Quand l’éducation suisse quitte sa neutralité en faveur du logiciel libre

Fedewild - CC by-saTransition vers les standards ouverts et les logiciels libres, tel est le titre d’une récente directive du Département de l’instruction publique (DIP) du Canton de Genève[1], dans le cadre de son orientation stratégique en matière de logiciels informatiques (24 juin 2008).

Après un bref rappel de la définition d’un logiciel libre (selon la Free Software Foundation) et d’un standard ouvert (selon la Commission européenne), voici quelques extraits de ce que l’on peut y lire :

« Les logiciels dits libres ont atteint aujourd’hui un niveau de maturité technique qui en fait une alternative fiable, stable, adaptable et pérenne aux logiciels dits propriétaires »

Il a donc été décidé d’opérer une large migration au motif que :

« L’information gérée par l’État est une ressource stratégique dont l’accessibilité par l’administration et les citoyens, la pérennité et la sécurité ne peuvent être garanties que par l’utilisation de standards ouverts et de logiciels dont le code source est public.
Par ailleurs, même s’ils ne sont pas forcément gratuits, les logiciels libres permettent de réaliser des économies substantielles sur l’acquisition des licences. »

Par ailleurs :

« L’utilisation d’outils et de standards libres permet de garantir la sauvegarde et le partage des documents produits par les enseignant-e-s. La possibilité de fournir aux élèves pour leur usage externe à l’école les logiciels utilisés pour l’apprentissage représente un atout pédagogique et social d’importance.
Une large communauté éducative mondiale s’est développée autour des licences libres, produisant des ressources librement partagées adaptées aux besoins spécifiques de l’enseignement.
L’apprentissage est favorisé par des outils dont on peut étudier le fonctionnement. »

Ce qui donne, entre autres, les modalités d’applications suivantes :

« Lors des choix de solutions informatiques pédagogiques, les produits sous licence libre et les standards ouverts sont choisis par défaut.
Les migrations importantes qui sont prévues seront annoncées suffisamment à l’avance pour permettre l’accompagnement nécessaire au changement.
Tout choix de solutions propriétaires devra être dûment justifié par les demandeurs, en expliquant de façon détaillée les usages qui rendent indispensable l’acquisition d’un produit ou l’utilisation d’un standard non libre. »

Conclusions similaires à celles du fameux rapport Becta.

On notera également la présence d’une autre directive du DIP sur la Diffusion interne de documents dont voici quelques unes des préconisations :

Tout document qui ne demande pas une modification par le destinataire doit être diffusé en format PDF (Portable Document Format).
Pour les documents qui doivent être modifiés par le(s) destinataire(s), le format ouvert OpenDocument doit être privilégié. Ce format constitue en effet la garantie que le document pourra être relu en tout temps indépendamment du logiciel utilisé.

Cet engagement vers le Libre du DIP est fort bien raconté par Marco Gregori dans un article de la gazette interne du mois dernier (Les Clefs de l’École) intitulé Logiciels libres et pédagogie sans frontières. Il a de plus l’excellente idée d’insister sur un argument de poids que de trop nombreux enseignants ne peuvent ou ne veulent encore entendre : l’enjeu du logiciel libre à l’école est bien moins technique (ou financier) que pédagogique.

« Aux yeux du grand public, un logiciel libre se définit avant tout par sa gratuité. Pour le monde de la pédagogie, il est bien plus que ça: à la fois outil de transmission de la connaissance – notamment, il est vrai, par ses coûts réduits – et symbole même du savoir à partager sans barrières. »

Puis plus loin :

« Il y a quelques mois, le Service Ecoles-Médias du DIP publiait un texte dans lequel il soulignait la grande convergence entre l’éthique sur laquelle se fonde le mouvement libre et le système éducatif public: Dans sa volonté de rendre accessibles à tous les outils et les contenus, le « libre » poursuit un objectif de démocratisation du savoir et des compétences, de partage des connaissances et de coopération dans leur mise en œuvre, d’autonomie et de responsabilité face aux technologies, du développement du sens critique et de l’indépendance envers les pouvoirs de l’information et de la communication.
Démocratisation du savoir, autonomie, sens critique, autant de principes qui figurent dans la loi genevoise… sur l’instruction publique. Exagérée, la comparaison ? Pas vraiment si l’on considère les quatre critères majeurs d’un logiciel libre: il doit pouvoir être diffusé, utilisé, étudié et amélioré librement. »

Et l’article de s’achever sur un passage en revue des implications pédagogiques de ces quatre libertés que je vous invite vivement à lire et faire lire.

Bon, je ne voudrais pas donner l’impression de me répéter mais avec l’Angleterre ou encore l’Espagne, ça commence à faire pas mal de voisins qui, frappés du bon sens, s’interrogent et agissent officiellement en faveur du logiciel libre et des standards ouverts à l’école.

Anne, ma sœur Anne[2], vois-tu la même volonté venir du côté de la Rue du Genelle ? Ce serait d’autant plus simple que… y’a qu’à copier nos amis suisses et britanniques 😉

Liens annexes et connexes

Notes

[1] Edit : Le titre de mon billet est non seulement un peu facile mais surtout un peu maladroit puisqu’il laisse à penser qu’il s’agit de la Suisse dans sa globalité alors que seul le Canton de Genève est concerné ici (merci merinos d’avoir pointé cela et mea culpa).

[2] Crédit photo : Fedewild (Creative Commons By-Sa)




Première mention du logiciel libre dans les programmes officiels de l’Éducation Nationale

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Dans la série « la route est longue mais la voie est libre », voici une nouvelle, parue cet été, qui n’a semble-t-il eu aucun écho sur la Toile (ou alors c’est que j’ai mal cherché).

« Dans le cadre du cours de technologie, l’utilisation des logiciels d’application (traitement de textes, tableur, messagerie, navigateur…) sont notamment utilisés dans le contexte des travaux conduits en équipe (recherches, comptes rendus, synthèses périodiques, déroulement du projet…). On pourra présenter les solutions alternatives (logiciel libre, logiciel propriétaire) »

C’est en effet ainsi que pour la première fois (du moins à ma connaissance) il est fait mention explicite du « logiciel libre » dans un programme officiel d’enseignement (pour les non initiés ce programme constitue en quelques sorte « le cahier des charges » du prof dans sa matière).

On pourra toujours faire la fine bouche :

  • Il n’est cité qu’une seule fois
  • Et il ne s’agit que d’une discipline : la Technologie (dont on sabre par ailleurs la place faite à l’informatique en tant que telle)
  • Et pour un seul niveau : la Sixième
  • Et uniquement dans la colonne commentaires du programme
  • Et entre parenthèses
  • Et ce n’est qu’une invitation (« on pourra… »)
  • Et puis ce n’est pas si clair que ça de son libellé (des alternatives à quoi exactement ?)

Il n’empêche que c’est tout de même un premier pas qui devrait selon moi en appeler d’autres (plus assumés et moins discrets) dans un avenir proche.

Vous trouverez cette mention en page 15 du programme de Technologie au collège (Bulletin officiel spécial n° 6 du 28 août 2008).

On notera par ailleurs dans ce même programme décidément bien audacieux une autre grande première en la présence page 19 du mot « copyleft » dans l’expression « Propriété intellectuelle. Copyright et copyleft. » directement dans le champ Connaissances cette fois-ci (pour le niveau Cinquième).

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Si un prof de techno passe dans les parages qu’il n’hésite surtout pas à nous livrer son petit témoignage 😉

PS : Merci à Charlie Nestel (APRIL) de m’avoir fait remarquer cela.




Longue vie au bébé de Gwen Stefani

Dennis Stefani - CC by-nc-ndAyant constaté que ce blog avait du mal à attirer de jeunes lecteurs, j’ai décidé d’ouvrir une section people en commençant ici par Gwen Stefani chanteuse semble-t-il assez populaire chez certains d’entre eux.

Plus sérieusement il s’agit juste de souligner la démarche originale de ne pas réserver pour un pont d’or la première photographie publique de son nouvel enfant né l’été dernier et prénommé Zuma Nesta Rock Rossdale (sic !) à un magazine (comme c’est devenu la lucrative coutume) mais de l’offrir à tout le monde via son site internet et une licence Creative Commons (ici la By-Nc-Nd). J’ajoute que si j’en juge par le nom de l’auteur de l’image, Dennis Stefani, on reste en famille et un peu d’intimité dans ce monde de voyeurs ne peut pas faire de mal.




À imprimer en salle des profs et plus si affinité et volonté

Les logiciels libres, un enjeu pour l'éducation - Raphaël Neuville (N'autre École)

Raphaël Neuville, enseignant documentaliste, vient de publier dans la revue trimestrielle de la CNT éducation N’Autre École, un article intitulé « Les logiciels libres, un enjeu pour l’éducation » (sous licence GNU FDL et disponible en pdf ci-dessous).

Nous en faisons l’expérience tous les jours, il n’est jamais facile d’expliquer synthétiquement le logiciel libre à un public non averti. Sur quatre pages claires et bien présentées, la défi est tant est si bien relevé que nous suggérons aux collègues de l’imprimer pour l’afficher en salle des profs, de préférence le plus près possible de la machine à café.

Le papier contient de plus une initiative originale, celle de proposer un modèle de « motion » (à adapter comme bon vous semble) qui, votée en conseil d’administration serait un geste fort non seulement auprès de l’ensemble du personnel de l’établissement scolaire mais également auprès de l’administration et des collectivités locales prescriptrices de logiciels et de matériels informatiques.

La voici recopiée ci-dessous.

Les logiciels libres, un enjeu pour l'éducation - Raphaël Neuville (N'autre École)

Exemple de motion pour établissement scolaire

L’éducation aux TICE (technologies de l’information et de la communication pour l’éducation) constitue aujourd’hui une mission à part entière des établissements scolaires.

Afin de mettre cet enseignement en conformité avec l’esprit de service public qui prévaut dans l’Éducation nationale, nous souhaitons inscrire le collège X dans une logique d’utilisation, de promotion et de développement des logiciels libres en application de l’accord cadre conclu entre le ministère de l’Éducation nationale et l’AFUL.

Un logiciel libre est « un logiciel dont la licence dite libre donne à chacun le droit d’utiliser, d’étudier, de modifier, d’améliorer, de dupliquer, et de donner ledit logiciel ».

Pourquoi utiliser en priorité ces logiciels libres ?

  • tout d’abord parce que leur diversité et leur qualité permet aujourd’hui de répondre à tous les besoins d’un établissement scolaire (navigateur internet, suite bureautique, traitement et retouche d’image, dessin, PAO…) ;
  • développés selon les principes de la coopération et de la recherche libre, dans une logique non-marchande, ils répondent aux exigences de neutralité commerciale du service public d’éducation telles que définies par le Code de l’Éducation (article L. 511-2) et la circulaire sur le Code de bonne conduite des interventions des entreprises en milieu scolaire ;
  • conçus pour fonctionner avec le maximum de matériel, peu gourmands en ressources, ils sont une réponse aux difficultés de financement du parc informatique dans les écoles et peuvent prolonger la durée de vie des matériels utilisés ;
  • régulièrement mis à jour et perfectionnés, ces logiciels restent performants et en phase avec les dernières évolutions technologiques ;
  • fonctionnant selon des standards « ouverts », ils sont compatibles avec toutes les autres plate-formes, y compris propriétaires ;
  • accessibles à tous gratuitement, ils rendent possible une égalité d’accès aux technologies de l’information et de la communication, permettant aux élèves de retrouver chez eux un environnement utilisé en classe et contribuant ainsi à lutter contre la fracture numérique.

En conséquence, nous déclarons tout mettre en œuvre pour faire de l’utilisation et du développement des logiciels libres une priorité du collège.




Randy Pausch et nos rêves d’enfance…

De Randy Pausch Wikipédia nous dit :

Randy Pausch (né le 23 octobre 1960, mort le 25 juillet 2008) est un professeur d’informatique américain, spécialiste de l’interface homme-machine et des mondes virtuels qui a enseigné à la Carnegie Mellon University de Pittsburgh, en Pennsylvanie. Également auteur de plusieurs livres, il s’est fait mondialement connaître pour sa « dernière conférence » (the last lecture) donnée le 18 septembre 2007 à Carnegie Mellon.

En août 2006, Randy Pausch apprend qu’il est atteint d’un cancer du pancréas. Malgré des traitements particulièrement agressifs dont une chimiothérapie expérimentale, le stade terminal de la maladie est diagnostiqué en août 2007. Il entame alors des soins palliatifs destinés à le maintenir en vie le plus longtemps possible. Un mois plus tard, il se présente devant 400 étudiants et collègues dans un amphithéâtre de Carnegie Mellon pour donner une conférence intitulée « Vraiment réaliser vos rêves d’enfance ».

L’intervention de Randy Pausch s’inscrit dans le cadre d’un cycle qui invite des universitaires de haut niveau à venir partager leur savoir, leur expérience et leur sagesse comme si c’était la dernière fois qu’ils avaient l’occasion de le faire…

J’ai découvert Randy Pausch… aujourd’hui, suite à un billet (le 1700ème) de mon ami Thierry Stoehr qui, comme à son habitude, agrémente son propos avec de nombreux liens et références. Il suggère au passage de trouver des traducteurs pour sous-titrer en français cette exceptionnelle « dernière conférence ».

Il se trouve qu’un tel travail a déjà été fait (merci à Thomas Roux). Ce témoignage est effectivement d’une grande force et je tenais à mon tour à vous le faire partager.

Cliquer sur le petit rectangle noir pour avoir les sous-titres.




Quand le Becta aide Microsoft à devenir un meilleur élève

Riot Jane - CC byQuand on se donne les moyens d’avoir une politique publique sérieuse, cohérente et indépendante en matière de technologies de l’information et de la communication pour l’éducation (TICE) alors on obtient des résultats.

La preuve par l’exemple en Angleterre avec le très crédible interlocuteur Becta (organe principal de conseil et stratégie TICE du gouvernement britannique) qui vient d’obtenir quelques avancées significatives de la part de Microsoft en particulier du côté de l’interopérabilité et des licences spécifiques à l’éducation.

Ces problèmes d’interopérabilité et de licences des logiciels Microsoft sont une évidence en milieu scolaire. Encore fallait-il le dire. Ce qui fut fait et bien fait l’année dernière par le Becta d’abord en déposant plainte auprès de conseil de la concurrence locale et ensuite en publiant son fameux rapport Microsoft Vista and Office 2007, actions qui ont justement poussé Microsoft à venir s’assoir aujourd’hui autour de la table.

Précisons que ce fameux rapport a été récemment traduit par nos soins mais le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas eu l’écho qu’il méritait chez nous. D’abord parce que Framasoft n’a clairement pas les épaules assez larges pour monter seul au créneau. Mais ensuite parce qu’en l’absence d’un Becta, ce n’est malheureusement pas l’école qui pousse Microsoft à s’adapter à ses besoins mais bien Microsoft qui continue à contraindre l’école française à s’adapter à ses produits et ses logiques économiques.

Précisons également que nous n’en sommes qu’au stade des déclarations d’intention et qu’en attendant les changements effectivement promis par Microsoft, le Becta préconise d’en rester aux édifiantes conclusions de son rapport, à savoir tout simplement de ne pas passer à Windows Vista et Microsoft Office 2007 en l’état actuel des choses.

Précisons enfin qu’il sera être d’autant plus facile de ne pas passer à MS Office 2007 que la suite bureautique libre OpenOffice.org est sur le point de sortir sa fort attendue version 3.

Vous trouverez ci-dessous une traduction du communiqué que le Becta a mis en ligne pour l’occasion[1].

Becta se réjouit de l’avancée importante des discussions avec Microsoft

Becta welcomes substantial progress in discussions with Microsoft

Communiqué du Becta – 16 septembre 2008 – becta.org
(Traduction Framalang : Yostral et Don Rico)

Becta s’est aujourd’hui réjoui de l’avancée importante des discussions avec Microsoft au sujet de la plainte de Becta auprès de Office of Fair Trading (OFT) (NdT : équivalent du Conseil de la concurrence) concernant l’interopérabilité et les accords d’exploitation de ses licences en milieu scolaire.

Becta travaille de concert avec Microsoft pour trouver des solutions aux différents problèmes concernant l’interopérabilité au sein de son produit Office 2007. Becta estime qu’une interopérabilité efficace est une composante importante de l’infrastructure technologique nécessaire à l’amélioration de l’éducation, qu’elle facilite les liens entre l’école et la maison, et répond au problème de la fracture numérique.

Microsoft a annoncé récemment son intention de fournir un support natif au format OpenDocument (ODF) dans Office 2007. Écoles et universités seront ainsi plus libres d’utiliser une gamme élargie de logiciels. Becta travaillera en collaboration avec Microsoft afin d’évaluer les améliorations apportées, et, en tant qu’acteur de ces recherches, fournira au secteur de l’éducation des conseils toujours d’actualité quant à leur développement.

Microsoft revoit également ses accords d’exploitation scolaire à la lumière de la nouvelle Stratégie d’Exploitation Technologique que Becta a publié récemment. Microsoft introduira un nouveau programme de licence pour les écoles, initialement comme pilote pour tous les établissements scolaires, dans à peu près six mois, parallèlement aux accords d’exploitation actuels. Becta continuera sa collaboration avec Microsoft pour garantir les bénéfices du nouveau programme et assurer sa mise en application effective.

Becta estime que l’engagement clair de Microsoft pour une réelle interopérabilité et l’introduction d’un programme pilote de licence est une excellente nouvelle pour les établissements scolaires.

Michel Van der Bel, vice président du département Secteur Public International de Microsoft, a déclaré :

« Nous comprenons que le problème de l’interopérabilité était un des facteurs clés à la base de la plainte déposée par Becta en octobre 2007 auprès de l’OFT. Il me tarde de poursuivre notre collaboration avec Becta pour garantir qu’avec la mise en place du support natif d’ODF dans Microsoft Office 2007 nous répondons aux exigences du secteur de l’éducation.

Nous revoyons nos accords d’exploitation scolaire à la lumière des développements dans la politique de l’éducation et des problèmes qu’a soulevé Becta. Nous présenterons de nouveaux accords d’exploitation conçus pour apporter la flexibilité exigée par la nouvelle Stratégie d’Exploitation Technologique. »

Stephen Crowne, Directeur Général de Becta, a commenté :

« Je salue l’annonce récente de Microsoft concernant le support natif de l’ODF dans Office 2007, et me réjouis des échanges très positifs que nous avons eu avec eux au sujet de leur engagement quant à sa mise en œuvre effective. Écoles et universités seront ainsi plus libres d’utiliser une gamme élargie de logiciels. Nous continuerons à travailler de concert avec Microsoft et le reste de l’industrie afin de maximiser les bénéfices de l’ICT (NdT : TIC) pour nos institutions scolaires.

Je me réjouis également de l’intention qu’a Microsoft d’introduire de nouveaux accords d’exploitation conçus pour donner plus de choix et de flexibilité aux établissements scolaires afin de répondre aux besoins de leurs élèves.

Ce sont des avancées très positives, qui répondent à nos préoccupations concernant les accords actuels.

La politique que Microsoft est en train d’adopter va dans le sens des grands objectifs que nous nous sommes fixés au travers de la nouvelle Stratégie d’Exploitation Technologique. »

La nouvelle direction prise par Microsoft concernant les licences : pourquoi est-ce important ?

Le Royaume-Uni va introduire un nouveau système de licences mis en place par Microsoft, qui abroge l’obligation pour les établissements scolaires ayant signé des accords de souscription de payer Microsoft afin d’acquérir des licences pour des systèmes utilisant des technologies concurrentes. Pour la première fois, les établissements ayant souscrit des accords de souscription de licence Microsoft pourront donc décider pour quelle part de leur parc informatique ils veulent acquérir des licences.

Quels bénéfices les établissements vont-ils en tirer ?

Les écoles ayant choisi le programme de licences pilote pourront décider de ne plus payer de frais de licences Microsoft pour leurs Macs ou leurs ordinateurs sous Linux sur lesquels ne tourne aucun logiciel Microsoft. Les ordinateurs fonctionnant avec des produits Open Source, tel que OpenOffice.org, ne seront également plus soumis aux frais de licences Microsoft. Point important, ces écoles pourront aussi refuser de payer une licence pour des produits tels que Vista sur des machines incapables de les faire fonctionner. Les établissements auront également désormais la possibilité d’acquérir des licences en fonction du nombre d’utilisateurs plutôt que sur le nombre de PC, ou bien une combinaison des deux.

Pourquoi un programme pilote ?

Le but de ce programme pilote est de mettre en place des dispositions qui donneront davantage de choix et de souplesse aux établissements scolaires pour répondre aux besoins de leurs étudiants. Le programme pilote donnera à Becta la possibilité de voir dans quelle mesure ces nouvelles dispositions apportent des solutions concrètes aux préoccupations que nous avons préalablement identifiées.

Quelles sont les répercussions pour les établissements, et que doivent-ils faire à présent ?

Dans l’immédiat, en attendant les modifications des accords d’exploitation de licences de Microsoft et la sortie de la nouvelle version d’Office 2007, nous conseillons aux établissements scolaires de s’assurer qu’ils possèdent les licences requises et renouvèlent leurs accords lorsque nécessaire. Ils devraient ensuite attendre les recommandations détaillées que leur fournira Becta lorsque le programme pilote de convention de Microsoft sera mis en place et que la sortie du Service Pack 2 d’Office 2007 sera imminente. Ces recommandations devraient être disponibles à la fin 2008.

Suite à ces changements d’accords de licence, les établissements paieront-ils moins cher leurs logiciels ?

Si Becta a pointé du doigt des problèmes liés aux licences, ce n’était pas dans le but d’obtenir une réduction des coûts, mais pour que les établissements ayant signé un accord de souscription puissent choisir pour quelle part de leur parc informatique ils souhaitent acquérir des licences. Cette démarche gagnant en souplesse grâce au programme pilote, les établissements devraient pouvoir optimiser le rapport entre services obtenus et budget investi. Les remises sur les achats en gros que Microsoft applique aux produits destinés au marché des établissements du Royaume-Uni sont régies par un Memorandum of Understanding (MoU) (NdT : Protocole d’accord) que Becta négocie à part.

Comment les établissements ayant signé des accords de souscription peuvent-ils réduire leurs frais ?

L’accord de souscription de Microsoft en vigueur à l’heure actuelle (Convention pour l’Education) n’est ni plus ni moins qu’une convention « tout ou rien », aussi les établissements se retrouvent-ils souvent à payer des produits Microsoft dont ils n’ont pas l’utilité. Grâce à la nouvelle convention, les établissements seront libres de choisir les systèmes sur lesquels tourneront des produits Microsoft, les produits pour lesquels ils souhaiteront acquérir une licence, et pourront ainsi éventuellement réduire leurs coûts.

Pourquoi « éventuellement » réduire leurs coûts – en toute logique, si j’achète moins, cela me coûte moins ?

Pas forcément. Dans sa convention pilote, Microsoft stipule que les tarifs pour une acquisition de licences à l’unité destinées à une partie du parc informatique d’un établissement seraient plus élevés d’environ 10% que ceux appliqués en cas d’acquisition de licences pour la totalité du parc. Si vous parvenez à moduler vos besoins en licences Microsoft de façon à les réduire de plus de 10%, vous économiserez de l’argent. Au-delà de ce pourcentage, plus vous les réduirez, plus vous économiserez chaque année.

Cette nouvelle licence de souscription « flexible » est-elle approuvée par Becta ?

Non. Becta n’approuve aucun produit vendu sous licence logicielle par un fournisseur. De notre point de vue cependant, ces nouveaux accords constituent une avancée positive en comparaison des modalités d’acquisition de licences ayant motivé la plainte que nous avons déposée en octobre 2007 auprès de l’Office of Fair Trading (OFT). L’OFT, en tant qu’autorité chargée de la réglementation de la concurrence, a été averti des modifications proposées, et livrera ses propres conclusions concernant ces questions. Pour l’heure, l’OFT n’a pris aucune décision concernant la plainte déposée par Becta.

Becta fournit-elle assistance et conseil aux établissements ne souhaitant pas utiliser de logiciels Microsoft ou refusant de « faire un mix des deux » ?

Oui, Becta indique la marche à suivre aux établissements, qui peuvent obtenir une large gamme de logiciels grâce à notre Software Licensing Framework (NdT. : Accord-cadre pour les licences logicielles). Un nouvel accord-cadre prévu spécialement pour l’éducation, établi en collaboration avec OGCbuying.solutions, remplacera notre accord-cadre actuel en octobre 2008. Nous fournissons aussi des conseils basés sur des recherches publiées au sujet des logiciels Open Source à l’école. Il est prévu que nous développions ce rôle de conseil, dans le cadre de notre participation au Schools Open Source Project (NdT : Projet pour les logiciels Open Source à l’école), qui vise à soutenir la communauté d’établissements utilisant ou envisageant d’utiliser des logiciels Open Source.

Au regard de ces changements, Becta déconseille-t-elle toujours aux établissements de passer à Vista et Office 2007 ?

Dans un rapport publié en janvier 2008, nous déconseillions le passage à Vista et Office 2007. Une des raison majeures à cela était l’absence de support natif du format de fichiers ODF dans Office 2007. Lorsque que le support natif de l’ODF sera disponible dans la suite bureautique de Microsoft, nous mettrons à jour nos recommandations concernant l’interopérabilité. En attendant, nos recommandations à ce sujet demeurent inchangées.

Avez-vous retiré votre plainte déposée auprès de l’OFT concernant les termes et les conditions d’acquisition de licences de la Convention pour l’éducation ?

Ces nouveaux accords sont à nos yeux une avancée très positive, et nous en avons fait part à l’OFT. Nous n’avons néanmoins pas retiré notre plainte. Nous estimons que sur le long terme, les intérêts des établissements scolaires et du marché des technologies de l’information et de la communication au sens large seront mieux servis par une régulation de l’OFT concernant les problèmes de licences importants que nous lui avons soumis. L’OFT nous a confirmé que l’étude de la plainte déposée par Becta en octobre 2007 était toujours en cours.

Qu’en est-il du traitement de la plainte par la Commission européenne ?

Suite à la plainte déposée par Becta auprès de l’OFT au sujet de l’interopérabilité, la Commission européenne (CE) a annoncé son intention de se pencher davantage sue les problèmes d’interopérabilité des produits Microsoft. Pour l’heure, l’OFT a reporté son examen des éléments de notre plainte relatifs à l’interopérabilité, et Becta a fourni ses éléments à charge à la CE, afin que celle-ci intègre au dosseir les problèmes d’interopérabilité que nous avons dénoncé. Nous avons informé la CE des récentes annonces de Microsoft concernant leur intention de remédier à ces problèmes d’interopérabilité avec les documents ODF dans MS Office 2007, mais c’est à la CE de décider de la marche à suivre.

Dans quelle mesure cette annonce affecte la Convention d’accord signée avec Microsoft en avril et qui doit courir jusqu’en décembre 2010 ?

Le Protocole d’accord concerne les remises sur les prix en gros pour les établissements scolaires et ne sera soumis à aucune modification.

La nouvelle convention porte exclusivement sur les établissements scolaires. Certains de ces changements auront-ils des répercussions sur les universités et d’autres institutions de l’enseignement supérieur ?

Les universités et les autres institutions d’enseignement supérieur bénéficient d’un accord de souscription de licences de Microsoft à part (portant le nom de « Convention Campus »), basé sur le nombre d’enseignants travaillant à temps plein dans l’institution. Microsoft continuera à proposer cette convention à cette catégorie d’utilisateurs. Concernant l’interopérabilité, universités et institutions d’enseignement supérieur devraient elles aussi bénéficier de l’amélioration de l’interopérabilité pour les documents que Microsoft s’est engagé à fournir dans Office 2007.

Notes

[1] Crédit photo : Riot Jane (Creative Commons By)




Quand Stanford alimente à son tour les Open Educational Ressources

La célèbre université de Stanford emboîte le pas d’autres vénérables institutions éducatives telle le MIT et propose elle aussi désormais des Open Educational Ressources avec le lancement d’un site dédié : Stanford Engineering Everywhere dont nous avons traduit ci-dessous la page d’accueil (merci Olivier).

Pour le moment une dizaine de cours sont disponibles en informatique, intelligence artificielle et robotique.

Tout comme le programme MIT OpenCourseWare, les ressources proposées sont sous licence Creative Commons BY-NC-SA (signifiant par là-même que tout un chacun est libre de les utiliser, les diffuser, les distribuer et, point important quand il s’agit d’éducation, de les modifier et les adapter à ses propres besoins, tant qu’aucune exploitation commerciale n’est en jeu).

En France on est apparemment encore très frileux sur le sujet (à comparer avec l’Espagne par exemple) mais gageons que nous saurons rapidement rattraper notre retard (du moins l’espère-je).

Je me souviens des conditions plus que difficiles des étudiants de l’université de Bangui (Centrafrique) lorsque je faisais ma coopération là-bas. C’était certes il y a longtemps (aux premiers temps d’internet pour être plus précis) et la situation à dû certainement évoluer favorablement depuis mais quelle chance tout de même que de parfaire désormais sa formation avec ces supports de cours toujours plus nombreux mis à disposition par les plus prestigieuses universités d’Amérique ou d’ailleurs.

Copie d'écran - Stanford - Engineering Everywhere

Stanford Engineering Everywhere

Stanford Engineering Everywhere

Pour la première fois de son histoire, l’université de Stanford (Californie) met gratuitement à disposition des étudiants et enseignants du monde entier ses cours d’ingénierie les plus populaires. Le programme Stanford Engineering Everywhere (SEE) ouvre l’expérience de Stanford en ligne aux étudiants et professeurs. Tout ce dont vous avez besoin est un ordinateur et une connexion Internet. Vous avez accès aux vidéos des cours, aux polycopiés, vous pouvez passer les quizz et les tests et communiquer avec d’autres étudiants SEE comme vous le souhaitez.

Cet automne, SEE inaugure son programme en vous offrant l’un des enseignements les plus populaires à Stanford : son cours en trois parties d’introduction à l’informatique, auquel assiste la majorité des élèves préparant un diplôme à Stanford, en plus de sept autres cours plus spécialisés sur l’intelligence artificielle et l’ingénierie électrique.

Stanford Engineering Everywhere vous propose :

  • Des vidéos de cours entiers disponibles en streaming ou en téléchargement où vous voulez, quand vous voulez
  • Tous les supports de cours, ce qui comprend les programmes, les polycopiés, les devoirs ainsi que les examens
  • La possibilité de se connecter avec d’autres étudiants SEE
  • Le support des PC, Mac et des appareils communiquants

Stanford encourage tous les professeurs à faire usage des outils pédagogiques mis à disposition pour leurs propres cours. Une licence Creative Commons permet l’usage libre et ouvert, la réutilisation, l’adaptation et la distribution des ressource présentes sur Stanford Engineering Everywhere.




Quand Curiosphere.tv adopte une attitude plus responsable (ou presque)

Suite à mon billet d’hier Curiosphere.tv et Microsoft : merci le service public ! Curiosphere.tv a sensiblement modifié sa fameuse page d’accueil dédiée au B2i. Il est fort possible que ce billet, relayé par LinuxFr et par certains lecteurs qui ont directement écrit à Curiosphère (merci pour eux), ait influé sur ces récents et pertinents changements.

Avant :

« Pour accompagner l’initiation de vos élèves ou de vos enfants au B2I, Curiosphere.tv, en partenariat avec Microsoft, met à votre disposition un ensemble de tutoriels vidéo réalisés par des enseignants. Reprenant des exemples concrets dans différentes disciplines, ces tutoriels vidéo décryptent dans le cadre des compétences B2I, un grand nombre de fonctionnalités et de modules de Word, Excel, Publisher, Power Point, Outlook ou encore Internet Explorer (…) Enfin, de nouvelles vidéos viendront enrichir, tout au long de l’été, l’ensemble des tutoriels existants. Bonne navigation ! »

Copie d'écran - Curiosphère TV

Après :

« Pour se former au B2i, ce site met à votre disposition un ensemble d’exercices en vidéo (…) Vos productions vidéo nous intéressent ! Pour compléter cette sélection gracieusement initiée par notre partenaire, nous vous invitons à nous contacter à l’adresse suivante : education AT france5.fr »

Copie d'écran - Curiosphère TV

On notera par ailleurs que l’image de la suite Microsoft Office a disparu et qu’il n’est plus question de « préparez vos élèves au B2i » mais plus modestement d’un simple « B2i : cours et exercices en vidéo ». Enfin, dernier petit détail savoureux : en haut à droite vous n’avez plus « avec Microsoft » en blanc aveuglant mais un bien plus discret « en partenariat avec Microsoft » dont la nouvelle couleur vient se fondre à merveille avec le décor.

Toujours est-il que nous voici donc nous aussi invités à participer en proposant nos propres productions vidéos. Que ne diriez-vous d’apporter un peu de pluralité avec la suite bureautique libre OpenOffice.org (le plus simple étant alors de prendre contact avec projet OpenOffice.org Education) ?

Et comme ils m’ont l’air dans d’excellentes dispositions chez Curiosphère en ce moment, je me permets bien humblement de leur suggérer également de modifier certains liens de leur menu interactif de gauche. Ce menu liste en effet les cinq grands domaines de compétences du B2i :

  • S’approprier un environnement informatique de travail
  • Adopter une attitude responsable
  • Créer, produire, traiter, exploiter des données
  • S’informer, se documenter
  • Communiquer, échanger

Or, si à partir de cette page d’accueil B2i, vous cliquez par exemple sur Adopter une attitude responsable pour le niveau collège, vous tombez à ce jour sur ceci :

Copie d'écran - Curiosphère TV

C’est-à-dire les trois et uniques vidéos suivantes :

Rappelons que l’un des objectifs du domaine « Adopter une attitude responsable » du B2i est texto de « Prendre conscience des enjeux citoyens de l’usage de l’informatique et de l’internet ».

Sans vouloir être outrecuidant il ne me semble pas évident que l’on atteigne ainsi l’objectif fixé.