Le Guide Libre Association 2016 est arrivé ! (avec l’APRIL)
Toute association, quelle que soit sa taille, a besoin de communiquer avec ses membres, produire des documents, diffuser de l’information vers l’extérieur, bref elle a besoin d’un système d’informations structuré et adapté à ses besoins.
Pour autant, toutes les associations ne sont pas logées à la même enseigne lorsqu’il s’agit de choisir et de mettre en place des logiciels adaptés à leurs activités et à leur mode de fonctionnement. Bien souvent, l’achat de matériel informatique et de logiciels est un budget qui pèse lourd et, par manque de compétences sur le sujet, les choix se font par défaut.
Des logiciels libres pour les associations
Combien d’associations restent dépendantes d’outils privateurs ? La plupart du temps sans locaux dédiés, les associations fonctionnent avec les logiciels et les machines possédés par leurs bénévoles. Très peu d’entre eux sont prêts à investir du temps dans la recherche d’outils libres adaptés aux besoins de l’association quand « tout semble si simple » avec les logiciels imposés et vendus avec l’achat d’un ordinateur. Il peut sembler légitime de dédier le plus de temps possible à l’objet de l’association. Pourtant, pour la gestion des adhérents, la comptabilité, les tâches administratives diverses ou encore la communication, choisir des logiciels libres n’est pas qu’une question technique, c’est d’abord une question éminemment stratégique et politique à laquelle il convient de répondre pour renforcer la cohérence avec les valeurs portées par le monde associatif.
Le premier enjeu est de saisir l’importance de s’affranchir des contraintes imposées par les logiciels privateurs. On peut citer les mises à jour payantes et souvent remises à plus tard (et donc causes de dysfonctionnements dans la gestion de l’asso), les questions liés à la confidentialité des données (en particulier lorsqu’on stocke des données d’adhérents dans les nuages), les problèmes d’interopérabilité dans la diffusion de fichiers (surtout lorsqu’on cherche à rédiger un document à plusieurs mains), etc.
L’offre de logiciels libres permet non seulement d’effectuer des choix pertinents en identifiant les besoins mais elle permet aussi un très haut niveau d’appropriation des logiciels. Cela est rendu possible par l’exercice des libertés logicielles qui les rendent auditables, partageables et modifiables. Chaque logiciel libre peut se partager : l’utilisation d’un même logiciel chez chaque membre d’une association est facilité. En d’autres termes, utiliser des logiciels libres, pour une association, cela revient à augmenter son niveau de productivité. Et l’utilisation, ici, de termes habituellement adaptés à l’entreprise, est non seulement volontaire mais aussi révélatrice.
Le second enjeu réside dans la spécificité de création des logiciels libres. Ces derniers sont issus de communautés œuvrant pour le bien commun. La plupart de ces communautés sont structurées à la fois par des armées (ou un simple noyau) de contributeurs autour de formes associatives ou apparentées. Autrement dit, avec les logiciels libres, les associations parlent aux associations. On peut s’appuyer sur une communauté pour assurer un support, on peut aussi s’entraider. Le logiciel libre encourage le contact humain et se rapprocher des acteurs de la communauté est souvent un bon moyen d’avancer dans ses choix et ses usages. Dans le cas de structures associatives importantes, il sera sans doute préférable de se tourner vers des entreprises spécialisées dans l’intégration et dans la formation aux logiciels libres. Dans tous les cas, les logiques de collaboration et l’éthique propre aux logiciels libres seront vraisemblablement présentes.
Une nouvelle version du Guide Libre Association
Ce rapport entre logiciel libre et association est le principal thème de travail du groupe de travail Libre Association de l’April dont la volonté est de « créer des ponts entre le logiciel libre et le monde associatif ». Ce groupe a mené deux enquêtes (une première en 2009 et une seconde en 2015) auprès d’associations pour connaître leurs rapports à l’informatique et aux logiciels libres en particulier. Une conclusion de la comparaison de ces deux enquêtes révèle que la question principale en 2009 « que sont les logiciels libres ? » est devenue en 2015 « Comment fait-on pour les adopter ? ». En effet, avec l’extension des accès à Internet et l’évolution positives de l’accès aux logiciels libres, les associations sont devenues non seulement plus réceptives aux libertés logicielles mais sont devenues aussi très attentives aux usages des données informatiques ; en particulier dans une ère post- affaire Snowden. Cela est d’autant plus vrai, qu’un nombre conséquent d’associations attache une importance cruciale à la notion de droits fondamentaux et en particulier à la liberté d’expression.
Forte de ces connaissances, en 2012, l’April a lancé une première version du Guide Libre Association avec le soutien de la fondation du Crédit Coopératif. L’objectif était ambitieux : diffuser des milliers d’exemplaires gratuits d’un guide exposant les enjeux du Libre pour les associations, assorti d’une sélection pertinente de logiciels libres disponibles et constituant une offre mature. En 2014, devant le succès de la première diffusion, c’est au tour de la MACIF de s’associer à cette action pour distribuer à nouveau gratuitement plus de 7000 guides aux associations.
Cette fois, en 2016, l’April et Framasoft proposent une nouvelle version mise à jour de ce guide. Disponible en couleurs ou en noir et blanc, il est possible de le télécharger au format e-pub et PDF, pour une diffusion libre sur tous les supports. Deux versions PDF imprimables sont elles aussi disponibles pour les associations désirant faire imprimer autant d’exemplaires qu’elles le souhaitent.
Nota : Sur le modèle de la collection Framabook, Framasoft propose aussi la vente unitaire du Guide, ou de faire imprimer à tarif intéressant des centaines ou des milliers d’exemplaires.
Vieux Flic et Vieux Voyou : un polar tout neuf dans le Domaine Public !
Y a des jours où on a envie d’un bon vieux polar. Une enquête bien ficelée, une intrigue qui nous titille le ciboulot avec des personnages jubilatoires dont les déboires et les victoires nous chatouillent les zygomatiques.
La recette du roman policier est connue. De San-Antonio aux NCIS, elle fait littéralement partie de notre culture, de notre domaine public. Pourtant, aucun auteur (à notre connaissance) n’avait encore placé son polar flambant neuf dans le Domaine Public Vivant, livrant ses personnages et son univers aux fantaisies de vos imaginaires pour que vous puissiez jouer avec.
Voilà qui est chose faite grâce à Fred Urbain, auteur d’un nouvel opus paru chez Framabook : Vieux Flic et Vieux Voyou.
Quand Lucien, ancien flic et toujours amateur de bon pinard, tire son pote Maxime (ancien pickpocket) de la maison de retraite de la Pinède où ils coulent des jours paisibles… Ce n’est pas pour aller fricoter de la veuve dans un thé dansant !
Ces deux octogénaires vont mener tambour battant une enquête mêlant drogue, meurtres et kébabs avec toute l’insouciance, l’espièglerie et l’expérience que leur confèrent leurs quatre-vingts balais…
L’occasion donc d’une interview avec Fred, heureux papa de ces deux vieux… et d’un polar jubilatoire.
(entretien goupillé par Pouhiou, avec l’aide des relecteurs et relectrices du groupe Framabook)
Salut Fred… Je peux te présenter comme « Le monsieur qui m’a permis de changer le prénom d’un personnage »…
Eh eh, c’est vrai que je suis entré chez Framabook comme correcteur, à l’époque où il n’y avait pas beaucoup d’œuvres de fiction. À part les BD de Simon…
Je cherchais à aider dans le Libre, mais je ne suis pas informaticien. Relire des ouvrages, c’était dans mes cordes.
Et en effet, je me suis enthousiasmé pour tes romans, Pouhiou, au point de te proposer carrément des évolutions dans tes intrigues.
… mais comment te présenterais-tu à Béatrice Dupuis-Morizeau ?
Je suis un contemplatif. J’adore me mettre en retrait et observer le monde, noter les travers, les grandeurs, les beautés et les laideurs des personnes que je croise. Je me fais un album photo avec tous ces morceaux de vie, et ça ressort à l’improviste, ça s’assemble comme ça peut, ce sont les briques de mon petit jeu de construction intime.
Venons-en à ton polar. Les deux personnages principaux, Lucien et Maxime, ont dans les 80 piges… Pourquoi ne pas avoir fait dans le jeunisme ? Il arrive encore des choses aux gens à cet âge-là ? Ou c’est juste pour vendre plus d’ebooks gratuits à Mamie Dupuis-Morizeau qui va avoir une nouvelle liseuse pour Noël ?
Justement… Toute une partie de mon propos est là : on met les gens à la retraite comme s’ils avaient une date de péremption, comme s’ils n’avaient plus rien à vivre, plus rien à ressentir, plus rien à découvrir, plus rien à enseigner… On a tant à apprendre de nos anciens. Je ne suis pas le seul à jouer avec cette idée, regarde Gilles Legardinier, ou Jonas Jonasson. J’adore aussi Les vieux fourneaux. Et ta Madame Marquet, elle n’est pas de la première jeunesse !
Tous les codes du polar semblent délicieusement respectés dans cette enquête… comme si tu les avais étudiés. Tu peux nous expliquer la recette d’un bon roman policier ?
C’est que j’en ai lu beaucoup. Et je suis exigeant ! Ce n’est pas pour rien que je cite Agatha Christie et Alfred Hitchcock dans le bouquin. Je déteste les intrigues qui ne tiennent pas la route, les polars qui ne respectent pas les jalons du genre. Et en effet, j’ai étudié le scénario à la fac et j’en ai écrit pas mal quand je faisais du jeu de rôles.
Je me suis amusé avec les codes, par exemple l’obligatoire passage érotique, la poursuite, le super flic…
La recette d’un bon polar, c’est quand le lecteur croit avoir tout compris pour finalement se rendre compte que l’auteur a tout le temps gardé une longueur d’avance. Je me suis vraiment efforcé de tenir ça tout du long et de surprendre mon public, jusqu’à l’épilogue qui est une pirouette un peu facile, mais je l’assume.
[Yann] Comment conçois-tu ton récit ? Est-ce que tu as un plan détaillé ? Est-ce que tu « joues » les dialogues ? Bref, quels sont tes secrets pour élaborer ton histoire, construire ton intrigue ?
C’est bien mon problème… Je suis à la fois perfectionniste et laborieux. Je traînais cet ouvrage inachevé depuis dix ans. J’avais le début et la fin, l’ambiance générale, des personnages attachants, des idées rigolotes… Mais je galérais avec la chronologie, et je m’étais imposé des contraintes, comme notamment l’alternance des chapitres. J’ai eu la chance de discuter avec des auteurs, des gens de cinéma, de théâtre, qui m’ont tous dit la même chose : d’accord, il faut bosser, mais il s’agit aussi de savoir se laisser embarquer, se faire plaisir, permettre à l’histoire de monter toute seule.
Alors je m’y suis remis et je suis allé au bout, en acceptant d’y laisser des passages moins travaillés.
Je pense aussi que je me marrais tellement avec mes deux loustics, que je répugnais à terminer leur histoire.
Franchement, je peux l’offrir, le bouquin, j’ai déjà été largement payé !
Tu allies un humour (et une verve argotique) à la Audiard et San Antonio avec des éléments résolument modernes et geek-friendly… Comment as-tu géré ce grand écart ? Que font un flic et un voyou de la vieille école quand l’enquête mêle ordinateurs, tracking GPS, et autres codes de notre modernitude ?
Eh bien, ça m’est assez naturel. Je suis un geek avec une culture somme toute plutôt classique. Je suis fan des films de la période Audiard, des Gabin, Ventura, Bourvil, Blier, Darc, Belmondo. Pour moi, Lucien, c’est Julien Guiomar ! Alors ça se mélange sans trop de problème. Les gens de ma génération ont roulé en deux-chevaux, mais ils utilisent un PC depuis vingt-cinq ans.
[Goofy] Tu reconnais volontiers ta dette et ton admiration pour des écrivains dont la langue est charnue et savoureuse comme René Fallet, tu pourrais mentionner tes trois bouquins préférés (je sais, c’est dur de choisir quand on aime) ?
Ça, c’est très difficile, comme exercice. Parce que mes préférences fluctuent en fonction de mes états d’âme et des périodes de ma vie.
Il y a un bouquin qui reste tout en haut de mon estime, toujours, c’est Kim, de Kipling. Justement à cause des dialogues, de l’impertinence du personnage principal dont la verve est fabuleuse.
Je vais citer aussi La vieille qui marchait dans la mer, de San-Antonio. C’est curieux, je n’ai pas pensé à ce livre en écrivant, et pourtant il a des similitudes avec le mien. Cette vieille saloperie qui, malgré tout, est croyante, juge inutile de prendre des gants quand elle s’adresse à Dieu. Alors elle prie comme un charretier. Ses soliloques sont extraordinaires.
Le troisième, c’est La folie Forcalquier, de Pierre Magnan. Là aussi, une langue magnifique. Je suis un admirateur éperdu de Monsieur Magnan, j’ai emmené toute ma famille en vacances dans ses montagnes. J’ai adapté un de ses romans pour l’écran, avec l’autorisation de son épouse. Mais vous ne le verrez probablement jamais, faute de sous pour le produire. Je n’ai pas tout lu, de lui, je m’en garde sous le pied pour quand j’aurai besoin de me faire du bien.
Revenons un poil sur la langue… Tu ne mégotes pas sur les argots, que ce soit dans la bouche de tes personnages ou dans les lignes du narrateur… D’où ça te vient cet amour pour ces langues ? Comment se sont-elles insérées dans ton écriture ?
J’ai surtout une passion pour les dialogues. Les mots qu’on s’échange, les histoires qu’on se raconte, c’est la vie ! Ça m’arrive tout le temps, de rencontrer des inconnu-es, et en trois minutes je sais tout de leur existence.
Alors, quand je fais parler un personnage, j’aime que ça roule.
[Mireille] Comment se fait-il qu’un (relativement) jeune comme toi jaspine aussi bien l’argomuche ? Moi-même, qui suis jeune seulement dans ma tête et dont la daronne est née dans l’faubourg St D’nis, je ne le jaspine pas aussi bien que toi… Chuis jalmince !
Au final, l’argot, je l’ai plus lu que parlé. J’ai grandi en province, moi ! Je connais bien quelques authentiques « titis » parisiens, mais j’ai surtout pratiqué l’argot des poètes, celui de San-Antonio, de Renaud, de Cavanna. C’est un langage très métaphorique, qui parle avec des images, parfois triviales, souvent astucieuses. C’est la créativité des petites gens qui se manifeste au détour d’une phrase. Et elle est loin d’être moribonde, la langue des rues de Paris. Je fais dire « daron » à un jeune dans la cité, c’est pas du chiqué, ce terme ancien est encore utilisé, je l’ai souvent entendu. Daron, on le lit dans Les Misérables !
Ce qui m’a surpris, c’est qu’au final, quand je testais le manuscrit, certains termes que je pensais passés dans le langage courant ont bloqué mes lecteurices. J’ai réfléchi à mettre un glossaire, ou des notes de bas de page, mais bon c’est un polar, pas un dictionnaire d’argomuche. J’ai fait le pari que le contexte suffirait à éclairer le sens des mots. Sinon, allez demander à Boudard, Le Breton, Perret.
Dis-moi, quand tu as commencé l’écriture de ce roman, tu envisageais déjà de l’élever dans le Domaine Public ?
Pas du tout ! Je pensais faire un polar bien classique, et aller le proposer sans grand espoir à un éditeur traditionnel, finir sans doute par le publier à compte d’auteur, avoir des centaines d’invendus dans ma cave, mangés par la moisissure… Je bricolais déjà avec des logiciels libres, mais je n’étais pas imprégné de culture libre.
Alors comment t’est venu ce choix de licence ? C’est juste pour faire comme moi et me piquer mes followers :p ?
Exactement ! C’est ton discours sur la confiance qui m’a influencé. Étant dans le groupe Framabook, je ne pensais plus le publier autrement que sous licence libre, mais je réfléchissais à une CC-BY standard. Et puis je me suis demandé quelle différence ça pouvait bien faire, une fois qu’on avait accepté la démarche, autant aller au bout du militantisme.
Ce qui m’a fait marrer, ce sont les copains qui me demandaient « tu l’as protégé, au moins, ton manuscrit ? Comment tu vas gagner des sous, si on peut le télécharger librement ? »
C’était l’occasion d’expliquer le partage, le domaine public vivant.
Cela fait quelques années maintenant que tu participes au projet d’édition collaborative Framabook… Qu’est-ce que ça t’a fait de te retrouver de l’autre coté des corrections ? [Goofy] Ils sont vraiment aussi ch*ants qu’on le dit, les relecteurs ?
Le plus pénible de la bande, je ne le craignais pas, c’est moi ! J’avais surtout peur que vous ne soyez trop indulgents avec un auteur « de la maison », que vous me fassiez trop confiance et que vous n’osiez pas me pousser à me dépasser comme on le fait avec d’autres postulants. Malgré la qualité de son texte original, qu’est-ce qu’on a enquiquiné Lilly, par exemple !
Je tiens absolument à ce que Framabook reste une vraie maison d’édition, exigeante, qui ne publie pas n’importe quoi sous prétexte que c’est du libre. Il y va de sa crédibilité. Moi qui, en comité de lecture, ai voté contre la publication de certains ouvrages, je ne voulais pas qu’on sorte mon bouquin parce que c’était le mien. Ça va peut-être vous faire rigoler, mais j’ai sérieusement envisagé de vous monter un bateau et de proposer le roman sous un pseudo, avec une fausse adresse mail. Et puis je me suis dit que de toute façon je me ferais vite gauler, vu que j’avais déjà parlé de mon projet à plusieurs d’entre vous.
Donc, bon, un soir j’ai pris mon courage et j’ai mis mon texte dans un mail.
Bon, c’est pas tout ça mais… la suite des aventures de Lucien et Maxime, elle te titille le ravioli ou bien tu vas partir sur d’autres projets ?
Je vais les laisser se reposer un peu, à leur âge ce ne serait pas raisonnable de recommencer à courir après les méchants tout de suite.
Mais j’ai bien un autre projet, encore un polar, dans lequel je vais encore jongler avec la langue.
Bon, pas d’affolement, je suis bien capable de le laisser mariner dix ans aussi, celui-là.
Et comme toujours lors de nos interviews, on te laisse le mot de la fin et/ou la question que tu aurais voulu qu’on te pose 😉
Difficile de sortir un roman rigolo en plein état d’urgence, mais si on attend que ça aille mieux on n’est pas sortis des roseaux !
Et puis, le vivre ensemble, c’est bien l’un de mes sujets, finalement.
J’ai retravaillé une description parce qu’une lectrice trouvait racistes les propos du narrateur.
En revanche, les préjugés sur les vieux que je balance à longueur de bouquin (au second degré, évidemment), les rhumatismes, les cors aux pieds, la prostate, les charentaises, ça n’a choqué personne.
L’intolérance est partout, et chacun essaie de se dépatouiller avec ses peurs, sa conscience, et le regard des autres.
SI on arrive à en rire, on a déjà fait un grand pas.
3 auteurs de romans Framabook en dédicace à Paris !
Vous l’avez peut-être remarqué, mais la collection Framabook est active, et se diversifie de plus en plus… allant même défendre la Culture Libre dans la fiction !
Alors pour fêter cela, on s’est dit qu’on allait mettre nos auteur-e-s de romans Libre à l’honneur lors d’une dédicace… Car quoi de mieux pour faire découvrir le Libre aux Dupuis-Morizeau de notre entourage que de trouver au pied du sapin un roman dédicacé personnellement… Une histoire qu’ils peuvent adapter, reprendre, diffuser autour d’eux, voire dont ils peuvent écrire la suite…?
On connaît déjà 2 romancier-e-s Framabook…
#Apolog, de Pouhiou
Il y a bien entendu Pouhiou qui, quand il n’est pas Framaslave ou ne parle pas de sexe libre et open-source, continue de temps en temps d’écrire les aventures des NoéNautes, ses télépathes foutraques, aux bras cassés et pieds nickelés.
Le 3e roman de la série des NoéNautes, #Apolog, est sorti en août dernier, et bonne nouvelle : pas besoin d’avoir lu les deux tomes précédents pour l’apprécier !
En revenant aux origines de la prophétie qui pourrit la vie de ses personnages, Pouhiou se permet de réécrire l’Histoire avec l’irrévérence qu’on lui connaît…
Tout en balisant son roman d’un « code » littéraire nous méta-donnant des infos afin d’encore mieux jouer avec notre esprit.
Lilly, c’est notre auteure-prodige. Une jeune femme si talentueuse qu’elle a vu son premier roman édité avant même que d’aller passer son bac de Français.
Il faut dire qu’Avant de dormir est une œuvre singulière. Un conte initiatique, une épopée gothique à l’imaginaire dense qui ne dépaysera pas les amateurs de Lovecraft ou de Neil Gaiman.
C’est l’histoire d’Andreï, un adolescent de 13 ans qui emménage dans une ville où un mal mystérieux tue ses voisins par dizaine. Lorsqu’Andreï découvre sous son lit un passage vers une forêt et un monde peuplé de monstres, il décide de partir à la recherche de celle qui pourrait être à l’origine de ces malheurs : la Vouivre.
Une exclu dans le Libre, vraiment…? OK : parlons plutôt d’avant-première. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le polar drôle et prenant de Frédéric Urbain est en cours d’édition, et n’est pas encore officiellement sorti. Vous l’aurez donc avant tout le monde lors de cette séance de dédicaces !
Frédéric est connu du groupe Framabook, puisqu’il en est l’un des correcteurs. Mais il n’a pas bénéficié de passe-droit pour autant : comme les autres, son roman est passé en comité de lecture et la qualité de son intrigue, l’humour des situations comme la langue enlevée de ces personnages nous ont séduits.
Vieux flic et vieux voyou est un polar dans la plus pure tradition de ces romans de gare qui nous font délicieusement frissonner. Deux papys (un flic à la retraite et un pickpocket rangé des affaires) s’embarquent dans une enquête au suspense maîtrisé, qui va leur faire traîner leur expérience, leurs rhumatismes et leur argot de titis dans les rues de Paname… entre meurtre, trafic de drogue, et tracking GPS.
Tous ces livres sont Libres (CC-0 pour les romans de Frédéric Urbain et Pouhiou, LAL pour celui de Lilly Bouriot). Ce qui signifie que vous pourrez venir dans la librairie avec votre clé USB et repartir avec tous les romans dans votre poche !
Le logiciel libre bénéficie déjà de communautés qui veillent à le faire connaître et adopter par un maximum de monde. La culture libre ne profite pas encore de ces prescripteurs et prescriptrices, et pourtant… Pourtant c’est une porte d’entrée formidable vers le Libre pour toutes les personnes qui angoissent à l’idée de changer leurs habitudes logicielles.
À vous donc de faire passer l’info autour de vous, et d’emmener un maximum de monde à cette rencontre avec des auteur-e-s qui remettent en question le paradigme vieillissant de la propriété intellectuelle classique 😉
#Apolog, le 3e tome des NoéNautes disponible chez Framabook
Enfin ! Après des mois d’attente, le troisième tome des aventures des Noénautes, les télépathes de Pouhiou, est enfin sorti dans la collection Framabook.
Interrogé par deux de ses correcteurs, l’auteur nous explique comment il a écrit cet opus au cours d’un NaNoWrimo effréné, et nous révèle un peu de ce qu’on va y trouver.
Encore une fois, il n’a rien fait comme tout le monde…
Pouhiou : réécrire l’Histoire, oui, mais avé l’assent provençal
Bon, Pouhiou tu es gentil mais là on a un peu oublié les deux premiers épisodes des Noénautes, tu ne pourrais pas nous résumer les saisons précédentes de cette saga foutraque et jouissive ?
…et tout ça sans trop spoiler ? OK, chiche, on y va !
Les NoéNautes, c’est le nom que l’on donne aux 8 personnes qui, tous les 88 ans, naissent sur terre avec des pouvoirs de télépathes (des pouvoirs qui, en général, s’éveillent à l’adolescence). Ce sont des personnes qui peuvent voir dans la Noétie (la sphère des idées qui planent autour de nos têtes) et qui peuvent implanter des idées dans notre crâne… mais aussi dans des noeuds (de tricot) ou des cristaux (de sucre) !
Dans #Smartarded, on suit le blog d’Enguerrand, Connard Professionnel qui se découvre tardivement ses pouvoirs et se voit poursuivi par d’autres NoéNautes. Il faut dire que ces 8 personnes sont réparties en 5 Maisons rivales, et s’entendent comme des chats affamés devant la dernière sardine.
Dans #MonOrchide, on lit le blog de Cassandre, une autre NoéNaute qui parviendra à réunir ses comparses pour découvrir et débouter le complot qui règne autour d’elleux : en effet, derrière les Maisons se cachent des Descendants qui attisent la rivalité entre les NoéNautes, et les manipulent afin d’acquérir richesse et influence…
Mais l’avantage de ce troisième tome, c’est qu’il revient aux sources de tout cela, et peut se lire sans trop avoir lu les précédents (même si ça va être plus velu !)
Fred : pourquoi est-ce que Goofy dit « foutraque » à chaque fois qu’il parle de toi ? Tu es vraiment siphonné ?
Goofy : C’est pas lui qui est foutraque (Pouhiou est seulement toulousainzin, c’est connu) mais bien son récit selon moi, et c’est plutôt un compliment, mais j’en ai trop marre de lire tout le temps « un roman déjanté ».
Possible. J’avoue que j’aime bien aller chercher l’originalité, que ce soit dans la forme ou dans le fond. C’est pour cela qu’on peut avoir un épisode qui se croit chez Tarantino, des huîtres ou des bonbons transformés en armes (et des chatons en boucliers), et un langage qui s’amuse autant avec les codes de Twitter qu’avec l’accent provençal.
D’après ce que me disent mes lecteurices, cela donne des romans inhabituels, où il faut quelques pages pour s’habituer à la langue… mais qui sont tellement dans le jeu (ils jouent avec toi quand ils ne se jouent pas de toi !) qu’on finit par s’y amuser avec délices (ou à le jeter dans un coin pour reprendre un bon vieux Marc Lévy !)
Tu as fini ton roman en allant écrire chez les copains dans tous les coins de France, ça n’a pas dû être simple de voyager, rencontrer, discuter (on te connaît) et écrire en même temps ?
Alors je ne l’y ai pas fini, je l’ai débuté. Les 50 451 premiers mots de cet ouvrage ont été écrits entre le premier et le 30 novembre 2013, lors d’un NaNoWrimo. Pour relever ce défi (écrire 50 000 mots d’une fiction en novembre) j’ai demandé à mon lectorat une résidence d’artiste ambulante, en mode « J’irai écrire chez vous »…
C’était aussi formidable qu’épuisant.
Car, en plus de devoir écrire 1666 mots par jour, je devais faire mes recherches, concevoir un effet de style bien particulier, ne pas rager contre ma tablette et son clavier bluetooth tout pourri… Et passer le reste du temps à parler, rencontrer, voyager, parler lors des rencontres de voyages… et bloguer tout cela sur le Framablog !
On ne s’en rend pas compte sur le moment, mais un mois aussi dense, aussi riche, à être attentif à chaque personne, chaque discussion, chaque nouvelle idée qui voulait s’écrire à sa manière dans le roman : ça vide. Littéralement comme littérairement. J’ai fini ravi, hein, mais dans un état d’épuisement moral et intellectuel assez… intéressant. J’ignorais qu’on pouvait être à la fois aussi empli et vidé.
Que s’est-il passé ensuite ? J’imagine que pendant plusieurs mois tu devais avoir des messages de lecteurs impatients…
Je suis rentré et me suis enfermé dans ma chambre pendant un mois et demi. Sortir pour les courses de Noël ou les fêtes de fin d’année en devenait une épreuve ! Puis je me suis remis à vivre, avec un déménagement, un Guide du Connard Professionnel, puis des vidéos parlant de cul…
Durant tout ce temps, j’essayais de revenir sur #Apolog. J’en corrigeais et relisais les chapitres, j’avançais au compte-goutte. L’écriture vient toujours aussi bien, chez moi, mais le fait de s’y mettre était souvent une épreuve. J’ai oublié ce que je claironnais lors des précédents romans : c’est l’histoire qui décide de quand et comment elle s’écrit, pas moi.
Bien sur que j’ai tenté de forcer le rythme, y’avait du monde qui attendait cette suite, moi le premier… Mais c’est quand (au bout de quelques mois) je suis parvenu à m’extraire de cette pression que j’ai enfin pu m’atteler à l’écriture de scènes très dures et d’enfin conclure ce roman.
Le plus bête a été le temps perdu sur des finitions telles que les addenda, la couverture, etc. Entre mon nouveau boulot chez Framasoft et le succès de #CulPouhiou, je n’ai pas su gérer et prendre le temps. Mais on est au bout, et je suis fier de ce nouveau bébé !
Et alors keskya de nouveau dans cette saison 3 ?
Dans cette troisième saison, je me suis éclaté. il y a des intrigues historiques (réinterpréter l’Histoire pour y inclure des NoéNautes tous les 88 ans, c’est jubilatoire !), une prophétie qui se dévoile peu à peu, et donc un éclairage important aussi bien sur les origines que sur l’état actuel des NoéNautes.
Là où je me suis vraiment amusé, c’est quand je me suis mis à créer un code littéraire. J’aime les œuvres qui dévoilent les ficelles de l’histoire qu’elles te racontent. Alors je me suis pris au pied de la lettre. Ici, le roman te dit quand il fait une description, quand il lance un dialogue, le tout avec des balises… Bien évidemment, si ce code est là, c’est qu’il va être plus utile et puissant qu’on ne le croit.
Tu nous refais le coup de la surprise sur le narrateur, ça t’amuse ?
Oui.
C’est un jeu. Un contrat silencieux entre l’histoire, les gens qui la lisent et moi : jusqu’où on peut aller ? Jusqu’où tu me suivras ?
Alors je tente l’auto-parodie… Et, en même temps, quand un magicien fait un tour dont le truc semble trop évident, c’est peut-être pour mieux te distraire…
Cette fois tu as puisé dans des références à caractère historique, pourquoi ? C’est pour faire plus sérieux ou pour capter le lectorat des retraités ?
Cesse donc de dévoiler mon machiavélique plan marketing !
Sérieusement, c’est par irrévérence. Lorsque j’ai écrit le baiser entre Saint-Georges et le Dragon, j’ai explosé de rire en sautillant sur ma chaise ! Quand on écrit du fantastique (ou de l’Urban Fantasy, puisqu’il parait que c’est ce que je fais), l’Histoire est une source d’inspiration merveilleuse, toujours emplie de légendes et d’exagérations ! Cela m’a aussi permis d’aller revoir le Japon féodal (un amour d’étudiant) et de retrouver ce Palais des Papes où j’ai été guide (OK : pour les 3 mois de mon stage de fin d’études, mais il reste dans mon cœur).
D’ailleurs, pour écrire ces références à l’histoire, je n’aurais jamais pu m’en sortir sans Wikipédia, dont les articles et les liens vers les sources ont été pour moi une caverne d’Ali-Baba !
Et d’ailleurs qui sont les gens qui te lisent et suivent tes aventures scripturales ? Tu as une idée de la « sociologie » de ton lectorat, ou au moins de ceux que tu as pu rencontrer ?
Évidemment, il est varié… Mais si je fais la moyenne, je pense qu’une majorité sont des personnes de 20-35 ans, qui sont à l’aise avec l’informatique, et/ou les thématiques LGBT+, et/ou la littérature fantastique, fantasy, pulp…
C’est ça qui est drôle quand on met tout ce que l’on est dans ses histoires : il y en a tellement que des univers (et des lectorats) très différents s’y retrouvent !
Qu’est-ce qui te fait kiffer dans l’écriture ? Est-ce que c’est un moyen d’obtenir de la reconnaissance et de faire des rencontres avec les lecteurs, ou bien dès l’écriture y a-t-il un plaisir particulier ?
Je crois, intimement, que nos esprits et nos personnes sont faits de contes. D’histoires. Alors se poser devant une idée et se demander : « Comment je la raconte ? Pourquoi je la raconte celle-là, et de cette manière-là ? Qu’est-ce que ça va faire à l’autre ? »… C’est un moment inouï !
Après, ce que je dis là, c’est probablement du baratin téléramiste. En vrai, y’a un plaisir fou, primal, à être pris dans les mots et les idées, puis pris par le flot, et de nager dedans au rythme des clapotis du clavier… Aujourd’hui, je me rends compte des jours où je n’ai pas écrit (au moins un commentaire ou un email bien bien long) au fait que je suis énervé, irascible. Quand je me mets à créer, à exprimer ce qu’il y a, là dedans, au ventre… ça va mieux. Alors je le fais.
Et l’opus N°4 ce sera quoi donc ? Et puis ce sera quand ? Tu as déjà une idée ? Nan passque t’en as promis huit, quand même…
Je pense qu’on reviendra au blog. Cette expérience d’écriture en direct est bien trop prenante pour que je n’y regoûte pas. Je n’en sais que peu de choses au final. J’en connais le titre (et je ne le dirai pas), le narrateur, et je pense que cette fois-ci il sera le héros de l’histoire qu’il raconte (ce qui n’est pas le cas dans les romans précédents).
Je crois aussi qu’il va parler d’insouciance et de futilité, parce que je vois beaucoup trop de gravitas en moi et autour de moi. J’ai envie d’un roman avec un petit rire sincère… parce qu’il va probablement détruire les NoéNautes tels qu’on les connaît !
Quand se fera-t-il : quand il le décidera. Peut-être que ce ne sera pas si loin de la sortie de celui-ci, ce serait beau que cela s’enchaîne.
Quant à la suite… qui sait ? J’aimerais un jour me lancer un défi marathonien, finir ces 4 autres romans en un gros… Mais j’ignore complètement si j’en suis capable (et comment je ferais pour avoir un boulot, une vie sociale, d’autres projets…)
Tu verses tes romans dans le domaine public et tu fais des conférences pour expliquer pourquoi. Cool. Mais c’est quoi, cette histoire de confiance dont tu parles tout le temps ?
Le droit d’auteur a été conçu à l’époque où, pour distribuer la culture, il fallait commercialiser des objets (des livres papier). Cet angle économique sous-tend l’essence même de la législation, que je vois basée sur la méfiance du commerçant (envers le voleur, celui qui n’est pas client).
Je ne suis pas un vendeur.
Je donne forme à des histoires pour qu’elles trouvent leur public (qu’il soit « de niche » ou « grand » importe peu, ce n’est pas de mon ressort).
Plutôt que de me méfier des personnes qui s’intéressent à mes fariboles, je préfère les leur confier. Quand tu tournes la page, tu me fais confiance pour poursuivre l’histoire le plus justement possible jusqu’au mot fin. Pourquoi je ne pourrai pas te faire confiance pour la traiter le plus justement du monde ? Ainsi, tu peux en être lectrice, mécène, adaptateur, diffuseuse, critique, traducteur, éditrice, etc… En te faisant confiance, j’y gagne plus parce que tout le monde y gagne… C’est le principe du Libre, non ?
Et alors, comme toujours, on te laisse le dernier mot.
Ben ce mot sera Apologue : un terme littéraire qui désigne un conte moral, une histoire qui veut te faire comprendre quelque chose.
#Apolog, c’est un peu la même chose, sous la forme d’un journal d’erreurs… et avec l’accent provençal.
Framasoft fait son « Ray’s day » avec 8 nouvelles Libres
Depuis sa création, Framasoft s’est donné pour mission de diffuser la culture libre et d’en emprunter la voie — libre elle aussi. Aujourd’hui, c’est le « Ray’s day », l’occasion de fêter l’acte de lecture en célébrant l’anniversaire de feu Ray Bradbury.
L’événement, initié l’année dernière par l’auteur Neil Jomunsi se veut « comme une grande fête d’anniversaire dans le jardin avec ballons et tartes aux myrtilles ». Pas une fête pour « vendre de la culture », juste une grande envie de partager nos lectures.
8 nouvelles Libres
Alors, à Framasoft, comme on aime beaucoup les tartes aux myrtilles, on s’est dit qu’on allait participer. Le temps de cette belle journée, différents membres de l’association ont donc pris la casquette d’écrivain pour vous présenter un livre électronique inédit contenant 8 histoires différentes :
Lisez, partagez, adaptez ou modifiez-les, ces histoires vous appartiennent désormais ! Et si l’envie vous en prend, diffusez le mot sur les réseaux sociaux avec le hashtag #RaysDay… l’occasion aussi de découvrir d’autres initiatives à travers la toile.
Mais ce n’est pas tout…
En effet, suite à un harcèlement textuel et potache sur les réseaux sociaux, Gee et Pouhiou ont repris leur casquettes de Connards Professionnels pour un nouvel épisode de « Bastards, inc. – Le Guide du Connard Professionnel ». L’occasion de relire et/ou télécharger les épisodes précédents, et de lire cet épisode inédit en attendant qu’ils reprennent (dès le 2 septembre) leur rythme de croisière de ce roman/BD/MOOC de connardise.
Enfin, le groupe Framalang vient d’achever la traduction d’une nouvelle futuriste sur le copyright et ses dérives : Stop the Music de Charles Duan (initialement publiée sur BoingBoing, un site tenu, entre autres, par Cory Doctorow). La traduction n’a pu être prête à temps pour rejoindre l’epub de cet article, c’est pour cela que vous en retrouverez la première partie dès aujourd’hui ici sur le Framablog !
L’été arrive, avec lui son lot de vacances, siestes… et des moments où l’on prend enfin le temps de lire, tranquillement installé sur sa serviette, son fauteuil, sa chaise longue…
Le petit Dupuis-Morizeau est comme ses parents : il ne se sépare jamais des 3-4 livres qu’il dévore à tour de rôle. Pour ne pas surcharger sa valise, il lit des ebooks sur son téléphone, attendant son prochain anniversaire afin de pouvoir lire sur une tablette (comme son beau-père, féru de BD) ou une liseuse (comme sa mère, qui aime son confort de lecture).
C’est en pensant à la famille Dupuis-Morizeau que nous avons ouvert un catalogue de livres électroniques Libres : Framabookin !
Le Domaine Public et Framabook à portée de doigt
Framabookin (prononcez « bouquine ») est un catalogue OPDS. Derrière cet acronyme barbare (Open Publication Distribution System) se cache en fait la possibilité de présenter, sur un seul lien, toute une collection de livres électroniques avec leurs couvertures, résumés, auteurs, etc. Une base de données dans laquelle vous pouvez regarder, rechercher, et (re)trouver l’ouvrage que vous désiriez.
Il vous suffit donc de suivre notre tutoriel pour ajouter ce catalogue dans votre application de lecture préférée (par exemple l’application libre FBReader) ou fureter dans son interface web depuis le navigateur de votre tablette/liseuse pour accéder, en deux tapotages et trois glissés, à tous les livres libres que nous avons collectés pour vous.
Afin de fournir ce catalogue, nous avons hébergé un dépôt de la collection Bibebook. Bibebook, c’est une équipe de passionné-e-s qui ont pris des ouvrages du domaine public pour en faire des ebooks bien édités, aux données claires et joliment formatées… en somme, faits pour être agréablement lus sur liseuses. Malgré une surcouche de droits éditoriaux (licence CC-BY-SA) sur des ouvrages relevant du domaine public, il faut reconnaître que leur travail éditorial est admirable et qu’ils nous permettent ainsi d’aisément proposer les grand classiques de notre culture tels Hugo, Zola et Baudelaire, à portée de wifi.
Bien entendu, nous avons aussi inclus dans ce catalogue la collection des Framabooks. Du roman de Lily Bouriot aux BD de Gee en passant par nos manuels ou la biographie de Richard Stallman, toute la collection des livres concoctés par la communauté Framasoft pour votre plus grand plaisir est présente au rendez-vous et n’attend plus que votre dévorante envie de lire.
À vous de créer les catalogues de vos rêves
Framabookin n’a pas vocation à devenir LE catalogue du Libre, pas plus que Framasoft ne souhaite se transformer en GAFAM Libriste. Auteur-e-s, inutile donc de vous précipiter sur votre clavier pour nous envoyer votre dernier ouvrage sous licence libre afin que nous l’y intégrions : nous n’avons pas une armée de bénévoles prête à devenir un comité éditorial (mais n’hésitez pas à proposer vos ouvrages à la collection framabook).
Comme toujours avec nos services de la campagne Degooglisons Internet, l’objectif est triple :
Vous sensibiliser au fait que quelques grands acteurs (Amazon, Google livres, Itunes bookstore) monopolisent la diffusion de la culture numérique, malgré le boulot formidable de projets alternatifs (Gutenberg, Wikisource, Bibebook, etc.) ;
Vous démontrer qu’il est possible (et facile) d’héberger soi-même son propre catalogue, de proposer ses collections de livres Libres pour sa famille, son établissement scolaire, son association, son entreprise…
Vous inciter à essaimer, à devenir vous même le concurrent d’Amazon & consorts, en vous proposant un tutoriel qui retrace pas à pas comment nous avons fait pour héberger Framabookin.
Bonnes Lectures !
Alors oui : LE catalogue rassemblant TOUS les ebooks libres francophones reste à inventer… Mais en attendant d’avoir la joie de relayer une telle initiative, nous avons hâte de découvrir VOTRE catalogue, celui qui reflètera vos goûts et vos choix éditoriaux.
Et surtout, d’ici là, nous vous proposons de faire comme la famille Dupuis-Morizeau et de farfouiller parmi des centaines et des centaines d’ouvrages Libres qui se téléchargent sur n’importe quel appareil en allant à une seule adresse :
Vous le savez, les RMLL se dérouleront cette année du 4 au 10 juillet à Beauvais.
Pour beaucoup d’entre vous, c’est l’occasion de venir nous rencontrer, et parfois en profiter pour acheter les différents goodies Framasoft, des T-shirts aux livres édités par Framabook, en passant par les magnifiques stickers détourés et les CD Framazik.
Pour nous, cela représente une charge logistique importante, des stocks qui sont parfois détériorés, des quantités de produits souvent très supérieures à ce qui sera vendu, pour pouvoir satisfaire tout le monde. (Certes, l’année dernière, nous avons quelque peu sous-estimé le succès de nos nouveaux T-shirts). C’est pourquoi cette année, nous allons proposer une nouvelle formule.
Stand Framasoft Limité
Nous ne tiendrons pas un stand pendant toute la durée des RMLL, mais nous comptons expérimenter une nouvelle formule. Un stand sera bien entendu tenu pendant les journées grand public, cœur de cible de la mission d’éducation populaire de Framasoft.
Mais nous serons pendant le reste des rencontres en mode plus mobile (n’hésitez pas à nous arrêter quand vous nous apercevez, nous serons ravis d’échanger avec vous, voire – si on nous y oblige – boire des bières, ou des bières). Cette année donc, nous ne viendrons pas avec autant de goodies que les années précédentes. Nous aurons de quoi présenter les différents produits et éventuellement quelques exemplaires à vendre, mais cela restera très limité, et nous renverrons sans doute majoritairement vers la boutique en ligne EnVenteLibre. Cela nous permettra de profiter d’avantage des rencontres pour discuter avec les gens présents, assister aux conférences, travailler sur nos projets, boire des bières, et sans doute bien d’autres choses.
Cependant, nous sommes conscients qu’acheter les produits sur stand permet, en plus du plaisir de pouvoir refaire le monde avec nous quelques instants, d’éviter les frais de port et profiter rapidement de tous ces goodies de vos rêves (comment ça, j’en fais trop ?) C’est pourquoi nous allons mettre en place un système de pré-réservation des produits. De cette façon, vous profitez de ce que vous voulez commander, et vous profitez deux fois plus de nous. Elle n’est pas belle, la vie ?
Comment cela va-t-il se dérouler ?
En trois temps :
Vous pré-commandez les produits que vous voudrez récupérer jusqu’au 30 juin 23h42 (nous tolérerons quelques minutes de retard si vous le demandez avec un grand sourire, dans la joie et la bonne humeur), en passant par notre formulaire de contact, précisant ce que vous souhaitez commander, ainsi que votre nom et un numéro de téléphone auquel vous serez joignable pendant les RMLL.
Vous pourrez alors venir retirer votre pré-commande et la régler directement sur place lors des journées grand public. Évidemment, si vous n’êtes pas présents pendant ces deux journées, précisez quelles sont vos disponibilités les autres jours. Nous essaierons de nous arranger avec vous dans la mesure du possible. Le cas de l’annulation de commande est décrit plus bas.
Et voilà, il n’y a pas de 3e temps. Tout le monde est content.
Si vous ne venez pas récupérer votre pré-commande
Nous ne voulons pas mettre en place de paiement anticipé, cela compliquerait l’opération pour nous comme pour vous, et puis nous avons naturellement confiance en ceux qui passeront commande. Toutefois, merci de nous informer rapidement si vous ne pouvez pas venir retirer comme prévu votre pré-commande. Si par exemple vous pouvez la récupérer plus tard dans la semaine, il est sans doute possible de s’arranger (vous le savez, nous sommes des gens adorables).
Si vous ne l’avez pas retirée pendant les journées grand public sans nous avoir prévenu, nous ne pourrons pas garantir votre réservation, et nous serons amenés à proposer les goodies à d’autres personnes intéressées.
Besoin de conseils pour vos acquisitions ?
Alors précommander, c’est bien… Oui mais que pré-commander, nous demanderez-vous ? Eh bien on a nos petites idées.
Les Framabooks à ne pas rater !
Souvent sur les RMLL, on nous demande des biographies de Richard Stalmann, afin de se les faire dédicacer… De plus on sait de source sûre que Pouhiou sera présent lors de ces RMLL, et pourra donc vous dédicacer les romans des NoéNautes… Et même si Gee ne pourra pas y être cette année, ne passez pas à côté des BD du GKND !
Sans oublier que l’équipe Framabook n’a pas chômé ces derniers mois. Outre les incontournables Histoire et Culture du Libre (un ouvrage de référence pour parfaire votre culture du monde libriste) et Option Libre (pour mieux connaître les licences libres et donc le droit d’auteur) nous avons récemment édité :
Libres Conseils, un recueil traduit collaborativement pour découvrir les conseils que des libristes auraient aimé recevoir avant de se lancer dans leur projet,
Avant de Dormir, un roman sombre et organique de la redoutable Lilly Bouriot, à ne pas manquer pour les fans de Lovecraft ou Neil Gaiman.
Ayez la Frama-Classe durant les RMLL
Notre grrrrrrrrros succès du stand des RMLL 2014, ce sont les nouveaux T-Shirt Framasoft. Il y a le Just Sudo It, pour les sportifs du GnuNux, et le ForkMe I’m Famous, pour les clubbers de l’open source. Ces T-Shirt sont une édition limitée, donc mieux vaut vous précipiter dessus tant que nous en avons, après il sera trop tard ! Attention, veuillez noter que la version débardeur-femme (parce que chez les libristes barbus, il y a aussi des barbuEs 😉 ) taille petit, pensez à prendre une taille au dessus de ce que vous prenez histoire d’être à votre aise !
Autrement, nous avons toujours les beaux T-Shirt Framasoft, aussi disponibles en débardeurs femmes (qui là aussi, taillent une taille en dessous de vos habitudes) et les stickers détourés Framasoft pour mettre nos pingouins, euh, nos manchots… bref, nos pinchots sur votre ordinateur préféré.
Edit 16/06 : une erreur s’est glissée dans l’article originel, Simon « Gee » Giraudot ne pourra pas être des nôtres lors de ces RMLL… Pardon pour la fausse joie !
La thermodynamique peut-elle casser des briques ?
L’équipe Framabook est très fière de vous annoncer la sortie de son premier manuel scolaire : Thermodynamique de l’ingénieur. Ce manuel universitaire, à destination des étudiant-e-s comme de leurs enseignant-e-s, est signé Olivier Cleynen, et disponible sous la licence CC-BY-SA…
L’occasion d’une rencontre drôle et intéressante avec cet auteur qui a fait le pari du livre Libre !
Bon, Olivier, je serai honnête, on se demande comment tu as pu en arriver là. Tu n’es pas un poussin de l’année qui découvre le monde du Libre : si j’en crois ton ancien blog, dès ton premier billet en 2007 tu déclares ta flamme au logiciel libre, en établissant du reste un lien très net entre logiciel libre et société libre. Pourrais-tu te présenter succinctement et évoquer ta trajectoire de libriste ?
Ma trajectoire n’est en fait pas réellement exceptionnelle. Je suis ingénieur aéronautique de formation et j’ai découvert le logiciel libre et son univers pendant mes études. Il y a des gens pour qui ça « prend » plus que pour d’autres… en 2006 j’ai co-fondé puis dirigé à plein temps pendant deux ans une association à but non-lucratif de promotion du logiciel libre qui ressemblait un peu à Framasoft. J’ai essayé sans succès d’en vivre, puis, je suis devenu prof en école d’ingénieurs : c’est là que j’ai commencé ce livre. J’effectue maintenant une thèse de doctorat dans l’espoir de me faire une petite place dans l’enseignement supérieur.
Question No124 (mais, à la demande d’Olivier, la voici en 2e position) : pourrais-tu résumer la thermodynamique en un tweet (140 signes) ?
Bon, je tente l’expérience, mais j’ai droit à plusieurs essais, alors…
« Tiens, je me demande comment le frigo fait pour refroidir le pack de bières alors qu’il est déjà plus froid que dehors… »
« Comment ça, le moteur de voiture n’a que 30% d’efficacité ? On est obligés de rejeter 70% de la chaleur par le pot d’échappement ? »
« @JamesPrescottJoule Au fait, c’est quoi, chaud ? Une sorte de fluide bizarre invisible ? Est-ce qu’on peut fabriquer du chaud ? »
« @WilliamThomsonKelvin Et 40°C, c’est deux fois plus chaud que 20°C ? Et si oui, alors qu’est-ce qui est deux fois plus chaud que -10°C ? »
« @LudwigEduardBoltzmann Pourquoi ma tasse de thé chaud va toujours se refroidir toute seule, et jamais se réchauffer ? HEIN, POURQUOI ???? »
La réponse à chacun de ces tweets demande de comprendre ce que c’est que la chaleur, comment on la fabrique, comment on la détruit, comment on la transforme. C’est ce qu’on appelle thermodynamique. De là, les physiciens enchaînent sur tout un tas de questionnements : la notion d’échelle microscopique ou macroscopique, la notion d’état, d’équilibre, le sens des transformations, etc. Les ingénieurs (le camp dont je fais partie) cherchent plutôt à bidouiller la chaleur dans des machines, et se servent de la thermodynamique pour comprendre les moteurs et les rendre plus efficaces, ou plus puissants, ou plus réactifs, etc. Quoi qu’il en soit, c’est passionnant : on commence par étudier de petits ballons de gaz, et on finit par prédire la fin de l’univers ! Ah zut, la réponse fait plus de 140 caractères !
Pourquoi avoir choisi de porter tout ton effort et pendant si longtemps (plusieurs années tout de même !) sur ce manuel de thermodynamique ? Les livres existants n’étaient pas suffisants ?
Il y deux faces à la réponse. D’une part, je trouve la plupart des livres français de thermodynamique terriblement tristes et ennuyeux. Je trouve dommage de se casser la tête à résoudre des équations qu’on comprend à peine pendant deux semestres, si c’est pour ressortir de la thermodynamique sans jamais avoir étudié le fonctionnement d’un turboréacteur. J’avais envie de faire un cours « pour futur-es ingénieur-es curieux-ses », et avec le temps le cours a pris la forme d’un livre.
Mais la plus grande motivation est que je n’ai rien trouvé de libre à me mettre sous la dent ! La thermodynamique de l’ingénieur est terminée depuis 150 ans et les technologies que l’on y étudie aujourd’hui ont toutes au moins 50 ans : un livre de thermo, c’est donc essentiellement un remix. C’est dur de voir que ces équations, ces raisonnements et ces schémas qui font partie du patrimoine scientifique et public au sens large, sont affublés d’une mention « reproduction interdite ». Dans certains livres, c’est même écrit à toutes les pages…
De ce point de vue, non, les livres existants n’étaient pas suffisants. Je trouve que ce n’est pas assez bien de pousser des étudiants à acheter un livre vendu quarante euros (un par matière…) qui leur défend solennellement d’en repiquer le contenu. C’est triste de voir un éditeur distribuer les JPG des figures aux seuls profs qui engendreront quarante ventes d’un livre. Et c’est frustrant, lorsqu’on débute un cours, de devoir tout ré-écrire et dessiner depuis zéro, du premier diagramme pression-volume jusqu’au dernier schéma de turbine.
J’ai construit le livre que j’avais envie de trouver quand j’ai commencé. Tu peux le copier, le reprendre, le ré-utiliser. Un schéma t’intéresse ? Tu télécharges le PDF, tu cliques sur la légende, et te voilà face au fichier source sur Wikimedia Commons, que tu peux modifier selon tes besoins. Tu préfères un format « polycopié » du chapitre 8 avec des grandes marges ? Tu pointes ton navigateur sur http://thermodynamique.ninja/ et tu imprimes. Tu veux reprendre une série d’équations en LaTeX sans les retaper, ou tu veux soumettre un patch pour corriger une erreur ? La même page web te pointe vers le dépôt git du projet. Tout ça se fait sans demander de permission, il suffit de respecter les termes de la licence Creative Commons : BY-SA pour le texte et la plupart des figures, et CC-0 pour les schémas les plus simples.
Dis-donc je l’ai parcouru ton ouvrage, d’accord il est parfaitement bien rangé dans des tiroirs avec un sommaire et des sous-parties aux petits oignons mais tout de même ça déborde de partout : histoire des sciences, biographies de quelques savants, une série de cours progressifs, des schémas et des croquis, des trucs pour aller plus loin… et surtout des exercices avec des cas de figure qui impliquent l’étudiant… brr ça fait un peu peur tout ça non ?
Alors, il ne faut pas avoir peur : c’est un gros livre, on n’est pas obligé de tout lire ! On s’y retrouve facilement, il est construit pour qu’on puisse aussi le survoler rapidement.
En ce qui concerne les exemples résolus et les exercices, j’admets que c’est parfois un peu riche, mais c’est le prix à payer pour qui veut étudier des cas concrets, car il faut plus de contexte. Six années d’enseignement en école d’ingénieurs ont fait le tri : les exercices qui « percutent » sont aussi ceux pour lesquels il faut un peu s’impliquer. Et puis je trouve juste plus cool d’avoir sous les yeux une photo de l’hélicoptère dont je calcule la consommation de carburant.
Les parties historiques (une par chapitre) sont, elles, parfaitement accessoires. Le but est de se construire une culture d’ingénieur/e et de scientifique : comprendre que pendant longtemps, on comprenait à peine ce que l’on faisait en thermodynamique, et voir aussi comment la technologie des moteurs a chamboulé le monde. Philippe Depondt, enseignant-chercheur en physique (à qui je voue une admiration sans fin pour avoir écrit le génial L’entropie et tout ça), a accepté d’écrire la moitié d’entre elles, et j’ai complété l’autre moitié. Peut-être est-ce que nous nous sommes laissé emporter ? Mais regrette-t-on d’apprendre, après avoir étudié un chapitre difficile, que la première personne à avoir montré que la chaleur n’a pas de poids a aussi été agent secret, architecte, instituteur et ministre de guerre philanthrope ? Ou qu’un geek thermodynamicien frustré s’est construit sa propre turbine à vapeur pour pouvoir ridiculiser toute la Royal Navy avec son bateau ?
et maintenant (roulements de tambour) dis-nous pourquoi c’est devenu un framabook, pourquoi cet éditeur ? tu es grillé chez les éditeurs classiques ? Travailler avec des gens qui n’avaient jamais fait de thermodynamique, ça ne t’a pas posé problème ?
Je n’ai pas eu l’occasion de chercher d’autres éditeurs, mais dans la mesure où la publication sous licence libre a toujours fait partie intégrante du projet, j’imagine que je n’aurais pas eu beaucoup de succès. Je suis et soutiens la progression de Framasoft depuis longtemps, et je suis très honoré que le comité ait accepté de produire un Framabook pour étudiants ingénieurs.
Quant au processus d’édition, il n’y a pas que les connaissances en thermodynamique qui comptent. Le comité m’a encouragé pour trouver un confrère, Nicolas Horny, qui veuille bien relire le livre sous son aspect technique (qu’il en soit remercié…). Mais je compte surtout le travail incroyable de Mireille Bernex, qui est à l’origine de centaines d’améliorations de langage et de clarifications dans le livre, et de beaucoup d’autres contributeurs que je n’ai pas la place de citer ici. Enfin, après quinze mois d’édition, je ne suis toujours pas venu à bout de la patience de Christophe Masutti, qui coordonne le projet Framabook. Bref, le plus important est de partager le désir de produire un manuel de qualité, et de ce point de vue, je suis comblé.
On dit souvent que le Libre et l’éducation portent plusieurs valeurs communes. Pour toi, quel est l’intérêt pour les enseignants et les étudiants de disposer d’un ouvrage sous licence libre ?
L’avantage pratique du livre libre est bien sûr sa gratuité. L’étudiant/e et l’enseignant/e peuvent le télécharger à tout moment, sur n’importe quel équipement, et s’en servir, en repiquant/reprenant/remixant le contenu du livre, sans demander la permission à qui que ce soit ni rentrer dans l’illégalité.
Il me semble que cette gratuité est un point important. Dans l’enseignement, le véritable ajout de valeur économique se fait dans la transmission, la réappropriation, et la création du savoir et des connaissances : en classe, en amphithéâtre, pendant le travail de groupe ou le travail personnel. En revanche, il n’y a aucune valeur économique intrinsèque à l’accès à la connaissance : sinon, il suffirait de s’acheter des livres pour devenir ingénieur ! Je préfère donc que l’argent dans l’éducation, privée ou publique, soit consacré aux activités (payer cher les profs et l’environnement de travail) plutôt que l’accès à l’information (faire chuter le coût des livres et ouvrir l’accès aux bibliothèques).
L’utilisation de contenus sous licence libre est aussi, selon moi, une démarche intellectuelle plus claire et pérenne. Lorsqu’un/e prof ou étudiant/e reprend une image du site internet d’Airbus, par exemple, il y a toute une liste de restrictions associées à sa réutilisation : on ne peut s’en servir que pour dire du bien d’Airbus, on ne peut pas la modifier comme on le veut, les conditions de l’utilisation commerciale sont floues, et la permission peut être retirée à tout moment. La reprise de documents dans le cadre de la courte citation française, ou du fair use américain, ou des innombrables accords particuliers passés par l’un ou l’autre éditeur avec tel ou tel gouvernement, est un véritable casse-tête juridique et laisse beaucoup d’incertitudes. Je préfère dire : tiens, reprends mon beau schéma de centrale à vapeur pour en faire ce que tu veux : les termes de la licence CC-BY-SA sont clairs et elle est irrévocable. C’est un bon ingrédient pour cuisiner quelque chose qui, fondamentalement, n’est qu’un remix des connaissances humaines actuelles.
Un autre schéma qui devient évident une fois qu’on a lu le manuel… si, si !
(CC-BY-SA Olivier Cleynen)
Pour vendre beaucoup d’exemplaires, j’espère que tu feras comme certains profs d’université et que ton cours sera incompréhensible si tes étudiants n’achètent pas ton livre…
Ce serait sournois, n’est-ce pas ? Et pourtant, c’est une pratique courante dans les universités aux États-Unis : beaucoup de cours sont ancrés sur un livre particulier, que les étudiants doivent absolument avoir sous la main s’ils veulent réussir.
Avant de nous indigner, il faut comprendre le pourquoi du comment de la chose. Construire un cours universitaire, c’est un travail pharaonique. Structurer un corps de connaissances, le sectionner en morceaux de 120 minutes digestes, ré-exprimer des notions complexes, illustrer tout cela, et construire des exercices intéressants : on peut y consacrer un temps infini, que les profs n’ont pas. Ancrer un cours sur un manuel en particulier, et donc sur une « recette » déjà éprouvée, permet à un/e prof de se consacrer au véritable apport de valeur qu’il/elle doit générer : rendre un cours passionnant, créer un environnement de travail où les étudiants vont se prendre au jeu et s’épanouir. On ne peut tout de même pas demander à chaque prof de ré-écrire toute la thermodynamique !
En enjoignant tous les étudiants à travailler sur un seul livre, le problème de l’accès à l’information est réglé dès le premier cours du semestre, et le reste du temps est consacré à l’exploration, l’appropriation des connaissances. L’alternative classique à la française, le tableau à craie et le maigre polycopié, n’a rien de mirobolant. Qui aurait cru qu’en 2015, l’apprentissage de la thermodynamique puisse encore se faire en recopiant au stylo sur du papier l’information qu’un prof trace avec un caillou blanc poussiéreux sur un mur noir devant 200 personnes ?
En parallèle, les revenus importants qui découlent de ces ventes poussent les éditeurs et les auteurs à produire des manuels de très haute qualité. Nous parlons de pavés de 500 ou 1000 pages, magnifiquement illustrés, soigneusement structurés, hyper accessibles, bref, de vrais outils de travail et de découverte qui donnent immédiatement envie de s’y plonger. On se prend vite de passion pour n’importe quelle discipline avec cela !
Le revers de la médaille est le prix supporté par les étudiants, en termes économiques et de libertés.
L’argent, d’abord : à 200 dollars le livre, l’accès à l’information indispensable au suivi d’un cours devient un obstacle très important à franchir, quel que soit le mode de financement (état, bourses, fonds propres ou emprunts).
En termes de libertés, le coût est plus subtil. Les éditeurs et distributeurs ont tout intérêt à restreindre le marché du livre d’occasion, et font mettre à jour les livres à un rythme effréné ; à chaque fois, la numérotation et l’énoncé de nombreux exercices est modifié (ce qui décourage l’utilisation d’anciennes éditions en cours). Les livres sont couramment proposés en location, sous forme papier (par Amazon notamment) mais aussi sous forme numérique. Voilà des livres dans le nuage, qui ne marchent que lorsqu’on est connecté sur le campus, ou bien seulement pendant un semestre. Certains livres en ligne sont financés avec de la publicité, et on peut imaginer que l’ensemble des données personnelles recueillies à propos des lecteurs est exploité. On retrouve les éditeurs dans les tribunaux et au Congrès, où ils tentent de faire interdire la revente aux USA des livres qu’ils commercialisent au quart du prix en Inde. Bref, on retrouve là l’ensemble des problèmes éthiques et sociétaux associés à un système de distribution fermé, et qui s’immisce dans les ordinateurs et les tablettes des étudiants.
Vu d’ici le problème peut sembler être très étatsunien, mais je suis convaincu que la recherche d’une meilleure qualité d’enseignement nous y confrontera tous tôt ou tard (en fait, à l’instant même où nous abandonnerons cette cochonnerie de tableau à craie…). Je pense que la publication de livres universitaires libres peut être une partie de la réponse. Un programme d’études où tu peux télécharger, remixer, imprimer librement tous les livres ? — Vous pensez, c’est comme construire toute une pile de logiciels libres qui fonctionne sur n’importe quel ordinateur, ou bien écrire toute une encyclopédie sous licence libre : c’est totalement impossible…