Khrys’presso du lundi 10 février 2020

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


Brave New World

Spécial Assange et Manning

Spécial France

Spécial réforme des retraites

Spécial manifs et Grève Générale

Spécial couverture médiatique

Spécial violences policières

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Décidément, c'est fou, tout ce qu'il se passe en une semaine !- la personne de droite répond : Si tu en veux encore plus, clique sur ma tasse !
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Khrys’presso du lundi 3 février 2020

Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.


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Les autres lectures de la semaine

  • Vous êtes maintenant contrôlés à distance (nytimes.com – en anglais)

    Nous pensions que nous effectuions des recherches sur Google, mais nous comprenons à présent que c’est Google qui fait des recherches sur nous. Nous pensions que nous utilisions les médias sociaux pour nous connecter, mais nous avons appris que c’est cette connexion qui permet aux médias sociaux de nous utiliser. Nous nous sommes à peine demandé pourquoi notre nouvelle télévision ou notre nouveau matelas disposait d’une politique de confidentialité, mais nous avons commencé à comprendre que les politiques de « confidentialité » sont en fait des politiques de surveillance.

  • Michel Bauwens: “Plus une civilisation est inégalitaire et prédatrice, plus dure est sa chute” (lecho.be)
  • La liberté, après l’abondance
  • Entre les Routes 87 et 91 – Balade dans les territoires sombres de l’Empire américain (lundi.am)
  • E3C : Et mon Cul Connard, c’est du Confit ? (affordance.info)
  • On peut rire de tout… mais pas avec la loi Avia ! (theconversation.com)
  • Aucune loi Avia n’empêchera des cas comme Mila (affordance.info)

    il y a eu, et c’est immensément plus grave, le même relativisme permettant d’inverser la charge de la culpabilité, au travers d’une sortie calamiteuse et honteuse de … la garde des sceaux, Nicole Belloubet, expliquant que “l’insulte à une religion constituait évidemment une atteinte à la liberté de conscience”. Soit la définition même du délit de blasphème. Dans la bouche de la Garde des sceaux. Au 21ème siècle. En France. Après les attentats contre Charlie Hebdo.

  • Démocratie de faible intensité (politis.fr)

    Face à toutes les contestations, le verdict de la présidentielle de 2017 est de peu de poids. Le problème, il est vrai, dépasse Emmanuel Macron. C’est celui de la Ve République. Le suffrage universel ne peut pas être une arnaque suivie d’une sorte de bras d’honneur…

  • Non monsieur Macron, nous ne sommes plus en démocratie (blogs.mediapart.fr)
  • Contre « la-démocratie » (blog.mondediplo.net)

    Mais qui sont ces gens ? Qu’est-ce que c’est que cette humanité-là ? Que se passe-t-il à l’intérieur de ces personnes ? Se passe-t-il seulement quelque chose ? Y a-t-il des pensées ? Si oui lesquelles ? En fait, comment peut-on résister au-dedans de soi à des hontes pareilles ? Que ne faut-il pas dresser comme murailles pour parvenir à se maintenir aussi stupidement face à des désaveux aussi terribles ? Comment peut-on espérer rester « légitime » à force d’imposer à la majorité les intérêts de la minorité ? Même un instrument aussi distordu que les sondages n’a pu que constater le refus majoritaire, continûment réaffirmé, de la loi sur les retraites. C’est sans doute pourquoi le gouvernement, supposément mandaté par le peuple, s’acharne à faire le contraire de ce que le peuple lui signifie.

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Khrys’presso du lundi 27 janvier 2020

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Khrys’presso du lundi 20 janvier 2020

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Spécial Julian Assange

  • Assange et les biais cognitifs (plus.lesoir.be)
  • Assange – Un black site au cœur de Londres (mediapart.fr)

    Si Assange disparait, ce sont tous les disparus de l’Exception qui disparaissent un peu plus. C’est le monde qui sombre plus profondément encore dans le mensonge, l’arbitraire, la tyrannie, les crimes de masse impunis, la destruction. Ce monde qui conserve pourtant des capacités de civilisation, de communauté, de création. Il faut défendre Julian Assange, maintenant !

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Khrys’presso du lundi 13 janvier 2020

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Spécial violences policières

  • Une enquête ouverte après un tir de LBD à bout portant (liberation.fr)

    On note que l’ouverture de l’enquête fait suite à la publication de la vidéo. Car quand un tir de LBD à courte distance est documenté, mais sans vidéo (comme ici), le parquet ne réagit pas.

    – voir aussi : Une enquête ouverte après un tir de LBD à bout portant par un policier durant une manifestation à Paris (lemonde.fr)

    Un premier fonctionnaire donne un grand coup de matraque à la personne face à lui, tandis qu’un autre procède à un balayage avec son bâton de défense de gauche à droite. Un individu, de dos, avec une casquette, pousse le bouclier d’un des agents.On distingue alors nettement un policier s’avancer, braquer une première fois son LBD, reculer, s’avancer à nouveau et tirer. La petite fumée qui sort du canon ne laisse aucun doute sur son geste.

  • Au bonheur des dames ? – À propos de la manifestation parisienne du 9 janvier (lundi.am)

    C’est au moment où la foule se fait la plus dense, (à cause de la pression inverse de l’immense cortège qui arrive depuis la place de la République) que sans raison apparente, une pluie de lacrymogènes s’abat sur la masse de chair compacte. C’est la surprise totale, l’incompréhension générale.[…] Pour ceux qui se relèvent c’est une mêlée de corps faite d’innombrables policiers de la BAC, arrivés par salve, à pied ou à moto, qui tombe sur les manifestants sans défense.[…] Il s’agit d’écraser les tissus, d’ouvrir les cranes, de brutaliser les organes au pied de biche, mais sans jamais chercher l’arrestation. Il faut simplement supplicier ceux qui ont eu le mauvais goût de protester.

  • L’horreur et le sublime (cerveauxnondisponibles.net)

    La période actuelle a cela d’étonnant qu’elle fait monter en miroir l’horreur de la répression d’une société fascisante de Macron avec l’espoir et la beauté de ceux qui résistent. Tout est plus fort, de jour en jour : l’horreur et le sublime.

  • Mort d’un livreur à Paris : l’autopsie fait état d’«une fracture du larynx», la famille dénonce les policiers (liberation.fr)

    En France, le débat autour du plaquage ventral est ancien. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné l’Hexagone en 2007 dans une affaire similaire. En 2011, Amnesty International dénonçait les dangers de ce geste, répertoriant cinq décès entre 2004 et 2009.

  • Cédric Chouviat, un mort à Paris (arretsurimages.net )

    Ce qu’il faut bien appeler le meurtre de Cédric Chouviat sera peut-être le meurtre de trop – “Le troisième mort de Christophe Castaner”, titre étrangement Mediapart, alors que Bastamag recense 26 décès liés à une intervention policière, pour la seule année 2019.[…] Banal constat : le meurtre de Cédric Chouviat n’aurait eu aucune chance de devenir le meurtre de trop, sans les vidéos.

  • Ici on suffoque ! (ou chronique désespérée d’une petite mort banale sur le bitume) (mediapart.fr)

    Je t’assure y-a-des gens, vraiment ! Le type se fait pincer en flagrant délit de rouler en scooter sur la route avec un casque sur son téléphone, et en plus il n’est pas content de se faire verbaliser pour rien ! [..] les gens sont dingues de nos jours, il n’acceptent plus rien: ni les contrôles au faciès, ni les verbalisations abusives, ni les grenades lacrymo ou les LBD…Fous, te dis-je ! […] En fait, le gentil livreur de rêves, papa de cinq marmots, il a été tué par un atémi de l’avant-bras étrangleur de la Police nationale qui a brisé d’un coup sec aux arcs de son larynx le souffle pur de sa liberté…elle s’est ensuite éparpillée partout aux alentours en mille éclats de cris translucides… on aurait dit un envol de guillotines.

  • Une infirmière a-t-elle été tabassée par la police lors de la manifestation de jeudi à Paris ? (liberation.fr)

    «On m’a traînée au sol, j’ai même senti qu’on me soulevait mais je n’ai pas opposé de résistance de peur d’être blessée.» C’est à ce moment-là qu’un homme se jette sur elle pour la protéger : «[…] C’est lui qui a été frappé. Moi, je pèse 50 kilos, si j’avais pris ces coups, ils m’auraient cassée en deux.»

  • Ce ne sont pas des bavures, c’est une doctrine (regards.fr)

    Des policiers, morts de rire : et là le gars il me fait, je croyais que le rôle de la police c'était de protéger les citoyens !
    Dessin de Fred Sochard
  • Lyon : ils filment la manifestation du 4e étage, un projectile explose à leur fenêtre (leparisien.fr)
  • Un policier mis en examen pour la grave blessure d’un « gilet jaune » à Bordeaux (lemonde.fr)

    Olivier Beziade a été blessé à la tête le 12 janvier 2019 par un tir de LBD 40. Plongé dans un coma artificiel, puis immobilisé quatre-vingt-dix jours, il souffre toujours d’hémiplégie.

  • Mort de Rémi Fraisse : toujours pas de procès en vue (liberation.fr)

    «On s’y attendait, compte tenu du fonctionnement de la justice française en matière de violences policières»

  • Les violences policières sont le reflet d’un échec (lemonde.fr)

    Les multiples vidéos montrant des manifestants frappés au sol par des fonctionnaires, ou encore celle où l’on voit un agent tirant à bout portant au LBD – le parquet de Paris a ouvert une enquête sur ce geste extrêmement dangereux – suffiraient à révulser n’importe quel citoyen.

Spécial GAFAM et cie

Les autres lectures de la semaine

Les BDs/graphiques/photos de la semaine

Les vidéos/podcasts de la semaine

Les autres trucs chouettes de la semaine

Le truc moins chouette de la semaine

C’est l’occasion peut-être de se demander combien de femmes ont pu participer réellement à ce “sondage” (si quelqu’un·e trouve une source fiable…) et de (re)lire quelques petites choses :

Deux personnages prennent le café. Le personnage de gauche dit : Décidément, c'est fou, tout ce qu'il se passe en une semaine !- la personne de droite répond : Si tu en veux encore plus, clique sur ma tasse !
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D’autres technologies pour répondre à l’urgence de la personne ?

« Ce dont nous avons besoin, c’est le contraire de la Big Tech. Nous avons besoin de Small Tech – des outils de tous les jours conçus pour augmenter le bien-être humain, et non les profits des entreprises. »

Ce n’est pas une théorie complotiste : le profilage et la vente de données privées font, depuis des années, partie intégrante du modèle économique de la plupart des entreprises du numérique. Dans cet article traduit par Framalang, Aral Balkan (auquel nous faisons régulièrement écho) suggère qu’il est urgent de s’éloigner de ce modèle qui repose sur les résultats financiers pour gagner en indépendance et explique pourquoi c’est important pour chacun d’entre nous.

 

Article original : In 2020 and beyond, the battle to save personhood and democracy requires a radical overhaul of mainstream technology

Traduction Framalang : FranBAG, goofy, wisi_eu, gangsoleil, Khrys – Mise en forme :

En 2020 et au-delà, la bataille pour sauver l’identité individuelle et la démocratie exigera une révision radicale des technologies dominantes

par Aral Balkan

Un jeune garçon pilotant un canot sur un lac, durant les grands incendies australiens. Crédit photo: Allison Marion.

 

Alors que nous entrons dans une nouvelle décennie, l’humanité est confrontée à plusieurs urgences existentielles :

  1. L’urgence climatique1
  2. L’urgence démocratique
  3. L’urgence de la personne

Grâce à Greta Thunberg, nous parlons sans aucun doute de la première. La question de savoir si nous allons vraiment faire quelque chose à ce sujet, bien sûr, fait l’objet d’un débat.2

De même, grâce à la montée de l’extrême droite dans le monde entier sous la forme de (entre autres) Trump aux États-Unis, Johnson au Royaume-Uni, Bolsonaro au Brésil, Orban en Hongrie et Erdoğan en Turquie, nous parlons également de la seconde, y compris du rôle de la propagande (ou « infox ») et des médias sociaux dans sa propagation.

Celle sur laquelle nous sommes les plus désemparé·e·s et partagé·e·s, c’est la troisième, même si toutes les autres en découlent et en sont les symptômes. C’est l’urgence sans nom. Enfin, jusqu’à présent.

L’urgence de la personne

On ne peut pas comprendre « l’urgence de la personne » sans comprendre le rôle que la technologie de réseau et numérique grand public joue dans sa perpétuation.

Votre télé ne vous regardait pas, YouTube si.

La technologie traditionnelle – non numérique, pas en réseau – était un moyen de diffusion à sens unique. C’est la seule chose qu’un livre imprimé sur la presse Gutenberg et votre téléviseur analogique avaient en commun.

Autrefois, quand vous lisiez un journal, le journal ne vous lisait pas aussi. Lorsque vous regardiez la télévision, votre téléviseur ne vous regardait pas aussi (à moins que vous n’ayez spécifiquement permis à une société de mesure d’audience, comme Nielsen, d’attacher un audimètre à votre téléviseur).

Aujourd’hui, lorsque vous lisez le journal The Guardian en ligne, The Guardian – et plus de deux douzaines d’autres parties tierces, y compris la Nielsen susmentionnée – vous lit également. Quand vous regardez YouTube, YouTube vous regarde aussi.

Il ne s’agit pas d’une théorie de la conspiration farfelue, mais simplement du modèle d’affaires de la technologie actuelle. J’appelle ce modèle d’affaires « l’élevage d’êtres humains ». C’est une partie du système socio-économique, dont nous faisons partie, que Shoshana Zuboff appelle le capitalisme de surveillance.3

Et pis encore : Alphabet Inc, qui possède Google et YouTube, ne se contente pas de vous observer lorsque vous utilisez un de leurs services, mais vous suit également sur le Web lorsque vous allez de site en site. À lui seul, Google a les yeux sur 70 à 80 % du Web.
Mais ils ne s’arrêtent pas là non plus. Les exploitants d’êtres humains achètent également des données auprès de courtiers en données, partagent ces données avec d’autres exploitants et savent même quand vous utilisez votre carte de crédit dans les magasins ayant pignon sur rue. Et ils combinent toutes ces informations pour créer des profils de vous-même, constamment analysés, mis à jour et améliorés.

Nous pouvons considérer ces profils comme des simulations de nous-mêmes. Ils contiennent des aspects de nous-mêmes. Ils peuvent être (et sont) utilisés comme des approximations de nous-mêmes. Ils contiennent des informations extrêmement sensibles et intimes sur nous. Mais nous ne les possédons pas, ce sont les exploitants qui les possèdent.

Il n’est pas exagéré de dire qu’au sein de ce système, nous ne sommes pas en pleine possession de nous-mêmes. Dans un tel système, où même nos pensées risquent d’être lues par des entreprises, notre identité et le concept même d’autodétermination sont mis en danger.

Nous sommes sur le point de régresser du statut d’être humain à celui de propriété, piratés par une porte dérobée numérique et en réseau, dont nous continuons à nier l’existence à nos risques et périls. Les conditions préalables à une société libre sont soumises à notre compréhension de cette réalité fondamentale.
Si nous nous prolongeons en utilisant la technologie, nous devons étendre le champ d’application légal des droits de l’homme pour inclure ce « Moi » prolongé.

Si nous ne pouvons définir correctement les limites d’une personne, comment pouvons-nous espérer protéger les personnes ou l’identité d’une personne à l’ère des réseaux numériques ?

Aujourd’hui, nous sommes des êtres fragmentés. Les limites de notre être ne s’arrêtent pas à nos frontières biologiques. Certains aspects de notre être vivent sur des morceaux de silicium qui peuvent se trouver à des milliers de kilomètres de nous.

Il est impératif que nous reconnaissions que les limites du moi à l’ère des réseaux numériques ont transcendé les limites biologiques de nos corps physiques et que cette nouvelle limite – le « Moi » prolongé ; la totalité fragmentée du moi – constitue notre nouvelle peau numérique et que son intégrité doit être protégée par les droits de l’homme.

Si nous ne faisons pas cela, nous sommes condamné·e·s à nous agiter à la surface du problème, en apportant ce qui n’est rien d’autre que des changements cosmétiques à un système qui évolue rapidement vers un nouveau type d’esclavage.

C’est l’urgence de la personne.

Un remaniement radical de la technologie grand public

Si nous voulons nous attaquer à l’urgence de la personne, il ne faudra rien de moins qu’un remaniement radical des technologies grand public.

Nous devons d’abord comprendre que si réglementer les exploitants d’humains et les capitalistes de la surveillance est important pour réduire leurs préjudices, cette réglementation constitue une lutte difficile contre la corruption institutionnelle et n’entraînera pas, par elle-même, l’émergence miraculeuse d’une infrastructure technologique radicalement différente. Et cette dernière est la seule chose qui puisse s’attaquer à l’urgence de l’identité humaine.

Imaginez un monde différent.

Faites-moi le plaisir d’imaginer ceci une seconde : disons que votre nom est Jane Smith et que je veux vous parler. Je vais sur jane.smith.net.eu et je demande à vous suivre. Qui suis-je ? Je suis aral.balkan.net.eu. Vous me permettez de vous suivre et nous commençons à discuter… en privé.

Imaginez encore que nous puissions créer des groupes – peut-être pour l’école où vont nos enfants ou pour notre quartier. Dans un tel système, nous possédons et contrôlons tou·te·s notre propre espace sur Internet. Nous pouvons faire toutes les choses que vous pouvez faire sur Facebook aujourd’hui, tout aussi facilement, mais sans Facebook au milieu pour nous surveiller et nous exploiter.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’un système en pair à pair qui établisse une passerelle avec le réseau mondial existant.

Ce dont nous avons besoin, c’est le contraire de la « Big Tech » (industrie des technologies). Nous avons besoin de « Small Tech » (technologie à petite échelle) – des outils de tous les jours pour les gens ordinaires, conçus pour augmenter le bien-être humain, et non les profits des entreprises.

Étapes concrètes

À la Small Technology Foundation, Laura et moi avons déjà commencé à construire certains des éléments fondamentaux d’un pont possible entre le capitalisme de surveillance et un avenir radicalement démocratique, entre pairs. Et nous continuerons à travailler sur les autres composantes cette année et au-delà. Mais il y a des mesures pratiques que nous pouvons tou·te·s prendre pour aider à faire avancer les choses dans cette direction.

Voici quelques suggestions pratiques pour différents groupes :

Les gens ordinaires

1. Ne vous culpabilisez pas, vous êtes les victimes. Quand 99,99999 % de tous les investissements technologiques vont aux « exploitants d’humains », ne laissez personne vous dire que vous devriez vous sentir mal d’avoir été obligé·e·s d’utiliser leurs services par manque d’alternatives.

2. Cela dit, il existe des alternatives. Cherchez-les. Utilisez-les. Soutenez les gens qui les fabriquent.

3. Prenez conscience que ce problème existe. Appelez des responsables et défendez ceux qui le font. À tout le moins, n’écartez pas les préoccupations et les efforts de ceux et celles d’entre nous qui tentent de faire quelque chose à ce sujet.

Les développeurs

1. Cessez d’intégrer les dispositifs de surveillance d’entreprises comme Google et Facebook dans vos sites Web et vos applications. Cessez d’exposer les gens qui utilisent vos services au capitalisme de surveillance.

2. Commencez à rechercher d’autres moyens de financer et de construire des technologies qui ne suivent pas le modèle toxique de la Silicon Valley.

3. Laissez tomber la « croissance » comme mesure de votre succès. Construisez des outils que les individus possèdent et contrôlent, et non votre entreprise ou organisation. Créez des applications Web pour utilisateur unique (dont chaque personne sera l’unique propriétaire). Soutenez des plateformes libres (comme dans liberté) et décentralisées (sans nager dans les eaux troubles de la blockchain).

L’Union Européenne

1. Cessez d’investir dans les start-ups et d’agir comme un Département de recherche et développement officieux de la Silicon Valley et investissez plutôt dans les « stayups » (entreprises durables, PME ou micro-entreprises matures).

2. Créez un domaine de premier niveau (DPN) non commercial ouvert à tous, où chacun peut enregistrer un nom de domaine (avec un certificat Let’s Encrypt automatique) pour un coût nul avec un seul « appel API ».

3. Appuyez-vous sur l’étape précédente pour offrir à chaque citoyen·ne de l’Union Européenne, payé par l’argent du contribuable européen, un serveur privé virtuel de base, doté de ressources de base pour héberger un nœud actif 24h/24 dans un système pair-à-pair qui le détacherait des Google et des Facebook du monde entier et créerait de nouvelles possibilités pour les gens de communiquer en privé ainsi que d’exprimer leur volonté politique de manière décentralisée.

Et, généralement, il est alors temps pour chacun·e d’entre nous de choisir un camp.

Le camp que vous choisissez décidera si nous vivons en tant que personnes ou en tant que produits. Le côté que vous choisissez décidera si nous vivons dans une démocratie ou sous le capitalisme.

Démocratie ou capitalisme ? Choisissez.

Si, comme moi, vous avez grandi dans les années 80, vous avez probablement accepté sans réfléchir la maxime néolibérale selon laquelle la démocratie et le capitalisme vont de pair. C’est l’un des plus grands mensonges jamais propagés. La démocratie et le capitalisme sont diamétralement opposés.

Vous ne pouvez pas avoir une démocratie fonctionnelle et des milliardaires et des intérêts corporatifs de billions de dollars et la machinerie de désinformation et d’exploitation des Big Tech de la Silicon Valley. Ce que nous voyons, c’est le choc du capitalisme et de la démocratie, et le capitalisme est en train de gagner.

Avons-nous déjà passé ce tournant ? Je ne sais pas. Peut-être. Mais on ne peut pas penser comme ça.

Personnellement, je vais continuer à travailler pour apporter des changements là où je pense pouvoir être efficace : en créant une infrastructure technologique alternative pour soutenir les libertés individuelles et la démocratie.

L’humanité a déjà mis en place l’infrastructure du techno-fascisme. Nous avons déjà créé (et nous sommes toujours en train de créer) des éléments panoptiques. Tout ce que les fascistes ont à faire, c’est d’emménager et de prendre les commandes. Et ils le feront démocratiquement, avant de détruire la démocratie, tout comme Hitler l’a fait.

Et si vous pensez que «les années 30 et 40 c’était quelque chose», rappelez-vous que les outils les plus avancés pour amplifier les idéologies destructrices de l’époque étaient moins puissants que les ordinateurs que vous avez dans vos poches aujourd’hui. Aujourd’hui, nous avons le « Machine Learning » (Apprentissage machine) et sommes sur le point de débloquer l’informatique quantique.

Nous devons nous assurer que les années 2030 ne reproduisent pas les années 1930. Car nos systèmes centralisés avancés de saisie, de classification et de prévision des données, plus une centaine d’années d’augmentation exponentielle de la puissance de traitement (notez que je n’utilise pas le mot « progrès »), signifient que les années 2030 seront exponentiellement pires.

Qui que vous soyez, où que vous soyez, nous avons un ennemi commun : l’Internationale nationaliste. Les problèmes de notre temps dépassent les frontières nationales. Les solutions le doivent également. Les systèmes que nous construisons doivent être à la fois locaux et mondiaux. Le réseau que nous devons construire est un réseau de solidarité.

Nous avons créé le présent. Nous allons créer le futur. Travaillons ensemble pour faire en sorte que cet avenir soit celui dans lequel nous voulons vivre nous-mêmes.


Discours d’Aral Balkan au Parlement européen, fin 2019, lors de la rencontre sur l’avenir de la réglementation de l’Internet.  Merci à la Quadrature du Net et à sa chaîne PeerTube.

 





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Khrys’presso du lundi 30 décembre 2019

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