédérathoniste
Nous les avons expérimentés pendant le séjour sur plusieurs sessions, pour les logiciels Funkwhale et Plume par plusieurs personnes.
Première étape : on met quelqu’un devant un logiciel en lui donnant une mission (la moins guidée possible). En fonction de ce que l’on veut tester, ça peut être un utilisateur connaissant le logiciel ou ne l’ayant jamais vu. L’utilisateur commente tout ce qu’il fait et également ce qu’il ressent, les autres écoutent silencieusement.
Oui, pour une fois les utilisateurs peuvent ouvertement pester contre telle ou telle fonctionnalité qui n’est pas pratique, on peut se lâcher (bon, pas trop quand même hein, les développeurs sont aussi nos amis).
Deuxième étape : pendant ce temps, le ou les développeurs prennent plein de notes :
– les actions qu’ils n’avaient pas prévues dans la manière d’utiliser l’outil ;
– ce qui frustre l’utilisateur, ou au contraire le satisfait ;
– ce que les utilisateurs comprennent et ce qu’ils espéraient ;
– ce qui manque ;
– les bugs éventuels pouvant survenir.
Pour notre part, nous avons abattu environ l’équivalent d’un arbre en papier :
Troisième étape : un échange est fait avec les développeurs et UX-designeuses présentes ici, pour voir comment améliorer certains points. Si vous n’avez pas de star d’UX parmi vous, vous pouvez demander autour de vous (sur Mastodon par exemple).
Dernière étape : transformez ces notes en tickets* sur les dépôts des projets en question !
* Dans le développement logiciel, les tickets sont des propositions de modification du code. Cela peut être par exemple pour améliorer l’interface, signaler un bug ou suggérer des fonctionnalités.
Tous ces tickets sont quelque chose de très concret pour l’amélioration du logiciel, d’autant plus si c’est un des développeurs qui les ouvre : on passe d’une petite gêne remarquée dans l’utilisation en un truc noté sur la TODO-list du projet.
Du côté du futur projet Framameet (nom Framasoft d’un projet de site de partage d’événements fédéré), nous avons pu tester et prendre des notes sur les projets propriétaires concurrents, afin de mieux concevoir l’ergonomie du projet.
Initiations
Certains d’entre nous ont proposé des initiations à des notions qu’ils maîtrisaient : tcit sur le langage Elixir, bat sur le langage Rust.
Plus brièvement, Docker et le déploiement ont aussi été abordés.
Ce n’était pas des cours mais plutôt un moyen de nous faire découvrir et aimer (ou pas) ces technos et se laisser le temps, plus tard, d’étudier plus profondément le sujet.
La suite
Avec le joyeux groupe que nous étions, le séjour était assez riche en blagues en tout genre… Notamment la phrase « C’est un peu ça la fédération », sortait assez régulièrement les derniers jours (en réponse à un phrase adaptée).
En revenant du séjour, Moutmout a donc mis les doigts au clavier pour coder un petit bot Mastodon C’est quoi la fédération, répondant à des pouets aléatoires.
L’élaboration de ce compte-rendu à plusieurs nous a également permis d’en garder une trace et de vous le partager.
Nous avons également ouvert un autre Framapad dédié à l’après-séjour. Sur ce dernier, chacun d’entre nous pouvait partager des remarques et suggestion, ou bien donner son avis sur ce qui était bien, ou ce qu’il faudrait améliorer pour une prochaine fois.
Il en ressort globalement que nous étions très satisfaits du séjour : notamment, les tests utilisateurs et les fishbowls en ont conquis plus d’un (mais pas autant que les burgers végé :P).
Il y a également quelques petites idées pour une prochaine fois, comme le fait d’ouvrir un framapad dédié au compte-rendu en début du séjour et de le compléter ensemble tous les jours.
On note également le fait que les ateliers plus « concrets » niveau contribution étaient moins présents que nous l’envisagions, dû au fait qu’ils se font en petits groupes, alors que nous avions tous envie de faire des choses ensemble et que les ateliers en grands groupes intéressaient tout le monde. Bref, il faut accepter qu’on ne puisse pas tout faire.
Nous essayons petit à petit de voir comment poursuivre nos discussions par des actions plus concrètes : par exemple nous sommes en train de monter un groupe de discussion ouvert concernant les identités nomades et son implémentation, en espérant que cela débouche sur des propositions de modification sur des logiciels fédérés. Les thème de la gouvernance et du financement des créateurs subiront sans doute le même sort. Si par ailleurs vous êtes intéressés par ces sujets, vous pouvez me contacter (sur Mastodon : roipoussiere(@)mastodon·tetaneutral·net ou par mail : nathanael(@)framasoft·org) pour prendre part aux groupes de discussion existants.
Ah, et on raconte que certain·e·s participant·e·s ont toujours la musique de Put a banana in your ear dans la tête. On ne sait pas pourquoi.
Ce séjour était en tout cas une expérience très enrichissante pour nous toutes et tous. Et toutes ces discussions pourraient bien un jour faire germer, dans nos petites têtes de libristes, de nouveaux projets.
Les flux RSS, maintenant !
Il n’y a pas si longtemps, les flux RSS nous étaient familiers et fort utiles. Aral Balkan nous invite à nous en servir partout et explique pourquoi ils sont peut-être l’avenir d’un autre Web en gestation..
Peu compliqués à mettre en place sur une page web, ils permettent un lien sans intermédiaire entre la production de contenu et son audience, court-circuitant ainsi les plateformes centralisatrices que nous avons laissé parasiter nos communications. Tandis que se confirme une tendance forte à la fédération des contenus, la pertinence des flux RSS qui permet de les découvrir pourrait être un allié important pour re-décentraliser le Web.
Pour ceux et celles qui sont né⋅e⋅s dans le monde des silos du Web centralisateur, les RSS sont une antique technologie du Web 1.0 (« le Web ingénu des premiers âges » ?). Comme pour beaucoup de choses de cette époque, le nom dit la chose : ils permettent de syndiquer facilement les contenus de votre site, c’est-à-dire de les partager. Les personnes que cela intéresse de suivre vos publications souscrivent à votre flux et reçoivent ainsi les mises à jour en utilisant leur lecteur de RSS. Pas de Twitter ni de Facebook pour s’interposer avec des algorithmes pour censurer… euh … « modérer » vos billets.
RSS est d’une simplicité enfantine à implémenter (juste un fichier XML). Vous pouvez l’écrire à la main si vous voulez (même si je ne le recommande pas).
Voici un extrait du flux RSS de mon site, qui vous montre quelques-uns des champs de l’entrée courante de ce billet :
<?xml version="1.0" encoding="utf-8" standalone="yes" ?> <rss version="2.0" xmlns:atom="http://www.w3.org/2005/Atom"> <channel> <title>Aral Balkan</title> <link>https://ar.al/</link> <description>Recent content on Aral Balkan</description> <lastBuildDate>Fri, 29 Jun 2018 11:33:13 +0100</lastBuildDate> … <item> <title>Rediscovering RSS</title> <link>https://ar.al/2018/06/29/rediscovering-rss/</link> <pubDate>Fri, 29 Jun 2018 11:33:13 +0100</pubDate> <author>mail@ar.al (Aral Balkan)</author> <description>(The content of this post goes here.)</description> </item> … </channel> </rss>
De plus son implémentation est quasi-universelle.
Où est mon RSS ?
Il y a bien des chances, si vous avez un site web, que vous ayez déjà un flux RSS, que vous le sachiez ou non. Si par exemple vous utilisez comme moi Hugo pour créer votre site, votre flux RSS est là : /index.xml
D’autres générateurs peuvent les insérer ici ou là : at /rss, /feed, /feed.xml, etc.
À une époque, vous ne pouviez pas surfer sur le Web sans voir partout les séduisantes icônes RSS décorer gracieusement les belles vitrines du Web 1.0. Mais ça, c’était avant qu’elles ne soient vampirisées par les traqueurs espions … euh … « les boutons de partage social » des Google et autres Facebook qui pratiquent la traite intensive d’internautes.
Il existait aussi auparavant une saine propension des navigateurs à détecter automatiquement et afficher les flux RSS. Aujourd’hui, il semble qu’aucun navigateur majeur ne le fasse bien nettement.
Il est grand temps de revenir à la charge pour exiger une prise en charge de premier plan des flux RSS, une brique importante pour re-décentraliser le Web.
Mais vous n’avez pas besoin d’attendre que les éditeurs de navigateurs se décident (certains comme Google sont eux-mêmes des agents du capitalisme de surveillance et d’autres, comme Mozilla, doivent leurs ressources financières aux capitalistes de la surveillance). Vous pouvez dès maintenant remettre à l’honneur les flux RSS en retrouvant l’adresse URL de votre propre RSS et en l’affichant fièrement sur votre site.
Rien de bien compliqué : il suffit d’un lien dans la partie <head> de votre page2 et d’un lien dans le <body> avec une icône RSS et hop vous voilà dans la famille du Web décentralisé.
et voilà l’en-tête à mettre dans le <body> qui établit le lien avec le flux RSS avec une icône visuellement repérable.
<a rel='alternate' type='application/rss+xml' href='/index.xml' > <img class='rss' src='/icons/rss.svg' alt='RSS feed icon' title='Subscribe to my RSS feed' > </a>
Jetez un coup d’œil au Noun Project pour choisir votre icône RSS, elles sont toutes sous licence Creative Commons.
RSS lourd ou léger ?
Lorsque vous créez un flux RSS pour votre site, vous avez le choix entre inclure seulement un résumé de votre billet ou bien son contenu intégral. J’ai modifié la configuration de mon Hugo et le modèle de RSS par défaut en suivant les instructions de Brian Wisti pour inclure le contenu intégral dans le flux et je vous recommande d’en faire autant.
Il y a six ans, je préconisais l’inverse ! J’écrivais « le RSS lourd n’est qu’une copie du contenu sous un autre nom ». J’avais tort. J’étais trop obsédé par le maintien d’une mainmise formaliste sur mes conceptions et je n’ai donc pas réussi à faire un choix réfléchi en utilisant des critères de conception éthiques.
Capture d’écran du lecteur de RSS NewsBar RSS sur macOS qui affiche mes souscriptions, la liste des billets de mon blog et un aperçu de mon billet sur Kyarchy, avec l’image et les styles qui ont disparu.
Plus les personnes ont de moyens d’accéder à vos contenus publiés, plus ces contenus ont des chances de rester en ligne et meilleur c’est pour la liberté de tous.
Des contenus dupliqués ? Oui, sans problème ! Plus on en a et mieux ça vaut. Eh eh, avec la version web en pair à pair de mon site, le but est idéalement de dupliquer le contenu autant de fois qu’il y aura de personnes pour le parcourir.
Certes, votre contenu peut être légèrement différent d’un lecteur RSS à l’autre, car certaines applications ne sont pas conformes aux standards, mais c’est leur problème, pas le vôtre. D’après mes tests partiels, le lecteur Leaf pour macOS affiche mon flux RSS lourd parfaitement alors que NewsBar ne le fait pas. Pas grave. (et j’espère que l’équipe de NewsBar en prendra bonne note pour améliorer le rendu dans une prochaine mise à jour. Après tout, aucune application n’arrive parfaite sur le marché).
Maintenant que nous nous éloignons du Web centralisé pour aller vers un Web pair à pair, il est temps de redécouvrir, adopter et exiger les flux RSS.
Tout ce qui est ancien reprend une nouvelle force.
RSS était un élément essentiel du Web 1.0 avant que le capitalisme de surveillance (Web 2.0) ne s’en empare.
Ce sera une composante précieuse du Web+ et au-delà.
Pour aller plus loin sur le sujet des flux RSS, un autre article du même auteur publié plus récemment : Refining the RSS
et ses aventures nocturnes pour tenter de faire apparaître cette maudite icône de RSS.
Pour s’abonner aux flux du Framablog, c’est par ici en bas à droite
Avec Firefox, il n’est pas très compliqué de s’abonner aux flux web, que ce soit RSS ou autres formats
PeerTube : vers la version 1, et au-delà !
PeerTube est un logiciel libre permettant d’héberger et de partager des vidéos.
Ses principales différences avec YouTube, Dailymotion, Vimeo & co ?
PeerTube est libre : son code est un « commun » numérique, partagé avec tous et toutes, et non une recette secrète appartenant à Google (pour YouTube) ou à Vivendi/Bolloré (pour Dailymotion).
PeerTube est décentralisé : toute personne en ayant les compétences peut l’installer sur son propre serveur et mettre en place « sa » version de PeerTube (qu’on appelle une « instance »).
PeerTube n’impose pas de gouvernance : contrairement à YouTube, toute structure (individu, entreprise, association, communauté, etc.) ayant installé son instance PeerTube peut choisir sa thématique, les vidéos qu’elle héberge, qui peut s’y enregistrer pour disposer d’un compte, etc.
PeerTube est fédéré : contrairement à YouTube qui est un seul énorme silo contenant des milliards de vidéos, une instance PeerTube peut se connecter à d’autres instances de son choix et afficher leurs vidéos, sans avoir besoin de changer de site. Ainsi, avec PeerTube, vos vidéos ne sont plus isolées sur une seule machine : elles peuvent être cherchées et regardées depuis des centaines d’autres instances PeerTube.
PeerTube permet du streaming en pair-à-pair : contrairement à YouTube, qui est le seul « émetteur » de la vidéo, si 100 personnes regardent une même vidéo avec PeerTube, elles s’envoient de petits morceaux de la vidéo les unes aux autres, diminuant ainsi les coûts de diffusion pour la structure hébergeant l’instance.
[Vidéo de présentation de PeerTube, en anglais, avec les sous-titres français, sur Framatube. Pour la vidéo avec les sous-titres en anglais, cliquez ici. Réalisation : Association LILA (CC by-sa)]
Rappel des épisodes précédents : en novembre dernier, nous vous annoncions que Framasoft avait recruté Chocobozzz, le développeur du logiciel PeerTube (alors en version alpha), afin de lui donner les moyens de produire une version bêta du logiciel.
Nous vous avions alors sollicités pour nous aider à financer ce contrat de quelques mois (octobre 2017 à mars 2018). Grâce à l’aide précieuse de centaines de donatrices et donateurs, nous avons pu tenir notre engagement et publier la version bêta de PeerTube en mars 2018 (en respectant les délais, en plus !).
Depuis, les instances PeerTube ont fleuri. On compte aujourd’hui plus d’une centaines d’instances publiques déclarées (et sans doute bien plus non publiquement déclarées), hébergeant plusieurs milliers de vidéos !
Nous avons aussi pu éprouver sa robustesse lorsque nos amis de Datagueule ont publié leur film « Démocratie(s) » simultanément sur YouTube et PeerTube. Malgré des milliers de connexions, le logiciel a parfaitement tenu la charge. 🙂
Vers la version 1, et au-delà !
Cependant, force est de constater que PeerTube reste un logiciel encore non finalisé.
Par exemple la recherche n’est pas encore très fonctionnelle (si vous cherchez « Iinternet own boy » sur Framatube, aucun résultat n’est retourné, alors que si vous cherchez « internet’s own boy« , vous pourrez accéder à cet excellent documentaire sur la vie de l’hacktiviste Aaron Swartz).
PeerTube ne permet pas non plus encore d’intégrer un fichier de sous-titres à une vidéo, ou d’afficher son interface dans une autre langue que l’anglais, etc.
Bref, PeerTube fonctionne (bien), mais il reste encore de nombreuses améliorations à y apporter pour pouvoir le considérer comme une alternative sérieuse à YouTube.
Framasoft a donc fait le pari de prolonger le contrat de Chocobozzz jusqu’à la fin de l’année 2018, afin là encore de se donner les moyens d’atteindre son objectif, fournir une version 1 de PeerTube.
Mais là encore, se posait la question du financement de ce poste.
Comme nous avions déjà sollicité la communauté francophone (qui connaît plutôt bien l’association Framasoft et nous fait confiance depuis des années), nous ne souhaitions pas demander à cette communauté de mettre à nouveau la main au portefeuille.
Framasoft Need You!
Nous avons donc fait le choix de lancer une « classique » campagne de financement participatif. Mais de nous adresser avant tout au public non-francophone lors de son lancement.
En effet, les actions de Framasoft sont relativement inconnues à l’étranger. Évidemment parce que l’essentiel de nos travaux (maison d’édition Framabook, annuaire Framalibre, et bien entendu nos différents services libres de la campagne « Dégooglisons Internet ») sont publiés en français, mais aussi parce que nous communiquons et intervenons rarement à l’étranger (à quelquesexceptionsprès).
Nous souhaitons donc, avec cette campagne, sensibiliser le public non-francophone, en l’informant de l’existence de PeerTube (qui n’est pas un vaporware puisque déjà largement fonctionnel).
Par ailleurs, et de façon pas du tout anecdotique, nous souhaitons remercier l’association LILA qui, en parallèle de la réalisation de ZeMarmot (long métrage d’animation réalisé avec Gimp), a réalisé la magnifique animation que vous pouvez découvrir au début de cet article ou, bien entendu, sur la page de campagne. Cette vidéo a été réalisée uniquement avec des logiciels libres (Gimp, ça va de soi, mais aussi Synfig et Blender). Merci à Jehan et Aryeom pour leur colossal travail en un temps record ! N’hésitez pas à les remercier et à les encourager financièrement pour leurs travaux.
Notez que la vidéo est disponible sur Framatube (évidemment) afin de pouvoir la partager. Elle est naturellement sous licence libre (CC by-sa), ainsi que la musique (par Ken Bushima – CC by).
Vous pouvez bien évidemment participer financièrement à la campagne de financement participatif, mais si vous l’avez déjà fait fin 2017, vous aurez compris qu’on ne vous met pas la pression (d’autant que cette fois, il n’y aura probablement pas de défiscalisation possible).
Vous pouvez aussi nous aider à traduire certaines parties de la campagne, qu’il s’agisse de la page de campagne, de la FAQ, des sous-titres de la vidéo, ou du site joinpeertube.org, en vous signalant comme volontaire sur notre forum.
Nous sollicitons surtout votre aide pour partager l’information sur les médias sociaux (libres ou non), en utilisant si possible le hashtag #joinpeertube !
Si vous avez un oncle d’Amérique, une tante en Australie, une cousine au Chili, ou un frère en Allemagne, lui signaler l’existence de PeerTube nous serait d’une grande aide pour faire découvrir ce projet qui nous semble essentiel pour l’émancipation de toutes et tous.
Comment réparer les médias sociaux (et faire encore mieux)
Le récent scandale Cambridge Analytica semble avoir brièvement remis au goût du jour la question du siphonnage de données par les médias sociaux. Il est bon de se rappeler que la collecte de données n’est pas une simple pratique de Facebook, mais bien leur modèle économique : que cette entreprise – parmi les plus cotées en bourse au monde – n’existe qu’en se nourrissant de nos Likes, photos et autres interactions sociales.
Vol de données privées, manipulation de masse, matraquage publicitaire, exploitation de nos faiblesses psychologiques, … il y a beaucoup à dire sur les pratiques néfastesdes médias sociaux centralisés. Mais aujourd’hui tournons-nous vers une solution et découvrons ensemble un moyen de lutter contre ces derniers avec des alternatives plus éthiques. Non, mieux : une fédération d’alternatives plus éthiques.
Nos ancêtres les Gaulois ?
L’an dernier, nous annoncions vouloir tourner la page de Dégooglisons Internet, avec laquelle se tourne aussi la métaphore des camps gaulois libres qui luttent contre l’invasion romaine propriétaire.
Ce que nous avons omis de préciser, c’est que n’en déplaise à Goscinny, l’histoire ne s’est pas réellement passée comme nous avons l’habitude de la lire dans ses albums. Ce que nous appelons les gaulois est en réalité un terme un peu générique inventé par les romains pour désigner les nombreux petits peuples qui vivaient en Gaule.
Même s’il pouvait y avoir quelques alliances entre plusieurs peuples, en aucun cas tous ces villages gaulois étaient unis pour former un seul grand peuple gaulois. Ces derniers étaient bien indépendants : ils se faisaient beaucoup la guerre entre eux et parlaient leurs propres patois locaux.
Maintenant imaginez que vous êtes un peuple gaulois vivant à cette époque : vous voyez débarquer la grande armée romaine, qui envahit un à un d’autres villages gaulois. Bon, vous n’avez pas spécialement beaucoup d’affinités, mais on peut quand même vous trouver une petite larme à l’œil, ne serait-ce que parce que les Romains ne respectent pas vos principes.
Comment faire, donc, pour que ces braves Gaulois continuent paisiblement leurs bagarres de poissonniers et leurs concours de moustache ? Peut-être essayer d’améliorer l’entente entre ces différents peuples. Hmm, mais ce n’est pas si évident, les peuples gaulois parlent chacun leur propre patois, la barrière de la langue pose rapidement un gros frein à tout arrangement.
Les libristes, ces grands relous
Vous l’aurez compris, les logiciels libres sont comparables à un ensemble de villages gaulois : bien sûr, beaucoup souhaitent lutter contre l’invasion de Google, Apple et autres GAFAM, mais ils veulent toutefois garder une certaine indépendance : il n’y a qu’à regarder le nombre de distributions Linux pour se rendre compte de la diversité qu’apporte la possibilité de modifier à loisir un système.
On pourrait penser que c’est bien dommage, que tous ces libristes feraient mieux d’unir leurs forces pour lutter ensemble contre leurs ennemis communs au lieu de se diviser ainsi. Mais ce serait mettre fin à ce qui motive justement cette soif de créer des projets libres : la possibilité de pouvoir les modifier et les partager librement.
Au contraire, on se contente d’être fiers de voir autant de diversité dans les logiciels libres, comme on peut aujourd’hui être amusé à l’idée de savoir que nous sommes les descendants d’une grande diversité de peuples de la Gaule et non pas d’un seul grand peuple gaulois.
L’effet de réseau
En somme, le meilleur moyen de lutter contre la centralisation d’Internet dans d’immenses silos à données que sont les GAFAM, serait de faire des silos plus petits. On a en tête le projet Chatons : ce collectif d’hébergeurs indépendants, qui proposent des services – les mêmes qu’on trouve chez Framasoft, pour la plupart – alternatifs à ceux fournis gracieusement par Google et consorts (dans ce dernier cas, c’est en échange de quelques informations personnelles et d’un peu de temps de cerveau disponible, hein, rien de méchant).
Pour certains logiciels comme Framadate ou Framapad, qui remplacent rapidement leurs équivalents propriétaires, c’est plutôt facile : on peut même choisir encore d’autresalternatives selon nos préférences. C’est surtout de nouvelles habitudes à prendre, mais rien de vraiment bloquant.
En revanche, pour les logiciels qui permettent aux gens de communiquer ensemble, notamment les médias sociaux (qu’on appelle à tort les réseaux sociaux – parce que oui, le réseau, c’est vos amis 😉 ), c’est plus compliqué.
Par exemple il est bien difficile de remplacer Facebook par son équivalent libre, car la plupart des gens sont sur Facebook : il faudra donc les convaincre de franchir le pas, ce qu’ils hésiteront à faire car… il n’y a pas assez de monde, et qu’il faudrait aussi convaincre les amis de vos amis et ainsi de suite. Ah, et avant que vous ne posiez la question : oui, c’est compliqué de dire à 2 milliards d’utilisateurs : « allez à trois on s’en va tous pour aller sur telle autre plateforme, vous êtes prêts ? ».
Ce problème s’appelle l’effet de réseau. C’est le principal problème des alternatives libres aux sites impliquant des interactions sociales et il n’est pas spécifique aux médias sociaux : par exemple le projet Covoiturage Libre, malgré ses valeurs éthiques, peine à se développer face au monopôle de son équivalent propriétaire.
Dans le monde du libre, l’effet de réseau est empiré par le fait qu’il y a souvent plusieurs alternatives et que, comme nous l’avons vu, les logiciels libres sont des villages gaulois : un peu divisés, ils aiment leur indépendance et leurs spécificités.
Cela ne facilite pas la tâche à un éventuel romain qui voudrait tout plaquer pour élever des chèvres en Gaule : quel village choisir ?
Et si on parlait la même langue, ça n’irait pas mieux ?
La communication est la clé d’une bonne entente entre peuples : une solution pour assurer la pérennité de nos villages gaulois serait de les aider à mieux communiquer entre eux. Autrement dit, de se mettre d’accord sur une langue qui serait comprise par tous les peuples gaulois, une sorte d’Espéranto visant à améliorer la communication. Ce qui bien sur, ne les empêche pas de parler leur patois quand ils sont entre eux.
Le fait de définir un langage commun permet donc aux petits villages d’échanger ensemble tout en gardant leur indépendance. Ils deviennent une sorte de fédération de peuples indépendants : ils ont chacun leurs us et coutumes, mais se comprennent bien, ce qui par exemple peut faire avancer le commerce et créer une sorte de synergie gauloise qui les rend d’une certaine manière plus unis pour repousser l’invasion romaine.
Bon, on ne va pas vous mentir, l’idée d’une langue fédératrice pour les médias sociaux ne date pas d’hier. Il y en avait déjà plusieurs depuis de nombreuses années, on peut donc relativiser sur le fait qu’une nouvelle venue arrive pour tout arranger.
Un langage pour les fédérer tous …
Le nouvel Espéranto des logiciels libres se nomme ActivityPub : c’est une nouvelle langue pour mettre d’accord les médias sociaux alternatifs.
La très bonne nouvelle c’est qu’il y a quelques mois, ActivityPub a été validé par le W3C. Le W3C, c’est l’équivalent de l’Académie Française pour le web : à l’instar de celle-ci, dont le but est d’uniformiser la langue de Molière en établissant certaines normes, le W3C valide quels sont les mots que les langages d’Internet devraient utiliser.
Rien ne nous oblige bien sûr à respecter cette convention si l’on préfère notre patois local, mais le fait de valider un langage permet aux villages – notamment les nouveaux venus – de moins se poser de questions sur le choix de la langue à utiliser pour se comprendre.
Par exemple, le logiciel Mastodon est une alternative à Twitter basée sur ActivityPub. Comme nous aimons décentraliser Internet, il y a plusieurs villages Mastodon un peu partout, qui communiquent entre eux. L’utilisateur du village Framapiaf peut échanger avec son cousin vivant dans le village Mamot, sans que ce dernier ne s’aperçoive qu’il est en train de parler à un lointain voisin.
… et dans les internets les lier.
Là où cela devient intéressant, c’est que Mastodon est un logiciel libre et donc que chaque village Mastodon peut l’adapter à ses besoins :
– chaque village a son propre jeu d’emojis personnalisés ;
– le village Framapiaf a donné un coup de peinture sur l’interface ;
– d’autres villages ont fait leur petite cuisine interne en repoussant par exemple la limite des 500 caractères par message, car ils la trouvaient trop contraignante.
Aucun problème : quelles que soient ces personnalisations, tout le monde continuera de communiquer à travers les villages, car ils parlent toujours la même langue, ActivityPub.
Le fait d’utiliser un média social basé sur le principe de fédération vous rend libre. Si le village Mastodon sur lequel vous vous trouvez change un jour ses conditions d’utilisation, vous être libre de déménager dans un autre village qui vous correspond mieux.
Mieux : si un jour le logiciel Mastodon ne respecte plus du tout les utilisateurs, il y a fort à parier que des défenseurs du libre reprendront le logiciel et en feront une autre version (cela s’appelle un fork) et que petit à petit, les villages migrent vers cette nouvelle version plus respectueuse, sans que les utilisateurs soient fortement impactés. Cela nous permet de revenir aux valeurs essentielles du libre : c’est l’utilisateur qui a contrôle sur le logiciel, et non l’inverse.
D’ailleurs, quelqu’un pourrait se dire un jour que l’interface de Mastodon est trop compliquée et décide d’en faire une totalement différente, plus proche de celle de Twitter. Ce n’est pas grave. Il n’y a pas tout à refaire, toute une base d’utilisateurs à reprendre. C’est juste des villages un peu différents qui apparaissent et avec qui on continuera de communiquer. Cela peut même faciliter l’adoption d’ActivityPub par le grand public : si une personne n’aime pas Mastodon, on peut lui présenter un tout autre logiciel qui lui convient mieux et permettra de communiquer avec les mêmes personnes.
Là où cela devient très, très intéressant, c’est qu’en fait les villages peuvent être complètement différents et avoir leurs propres spécialités. Revenons à nos Gaulois : on peut supposer que les villages proches des côtes vivent de la pêche et fassent du commerce de poisson entre eux, tandis que ceux vivant dans les montagnes soient davantage occupés par l’élevage de chèvres et le commerce de fromages.
Notre Espéranto permet à notre village de pêcheurs de Bordeaux de se fédérer à un village savoyard pour récupérer du Beaufort en échange de poissons, pour le transmettre à d’autres pêcheurs Bretons, tandis qu’ils profitent du vin venant d’un autre village voisin.
De la même manière, Mastodon peut communiquer avec d’autres logiciels fédérés mais complètement différents : par exemple FramaTube, l’alternative à Youtube. Il vous est alors possible d’être notifié des nouvelles vidéos qui sortiront sur cette plateforme et même de répondre aux commentaires d’une vidéo depuis Mastodon et inversement. Idem si vous mettez une vidéo en favori sur Mastodon, cela apparaîtra sur PeerTube (vous pouvez retrouver cet exemple sur cette démonstration).
La genèse d’une diversité numérique
ActivityPub va probablement faire beaucoup de bien à Internet. De nombreuses alternatives fédérées vont sortir prochainement. En tendant un peu l’oreille, on peut déjà entendre parler de blogs fédérés ou d’alternatives à Instagram ou Deezer, basées sur ActivityPub.
Cela va amener un peu de diversité dans notre paysage numérique : diversité qui ne peut pas, par essence, se retrouver dans les services centralisés, car ces derniers parlent leurs propres langues. Vous ne pourrez jamais lire et partager des Tweets depuis Facebook, ou bien répondre à un commentaire Youtube depuis Instagram. Avec la fédération, cela devient possible et cela donne à ActivityPub un avantage compétitif face aux médias sociaux propriétaires.
Ce qui est bien, c’est que cela ne concerne pas seulement les personnes soucieuses de l’usage qui est fait de leurs données personnelles : les moldus du libre pourront trouver en ActivityPub un outil avant tout pratique. Les technophiles apprécieront la possibilité d’interconnecter toutes leurs plateformes numériques entre elles. Ceux qui trouvent que leurs médias sociaux sont monotones aimeront amener un peu de diversité à leurs fils d’actualité. Les blogueurs trouveraient intéressant le fait de permettre à leurs lecteurs de recevoir et commenter un article très facilement via leurs média social favoris.
C’est également le cas du côté des développeurs d’application, qui trouveront en ActivityPub un moyen d’atteindre très rapidement un grand nombre d’utilisateurs. En effet la fédération est un formidable terrain d’expérimentation : si quelqu’un a une bonne idée, il peut la développer en la connectant à la fédération.
Supposons par exemple que vous vous lanciez dans le développement d’un site de partage de recettes de cuisine fédéré. Vous en parlez à vos amis, dont certains sont déjà sur Mastodon. Comme tous aiment bien l’idée, ils s’abonnent à votre site depuis Mastodon pour être notifiés de vos meilleures recettes. Lorsqu’ils recevront votre dernier clafoutis aux fraises, ils pourront le partager directement à tous leurs abonnés, lesquels seront intrigués par ce nouveau village récemment apparu dans la fédération, et pourront s’abonner à leur tour. 😉
En utilisant ActivityPub, nous participons à cette prise de conscience globale dans laquelle nous découvrons tous le point faible de ces silos à données : étant centralisés, ils sont vulnérables face à la fédération. Si nous arrivons à promouvoir suffisamment ces alternatives au grand public, nous pouvons amener ces plateformes centralisées à se confronter à un combat qui leur est perdu d’avance.
En utilisant ActivityPub, vous faites un pied-de-nez à tous ces soi-disant réseaux sociaux proclamant vouloir réunir les gens… mais dans un système cloisonné. Vous les laissez au profit d’alternatives qui ont pu voir le jour parce qu’elles ont réussi, elles, à se réunir, à se fédérer les unes aux autres.
Pour résumer
1. ActivityPub est un Espéranto qui permet aux médias sociaux alternatifs de se comprendre entre eux (se fédérer) ;
2. cela permet à deux utilisateurs de se suivre l’un et l’autre, même s’ils habitent dans des villages différents (qu’on appelle instances) ;
3. ça fonctionne bien même s’ils sont totalement différents : le village de pêcheurs peut échanger avec le village de fromagers (comme si depuis Facebook on pouvait liker un tweet) ;
4. tous ces échanges entre villages s’appellent la fédération et de nouveaux logiciels peuvent la rejoindre n’importe quand (et ça va être très cool).
Envie d’essayer maintenant ?
Vous voulez être les pionniers de cette nouvelle ère numérique qu’est la fédération ? Libre à vous de choisir votre village. Pour commencer, nous vous conseillons ceux sous la bannière Mastodon (qui a fêté son 1er anniversaire il y a quelques mois), car le logiciel est bien abouti.
Vous trouverez sur le site Join Mastodon d’autres explications sur son fonctionnement, ainsi que la liste des villages disponibles (et nous laissons bien sûr la porte de notre propre village ouverte aux nouveaux venus). 😉