Retour sur le premier Confin’atelier

Le samedi 25 avril dernier s’est tenu le premier Confin’atelier, premier Contribatelier en ligne, et ça a été un succès. Afin de valoriser cette belle initiative, nous republions ici le compte-rendu publié sur https://contribateliers.org/ et nous sommes ravi⋅es de vous annoncer qu’un second opus est en préparation ! La date est même fixée : ce sera le samedi 6 juin 2020 de 14h à 17h.

Alors qu’est-ce qu’on a fait pendant ce Confin’atelier, premier Contribatelier en ligne, et qu’est-ce qu’on en retient ? Plein de choses ! Allez on y va, on commence par le global et on détaillera pôle par pôle ;-). Ready ? Go !

Globalement

Déjà les chiffres qui nous réchauffent le cœur : plus 80 participant·es, 11 salons en simultané (10 salons pour les pôles et 1 pour l’accueil), 13 animateur·rices, plus de 3 heures de Confin’atelier : Wouhou ! On ne s’était pas fixé d’objectifs à atteindre mais même si ç’avait été le cas, on est plus que largement satisfait·es !

Autre chose notable : aucun souci rencontré concernant la technique. C’était un peu la crainte, qu’il y ait beaucoup de participant·es et que l’instance Big Blue Button de FAImaison soit surchargée. On avait même prévu un plan B si besoin, dans lequel on était prêt à migrer les salons de certains pôles sur une autre instance Big Blue Button pour absorber la charge. Au final RAS comme on dit, aucun pôle n’a subi de bugs, ralentissements ou autre : bref, on était bien à l’aise ! (bon on a aussi demandé à tou·tes les participant·es de ne pas utiliser leur webcam et de se contenter de l’audio : ça aide !)

Pôle par pôle

Le retour de chaque pôle a été rédigé par le ou les animateur·rices du pôle concerné, sauf pour le pôle accueil où c’est un participant qui a voulu nous faire part de son retour. Merci fabulousfabs !

Pôle Accueil

Pôle animé par MeTaL_PoU, Numahell & QuentinD

Du monde tout l’après-midi, le pôle accueil avait la lourde responsabilité d’accueillir sur le Confin’atelier, d’expliquer le fonctionnement de l’outil BBB, de guider les participant·e·s vers les différents pôles, de répondre aux questions. Ce pôle « tampon » était nécessaire et a été remarquablement bien orchestré par nos 3 ami·e·s ! Ambiance franchement sympathique, accueil chaleureux et patience dans leurs explications, MeTal_PoU & Numahell se sont données sans retenue sur le pôle accueil ! QuentinD gérait la comm’ sur les réseaux sociaux (de ce que j’ai compris, pour la première fois), et venait faire un coucou aux rares moments où il avait 5 minutes. Pendant ce temps, MeTal_PoU & Numahell prenaient leur temps pour dire bonjour, expliquer inlassablement le système de salons multiples, comment basculer vers un autre pôle, comment aider à régler / couper son micro sur BBB, tout cela sans jamais perdre le sourire (qui s’entendait) ou patience. Elles ont eu à cœur de laisser présenter les pôles aux responsables de salons qui en avaient le temps, permettant à nos 80 bonnes âmes de choisir où aller donner un coup de pattes. Bravo à vous 3 !

Pôle Framalibre

Pôle animé par Gavy

Environ une dizaine de personnes pour ce pôle autour de l’annuaire historique de Framasoft. On a commencé par une petite présentation de Framalibre – ce qu’est l’annuaire, ce qu’on peut y trouver et ce qu’on peut y faire – avant de voir comment y contribuer.

Au final, plusieurs comptes Framalibre ont été créés, des notices existantes ont été modifiées et de nouvelles sont apparues :

Notices crées :

Notices modifiées :

Si contribuer à Framalibre vous donne envie, le meilleur moyen pour commencer, c’est de venir en parler sur Framacolibri (le forum de Framasoft), dans la section dédiée à l’annuaire !

Pôle Design & Libre

Pôle animé par Maiwann

Une dizaine de personnes qui étaient présentes pour cet atelier visant à regrouper les designers ayant envie de faire bouger les choses coté logiciel libre ! Petite surprise : Il y avait aussi des personnes qui étaient plutôt développeurs et qui étaient en demande pour savoir comment trouver quelqu’un avec qui collaborer. Après plusieurs petites discussions sur « Pourquoi y a-t-il aussi peu de designers dans le monde du libre ? » nous avons décidé de faire un petit site afin de pouvoir renvoyer les différentes personnes intéressées par le sujet dessus \o/ Ni une, ni deux, entre celleux qui s’occupaient du contenu et celleux qui étaient lancés sur la technique, nous avons déjà une page à vous présenter regroupant des façons de nous contacter et des ressources autour du design : Foire aux questions, articles, témoignages de collaboration… C’est par là !! 🎉 => https://design-et-libre.frama.io/ Merci à celles et ceux qui ont participé à cet atelier 🥳

Pôle Communiquer pour des projets libres

Pôle animé par Pouhiou

La proposition était de faire un tour de table des expériences et besoins dans la communication pour des projets libres, puis de prendre chaque besoin un par un et de partager nos retours d’expérience dessus. S’en est suivie une conversation de 3h avec plus de 10 personnes présentes absolument passionnante. Une des problématiques récurrentes fut de trouver comment communiquer sans reproduire les codes du capitalisme de surveillance.

Ces échanges ont été sketch-notés par Chloé :

Reproduction dans ce billet de blog avec l’autorisation de Chloé. Merci !

Pendant les échanges, David Revoy nous a écouté (et est parfois intervenu) tout en dessinant en direct une nouvelle illustration de Sépia, lae poulpe-mascotte de PeerTube, dont nous avons appris à cette occasion qu’iel n’avait pas de genre (découvrez-la plus bas !). Le seul regret de l’animateur (Pouhiou) c’est d’avoir du mal à jongler entre son animation et ses envies de partager une grosse expérience accumulée au sein de Framasoft (et donc de monopoliser la parole). Merci à toutes les personnes qui ont contribué !

Pôle PeerTube

Pôle animé par Angie

Une douzaine de personnes ont participé à cet atelier portant sur la sélection de contenus de qualité hébergés sur PeerTube. Angie a commencé par expliquer qu’il était important de valoriser ces contenus pour en montrer la diversité. Ce travail de curation permet d’alimenter le bloc « Découvrez notre sélection de contenus » de https://joinpeertube.org/ Plusieurs participant⋅es ayant des questions sur le fonctionnement du logiciel PeerTube, nous avons passé un peu de temps à y répondre. Angie a ensuite rappelé quelques critères pour la sélection (contenus sous licence libre ou dont on a l’assurance qu’ils sont publiés par leur créateur) et proposé des outils permettant la recherche au sein des différentes instances de PeerTube et les participant⋅es se sont lancés dans la recherche de contenus. Au final, 14 nouveaux contenus (vidéos, chaînes et instances) ont été sélectionnés. Pour chacune de ces sélections, un texte de présentation a été rédigé. Ces éléments seront prochainement visibles sur la page d’accueil de joinpeertube. Cet atelier était vraiment chouette car il a permis à l’ensemble des participant⋅es de découvrir ces contenus mais aussi d’échanger sur le fonctionnement du logiciel et sur les modalités d’inscription sur une instance. A reproduire pour découvrir de nouveaux contenus !

La nouvelle illustration de Sépia, mascotte de PeerTube, realisée par David Revoy pendant le Confin’atelier (licence CC-BY)

Pôle OpenStreetMap

Pôle animé par gibro

Le pôle OSM a débuté par une présentation rapide de la carte OpenStreetMap : son modèle, ses principes de fonctionnement et les principaux outils de contributions. Il y a ensuite eu une démonstration du fonctionnement de la carte ça reste ouvert :

  • Utilisation de la carte => affichage des informations, codes couleur utilisés, choix des langues, mode daltonien
  • Explication de la fonctionnalité « Signaler un changement » => formulaire permettant d’ajouter directement les informations sur un lieu sans avoir besoin d’un compte OpenStreetMap
  • Résolution des notes générées par le site => à partir du site NoteReview avec le tag #caresteouvert permettant aux contributeurs de suivre les signalements « ça reste ouvert » et de renseigner les informations dans la base OpenStreetMap
  • Documentation avec les ressources mises à la disposition sur le blog caresteouvert et le wiki OpenSteetMap.

Pendant et après la démonstration, nous avons échangé en fonction des besoins et interrogations des personnes présentes. Il y avait une douzaine de personnes en continu dans le salon et plusieurs contributeurs pour l’animer (merci Sebbaz et Eric B). Nous avons aussi discuté de la possibilité de mettre en place un site web facilitant la saisie des informations sur les commerces sans passer par un compte OpenSteetMap, sur le modèle https://caresteouvert.fr ou https://wheelmap.org/ Pour conclure, j’ai trouvé très agréable et efficace l’outil BigBlueButton pour les démonstrations et les interactions avec les participants. Il était également intéressant d’être à plusieurs pour animer pour gérer les échanges sur le chat et l’ajout d’informations dans les notes en parallèle des démonstrations en partage d’écran.

Retour d’un participant :

Très bon accueil de Gibro :) Belle découverte de caresteouvert, ce qui m'a permis d'actualiser les informations autour de chez moi. Concret et pratique. J'avais aussi des questions plus générales de mises à jour de OSM, que j'ai pu mettre en pratique immédiatement grâce aux conseils avisés de Gibro et Fred, merci à eux. Pratique, concret, convivial, j'ai passé un très bon moment et j'ai pu pratiquer immédiatement pour faire des mises à jour, merci <3

Pôle Wiktionnaire

Pôle animé par Noé

Première session de contribution en ligne et une bonne expérience. L’exploration d’un dictionnaire n’était probablement pas l’expérience la plus séduisante, d’où l’affluence limitée, mais l’animateur a pu néanmoins contribuer et montrer l’intérêt du Wiktionnaire avec de l’ajout d’illustrations et d’exemples, et même créer de nouvelles pages. Un participant, motivé par la présentation a pu téléverser une de ses photographies pour illustrer la page du Wiktionnaire de la ville de Gafsa. L’envie d’en refaire et la hâte de reprendre les permanences mensuelles lyonnaises !

Pôle Wikipédia

Pôle animé par Lyokoi

Une session de 3h bien remplie et qui aurait pu durer si le présentateur ne tombait pas de fatigue et ne perdait pas sa voix à la fin. La session oscillait entre 4 et 6 personnes avec un pic de présence à 8. La première moitié (1h30) fut une présentation globale de Wikipédia, son fonctionnement, sa communauté, ses règles et surtout une visite de l’interface de contribution. Ponctuée par les questions des visiteurs et visiteuses, nous avons apporté des sources à des articles, nous avons découvert plusieurs aspects de la contribution (images, structuration, wikification, etc.) et avons noté dans le pad interne des liens importants. La deuxième partie était surtout consacrée à l’échange avec les participants et les participantes, via message ou via micro. Un contributeur de Lorient a pu se faire aider à monter un groupe local et plusieurs nouveaux et nouvelles ont pu faire leurs premières modifications (ainsi qu’un ancien qui s’y est remis). L’expérience a été très enrichissante et a donné l’envie de recommencer.

Pôle Piaf

Pôle animé par Guillaume

Une super ambiance, avec une dizaine de curieux qui voulaient en savoir plus sur le projet. Nous avons discuté des intérêts de construire des ressources pour créer des intelligences artificielles francophones, et également des façons de procéder. Puis nous avons tous ensemble contribué, en écrivant des questions réponses sur des articles Wikipédia. Avec quelques dizaines de questions réponses produites, Piaf en est maintenant à 7000 depuis le début du projet il y a quelques mois ! Bravo et merci à tous ! Et continuons de contribuer quand nous en avons le temps 🙂

Pôle Culture libre / Khaganat

Pôle animé par Zatalyz et GPSqueeek

Après une demi-heure à – nous ronger le clavier de peur de n’avoir personne – papoter, nous décidons de revenir faire un tour à l’accueil pour signaler qu’on était là et que c’était chouette de venir dans notre salon. Et ça a marché ! On a en effet eu la joie d’avoir le retour d’une contributrice qui nous a aidé·es à voir comment serait fait le système solaire dans l’univers du Khanat, et c’est pas rien ! Le Khanat serait probablement une lune d’une géante gazeuse, et ensuite il y a des histoires d’angle des plans orbitaux, de masse et de taille des différents astres. On espère un jour avoir de quoi montrer ce ciel dans Godot pour l’intégrer au futur jeu ! Ensuite on a eu plusieurs visites de curieuses dont certaines sont restées pour nous aider à commencer un article au sujet d’une bestiole qui avait été dessinée sur papier en Contrib’atelier en présentiel en fin d’année dernière. Ce n’est pas encore terminé mais il y a une bonne base pour avoir quelque chose de publiable bientôt sur notre wiki on espère ! Merci aux visiteuses et autres contributrices qui ont été toutes plus oniriques les unes que les autres (et chez Khaganat, c’est signe d’un tas de guimauves, accompagnées d’un tas de câlins si ça fait plaisir !).

Pôle Contribuer au libre pour les développeur·ses

Pôle animé par ervin

https://asso.framasoft.org/pic/xPP0qymR/jBZ96zfE.png

Nous avons eu 11 personnes présentes. Globalement les nouveaux venus étaient satisfaits et ont trouvé des projets auxquels contribuer. La durée n’a pas forcément permis de mettre des choses en production, mais le contact a été établi et certains des participants comptent continuer à contribuer. Beaucoup d’appétence pour une autre session. Les notes complètes dont le tour de table final : https://mypads.framapad.org/p/confinatelier-framadate-3m1pcq7p7

En conclusion

Pour nous ce n’est que du positif donc un immense merci à tou·tes celleux qui ont pris part à ce Confin’atelier :

  • Animateur·rices : merci pour la diversité des pôles et leur nombre !)
  • Participant·es : merci d’avoir être été autant de monde à répondre présent·es pour donner de votre temps pour le libre
  • Bénévoles de FAImaison : bah oui, pas de bénévoles FAImaison, pas de Big Blue Button, donc pas de Confin’atelier. CQFD ;-).

À bientôt pour le prochain ?  😉

 




Ce que Framasoft va faire en 2020, post confinement

Voici une réécriture du calendrier de nos projets pour 2020, après que Framasoft a assuré de son mieux le maintien de ses services en ligne dans une France confinée.

À noter : cet article bénéficie désormais d’une version audio.
Merci à Sualtam, auteur de lectureaudio.fr pour cette contribution active.

Un résumé, pour les deux du fond

Nous vivons actuellement une pandémie mondiale. Qui a fait que #LesGens ont été confinés chez eux. Sauf que comme le monde n’était pas prêt (et l’Éducation Nationale encore moins), les services en ligne de visioconférence, de tchat de groupe, et d’écriture collaborative se sont trouvés submergés.

Framasoft héberge de tels services, avec zéro traçage, beaucoup de respect des internautes et un support qui accompagne avec sourire et humanité, tant qu’à faire. Ainsi, nous avons vu l’utilisation de certains services se multiplier par 8 (lorsque l’Italie s’est confinée) puis par beaucoup-tellement-qu’on-compte-plus (quand la France a finalement suivi).

Nous, quand un ministère n’écoute pas les savoirs-faire et talents dont il dispose en interne et donc ne s’est pas donné les moyens de fournir des services numériques pour les millions de personnes qui dépendent de ses choix politiques et de sa capacité à prévoir son indépendance numérique (allégorie).

Notre équipe salariée, épaulée par les bénévoles qui font vivre l’asso sur leur temps libre, a abandonné tous les projets en cours pour accueillir cette montée en charge, accompagner les usages et éviter que Skype, Zoom ou Google Meet ne profitent d’une pandémie pour se goinfrer des données des utilisateurs. Nous n’avons accueilli qu’une infime partie des besoins numériques de ces personnes, hein. Mais à notre niveau, c’était un raz-de-marée.

Nous le racontons en détail dans nos journaux de confinement : nous avons mis en œuvre de très nombreuses solutions. Techniquement, nous nous sommes donné les moyens : davantage de puissance et de machines, des améliorations de code et l’optimisation des installations… Humainement aussi : plus de collectif, plus d’animation pour parvenir à plus de décentralisation (ventilation de Framapad, Framatalk et Framadrop vers de multiples hébergeurs éthiques) et plus d’écoute des besoins pressants (par exemple en proposant l’outil de prise de rendez-vous médical RDV-Médecins).

Nous aussi, nous avons travaillé à « aplatir la courbe ».

Tout cela s’est fait avec plus de réflexion stratégique, plus de communication, plus de support communautaire, donc plus d’animation de communauté… Mais aussi plus d’expressions (et de plumes invitées sur ce blog), plus d’informations sur nos actions, plus d’éducation populaire (dont un gros dossier sur StopCovid)…

Pour ne rien vous cacher, même si on prend soin de nous, nous sommes rincé·es (et confiné·es : ces chamboulements dans la vie professionnelle et bénévole de l’association se sont accompagnés de chamboulements de nos vies personnelles, comme pour tout le monde…).

Revoir les plans du monde d’avant

Dans le monde d’avant, il n’y a pas si longtemps (même si on dirait), nous avons annoncé la fermeture programmée d’une partie des services de la campagne Dégooglisons Internet. Nous avions même préparé une page résumant toutes les informations et les sources plus détaillées, ainsi qu’un calendrier (annonçant les premières fermetures pour juillet prochain).

Nous allons poursuivre sur cette lancée, car nous avons plus que jamais besoin de tourner la page de certains services trop gourmands, trop anciens, etc. pour concentrer nos énergies sur l’essentiel. D’ailleurs, nous avons eu le nez creux, car les services les plus utilisés durant le confinement font partie de la liste des services que nous maintenons, et dont nous avons grandement renforcé les installations (Framapad et Framatalk en tête).

Entraide.chatons.org, une page pour trouver de nombreux services pratiques, éthiques et décentralisés.
Entraide.chatons.org, une page pour trouver de nombreux services pratiques, éthiques et décentralisés.

Par ailleurs, le collectif des hébergeurs alternatifs CHATONS a vraiment montré sa capacité à décentraliser les usages numériques. Ainsi, la création de la page entraide.chatons.org montre qu’il est possible de proposer un portail d’accueil de services sans inscriptions, qui vous renvoie de façon aléatoire vers un des membres du collectif. Que ce soit pour de l’écriture collaborative, de l’hébergement de photos ou de fichiers lourds, ou encore pour raccourcir une adresse web : si vous voulez un service en ligne libre, décentralisé, éthique et sans inscription, n’hésitez pas à privilégier les services proposés par entraide.chatons.org

Peertube : un financement pas à pas vers la v3

Nous détaillerons bientôt tout cela sur le framablog, mais en gros, nous ne nous sentons pas de lancer un crowdfunding en mai pour financer la v3 de notre solution d’émancipation de nos vidéos YouTube alors que l’avenir est incertain pour bon nombre de personnes.

Nous avons décidé plutôt d’annoncer une feuille de route, où nous afficherons les prochaines étapes de développements du logiciel. Cette feuille s’étendra jusqu’à la v3, que nous voudrions sortir en novembre prochain. Chaque étape, qui est en fait un cycle de développement, sera d’une durée d’un à deux mois, présentera son propre lot de fonctionnalités. Sans vendre la peau de l’ours, après des tests, nous pensons qu’il est possible d’inclure dans cette v3 la diffusion de vidéos en live ET en pair-à-pair.

Bientôt, Sépia (lae poulpe-mascotte de PeerTube) pourra regarder des live !
Illustration CC-By David Revoy.

Cette feuille de route sera accompagnée d’une collecte perlée sur toute la période de développement, de mai à novembre. Face à chacune des étapes, nous afficherons un coût, et ferons un appel aux dons, sans insister, et (comme toujours) sans culpabiliser. En effet, que les dons couvrent le coût de l’étape ou non, nous poursuivrons ce développement… quitte à ce que ce soit sur nos fonds propres (comme nous l’avons fait pour développer la v2).

Nous ferons le point, en novembre, sur le soutien qu’aura récolté cette collecte perlée. Cela vous permettra de suivre le développement de PeerTube au rythme où nous le vivons. Mais, une fois encore, nous avons confiance en votre capacité à soutenir ce projet actuellement utilisé par de nombreuses académies pour assurer la continuité pédagogique. Nous compterons sur vous pour promouvoir PeerTube hors de notre bulle, afin qu’il ne soit pas uniquement financé par la générosité des francophones.

Mobilizon espéré, Mobilizon retardé, mais Mobilizon bichonné

Mobilizon, c’est notre réponse à la question « comment faire pour que les marches pour le climat ne s’organisent plus sur Facebook ? » Un logiciel fédéré (où plusieurs hébergements peuvent synchroniser les infos entre eux) pour publier des événements, présenter et créer son groupe et s’y organiser ensemble.

Suite au succès du financement participatif du printemps 2019 nous avons travaillé et présenté une première bêta avec « juste les événements » en octobre et une autre incluant les outils de fédération en décembre 2019. Nous prévoyions d’ajouter les outils de groupe et de pages au printemps pour publier Mobilizon en juin, mais nous avons — forcément — pris du retard.

Nous croyons que Mobilizon va être plus important que jamais dans ce « monde d’après ». Il nous semble essentiel que les citoyen·nes reprennent leur indépendance sur les outils qui leur permettent de se mobiliser, s’organiser et se rassembler autour d’actions communes et concrètes.

Mobilizon fédéré, illustré par David Revoy (CC-By)

Nous prévoyons donc de publier, en juin, une nouvelle version bêta intégrant toutes les fonctionnalités prévues par le financement participatif de l’an dernier (des événements, des pages, et des groupes). Nous travaillerons ensuite, durant tout l’été, à améliorer le code selon les retours des personnes qui testeront la fédération (en hébergeant leur propre instance Mobilizon).

En effet, alors que Mobilizon explore des pans entiers du protocole ActivityPub (le langage commun pour que les hébergements synchronisent et échangent les informations), il nous semble urgent de prendre le temps de proposer, tester, remettre en question, discuter, modifier, et améliorer jusqu’à un consensus stable.

Nous voulons prendre trois à quatre mois pour tester Mobilizon avec des hébergeurs volontaires, améliorer sa compatibilité et sa façon de fédérer les informations pour sortir une première version stable à l’automne.

Un projet Framacloud dans la brume

Nous l’annoncions dans notre article « ce que Framasoft va faire en 2020 » de novembre 2019, nous avions un projet de « cloud Framasoft », un service unique et complet basé sur le logiciel Nextcloud pour synchroniser ses fichiers, ses agendas et ses notes, mais aussi collaborer sur des documents, tableurs et présentations, bref… Un service tout-en-un !

Nous avons retourné l’idée dans tous les sens, nous avons joué à la startup nation en essayant de le « pivoter » , mais soyons réalistes : on ne le sent pas. Avec toute la fatigue que nous avons accumulée (vous pouvez suivre ici notre journal de confinement), avec tout ce que nous avons en cours et tout ce qui nous attend… On préfère ne s’engager à rien sur ce projet… pour 2020.

On garde ce projet dans notre horizon, on ne sait juste pas pour quand.
Illustration CC-By David Revoy

Nous avons toujours la volonté de promouvoir un tel outil. Nous savons qu’il y en a besoin comme nous imaginons que les besoins vont changer en même temps que le monde change. Ce que nous ignorons, c’est de quelles énergies nous disposerons d’ici décembre. Pour l’instant, nous voyons simplement que nous ne sommes pas prêt·es, alors nous choisissons de faire moins, pour nous assurer de faire bien.

Nous gardons ce projet de cloud Framasoft dans notre horizon, mais pas sur 2020 (ou alors ce sera vraiment une bonne surprise de fin d’année ^^).

Le monde a changé©

C’est l’expression cliché qui nous accompagne depuis l’article relatant le deuxième jour de notre #Framaconfinement. « Le monde a changé », oui… et nous avec.

Nous essayons avec cet article de prendre de la hauteur pour vous communiquer ce que nous pensons accomplir, et pour quand. Mais embrassons l’impermanence de toute chose, cette impermanence qu’un petit virus nous a rappelée : tout peut encore bouger, surtout si le monde re-change, et nous re-avec.

Aujourd’hui, au sein de Framasoft, nous voulons nous concentrer sur des outils dont nous croyons qu’il pourront servir à ce qu’une société de contribution prenne toute sa place dans le « monde d’après ». En faisant cela, nous essayons aussi de fermer des onglets mentaux et rassembler nos énergies pour gagner en disponibilité.

Car le présent est en train de se dessiner, et Framasoft, par ses actions directes, souhaite être en capacité d’y jouer un rôle, afin de montrer que ce « monde d’après » peut ressembler, si chacun·e y apporte sa pierre, à cette Contributopia dont nous rêvons depuis quelques années.

Contributopia – Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0




Framasoft veut briser la barrière de la langue, pour mieux se faire copier

Voilà deux ans que nous travaillons à l’internationalisation des actions de Framasoft, afin que notre expérience puisse dépasser la francophonie. Si on part de (vraiment) loin, on sait où l’on va !

Cet article fait partie des « Carnets de voyage de Contributopia ». D’octobre à décembre 2019, nous y ferons le bilan des nombreuses actions que nous menons, lesquelles sont financées par vos dons (qui peuvent donner lieu à une réduction d’impôts pour les contribuables français). Si vous le pouvez, pensez à nous soutenir.

Where is Frama ? Frama is dans le bazar !

Framasoft est une association inscrite dans sa culture francophone, voire franco-française. Nos projets sont en français, nous n’avons pas de membres d’origines anglo-saxonnes et peu d’entre nous sont bilingues, l’imagerie de Dégooglisons Internet parodiait allègrement celle d’Astérix le Gaulois.. même le « Fra » de « Frama » vient de « Français », la matière qu’enseignait une des professeures à l’origine de Framasoft !

Dégooglisons Internet, vu par Péhä (CC-By)

Autant vous dire qu’en 2017, lorsque nous avons inscrit des actions d’internationalisation dans la feuille de route de Contributopia, nous partions de loin ! D’une part parce que nous n’avions jamais eu ni pris le temps de nous présenter autrement qu’en Français… et d’autre part parce que, il y a deux ans, nous avions déjà plus de 30 services et de 50 projets aux traductions incomplètes ou inexistantes.

Chacun de nos sites avait son histoire, ses spécificités techniques, ses bidouillages qui rendaient encore plus complexe une traduction unifiée. Or avouons-le : la barrière de la langue nous arrangeait pas mal… Les services libres de Dégooglisons Internet attiraient déjà beaucoup, beaucoup de francophones. Si on se mettait à les traduire en anglais, espagnol ou italien, ne risquait-on pas d’imploser ?

Être free sans trop être open

Dans une culture du « toujours plus » qui nous entoure, la démarche que nous avons entreprise ces deux dernières années peut sembler paradoxale. Nous avons promu nos actions et nos outils à l’international en voulant ne surtout pas gagner d’importance ni d’usager·es pour nos services.

Le fait est que l’expérimentation proposée par Framasoft semble être unique au monde. On ne dit pas cela pour se la péter, hein ! Mais connaissez-vous d’autres structures libristes qui aient proposé un programme aussi complet (informer des dangers – proposer des alternatives – encourager la reproduction du modèle – créer de nouveaux outils), à une aussi large échelle (9 salarié·es, plus de 500 000 bénéficiaires par mois) tout en restant indépendante de la sphère marchande ?

Cliquez pour aller lire l’infographie (en français ou en anglais) réalisée par Geoffrey Dorne (CC-By-SA)

Nous n’en voyons que peu, voir pas, et c’est justement cela qui nous chiffonne ! L’expérience que nous avons acquise pourrait aider d’autres structures à s’inspirer pour créer leurs propres expérimentations. Mais si l’on veut voir nos actions recopiées, et adaptées à d’autres cultures, il faut franchir la barrière de la langue, se présenter à plus large public possible et montrer comment ça a marché pour nous.

Avoir les mains dans le digital

Un des plus gros chantiers a été d’internationaliser nos services. Il a fallu revoir entièrement la structure technique derrière les pages qui vous accueillent sur framapad.org ou framadate.org, le tout sans que la différence ne vous saute aux yeux ! Ces modifications techniques nous permettent de gérer les locales (les langues affichées) via notre forge logicielle, et de pouvoir utiliser un outil de Traduction Assistée par Ordinateur pour des traductions collaboratives.

C’est ainsi que des traductions sont déjà disponibles, car nous avons des allié⋅es pour internationaliser : c’est l’occasion de dire un grand MERCI aux contributeurs et contributrices qui ont aidé à publier en d’autres langues les logiciels, la documentation ou les pages web, on ne peut pas tous vous citer mais on vous aime ! Remerciements particuliers tout de même à la très active équipe italienne qui traduit fidèlement depuis pas mal de temps et diffuse de l’autre côté des Alpes nos expériences et les outils que nous mettons à disposition.

Un ringraziamento particolare al team italiano molto attivo che da tempo traduce fedelmente e diffonde le nostre esperienze e gli strumenti che mettiamo a disposizione

… et les yeux sur l’angliche

Eh oui, on sait bien que c’est la lingua franca aujourd’hui… Quand on propose Framapad en anglais, il faut pouvoir afficher les Conditions Générales d’Utilisation dans la langue d’Ada Lovelace ! Du coup l’ensemble de nos pages d’accueil de services ont subi le même traitement, ainsi que nos sites de présentation (Framasoft.org, Soutenir Framasoft, Dégooglisons-Internet, Contributopia). Désormais, tout nouveau site créé par l’association (joinpeertube, joinmobilizon) est pensé en mode « multilingue » !

Boudu ! Y’a même des calembours en angliche !

D’ailleurs, lorsque vous choisissez la langue d’un de nos sites, la liste proposée utilise les endonymes (disons « deutsche ») plutôt que le nom anglais (« German ») ou français (l’allemand). Ce genre de détail est important à nos yeux, car il témoigne du soin apporté à défendre certaines valeurs.

« What is PeerTube? », dit-il avec l’accent chocolatine

Une fois que l’on propose des outils traduits, il faut aussi en parler. D’une part parce que les messages de contact ou les demandes d’aide commencent à se faire en anglais (hé oui !). D’autre part parce que c’est l’objectif : montrer ce que l’on fait, montrer comment ça marche pour nous.

Nous continuons de rencontrer nos homologues hors francophonie pour échanger ensemble. Cela a donné quelques « talks » au sujet de Dégooglisons Internet ou de Contributopia. Aujourd’hui encore, nous échangeons avec le Free Software Fondation pour intervenir, à distance, lors de la prochaine édition du Libre Planet.

Ne nous cachons rien : les développements de PeerTube et de Mobilizon nous ont permis de faire connaître nos actions hors de la francophonie. Ce n’est pas pour rien que la vidéo « What is PeerTube? » a été enregistrée en anglais (avec l’accent toulousaing de Pouhiou). Ces outils, qui peuvent servir mondialement, ont été financés par des collectes. Il nous semblait essentiel que l’effort financier ne repose pas uniquement sur la francophonie.

Nous avons donc fait l’effort de présenter au monde des financements participatifs bilingues, en anglais comme en français… Quitte à faire un « AskMeAnything » sur reddit, et à publier des articles en anglais sur le Framablog… Aujourd’hui, leur langue de développement et de documentation est, comme pour de nombreux logiciels libres, l’anglais (même si nous les traduisons bien vite en Français !)

Faire de Framasoft un compost riche et fertile

Nous sommes loin, bien loin d’avoir fini nos efforts d’internationalisation. En fait, nous commençons seulement à avoir une base, solide, pour expérimenter une stratégie dans nos rapports hors-francophonie.

L’internationalisation de Framasoft, vu par David Revoy (CC-By)

Microsoft est connu pour sa stratégie « embrace extend extinguish », à savoir embrasser l’autre pour conquérir son territoire et l’étouffer. Nous, nous situons à l’autre extrémité du spectre : exposer – expliquer – essaimer. Nous exposons nos actions, expliquons les conditions qui les ont permises pour que d’autres les copient, les adaptent, et qu’elles s’essaiment.

Plutôt que de traduire nos services en 15 langues, c’est donc tout un travail d’explications et d’essaimage qui reste à accomplir, dans l’espoir que les fruits produits par Framasoft puissent servir de terreau pour les expérimentations futures…

Rendez-vous sur la page des Carnets de Contributopia pour y découvrir d’autres articles, d’autres actions que nous avons menées grâce à vos dons. Si ce que vous venez de lire vous plaît, pensez à soutenir notre association, qui ne vit que par vos dons. Framasoft étant reconnue d’intérêt général, un don de 100 € d’un contribuable français reviendra, après déduction, à 34 €.

Soutenir Framasoft

Illustration d’entête : CC-By David Revoy




Ce que Framasoft pourrait faire en 2020 grâce à vos dons

L’éducation populaire au numérique, Peertube, Mobilizon, un service « tout-en-un »… Pour l’année 2020, nous avons encore de nombreuses envies… nous espérons que vous nous donnerez les moyens de les réaliser en rejoignant les donateurs et donatrices, et en tout cas nous sommes heureuses et heureux de vous faire part du petit programme que voici.

Cet article fait partie des « Carnets de voyage de Contributopia ». D’octobre à décembre 2019, nous y ferons le bilan des nombreuses actions que nous menons, lesquelles sont financées par vos dons (qui peuvent donner lieu à une réduction d’impôts pour les contribuables français). Si vous le pouvez, pensez à nous soutenir.

 

À Framasoft, nous ne gardons pas les deux pieds dans le même sabot. Si, parfois, nous prenons des chemins détournés (la route principale est tellement longue…) c’est parce que nous avons beaucoup de cartons avec plein de projets dedans. Lesquels choisir ? C’est ce genre de question qui nous occupe au moins autant que d’élaborer des stratégies pour les réaliser.

De l’éducation populaire aux enjeux du numérique

Le quotidien de Framasoft, ce sont de nombreuses interventions, ateliers, conférences, tables-rondes… c’est aller régulièrement à la rencontre de publics variés. Il s’agit pour nous de partager nos observations sur l’hégémonie des géants du Web et le monde que nous préparent les entreprises du Capitalisme de Surveillance. Nous proposons aussi des pistes d’émancipation numérique pour aller vers une société de contribution plutôt que de consommation.

La conférence de présentation des Carnets de Contributopia au Capitole du libre (novembre 2019)

Nous travaillons aussi, avec d’autres structures et collectifs, à faciliter l’adoption de pratiques numériques plus « saines ». Recenser les acteurs et actrices de la médiation au numérique libre, travailler sur des outils pratiques avec des fédérations d’éducation populaire ou des coopératives de formation, cela fait partie des actions que nous voulons poursuivre en 2020. Car l’association Framasoft, avec ses 35 membres, ne peut pas être partout, et n’a aucune envie d’être omniprésente ! C’est pour cela que nous essayons de partager notre expérience avec les personnes qui, quotidiennement, animent des actions d’éducation populaire, et sont au plus près des gens qui cherchent à reprendre le pouvoir sur leur vie numérique.

Un autre gros chantier qui nous attend en 2020, c’est de préparer la fermeture de certains services que nous hébergeons. Rappelons qu’il vous sera alors proposé d’accéder aux mêmes services, hébergés par des organisations qui partagent les mêmes valeurs. On le sait, c’est inconfortable d’entendre qu’il y aura un changement, même lointain, dans un paysage numérique où il est difficile de faire confiance et de changer ses habitudes. Nous voulons donc travailler à ce que les pages web qui vous redirigerons vers « la même chose, mais ailleurs » soient claires, et qu’elles vous mettent en confiance.

Voici, par exemple, ce que vous verrez si vous essayez d’aller sur notre moteur de recherche Framabee, récemment fermé.

Pour cela, nous souhaitons aussi continuer de nous investir dans le collectif d’hébergeurs alternatifs CHATONS. Nous avons envie de vous donner de bonnes raisons de faire confiance aux membres de ce collectif. Nous souhaitons que vous sachiez pourquoi vous pouvez leur confier vos données. Nous pourrons aussi contribuer à clarifier ce qu’offrent les hébergeurs de ce collectif, afin de vous permettre de trouver le service ou la structure qui corresponde le mieux à vos besoins.

Offrir à Mobilizon la v1 qu’il mérite

La mobilisation des efforts collectifs et des ressources, c’est tout le miel de la vie associative et de multiples formes d’interactions sociales. C’est la raison de Mobilizon. Notre vision pour ce projet est claire : offrir une alternative agréable aux événements, aux groupes voire aux pages Facebook. Nous aimerions réaliser un outil émancipateur pour les associations, les militant·es, les citoyen·nes… et toutes ces personnes qui dépendent encore de Facebook pour s’organiser ensemble.

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Actuellement en version bêta, nous comptons développer :

  • l’aspect « fédération » de ce logiciel d’ici fin décembre ;
  • les fonctionnalités de pages et de groupes (avec messagerie, modération, outils d’organisation) au premier trimestre 2020 ;
  • les correctifs, les éventuels retards et les finitions qui stabilisent et documentent le logiciel, pour sa sortie prévue avant l’été 2020.

Afin que vous puissiez suivre ces développements en toute transparence, les mises à jour seront régulièrement visibles sur le site de démonstration test.mobilizon.org

Cliquez sur l’image pour découvrir le site de démonstration de Mobilizon, encore en version bêta.

Cette publication de la première version stable et publiquement utilisable de Mobilizon est un rendez-vous que nous ne voulons pas manquer. Nous souhaitons l’accompagner d’un outil qui facilite la compréhension de ce qu’est Mobilizon, comment ça marche, à quoi ça sert et à quoi ça ne sert pas. Pour y arriver, nous voulons prendre le temps de refondre complètement le site joinmobilizon.org, probablement sur le modèle du tout nouveau site web joinpeertube.org.

Financer les ambitions de PeerTube

Lors de la sortie de la version 2 de PeerTube, nous faisions le bilan de cette alternative libre et fédérée aux plateformes de vidéos telles que YouTube. Si nous venons de lui consacrer un an de développement sur nos fonds propres, c’est parce que nous croyons au potentiel émancipateur de cette solution. En 2020, nous souhaitons trouver les moyens d’accroître la popularité de PeerTube. Pour cela, nous aurons besoin de matériel (vidéos, illustrations, métaphores…) qui promeuvent les avantages d’un outil fédéré, ainsi que les fonctionnalités de PeerTube.

Et si on faisait plus de vidéos pédagogiques comme celle réalisée par LILA…?

Nous envisageons aussi, pour 2020, d’animer une nouvelle collecte qui nous permettra de financer la version 3 de PeerTube. La liste des fonctionnalités que cette collecte financera n’est pas encore fixée, mais nous avons noté, grâce à vos retours (que vous pouvez proposer ici, sur notre forum), quelques idées…

Voici Sepia, la mascotte de PeerTube, par David Revoy (CC-By)

Tout d’abord nous pensons que PeerTube gagnerait beaucoup si on retravaillait son expérience d’utilisation et son interface. Nous constatons certains manques et points d’améliorations, mais nous pensons que le mieux serait de faire appel à des professionnels du design pour dresser un bilan et proposer des solutions.

Ensuite, le nouveau lecteur vidéo (le « HLS », celui qui est encore expérimental) offre de telles performances qu’il permet d’envisager le développement d’outils inimaginables pour PeerTube jusqu’alors. Par exemple, PeerTube pourrait offrir un outil de « Vidéo-Mix » (ou de « coupé-monté », pour les cinéphiles), où l’on crée une séquence en prenant 30 secondes de telle vidéo, 12 de telle autre puis une minute d’une troisième…

Enfin, la fonctionnalité qui nous fait rêver (et qu’on nous demande régulièrement), c’est la diffusion en direct. Avec du live-streaming, PeerTube ne marcherait pas seulement sur les platebandes du YouTube de Google, mais aussi sur celles du Twitch d’Amazon… Cette diffusion en direct devrait se faire de pair à pair, et ça, c’est un sacré défi technique !

Projet « cloud Framasoft » : un seul compte pour remplir la plupart des besoins

Depuis quelques années, le logiciel Nextcloud s’est grandement enrichi. Au départ, c’était une simple alternative aux Dropbox et autres GoogleDrive, pour sauvegarder et synchroniser des fichiers. Depuis, Nextcloud s’est augmenté de nombreuses applications pour faciliter la collaboration.

On peut y synchroniser ses contacts et ses agendas, travailler collaborativement sur des fichiers textes ou des tableurs (avec CollaboraOnline ou OnlyOffice), activer des visio-conférences ou des discussions par tchat, créer des formulaires basiques, y sauvegarder ses notes, ses images et ses listes, partager des albums photos, dessiner des cartes heuristiques (mindmaps), consulter ses flux RSS ou ses emails…

Le projet « cloud Framasoft » reposerait sur cette solution : une seule adresse, un seul compte à créer, et tous ces services sont à votre disposition. Afin de limiter les effets de centralisation vers nos services, nous envisageons de n’offrir que très très peu d’espace (quelques dizaines de mégas), juste assez pour une association qui veut collaborer sur quelques fichiers. Notre objectif est de vous faire découvrir cette solution, sans propager l’illusion que les ressources illimitées et gratuites, ça existe (ou que ce serait sain).

On est hyper fier·es de ce nom, facile à retenir et à retrouver sur Internet.

Pour les personnes qui, à un moment, se sentiraient à l’étroit, nous aimerions vraiment pouvoir développer un outil facilitant la migration de son compte vers un autre hébergement Nextcloud. Dans nos têtes, nous rêvons d’un « Votre compte cloud Framasoft vous plaît mais il est trop limité ? OK ! cliquez sur ce bouton pour déménager vers tel ou tel hébergeur alternatif ». Si nous pouvions nous rapprocher de cette simplicité…

Ouvrir une nouvelle porte vers le libre, oui, mais aussi vers la décentralisation !

Nous voulons, pour l’automne 2020, trouver les moyens d’accueillir toute personne, toute association qui voudrait avoir accès à une telle solution, quitte à se satisfaire d’un espace de stockage spartiate. Nous avons conscience que cela peut signifier accueillir des personnes par dizaines de milliers. Autant vous dire que cela représente un coût technique et humain, et donc financier, très important. Mais si vous nous en donnez les moyens, nous croyons que cela peut représenter une formidable porte d’entrée vers le Libre pour toute une population qui prend de plus en plus conscience des dangers que représentent les GAFAM.

La route est longue, alors libérons la voie

Si nous annoncions vouloir « Déframasoftiser Internet » et tourner certaines pages du passé, c’était justement pour faire de la place à des projets futurs. Cette année 2020 sera pour nous une année où nous voudrions poursuivre nos actions les plus émancipatrices (éducation populaire, Mobilizon…), tout en ouvrant de nouvelles portes vers le libre et l’autogestion (PeerTube v3, « cloud Framasoft »…). Nous en avons la volonté, il nous faut savoir si vous nous en donnerez les moyens.

Cliquez pour découvrir ce que l’on a fait, ce que l’on va faire, et nous soutenir si vous le désirez.

Si nous avons une telle liberté et une telle indépendance dans nos actions, c’est parce que certaines et certains d’entre vous nous font un don (et qui mieux est, un don régulier), et que l’ensemble de ces dons financent notre budget annuel. L’association Framasoft étant reconnue d’intérêt général, rappelons que pour les contribuables Français·es, un don de 100 € à Framasoft revient, après déduction fiscale, à 34 €… et ce même avec le prélèvement à la source. 😉

Cette année encore, nous ne voulons pas utiliser les mécanismes de la culpabilité ou de l’économie de l’attention pour vous « manipuler » vers un don. Nous pensons qu’il suffit de vous dire, concrètement : voilà ce que nous avons fait, voilà ce que nous voulons faire. C’est à vous de déterminer si cela vous inspire, et si c’est l’occasion de contribuer à nos actions par un don (pour qui le peut) ou en partageant notre appel aux dons (pour tout le monde !).

Nous vous faisons confiance.

 

Rendez-vous sur la page des Carnets de Contributopia pour y découvrir d’autres articles, d’autres actions que nous avons menées grâce à vos dons. Si ce que vous venez de lire vous plaît, pensez à soutenir notre association, qui ne vit que par vos dons. Framasoft étant reconnue d’intérêt général, un don de 100 € d’un contribuable français reviendra, après déduction, à 34 €.

Soutenir Framasoft

Illustration d’en-tête : CC-By David Revoy




PeerTube has worked twice as hard to free your videos from YouTube !

Thanks to your donations, we have been developing a software to free us all from YouTube & Co for a year. Why have we gone much further than the first release, (crowdfunded in the spring of 2018), you might ask? Well, that’s because we sincerely believe in the emancipatory power of PeerTube.

This article is a part of « Contributopia’s travel journals ». From October to December of 2019, we will assess our many (donations-founded) actions, which are tax-deductible for French taxpayers. Donate here if you can.

La version originale (en Français) de cet article est à lire ici.

Federation and instances to avoid creating a new tech giant

PeerTube’s aim is to create an emancipatory alternative to centralized platforms a la YouTube. In a centralized service, you sign-up with a single address, and each and every of your actions, videos and data are gathered on a single huge computer. For example, Google’s, that hosts YouTube (to be precise, they are server farms rather than huge computers, but on a symbolic level it is the same thing!).

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PeerTube is a software. It can be installed on a server by anyone possessing the appropriate skills; say, for the sake of argument, Bernadette, College X and karate club Y. This is called an instance, i.e. a PeerTube host. In concrete terms, hosting an instance creates a website (let’s say, BernadetTube.fr, CollegeTube.org or KarateTube.net) on which you can watch videos and sign-up, so you can interact or upload your own content.

These instances can chose to follow each other (this is called federating). For example, if the head of IT services of College X would like KarateTube videos to appear on CollegeTube, all she has to do is federate with KarateTube. KarateTube’s videos will remain on its server but students who are used to watching videos from CollegeTube will be able to see them.

In this case, BernadetTube stays isolated, but CollegeTube and KarateTube are federated. Rather than creating a single gigantic platform, PeerTube allows for the creation of a multitude of small, diverse, and interconnected platforms.



One year of work to let PeerTube mature

In May of 2018, we started a crowdfunding for PeerTube’s development. Many people decided to give a chance to a software that allows the creation and federation of video platforms. In October of 2018, we « turned in our homework assignment » as they say, when we released the first version of PeerTube.

We could have stopped once our promises were fulfilled, and let the community develop this free/libre software on its own. Instead, we decided to use a part of the donations we receive for everything we do (thank you!) to make PeerTube’s main developer job durable. As a Framasoft employee, he also contributed to other free/libre softwares such as Framacalc-Ethercalc and Mobilizon.

Nevertheless, during the past year, his main mission was to improve on PeerTube. He was able to rely on a growing community of contributors, and no one was idle! In one year, PeerTube was enriched with, amongst other things:

Meet Sepia, PeerTube’s new mascot, by David Revoy (CC-By)

  • moderation tools for instance administrators
  • a watch history
  • videos automatically start at the time code you stopped at (provided you are logged-in)
  • notifications (new comments, videos or subscriptions, mentions, etc.)
  • playlists (including a « watch later » one, which is now a feature by default on all accounts)
  • a system where videos require manual approval by administrators before posting them
  • an easier federation management for instance administrators
  • a gradual betterment of UI (for example, it is now easier to make the difference between a channel and an account, to see thumbnails or to find a video in your video library)
  • audio files management when uploading them: PeerTube will turn them into videos
  • the interface is now translated into 25 languages!

Small bonuses make all the difference!

We will now highlight 3 features that we particularly like, as they offer more freedom, comfort and control to PeerTube’s users. Considering more control is not part of the business models of mainstream platforms (greetings, Youtube, Vimeo and Facebook videos!), these three features offer PeerTube’s users a unique experience.

Sharing a video clip

When you share a video link, most platforms offer a « start at » option, which makes the video begin at 53 seconds if what you would like to share starts at 54 seconds.

We simply added a « stop at » option. It might seem silly (and really, it is) but considering YouTube’s job in the attention economy is to capture yours to sell it to Fanta, it is obviously unimaginable for them to let you stop videos!

France, 2015: YouTubers are mainstreaming. Fanta sponsors the 1st Video City Paris convention, so much so that it became some kind of giant ad for this Coca-Cola Company product.

If in a given videos, you only care about 3 sentences between 1:23 and 1:47, you can single them out, share or keep this clip for yourself (e.g. in your liked videos playlist or any other playlist). This feature allows for may uses: zapping, educative content, etc. We at Framasoft find that so much potentials lies in this idea!

Plug-in system

Every administrator and user wishes to see the software fulfill their needs. As Framasoft cannot (and does not want to) develop every feature that could be hoped for, we have from the start of the project planned on creating a plug-in and add-on system you can install to customize your PeerTube experience.

Once again, we can see that centralized platforms have locked us up in such a standardized experience that it’s hard imagining that a concept as old as this could be such a breath of fresh, free air. And yet!

Now, this system allows each administrator to create specific plug-ins depending on their needs. They may install on their instance extensions created by other people as well. For example, it is now possible to install community created graphical themes to change the instance visual interface. You could also imagine plug-ins to sort videos in reverse alphabetical order, or to add a Tipee, Paypal or Patreon button below videos!

PeerTube taking off, by David Revoy.

New video player

Offering a new type of video player (for nerds: based on HLS technology) is a risky endeavor for a tool as new and interconnected as PeerTube. Considering PeerTube’s young age (it is barely starting to make a name for itself and to be adopted around the world), this could cause incompatibility issues and very problematic differences in versions.

However, we have decided we would introduce it experimentally, starting last summer. Indeed, this new video player is promising: it is faster, has less bugs, makes it easier to change video definition and makes their load fluider (still using peer-to-peer technology). In return, it requires updating some elements (moving to ffmpeg 4.1) and to re-encode some videos.

This new video player has been met with a great deal of enthusiasm, and broadens PeerTube’s future (live streaming, for example, is out of question using the current player). This is why we want to take the time to make it PeerTube’s player by default, which will require work to help current hosts in this transition.

V2 is even more federation-focused

The PeerTube version we are releasing today already includes all these improvements, and many more! This « v2 », as they say, aims to make it easier for instance administrators to federate. They will for example be able to automatically follow instances that follow them, or to follow instances visible on our JoinPeerTube public register.

This new PeerTube version also aims to help the public chose the perfect instance match. To return to the subject of Bernadette, College X and Karate club Y, let’s now add a new audience member: Camille.

Camille doesn’t know a thing about servers or whatever, but he wants to create an account to follow PeerTube channels, or even upload his own videos… And he has a hard time understanding what this is all about! How could he possibly know that BernadetTube is only maintained by Bernadette and that if anything were to happen to her, she could stop administrating it overnight? How can he see that CollegeTube refuses to federate with instances that display sensitive content, even properly flagged and blurred? Where can he learn that KarateTube will favor videos in German, and that support will only be provided in this language?

Once the instance set up, admins will have to configure it, by answering some questions…

When Bernadette, the head of College X IT services, and Karate club Y’s resident nerd will have updated PeerTube with this v2, they will have to fill in a form to better introduce their instance. The goal here is to clearly state:

  • the instance main categories
  • what languages the admins and the moderation team speak
  • the instance code of conduct
  • the moderation policy (who moderates, policy regarding sensitive contents, etc.)
  • who is behind this instance (an individual? an organization?)
  • why did the admin(s) set up this instance
  • how long do the admin(s) plan on maintaining this instance for?
  • how do the admin(s) plan on funding their PeerTube server?
  • information about the hardware of the server

Camille will be able to find all these information on the « about » page of each PeerTube instance (which will now also display new statistics), on the sign-up page… as well as on the joinpeertube.org register!

JoinPeertube.org is where you get your bearings!

With over 100,000 videos and 20,000 accounts, it is safe to say that PeerTube has become popularized. It was high time we revamped joinpeertube.org so as to turn it into a front door to these videos, hosts and the federation.

With the help of UI/UX professionals, we have imagined and shaped two user flows to using JoinPeertube.org: one for people who want to watch videos (and maybe sign-up), and another one for video makers who need a trustworthy host for their videos.

Click to discover the new JoinPeertube.org

Both of these paths may lead you to the register of public instances. You can sort them according to your preferences so as to find the one that meets your needs. This selecting is made possible by the answers given to the form mentioned earlier, which allows admins to better introduce their instance and to explain the project behind it to potential users. That being said the best solution is to have a look by your own means (as a side note, we find the site much prettier now!)…

Please note that PeerTube now has its own documentation website, meant for both admins (to ease the software installation, maintenance and administration) or for regular users (whether it be for signing-up, managing your playlists or uploading videos).

The future of PeerTube is still YOU!

It would be impossible to name everyone who has contributed to the code, funding, design, translation, documentation, illustration and promotion of PeerTube… but the least we can do is to express our gratitude!

After one year of development and maturation of the project, we are putting a lot of thoughts into its future. People have different wishes, you guys have given us a lot of ideas. All of the feedback we are receiving from you, particularly on the dedicated section to PeerTube on our forum (the best place for your suggestions!) is invaluable to us.

Nowadays, we are imagining new improvements (to the interface, user experience, search engine, plug-in system), important tools, (mobile apps, videos about PeerTube), as well as new, powerful features. Would you like to easily remix online videos from your PeerTube account? to do livestreams? So do we! And we need your support for that!

We are allowed to have all types of dreams and aspirations for PeerTube, but what is sure is that making come true will have a cost. The year we have spent developing PeerTube was funded in part by what was left of the June 2018 crowdfunding, but mostly by regular donations we receive for all of our projects. We will probably launch a new crowdfunding campaign just for PeerTube v3 in 2020.

In the meantime, feel free to help PeerTube grow, to promote instances and videos you like, and to congratulate the whole community for how far we have come with this v2!

 

Have a look at Contributopia’s travel journals and discover more articles and actions made possible by your donations. If you like what you just read, please think of supporting us, as your donations are the only thing that allow us to go on. As Framasoft is a public interest organization, the real cost of a 100 € donation from a French taxpayer is only of 34 €.

Support Framasoft

Header illustration: CC-By David Revoy




PeerTube met les bouchées doubles pour émanciper vos vidéos de YouTube

Voilà un an que nous poursuivons, grâce à vos dons, le développement logiciel qui permet de se libérer de YouTube et compagnie. Si nous sommes allé·es bien au delà de la version 1 financée par la collecte du printemps 2018, c’est que nous croyons profondément au potentiel émancipateur de PeerTube.

Cet article fait partie des « Carnets de voyage de Contributopia ». D’octobre à décembre 2019, nous y ferons le bilan des nombreuses actions que nous menons, lesquelles sont financées par vos dons (qui peuvent donner lieu à une réduction d’impôts pour les contribuables français). Si vous le pouvez, pensez à nous soutenir.

An english version of this post is available here.

Fédération et instances pour ne pas recréer un géant de la vidéo

L’objectif de PeerTube, c’est de créer une alternative qui nous émancipe des plateformes centralisatrices à la YouTube. Dans le modèle centralisateur, on s’inscrit à une seule adresse, et toutes nos actions, nos vidéos et nos données sont concentrées sur un seul méga-ordinateur, celui de l’hébergeur Google pour YouTube (en vrai, ce sont des fermes de serveurs et pas un méga-ordinateur, mais symboliquement ça revient au même !).

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PeerTube est un logiciel. Ce logiciel, des personnes spécialisées (disons… Bernadette, l’université X et le club de karaté Y) peuvent l’installer sur un serveur. Cela donnera une « instance », c’est à dire un hébergement de PeerTube. Concrètement, héberger une instance crée un site web (disons BernadetTube.fr, UniversiTube.org ou KarateTube.net) sur lequel on peut regarder des vidéos et créer un compte pour interagir ou uploader ses propres contenus.

Ces instances peuvent choisir de se suivre mutuellement (on dit qu’elles se fédèrent). Par exemple, si la directrice des services informatiques de l’Université X veut afficher les vidéos de KaratéTube sur son UniversiTube, il suffit qu’elle se fédère avec KaratéTube. Les vidéos de KaratéTube resteront sur leur serveur mais seront visibles pour les étudiant·es qui ont l’habitude d’aller sur UniversiTube.

Dans cet exemple, BernadetTube reste un site isolé, mais UniversiTube et KaratéTube sont fédérés ensemble. Plutôt que de faire une plateforme unique et géante, PeerTube permet de créer une diversité de petites plateformes interconnectées.

Un an de travail, qui a fait mûrir PeerTube

En mai 2018, nous avons organisé une collecte pour financer le développement de PeerTube. De nombreuses personnes ont voulu donner sa chance à ce logiciel qui permet de créer et fédérer des plateformes de vidéos. En octobre 2018, nous avons « rendu notre copie », comme on dit, en publiant la version 1 de PeerTube.

Nous aurions pu nous arrêter là, à cette promesse remplie, et laisser la communauté continuer de développer elle-même ce logiciel libre. Nous avons plutôt fait le choix d’utiliser une partie des dons que nous recevons pour l’ensemble de nos actions (merci !) pour pérenniser l’embauche du développeur principal de PeerTube. En tant que salarié chez Framasoft, il a aussi contribué à d’autres logiciels libres, dont Framacalc-Ethercalc et Mobilizon.

Cependant, durant l’année qui vient de s’écouler, sa mission principale a été d’améliorer PeerTube. Il a pu compter sur une communauté grandissante de contributeurs et contributrices, et tout ce beau monde n’a pas chômé ! En un an, Peertube a été enrichi entre autres :

Voici Sepia, la nouvelle mascotte de PeerTube qui nous a été offerte par David Revoy (CC-By)

  • d’outils de modération pour l’administration d’instances ;
  • d’un historique de visionnage ;
  • d’une reprise automatique de la lecture de vidéos là où on s’était arrêté (si on est connecté·e à son compte) ;
  • d’un système de notifications (nouveaux commentaires, vidéos ou abonnements, mentions, etc.) ;
  • d’un système de listes de lectures (dont une « à regarder plus tard » créée par défaut pour tous les comptes) ;
  • d’un système de quarantaine pour les vidéos envoyées en ligne. Il s’agit d’une option d’administration qui permet à la modération de valider les vidéos manuellement avant de les publier ;
  • d’une gestion facilitée des choix de fédération pour les administrateurs d’instances ;
  • d’une amélioration continue de l’interface d’utilisation (pour mieux distinguer un compte d’une chaîne, mieux voir les miniatures ou mieux retrouver sa bibliothèque vidéo, par exemple) ;
  • d’une gestion des fichiers audios lors de l’upload, que PeerTube transformera en vidéo ;
  • d’une interface traduite en 25 langues !

Les petits plus qui font de grandes différences

Nous avons envie de mettre en valeur 3 fonctionnalités que nous aimons particulièrement, car elles offrent plus de liberté, de confort et de contrôle aux personnes qui utilisent PeerTube. Et comme offrir plus de contrôle ce n’est pas dans le business model des plateformes géantes (coucou Youtube, salut Dailymotion, bonjour Facebook Vidéos !), ces fonctionnalités permettent à PeerTube d’offrir une expérience unique.

Partager un extrait de vidéo

Lorsqu’on partage l’adresse web d’une vidéo, la plupart des plateformes proposent, en option, une case « démarrer à », qui permet de faire démarrer la vidéo à 53 secondes si ce que l’on veut partager commence à la 54ème seconde.

Nous avons tout simplement ajouté une case pour l’option « s’arrêter à ». Ça a l’air tout bête comme ça (parce que ça l’est), mais si le boulot de YouTube c’est de fournir du temps de cerveau disponible à Fanta, alors forcément, donner la liberté d’interrompre les vidéos est inimaginable !

En 2015, en pleine popularisation des « youtubers », Fanta fait un coup de com’ phénoménal en sponsorisant la convention de vidéastes Video City Paris, qui devient une espèce de publicité géante pour ce produit de la Coca-Cola Company.

Si dans telle vidéo, les 3 phrases qui vous intéressent se trouvent entre 1:23 et 1:47, vous pouvez isoler, partager ou conserver cet extrait (dans vos favoris ou dans une playlist, par exemple). Cette fonctionnalité pourra en permettre plein d’usages : zappings, contenus pédagogiques, etc. Nous, ça nous donne tout pleins d’idées !

Le système de plugin

Chaque administratrice et utilisateur de PeerTube souhaite que le logiciel soit le plus adapté à ses besoins.

Nous, nous ne pouvons pas (et en plus nous ne souhaitons pas) développer toutes les fonctionnalités souhaitées par les un⋅es et les autres.

Nous avons, dès l’origine du projet, prévu la création d’un système de plugins, des briques logicielles que l’on peut ajouter à son installation de PeerTube pour la personnaliser. Là encore, les plateformes centralisatrices nous enferment tellement dans une expérience uniformisée qu’on a du mal à imaginer qu’une idée aussi vieille souffle un tel vent de liberté ! Et pourtant !

Avec ce système, chaque administrateur⋅ice peut dorénavant créer des plugins spécifiques en fonction de ses besoins. Mais il ou elle peut aussi installer des extensions créées par d’autres personnes sur son instance. Par exemple, il est possible d’installer des thèmes graphiques créés par la communauté pour changer l’interface visuelle d’une instance. On peut imaginer des plugins qui permettraient de classer les vidéos par ordre anti-alphabétique, ou d’ajouter un bouton Tipee, Paypal ou Patreon sous les vidéos !

PeerTube prenant son envol, illustré par David Revoy (CC-By)

Le nouveau lecteur vidéo

C’est risqué, pour un outil aussi jeune et interconnecté que PeerTube, de proposer un nouveau type de lecteur vidéo (basé, pour les expert⋅e⋅ s, sur la technologie HLS). À ce stade de la vie de PeerTube (qui commence à peine à se faire connaître et adopter dans le monde), cela pourrait causer des incompatibilités et des différences de versions très problématiques.

Cependant, nous avons décidé de l’introduire de façon expérimentale, depuis l’été dernier. Car ce nouveau lecteur est prometteur : la lecture des vidéos est plus rapide, comporte moins de bugs, facilite les changements de définition et fluidifie le chargement des vidéos (toujours diffusées en pair-à-pair). En contrepartie, il induit de mettre à jour certains éléments (passage à ffmpeg 4.1) et de ré-encoder certaines vidéos.

Les retours sont excellents et ce nouveau lecteur ouvre des perspectives intéressantes pour PeerTube (le streaming en direct, par exemple, ne peut pas s’imaginer avec le lecteur actuel). Voilà pourquoi nous souhaitons prendre le temps de faire de ce nouveau lecteur vidéo le lecteur par défaut dans PeerTube, ce qui va demander un travail pour accompagner les hébergements actuels de PeerTube dans cette transition.

Une version 2 qui met l’accent sur la fédération

La version 2 de PeerTube, que nous publions aujourd’hui, inclut déjà toutes ces améliorations et en ajoute d’autres ! Cette « v2 », comme on dit, a pour ambition de faciliter la fédération, pour les administrateur·ices d’instances. Ils et elles auront par exemple la possibilité de suivre automatiquement une instance qui les suit, ou de suivre les instances qui s’inscrivent sur l’annuaire public JoinPeertube.

Cette nouvelle version de PeerTube veut aussi aider le public à mieux choisir l’instance PeerTube qui lui correspond. Reprenons l’exemple de Bernadette, l’Université X et le club de karaté Y, pour y ajouter un membre du public : Camille.

Camille n’y connaît rien aux serveurs et compagnie, mais il veut se créer un compte pour suivre des chaînes PeerTube et peut-être même uploader ses propres vidéos… Et pour lui, c’est compliqué de s’y retrouver ! Comment peut-il savoir que l’instance BernadetTube n’est tenue que par Bernadette, et que si celle-ci a un accident de la vie elle pourrait ne plus s’en occuper du jour au lendemain ? Où est-il affiché que l’instance UniversiTube refuse de se fédérer avec les instances qui proposent du contenu sensible, même s’il est correctement signalé et flouté ? Où Camille peut-il voir que KaratéTube favorisera les vidéos en Allemand, et que le support ne se fera que dans cette langue ?

Une fois PeerTube, installé sur un serveur, le logiciel demande aux admins de le configurer, donc de répondre à quelques questions…

Lorsque Bernadette, la directrice des services informatiques de l’Université X et le geek de service du club de karaté Y auront mis à jour PeerTube dans cette version 2, il et elle verront apparaître un formulaire qui leur demandera de mieux présenter leur instance. L’objectif est de pouvoir afficher clairement :

  • Les catégories principales de l’instance
  • Les langues parlées par les admins ou l’équipe de modération
  • Le code de conduite de l’instance
  • Les informations de modération (qui modère, quelle politique quant aux contenus sensibles, etc.)
  • Qui se trouve derrière cette instance (une personne seule ? une association ?)
  • Pour quelles raisons les admins ont créé cette instance
  • Pour combien de temps les admins comptent maintenir cette instance
  • Comment les admins comptent financer leur serveur PeerTube
  • Des infos sur le matériel du serveur

Camille pourra ensuite retrouver l’ensemble de ces informations sur la page « à propos » de chaque instance PeerTube (qui affiche en plus de nouvelles statistiques), sur la page de création de compte… mais aussi sur l’annuaire de joinpeertube.org !

JoinPeertube.org, une adresse pour s’y retrouver !

Avec plus de 100 000 vidéos hébergées et plus de 20 000 comptes créés, on peut dire que PeerTube connaît un succès croissant et se démocratise. Il était donc plus que temps de ré-imaginer le site joinpeertube.org afin d’en faire une porte d’entrée vers ces vidéos, ces hébergements et cette fédération.

Grâce aux contributions de professionel·les du design et de l’illustration, nous avons imaginé et mis en forme deux parcours d’utilisation sur ce site : un pour les personnes qui souhaitent découvrir des vidéos (et éventuellement se créer un compte), l’autre pour les vidéastes qui cherchent un hébergement de confiance pour leurs vidéos.

Cliquez sur l’image pour découvrir la nouvelle version de JoinPeertube.org

Ces parcours peuvent mener à l’annuaire des instances publiques, que l’on peut trier selon ses préférences afin de trouver celle qui correspond à nos besoins. Ce tri s’effectue grâce aux réponses au formulaire dont nous parlions juste avant, lequel permet aux admins de mieux identifier et mieux présenter leur instance. Mais le mieux, c’est encore d’aller voir par vous même (en plus, nous, on trouve que c’est bien plus beau !)…

Notez aussi que PeerTube dispose désormais de son propre site de documentation qui s’adresse à la fois aux personnes qui administrent une instance (pour faciliter l’installation du logiciel, son entretien ou son administration), et aux personnes qui veulent simplement l’utiliser (que ce soit pour se créer un compte, gérer ses playlists ou mettre ses vidéos en ligne).

L’avenir de PeerTube est, encore, entre vos mains

Il est impossible de citer ici toutes les personnes qui ont contribué au code, au financement, au design, à la traduction, à la documentation, à l’illustration et à la promotion de PeerTube… mais nous tenons au moins à vous exprimer toute notre gratitude !

Après un an de développement et de maturation du projet, nous nous posons la question de l’avenir de cet outil. Les envies sont multiples, vous nous avez donné de nombreuses idées. Les retours que vous nous faites remonter, particulièrement sur la section dédiée à PeerTube de notre forum (le meilleur endroit pour vos suggestions !), nous sont très précieux.

Aujourd’hui nous imaginons de nombreuses améliorations (de l’interface, de l’expérience d’utilisation, de la recherche, du système de plugin), des outils importants (applications mobiles, vidéos expliquant PeerTube), ainsi que de nouvelles fonctionnalités fortes. Vous souhaitez pouvoir faire facilement des remixes de vidéos en ligne ? Pouvoir diffuser en « live » votre flux vidéo ? Nous aussi ! Et nous avons besoin de votre soutien pour cela !

Tous les rêves sont permis, mais ce qui est sûr, c’est que les concrétiser aura un coût. L’année de développement que nous venons de consacrer à PeerTube a été financée en partie par le reliquat du financement participatif de juin 2018, mais surtout par les dons réguliers que notre association reçoit pour l’ensemble de ses projets. Pour 2020 et la version 3, il est fort probable que nous prévoyons une nouvelle collecte consacrée à PeerTube.

En attendant, n’hésitez pas à contribuer au succès de PeerTube, à promouvoir les instances et vidéos qui vous plaisent, et à féliciter l’ensemble de la communauté pour la réussite de cette v2 !

 

Rendez-vous sur la page des Carnets de Contributopia pour y découvrir d’autres articles, d’autres actions que nous avons menées grâce à vos dons. Si ce que vous venez de lire vous plaît, pensez à soutenir notre association, qui ne vit que par vos dons. Framasoft étant reconnue d’intérêt général, un don de 100 € d’un contribuable français reviendra, après déduction, à 34 €.

Soutenir Framasoft

Illustration d’entête : CC-By David Revoy




Imago TV, la plateforme gratuite de streaming dédiée à la transition

Il y a quelques mois, une personne nous a demandé dans un commentaire sous un de nos billets de blog de parler d’Imago TV. On s’est dit que c’était une bonne idée que de rendre visible cette plateforme auprès de notre communauté alors on a contacté les deux créateurs Nicolas et Felipe pour qu’ils répondent à nos questions.

Bonjour Nicolas, pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour, je suis Nicolas, l’un des 2 co-créateurs d’Imago TV. Avec Felipe, originaire du Chili et travaillant dans le secteur des énergies renouvelables, nous avons lancé le projet Imago TV début 2018. À l’époque je venais juste de quitter mes activités professionnelles dans le domaine du streaming vidéo et je travaillais avec Felipe sur le web magazine Les Gens Qui Sèment, l’émission des alternatives.

Imago TV, c’est quoi ?
Imago TV est une plateforme dédiée à la diffusion et à la valorisation de vidéos engagées dans la transition. À ce jour, Imago TV propose aux internautes de visionner plus de 2000 contenus très diversifiés (émissions, documentaires, podcasts, courts-métrages) leur permettant d’aborder des sujets aussi variés que l’écologie, les énergies, les ressources, la démocratie, l’économie, ou encore les monnaies. Notre objectif était dès le départ d’offrir une vitrine la plus belle possible (aussi bien d’un point de vue esthétique qu’en termes d’audience) aux contenus audiovisuels engagés dans la transition, que ceux-ci produisent une analyse critique des modèles dominants ou qu’ils mettent en lumière des modèles alternatifs à ces modèles dominants.

Qui peut diffuser des contenus sur Imago TV ?
Sur le principe, n’importe qui peut diffuser des contenus sur Imago TV. Pour le moment, un comité de visionnage valide les contenus qui nous sont suggérés par mail. Mais à terme, nous envisageons que ce travail soit coopératif et réalisé de manière collégiale par l’ensemble des utilisateur⋅ices d’Imago TV. La majorité des contenus nous ont d’ailleurs été suggérés par des utilisateur⋅ices et il s’agissait souvent des créateur⋅ices de ces vidéos.

Quels sont les critères de sélection des contenus sur Imago TV ?
Les contenus validés par le comité de visionnage doivent être :
– conformes à la ligne éditoriale
– conformes à la charte
– cohérents avec l’offre existante

En quoi Imago TV porte les valeurs du libre ?
À plusieurs niveaux. Tout d’abord Imago TV est un projet associatif et bénévole, entièrement développé en open-source. Imago TV est accessible sans abonnement et fonctionne sans publicité, sur un modèle uniquement coopératif. Pour le financement, nous venons tout juste de mettre en place un compte en G1 (June) pour recevoir des dons en monnaies libres.

Sur le plan technique, notre site web n’intègre aucune librairie Google Analytics, Facebook ou Twitter ; ainsi, le tracking est limité au maximum. D’une manière générale, la seule librairie extérieure que nous utilisons est jquery et nous n’utilisons pas de framework. Notre future application pour smartphone sera sous Android et l’apk sera disponible en téléchargement depuis notre site web ainsi que sur f-droid.

Nous faisons également la promotion de productions placées sous licences Creative Commons (comme Data Gueule ou Thinkerview) et des plateformes open-source (comme PeerTube ou Wetube pour l’hébergement et Captain Fact pour le fact checking). Les contenus eux-mêmes traitent des questions d’open-source, d’open-access, d’open data, de neutralité du net ou d’hacktivisme (We are legion ou The Internet’s own boy).

Copie d’écran qui idique la diversité "militante" des films disponibles proposés par la plateforme IMAGO

Enfin, la plateforme a été pensée dans l’esprit d’Aaron Swartz et de ses écrits relatifs à la création de Wikipédia. Sur la plateforme, nous avons d’ailleurs une page dédiée à son Manifeste de la guérilla pour le libre accès.




La Fée diverse déploie ses ailes

Il n’est pas si fréquent que l’équipe Framalang traduise un article depuis la langue italienne, mais la récapitulation bien documentée de Cagizero était une bonne occasion de faire le point sur l’expansion de la Fediverse,un phénomène dont nous nous réjouissons et que nous souhaitons voir gagner plus d’amplitude encore, tant mieux si l’article ci-dessous est très lacunaire dans un an !

Article original : Mastodon, il Fediverso ed il futuro decentrato delle reti sociali

Traduction Framalang : alainmi, Ezelty, goofy, MO

Mastodon, la Fediverse et l’avenir des réseaux décentralisés

par Cagizero

Peu de temps après une première vue d’ensemble de Mastodon il est déjà possible d’ajouter quelques observations nouvelles.

Tout d’abord, il faut noter que plusieurs personnes familières de l’usage des principaux médias sociaux commerciaux (Facebook, Twitter, Instagram…) sont d’abord désorientées par les concepts de « décentralisation » et de « réseau fédéré ».

En effet, l’idée des médias sociaux qui est répandue et bien ancrée dans les esprits est celle d’un lieu unique, indifférencié, monolithique, avec des règles et des mécanismes strictement identiques pour tous. Essentiellement, le fait même de pouvoir concevoir un univers d’instances séparées et indépendantes représente pour beaucoup de gens un changement de paradigme qui n’est pas immédiatement compréhensible.

Dans un article précédent où était décrit le média social Mastodon, le concept d’instance fédérée était comparé à un réseau de clubs ou cercles privés associés entre eux.

Certains aspects exposés dans l’article précédent demandent peut-être quelques éclaircissements supplémentaires pour celles et ceux qui abordent tout juste le concept de réseau fédéré.

1. On ne s’inscrit pas « sur Mastodon », mais on s’inscrit à une instance de Mastodon ! La comparaison avec un club ou un cercle s’avère ici bien pratique : adhérer à un cercle permet d’entrer en contact avec tous ceux et celles qui font partie du même réseau : on ne s’inscrit pas à une plateforme, mais on s’inscrit à l’un des clubs de la plateforme qui, avec les autres clubs, constituent le réseau. La plateforme est un logiciel, c’est une chose qui n’existe que virtuellement, alors qu’une instance qui utilise une telle plateforme en est l’aspect réel, matériel. C’est un serveur qui est physiquement situé quelque part, géré par des gens en chair et en os qui l’administrent. Vous vous inscrivez donc à une instance et ensuite vous entrez en contact avec les autres.

2. Les diverses instances ont la possibilité technique d’entrer en contact les unes avec les autres mais ce n’est pas nécessairement le cas. Supposons par exemple qu’il existe une instance qui regroupe 500 utilisateurs et utilisatrices passionné⋅e⋅s de littérature, et qui s’intitule mastodon.litterature : ces personnes se connaissent précisément parce en tant que membres de la même instance et chacun⋅e reçoit les messages publics de tous les autres membres.
Eh bien, chacun d’entre eux aura probablement aussi d’autres contacts avec des utilisateurs enregistrés sur difFerentes instances (nous avons tous des ami⋅e⋅s qui ne font pas partie de notre « cercle restreint », n’est-ce pas ?). Si chacun des 500 membres de maston.litterature suit par exemple 10 membres d’une autre instance, mastodon.litterature aurait un réseau local de 500 utilisateurs, mais aussi un réseau fédéré de 5000 utilisateurs !
Bien. Supposons que parmi ces 5000 il n’y ait même pas un seul membre de l’instance japonaise japan.nuclear.physics dont le thème est la physique nucléaire : cette autre instance pourrait avoir peut-être 800 membres et avoir un réseau fédéré de plus de 8000 membres, mais si entre les réseaux « littérature » et « physique nucléaire » il n’y avait pas un seul ami en commun, ses membres ne pourraient en théorie jamais se contacter entre eux.
En réalité, d’après la loi des grands nombres, il est assez rare que des instances d’une certaine taille n’entrent jamais en contact les unes avec les autres, mais l’exemple sert à comprendre les mécanismes sur lesquels repose un réseau fédéré (ce qui, en se basant justement sur la loi des grands nombres et les principes des degrés de séparation, confirme au contraire l’hypothèse que plus le réseau est grand, moins les utilisateurs et instances seront isolés sur une seule instance).

3. Chaque instance peut décider volontairement de ne pas entrer en contact avec une autre, sur la base des choix, des règles et politiques internes qui lui sont propres. Ce point est évidemment peu compris des différents commentateurs qui ne parviennent pas à sortir de l’idée du « réseau social monolithique ». S’il y avait sur Mastodon une forte concentration de suprémacistes blancs en deuil de Gab, ou de blogueurs porno en deuil de Tumblr, cela ne signifie pas que ce serait l’ensemble du réseau social appelé Mastodon qui deviendrait un « réseau social pour suprémacistes blancs et porno », mais seulement quelques instances qui n’entreraient probablement jamais en contact avec des instances antifascistes ou ultra-religieuses. Comme il est difficile de faire comprendre un tel concept, il est également difficile de faire comprendre les potentialités d’une structure de ce type. Dans un réseau fédéré, une fois donnée la possibilité technique d’interagir entre instances et utilisateurs, chaque instance et chaque utilisateur peut ensuite choisir de façon indépendante l’utilisation qui en sera faite.

Supposons qu’il existe par exemple :

  • Une instance écologiste, créée, maintenue et soutenue financièrement par un groupe de passionnés qui veulent avoir un lieu où échanger sur la nature et l’écologie, qui pose comme principe qu’on n’y poste ni liens externes ni images pornographiques.
  • Une instance commerciale, créée par une petite entreprise qui dispose d’un bon serveur et d’une bande passante très confortable, et celui ou celle qui s’y inscrit en payant respecte les règles fixées auparavant par l’entreprise elle-même.
  • Une instance sociale, créée par un centre social et dont les utilisateurs sont surtout les personnes qui fréquentent ledit centre et se connaissent aussi personnellement.
  • Une instance vidéoludique, qui était à l’origine une instance interne des employés d’une entreprise de technologie mais qui dans les faits est ouverte à quiconque s’intéresse aux jeux vidéos.

Avec ce scénario à quatre instances, on peut déjà décrire quelques interactions intéressantes : l’instance écologiste pourrait consulter ses utilisateurs et utilisatrices et décider de bannir l’instance commerciale au motif qu’on y diffuse largement une culture contraire à l’écologie, tandis que l’instance sociale pourrait au contraire maintenir le lien avec l’instance commerciale tout en choisissant préventivement de la rendre muette dans son propre fil, laissant le choix personnel à ses membres d’entrer ou non en contact avec les membres de l’instance commerciale. Cependant, l’instance sociale pourrait bannir l’instance de jeu vidéo à cause de la mentalité réactionnaire d’une grande partie de ses membres.

En somme, les contacts « insupportables/inacceptables » sont spontanément limités par les instances sur la base de leurs différentes politiques. Ici, le cadre d’ensemble commence à devenir très complexe, mais il suffit de l’observer depuis une seule instance, la nôtre, pour en comprendre les avantages : les instances qui accueillent des trolls, des agitateurs et des gens avec qui on n’arrive vraiment pas à discuter, nous les avons bannies, alors que celles avec lesquelles on n’avait pas beaucoup d’affinités mais pas non plus de motif de haine, nous les avons rendues muettes. Ainsi, si quelqu’un parmi nous veut les suivre, il n’y a pas de problème, mais ce sera son choix personnel.

4. Chaque utilisateur peut décider de rendre muets d’autres utilisateurs, mais aussi des instances entières. Si vous voulez particulièrement éviter les contenus diffusés par les utilisateurs et utilisatrices d’une certaine instance qui n’est cependant pas bannie par l’instance qui vous accueille (mettons que votre instance ne ferme pas la porte à une instance appelée meme.videogamez.lulz, dont la communauté tolère des comportements excessifs et une ambiance de moquerie  lourde que certains trouvent néanmoins amusante), vous êtes libres de la rendre muette pour vous seulement. En principe, en présence de groupes d’utilisateurs indésirables venant d’une même instance/communauté, il est possible de bloquer plusieurs dizaines ou centaines d’utilisateurs à la fois en bloquant (pour vous) l’instance entière. Si votre instance n’avait pas un accord unanime sur la manière de traiter une autre instance, vous pourriez facilement laisser le choix aux abonnés qui disposent encore de ce puissant outil. Une instance peut également choisir de modérer seulement ses utilisateurs ou de ne rien modérer du tout, laissant chaque utilisateur complètement libre de faire taire ou d’interdire qui il veut sans jamais interférer ou imposer sa propre éthique.

La Fediverse

symbole coloré de la fédération, comme un hexagone dont chaque sommet est relié aux autres, en étoile.
logo de la Fediverse

 

Maintenant que nous nous sommes mieux concentrés sur ces aspects, nous pouvons passer à l’étape suivante. Comme déjà mentionné dans le post précédent, Mastodon fait partie de quelque chose de plus vaste appelé la Fediverse (Fédération + Univers).

En gros, Mastodon est un réseau fédéré qui utilise certains outils de communication (il existe plusieurs protocoles mais les principaux sont ActivityPub, Ostatus et Diaspora*, chacun ayant ses avantages, ses inconvénients, ses partisans et ses détracteurs), utilisés aussi par et d’autres réalités fédérées (réseaux sociaux, plateformes de blogs, etc.) qui les mettent en contact pour former une galaxie unique de réseaux fédérés.

Pour vous donner une idée, c’est comme si Mastodon était un système planétaire qui tourne autour d’une étoile (Mastodon est l’étoile et chaque instance est une planète), cependant ce système planétaire fait partie d’un univers dans lequel existent de nombreux systèmes planétaires tous différents mais qui communiquent les uns avec les autres.

Toutes les planètes d’un système planétaire donné (les instances, comme des « clubs ») tournent autour d’un soleil commun (la plate-forme logicielle). L’utilisateur peut choisir la planète qu’il préfère mais il ne peut pas se poser sur le soleil : on ne s’inscrit pas à la plateforme, mais on s’inscrit à l’un des clubs qui, avec tous les autres, forme le réseau.

Dans cet univers, Mastodon est tout simplement le « système planétaire » le plus grand (celui qui a le plus de succès et qui compte le plus grand nombre d’utilisateurs) mais il n’est pas certain qu’il en sera toujours ainsi : d’autres « systèmes planétaires » se renforcent et grandissent.

[NB : chaque plate-forme évoquée ici utilise ses propres noms pour définir les serveurs indépendants sur lesquels elle est hébergée. Mastodon les appelle instances, Hubzilla les appelle hubs et Diaspora* les appelle pods. Toutefois, par souci de simplicité et de cohérence avec l’article précédent, seul le terme « instance » sera utilisé pour tous dans l’article]

La structure d’ensemble de la Fediverse

Les interactions de Mastodon avec les autres médias

Sur Kumu.io on peut trouver une représentation interactive de la Fediverse telle qu’elle apparaît actuellement. Chaque « nœud » représente un réseau différent (ou « système planétaire »). Ce sont les différentes plateformes qui composent la fédération. Mastodon n’est que l’une d’entre elles, la plus grande, en bas au fond. Sur la capture d’écran qui illustre l’article, Mastodon est en bas.

En sélectionnant Mastodon il est possible de voir avec quels autres médias ou systèmes de la Fediverse il est en mesure d’interagir. Comme on peut le voir, il interagit avec la plupart des autres médias mais pas tout à fait avec tous.

Les interactions de Gnu social avec les autres médias

En sélectionnant un autre réseau social comme GNU Social, on observe qu’il a différentes interactions : il en partage la majeure partie avec Mastodon mais il en a quelques-unes en plus et d’autres en moins.

Cela dépend principalement du type d’outils de communication (protocoles) que chaque média particulier utilise. Un média peut également utiliser plus d’un protocole pour avoir le plus grand nombre d’interactions, mais cela rend évidemment leur gestion plus complexe. C’est, par exemple, la voie choisie par Friendica et GNU Social.

En raison des différents protocoles utilisés, certains médias ne peuvent donc pas interagir avec tous les autres. Le cas le plus important est celui de Diaspora*, qui utilise son propre protocole (appelé lui aussi Diaspora), qui ne peut interagir qu’avec Friendica et Gnu Social mais pas avec des médias qui reposent sur ActivityPub tels que Mastodon.

Au sein de la Fediverse, les choses sont cependant en constante évolution et l’image qui vient d’être montrée pourrait avoir besoin d’être mise à jour prochainement. En ce moment, la plupart des réseaux semblent s’orienter vers l’adoption d’ActivityPub comme outil unique. Ce ne serait pas mal du tout d’avoir un seul protocole de communication qui permette vraiment tout type de connexion !

Mais revenons un instant à l’image des systèmes planétaires. Kumu.io montre les connexions techniquement possibles entre tous les « systèmes planétaires » et, pour ce faire, relie génériquement les différents soleils. Mais comme nous l’avons bien vu, les vraies connexions ont lieu entre les planètes et non entre les soleils ! Une carte des étoiles montrant les connexions réelles devrait montrer pour chaque planète (c’est-à-dire chaque « moustache » des nœuds de Kum.io), des dizaines ou des centaines de lignes de connexion avec autant de planètes/moustaches, à la fois entre instances de sa plateforme et entre instances de différentes plateformes ! La quantité et la complexité des connexions, comme on peut l’imaginer, formeraient un enchevêtrement qui donnerait mal à la tête serait graphiquement illisible. Le simple fait de l’imaginer donne une idée de la quantité et de la complexité des connexions possibles.

Et cela ne s’arrête pas là : chaque planète peut établir ou interrompre ses contacts avec les autres planètes de son système solaire (c’est-à-dire que l’instance Mastodon A peut décider de ne pas avoir de contact avec l’instance Mastodon B), et de la même manière elle peut établir ou interrompre les contacts avec des planètes de différents systèmes solaires (l’instance Mastodon A peut établir ou interrompre des contacts avec l’instance Pleroma B). Pour donner un exemple radical, nous pouvons supposer que nous avons des cousins qui sont des crétins, mais d’authentiques crétins, que nous avons chassés de notre planète (mastodon.terre) et qu’ensuite ils ont construit leur propre instance (mastodon.saturne) dans notre voisinage parce que ben, ils aiment bien notre soleil « Mastodon ». Nous décidons de nous ignorer les uns les autres tout de suite. Ces cousins, cependant, sont tellement crétins que même nos parents et amis proches des planètes voisines (mastodon.jupiter, mastodon.venus, etc.) ignorent les cousins crétins de mastodon.saturne.

Aucune planète du système Mastodon ne les supporte. Les cousins, cependant, ne sont pas entièrement sans relations et, au contraire, ils ont beaucoup de contacts avec les planètes d’autres systèmes solaires. Par exemple, ils sont en contact avec certaines planètes du système planétaire PeeeTube: peertube.10287, peertube.chatons, peertube.anime, mais aussi avec pleroma.pizza du système Pleroma et friendica.jardinage du système Friendica. En fait, les cousins crétins sont d’accord pour vivre sur leur propre petite planète dans le système Mastodon, mais préfèrent avoir des contacts avec des planètes de systèmes différents.

Nous qui sommes sur mastodon.terre, nous ne nous soucions pas moins des planètes qui leur sont complaisantes : ce sont des crétins tout autant que nos cousins et nous les avons bloquées aussi. Sauf un. Sur pleroma.pizza, nous avons quelques ami⋅e⋅s qui sont aussi des ami⋅e⋅s de certains cousins crétins de mastodon.saturne. Mais ce n’est pas un problème. Oh que non ! Nous avons des connexions interstellaires et nous devrions nous inquiéter d’une chose pareille ? Pas du tout ! Le blocage que nous avons activé sur mastodon.saturne est une sorte de barrière énergétique qui fonctionne dans tout le cosmos ! Si nous étions impliqués dans une conversation entre un ami de pleroma.pizza et un cousin de mastodon.saturne, simplement, ce dernier ne verrait pas ce qui sort de notre clavier et nous ne verrions pas ce qui sort du sien. Chacun d’eux saura que l’autre est là, mais aucun d’eux ne pourra jamais lire l’autre. Bien sûr, nous pourrions déduire quelque chose de ce que notre ami commun de pleroma.pizza dira, mais bon, qu’est-ce qu’on peut en espérer ? 😉

Cette image peut donner une idée de la façon dont les instances (planètes) se connectent entre elles. Si l’on considère qu’il existe des milliers d’instances connues de la Fediverse, on peut imaginer la complexité de l’image. Un aspect intéressant est le fait que les connexions entre une instance et une autre ne dépendent pas de la plateforme utilisée. Sur l’image on peut voir l’instance mastodon.mercure : c’est une instance assez isolée par rapport au réseau d’instances Mastodon, dont les seuls contacts sont mastodon.neptune, peertube.chatons et pleroma.pizza. Rien n’empêche mastodon.mercure de prendre connaissance de toutes les autres instances de Mastodon non par des échanges de messages avec mastodon.neptune, mais par des commentaires sur les vidéos de peertube.chatons. En fait, c’est d’autant plus probable que mastodon.neptune n’est en contact qu’avec trois autres instances Mastodon, alors que peertube.chatons est en contact avec toutes les instances Mastodon.

Essayer d’imaginer comment les différentes instances de cette image qui « ne se connaissent pas » peuvent entrer en contact nous permet d’avoir une idée plus précise du niveau de complexité qui peut être atteint. Dans un système assez grand, avec un grand nombre d’utilisateurs et d’instances, isoler une partie de celui-ci ne compromettra en aucune façon la richesse des connexions possibles.
Une fois toutes les connexions possibles créées, il est également possible de réaliser une expérience différente, c’est-à-dire d’imaginer interrompre des connexions jusqu’à la formation de deux ou plusieurs réseaux parfaitement séparés, contenant chacune des instances Mastodon, Pleroma et Peertube.

Et pour ajouter encore un degré de complexité, on peut faire encore une autre expérience, en raisonnant non plus à l’échelle des instances mais à celle des utilisateurs⋅rices individuel⋅le⋅s des instances (faire l’hypothèse de cinq utilisateurs⋅rices par instance pourrait suffire pour recréer les différentes situations). Quelques cas qu’on peut imaginer :

1) Nous sommes sur une instance de Mastodon et l’utilisatrice Anna vient de découvrir par le commentaire d’une vidéo sur Peertube l’existence d’une nouvelle instance de Pleroma, donc maintenant elle connaît son existence mais, choisissant de ne pas la suivre, elle ne fait pas réellement connaître sa découverte aux autres membres de son instance.

2) Sur cette même instance de Mastodon l’utilisateur Ludo bloque la seule instance Pleroma connue. Conséquence : si cette instance Pleroma devait faire connaître d’autres instances Pleroma avec lesquelles elle est en contact, Ludo devrait attendre qu’un autre membre de son instance les fasse connaître, car il s’est empêché lui-même d’être parmi les premiers de son instance à les connaître.

3) En fait, la première utilisatrice de l’instance à entrer en contact avec les autres instances Pleroma sera Marianne. Mais elle ne les connaît pas de l’instance Pleroma (celle que Ludo a bloquée) avec laquelle ils sont déjà en contact, mais par son seul contact sur GNU Social.

Cela semble un peu compliqué mais en réalité ce n’est rien de plus qu’une réplique de mécanismes humains auxquels nous sommes tellement habitué⋅e⋅s que nous les tenons pour acquis. On peut traduire ainsi les différents exemples qui viennent d’être exposés :

1) Notre amie Anna, habituée de notre bar, rencontre dans la rue une personne qui lui dit fréquenter un nouveau bar dans une ville proche. Mais Anna n’échange pas son numéro de téléphone avec le type et elle ne pourra donc pas donner d’informations à ses amis dans son bar sur le nouveau bar de l’autre ville.

2) Dans le bar habituel, Ludo de Nancy évite Laura de Metz. Quand Laura amène ses autres amies Solène et Louise de Metz au bar, elle ne les présente pas à Ludo. Ce n’est que plus tard que les amis du bar, devenus amis avec Solène et Louise, pourront les présenter à Ludo indépendamment de Laura.

3) En réalité Marianne avait déjà rencontré Solène et Louise, non pas grâce à Laura, mais grâce à Stéphane, son seul ami à Villers.

Pour avoir une idée de l’ampleur de la Fediverse, vous pouvez jeter un coup d’œil à plusieurs sites qui tentent d’en fournir une image complète. Outre Kumu.io déjà mentionné, qui essaie de la représenter avec une mise en page graphique élégante qui met en évidence les interactions, il y a aussi Fediverse.network qui essaie de lister chaque instance existante en indiquant pour chacune d’elles les protocoles utilisés et le statut du service, ou Fediverse.party, qui est un véritable portail où choisir la plate-forme à utiliser et à laquelle s’enregistrer. Switching.software, une page qui illustre toutes les alternatives gratuites aux médias sociaux et propriétaires, indique également quelques réseaux fédérés parmi les alternatives à Twitter et Facebook.

Pour être tout à fait complet : au début, on avait tendance à diviser tout ce mégaréseau en trois « univers » superposés : celui de la « Fédération » pour les réseaux reposant sur le protocole Diaspora, La « Fediverse » pour ceux qui utilisent Ostatus et « ActivityPub » pour ceux qui utilisent… ActivityPub. Aujourd’hui, au contraire, ils sont tous considérés comme faisant partie de la Fediverse, même si parfois on l’appelle aussi la Fédération.

Tant de réseaux…

Examinons donc les principales plateformes/réseaux et leurs différences. Petites précisions : certaines de ces plateformes sont pleinement actives alors que d’autres sont à un stade de développement plus ou moins avancé. Dans certains cas, l’interaction entre les différents réseaux n’est donc pas encore pleinement fonctionnelle. De plus, en raison de la nature libre et indépendante des différents réseaux, il est possible que des instances apportent des modifications et des personnalisations « non standard » (un exemple en est la limite de caractères sur Mastodon : elle est de 500 caractères par défaut, mais une instance peut décider de définir la limite qu’elle veut ; un autre exemple est l’utilisation des fonctions de mise en favori ou de partage, qu’une instance peut autoriser et une autre interdire). Dans ce paragraphe, ces personnalisations et différences ne sont pas prises en compte.

Mastodon (semblable à : Twitter)

Copie d’écran, une instance de Mastodon, Framapiaf

Mastodon est une plateforme de microblogage assez semblable à Twitter parce qu’elle repose sur l’échange de messages très courts. C’est le réseau le plus célèbre de la Fediverse. Il est accessible sur smartphone à travers un certain nombre d’applications tant pour Android que pour iOS. Un de ses points forts est le design bien conçu et le fait qu’il a déjà un « parc d’utilisateurs⋅rices » assez conséquent (presque deux millions d’utilisateurs⋅rices dans le monde, dont quelques milliers en France). En version bureau, il se présente comme une série de colonnes personnalisables, qui montrent les différents « fils », sur le modèle de Tweetdeck. Pour le moment, Mastodon est la seule plateforme sociale fédérée accessible par des applications sur Android et iOS.

Pleroma (semblable à : Twitter et DeviantArt)

Copie d’écran, Pleroma

Pleroma est le réseau « sœur » de Mastodon : fondamentalement, c’est la même chose dans deux versions un peu différentes. Pleroma offre quelques fonctionnalités supplémentaires concernant la gestion des images et permet par défaut des messages plus longs. À la différence de Mastodon, Pleroma montre en version bureau une colonne unique avec le fil sélectionné, ce qui le rend beaucoup plus proche de Twitter. Actuellement, de nombreuses instances Pleroma ont un grand nombre d’utilisateurs⋅rices qui s’intéressent à l’illustration et au manga, ce qui, comme ambiance, peut vaguement rappeler l’ambiance de DeviantArt. Les applications pour smartphone de Mastodon peuvent également être utilisées pour accéder à Pleroma.

Misskey (semblable à : un mélange entre Twitter et DeviantArt)

Copie d’écran, Misskey

Misskey est une sorte de Twitter qui tourne principalement autour d’images. Il offre un niveau de personnalisation supérieur à Mastodon et Pleroma, et une plus grande attention aux galeries d’images. C’est une plateforme qui a eu du succès au Japon et parmi les passionnés de manga (et ça se voit !).

Friendica (semblable à : Facebook)

Friendica est un réseau extrêmement intéressant. Il reprend globalement la structure graphique de Facebook (avec les ami⋅e⋅s, les notifications, etc.), mais il permet également d’interagir avec plusieurs réseaux commerciaux qui ne font pas partie de la Fediverse. Il est donc possible de connecter son compte Friendica à Facebook, Twitter, Tumblr, WordPress, ainsi que de générer des flux RSS, etc. Bref, Friendica se présente comme une sorte de nœud pour diffuser du contenu sur tous les réseaux disponibles, qu’ils soient fédérés ou non. En somme, Friendica est le passe-partout de la Fediverse : une instance Friendica au maximum de ses fonctions se connecte à tout et dialogue avec tout le monde.

Osada (semblable à : un mélange entre Twitter et Facebook)

Image animée, réponse à un commentaire sur Osada

Osada est un autre réseau dont la configuration peut faire penser à un compromis entre Twitter et Facebook. De toutes les plateformes qui rappellent Facebook, c’est celle dont le design est le plus soigné.

GNUsocial (semblable à : un mélange entre Twitter et Facebook)

Copie d’écran : GNUsocial avec une interface en suédois.

GNUsocial est un peu le « grand-père » des médias sociaux listés ici, en particulier de Friendica et d’Osada, dont il est le prédécesseur.

Aardwolf (semblable à : Twitter, éventuellement)

 

Copie d’écran : logo et slogan d’Aardwolf

Aardwolf n’est pas encore prêt, mais il est annoncé comme une sorte d’alternative à Twitter. On attend de voir.

 

PeerTube (semblable à : YouTube)

Capture d’écran, une instance de PeerTube, aperi.tube

PeerTube est le réseau fédéré d’hébergement de vidéo vraiment, mais vraiment très semblable à YouTube, Vimeo et d’autres services de ce genre. Avec un catalogue en cours de construction, Peertube apparaît déjà comme un projet très solide.

Pixelfed (semblable à : Instagram)

Copie d’écran, Pixelfed

Pixelfed est essentiellement l’Instagram de la Fédération. Il est en phase de développement mais semble être plutôt avancé. Il lui manque seulement des applications pour smartphone pour être adopté à la place d’Instagram. Pixelfed a le potentiel pour devenir un membre extrêmement important de la Fédération !

NextCloud (semblable à : iCloud, Dropbox, GDrive)

Logo de Owncloud

NextCloud, né du projet plus ancien ownCloud, est un service d’hébergement de fichiers assez semblable à Dropbox. Tout le monde peut faire tourner NextCloud sur son propre serveur. NextCloud offre également des services de partage de contacts (CardDAV) ou de calendriers (CalDAV), de streaming de médias, de marque-page, de sauvegarde, et d’autres encore. Il tourne aussi sur Window et OSX et est accessible sur smartphone à travers des applications officielles. Il fait partie de la Fediverse dans la mesure où il utilise ActivityPub pour communiquer différentes informations à ses utilisateurs, comme des changements dans les fichiers, les activités du calendrier, etc.

Diaspora* (semblable à : Facebook, et aussi un peu Tumblr)

Copie d’écran, un « pod » de Diaspora*, Framasphere

Diaspora* est un peu le « cousin » de la Fediverse. Il fonctionne avec un protocole bien à lui et dialogue avec le reste de la Fediverse principalement via GNU social et Friendica, le réseau passe-partout, même s’il semble qu’il circule l’idée de faire utiliser à Diaspora* (l’application) aussi bien son propre protocole qu’ActivityPub. Il s’agit d’un grand et beau projet, avec une base solide d’utilisateurs⋅rices fidèles. Au premier abord, il peut faire penser à une version extrêmement minimaliste de Facebook, mais son attention aux images et son système intéressant d’organisation des posts par tag permet également de le comparer, d’une certaine façon, à Tumblr.

Funkwhale (semblable à : SoundCloud et Grooveshark)

Copie d’écran, Funkwhale

Funkwhale ressemble à SoundCloud, Grooveshark et d’autre services semblables. Comme une sorte de YouTube pour l’audio, il permet de partager des pistes audio mais au sein d’un réseau fédéré. Avec quelques fonctionnalités en plus, il pourrait devenir un excellent service d’hébergement de podcasts audio.

Plume, Write Freely et Write.as (plateformes de blog)

Copie d’écran, Write freely

Plume, Write Freely et Write.as sont des plateformes de blog assez minimalistes qui font partie de la Fédération. Elles n’ont pas toute la richesse, les fonctions, les thèmes et la personnalisation de WordPress ou de Blogger, mais elles font leur travail avec légèreté.

Hubzilla (semblable à : …TOUT !!)

Page d’accueil de Hubzilla

Hubzilla est un projet très riche et complexe qui permet de gérer aussi bien des médias sociaux que de l’hébergement de fichiers, des calendriers partagés, de l’hébergement web, et le tout de manière décentralisée. En bref, Hubzilla se propose de faire tout à la fois ce que font plusieurs des services listés ici. C’est comme avoir une seule instance qui fait à la fois Friendica, Peertube et NextCloud. Pas mal ! Un projet à surveiller !

GetTogether (semblable à : MeetUp)

Copie d’écran, GetTogether

GetTogether est une plateforme servant à planifier des événements. Semblable à MeetUp, elle sert à mettre en relation des personnes différentes unies par un intérêt commun, et à amener cet intérêt dans le monde réel. Pour le moment, GetTogether ne fait pas encore partie de la Fediverse, mais il est en train de mettre en place ActivityPub et sera donc bientôt des nôtres.

Mobilizon (semblable à : MeetUp)


Mobilizon est une nouvelle plateforme en cours de développement, qui se propose comme une alternative libre à MeetUp et à d’autres logiciels servant à organiser des réunions et des rencontres en tout genre. Dès le départ, le projet naît avec l’intention d’utiliser ActivityPub et de faire partie de la Fediverse, en conformité avec les valeurs de Framasoft, association française née avec l’objectif de diffuser l’usage des logiciels libres et des réseaux décentralisés. Voir la présentation de Mobilizon en italien.

Plugin ActivityPub pour WordPress

Plugin activityPub pour WordPress

On trouve plusieurs plugins pour WordPress qui en font un membre à part entière de la Fédération ! Il existe également des plugins comme Mastodon AutoPost, Mastodon Auto Share, mais aussi Mastodon Embed, Ostatus for WordPress, Pterotype, Nodeinfo et Mastalab comments.

Prismo (semblable à : Pocket, Evernote, Reddit)

Copie d’écran, Prismo

Prismo est une application encore en phase de développement, qui se propose de devenir un sorte de version décentralisée de Reddit, c’est-à-dire un média social centré sur le partage de liens, mais qui pourrait potentiellement évoluer en quelque chose qui ressemble à Pocket ou Evernote. Les fonctions de base sont déjà opérationnelles.

Socialhome

Capture d’écran, Socialhome

Socialhome est un média social qui utilise une interface par « blocs », affichant les messages comme dans un collage de photos de Pinterest. Pour le moment, il communique seulement via le protocole de Diaspora, mais il devrait bientôt mettre en place ActivityPub.

Et ce n’est pas tout !

Les recommandations du W3C pour ActivityPub, page d’accueil

Il existe encore d’autres applications et médias sociaux qui adoptent ou vont adopter ActivityPub, ce qui rendra la Fediverse encore plus structurée. Certains sont assez semblables à ceux déjà évoqués, alors que d’autres sont encore en phase de développement, on ne peut donc pas encore les conseiller pour remplacer des systèmes commerciaux plus connus. Il y a cependant des plateformes déjà prêtes et fonctionnelles qui pourraient entrer dans la Fediverse en adoptant ActivityPub : NextCloud en est un exemple (il était déjà constitué quand il a décidé d’entrer dans la Fediverse) ; le plugin de WordPress est pour sa part un outil qui permet de fédérer une plateforme qui existe déjà ; GetTogether est un autre service qui est en train d’être fédéré. Des plateformes déjà en place (je pense à Gitter, mais c’est juste un exemple parmi tant d’autres) pourraient trouver un avantage à se fédérer et à entrer dans une grande famille élargie. Bref : ça bouge dans la Fediverse et autour d’elle !

… un seul Grand Réseau !

Jusqu’ici, nous avons vu de nombreuses versions alternatives d’outils connus qui peuvent aussi être intéressant pris individuellement, mais qui sont encore meilleurs quand ils collaborent. Voici maintenant le plus beau : le fait qu’ils partagent les mêmes protocoles de communication élimine l’effet « cage dorée » de chaque réseau !

Maintenant qu’on a décrit chaque plateforme, on peut donner quelques exemples concrets :

Je suis sur Mastodon, où apparaît le message d’une personne que je « suis ». Rien d’étrange à cela, si ce n’est que cette personne n’est pas utilisatrice de Mastodon, mais de Peertube ! En effet, il s’agit de la vidéo d’un panorama. Toujours depuis Mastodon, je commente en écrivant « joli » et cette personne verra apparaître mon commentaire sous sa vidéo, sur Peertube.

Je suis sur Osada et je poste une réflexion ouverte un peu longue. Cette réflexion est lue par une de mes amies sur Friendica, qui la partage avec ses followers, dont certains sont sur Friendica, mais d’autres sont sur d’autres plateformes. Par exemple, l’un d’eux est sur Pleroma, il me répond et nous commençons à dialoguer.

Je publie une photo sur Pixelfed qui est vue et commentée par un de mes abonnés sur Mastodon.

En somme, chacun peut garder contact avec ses ami⋅e⋅s/abonné⋅e⋅s depuis son réseau préféré, mêmes si ces personnes en fréquentent d’autres.

Pour établir une comparaison avec les réseaux commerciaux, c’est comme si l’on pouvait recevoir sur Facebook les tweets d’un ami qui est sur Twitter, les images postées par quelqu’un d’autre sur Instagram, les vidéos d’une chaîne YouTube, les pistes audio sur SoundCloud, les nouveaux posts de divers blogs et sites personnels, et commenter et interagir avec chacun d’eux parce que tous ces réseaux collaborent et forment un seul grand réseau !

Chacun de ces réseaux pourra choisir la façon dont il veut gérer ces interactions : par exemple, si je voulais une vie sociale dans un seul sens, je pourrais choisir une instance Pixelfed où les autres utilisateurs⋅rices peuvent me contacter seulement en commentant les photos que je publie, ou bien je pourrais choisir une instance Peertube et publier des vidéos qui ne pourraient pas être commentées mais qui pourraient tourner dans toute la Fediverse, ou choisir une instance Mastodon qui oblige mes interlocuteurs à communiquer avec moi de manière concise.

Certains détails sont encore à définir (par exemple : je pourrais envoyer un message direct depuis Mastodon vers une plateforme qui ne permet pas à ses utilisateurs⋅rices de recevoir des messages directs, sans jamais être averti du fait que le/la destinataire n’aura aucun moyen de savoir que je lui ai envoyé quelque chose). Il s’agit de situations bien compréhensibles à l’intérieur d’un écosystème qui doit s’adapter à des réalités très diverses, mais dans la majorité des cas il s’agit de détails faciles à gérer. Ce qui compte, c’est que les possibilités d’interactions sont potentiellement infinies !

Connectivité totale, exposition dosée

Toute cette connectivité partagée doit être observée en gardant à l’esprit que, même si par simplicité les différents réseaux ont été traités ici comme des réseaux centralisés, ce sont en réalité des réseaux d’instances indépendantes qui interagissent directement avec les instances des autres réseaux : mon instance Mastodon filtrera les instances Peertube qui postent des vidéos racistes mais se connectera à toutes les instances Peertube qui respectent sa politique ; si je suis un certain ami sur Pixelfed je verrai seulement ses posts, sans que personne m’oblige à voir toutes les photos de couchers de soleil et de chatons de ses ami⋅e⋅s sur ce réseau.

La combinaison entre autonomie des instances, grande interopérabilité entre celles-ci et liberté de choix permet une série de combinaisons extrêmement intéressantes dont les réseaux commerciaux ne peuvent même pas rêver : ici, l’utilisateur⋅rice est membre d’un seul grand réseau où chacun⋅e peut choisir :

  • Son outil d’accès préféré (Mastodon, Pleroma, Friendica) ;
  • La communauté dans laquelle il ou elle se sent le plus à l’aise (l’instance) ;
  • La fermeture aux communautés indésirables et l’ouverture aux communautés qui l’intéressent.

Tout cela sans pour autant renoncer à être connecté à des utilisateurs⋅rices qui ont choisi des outils et des communautés différents. Par exemple, je peux choisir une certaine instance Pleroma parce que j’aime son design, la communauté qu’elle accueille, ses règles et la sécurité qu’elle procure mais, à partir de là, suivre et interagir principalement avec des utilisateurs⋅rices d’une instance Pixelfed particulière et en importer les contenus et l’esthétique dans mon instance.

À cela on peut ajouter que des instances individuelles peuvent littéralement être installées et administrées par chaque utilisateur individuel sur ses propres machines, ce qui permet un contrôle total du contenu. Les instances minuscules auto-hébergées « à la maison » et les instances de travail plus robustes, les instances scolaires et les instances collectives, les instances avec des milliers d’utilisateurs et les instances avec un seul utilisateur, les instances à l’échelle d’un quartier ou d’un immeuble, toutes sont unies pour former un réseau complexe et personnalisable, qui vous permet de vous connecter pratiquement à n’importe qui mais aussi de vous éviter la surcharge d’information.

C’est une sorte de retour aux origines d’Internet, mais un retour à un âge de maturité, celui du Web 2.0, qui a tiré les leçons de l’expérience : être passé par la centralisation de la communication entre les mains de quelques grands acteurs internationaux a renforcé la conviction que la structure décentralisée est la plus humaine et la plus enrichissante.

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