Le Libre (et Framasoft) à la Fête de l’Huma, entretien avec Yann Le Pollotec

Fête de l'Humanité 2014

Le Libre revient explicitement et concrètement à la Fête de l’Humanité, grâce à l’initiative de Yann Le Pollotec et toute son équipe.

En effet, cette année, un espace sera consacré « aux logiciels libres, aux hackers et aux fablabs », au sein du Village de l’économie sociale et solidaire, avec notamment la présence de l’April, FDN, La Quadrature ou encore Ubuntu. Des débats seront également proposés avec Richard Stallman le vendredi 12 septembre, Bernard Stiegler le samedi 13 et une table ronde animée par Sebastien Broca le dimanche 14. Les temps étant difficiles une campagne de financement a été lancée pour couvrir les frais occasionnés.

Framasoft en sera, en tenant un stand pendant les 3 jours et en participant à la table-ronde du dimanche avec son président Christophe Masutti.

En attendant, nous sommes allés à la rencontre de Yann Le Pollotec (informaticien, membre du conseil national et animateur de la réflexion sur la révolution numérique.au PCF), afin d’avoir de plus amples informations sur l’événement, afin aussi de savoir ce que le logiciel libre avait à dire à la gauche et réciproquement.

Yann Le Pollotec

Entretien avec Yann Le Pollotec

Entrons tout de suite dans le vif du sujet : le logiciel libre est-il de gauche ?

Les quatre libertés du logiciel libre, de par les valeurs de partage et la notion de biens communs qu’elles portent, ne peuvent que rejoindre ce pourquoi les hommes et les femmes sincèrement de gauche se battent. Je pense en particulier à la notion de « Commun » qui me semble être la seule voie d’avenir pour que la gauche sorte du mortifère dilemme entre le marché et l’État.

Certes certains libéraux et libertariens s’en réclament également, car contradictoirement, malgré sa tendance à tout vouloir privatiser, le capitalisme pour se développer a toujours eu besoin de biens communs à exploiter.

Tu fais partie de ceux qui réfléchissent à la « révolution numérique » au sein du PCF. Est-il possible de résumer les positions du parti sur le sujet et plus particulièrement sur le logiciel libre ?

Le PCF s’est battu pour le logiciel libre depuis 1994, ainsi que contre toutes les tentatives de brevets logiciels au Parlement européen.

Le texte suivant adopté lors du dernier Congrès du PCF résume notre position : « Sous la crise du capitalisme émergent déjà les prémisses d’une troisième révolution industrielle avec les logiciels libres, les machines auto-réplicatives libres, l’open source hardware, les mouvements hackers et maker. Ainsi se créent et se développent des lieux de conception et de proximité en réseau, ouverts et gratuits, où l’on partage savoir et savoir-faire, où l’on crée plutôt qu’on ne consomme, où l’on expérimente et apprend collectivement, où le producteur n’est plus dépossédé de sa création, tels les Fab Lab, qui sont les moteurs de ce mouvement. Toutes ces avancées portent en elles des possibilités de mise en commun, de partage et de coopération inédites. »

Lorsque tu communiques avec tes camarades du parti, vois-tu souvent passer des adresses en gmail et de pièces jointes en .doc ?

Oui malheureusement en cela les militants communistes ne sont pas différents de la majorité de la population.

Mais les choses progressent, ainsi au siège national du Parti, et dans la plupart des fédérations départementales, nous sommes équipés de LibreOffice, de Thunderbird, et Firefox, et nous avons notre propre nom de domaine : pcf.fr. Mais les mauvaises habitudes ont la vie dure ainsi que la peur de perdre ses sacro-saintes « macro excel ». C’est pourquoi l’espace à la Fête de l’Huma est aussi une occasion de les faire régresser par l’exemple et la pédagogie.

Nous sommes nombreux à vouloir re-décentraliser le Web plutôt que céder nos données à « GAFA » (Google, Apple, Facebook, Amazon). Le mouvement des fablabs et du DIY va-t-il re-décentraliser le capital ?

Oui parce que s’ils socialisent la conception via les échanges sur le Net et les bases de données disponibles, et ils décentralisent dans le même temps la production. Les petites unités de production que sont les fablabs, les hackerspaces et les makerspaces, impliquent une dispersion du capital qui va à l’encontre de la tendance atavique du capitalisme à le concentrer. La démocratisation et le partages des connaissances techniques et des moyens de créer et de produire dans le cadre de ces tiers lieux démentent les prédictions de Jacques Ellul sur l’équivalence entre développement des technologies et concentration du pouvoir, des ressources et du capital.

Favorable au revenu de base universel ? Et comme le souhaite Bernard Stiegler : demain, tous intermittents du spectacle ?

La révolution numérique dans le cadre économique actuel est une machine à détruire l’emploi salarié et à faire baisser les salaires. Par contre cette même révolution numérique, dans le cadre d’un autre partage des richesses et là c’est un combat politique, peut permettre, comme Marx l’appelait de ses vœux dans les Grundrissel émergence d’une humanité libérée du salariat et où « la distribution des moyens de paiement devra correspondre au volume de richesses socialement produites et non au volume du travail fourni. ».

C’est pourquoi je suis persuadé à l’instar de Bernard Stiegler que les batailles politiques pour instaurer un revenu universel et une baisse drastique du temps de travail, en lien avec la question de la propriété, seront fondamentales. Après on peut bien sûr débattre pour savoir si on résout le problème avec un « salaire socialisé » comme le propose Bernard Friot, un système de « sécurité d’emploi et de formation tout au long de la vie» comme y invite Paul Boccara, ou sous la forme de revenu universel de base conditionnel ou non.

Alors cette année, le Libre est à l’honneur et à l’affiche à la Fête de l’Huma. QQOQCCP ? (Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ? Et pourquoi ?)

La Fête de l’humanité des 12, 13 et 14 septembre 2014 à la Courneuve, consacrera donc un espace aux cultures et aux valeurs du logiciel libre, des hackers et du mouvement émergent des Fablab. Cet espace sera un lieu d’éducation populaire par la démonstration et la pratique (Imprimante 3d, atelier soudure, installation de distributions GNU/Linux, fabrication de Jerry..). Mais il sera aussi un endroit où on mènera le débat politique au sens noble du terme sur tous les enjeux de la révolution numérique : le big-data, la neutralité du net, la propriété intellectuelle, les tiers-lieux, l’économie du partage et de la coopération,…

April, Ars Industrialis, Creative Commons France, Emmabuntüs, Fab-Lab Cité des sciences : Carrefour numérique, Fabrique du Ponan, Fac-Lab, FDN, Open Edge, Jerry Do It Together, La Quadrature du Net, Les petits débrouillards d’IDF, Mageia, Parinux, Ubuntu et Framasoft ont accepté d’être partie prenante en tant qu’exposants et acteurs de cet espace.

Il y aura également des débats avec des personnalités comme Bernard Stiegler ou Sebastien Broca, des structures comme l’April, la Quadrature du Net ou Framasoft et… Richard Stallman himself !

Oui trois grands moments de débats structureront la vie de cet espace :

  • « le Logiciel libre: les Droits de l’Homme dans votre ordinateur » avec Richard Stallman
  • « l’économie de la contribution et la révolution numérique » avec Bernard Stiegler, Laurent Ricard et Emmanuelle Roux.
  • « Le combat pour les libertés numériques : neutralité du Net, protection des données personnelles, licences libres, droits d’auteur… » avec Sébastien Broca, l’April, la Quadrature du Net, Framasoft et Creative Commons France.

FabLab Stand Blanc-Mesnil 2013

Il existait par le passé un « Village du Logiciel Libre » sous la houlette de Jérôme Relinger. Ainsi donc le logiciel libre revient à la Fête de l’Humanité. Mais peut-être est-il plus juste de dire qu’il ne l’a jamais quitté ?

À vrai dire, c’est toujours une affaire d’hommes et de femmes, le « village du logiciel libre » avait été créé par Jérôme Relinger et Jacques Coubard. Les aléas de la vie ont fait que Jérôme a vogué vers d’autres horizons et que Jacques est malheureusement décédé.

Mais les braises couvaient sous les cendres. À la fête de l’Humanité 2013, le stand du PC -Blanc-Mesnil, sous le thème de « Hackons le capitalisme » avait accueilli en démonstration un mini fablab avec entre autres une imprimante 3D et organisé un débat sur ce thème. Par le bouche à oreille, divers acteurs du monde du logiciel libre, des fablabs et des hackerspace ont spontanément participé à l’animation de ce mini-espace drainant ainsi sur les 3 jours de la Fête plusieurs centaines de curieux comme de passionnés. Le débat a lui aussi été un succès, tant en termes de participation que de qualité des échanges

Spontanément les acteurs comme les visiteurs de ce mini-espace en sont venus à souhaiter ardemment un véritable espace lors de la Fête de l’Humanité 2014 dédié aux mouvements des logiciels libres, aux hackers et aux fablabs, et sous la responsabilité officielle de la Fête de l’Humanité. Un collectif s’est donc constitué, de manière bénévole et militante, à partir des animateurs et des visiteurs du mini fablab de 2013, pour réaliser un espace du libre, des hackers et des Fab-Lab à la Fête de l’Humanité 2014.

Nouvelle dénomination : « Espace du libre, des hackers et des fablabs ». Pourquoi un tel choix ? Y a-t-il une forte différence entre les 3 dénominations ? Illustre-t-il une évolution et la situation actuelle ?

Oui car il s’agissait à la fois de se placer dans la filiation du village précédant, de casser les lieux communs que les médias dominants donnent des hackers en les assimilant aux crackers et d’attirer l’attention sur le mouvement émergent des fablabs avec le mariage des bits et des atomes. Bien sûr aux cœurs de ces trois mots, on retrouve un socle de valeurs communes et déjà une Histoire qui elle aussi est commune.

Fête de l'Humanité 2014 - Ulule

Une campagne de financement participatif a été lancée sur Ulule pour couvrir les frais de cet espace. Pourquoi ? Que peut-on faire pour aider, participer ?

La direction de la Fête de l’Huma a donné son accord pour la création de l’Espace mais à condition qu’hormis le terrain et l’électricité cela soit à coût zéro pour elle, en raison des graves difficultés financières du journal l’Humanité. D’où la nécessité de trouver un financement participatif pour les frais de transports, de location de mobiliers et de matériels, de réalisation d’une exposition pédagogique de présentation des enjeux de la révolution numérique,…

Vous pouvez participer personnellement à ce financement sur : http://fr.ulule.com/hackers-fablab/.

Par exemple : pour 60 euros, vous avez la vignette d’entrée pour les 3 jours (et tous les spectacles), le tee-shirt officiel, votre nom sur le panneau et une initiation à l’impression 3d. Et nous vous invitions également à populariser cette campagne autour de vous, dans vos réseaux et vos cercles de connaissances. Merci.

Le crowdfunding (financement participatif) est-il soluble dans les valeurs du communisme ?

Le crowdfunding est une réponse « bottom-up » aux dysfonctionnements majeurs des banques traditionnelles et du système financier dans son ensemble. L’existence et le développement du Crowdfunding n’empêche le combat politique pour mettre les banques et la monnaie au service du financement de l’intérêt général et du bien commun.

Où en est le projet de créer un fablab original et ambitieux au Blanc-Mesnil ?

Ce projet était porté par la municipalité communiste sortante. Malheureusement en mars, elle a été battue par une liste de l’UMP. Les priorités du nouveau maire sont de mettre en place une police municipale armée et des caméras de vidéo surveillance et non de favoriser l’installation d’un fablab. Aujourd’hui avec l’association « Fablab au Blanc-Mesnil » nous sommes en train de travailler à poursuivre notre projet dans le cadre de ces nouvelles conditions y compris en l’élargissant aux communes voisines.

FabLab Stand Blanc-Mesnil 2013




Brevets logiciels : la position de Donald Knuth en 1995

En 1995, l’un des plus brillants informaticiens au monde, le professeur Donald Knuth, écrivait une lettre au bureau américain des brevets (USPTO) que nous vous proposons traduite ci-dessous.

Les arguments pour refuser les brevets sur le logiciel sont déjà là et fort bien exposés. Ce qui n’empêche pas de devoir se battre régulièrement depuis contre cette néfaste tentation.

No Software Patents

Lettre à l’Office des Brevets, par le professeur Donald Knuth

Donald Knuth – 1995
(Traduction : rocherd, audionuma, r0u, FMy1, simon, Omegax)

Letter to the Patent Office From Professor Donald Knuth

Chers membres de la commission,

De même que beaucoup d’autres chercheurs en informatique, je voudrais vous demander de reconsidérer la politique actuelle de cession de brevets sur les processus informatiques (NdT : computational processes). J’ai pu en effet constater une inquiétude considérable parmi la communauté des chercheurs en informatique, la peur que les décisions des tribunaux spécialisés dans le droit des brevets et du Bureau des Brevets et des Marques Déposées (NdT : Patent and Trademark Office) rendent la vie des programmeurs bien plus difficile.

Durant la période 1945-1980, il était communément admis que les lois sur les brevets n’étaient pas appliquables au logiciel. Cependant, certaines personnes auraient apparemment obtenues des brevets sur des algorithmes d’une importance capitale — par exemple, la compression Lempel-Ziv et le chiffrement par clé RSA publique — et aujourd’hui ils interdisent en toute légalité aux autres programmeurs d’utiliser ces algorithmes.

C’est un changement radical par rapport aux pratiques précédentes qui ont rendu possible la révolution informatique, et je crains que ce changement ne soit dommageable pour la société. Cela aurait pu avoir un fort impact négatif sur mon propre travail : par exemple, j’ai développé un logiciel appelé TeX qui est actuellement utilisé pour la conception de plus de 90 % des livres et revues de mathématiques et physique mais aussi de centaines de milliers de rapports techniques dans toutes les disciplines scientifiques. Si les brevets logiciels avaient été monnaie courante en 1980, je n’aurais jamais pu créer un tel système, ou penser à le créer, ni même imaginer que quelqu’un puisse le faire.

On me dit que les tribunaux essaient de faire une distinction entre les algorithmes mathématiques et les algorithmes non-mathématiques. Pour un informaticien, c’est un non-sens, car chaque algorithme est un objet mathématique s’il en est. Un algorithme est un concept abstrait sans relation avec les lois physiques de l’Univers.

Il n’est pas non plus possible de faire la distinction entre des algorithmes « numériques » et « non-numériques », comme si les nombres étaient en quelque sorte différents des autres formes d’information exacte. Toutes les données sont nombres, et tous les nombres sont données. Les mathématiciens travaillent bien plus avec des entités symboliques qu’avec des nombres.

L’idée d’adopter des lois affirmant que certains algorithmes sont mathématiques et d’autres ne le sont pas me parait tout aussi absurde que la tentative de l’Assemblée Générale de l’Indiana, au XIXème siècle, d’adopter une loi stipulant que le rapport de la circonférence d’un cercle à son diamètre est exactement 3 ou que l’Église médiévale décidant que le Soleil tourne autour de la Terre. Les lois des Hommes peuvent être significativement utiles, mais pas lorsqu’elles contredisent les vérités fondamentales.

Il y a bien longtemps, le Congrès avait judicieusement décidé que les objets mathématiques ne pouvaient pas être brevetés. Il est certain que personne ne pourrait utiliser les mathématiques s’il fallait payer un droit de licence à chaque utilisation du théorème de Pythagore. Les idées de base de l’algorithmique que certaines personnes poussent à faire breveter sont si fondamentales, que le résultat menace d’être similaire à ce qui arriverait si on autorisait les auteurs à breveter les mots et expressions. Les romanciers ou les journalistes ne pourraient plus écrire sans que leurs éditeurs n’obtiennent les permissions des propriétaires des mots. Les algorithmes sont au logiciel ce que les mots sont pour les écrivains, parce qu’ils sont les briques fondamentales nécessaires pour construire quelque chose d’intéressant. Qu’arriverait-il si les juristes pouvaient breveter leurs méthodes de défense ou si les juges de la Cour Suprême pouvaient breveter leurs jurisprudences ?

J’ai bien conscience que les tribunaux de brevets essaient de faire de leur mieux pour servir la société. Le Bureau des Brevets a ainsi admirablement rempli cette mission en ce qui concerne les aspects de technologies reposant sur les lois concrètes de la physique plutôt que les lois abstraites de la pensée. Je suis moi-même titulaire de quelques brevets sur des dispositifs matériels. Mais je pense fermement que cette récente tendance à breveter les algorithmes ne profite qu’à un petit nombre d’avocats et d’inventeurs alors qu’elle entrave la grande majorité de personnes qui veulent faire des choses utiles avec les ordinateurs.

Quand je songe aux programmes informatiques dont j’ai besoin quotidiennement pour travailler, je ne peux m’empêcher de réaliser qu’aucun d’entre eux n’existerait aujourd’hui si les brevets logiciels avaient prévalu dans les années 60 et 70. Changer les règles aujourd’hui aura pour conséquence de geler le progrès à peu près à son niveau actuel. Si cette tendance se confirme, la seule alternative pour la majorité des brillants développeurs américains de logiciels sera d’abandonner ou émigrer. Les États-Unis perdront alors leur position dominante.

Merci de faire votre possible pour inverser cette tendance alarmante. Il existe de bien meilleures façons de protéger les droits de propriété intellectuelle des développeurs de logiciels que de les empêcher d’utiliser des briques fondamentales.

Sincèrement,
Donald E. Knuth
Professeur émérite




Free Software, Free Society : la conférence TEDx de Richard Stallman avec slides !

Dans le billet présentant « La route est longue mais la voie est libre », ma propre conférence TEDx à Genève en avril dernier, j’avais évoqué la présence (intimidante) de Richard Stallman qui intervenait lui aussi ce jour-là.

Outre le fait que c’était sa première conférence TED, l’originalité venait aussi du fait que c’était la toute première fois qu’il utilisait des diapositives. Et certaines sont particulièrement signifiantes et savoureuses 😉

Pour réaliser les slides, les organisateurs avait mis la veille à sa disposition deux étudiants graphistes (à gauche sur mon horrible selfie). Bravo pour leur patience et leur courage, parce que Stallman fut, as usual, particulièrement pointilleux ce jour-là 😉

Alexis Kauffmann - Selfie - Richard Stallman

Appel à participation : La conférence est donc en anglais. Nous invitons les lecteurs à la transcrire sur un pad. Ensuite nous la traduirons et la soumettrons à Stallman pour approbation avant sous-titrage officiel (car tout écrit de Stallman est sous licence CC By-Nd). Merci

Alexis Kauffmann (aKa)




Mes données dans un nuage ? — Oui mais le mien

Plutôt que de se résigner à l’usage de services en ligne n’offrant aucune garantie réelle de confidentialité, Frank Karlitschek a décidé de ne pas se contenter de prêcher la bonne parole mais de passer à l’acte en élaborant (avec d’autres) un projet qui remporte un succès grandissant : un logiciel libre et open source de stockage de données. En revenant sur l’historique du projet ownCloud, il nous rappelle au passage les clés de la réussite (ne perdons pas de vue la proportion importante de projets open source qui n’aboutissent jamais) : développement collaboratif du code ouvert, prenant appui sur des outils et choix techniques ayant déjà une large base de développeurs, flexibilité, compatibilité multi-plateforme…

Cet article donne quelques indications plus précises sur les technologies mises en œuvre qui peuvent laisser perplexe le lecteur non développeur, mais la démarche et la philosophie de l‘open source y apparaîtront pour tous avec clarté. L’enjeu, c’est de rendre à l’utilisateur le contrôle de ses données.

Au fait, Framasoft dispose depuis un an de son propre ownCloud [1], pourquoi pas vous ?

Pourquoi j’ai créé OwnCloud et l’ai rendu open source

par Frank Karlitschek, fondateur de ownCloud et mainteneur de l’architecture globale du projet.

Article original : Why I Built OwnCloud and Made It Open Source Traduction Framalang : Asta, r0u, KoS, Wan, Omegax, goofy, Diab

Il y a 4 ans, j’étais au CampKDE à San Diego, je donnais une conférence sur la protection des données, mettant en garde le public sur les risques pour leur vie privée auprès des fournisseurs de cloud – en particulier Dropbox. « — Eh bien fais-le toi-même », m’a-t-on dit. Bien sûr, j’avais déjà créé des choses dans le passé, alors bien sûr, j’ai dit que j’allais le faire. Et c’est là que j’ai commencé mon odyssée, en premier lieu pour me protéger moi-même, mes amis et mes collègues de l’espionnage des gouvernements et d’autres méchants, et plus tard – quand j’ai vu l’intérêt croître dans le monde – pour concevoir un projet concret et efficace.

je n’avais pas envie d’envoyer mes données à un service tiers pour qu’il les stocke on ne sait où

Évidemment, je devais décider d’un certain nombre de choses avant de commencer, notamment ce que je voulais que fasse le logiciel, quelle plateforme de développement utiliser, comment le structurer et bien sûr il fallait que je lui trouve un nom : ownCloud (NdT : littéralement, « le nuage qu’on possède »).

Mes amis et moi avions besoin d’un moyen de synchroniser nos images, nos documents et même nos vidéos en passant d’un appareil à l’autre (au lieu d’utiliser une clé USB), nous voulions aussi partager ces fichiers avec nos amis et nos proches. À l’époque, Dropbox devenait très populaire, mais je n’avais pas envie d’envoyer mes données à un service tiers pour qu’il les stocke on ne sait où. Je voulais créer une plateforme que mes amis puissent utiliser sur les espaces de stockage qu’ils avaient déjà, à la différence du cloud, pas seulement pour synchroniser et partager, mais aussi une plateforme assez flexible pour qu’on puisse y créer des applications.

Bien sûr ownCloud allait être open source.

Je faisais déjà partie de la communauté open source, mais ce n’est pas la seule raison. En faisant de l‘open source je concevais un code qui serait complètement transparent (et donc aurait peu de risques de comporter des « portes dérobées » pour entrer dans mes données). De plus je pouvais compter sur un grand nombre de personnes animées des mêmes convictions pour m’aider à créer ownCloud, je n’étais donc pas tout seul. Et je pouvais réutiliser les technologies d’autres projets. Comme SABREDAV, qui est le framework que nous utilisons pour la communication WebDAV du serveur (CalDAV, CardDAV et WebDAV sont tous utilisés par ownCloud), et nous utilisons aussi jQuery. Nous avons également utilisé csync pour les capacités de synchronisation bi-directionnelle du client de bureau et Qt pour l’interface utilisateur multi-plateforme. Je n’ai pas eu à réinventer la roue une fois de plus, je n’ai eu qu’à assembler ce qui existait déjà pour que tout fonctionne.

Mais comme je l’ai déjà dit, je savais ce que je voulais : ownCloud devait être plus qu’une « app ». Bien sûr, stocker les données d’une manière sûre et sécurisée est une chose importante. Mais en fin de compte, les gens veulent faire quelque chose de leurs données, alors j’ai voulu ajouter davantage de fonctionnalités à travers les applications ownCloud. Les applications sont des extensions qui peuvent implémenter des fonctionnalités telles que la détection de virus, la journalisation des accès et des changements de fichiers, le versionnage, le chiffrement, l’édition de fichiers et bien d’autres choses. Ce genre d’intégration du stockage de fichiers avec d’autres services est essentiel pour le développement futur.

Je voulais que mon projet soit flexible, de sorte que les gens puissent s’appuyer sur ownCloud (et beaucoup l’ont fait, avec une application type « Google News », un streamer de vidéos, un lecteur de musique, un calendrier – et plus encore) et que ownCloud puisse s’intégrer dans de nombreux environnements. Par exemple, n’importe quel client WebDAV devait pouvoir accéder à ownCloud dès le départ et le concept d’applications internes est là aussi depuis le début du projet.

Bien entendu, nous sommes plus avancés à présent — il y a des API de partage et d’administration, des API internes pour les applications utilisant OCS, il existe des bibliothèques pour mobile (que nous avons rendues open source) et qui permettent l’intégration à d’autres applications mobiles, une base de données clés-valeurs pour un usage général de stockage de données, de synchronisation, et davantage encore. Ensuite, il y a l’intégration de systèmes de stockage externe comme FTP, S3, SWIFT, CIFS, iRODS et beaucoup d’autres. Mais même à l’époque où nous avons commencé, les intentions étaient claires – construire quelque chose d’assez flexible pour que les gens puissent créer des solutions auxquelles nous n’avions pas pensé.

Et c’est justement ça, la puissance de l‘open source.

Nous (ma communauté grandissante et moi) avons évalué différentes options pour trouver la bonne technologie qui pourrait tourner sur chaque plateforme, du micro serveur jusqu’à des clusters de serveurs, qui aurait toutes les fonctionnalités et serait connue d’un grand nombre de développeurs. C’est pourquoi nous avons opté pour PHP et JS pour la partie serveur, C++ pour la synchronisation des Clients, Objective-C pour iOS et Java pour Android.

Il y avait plusieurs critères architecturaux à remplir dès le départ : multiplateforme, facilité d’extension, support des infrastructures, haute disponibilité basée sur les composants les plus largement utilisés. Donc, nous avons choisi PHP, pour cibler la pile « LAMP » (Linux / Apache / MySQL / PHP) qui est la plus répandue et éprouvée des plateformes permettant tout cela.

C’est également un projet open source et PHP est disponible gratuitement, facile à trouver, et multiplateforme (variantes Windows et Linux, IIS, Apache et autres serveurs Linux). Il bénéficie d’une communauté massive de développeurs dont beaucoup sont très expérimentés. Enfin, c’est un langage facilement accessible pour la communauté. Avec tout ça, c’était une évidence.

Franck Karlitschek le créateur de ownCloud

« L‘open source est la seule solution pour un stockage de données réellement sécurisé »

Comme j’ai commencé ce projet par une conférence sur la sécurité et la confidentialité, il était essentiel d’avoir la meilleure sécurité possible pour les API. J’ai choisi un chiffrement SSL fort pour toutes les API WebDAV et REST. L’authentification est faite via la méthode basique, qui est très simple et facile à gérer. On peut également utiliser SAML, fourni au travers de son implémentation Shibboleth. En complément OAuth et l’authentification à deux facteurs sont disponibles, et nous profitons même de la flexibilité de ownCloud pour intégrer un backend personnalisé, en utilisant des jetons à la place des mots de passe standards.

Je suis convaincu que le stockage de fichiers n’est pas seulement un service web ou une infrastructure informatique de plus. C’est là où les gens et les entreprises stockent et gèrent leurs données les plus importantes. C’est pourquoi il est essentiel de le rendre aussi sécurisé que possible. Avec un logiciel propriétaire, vous ne pouvez jamais être sûr qu’il n’y a pas une porte dérobée ou d’autres problèmes de sécurité. L’open source est la seule solution pour un stockage de données réellement sécurisé. Voilà ce que j’ai fait et pourquoi je l’ai fait. J’ai mis à ce travail toute ma passion pour l‘open source et il a aussi demandé beaucoup de soin !

Notes

[1] Tiens par exemple, vous voulez de quoi imprimer de chouettes posters qui expliquent ce qu’est le logiciel libre ? C’est par là




clibre.eu : un (autre) annuaire de logiciels libres

Selection_006.jpeg

Il existe de nombreux annuaires francophones de logiciels libres. Celui de Framasoft, renommé Framalibre depuis que le réseau s’est diversifié, évidemment. Mais il est loin d’être le seul.

Nous pourrions citer par exemple jesuislibre.org, qui a sensiblement le même âge que Framasoft (c’est-à-dire près de 15 ans !). Et bien entendu, les annuaires spécialisés. Par exemple celui de l’Adullact, celui de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, le Pack Logiciels Libres de l’entreprise, etc. Sans oublier, bien évidemment, l’article Liste de logiciels libres de l’incontournable encyclopédie libre Wikipédia.

Il faut bien reconnaître, pour citer Cyrille Borne, que l’annuaire logiciel de Framasoft est devenu bien poussiéreux ces dernières années. Nous en sommes bien conscients et travaillons à une refonte totale de Framalibre. Comme ce projet va encore nous prendre quelques mois, nous avons même publié framastart.org, un annuaire simplifié, afin de répondre à la demande des personnes souhaitant n’avoir qu’une sélection réduite à l’indispensable à avoir sur son poste de travail.

Cependant, des initiatives méritent d’être saluées en particulier lorsqu’elles font l’objet d’un travail sérieux et réfléchi. C’est donc avec une curiosité amicale que nous avons posé quelques questions à l’un des sympathiques créateurs d’un nouvel entrant : cLibre.eu

Aux esprits chagrins qui pourraient trouver dommage que les énergies soient réparties sur de multiples sites, et non sur un seul qui pourrait les fédérer[1], nous répondrons qu’il en va sans doute avec les annuaires de logiciels comme avec les logiciels eux-mêmes : la liberté de faire le sien doit être préservée, et même encouragée. Cela afin de préserver l’innovation, d’éviter les projets sclérosés, et d’inviter à la création de nouvelles communautés.

Bonjour Hervé, peux-tu te présenter ?

Rien de spécial. Centre d’intérêt nombreux et variés des activités de montagne à la méditation en passant encore par un fort investissement dans les associations.

Vous venez de publier clibre.eu, un annuaire de logiciel libre “allégé”. Quelles sont ses spécificités, notamment par rapport à Framalibre, l’annuaire de Framasoft ?

En fait cela fait 2 ans qu’il existe, mais nous n’avons jamais pris le temps de communiquer autour.

Nous avons donc mis un certain nombre de critères :

  • Pour le grand public, assos, TPE (pas pour les geek)
  • Support aux débutants (tutoriels, présentation, forums)
  • En français dans le texte
  • Les domaines les plus demandés (bureautique, internet, graphisme…)
  • Un nombre restreint de logiciels (qui ne devraient pas dépasser la centaine)
  • Une fiche (pas de notice ni de commentaires) avec plein de liens (téléchargement, forum…)
  • Mise à jour régulière
  • Facilité le passage final de Windows ou Mac vers Linux
  • Tout éthique (pas de diffusion de violence, discrimination …)
  • Gratuit ou peu cher à l’utilisation

Un premier mini moteur de recherche (http://www.clibre.eu/alternatives/) est mis en place. Il permet de trouver une alternative en saisissant uniquement le mot d’une utilisation (internet, photo…) ou le nom d’un logiciel propriétaire.

Nous avons aussi une approche qui intègre l’évolution libre qui n’est plus seulement de favoriser des distributions Linux ou des logiciels, mais des aussi applications ou services en ligne qui ont des fonctionnalités équivalentes.

Autre approche similaire avec vous, c’est l’indispensable éducation par rapport à la gratuité. C’est souvent l’élément déclencheur pour l’adoption des logiciels libres par le grand public. C’est à nous après de les amener progressivement à s’imprégner du fonctionnement et des valeurs du libre qui dépassent de plus en plus le cadre des logiciels libres.

D’emblée nous n’avions pas voulu faire un doublon de l’annuaire framalibre. Nous n’en avions ni les moyens mais surtout pas l’envie que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur de Framasoft. C’est dans ce sens ou je t’avais rencontré pour bien fixer les différences.

Ce n’est pas un fork et nous espérons bien qu’il y ait un jour un annuaire qui comporte des milliers de référence du Libre. S’il y a un intérêt évident d’avoir un annuaire le plus exhaustif possible, il est aussi intéressant de promouvoir le libre pour un milieu spécifique : association, éducation, entreprise… Chacun à son propre code culturel et des logiciels plus adaptés…

Selection_007.jpeg

Pourquoi avoir créé ce projet ? Et comment vois-tu son évolution dans les mois qui viennent ?

C’est parti d’un besoin personnel (comme souvent ;-)). Je fais partie de nombreuses associations et nous sommes nombreux à avoir été confrontés à un problème d’interopérabilité. Un bien grand mot pour expliquer les pertes de caractères, mises en page entre logiciels parfois de la même société bien connue. Certains adhérents avaient des PC ou des Macs. J’utilisai des mots et des explications qui n’aboutissaient pas souvent aux résultats escomptés. Du côté de l’utilisateur, il était aussi plus simple de continuer à fonctionner avec ses habitudes.

L’intérêt des campagnes précédentes des adeptes du libre, c’est d’avoir permis petit à petit d’acquérir notoriété et crédibilité. Les associations l’ont adopté de plus en plus souvent pour leurs besoins fondamentaux. D’autre part les logiciels libres les plus connus font d’énormes progrès pour intégrer l’expérience utilisateur et s’adapter à celui-ci plutôt que le contraire. J’ai dû faire la même chose dans mes explications en m’adaptant. Avec la généralisation de l’utilisation d’internet, il est devenu de plus en plus facile de faire des liens vers les ressources et quelques tutoriels.

Mais on est encore loin d’un basculement massif vers les systèmes libres en raison de l’intégration des systèmes d’exploitation et de logiciels lors de l’achat d’ordinateurs, tablettes ou autres et du poids du freeware.

Nous faisons le constat qu’il manque encore des outils de promotion et vulgarisation, que ce soit sous forme d’annuaire, vidéos ou autres pour des non-informaticiens.

www.cLibre.eu est un nouvel outil qui va dans ce sens avec notamment le mini moteur de recherche qui permet de trouver plus facilement un équivalent à son logiciel propriétaire.
Gain personnel: je gagne en efficacité et en temps pour faire autre chose, par exemple pour le libre. J’ai juste à mettre un lien dans une phrase et l’envoyer par mail en signature.

Les non informaticiens ont maintenant tous les éléments en main pour basculer petit à petit leur logiciel. La situation est mature maintenant pour aider à un basculement plus massif vers une informatique totalement libre, vers des distributions Linux. C’est l’objectif qui suit une fois que nous avons adopté des logiciels sur notre Windows ou Mac et que l’on retrouve les mêmes sur sa distribution Linux.
C’est le chemin que j’ai pris et nous sommes nombreux à avoir fait.

Personnellement je n’avais jamais contribué au code ou au financement de logiciels libres, c’est une manière pour moi de remercier tout le travail fait par d’autres (promoteur, développeur…)

Peux-t-on y participer ? Comment ?

Pour l’instant c’est encore difficile (toujours ce temps qui nous file entre les doigts), cela fait partie des évolutions du site qui sont programmées dans les prochains mois. Il faut au préalable que l’on réfléchisse sur les besoins, les cadres et les fonctionnalités pour favoriser l’intégration de nouvelles personnes ou tout simplement faire un outil réellement participatif. Cela arrivera d’autant plus vite que nous aurons, après cet interview, un retour positif et un soutien de la part de la communauté du libre aussi bien pour ce site que pour la réalisation d’une vidéo.

Vous pouvez déjà nous aider :

  1. en faisant la promotion de ce site dans votre entourage, sur vos sites et réseaux
  2. en répondant, en se mettant dans la peau d’une personne de votre connaissance sans compétence informatique
  3. si vous avez un peu plus de temps Waouh 🙂 , en suivant le lien nous aider
    1. vérifier le tableau http://www.clibre.eu/alternatives/ (qui est le point d’entrée le plus important) en vérifiant/proposant des noms de catégories ou marques propriétaire susceptibles d’être très recherchées par les non-informaticiens
    2. vérifier chaque fiche logiciel sur les liens, texte de présentation, voir en l’enrichissant. (Nous contacter d’abord pour savoir ceux qui n’ont pas été pris et qui vous intéressent)
    3. tout type de travaux graphiques (logo, picto, bandeau pub…)
    4. animation pédagogique multimédia (vidéo, prezi)

Selection_008.png

Avez-vous d’autres projets en cours ?

Oui. Faire une vidéo pour promouvoir les logiciels libres. L’intérêt a été discuté avec plusieurs interlocuteurs de plusieurs associations, sites du libre et cela fait unanimité.

Le monde du libre a besoin de ressources ludiques, cool, sympa pour amorcer le basculement dans nos milieux spécifiques (assos, éducation, TPE …) ou nos proches non informaticiens. Les critères sont donc à peu près les mêmes que pour le site. L’objectif étant que cette vidéo puisse être réutilisé (librement !) sur tout type de site comme introduction. A chacun ensuite de proposer les outils ou liens spécifiques. Exemple : en dessous de la vidéo, il serait possible d’insérer des liens vers framapack, libreassociation, annuaire grand public …

Là aussi nous avons des besoins urgents car nous souhaiterions lancer une campagne de financement participatif qui doit être terminée courant juin.

Vous pouvez participer comme association ou personnellement avec l’une des options suivantes :
A/ En tant qu’asso nous trouvons le projet sympathique et nous sommes prêts à parrainer cette initiative. Nous autorisons cLibre.Eu à mettre notre beau logo dans cette campagne ;
B/ Personnellement pour être tenu au courant de ce projet, je m’inscris sur la lettre d’infos www.clibre.eu ;
C/ Je relaie la campagne sur ma liste de contacts, lettre d’infos … dès son lancement ;
D/ Je communique des contacts pour la réalisation vidéo, graphisme… ou de structures, sites web… afin de mener à bien ce projet en leur relayant l’infos ;
E/ J’ai des compétences pour faire quelques graphismes (image campagne, logo, bandeau pub …), une animation Prezi, aider pour les relations presse ;
F/ J’ai un peu de temps pour réfléchir au synopsis, contenu de la campagne. Je veux bien recevoir quelques mails par mois et participer à la rédaction du texte de campagne et d’après-campagne.

Merci Hervé ! Un petit mot pour la fin ?

En fait le combat du libre doit rejoindre celui d’un changement beaucoup plus profond de la société.
Sur l’internet cela passe par trouver et mettre en place des alternatives face à l’hégémonie de Google.
Framasoft nous montre le chemin en développant des applications en ligne libre.
Merci à vous, merci à toi.

Le chemin est long, mais que de chemin parcouru déjà 😉

Notes

[1] Et dans les ténèbres les lier ? 😉




Prototypo : vos polices sur mesure

prototypo-i.gif

En marge de la préparation d’un événement organisé sur Lyon par la communauté Mozilla (dont on vous reparlera bientôt), nous avons eu le plaisir de rencontrer l’un des développeurs de Prototypo, un logiciel libre de dessin typographique, à l’usage très innovant.

Une soirée de présentation du logiciel ayant lieu ce soir (Lyon 7ème)[1], nous avons souhaité poser quelques questions aux créateurs du projet, afin qu’ils nous présentent le parcours de ce logiciel, qui sera bientôt disponible.

Faisons un peu connaissance : pouvez-vous vous présenter ?

Yannick, 28 ans. Depuis maintenant 4 ans je dessine et intègre des sites webs, des interfaces et parfois je touche un peu au papier. J’ai commencé à toucher au code durant ma dernière année des Arts Décoratifs de Strasbourg lorsque j’ai réalisé la version Alpha de Prototypo, développée en Processing. Après une année passée en agence à Paris, j’ai décidé de me lancer en freelance, à Lyon, et j’essaie depuis de me perfectionner dans tout ce qui m’intéresse, c’est-à-dire le dessin de caractère, le développement et le design interactif en général.

Louis-Rémi, 27 ans, développeur web indépendant depuis trois ans. Je suis tombé dans le logiciel libre en même temps que je suis tombé dans le web : sur le tard (en 2007), et très naturellement, parce le web et le libre étaient déjà largement entremêlés à cette époque. J’ai participé il y a quelques années au développement de la branche 1.X de jQuery et créé quelques plugins assez populaires. Et je suis un Mozillien depuis six ans, j’ai participé à “Jetpack / addon SDK”, à la documentation sur MDN. Aujourd’hui je développe Prototypo avec Yannick tout en essayant de rendre ce “logiciel libre de niche” viable financièrement.

prototypo-devs.jpg

Alors, Prototypo, c’est quoi ?

Prototypo est un logiciel de dessin typographique, il permet de créer de nouvelles polices des caractère qui seront utilisées dans le design graphique (affiches, sites web, jeux vidéo, etc.). Dans Prototypo, le dessin démarre en modifiant une vingtaine de paramètres qui vont changer l’apparence de toutes les lettres de l’alhabet en même temps. Alors que dans les autres logiciels (Fontlab, Glyphs, Robofont et l’alternative libre Fontforge) on dessine chaque caractère un à un. L’intérêt c’est qu’on démarre plus vite, même avec des connaissances limités dans cette discipline exigeante, et que l’on peut explorer de nouvelles formes et proportions en quelques clics.

Comment vous est venu cette idée ?

Y. : En étant graphiste papier à la base, l’intérêt pour la typographie m’est venu tout naturellement, car c’est une pierre d’angle de la création graphique quelque soit son envergure et ses objectifs. Assez rapidement, j’ai essayé de créer moi-même un caractère typographique que je pourrais utiliser en petit corps (corps de labeur) dans mes projets. Mais dessiner un caractère de qualité requiert un investissement important et n’est pas du tout une tâche accessible si l’on n’y consacre tout son temps. Il existe une multitude de règles optiques, de dessin, à respecter (et avant tout à connaître) pour que le caractère soit fonctionnel. Étant donné que beaucoup de ces règles sont récurrentes et mesurables, je me suis dit qu’il serait possible de les systématiser et donc de les coder. Prototypo est né de cette idée : permettre à l’utilisateur de se concentrer sur le design et laisser la machine s’occuper des tâches répétitives et gérer ces micro-corrections.

LR. : moi j’ai découvert la vidéo de la première version développée par Yannick il y a à peu près un an. Visuellement c’était bluffant, et comme j’ai une écriture manuscrite déplorable, j’ai peut-être vu inconsciemment en Prototypo un moyen à ma porté d’avoir une écriture personelle ET lisible. Quoi qu’il en soit j’ai contacté l’auteur de cette vidéo pour savoir où en était le projet. Il aurait pu habiter aux US, il aurait pu ne jamais me répondre ou être passé à autre chose… Mais non, il habitait à Lyon, à trois kilomètres de moi, il avait envie de redémarrer le projet avec des technos web et il était prêt à me rencontrer (plus tard on s’est apperçu qu’on s’était croisé dans son école et à un déménagement sans le savoir). On a commencé à travailler sur notre temps libre et à voir que ça marchait, puis on s’est dits qu’on voulait faire les choses en grand, qu’on travaillerait à temps plein un mois ou deux avant de tenter une campagne de financement participatif.

Selon vous, quels sont les publics d’une telle application ?

Les logiciels de dessin typographique s’adressent aux graphistes et typographes. Prototypo est utile aux amateurs et étudiants pour s’initier de manière ludique, ainsi qu’aux professionnels, particulièrement pendant la phase de recherche graphique. Mais nous espérons aussi rendre cette discipline accessible aux novices qui veulent une police sur mesure pour leur site, leur jeu vidéo, ou toute autre création qui utilise du texte.

prototypo-i-et-code.gif

Pourquoi avoir choisi une licence libre ?

LR. : Cétait une évidence. J’ai toujours publié le code que j’écrivais sur mon temps libre sous licence libre, parce que j’ai toujours développé avec du logiciel libre. Et Yannick s’était initié au développement principalement sur Processing dont la communauté est très encline au partage. Mais cette fois-ci il y avait un vrai défi : gagner sa vie en créant un logiciel libre.

Y. : J’ai aussi fait mes premiers pas avec des CMS comme SPIP et la communauté m’a beaucoup apporté. Depuis tout ce temps, j’ai beaucoup reçu mais jamais donné; avec Prototypo c’était l’occasion ou jamais.

prototypo-libre.gif

Parlons du financement : vous avez travaillé à plein temps dessus pendant plusieurs mois, vous ne viviez que de 0 et de 1 ?

Presque. Le plan initial était d’arriver rapidement à un prototype qui prouverait que le concept marchait aussi dans un navigateur, en plus de créer de la nouveauté pour les personnes qui suivaient le projet depuis plusieurs années. Et ensuite de lancer très tôt une campagne de financement participatif pour vérifier l’intérêt du public et la viabilité du projet. Dans les faits ça a pris beaucoup de temps. Nous rallongions contamment la liste des “fonctionnalités essentielles” et avons mis cinq mois à être satisfaits, puis encore un mois à lancer la campagne sur Kickstarter. À l’origine nous pensions donc devoir vivre deux ou trois mois sur nos économies (ce qui est tout à fait envisageable tant qu’on n’habite pas Paris). Finalement il a fallu se serrer la ceinture les trois derniers mois et accepter des petits contrats.

Vous avez lancé une campagne Kickstarter. Où en est-elle ?

La campagne visait à rassembler 12.000£ (15.000€) en un mois, pour financer les cinq mois de travail nécessaire à la sortie de la version 1. Nous avons atteint cet objectif en trois jours, et au bout de deux semaines nous en sommes à presque 20.000£ (24.000€). Cela va nous permettre d’ajouter des fonctionnalités avancées telles qu’un éditeur intégré permettant d’importer ses propres polices pour les rendre paramétrables, ou des extensions de navigateur pour prévisualiser en temps réel la police dans des pages web.

prototypo-goals.png

C’est le résultat d’une longue préparation, entamée dès le début de notre collaboration : nous avons animé un blog et des comptes sur les réseaux sociaux, et aussi mis en place un formulaire pour s’abonner à notre newsletter, sur notre site principal. En six mois 10.000 personnes s’y sont inscrites, dont la moité après un effet boule de neige démarré par un simple tweet de Smashing Magazine. C’est grâce à ces inscrits que la campagne a connu un bon démarrage. Désormais nous sommes occupés à plein temps par son animation : nous répondons aux questions des utilisateurs, sollicitons des blogs pour des interviews (big up au Framablog), et participons à des évènements autour du design et de la typographie.

Et après ? Envisagez-vous d’autres modèles de financement pour ce projet ?

Pendant la campagne et par la suite, nous vendons un abonnement qui permet d’utiliser le logiciel sur nos serveurs pendant un an. Pour nous c’est un moyen d’obtenir un revenu régulier qui nous permette de nous consacrer à temps plein à l’amélioration du logiciel. Pour les utilisateurs, c’est la possibilité de bénéficier instantanément de tous les avantages d’une web-app (applications et données disponibles partout, toujours à jour), en gardant la possibilité d’installer l’application en local. Nous sommes aussi en discussion avec des éditeurs de solutions hébergées qui souhaitent intégrer Prototypo à leurs applications.

Techniquement, quelles solutions avez-vous retenues ?

Nous utilisons les languages de base du web : HTML, SVG, JS et SCSS (CSS avec des variables et règles imbriquées). Cela nous permet d’être le plus ouvert aux contributions externes. Pour structurer notre application et simplifier le développement de l’interface utilisateur nous avons choisi AngularJS, qui est très activement développé et dispose d’une bonne documentation et d’une forte communauté de développeurs. Pour que l’application fonctionne de manière “hors-ligne par défaut” nous utilisons Hoodie, un projet encore perfectible mais très activement développé par une équipe expérimenté et ambitieuse. Pour gérer les interactions tactiles et à la souris de manière unifiée nous utilisons la librairie PointerEvents, qui est un sous-projet de Polymer, développé par Google. Et nous utilisons encore jQuery, parce que les navigateurs modernes ont et auront toujours des bugs, que son API conserve des avantages par rapport à celle du DOM (chaînages des méthodes, délégation d’évènements), et qu’elle intègre des optimisations internes (différents caches et utilisation de fragments DOM). Enfin, nous nous sommes rapprochés d’autres développeurs de webapps libres de dessin typographique pour créer une librairie capable de générer des fichiers de polices binaires (.otf) directement dans le navigateur.

Par ailleurs, nous créons petit à petit notre propre language afin de créer les “caractères paramétrables” qui sont au coeur de Prototypo : des caractères qui se transforment lorsque l’utilisateur interragit avec les paramètres de l’interface. À la base c’était un mélange de SVG et de JS mais nous permettons de rajouter des contraintes (un point placé à une interection par exemple), et d’inclure dans un tracé des composants réutilisables. C’est en évolution constante et très spécifique à notre usage, mais nous espérons bien que les utilisateurs s’en saisiront pour enrichir les possibilités du logiciel. Quelle est la suite des évènements ? (annoncer entre autre l’apéro)

Nous allons encore être occupé à plein temps par la campagne pendant ses 15 derniers jours. Nous organisons mardi soir un Apéro Prototypo sur Lyon (chez KolleBolle) auquel nous convions tous nos amis, mais aussi les graphistes et libristes qui voudraient essayer la version de développement du logiciel et discuter avec nous autour d’un verre. Les 6 et 7 Mai nous seront au Automatic Type Design organisé par l’ANRT à Nancy. Une fois que la campagne sera finie nous nous remettrons enfin au dévelopement et essayerons de créer les conditions favorables à l’accueil de contributeurs externes. La version de travail sera accessible fin Mai et la version 1.0 devrait être disponible en Septembre prochain. Nous continuerons à développer Prototypo aussi longtemps que notre trésorerie le permettra.

prototypo-code.png

Merci à vous deux ! Un petit mot pour la fin ?

On remercie toutes les personnes qui nous ont soutenu jusqu’ici, en donnant de leur temps, en participant à la campagne de financement, en affichant leur soutien sur Twitter et Facebook, en nous inviant dans leurs colonnes, et on remercie par avance toutes les personnes qui vont le faire. Dès le début Prototypo a été un projet passionnant, maintenant grâce à vous c’est un projet exaltant.

Notes

[1] Oui, je sais, on prévient “un peu” tard :-/




Windows XP est mort. Et après ?

Le support pour Windows XP s’arrête le 8 avril prochain.

Cela signifie notamment que son éditeur, Microsoft, ne publiera plus de mise à jour de sécurité. En conséquence de quoi, il parait extrêmement risqué, pour ne pas dire totalement inconscient, de confier ses données (privées ou celles de son entreprise) à un système d’exploitation que personne n’ira réparer en cas de faille. C’est un peu comme rester sur un bateau dont aucun port ne voudrait, et dont l’armateur vous aurait même interdit de le réparer vous-même. Autant vous dire qu’à la moindre attaque de pirates, vous et vos fichiers seront bons pour nourrir les poissons…

WinXP-RIP-pyg-cc-by

De plus, Windows XP est encore très présent. Chez les particuliers, dans les entreprises, dans des terminaux bancaires, etc.

Alors que faire ?

Vous pouvez évidemment changer de système d’exploitation. Rester chez Microsoft (malgré un Windows 8 détesté par de nombreux utilisateurs). Ou passer à Mac OS (malgré les nombreux verrouillages d’Apple pour le bien de l’utilisateur). Mais cela signifie dans la plupart des cas racheter une machine (avec des racketiciels dedans), ce qui n’est bon ni pour la planète, ni pour votre porte-monnaie. Et surtout, la même situation d’abandon logiciel se reproduira tôt ou tard.

Vous pouvez aussi passer aux logiciels libres.

Après tout, vous utilisez peut-être déjà de nombreux logiciels libres avec Windows XP ? Firefox, LibreOffice, VLC sont biens répandus et proposent une alternative viable aux logiciels de Microsoft et autres éditeurs. Donc, pourquoi ne pas sauter le pas et passer à Linux ? Ce ne sont pas les distributions qui manquent. En dehors des particuliers et des entreprises de nombreux gouvernements, états, villes, ou institutions l’ont fait.

Une autre solution, moins répandue, pourrait aussi tout simplement de… ne plus se préoccuper du système d’exploitation de votre machine !

Depuis votre ordinateur, vous vous connectez sur un autre ordinateur (un serveur qui peut être chez vous, ou à l’autre bout du monde), dont vous utilisez les ressources (processeur, logiciel, disque dur, etc). Cet ordinateur vous renvoie l’image de ce que vous faites, exactement comme si vos actions étaient effectuées *dans* votre ordinateur.

Cela a de nombreux avantages, et quelques inconvénients (dont celui d’avoir besoin d’une connexion internet, même à débit modéré).

Nous vous proposons ici un entretien avec François Aubriot, Directeur fondateur de DotRiver, et Président de Ploss Rhône Alpes.

Windows Timeline, source WM Commons

Bonjour François, peux-tu te présenter, ainsi que la société DotRiver ?

Bonjour, perso j’ai été un peu élevé dans un monde bleu, un monde dans lequel nous avions des milliers de terminaux (vert et noir), des connexions à 2400bauds. Dès l’arrivée d’internet sur la planète, je me suis mis à connecter ces grands systèmes avec les plus petits en trouvant dans les environnement GNU/Linux des solutions pertinentes en terme de sécurité, de rapidité et robustesse.

En 2008 nous avons décidé de pousser une nouvelle approche concernant la bureautique qui se trouvait sous une chape monopolistique d’un éditeur américain.

Nous avions déjà plus de 4 ans de retours d’expériences avec de vrais utilisateurs en face de nous. L’idée ? Elle est simple : utiliser les matériels existants, accéder à son environnement de travail depuis n’importe où (ses programmes, ses données…) et ne le faire qu’avec des solutions libres et ou open source pour sortir du carcan imposé par les éditeurs. Lors de la création il nous a fallut choisir entre différents modèles. Faire un logiciel et retomber dans les problématiques des éditeurs ; avoir une approche appliance et mettre des serveurs de partout, mais c’était continuer à faire fonctionner les usines à charbon ; ou proposer un service, celui de garantir que toute la bureautique fonctionne. C’est cette dernière voie que nous avons choisie, certainement la plus dure, mais assurément la plus vertueuse. Et garantir que la bureautique fonctionne… personne ne l’avait jamais fait !

Alors, DotRiver… c’est quoi ?

Le principe est simple : votre ordinateur est sur un serveur. Vos fichiers, votre fond d’écran, vos programmes. Tout est sur un serveur. Vous pouvez changer d’ordinateur (à la maison, au travail), vous retrouvez votre espace de travail, les photos de vos vacances, vos courriers, vos documents. Et le plus sympathique dans tout ça, c’est que tout fonctionne nettement plus vite car un serveur est toujours plus rapide qu’un simple PC.

On pense alors : mais la sécurité dans tout ça ? Justement ! Il est nettement plus sécurisé d’avoir toute son informatique sur un serveur plutôt que sur un PC classique. DotRiver est excessivement sécurisé. Tous les fichiers sont contrôlés pour les virus. Personne d’autre que vous ne peut accéder à votre espace, à vos mots de passe enregistrés dans votre navigateur. DotRiver s’occupe de tout.

De 3 à 113 ans, nos utilisateurs ne se préoccupent plus des tracas de l’informatique locale, et ils peuvent se concentrer sur les usages, sur les métiers dans l’entreprise.
Un détail tout de même : pour utiliser un serveur DotRiver, il faut être connecté à ce serveur. Si vous avez un serveur DotRiver local (dans votre organisation), pas de problème, vous serez toujours connecté. Mais si vous êtes au milieu de l’Amazonie, cela sera plus difficile. Au niveau débits, une connexion ADSL à 512 kbs suffit largement pour utiliser DotRiver. On peut utiliser son bureau DotRiver à partir de 64 kbs.

Ce 8 avril sonnera la date de la mise à la retraite de Windows XP (après 13 ans de pas très loyaux services). Qu’est-ce que cela implique pour les particuliers, associations et entreprises qui l’utilisent encore ?

Il serait bon de tout arrêter et de commencer à réfléchir. Si les entreprises ont encore du Windows XP après la fin du support de sécurité assuré par Microsoft, elles pourront publier leurs listes de clients sur internet. Dans tous les cas, si elles ne le font pas, d’autres le feront ! Il faut donc changer. Vite !

On pourrait penser qu’il faut changer en passant à un autre Windows. Mais pourquoi repartir sur un système dont on voit bien les limites aujourd’hui ? Changement des ordinateurs tous les 2 ou 3 ans, licences payantes… pour un service rendu qui souvent n’est pas au rendez-vous. En effet, combien de temps est-il perdu avec une informatique classique ? Des heures par jour ? Des jours par an.

A l’opposé, DotRiver permet d’utiliser le matériel pendant des années, ce qui est économique. C’est par ailleurs écologique ! DotRiver, peut garantir un bon fonctionnement dans le temps car l’ensemble des logiciels utilisés sont libres. Il est donc possible de corriger des erreurs, de profiter d’améliorations gratuitement, mais surtout de comprendre comment le système fonctionne. Cela n’est pas possible avec un logiciel propriétaire ou un environnement propriétaire.

Enfin, DotRiver fait travailler des salariés locaux (en France), et une société française, qui paye ses impots… en France ! C’est loin d’être le cas de bon nombre de solutions actuelles où les sommes payées partent dans divers paradis fiscaux et ne servent pas du tout à l’économie locale.

Quelles solutions peut alors apporter DotRiver ?

DotRiver propose des serveurs dans le cloud ou des serveurs dédiés installés dans les entreprises ou les organisations.En 2008, nous sommes partis de 2 constats fondateurs : des terminaux nous en avons de partout, et nous en aurons de plus en plus, et pour les connexions c’est pareil, nous en aurons de plus en plus.

Pourquoi donc s’acharner à tout avoir en local, sur sa machine, son doudou numérique et continuer à payer une machine à écrire ?

Dans certaines écoles primaires par exemple, au lieu de devoir faire fonctionner 25 ordinateurs, on se concentre désormais uniquement sur un serveur qui fait fonctionner les 25 ordinateurs. Tous les enfants, tous les professeurs ont LEUR environnement quel que soit le clavier et la souris utilisée. Les enseignants peuvent aussi utiliser la solution depuis leurs domiciles, exactement comme si ils étaient à l’école. Et bientôt les élèves ! Le serveur est bien local dans l’école. Les fichiers sont dans l’école. DotRiver peut avoir accès ou pas aux fichiers. Chez certains clients, qui utilisent notre solution, nous n’avons pas accès aux fichiers. DotRiver se concentre sur tout le périmètre bureautique et permet bien entendu tous les accès aux applications métiers. Les logiciels sont puissants et à jour. Le système fonctionne bien 24/24. C’est cela la garantie de fonctionnement de DotRiver, que nous pouvons assurer car nous avons accès à 100% des sources.

Passons aux question qui fâchent 🙂 Le code de DotRiver est-il libre ? En plus, je confie potentiellement mes données à un tiers, pourquoi avoir confiance dans cette solution ?

Sur le périmètre bureautique toute les données stockées le sont dans des formats ouverts, dans des formats connus et maîtrisés (un avantage encore d’utiliser des standards). Du jour au lendemain tout client récupère toutes ses données (si elles ne sont pas déjà stockées chez lui sur son serveur).

En terme de sécurité que ce soit chez nous, sur des infrastructures hébergées, le cloud, etc., le seul et unique protocole utilisé pour accéder au service est SSH (protocole qui est utilisés par tous les administrateurs systèmes du monde entier pour accéder aux serveurs). Tous les serveurs que nous gérons sont installés sur une base Debian mais DotRiver est avant tout un service, pas un logiciel.

Tous les composants utilisés sont libres ou opensource. Le cœur de la solution est basée sur FreeNX. La valeur de notre solution réside dans le service que nous produisons.

Ce que nous avons fait depuis 10 ans, c’est d’industrialiser, rechercher, comprendre, tester et surtout écouter nos clients de façon à pouvoir leur fournir le service dont ils ont tant besoin : une bureautique puissante, qui fonctionne.

Depuis 2 ans, dans le cadre du projet de R&D nuage France, soutenu par l’état dans le domaine du cloud, auquel nous participons auprès de 5 autre PME Françaises et le LIP6 dirigé par Monsieur Pujol, nous avons fait d’importants développements sur le client OpenNX (client SSH-X). Le projet n’étant plus actif nous pensons sérieusement le reprendre à notre compte et publier le code sous licence Libre. Cela nous permettra, entre autre, de ne plus utiliser le client édité par la société NoMachine dont le client est en GPL mais dont nous n’avons pas les sources 🙁 Raison pour laquelle nous avons travaillé sur le client openNX pour des clients fonctionnant sur des OS Microsoft.

Merci François ! Un dernier mot pour la fin ?

Il est temps de changer de modèle informatique, changer de paradigme de feu le PC et surtout accepter, ne pas avoir peur d’évoluer, d’apprendre.

Les plus gros freins que nous rencontrons sont la résistance au changement et le véritable pouvoir des lobbies. Nous essayons de faire évoluer une économie d’acquisitions vers une économie d’usages, ce qui est bien en phase avec les principes du développement durable et nos valeurs. Les logiciels libres, l’open source sont également extrêmement pertinents pour l’économie locale, nationale et l’emploi. Il serait temps que les collectivités le comprennent, l’intègrent, que l’argent de nos impôts profite aussi à notre pays.

Enfin je ne pourrais que vous conseiller de tester DotRiver… mais attention vous risquez de ne plus regarder votre machine actuelle comme avant. Rassurez vous, vous pourrez continuer à l’utiliser mais uniquement pour quelques usages ultra locaux. Conservez votre clavier, votre écran, votre PC ou Mac mais pour toute la bureautique, votre disque dur local ne fera plus rien.




Popcorn Time est mort, vive Popcorn Time ! (et vive les sources libres) 3/3

Popcorn Time épisode 3 le retour… Parce qu’avec les licences libres rien ne meurt jamais et surtout pas les bonnes idées 😉

Rappel des épisodes précédents :

  1. Popcorn Time, mieux que Netflix pour voir des films en streaming via BitTorrent !
  2. Popcorn Time « le pire cauchemar d’Hollywood » n’est déjà plus

Neeta Lind - CC by

Après sa mort, Popcorn time sera ressuscité par YTS (YIFY)

Popcorn Time Shuts Down, Then Gets Resurrected by YTS (YIFY)

Andy – 15 mars 2014 – TorrentFreak
(Traduction : Karl, JonathanMM, r0u, Mooshka, loicwood, aKa, Diab, GregR, Cellular_PP, Noon, lamessen, Amazigh + anonymes)

Une semaine riche en rebondissements pour la très contreversée application Popcorn Time, qui a touché le fond hier soir après avoir appris que les créateurs du logiciel jetaient l’éponge. Allons messieurs, pas si vite ! Les gens derrière YTS (YIFY) informent TorrentFreak qu’ils reprennent le projet immédiatement.

Samedi dernier, TorrentFreak annonçait la sortie du logiciel de streaming torrent Popcorn Time, un article qui fut suivi dans la semaine par des douzaines d’autres sur des sites d’envergure. Il est devenu rapidement évident que ce logiciel a levé un lièvre avec son ergonomie et sa simplicité.

Sans surprise, les premiers problèmes ne se sont pas fait attendre. Au milieu de la semaine, le logiciel a été retiré du site Mega.co.nz. Ce qui reste confus, c’est de savoir si cette action a été entreprise par Mega de son propre chef ou après une injonction d’Hollywood.L’équipe de développeurs de Popcorn Time ayant confirmé qu’ils n’en étaient pas à l’origine, l’un ou l’autre peut donc être à blâmer.

Après une semaine agitée, le logiciel ayant reçu d’importants soutiens, le projet s’est donc arrêté la nuit dernière. Dans un long communiqué sur le site web de l’outil, l’équipe de Popcorn Time a confirmé qu’elle arrêtait son travail.

« Popcorn Time ferme aujourd’hui. Pas parce que nous n’avons plus ni énergie, ni motivation, ni détermination, ni même d’alliés. Juste parce que nous avons envie de poursuivre nos vies. », explique ainsi l’équipe.

« Notre expérimentation nous a amenés aux portes d’un débat sans fin entre piratage et copyright, menaces légales et machinerie douteuse qui nous donne l’impression d’être en danger à cause de ce que nous aimons faire. Et ce n’est pas une bataille à laquelle nous souhaitons prendre part. »

L’équipe basée en Argentine a ajouté que le piratage n’est pas un problème d’utilisateurs, c’est un problème créé par l’industrie qui « se représente l’innovation comme une menace à l’encontre de leur modèle économique obsolète ».

Mais alors que d’autres articles sont écrits par la presse généraliste, chacun enterrant Popcorn Time avant de passer à autre chose, il y a d’importantes et bonnes nouvelles à rapporter.

Popcorn Time n’est pas mort et va continuer à être développé, en toute transparence.

Interviewé par TorrentFreak, le développeur d’YTS (anciennement YIFY-torrents) Jduncanator a confirmé que Popcorn Time ne mourra pas avec le retrait de l’équipe l’ayant créé. À la place, l’équipe de YTS va reprendre le flambeau et poursuivre.

« L’équipe YTS reprend actuellement le projet Popcorn Time et va le poursuivre comme si de rien n’était. Nous sommes en meilleure position vis-à-vis des droits d’auteur, car le projet est basé sur notre (propre) API, c’est comme si nous avions construit une autre interface pour notre site web. Il n’y a une faible différence entre gérer le projet PopCorn Time et mettre à disposition les films comme nous le faisons déjà », affirme le développeur.

« À YTS nous nous reconnaissons dans les projets de ce genre et l’émoi les entourant ne signifie pas qu’ils doivent être arrêtés. Cette agitation est bénéfique rendant les gens plus conscients et concernés par les problèmes engendrés par le copyright. »

Le projet, qui est désormais disponible sur GitHub, est ouvert aux anciens développeurs, qui recevront un accès aux contributions à leur demande. L’installeur Popcorn Time sera disponible prochainement.

Crédit photo : Neeta Lind (Creative Commons By)