Khrys’presso du lundi 17 mai 2021

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.

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Spécial on gère comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial répression, État policier, montée de l’extrême-droite…

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Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

  • Un autre monde numérique est possible (blog.mondediplo.net)

    Finalement, le milieu numérique actuel n’est pas aussi favorable à l’innovation qu’il le prétend : il abhorre les institutions et les associations qui ne respectent pas les règles fixées par les grands intermédiaires.[…] il est incapable de s’imaginer ce à quoi pourrait ressembler l’équivalent numérique du musée ou de la bibliothèque […] c’est leur mainmise monopolistique sur le pouvoir politique, et par là-même, sur notre imagination institutionnelle, qui constitue le plus grand problème pour la démocratie. Et ce n’est qu’en redistribuant ce pouvoir, plutôt que de se repaître de solutionnisme béat, que nous pouvons espérer les dompter.

  • Les médias sociaux ne sont pas des espaces démocratiques (framablog.org)
  • La fin du monde vue par le capital financier (terrestres.org)
  • Aux origines de l’irresponsabilité pénale des fous (theconversation.com)
  • Rends le bisou ? (medium.com)
  • Rire avec fox news (imagesociale.fr)
  • L’engagement littéraire des années 1970 : l’exemple des féministes (theconversation.com)

    L’histoire sociopolitique d’un côté, l’histoire culturelle et littéraire de l’autre, ont été écrites (presque) sans les femmes. Puisque le domaine politique, au début du XXe, est un domaine presque exclusivement masculin, la notion d’engagement est pensée comme une notion masculine – ce qui est rarement remarqué comme tel, et tombe comme une sorte d’évidence.

  • Le patriarcat, une religion d’inversion (revolutionfeministe.wordpress.com)

    Dans tout système de domination, paradoxalement, ceux qui détiennent le pouvoir ne sont jamais coupables ou responsables de quoi que ce soit, les catégories dominées étant par définition fautives et désignées comme boucs émissaires.[…] C ’est le langage qui construit cette réalité inversée, et ceux qui ont le pouvoir de la construire sont ceux qui contrôlent le langage […] Ce caractère intrinsèquement prédateur, parasitique et exploiteur de la catégorie dominante, le « sale petit secret » du patriarcat, doit rester secret autant que possible, et c’est là qu’intervient la violence symbolique du discours inversif, dont la fonction est d’opérer une positivation systématique de cette négativité fondatrice.

  • Lettre au Réseau Mutu à propos de ReinfoCovid et des anti-masques (labogue.info)

Le livre de la semaine

  • Et la modernité fut masculine – La France, les femmes et le pouvoir 1789‑1804 d’Éliane Viennot. Un ouvrage passionnant, de la Révolution Française au Code Civil napoléonien.

    les hommes au pouvoir, nourris de l’idéal rousseauiste de la « séparation des sphères » autant que d’Histoires de France vidées de toute référence faite aux femmes, n’ont eu de cesse de renforcer le « privilège masculin » – et cela quels que soient les désaccords existant entre eux. Mettant fin à des pouvoirs féminins séculaires, réservant la citoyenneté et les améliorations du système scolaire aux seuls hommes, ne pensant qu’à conforter leurs positions en légiférant sur le divorce et l’héritage égalitaire, travaillant à un Code civil garant des puissances paternelle et maritale, s’activant à faire taire les contestataires, ils ont jeté les bases d’un ordre masculin qui, sous couvert d’égalité, de liberté et de modernité, perdurera jusqu’à la fin du XXe siècle en essaimant dans une bonne partie du monde.

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Pfouh toujours aussi dense, le 'presso... - la personne de droite répond : Yep, c'est qu'il s'en passe des trucs, en une semaine !!!
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.

Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).




Les médias sociaux ne sont pas des espaces démocratiques

On peut rêver d’une solution technologique ou juridique pour limiter ou interdire l’utilisation d’un logiciel à des groupes ou personnes qui ne partagent pas les valeurs auxquelles on tient ou pire veulent les détruire.
L’entreprise est bien plus délicate qu’il n’y paraît, y compris pour les réseaux alternatifs décentralisés (ou plutôt acentrés) qu’on regroupe sous le terme de Fediverse. Il ne suffit pas en effet de dire que chaque instance décide de ses propres règles pour se débarrasser des difficultés.

Dans l’article qui suit, Christophe Masutti prend acte de la fin d’une illusion : l’idéal d’un grand espace de communication démocratique, égalitaire et ouvert à tous n’existe pas plus avec les Gafam qu’avec le Fediverse et ses réseaux alternatifs.

Face aux grandes plateformes centralisées de médias sociaux qui ne recherchent nullement à diffuser ou promouvoir le débat démocratique éclairé comme elles le prétendent mais à monétiser le spectacle d’un pseudo-débat, nous sommes confrontées au grand fourre-tout où distinguer le pire du meilleur renvoie chacun à une tâche colossale et indéfiniment renouvelée.

Cependant ce qui change la donne avec le Fediverse, c’est que la question de la fermeture à d’autres ne prend en compte ni le profit ni le facteur nombre : les instances sans objectif lucratif ont leurs qualités et leurs défauts propres, qu’elles aient deux ou deux cent mille utilisatrices. Et selon Christophe, les rapports entre les instances restent à écrire, à la manière dont les rapports variables entre les habitants d’un quartier déterminent leurs rapports individuels et collectifs…

Les médias sociaux ne sont pas des espaces démocratiques

par Christophe Masutti

Lors d’une récente interview avec deux autres framasoftiennes à propos du Fediverse et des réseaux sociaux dits « alternatifs », une question nous fut posée :

dans la mesure où les instances de service de micro-blogging (type Mastodon) ou de vidéo (comme Peertube) peuvent afficher des « lignes éditoriales » très différentes les unes des autres, comment gérer la modération en choisissant de se fédérer ou non avec une instance peuplée de fachos ou comment se comporter vis-à-vis d’une instance communautaire et exclusive qui choisit délibérément de ne pas être fédérée ou très peu ?

De manière assez libérale et pour peu que les conditions d’utilisation du service soient clairement définies dans chaque instance, on peut répondre simplement que la modération demande plus ou moins de travail, que chaque instance est tout à fait libre d’adopter sa propre politique éditoriale, et qu’il s’agit de choix individuels (ceux du propriétaire du serveur qui héberge l’instance) autant que de choix collectifs (si l’hébergeur entretient des relations diplomatiques avec les membres de son instance). C’est une évidence.

La difficulté consistait plutôt à expliquer pourquoi, dans la conception même des logiciels (Mastodon ou Peertube, en l’occurrence) ou dans les clauses de la licence d’utilisation, il n’y a pas de moyen mis en place par l’éditeur du logiciel (Framasoft pour Peertube, par exemple) afin de limiter cette possibilité d’enfermement de communautés d’utilisateurs dans de grandes bulles de filtres en particulier si elles tombent dans l’illégalité. Est-il légitime de faire circuler un logiciel qui permet à ♯lesgens de se réunir et d’échanger dans un entre-soi homogène tout en prétendant que le Fediverse est un dispositif d’ouverture et d’accès égalitaire ?

Une autre façon de poser la question pourrait être la suivante : comment est-il possible qu’un logiciel libre puisse permettre à des fachos d’ouvrir leurs propres instance de microblogging en déversant impunément sur le réseau leurs flots de haine et de frustrations ?1

Bien sûr nous avons répondu à ces questions, mais à mon avis de manière trop vague. C’est qu’en réalité, il y a plusieurs niveaux de compréhension que je vais tâcher de décrire ici.

Il y a trois aspects :

  1. l’éthique du logiciel libre n’inclut pas la destination morale des logiciels libres, tant que la loyauté des usages est respectée, et la première clause des 4 libertés du logiciel libre implique la liberté d’usage : sélectionner les utilisateurs finaux en fonction de leurs orientations politique, sexuelles, etc. contrevient fondamentalement à cette clause…
  2. … mais du point de vue technique, on peut en discuter car la conception du logiciel pourrait permettre de repousser ces limites éthiques2,
  3. et la responsabilité juridique des hébergeurs implique que ces instances fachos sont de toute façon contraintes par l’arsenal juridique adapté ; ce à quoi on pourra toujours rétorquer que cela n’empêche pas les fachos de se réunir dans une cave (mieux : un local poubelle) à l’abri des regards.

Mais est-ce suffisant ? se réfugier derrière une prétendue neutralité de la technique (qui n’est jamais neutre), les limites éthiques ou la loi, ce n’est pas une bonne solution. Il faut se poser la question : que fait-on concrètement non pour interdire certains usages du Fediverse, mais pour en limiter l’impact social négatif ?

La principale réponse, c’est que le modèle économique du Fediverse ne repose pas sur la valorisation lucrative des données, et que se détacher des modèles centralisés implique une remise en question de ce que sont les « réseaux » sociaux. La vocation d’un dispositif technologique comme le Fediverse n’est pas d’éliminer les pensées fascistes et leur expression, pas plus que la vocation des plateformes Twitter et Facebook n’est de diffuser des modèles démocratiques, malgré leur prétention à cet objectif. La démocratie, les échanges d’idées, et de manière générale les interactions sociales ne se décrètent pas par des modèles technologiques, pas plus qu’elles ne s’y résument.

Prétendre le contraire serait les restreindre à des modèles et des choix imposés (et on voit bien que la technique ne peut être neutre). Si Facebook, Twitter et consorts ont la prétention d’être les gardiens de la liberté d’expression, c’est bien davantage pour exploiter les données personnelles à des fins lucratives que pour mettre en place un débat démocratique.

 

Exit le vieux rêve du global village ? En fait, cette vieille idée de Marshall McLuhan ne correspond pas à ce que la plupart des gens en ont retenu. En 1978, lorsque Murray Turoff et Roxanne Hiltz publient The Network Nation, ils conceptualisent vraiment ce qu’on entend par « Communication médiée par ordinateur » : échanges de contenus (volumes et vitesse), communication sociale-émotionnelle (les émoticônes), réduction des distances et isolement, communication synchrone et asynchrone, retombées scientifiques, usages domestiques de la communication en ligne, etc. Récompensés en 1994 par l’EFF Pioneer Award, Murray Turoff et Roxanne Hiltz sont aujourd’hui considérés comme les « parents » des systèmes de forums et de chat massivement utilisés aujourd’hui. Ce qu’on a retenu de leurs travaux, et par la suite des nombreuses applications, c’est que l’avenir du débat démocratique, des processus de décision collective (M. Turoff travaillait pour des institutions publiques) ou de la recherche de consensus, reposent pour l’essentiel sur les technologies de communication. C’est vrai en un sens, mais M. Turoff mettait en garde3 :

Dans la mesure où les communications humaines sont le mécanisme par lequel les valeurs sont transmises, tout changement significatif dans la technologie de cette communication est susceptible de permettre ou même de générer des changements de valeur.

Communiquer avec des ordinateurs, bâtir un système informatisé de communication sociale-émotionnelle ne change pas seulement l’organisation sociale, mais dans la mesure où l’ordinateur se fait de plus en plus le support exclusif des communications (et les prédictions de Turoff s’avéreront très exactes), la communication en réseau fini par déterminer nos valeurs.

Aujourd’hui, communiquer dans un espace unique globalisé, centralisé et ouvert à tous les vents signifie que nous devons nous protéger individuellement contre les atteintes morales et psychiques de celleux qui s’immiscent dans nos échanges. Cela signifie que nos écrits puissent être utilisés et instrumentalisés plus tard à des fins non souhaitées. Cela signifie qu’au lieu du consensus et du débat démocratique nous avons en réalité affaire à des séries de buzz et des cancans. Cela signifie une mise en concurrence farouche entre des contenus discursifs de qualité et de légitimités inégales mais prétendument équivalents, entre une casserole qui braille La donna è mobile et la version Pavarotti, entre une conférence du Collège de France et un historien révisionniste amateur dans sa cuisine, entre des contenus journalistiques et des fake news, entre des débats argumentés et des plateaux-télé nauséabonds.

Tout cela ne relève en aucun cas du consensus et encore moins du débat, mais de l’annulation des chaînes de valeurs (quelles qu’elles soient) au profit d’une mise en concurrence de contenus à des fins lucratives et de captation de l’attention. Le village global est devenu une poubelle globale, et ce n’est pas brillant.


Là où les médias sociaux centralisés impliquaient une ouverture en faveur d’une croissance lucrative du nombre d’utilisateurs, le Fediverse se fout royalement de ce nombre, pourvu qu’il puisse mettre en place des chaînes de confiance.


Dans cette perspective, le Fediverse cherche à inverser la tendance. Non par la technologie (le protocole ActivityPub ou autre), mais par le fait qu’il incite à réfléchir sur la manière dont nous voulons conduire nos débats et donc faire circuler l’information.

On pourrait aussi bien affirmer qu’il est normal de se voir fermer les portes (ou du moins être exclu de fait) d’une instance féministe si on est soi-même un homme, ou d’une instance syndicaliste si on est un patron, ou encore d’une instance d’un parti politique si on est d’un autre parti. C’est un comportement tout à fait normal et éminemment social de faire partie d’un groupe d’affinités, avec ses expériences communes, pour parler de ce qui nous regroupe, d’actions, de stratégies ou simplement un partage d’expériences et de subjectivités, sans que ceux qui n’ont pas les mêmes affinités ou subjectivités puissent s’y joindre. De manière ponctuelle on peut se réunir à l’exclusion d’autre groupes, pour en sortir à titre individuel et rejoindre d’autre groupes encore, plus ouverts, tout comme on peut alterner entre l’intimité d’un salon et un hall de gare.

Dans ce texte paru sur le Framablog, A. Mansoux et R. R. Abbing montrent que le Fediverse est une critique de l’ouverture. Ils ont raison. Là où les médias sociaux centralisés impliquaient une ouverture en faveur d’une croissance lucrative du nombre d’utilisateurs, le Fediverse se fout royalement de ce nombre, pourvu qu’il puisse mettre en place des chaînes de confiance.

Un premier mouvement d’approche consiste à se débarrasser d’une conception complètement biaisée d’Internet qui fait passer cet ensemble de réseaux pour une sorte de substrat technique sur lequel poussent des services ouverts aux publics de manière égalitaire. Évidemment ce n’est pas le cas, et surtout parce que les réseaux ne se ressemblent pas, certains sont privés et chiffrés (surtout dans les milieux professionnels), d’autres restreints, d’autres plus ouverts ou complètement ouverts. Tous dépendent de protocoles bien différents. Et concernant les médias sociaux, il n’y a aucune raison pour qu’une solution technique soit conçue pour empêcher la première forme de modération, à savoir le choix des utilisateurs. Dans la mesure où c’est le propriétaire de l’instance (du serveur) qui reste in fine responsable des contenus, il est bien normal qu’il puisse maîtriser l’effort de modération qui lui incombe. Depuis les années 1980 et les groupes usenet, les réseaux sociaux se sont toujours définis selon des groupes d’affinités et des règles de modération clairement énoncées.

À l’inverse, avec des conditions générales d’utilisation le plus souvent obscures ou déloyales, les services centralisés tels Twitter, Youtube ou Facebook ont un modèle économique tel qu’il leur est nécessaire de drainer un maximum d’utilisateurs. En déléguant le choix de filtrage à chaque utilisateur, ces médias sociaux ont proposé une représentation faussée de leurs services :

  1. Faire croire que c’est à chaque utilisateur de choisir les contenus qu’il veut voir alors que le système repose sur l’économie de l’attention et donc sur la multiplication de contenus marchands (la publicité) et la mise en concurrence de contenus censés capter l’attention. Ces contenus sont ceux qui totalisent plus ou moins d’audience selon les orientations initiales de l’utilisateur. Ainsi on se voit proposer des contenus qui ne correspondent pas forcément à nos goûts mais qui captent notre attention parce de leur nature attrayante ou choquante provoquent des émotions.
  2. Faire croire qu’ils sont des espaces démocratiques. Ils réduisent la démocratie à la seule idée d’expression libre de chacun (lorsque Trump s’est fait virer de Facebook les politiques se sont sentis outragés… comme si Facebook était un espace public, alors qu’il s’agit d’une entreprise privée).

Les médias sociaux mainstream sont tout sauf des espaces où serait censée s’exercer la démocratie bien qu’ils aient été considérés comme tels, dans une sorte de confusion entre le brouhaha débridé des contenus et la liberté d’expression. Lors du « printemps arabe » de 2010, par exemple, on peut dire que les révoltes ont beaucoup reposé sur la capacité des réseaux sociaux à faire circuler l’information. Mais il a suffi aux gouvernements de censurer les accès à ces services centralisés pour brider les révolutions. Ils se servent encore aujourd’hui de cette censure pour mener des négociations diplomatiques qui tantôt cherchent à attirer l’attention pour obtenir des avantages auprès des puissances hégémoniques tout en prenant la « démocratie » en otage, et tantôt obligent les GAFAM à se plier à la censure tout en facilitant la répression. La collaboration est le sport collectif des GAFAM. En Turquie, Amnesty International s’en inquiète et les exemples concrets ne manquent pas comme au Vietnam récemment.

Si les médias sociaux comme Twitter et Facebook sont devenus des leviers politiques, c’est justement parce qu’ils se sont présentés comme des supports technologiques à la démocratie. Car tout dépend aussi de ce qu’on entend par « démocratie ». Un mot largement privé de son sens initial comme le montre si bien F. Dupuis-Déri4. Toujours est-il que, de manière très réductrice, on tient pour acquis qu’une démocratie s’exerce selon deux conditions : que l’information circule et que le débat public soit possible.

Même en réduisant la démocratie au schéma techno-structurel que lui imposent les acteurs hégémoniques des médias sociaux, la question est de savoir s’il permettent la conjonction de ces conditions. La réponse est non. Ce n’est pas leur raison d’être.

Alors qu’Internet et le Web ont été élaborés au départ pour être des dispositifs égalitaires en émission et réception de pair à pair, la centralisation des accès soumet l’émission aux conditions de l’hébergeur du service. Là où ce dernier pourrait se contenter d’un modèle marchand basique consistant à faire payer l’accès et relayer à l’aveugle les contenus (ce que fait La Poste, encadrée par la loi sur les postes et télécommunications), la salubrité et la fiabilité du service sont fragilisés par la responsabilisation de l’hébergeur par rapport à ces contenus et la nécessité pour l’hébergeur à adopter un modèle économique de rentabilité qui repose sur la captation des données des utilisateurs à des fins de marketing pour prétendre à une prétendue gratuité du service5. Cela implique que les contenus échangés ne sont et ne seront jamais indépendants de toute forme de censure unilatéralement décidée (quoi qu’en pensent les politiques qui entendent légiférer sur l’emploi des dispositifs qui relèveront toujours de la propriété privée), et jamais indépendants des impératifs financiers qui justifient l’économie de surveillance, les atteintes à notre vie privée et le formatage comportemental qui en découlent.

Paradoxalement, le rêve d’un espace public ouvert est tout aussi inatteignable pour les médias sociaux dits « alternatifs », où pour des raisons de responsabilité légale et de choix de politique éditoriale, chaque instance met en place des règles de modération qui pourront toujours être considérées par les utilisateurs comme abusives ou au moins discutables. La différence, c’est que sur des réseaux comme le Fediverse (ou les instances usenet qui reposent sur NNTP), le modèle économique n’est pas celui de l’exploitation lucrative des données et n’enferme pas l’utilisateur sur une instance en particulier. Il est aussi possible d’ouvrir sa propre instance à soi, être le seul utilisateur, et néanmoins se fédérer avec les autres.

De même sur chaque instance, les règles d’usage pourraient être discutées à tout moment entre les utilisateurs et les responsables de l’instance, de manière à créer des consensus. En somme, le Fediverse permet le débat, même s’il est restreint à une communauté d’utilisateurs, là où la centralisation ne fait qu’imposer un état de fait tout en tâchant d’y soumettre le plus grand nombre. Mais dans un pays comme le Vietnam où l’essentiel du trafic Internet passe par Facebook, les utilisateurs ont-ils vraiment le choix ?

Ce sont bien la centralisation et l’exploitation des données qui font des réseaux sociaux comme Facebook, YouTube et Twitter des instruments extrêmement sensibles à la censure d’État, au service des gouvernements totalitaires, et parties prenantes du fascisme néolibéral.

L’affaire Cambridge Analytica a bien montré combien le débat démocratique sur les médias sociaux relève de l’imaginaire, au contraire fortement soumis aux effets de fragmentation discursive. Avant de nous demander quelles idéologies elles permettent de véhiculer nous devons interroger l’idéologie des GAFAM. Ce que je soutiens, c’est que la structure même des services des GAFAM ne permet de véhiculer vers les masses que des idéologies qui correspondent à leurs modèles économiques, c’est-à-dire compatibles avec le profit néolibéral.

En reprenant des méthodes d’analyse des années 1970-80, le marketing psychographique et la socio-démographie6, Cambridge Analytica illustre parfaitement les trente dernières années de perfectionnement de l’analyse des données comportementales des individus en utilisant le big data. Ce qui intéresse le marketing, ce ne sont plus les causes, les déterminants des choix des individus, mais la possibilité de prédire ces choix, peu importent les causes. La différence, c’est que lorsqu’on applique ces principes, on segmente la population par stéréotypage dont la granularité est d’autant plus fine que vous disposez d’un maximum de données. Si vous voulez influencer une décision, dans un milieu où il est possible à la fois de pomper des données et d’en injecter (dans les médias sociaux, donc), il suffit de voir quels sont les paramètres à changer. À l’échelle de millions d’individus, changer le cours d’une élection présidentielle devient tout à fait possible derrière un écran.

Trump at hospital - Public domain. Source : White House

C’est la raison pour laquelle les politiques du moment ont surréagi face au bannissement de Trump des plateformes comme Twitter et Facebook (voir ici ou ). Si ces plateformes ont le pouvoir de faire taire le président des États-Unis, c’est que leur capacité de caisse de résonance accrédite l’idée qu’elles sont les principaux espaces médiatiques réellement utiles aux démarches électoralistes. En effet, nulle part ailleurs il n’est possible de s’adresser en masse, simultanément et de manière segmentée (ciblée) aux populations. Ce faisant, le discours politique ne s’adresse plus à des groupes d’affinité (un parti parle à ses sympathisants), il ne cherche pas le consensus dans un espace censé servir d’agora géante où aurait lieu le débat public. Rien de tout cela. Le discours politique s’adresse désormais et en permanence à chaque segment électoral de manière assez fragmentée pour que chacun puisse y trouver ce qu’il désire, orienter et conforter ses choix en fonction de ce que les algorithmes qui scandent les contenus pourront présenter (ou pas). Dans cette dynamique, seul un trumpisme ultra-libéral pourra triompher, nulle place pour un débat démocratique, seules triomphent les polémiques, la démagogie réactionnaire et ce que les gauches ont tant de mal à identifier7 : le fascisme.

Face à cela, et sans préjuger de ce qu’il deviendra, le Fediverse propose une porte de sortie sans toutefois remettre au goût du jour les vieilles représentations du village global. J’aime à le voir comme une multiplication d’espaces (d’instances) plus où moins clos (ou plus ou moins ouverts, c’est selon) mais fortement identifiés et qui s’affirment les uns par rapport aux autres, dans leurs différences ou leurs ressemblances, en somme dans leurs diversités.

C’est justement cette diversité qui est à la base du débat et de la recherche de consensus, mais sans en constituer l’alpha et l’oméga. Les instances du Fediverse, sont des espaces communs d’immeubles qui communiquent entre eux, ou pas, ni plus ni moins. Ils sont des lieux où l’on se regroupe et où peuvent se bâtir des collectifs éphémères ou non. Ils sont les supports utilitaires où des pratiques d’interlocution non-concurrentielles peuvent s’accomplir et s’inventer : microblog, blog, organiseur d’événement, partage de vidéo, partage de contenus audio, et toute application dont l’objectif consiste à outiller la liberté d’expression et non la remplacer.

Angélisme ? Peut-être. En tout cas, c’est ma manière de voir le Fediverse aujourd’hui. L’avenir nous dira ce que les utilisateurs en feront.

 

 


  1. On peut se référer au passage de la plateforme suprémaciste Gab aux réseaux du Fediverse, mais qui finalement fut bloquée par la plupart des instances du réseau.
  2. Par exemple, sans remplacer les outils de modération par du machine learning plus ou moins efficace, on peut rendre visible davantage les procédures de reports de contenus haineux, mais à condition d’avoir une équipe de modérateurs prête à réceptionner le flux : les limites deviennent humaines.
  3. Turoff, Murray, and Starr Roxane Hiltz. 1994. The Network Nation: Human Communication via Computer. Cambridge: MIT Press, p. 401.
  4. Dupuis-Déri, Francis. Démocratie, histoire politique d’un mot: aux États-Unis et en France. Montréal (Québec), Canada: Lux, 2013.
  5. Et même si le service était payant, l’adhésion supposerait un consentement autrement plus poussé à l’exploitation des données personnelles sous prétexte d’une qualité de service et d’un meilleur ciblage marketing ou de propagande. Pire encore s’il disposait d’une offre premium ou de niveaux d’abonnements qui segmenteraient encore davantage les utilisateurs.
  6. J’en parlerai dans un article à venir au sujet du courtage de données et de la société Acxiom.
  7. …pas faute d’en connaître les symptômes depuis longtemps. Comme ce texte de Jacques Ellul paru dans la revue Esprit en 1937, intitulé « Le fascisme fils du libéralisme », dont voici un extrait : « [Le fascisme] s’adresse au sentiment et non à l’intelligence, il n’est pas un effort vers un ordre réel mais vers un ordre fictif de la réalité. Il est précédé par tout un courant de tendances vers le fascisme : dans tous les pays nous retrouvons ces mesures de police et de violence, ce désir de restreindre les droits du parlement au profit du gouvernement, décrets-lois et pleins pouvoirs, affolement systématique obtenu par une lente pression des journaux sur la mentalité courante, attaques contre tout ce qui est pensée dissidente et expression de cette pensée, limitation de liberté de parole et de droit de réunion, restriction du droit de grève et de manifester, etc. Toutes ces mesures de fait constituent déjà le fascisme. ».



Khrys’presso du lundi 10 mai 2021

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Spécial France

Spécial pouvoir et médias

Spécial on gère comme des pieds (et à la néolibérale)

  • Pourquoi la France compte plus d’ultrariches que la Chine ou l’Allemagne (bfmtv.com)
  • La sous-traitance de services publics représenterait, chaque année, l’équivalent du quart du budget de l’État (franceinter.fr)

    160 milliards d’euros : c’est ce que représenterait la sous-traitance de services publics chaque année. L’estimation est réalisée par le collectif “Nos services publics” qui vient de se créer. Il regroupe une centaine de hauts fonctionnaires qui dénoncent ce qu’ils estiment être des dysfonctionnements.

  • Ehpad : la “maltraitance institutionnelle” pointée du doigt par la défenseure des droits (telerama.fr)

    Dans un rapport publié ce mardi, Claire Hédon juge que les droits des résidents en Ehpad sont “grandement entravés” depuis le début de la crise sanitaire et met en cause les directions d’établissements, mais aussi l’État.

  • La question L’insécurité est-elle vraiment « très alarmante » ? (alternatives-economiques.fr)

    Manque de chance, le lendemain de cette prestation radiodiffusée, le ministère de l’Intérieur publiait les statistiques sur « l’insécurité et la délinquance en 2020 ». Des chiffres on ne peut plus officiels qui ne vont pas vraiment dans le sens de notre diseur de mauvaise aventure.

  • Écriture inclusive : Jean-Michel Blanquer prend la tangente du point médian (telerama.fr)

    L’Éducation nationale manque cruellement de profs, la réforme du bac prend l’eau, les protocoles sanitaires se multiplient, certains élèves décrochent… mais regardez là-bas ! Ce ne serait pas la terrifiante écriture inclusive ? La malheureuse est devenue le chiffon rouge préféré des politiques, à agiter dès que l’occasion se présente. Mais de quoi parle exactement Jean-Michel Blanquer ?[…] sa circulaire encourage « l’usage de la féminisation des métiers et des fonctions » et le respect de « l’égalité entre les filles et les garçons, tant par la féminisation des termes que par la lutte contre les représentations stéréotypées » dans le choix des énoncés. Il est même demandé « de recourir à des formulations telles que “le candidat ou la candidate” afin de ne pas marquer de préférence de genre ». Pincez-nous si on rêve, mais il s’agit bien là (roulement de tambour) d’écriture inclusive.


    On consultera à propos de l’écriture inclusive cet article de 2018 (bunkerd.fr) ainsi que cette passionnante conférence (ge.ch), merci, bisou.

  • Vaccination contre le Covid-19 : où en est votre département ? (humanite.fr)

    Si la vaccination en France se poursuit au rythme des 20 derniers jours, 70 % de la population (soit le taux recommandé par l’OMS) sera vaccinée… le 28 juillet 2024.

Spécial répression, État policier, montée de l’extrême-droite…

Spécial Résistance(s)

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

  • “Dès l’instant où le soin dentaire est soumis au joug de la rentabilité, ça ne peut pas bien fonctionner” (frustrationmagazine.fr)

    Notre système de santé dentaire est particulièrement inégalitaire et pourtant on n’en parle peu, comme si la santé dentaire était un à côté, un petit plus comme les massages thaï ou l’aqua-poney. Avec un reste à charge qui augmente avec les années […] pouvoir prendre soin de ses dents est bel et bien un luxe. […] Si on voulait un système plus efficace pour les patients, il faudrait un système hospitalier dentaire, avec des soignants qui soignent sans avoir à se préoccuper de l’argent que leur intervention leur offrira

  • Mal nommer l’université. (affordance.info)

    Ce sont ce que l’on appelle des “signaux faibles” […] En voici quatre. “Microsoft ouvre une école de formation à Nantes” [Avril 2019] “Free lance sa propre université” [Janvier 2021] “Apple annonce un ‘developer academy’ dans une université” [Janvier 2021] “Google va-t-il hacker le diplôme universitaire ?” [Mars 2021] Mais ce qui compte c’est la tendance. Et le glissement du langage. […] De l’autre côté, on a donc un ministère qui profite de l’accumulation de réformes à flux tendu dans un contexte sanitaire et financier alarmant pour l’ensemble du supérieur et de la recherche pour en ajouter une couche et détricoter toute la lisibilité de l’offre de formation en prétextant des harmonisations dont chacun voit bien qu’elles n’ont absolument aucun sens autre que celui d’occuper la galerie et d’achever de noyer les personnels sous des tâches administratives aussi débiles qu’obscures dans des calendriers intenables

  • Nous retrouver. Les p’tites beautés de l’élysée. (affordance.info)

    La capacité d’auto-fellation de chacun d’entre nous n’étant limitée que par le choix de se briser certaines vertèbres dorsales et cervicales, on pourra dira ce qu’on voudra du droit de l’Elysée à s’auto-congratuler par tous les moyens possibles, y compris par le truchement d’une newsletter qui est en termes de contenu et de pertinence aussi proche du vide que possible […] Reste l’obstination des faits. Alors que la stratégie vaccinale est toujours pour le moins soumise à un régime d’aléatoire qui continue de friser souvent avec la défaillance, l’élément de langage du « plateau haut » désigne dans leur novlangue une réalité dans laquelle chaque jour dans la 6ème puissance économique mondiale toujours près de 300 personnes continuent de mourir d’une saloperie de virus pour lequel on dispose (théoriquement) d’un vaccin et viennent s’ajouter au déjà plus de 100 000 morts de cette pandémie en France.

  • Italie : comprendre le soulèvement des années 1970 (lundi.am)
  • Années de plomb : les approximations mensongères du ministre de la Justice (rapportsdeforce.fr)
  • 10 mai 1981 : Cette victoire que l’on n’attendait plus (politis.fr)
  • A Female Vision of Sci-Fi (hyperallergic.com)

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les découvertes/mots de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Pfouh toujours aussi dense, le 'presso... - la personne de droite répond : Yep, c'est qu'il s'en passe des trucs, en une semaine !!!
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Khrys’presso du lundi 3 mai 2021

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.

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Spécial France

Spécial projet de loi contre le terrorisme

Spécial on gère comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial répression, État policier, montée de l’extrême-droite…

Spécial Résistance(s)

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

  • Le centimètre sentimental. (affordance.info)

    Combien de fois perd-on ses clés dans une vie ? Vraiment je veux dire. Pas cette perte d’une minute qui nécessite juste de se déplacer dans une autre pièce ou de se retourner pour les retrouver. Combien de fois ? Combien de fois cette perte revêt-elle un caractère suffisamment urgent, déterminant, éminent, pour que le recours à des technologies avancées de localisation s’impose ou s’avère impérieux et nécessaire ?

  • Ontopouvoir : une histoire du présent – Noé Gross [Note de lecture] (lundi.am)

    le gouvernement par la peur est devenu notre mode de vie, cette tonalité affective qui nous environne, s’autoperpétuant, générant elle-même de la peur, c’est-à-dire son propre effet : la peur est devenue le fondement de sa propre existence comme mode de vie. Les pouvoirs politiques continuent d’exploiter et d’entretenir alors la peur dans ses variantes et son devenir-autonome, car celle-ci est toujours constitutive de l’autorité politique tant elle s’avère utile à l’État pour désigner un ennemi commun ou mettre en place des mesures préventives et préemptives. Dans son développement autonome à devenir un mode de vie, la peur crée une « individuation collective » basée sur elle-même qui devrait nous inquiéter en ce que celle-ci est la marque du fascisme.

  • The Fediverse – What About Ressources? (blog.windfluechter.net)
  • Pourquoi désinstaller Zoom ? (korben.info) – profitons-en pour rappeler des alternatives libres, gratuites et marchant fort bien (et même souvent bien mieux que Zoom, me glisse-t-on à l’oreille) : BigBlueButton ; Jitsi ; Galène (à tester par exemple sur l’instance de ouvaton)

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Khrys’presso du lundi 26 avril 2021

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Spécial média et pouvoir

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Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

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Khrys’presso du lundi 19 avril 2021

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Spécial Assange

Spécial France

Spécial média et pouvoir

  • BFM et “l’affaire est close” : Duhamel s’explique (arretsurimages.net)

    Et voilà donc comment Duhamel, absous par cette chaîne qui n’en finit pas de décréter que “l’affaire est close”, va pouvoir continuer, sur BFM, de s’inquiéter des collégiens sans masque qu’il croise dans la rue, de la “transgression grave” du carnaval de Marseille, ou de considérer (le 6 avril dernier, après son déjeuner clandestin, donc) que les repas clandestins sont un “épiphénomène”. Voilà comment la nomenklatura s’auto-absout, en direct, sous vos yeux éblouis.

  • David Pujadas et LCI s’impatientent de la disparition des fonctionnaires (telerama.fr)

    « Les fonctionnaires eux-mêmes sont pénalisés par ce système archaïque, par le système d’indice qui est gelé. » Ils se pénalisent eux-mêmes à rester fonctionnaires. « Y a pas forcément de gains pour les fonctionnaires dans ce système. » Ils devraient tous démissionner pour devenir contractuels et obtenir le gain d’être payés 27 % de moins.

Spécial loi de Sécurité globale

Spécial on gère comme des pieds (et à la néolibérale)

Spécial répression, sexisme, racisme, violences policières…

  • Aurélien Taché : «Le préfet Lallement devrait partir pour le bien de la démocratie» (humanite.fr)

    les entraves à la démocratie, et notamment aux droits des parlementaires de pouvoir circuler librement, sont trop nombreuses en ce moment. Ces empêchements sont souvent le fruit d’un seul homme : Didier Lallement. […] la préfecture de Paris est sans cesse condamnée par la justice et le préfet est quand même maintenu. On dit que la France est un État de droits mais ça devient discutable.

  • Une information judiciaire pour « violences volontaires » ouverte après les blessures d’un photoreporter syrien à Paris (lemonde.fr)

    Les faits concernés remontent au 28 novembre 2020 : à l’occasion d’une manifestation contre la loi relative à la sécurité globale, Ameer Al-Halbi avait reçu un coup de bâton télescopique en plein visage alors qu’il couvrait les affrontements entre une partie des manifestants et les forces de l’ordre

  • « Ils m’ont pris ma main ! » (cqfd-journal.org)

    Un jour, possiblement, vous croiserez dans la rue un homme à une seule main. Et si vous osez lui demander ce qui lui est arrivé, il vous répondra peut- être : « C’est parce que je suis allé manifester pour la hausse du Smic. » La répression du mouvement des Gilets jaunes a été un carnage humain. Des centaines de blessures à la tête, des dizaines d’éborgnements, au moins un décès. Des corps de crève-la-dalle, ça n’a jamais valu grand-chose aux yeux d’un pouvoir aux abois. […] Dans Cinq mains coupées, Sophie Divry donne la parole à autant de manifestants ayant perdu une main dans l’explosion d’une grenade Gli-F4. Quand l’Histoire fera le procès de la Macronie, ce livre figurera en bonne place au rayon des pièces à conviction.

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Les autres lectures de la semaine

  • Atlas of AI (internetactu.net)

    Pour Crawford, l’IA est « à la fois une idée, une infrastructure, une industrie, une forme d’exercice du pouvoir et une façon de voir » (pour ne pas dire une idéologie)… Elle est aussi une manifestation très organisée du capital renforcée par de vastes systèmes d’extraction et de logistique, avec des chaînes d’approvisionnement qui couvrent la planète entière. Elle n’est pas une simple technologie. Elle est un objectif.

  • Pourquoi est-il important d’avoir une égalité femmes-hommes dans le monde de l’IA ? (theconversation.com)

    Alors que dans l’industrie et dans l’armée les robots portent plutôt des noms masculins (Syrano, Barakuda), les IA de type « assistant personnel », comme les GPS, parées d’attributs féminins, rendent service, sont à l’écoute, répondent poliment. Y aurait-il un lien entre ces représentations stéréotypées et le manque d’égalité aujourd’hui dans le secteur de l’IA ?

  • Les robots féminins sont les plus humains. Pourquoi ? (theconversation.com)

    Les femmes sont perçues comme plus humaines que les hommes, globalement et par rapport aux entités non humaines.[…]Alors que les robots féminins sont perçus comme plus humains que les robots masculins sur la plupart des mesures d’humanité perçue, nos résultats montrent que les robots masculins sont perçus comme plus humains (que les robots féminins) sur certaines qualités humaines négatives.

  • May Picquerray, la réfractaire – Autobiographie d’une anarchiste (lundi.am)

    Née en 1898, morte en 1983, May Piqueray a traversé le XXe siècle animée par la révolte. Refusant de serrer la main de Trotski ou fabriquant des faux papiers jusque dans les bureaux des autorités de Vichy, côtoyant Makhno, Emma Goldman, Marius Jacob, elle ne cessera de lutter, réfractaire à toutes les injustices.

  • L’Histoire à l’Endroit (zist.co) « L’histoire est écrite par les vainqueurs. »
  • Sur la pandémie actuelle, d’après le point de vue d’Ivan Illich (lundi.am)
  • Casser la propagation du COVID : quelle est la stratégie optimale ? (ird.fr)
  • Comprendre l’enjeu des “cookie walls” (open-freax.fr)
  • Cryptocurrencies and NFTs are an absolute disaster (everestpipkin.medium.com)
  • Free Software Foundation and RMS issue statements on Stallman’s return (arstechnica.com)
  • Le néolibéralisme est-il mauvais pour la santé ? (theconversation.com)

    la caractéristique principale du néolibéralisme est, non pas l’idéal concurrentiel comme logique supérieure de régulation du monde social mais, plus encore, l’idée que cette concurrence doit être produite par l’État. Dès lors, « la croissance est la raison d’État de l’État ». Cela conduit alors à la diffusion progressive de la logique concurrentielle jusqu’à la gestion des affaires publiques ainsi qu’à un renforcement des autoritarismes. […] « À l’État de droit (rule of law) est ainsi substitué le marché du droit (law shopping), en sorte que le droit se trouve placé sous l’égide d’un calcul d’utilité, au lieu que le calcul économique soit placé sous l’égide du droit. »

  • La livraison rapide, ou comment le capitalisme a fait de nous des bourreaux capricieux (frustrationmagazine.fr)

    On ne dit plus « achat », mais « expérience ». A juste titre : à chaque fois que nous effectuons un achat en ligne avec livraison rapide, nous expérimentons et nous faisons expérimenter à autrui la violence et l’absurdité du système capitaliste. […] Quand on est cadre sup’ en France, on s’inquiète de plus en plus de son empreinte carbone et de moins en moins de son empreinte connard.

  • À quoi est due la fatigue oculaire et comment l’éviter ? (theconversation.com)

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Khrys’presso du lundi 12 avril 2021

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  • En France, un #MeToo différé rattrape une série d’hommes de pouvoir (nytimes.com)

    À ses débuts, #MeToo a été qualifié de produit du puritanisme. Aujourd’hui, une succession de célébrités françaises sont accusées d’abus sexuels – “le premier vrai ébranlement” de l’ancien ordre patriarcal?

  • Féministes, nous luttons contre la répression d’État (blogs.mediapart.fr)

    Le 8 décembre dernier, sept personnes ont été arrêtées et mises en examen pour association de malfaiteur terroriste « en vue d’attaques contre les forces de l’ordre ». Seulement, de l’aveu même des services de police et/ou du parquet qui ont fait fuiter des morceaux de l’affaire dans la presse, aucun projet concret d’« attentat » ne leur est pourtant attribué.

  • Immigration. Cinq préfectures assignées en justice (humanite.fr)

    Dans de nombreux départements, il est devenu impossible de faire une demande de titre de séjour sans avoir à prendre un rendez-vous par Internet. […] Problème : les plannings préfectoraux sont régulièrement saturés. […] Au prétexte de « simplifier » les démarches administratives, les préfectures se transforment finalement en véritables machines à fabriquer des sans-papiers.

  • Restaurants clandestins : ne moralisons pas la bourgeoisie, mangeons-la (frustrationmagazine.fr)

    Le point commun de tous ces gens ? Ils sont ceux qui dirigent la politique sanitaire de la France et la légitiment. Ils donnent des leçons à la terre entière, mettent en œuvre les mesures liberticides que nous connaissons, accusent régulièrement les gens de « se relâcher »…

  • Le travail social dans une grève reconductible inédite (rapportsdeforce.fr)

    Trois jours de grève : du jamais-vu, depuis des années, dans le secteur éclaté du social et du médico-social. […] Exclus du Ségur, en première ligne face à la crise sanitaire, ils revendiquent davantage de moyens, font converger les luttes, et espèrent une montée en puissance de l’union entre collectifs et syndicats.

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Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

  • Définancer la technologie ? (internetactu.net)
  • Le startupisme triomphant face à sa critique (maisouvaleweb.fr)
  • Se souvenir : Opération Résiliation, par Frédéric Lordon, 31 mars 2020 (blog.mondediplo.net)
  • Critique de la raison gorafique (blog.mondediplo.net)

    À quoi reconnaît-on le gorafique ? À ce qu’il nous fait entrer dans une zone d’indistinction. Il y a du gorafique chaque fois que, confronté à une déclaration politique, on n’est plus en état de déterminer si elle est réelle ou grossièrement contrefaite à des fins d’épaisse caricature. Le gorafique est donc bien une histoire de réalité et de fiction, plus précisément de réalité désormais systématiquement en avance de la fiction […] La nouveauté du temps macronien, abondamment documentée dans tous les registres de sa présence, c’est la chute définitive de toutes les censures, le règne écrasant de ses évidences. Jusqu’à récemment encore, les bourgeois faisaient quelques efforts pour cacher leurs déjections de pensée. Cool de la start-up nation aidant, on n’a plus honte de rien.[…] Le macronisme est un gorafisme.

  • Le blues du Gorafi (arretsurimages.net)
  • Les actrices meurent toujours jeunes (crepegeorgette.com – article de 2017)

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Khrys’presso du lundi 5 avril 2021

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Les autres lectures de la semaine

  • Enjeux éthiques soulevés par la vaccination contre le Covid-19 (ccne-ethique.fr)
  • L’amnésie d’Etat sur la dette publique (liberation.fr)

    L’histoire de France regorge d’épisodes durant lesquelles l’Etat a utilisé différentes méthodes pour régler, et annuler, sa dette publique. Face à la crise sanitaire, s’en souvenir pourrait être utile au gouvernement.

  • Vive le « risque systémique » ! (monde-diplomatique.fr)

    Les États-Unis viennent […] d’adopter une des lois les plus sociales de leur histoire. Elle s’écarte des stratégies économiques mises en œuvre ces dernières décennies, qui ont favorisé les revenus du capital — « startupeurs » et rentiers mêlés — et accru le décrochage des classes populaires. Elle rompt avec des politiques publiques hantées par la crainte d’une reprise de l’inflation et d’une flambée de l’endettement. Elle ne cherche plus à amadouer les néolibéraux et leurs bailleurs de fonds avec des baisses d’impôts dont le produit atterrit souvent en Bourse et gonfle la bulle financière.

  • Capitalo·techno·craties : 50 nuances de surveillance (khrys.eu.org)
  • Santé et environnement : mieux prendre en compte l(a vulnérabilité d)es populations féminines (theconversation.com)
  • Le handicap dans la cité (laviedesidees.fr)
  • Internet, année zéro – De la Silicon Valley à la Chine (lundi.am)
  • Et puis un jour, j’ai perdu la foi – « Je suis rentrée dans ma classe et ai demandé à la cantonade comment ils allaient. Pas de réponse. J’ai répété. Pas de réponse. » (lundi.am)

    Il faut comprendre que depuis le COVID, le gouvernement demande aux élèves toujours plus et donne de moins en moins. Déjà l’année dernière, on a dû continuer de faire croire à cette mascarade de bac de français presque jusqu’à la fin. […] Il a fallu, dans toute cette angoisse, dans toute la terreur de la pandémie, continuer à faire peser le poids de l’institution. La grande, la gigantesque, la terrible institution qui décide de qui réussira et de qui échouera […] Des gens meurent, des familles se désunissent, des adolescents tombent en dépression, mais tout doit rester normal. C’est-à-dire que tout le monde doit rester soumis au grand ordre du monde : les élèves doivent lire La Princesse de Clèves parce que c’est plus important que de s’arrêter et de penser le monde d’après. Et puisque l’institution ne pense pas et ne ressent pas, ce sont les profs qui nettoient le grand massacre. Ce sont les profs qui reçoivent les élèves au téléphone pour essayer de leur expliquer que c’est normal d’avoir de l’eczéma en cette période. C’est normal d’être mutilé par le système. C’est normal aussi de mentir et de faire croire aux parents désoeuvrés que leurs enfants ont un avenir alors qu’on ne sait pas ce qu’est l’avenir. Tout s’effondre mais l’institution décide que ce n’est rien. Tout est normal.

  • Et ZOOM alors!
  • La honte (ledevoir.com)

    La honte. C’est par la honte, et souvent par la violence envers les enfants, que le français est devenu la langue de la République. Le projet linguistique républicain est donc fondamentalement un projet disciplinaire. Il faut parler le français, le bon, le patriotique, le beau, l’exact, le supérieur, le vrai, le pur. Une liste de notions qui, faut-il le spécifier, n’ont d’assises dans aucune science du langage. Les dogmatiques les plus orthodoxes de la langue française n’ont souvent (nécessairement) aucune notion de sociolinguistique.

  • Le point médian m’a tué⋅e : Framasoft met la clef sous la porte (framablog.org)
  • L’ingrédient secret qui donne si bon goût au chocolat : des microbes fermenteurs (theconversation.com)

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