Pourquoi Framasoft n’ira plus prendre le thé au ministère de l’Éducation Nationale

Cet article vise à clarifier la position de Framasoft, sollicitée à plusieurs reprises par le Ministère de l’Éducation Nationale ces derniers mois. Malgré notre indignation, il ne s’agit pas de claquer la porte, mais au contraire d’en ouvrir d’autres vers des acteurs qui nous semblent plus sincères dans leur choix du libre et ne souhaitent pas se cacher derrière une « neutralité et égalité de traitement » complètement biaisée par l’entrisme de Google, Apple ou Microsoft au sein de l’institution.

Pour commencer

Une technologie n’est pas neutre, et encore moins celui ou celle qui fait des choix technologiques. Contrairement à l’affirmation de la Ministre de l’Éducation Mme Najat Vallaud-Belkacem, une institution publique ne peut pas être « neutre technologiquement », ou alors elle assume son incompétence technique (ce qui serait grave). En fait, la position de la ministre est un sophisme déjà bien ancien ; c’est celui du Gorgias de Platon qui explique que la rhétorique étant une technique, il n’y en a pas de bon ou de mauvais usage, elle ne serait qu’un moyen.

Or, lui oppose Socrate, aucune technique n’est neutre : le principe d’efficacité suppose déjà d’opérer des choix, y compris économiques, pour utiliser une technique plutôt qu’une autre ; la possession d’une technique est déjà en soi une position de pouvoir ; enfin, rappelons l’analyse qu’en faisait Jacques Ellul : la technique est un système autonome qui impose des usages à l’homme qui en retour en devient addict. Même s’il est consternant de rappeler de tels fondamentaux à ceux qui nous gouvernent, tout choix technologique suppose donc une forme d’aliénation. En matière de logiciels, censés servir de supports dans l’Éducation Nationale pour la diffusion et la production de connaissances pour les enfants, il est donc plus qu’évident que choisir un système plutôt qu’un autre relève d’une stratégie réfléchie et partisane.

Le tweet confondant neutralité logicielle et choix politique.
Le tweet confondant neutralité logicielle et choix politique.

Un système d’exploitation n’est pas semblable à un autre, il suffit pour cela de comparer les deux ou trois principaux OS du marché (privateur) et les milliers de distributions GNU/Linux, pour comprendre de quel côté s’affichent la créativité et l’innovation. Pour les logiciels en général, le constat est le même : choisir entre des logiciels libres et des logiciels privateurs implique une position claire qui devrait être expliquée. Or, au moins depuis 1997, l’entrisme de Microsoft dans les organes de l’Éducation Nationale a abouti à des partenariats et des accords-cadres qui finirent par imposer les produits de cette firme dans les moindres recoins, comme s’il était naturel d’utiliser des solutions privatrices pour conditionner les pratiques d’enseignement, les apprentissages et in fine tous les usages numériques. Et ne parlons pas des coûts que ces marchés publics engendrent, même si les solutions retenues le sont souvent, au moins pour commencer, à « prix cassé ».

Depuis quelque temps, au moins depuis le lancement de la première vague de son projet Degooglisons Internet, Framasoft a fait un choix stratégique important : se tourner vers l’éducation populaire, avec non seulement ses principes, mais aussi ses dynamiques propres, ses structures solidaires et les valeurs qu’elle partage. Nous ne pensions pas que ce choix pouvait nous éloigner, même conceptuellement, des structures de l’Éducation Nationale pour qui, comme chacun le sait, nous avons un attachement historique. Et pourtant si… Une rétrospective succincte sur les relations entre Microsoft et l’Éducation Nationale nous a non seulement donné le tournis mais a aussi occasionné un éclair de lucidité : si, malgré treize années d’(h)activisme, l’Éducation Nationale n’a pas bougé d’un iota sa préférence pour les solutions privatrices et a même radicalisé sa position récemment en signant un énième partenariat avec Microsoft, alors nous utiliserions une partie des dons, de notre énergie et du temps bénévole et salarié en pure perte dans l’espoir qu’il y ait enfin une position officielle et des actes concrets en faveur des logiciels libres. Finalement, nous en sommes à la fois indignés et confortés dans nos choix.

Extrait de l'accord-Cadre MS-EN novembre 2015
Extrait de l’accord-Cadre MS-EN novembre 2015

L’Éducation Nationale et Microsoft, une (trop) longue histoire

En France, les rapports qu’entretient le secteur de l’enseignement public avec Microsoft sont assez anciens. On peut remonter à la fin des années 1990 où eurent lieu les premiers atermoiements à l’heure des choix entre des solutions toutes faites, clés en main, vendues par la société Microsoft, et des solutions de logiciels libres, nécessitant certes des efforts de développement mais offrant à n’en pas douter, des possibilités créatrices et une autonomie du service public face aux monopoles économiques. Une succession de choix délétères nous conduisent aujourd’hui à dresser un tableau bien négatif.

Dans un article paru dans Le Monde du 01/10/1997, quelques mois après la réception médiatisée de Bill Gates par René Monory, alors président du Sénat, des chercheurs de l’Inria et une professeure au CNAM dénonçaient la mainmise de Microsoft sur les solutions logicielles retenues par l’Éducation Nationale au détriment des logiciels libres censés constituer autant d’alternatives fiables au profit de l’autonomie de l’État face aux monopoles américains. Les mots ne sont pas tendres :

(…) Microsoft n’est pas la seule solution, ni la meilleure, ni la moins chère. La communauté internationale des informaticiens développe depuis longtemps des logiciels, dits libres, qui sont gratuits, de grande qualité, à la disposition de tous, et certainement beaucoup mieux adaptés aux objectifs, aux besoins et aux ressources de l’école. Ces logiciels sont largement préférés par les chercheurs, qui les utilisent couramment dans les contextes les plus divers, et jusque dans la navette spatiale. (…) On peut d’ailleurs, de façon plus générale, s’étonner de ce que l’administration, et en particulier l’Éducation Nationale, préfère acheter (et imposer à ses partenaires) des logiciels américains, plutôt que d’utiliser des logiciels d’origine largement européenne, gratuits et de meilleure qualité, qui préserveraient notre indépendance technologique.

L’année suivante, en octobre 1998, le Ministère de l’Éducation Nationale signe avec l’AFUL un accord-cadre pour l’exploitation, le développement et l’expertise de solutions libres dans les établissements. Le Ministère organise même en juillet 1999 une Université d’été « La contribution des logiciels et ressources libres à l’amélioration de l’environnement de travail des enseignants et des élèves sur les réseaux ».

Microsoft : Do you need a backdoor ?
Microsoft : Do you need a backdoor ?

D’autres témoignages mettent en lumière des tensions entre logiciels libres et logiciels privateurs dans les décisions d’équipement et dans les intentions stratégiques de l’Éducation Nationale au tout début des années 2000. En revanche, en décembre 2003, l’accord-cadre1 Microsoft et le Ministère de l’Éducation Nationale change radicalement la donne et propose des solutions clés en main intégrant trois aspects :

  • tous les établissements de l’Éducation Nationale sont concernés, des écoles primaires à l’enseignement supérieur ;
  • le développement des solutions porte à la fois sur les systèmes d’exploitation et la bureautique, c’est-à-dire l’essentiel des usages ;
  • la vente des logiciels se fait avec plus de 50% de remise, c’est-à-dire avec des prix résolument tirés vers le bas.

Depuis lors, des avenants à cet accord-cadre sont régulièrement signés. Comme si cela ne suffisait pas, certaines institutions exercent leur autonomie et établissent de leur côté des partenariats « en surplus », comme l’Université Paris Descartes le 9 juillet 2009, ou encore les Villes, comme Mulhouse qui signe un partenariat Microsoft dans le cadre de « plans numériques pour l’école », même si le budget est assez faible comparé au marché du Ministère de l’Éducation.

Il serait faux de prétendre que la société civile ne s’est pas insurgée face à ces accords et à l’entrisme de la société Microsoft dans l’enseignement. On ne compte plus les communiqués de l’April (souvent conjoints avec d’autres associations du Libre) dénonçant ces pratiques. Bien que des efforts financiers (discutables) aient été faits en faveur des logiciels libres dans l’Éducation Nationale, il n’en demeure pas moins que les pratiques d’enseignement et l’environnement logiciel des enfants et des étudiants sont soumis à la microsoftisation des esprits, voire une Gafamisation car la firme Microsoft n’est pas la seule à signer des partenariats dans ce secteur. Le problème ? Il réside surtout dans le coût cognitif des outils logiciels qui, sous couvert d’apprentissage numérique, enferme les pratiques dans des modèles privateurs : « Les enfants qui ont grandi avec Microsoft, utiliseront Microsoft ».

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Et si c’était MacDonald’s qui rentrait dans les cantines scolaires…? Les habitudes malsaines peuvent se prendre dès le plus jeune âge.

On ne saurait achever ce tableau sans mentionner le plus récent partenariat Microsoft-EN signé en novembre 2015 et vécu comme une véritable trahison par, entre autres, beaucoup d’acteurs du libre. Il a en effet été signé juste après la grande consultation nationale pour le Projet de Loi Numérique porté par la ministre Axelle Lemaire. La consultation a fait ressortir un véritable plébiscite en faveur du logiciel libre dans les administrations publiques et des amendements ont été discutés dans ce sens, même si le Sénat a finalement enterré l’idée. Il n’en demeure pas moins que les défenseurs du logiciel libre ont cru déceler chez nombre d’élus une oreille attentive, surtout du point de vue de la souveraineté numérique de l’État. Pourtant, la ministre Najat Vallaud-Belkacem a finalement décidé de montrer à quel point l’Éducation Nationale ne saurait être réceptive à l’usage des logiciels libre en signant ce partenariat, qui constitue, selon l’analyse par l’April des termes de l’accord, une « mise sous tutelle de l’informatique à l’école » par Microsoft.

Entre libre-washing et méthodes douteuses

Pour être complète, l’analyse doit cependant rester honnête : il existe, dans les institutions de l’Éducation Nationale des projets de production de ressources libres. On peut citer par exemple le projet EOLE (Ensemble Ouvert Libre Évolutif), une distribution GNU/Linux basée sur Ubuntu, issue du Pôle de compétence logiciel libre, une équipe du Ministère de l’Éducation Nationale située au rectorat de l’académie de Dijon. On peut mentionner le projet Open Sankoré, un projet de développement de tableau interactif au départ destiné à la coopération auprès de la Délégation Interministérielle à l’Éducation Numérique en Afrique (DIENA), repris par la nouvelle Direction du numérique pour l’éducation (DNE) du Ministère de l’EN, créée en 2014. En ce qui concerne l’information et la formation des personnels, on peut souligner certaines initiatives locales comme le site Logiciels libres et enseignement de la DANE (Délégation Académique au Numérique Éducatif) de l’académie de Versailles. D’autres projets sont parfois maladroits comme la liste de « logiciels libres et gratuits » de l’académie de Strasbourg, qui mélange allègrement des logiciels libres et des logiciels privateurs… pourvus qu’ils soient gratuits.

Les initiatives comme celles que nous venons de recenser se comptent néanmoins sur les doigts des deux mains. En pratique, l’environnement des salles informatiques des lycées et collèges reste aux couleurs Microsoft et les tablettes (réputées inutiles) distribuées çà et là par villes et départements, sont en majorité produites par la firme à la pomme2. Les enseignants, eux, n’ayant que très rarement voix au chapitre, s’épuisent souvent à des initiatives en classe fréquemment isolées bien que créatives et efficaces. Au contraire, les inspecteurs de l’Éducation Nationale sont depuis longtemps amenés à faire la promotion des logiciels privateurs quand ils ne sont pas carrément convoqués chez Microsoft.

Convocation Inspecteurs de l'EN chez Microsoft
Convocation Inspecteurs de l’EN chez Microsoft

L’interprétation balance entre deux possibilités. Soit l’Éducation Nationale est composée exclusivement de personnels incohérents prêts à promouvoir le logiciel libre partout mais ne faisant qu’utiliser des suites Microsoft. Soit des projets libristes au sein de l’Éducation Nationale persistent à exister, composés de personnels volontaires et motivés, mais ne s’affichent que pour mieux mettre en tension les solutions libres et les solutions propriétaires. Dès lors, comme on peut s’attendre à ce que le seul projet EOLE ne puisse assurer toute une migration de tous les postes de l’EN à un système d’exploitation libre, il est logique de voir débouler Microsoft et autres sociétés affiliées présentant des solutions clés en main et économiques. Qu’a-t-on besoin désormais de conserver des développeurs dans la fonction publique puisque tout est pris en charge en externalisant les compétences et les connaissances ? Pour que cela ne se voie pas trop, on peut effectivement s’empresser de mettre en avant les quelques deniers concédés pour des solutions libres, parfois portées par des sociétés à qui on ne laisse finalement aucune chance, telle RyXéo qui proposait la suite Abulédu.

Finalement, on peut en effet se poser la question : le libre ne serait-il pas devenu un alibi, voire une caution bien mal payée et soutenue au plus juste, pour légitimer des solutions privatrices aux coûts exorbitants ? Les décideurs, DSI et autres experts, ne préfèrent-ils pas se reposer sur un contrat Microsoft plutôt que sur le management de développeurs et de projets créatifs ? Les solutions les plus chères sont surtout les plus faciles.

Plus faciles, mais aussi plus douteuses ! On pourra en effet se pencher à l’envi sur les relations discutables entre certains cadres de Microsoft France et leurs postes occupés aux plus hautes fonctions de l’État, comme le montrait le Canard Enchaîné du 30 décembre 2015. Framasoft se fait depuis longtemps l’écho des manœuvres de Microsoft sans que cela ne soulève la moindre indignation chez les décideurs successifs au Ministère3. On peut citer, pêle-mêle :

Cette publicité est un vrai tweet Microsoft. Oui. Cliquez sur l'image pour lire l'article de l'APRIL à ce sujet.
Cette publicité est un vrai tweet Microsoft. Oui.
Cliquez sur l’image pour lire l’article de l’APRIL à ce sujet.

 

Du temps et de l’énergie en pure perte

« Vous n’avez qu’à proposer », c’est en substance la réponse balourde par touittes interposés de Najat Vallaud-Belkacem aux libristes qui dénonçaient le récent accord-cadre signé entre Microsoft et le Ministère. Car effectivement, c’est bien la stratégie à l’œuvre : alors que le logiciel libre suppose non seulement une implication forte des décideurs publics pour en adopter les usages, son efficience repose également sur le partage et la contribution. Tant qu’on réfléchit en termes de pure consommation et de fournisseur de services, le logiciel libre n’a aucune chance. Il ne saurait être adopté par une administration qui n’est pas prête à développer elle-même (ou à faire développer) pour ses besoins des logiciels libres et pertinents, pas plus qu’à accompagner leur déploiement dans des milieux qui ne sont plus habitués qu’à des produits privateurs prêts à consommer.

Au lieu de cela, les décideurs s’efforcent d’oublier les contreparties du logiciel libre, caricaturent les désavantages organisationnels des solutions libres et légitiment la Microsoft-providence pour qui la seule contrepartie à l’usage de ses logiciels et leur « adaptation », c’est de l’argent… public. Les conséquences en termes de hausses de tarifs des mises à jour, de sécurité, de souveraineté numérique et de fiabilité, par contre, sont des sujets laissés vulgairement aux « informaticiens », réduits à un débat de spécialistes dont les décideurs ne font visiblement pas partie, à l’instar du Ministère de la défense lui aussi aux prises avec Microsoft.

Comme habituellement il manque tout de même une expertise d’ordre éthique, et pour peu que des compétences libristes soient nécessaires pour participer au libre-washing institutionnel, c’est vers les associations que certains membres de l’Éducation Nationale se tournent. Framasoft a bien souvent été démarchée soit au niveau local pour intervenir dans des écoles / collèges / lycées afin d’y sensibiliser au Libre, soit pour collaborer à des projets très pertinents, parfois même avec des possibilités de financement à la clé. Ceci depuis les débuts de l’association qui se présente elle-même comme issue du milieu éducatif.

Témoignage usage de Framapad à l'école
Témoignage : usage de Framapad à l’école

Depuis plus de dix ans Framasoft intervient sur des projets concrets et montre par l’exemple que les libristes sont depuis longtemps à la fois forces de proposition et acteurs de terrain, et n’ont rien à prouver à ceux qui leur reprocheraient de se contenter de dénoncer sans agir. Depuis deux décennies des associations comme l’April ont impulsé des actions, pas seulement revendicatrices mais aussi des conseils argumentés, de même que l’AFUL (mentionnée plus haut). Las… le constat est sans appel : l’Éducation Nationale a non seulement continué à multiplier les relations contractuelles avec des firmes comme Microsoft, barrant la route aux solutions libres, mais elle a radicalisé sa position en novembre 2015 en un ultime pied de nez à ces impertinentes communautés libristes.

Nous ne serons pas revanchards, mais il faut tout de même souligner que lorsque des institutions publiques démarchent des associations composées de membres bénévoles, les tâches demandées sont littéralement considérées comme un dû, voire avec des obligations de rendement. Cette tendance à amalgamer la soi-disant gratuité du logiciel libre et la soi-disant gratuité du temps bénévole des libristes, qu’il s’agisse de développement ou d’organisation, est particulièrement détestable.

Discuter au lieu de faire

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À quelles demandes avons-nous le plus souvent répondu ? Pour l’essentiel, il s’agit surtout de réunions, de demandes d’expertises dont les résultats apparaissent dans des rapports, de participation plus ou moins convaincante (quand il s’agit parfois de figurer comme caution) à des comités divers, des conférences… On peut discuter de la pertinence de certaines de ces sollicitations tant les temporalités de la réflexion et des discours n’ont jamais été en phase avec les usages et l’évolution des pratiques numériques.

Le discours de Framasoft a évolué en même temps que grandissait la déception face au décalage entre de timides engagements en faveur du logiciel libre et des faits attestant qu’à l’évidence le marché logiciel de l’Éducation Nationale était structuré au bénéfice des logiques privatrices. Nous en sommes venus à considérer que…

  • si, en treize ans de sensibilisation des enseignants et des décideurs, aucune décision publique n’a jamais assumé de préférence pour le logiciel libre ;
  • si, en treize ans, le discours institutionnel s’est même radicalisé en défaveur du Libre : en 2003, le libre n’est « pas souhaitable » ; en 2013 le libre et les formats ouverts pourraient causer des « difficultés juridiques » ; en 2016, le libre ne pourra jamais être prioritaire malgré le plébiscite populaire4

…une association comme Framasoft ne peut raisonnablement continuer à utiliser l’argent de ses donateurs pour dépenser du temps bénévole et salarié dans des projets dont les objectifs ne correspondent pas aux siens, à savoir la promotion et la diffusion du Libre.

Par contre, faire la nique à Microsoft en proposant du Serious Gaming éducatif, ça c'est concret !
Par contre, faire la nique à Microsoft en proposant du Serious Gaming éducatif, ça c’est concret !

L’éducation populaire : pas de promesses, des actes

Framasoft s’est engagée depuis quelque temps déjà dans une stratégie d’éducation populaire. Elle repose sur les piliers suivants :

  • social : le mouvement du logiciel libre est un mouvement populaire où tout utilisateur est créateur (de code, de valeur, de connaissance…) ;
  • technique : par le logiciel libre et son développement communautaire, le peuple peut retrouver son autonomie numérique et retrouver savoirs et compétences qui lui permettront de s’émanciper ;
  • solidaire : le logiciel libre se partage, mais aussi les compétences, les connaissances et même les ressources. Le projet CHATONS démontre bien qu’il est possible de renouer avec des chaînes de confiance en mobilisant des structures au plus proche des utilisateurs, surtout si ces derniers manquent de compétences et/ou d’infrastructures.

Quelles que soient les positions institutionnelles, nous sommes persuadés qu’en collaborant avec de petites ou grandes structures de l’économie sociale et solidaire (ESS), avec le monde culturel en général, nous touchons bien plus d’individus. Cela sera également bien plus efficace qu’en participant à des projets avec le Ministère de l’Éducation Nationale, qui se révèlent n’avoir au final qu’une portée limitée. Par ailleurs, nous sommes aussi convaincus que c’est là le meilleur moyen de toucher une grande variété de publics, ceux-là mêmes qui s’indigneront des pratiques privatrices de l’Éducation Nationale.

Néanmoins, il est vraiment temps d’agir, car même le secteur de l’ESS commence à se faire « libre-washer » et noyauter par Microsoft : par exemple la SocialGoodWeek a pour partenaires MS et Facebook ; ou ADB Solidatech qui équipe des milliers d’ordinateurs pour associations avec des produits MS à prix cassés.

Page SocialGoodWeek, sponsors
Page SocialGoodWeek, sponsors

Ce positionnement du « faire, faire sans eux, faire malgré eux » nous a naturellement amenés à développer notre projet Degooglisons Internet. Mais au-delà, nous préférons effectivement entrer en relation directe avec des enseignants éclairés qui, plutôt que de perdre de l’énergie à convaincre la pyramide hiérarchique kafkaïenne, s’efforcent de créer des projets concrets dans leurs (minces) espaces de libertés. Et pour cela aussi le projet Degooglisons Internet fait mouche.

Nous continuerons d’entretenir des relations de proximité et peut-être même d’établir des projets communs avec les associations qui, déjà, font un travail formidable dans le secteur de l’Éducation Nationale, y compris avec ses institutions, telles AbulEdu, Sésamath et bien d’autres. Il s’agit là de relations naturelles, logiques et même souhaitables pour l’avancement du Libre. Fermons-nous définitivement la porte à l’Éducation Nationale ? Non… nous inversons simplement les rôles.

Pour autant, il est évident que nous imposons implicitement des conditions : les instances de l’Éducation Nationale doivent considérer que le logiciel libre n’est pas un produit mais que l’adopter, en plus de garantir une souveraineté numérique, implique d’en structurer les usages, de participer à son développement et de généraliser les compétences en logiciels libres. Dans un système déjà noyauté (y compris financièrement) par les produits Microsoft, la tâche sera rude, très rude, car le coût cognitif est déjà cher payé, dissimulé derrière le paravent brumeux du droit des marchés publics (même si en la matière des procédures négociées peuvent très bien être adaptées au logiciel libre). Ce n’est pas (plus) notre rôle de redresser la barre ou de cautionner malgré nous plus d’une décennie de mauvaises décisions pernicieuses.

Si l’Éducation Nationale décide finalement et officiellement de prendre le bon chemin, avec force décrets et positions de principe, alors, ni partisans ni vindicatifs, nous l’accueillerons volontiers à nos côtés car « la route est longue, mais la voie est libre… ».

— L’association Framasoft

Par contre, si c'est juste pour prendre le thé... merci de se référer à l'erreur 418.
En revanche, si c’est juste pour prendre le thé… merci de se référer à l’erreur 418.


  1. Voir aussi sur education.gouv.fr. Autre lien sur web.archive.org.
  2. Mais pas toujours. Microsoft cible aussi quelques prospects juteux avec les établissements « privés » sous contrat avec l’EN, qui bénéficient d’une plus grande autonomie décisionnelle en matière de numérique. Ainsi on trouve de véritables tableaux de chasse sur le site de Microsoft France. Exemple : Pour les élèves du collège Saint Régis-Saint Michel du Puy-en-Velay (43), « Windows 8, c’est génial ! ».
  3. Certes, on pourrait aussi ajouter que, bien qu’il soit le plus familier, Microsoft n’est pas le seul acteur dans la place: Google est membre fondateur de la « Grande École du Numérique » et Apple s’incruste aussi à l’école avec ses tablettes.
  4. On pourra aussi noter le rôle joué par l’AFDEL et Syntec Numérique dans cette dernière décision, mais aussi, de manière générale, par les lobbies dans les couloirs de l’Assemblée et du Sénat. Ceci n’est pas un scoop.



Si Google vous ignore, votre projet est en péril

L’affaire a eu un certain retentissement : une entreprise qui propose du courrier électronique chiffré à ses clients et dont la croissance commence à faire de l’ombre à Gmail disparaît subitement des écrans de radar, ou plutôt des premières pages de la recherche Google, ce qui met en danger son modèle économique.

Aujourd’hui tout est réparé, mais cet épisode illustre une fois de plus le pouvoir de nuisance de Google dans la recherche sur Internet, qui est désormais un tentacule parmi d’autres de la pieuvre Alphabet.

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Remerciements particuliers au graphiste James Belkevitz de Glasgow pour cette image

Traduction Framalang : Penguin, goofy, Asta, Rozmador, Lumibd, KoS, xi
Article original sur le site de ProtonMail : Search Risk – How Google Almost Killed ProtonMail

Le risque de la recherche — Comment Google a bien failli faire disparaître ProtonMail

par Andy Yen

andyyenprotonmailcofounder
Andy est un cofondateur de ProtonMail

Ces deux derniers mois, nombre d’entre vous nous ont contactés pour en savoir plus sur le mystérieux tweet que nous avons envoyé à Google en août. Chez ProtonMail, la transparence est une valeur fondamentale, et nous essayons d’être aussi transparents envers notre communauté que possible. Comme beaucoup de gens continuent à nous poser des questions, nous devons être plus transparents à ce sujet pour éviter toute confusion et spéculation. C’est pourquoi nous racontons toute l’affaire aujourd’hui pour clarifier ce qui est arrivé.

Que s’est-il passé ?

Pour faire court, depuis un an Google ne faisait pas apparaître ProtonMail dans les résultats de recherche (NdT : en langue anglaise) sur les requêtes telles que secure email (e-mail sécurisé) et encrypted email (e-mail chiffré). C’était très suspect car ProtonMail a longtemps été le plus important fournisseur de messagerie chiffrée au monde.

Lorsque la version bêta de ProtonMail a été lancée en mai 2014, notre communauté a rapidement grandi tandis que des gens du monde entier se sont réunis et nous ont soutenu dans notre mission de protection de la vie privée à l’ère numérique. Notre campagne de financement collaboratif a battu tous les records en récoltant plus d’un demi-million de dollars des donateurs et nous a fourni les ressources nécessaires afin d’être compétitifs, même contre les plus gros mastodontes du secteur de l’e-mail.

À l’été 2015, ProtonMail avait passé la barre du demi-million d’utilisateurs et était le service sécurisé de courriels le plus connu au monde. ProtonMail était aussi bien classé à l’époque dans les résultats de recherche de Google, sur la première ou la deuxième page pour la plupart des requêtes comme secure email et encrypted email. Pourtant, à la fin du mois d’octobre 2015, la situation avait complètement changé, et ProtonMail n’apparaissait mystérieusement plus dans les résultats de recherche pour nos deux mots-clefs principaux.

Entre le début de l’été et l’automne 2015, ProtonMail a, il faut le souligner, connu beaucoup de changements. Nous avons lancé ProtonMail 2.0, sommes passés complètement en open source, nous avons lancé des applications mobiles en bêta, et nous avons mis à jour notre site, remplaçant notre ancien domaine de premier niveau .ch par .com, plus connu. Nous avons aussi doublé en taille, atteignant près d’un million d’utilisateurs à l’automne. Tous ces changements auraient dû amélioré le classement de ProtonMail dans les résultats de recherche puisque nous offrions une solution de plus en plus pertinente pour davantage d’utilisateurs.

En novembre 2015, nous nous sommes aperçu du problème et avons consulté un certain nombre d’experts en référencement reconnus. Aucun d’entre eux ne pouvait comprendre le problème, en particulier parce que ProtonMail n’a jamais utilisé de tactiques déloyales de référencement, et que nous n’avons jamais observé l’utilisation de ces mêmes techniques contre nous. Mystérieusement, le problème était entièrement restreint à Google, puisque cette anomalie n’était constatée pour aucun autre moteur de recherche. Ci-dessous, le classement dans les résultats de recherche de ProtonMail pour les mots-clefs secure email et encrypted email au début du mois d’août 2016 pour les principaux moteurs de recherche. Nous apparaissons sur la première ou la deuxième page partout sauf pour Google où nous n’apparaissons pas du tout.

protonmail_seo_rank_augustTout au long du printemps 2016, nous avons tenté activement d’établir le contact avec Google. Nous avons créé deux tickets sur leur formulaire de signalement de spam où nous expliquions la situation. Nous avons même contacté le président des Relations Stratégiques EMOA chez Google, mais n’avons ni reçu de réponse ni constaté d’amélioration. Vers cette époque, nous avons aussi entendu parler de l’action liée au droit de la concurrence engagée par la Commission Européenne contre Google, accusant Google d’abuser de son monopole sur les recherches pour abaisser le classement de ses concurrents. Il s’agissait d’une nouvelle inquiétante, car en tant que service de courriels qui valorise d’abord la vie privée des utilisateurs, nous sommes la première alternative à Gmail pour les personnes qui souhaitent que leurs données personnelles restent confidentielles.

En août, à défaut d’autre solution, nous nous sommes tournés vers Twitter pour exposer notre problème. Cette fois, nous avons enfin eu une réponse, en grande partie grâce aux centaines d’utilisateurs de ProtonMail qui ont attiré l’attention sur notre situation et l’ont rendue impossible à ignorer. Quelques jours plus tard, Google nous a informés qu’ils avaient « réparé quelque chose » sans fournir plus de détails. Les résultats ont été visibles immédiatement.

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Classement dans les résultats de recherche Google de ProtonMail pour Encrypted Email

Dans le graphique ci-dessus, l’axe des abscisses représente le temps et l’axe des ordonnées le classement dans les résultats (les nombres les plus bas sont les meilleurs). Les dates pour lesquelles il n’y a pas de point correspondent à des moments où nous n’apparaissions pas du tout dans les résultats de Google. Après les quelques changements de Google, le classement de ProtonMail s’est immédiatement rétabli et ProtonMail est maintenant n°1 et n°3 respectivement pour secure email et encrypted email. Sans plus d’explications de la part de Google, nous ne saurons sans doute jamais pourquoi ProtonMail a été déclassé. En tout cas, nous apprécions le fait que Google ait enfin fait quelque chose pour résoudre le problème, nous aurions seulement souhaité qu’ils le fassent plus tôt.

Le risque de la recherche

Cet incident souligne cependant un danger auparavant méconnu que nous appelons maintenant le « Risque de la Recherche ». Le danger est que n’importe quel service comme ProtonMail peut facilement être supprimé par les entreprises qui gèrent les moteurs de recherche, ou le gouvernement qui contrôle ces entreprises. Cela peut même arriver à travers les frontières nationales. Par exemple, même si Google est une société américaine, elle contrôle plus de 90 % du trafic de recherche européen. Dans ce cas précis, Google a directement causé une réduction de la croissance mondiale de ProtonMail de plus de 25 % pendant plus de dix mois.

Cela signifiait que les revenus que Protonmail tirait de ses utilisateurs ont été aussi été réduits de 25 %, mettant de la pression financière sur nos activités. Nous sommes passés  de la capacité à  couvrir toutes nos dépenses mensuelles à la nécessité de puiser de l’argent de notre fonds de réserve d’urgence. La perte de revenus et les dommages financiers consécutifs ont été de plusieurs milliers de francs suisses (1 CHF = 1,01 USD), qui ne seront jamais remboursés.

La seule raison pour laquelle nous avons survécu pour raconter cette histoire est que la majeure partie de la croissance de ProtonMail provient du bouche à oreille, et que notre communauté est trop active pour l’ignorer. Bien d’autres entreprises ne seront pas aussi chanceuses. Cet épisode montre que bien que les risques en matière de recherche internet sont sérieux, et nous soutenons donc maintenant la commission européenne : compte tenu de la position hégémonique de Google sur la recherche web, plus de transparence et de surveillance sont indispensables.

Se défendre contre le risque de la recherche

Cet épisode démontre que pour que ProtonMail réussisse, il est important que nous puissions nous développer indépendamment des moteurs de recherche, de sorte qu’il devienne impossible pour n’importe quelle entreprise qui gère la recherche de nous paralyser sans le vouloir. Plus facile à dire qu’à faire, mais voici une liste d’actions que nous pouvons tous mener pour préserver l’avenir de ProtonMail :

  • Parler de ProtonMail à vos amis et votre famille. Vous en tirerez également un autre avantage : le chiffrement automatique de bout en bout lorsque vous leur enverrez un courriel ;
  • Écrire des billets de blog sur ProtonMail et aidez à diffuser le message sur l’importance de la vie privée en ligne ;
  • Passer à un compte payant ou faites un don afin que nous puissions reconstituer plus rapidement notre fonds de réserve d’urgence épuisé ;
  • Aider ProtonMail à atteindre davantage d’utilisateurs à travers les réseaux sociaux. Vous pouvez tweeter ou partager ProtonMail sur Facebook avec les boutons de partage ci-dessous.

Plus nous diffuserons l’idée que la vie privée en ligne est très importante, plus nous rendrons impossible de supprimer ou interdire les services de messagerie chiffrés tels que ProtonMail, ou d’exercer sur eux une pression quelconque. Nous croyons que la vie privée en ligne est essentielle pour un avenir ouvert, démocratique et libre, et quels que soient les obstacles devant nous, nous allons continuer à élaborer les outils nécessaires pour protéger cet avenir. Nous vous remercions de nous soutenir et de rendre cela possible.

Cordialement,
L’équipe ProtonMail




Framadate : passage en v1, happy hour pour tout le monde !

Si Framasoft contribue régulièrement aux logiciels libres que nous utilisons, nous ne sommes pas pour autant  une association de développeurs. En vérité, tous nos services reposent sur des logiciels développés par d’autres communautés.

Tous…? Non.

Framadate est l’irréductible exception qui confirme la règle. Ce service de sondages dates (et sondages classiques) « à la Doodle » a récemment évolué dans sa version 1, l’occasion de faire le tour des nouvelles fonctionnalités avec son équipe de développement.

Happy Hour : un Framadate plus clair et plus efficace !

L’équipe de dev de Framadate ne manque pas d’humour… Après avoir nommé Open Bar la version 0.9 (que vous utilisiez jusqu’à présent) ; ils ont choisi Happy Hour comme sobriquet de cette version 1. Au delà des paris sur le nom de la prochain mouture (After Party… ? Designated Driver… ?), ce qui nous intéresse vraiment, c’est de découvrir les nouveautés qui sont d’ores et déjà disponibles sur le service le plus utilisé chez Framasoft ! Et elles sont nombreuses…

Des fonctionnalités nouvelles :

  • Vous pouvez protéger vos sondages par mot de passe !
  • Vous pouvez choisir l’adresse web de votre sondage (du type https://framadate.org/NomDeVotreChoix)
  • Vous pouvez modifier un sondage après son expiration
  • Vous pouvez choisir des intervalles de dates (par exemple : du lundi 7 au lundi 28 novembre)
  • De nombreuses traductions disponibles (qui ont été améliorées) : Allemand, Anglais, Espagnol, Français, Hollandais, Italien… Mais aussi Breton et Occitan.

framadate troll

Celles qui tiennent compte de vos utilisations :

  • Désormais, envoyer un commentaire n’effacera plus les votes que vous aviez cliqués mais pas encore validés !
  • Le mode « Chaque sondé peut modifier son propre vote » a été amélioré
  • Affichage de la date et de l’heure pour les commentaires d’un sondage
  • La description d’un sondage tient compte des sauts de ligne
  • Une confirmation vous est demandée avant de supprimer une colonne (mais vous pouvez supprimer une colonne vide)
  • L’abstention (pas de vote) est prise en compte (et plus comptabilisée comme un « non »)

Celles qui simplifient l’utilisation :

  • L’écran de création de sondage a été simplifié (avec un menu « paramètres optionnels »)
  • La légende pour les votes (au dessus du tableau des votes) est désormais cachée derrière un bouton
  • Un clic suffit pour sélectionner le lien d’un sondage
  • Les noms des champs que vous avez à remplir ont été repensés
  • Le défilement de la page est plus fluide
  • Le format des dates et des heures a encore été amélioré

Celles qui simplifient la vie à ceux qui ont installé Framadate sur leur serveur :

  • Un joli fichier check.php pour vérifier la possibilité d’installation
  • Un travail sur le service de notifications
  • Les mails envoyés par Framadate sont compatibles avec les lecteurs d’emails qui n’aiment pas le HTML (envoi multipart)
  • D’ailleurs, le format des emails a été amélioré (utilisation de PHPMailer)
  • Nettoyage de code et Smartization

Allez, juste pour le plaisir voici l’écran de création d’un sondage quand on déroule les paramètres optionnels :

Framadate happy hour

3 questions à l’équipe de développement

Partant du principe que « ce sont ceux qui le font qui en parlent le mieux », nous avons décidé de poser 3 questions à Olivier Perez et Antonin Murtin, qui ont pris le relais de JosephK (toujours présent, bien entendu) dans le maintien du développement de Framadate.

Question n°0001 : Bonjour ! L’équipe de développement a bien évolué depuis la reprise du projet… Vous pourriez la présenter au lectorat du Framablog ? Car on aimerait bien savoir comment cela se fait que des gens donnent de leur temps et de leur savoir faire pour améliorer ce projet… et où vous rejoindre pour aider ^^ !

Olivier :

Il y a aujourd’hui 3 personnes qui encadrent Framadate : JosephK, Antonin et Olivier. Notre rôle est d’organiser l’évolution du produit et d’assurer sa stabilité.

Avec Antonin nous sommes passionnés tous deux par le développement depuis pas mal d’années, et le fait que Framadate ait un code source ouvert dans un langage (PHP) très répandu nous a donné envie de le regarder.

Petit à petit, on se dit « le développeur aurait pu faire comme ça plutôt », « j’ai l’impression qu’il y a un bug en regardant ce bout de code » ou bien « j’aimerais bien, en tant qu’utilisateur pouvoir faire telle ou telle chose ». Et comme on sait modifier le code pour emmener le produit vers l’avant, on essaye. C’est aussi simple que ça, aucune peur, juste une envie d’essayer quelque chose.

Au début on a commencé en utilisateur de Framadate, puis cette envie nous a poussés à devenir contributeurs, puis à force d’avoir codé sur les différents modules on est devenu mainteneurs. Aujourd’hui, on lit les propositions des utilisateurs, on relit leurs contributions et on avance sur des sujets qui nous tiennent à cœur. On est vraiment LIBRES, c’est nous qui décidons si on veut bosser sur telle ou telle partie, c’est vraiment très sympa d’avoir autant de marge de manœuvre.

On le dit très souvent, sûrement parce que c’est vrai, mais pour contribuer à Framadate, il suffit d’être utilisateur. Si vous nous remontez des erreurs, ou des envies, c’est encore mieux.

Et si vous voulez coder, c’est surtout pour votre bonheur 😉

Question n°42 :  C’est très excitant d’arriver à la v1 d’un logiciel, surtout quand il est aussi utilisé. Quelles sont les parties/fonctionnalités/particularités de ce projet dont vous êtes le plus fiers ?

Olivier :

Perso, il y a 2 parties que j’ai beaucoup aimé livrer :

  • dans l’administration de Framadate, la possibilité de rechercher des sondages. Ça aide énormément lorsqu’on est admin du service.
  • l’envoie de mes sondages par mail. C’est un besoin perso, j’en avais marre de perdre les liens vers mes sondages ^^

Antonin :

La gestion de mots de passe sur un sondage ou encore la page « check.php » pour simplifier l’installation étaient vraiment sympa à faire. Mais question fierté, le simple fait de contribuer à ce projet est déjà très chouette !

L'équipe de dév à l'heure de la sortie de la v1 de Framadate (allégorie)
L’équipe de dév à l’heure de la sortie de la v1 de Framadate (allégorie)

Question n°1337 : C’est quoi la suite pour Framadate…? Vous avez des défis qu’il vous tarde de conquérir (ou bien des gros morceaux qui vous collent un peu les miquettes :p ?) Et du coup, si on rêve d’améliorations pour Framadate, on vous les propose où ?

Olivier :

On n’est pas assez ouvert 🙂 on ne l’est jamais assez. Mon kiffe serait de proposer une API qui permettrait de faire exactement TOUT, de la création de sondages, du votes, des commentaires, mais aussi de l’administration du service.

J’y vois 2 grands intérêts, la possibilité d’intégrer Framadate à d’autres services, ou la création d’applications tierces qui proposent l’accès à Framadate sur des supports différents (Smartphones, télés, montres, t-shirts ?, etc.)

Plusieurs personnes ont demandé à avoir la possibilité de créer un sondage via leurs propres systèmes informatiques.

Par exemple, une association de Tennis veut organiser des rencontres, elle pourrait générer un sondage qui aiderait 2 opposants à choisir la date et/ou le lieu de la rencontre.

Un collègue m’a avoué utiliser une alternative à Framadate car il n’avait pas l’application smartphone pour organiser ses événements, j’aimerais lui offrir la possibilité de sortir des griffes crochues de l’autre service non pas en développant l’application pour Framadate mais en donnant la possibilité à d’autres de la faire.

Antonin :

Entre les fonctionnalités qui nous manquent dans notre usage quotidien de Framadate et les innombrables propositions d’améliorations venant des utilisateurs, on ne manque pas d’idées !

Mais je pense qu’il y a surtout beaucoup d’améliorations à faire pour faciliter les contributions sur le projet, et ça commence par pas mal de documentation à mettre à jour. Donner plus de transparence et de possibilité de participation sur le pilotage du projet serait un plus !

On commence avec Olivier à réfléchir à un framework plus moderne pour se faciliter la vie sur les améliorations futures, car il y a quelques problématiques qui reviennent mais qu’on ne peut pas résoudre simplement. Mais ce n’est qu’au stade d’embryon de réflexion !

À vous de Dé-Doodliser votre entourage

C’est parfois difficile de se dégoogliser, d’abandonner le confort et les habitudes qu’on a prises dans les services des géants du web. Or, Framadate (en alternative à Doodle) est un des services les plus faciles à adopter : finalement, vous bénéficiez du libre sans trop (vous) y perdre… Et vos ami-e-s ayant une déficience visuelle y gagnent, puisque ce logiciel a été pensé pour être accessible, c’est-à-dire utilisable avec un lecteur d’écran et une navigation au clavier.

De fait, si vos proches ne savent pas comment se dégoogliser, vous pouvez leur proposer de commencer par se Dé-Doodliser 😉

 




Naissance du collectif CHATONS

Nous l’avions annoncé en février dernier sur le Framablog, nous travaillons depuis quelques mois à faire émerger le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires… bref : les CHATONS.

Le succès de la campagne Dégooglisons Internet a démontré, à l’ère post-Snowden, un intérêt réel du public pour des services web respectueux de vos données et basés sur du logiciel libre. Le problème, c’est que si les « Frama-bidules » deviennent la réponse par défaut à cette demande, alors nous créerons ce que nous combattons : une centralisation des utilisateurs, une concentration des données aussi dangereuse que douteuse.

Or, nous sommes loin d’être les premiers à proposer de telles solutions. Et de nombreuses associations, SCOP, initiatives, etc. sont prêtes à rejoindre un mouvement de décentralisation pour créer des services mutualisés dans un internet de la proximité et de la confiance. De là, il n’y avait qu’un pas à faire pour créer un collectif des hébergeurs proposant de remettre des valeurs et de l’humain dans vos mails, fichiers, partages et collaborations.

Logo du collectif - CC by-sa @GDjeante
Logo du collectif – CC by-sa @GDjeante

Concrètement, que sont les CHATONS ?

Le plus simple, c’est d’aller voir sur le site web chatons.org. Ce site, c’est avant tout une carte vous montrant où sont les hébergeurs de services les plus proches de chez vous, ce qu’ils proposent (du pad, du framadate, du mail etc.) et sous quelles conditions (adhésion, service payant, etc.).

CHATONS, c’est donc un collectif regroupant ces hébergeurs éthiques, libres et loyaux (que l’on nommera… « chatons » !).

L’avantage c’est que chacun de ces chatons s’est engagé sur une charte et un manifeste communs, qui vous garantissent entre autres :

  • l’utilisation de logiciels libres (et autant que possible la contribution ^^) ;
  • aucun profilage publicitaire (pas de pub autre que mécénat et sponsoring) ;
  • le respect de vos données (droit d’accès, interopérabilité, non-transmission à des tiers) ;
  • la transparence (sur la technique comme sur les finances) ;
  • la neutralité (aucune surveillance ni censure en amont) ;
  • le chiffrement (dès et tant que possible).

Au-delà de l’aspect utilisateur, le fait d’initier ce collectif permettra une solidarité entre ses membres pour échanger sur des aspects techniques, juridiques, d’éducation populaire… et ainsi de faciliter la création de nouveaux chatons près de chez vous !

Comme nous l’expliquions en février dernier, les objectifs du collectif sont multiples : rassembler, mutualiser, décentraliser, donner de la visibilité, fédérer, essaimer, partager… Autant dire que l’ambition est grande.

Voyez chaque chaton comme une AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne), sauf qu’au lieu d’un panier de légumes fourni par un agriculteur, il s’agit de services en ligne fournis par un hébergeur de proximité. Et comme avec une AMAP, vous pouvez rencontrer l’agriculteur/hébergeur, et même partager un verre avec lui 🙂

Un début de cartographie des chatons
Un début de cartographie des chatons

La première portée

La première portée compte 21 membres, dont 14 sont déjà actifs. Parmi ces derniers, vous trouverez notamment des chatons ouverts à tous et couvrant la France entière, comme La Mère Zaclys ou L’Autre.net. Mais aussi des chatons plus « locaux » comme Infini (Brest), Assodev-Marsnet (Marseille) ou G3L (Valence). Certains sont des associations, comme Alolise (Saint-Étienne), d’autres des entreprises, comme IndieHosters. Certains sont de taille conséquente, comme Framasoft (qui dépasse le million de visites par mois), et d’autres ne servent qu’un public bien plus restreint comme roflcopter.fr (Toulouse).

Et les 7 autres ? Ils sont tout simplement en gestation !

D’ailleurs, parmi ceux-là, Framasoft va accompagner trois d’entre eux :

  • Le mouvement Colibris, qui est un mouvement humaniste et écologiste, qui souhaite « sortir de Google ». Une sensibilisation des acteurs du mouvement Colibris permettra de toucher une population sensible aux questions du bien commun et du « faire ensemble ».
  • Le collectif « Bertel Numérique », situé sur la lointaine île de la Réunion (lointaine pour nous qui grelottons en métropole ^^), a ceci de particulier qu’il associe la volonté d’un grand réseau d’éducation populaire (les CÉMÉA) et les compétences d’une petite entreprise locale spécialisée dans le logiciel libre. La mission du collectif est bien évidemment de proposer de l’hébergement local (pourquoi faire parcourir 18 000 km à un email si c’est pour écrire à son voisin de bureau ?)
  • La Fédération Française des Motards en Colère est, avouons-le, un (futur) chaton atypique, puisque sa mission semble bien éloignée des questions informatiques ! En fait, la fédération a toujours eu très à cœur la protection de la vie privée de ses adhérent-e-s, mais doutait d’avoir les compétences en interne pour gérer un certain nombre de services. À nous de lui prouver que c’est possible !

Évidemment, tous les chatons en gestation pourront profiter de l’aide des membres du collectif, sur la base du bon vieux principe « Si tu ne sais pas, demande. Si tu sais, partage ». Framasoft prêtera juste une attention particulière à ces trois-là, vous tiendra informés par des billets de blog réguliers indiquant l’avancement de ces projets, sans masquer les inévitables difficultés rencontrées, afin que ces expériences croisées puissent servir à tou-te-s.

Par ailleurs, nous annoncerons régulièrement de nouvelles « portées » sur ce blog, afin que chacun puisse trouver chaton à son pied 🙂

La première portée
La première portée

Des « chapéros » pour fêter ça !

Pour fêter l’événement, plusieurs chatons ont souhaité organiser un (ch)apéro dans leur ville.

Vous pourrez donc retrouver des chatons à :

  • Paris : le mercredi 12 octobre 2016 de 19h00 à 22h30,
  • Lyon : le mercredi 12 octobre 2016 de 19h00 à 21h00,
  • Brest : le vendredi 14 octobre 2016 de 18h30 à 22h00,
  • Marseille : le vendredi 21 octobre 2016 de 18h30 à 22h00.

Comme tout cela est très spontané et mouvant, il est conseillé de se référer directement à l’agenda du libre, avec le tag chatons.

C'est l'heure du chapéro ?
C’est l’heure du chapéro ?

Les CHATONS version 1.0 !

Alors voilà, ce mercredi 12 octobre, nous annonçons donc la naissance des CHATONS. Bien entendu, le projet est encore jeune, et de nombreux CHATONS sont encore en cours de création : c’est un travail sur le long terme avant que d’arriver à avoir un maillage géographique complet ;).

Si vous êtes simple utilisatrice ou utilisateur de services, ne vous attendez donc pas à une révolution aujourd’hui : il s’agit juste de l’annonce officielle du collectif. Ce sont en quelque sorte les premiers mètres d’un marathon qui durera probablement plusieurs années. Ne soyez donc pas frustré-e-s de ne pas trouver LE chaton correspondant à vos besoins. Cela viendra !

Si nous avons appelé de nos vœux la création de ce collectif, Framasoft est et ne restera qu’un chaton parmi les autres : c’est le collectif (et lui seul) qui gérera son fonctionnement et son avenir.

Pour tout vous avouer, nous envisageons ce collectif comme un logiciel libre : c’est une proposition qui évoluera selon les décisions de sa communauté de contributeurs, une espèce de v.1 ouverte aux participations, contributions, échanges…

Chef, je crois que j'ai trouvé le bouton « off » de Google !
Chef, je crois que j’ai trouvé le bouton « off » de Google !

Ainsi, le collectif est géré comme un projet logiciel, en utilisant une liste de diffusion et une plateforme de développement logiciel, sur laquelle sont rédigés et « patchés » les documents fondateurs du collectif. C’est aussi grâce à cet outil que vous pouvez suivre l’évolution des propositions (ou en faire de nouvelles vous-mêmes). Et si vous n’êtes pas satisfait-e de son fonctionnement, vous pourrez tout simplement forker le projet, et monter votre propre collectif ou fédération avec vos règles, sans pour autant devoir repartir de zéro.

Différentes extensions sont d’ores et déjà prévues, comme la fabrication d’un Mooc pour apprendre à maîtriser les différents aspects de la création d’un chaton (enjeux, aspects juridiques, aspects techniques), et bien évidemment une internationalisation. Nos amis québécois de FACiL nous ont déjà rejoints, des chatons belges et suisses devraient apparaître sous peu sur la carte, et d’autres pays se sont montrés intéressés (Espagne, Italie, Pays-Bas, Allemagne, etc.). Mais ne mettons pas les matous avant les chatons : il nous faut déjà sortir de notre panière !

Si nous nous adressions à des informaticien-ne-s, nous pourrions dire qu’aujourd’hui est le premier commit du projet CHATONS, et qu’il comporte nécessairement des bugs, mais que – ensemble – nous le ferons évoluer dans le temps, de version en version, jusqu’à ce qu’il remplisse son objectif : permettre à celles et ceux qui le souhaitent de pouvoir quitter les services centralisateurs.

Membre du collectif CHATONS qui tente sa mise en prod.
Membre du collectif CHATONS qui tente sa mise en prod.

Car pour reprendre ce que nous disions il y a quelques mois, et qui reste toujours valable :

Face à ce mouvement de concentration, qui pourrait bien transformer Internet en Googleternet ou Facebookternet, nous ne voyons qu’une seule voie (si vous en avez d’autres à proposer, on prend !) : décentraliser Internet en faisant en sorte qu’il demeure tel qu’il a été conçu. Neutre. Ouvert. Interopérable. Libre.

Si nous voulons une économie qui soit aussi sociale et solidaire, il va nous falloir un internet qui soit aussi social et solidaire. Et cela passera entre autre par une diversité d’acteurs indépendants proposant des services web libres, éthiques et respectueux de vos données, décentralisés et solidaires.

Pour aller plus loin :




MyFrama : vos favoris (et Framasofteries) partout, avec vous, rien qu’à vous !

Imaginez une alternative à tous les favoris que vous confiez à Google Chrome ; qui vous permettrait en même temps de vous y retrouver parmi tous les frama-services que l’on propose…

Le Libre nous a donné les briques pour le faire, alors nous avons retroussé nos manches pour vous présenter MyFrama !

Un del.ico.us fourre-tout numérique pour vos marque-pages et favoris !

Avant toute autre chose, MyFrama est un service de bookmarking (de marque-pages) basé sur le logiciel libre Shaarli (créé par SebSauvage ^^)

Vous voyez tous ces onglets que vous gardez ouverts, parce qu’il y a là une recette que vous n’avez pas encore pris le temps d’essayer, un article de blog à lire ou le site d’un artisan que vous voulez garder… ? Vous vous souvenez de toutes ces fois où vous étiez sur l’ordinateur de Tata Jeannine, et que vous n’avez pas pu retrouver ce site si pratique qui est toujours en favori dans vos marque-pages… ? Si ces deux exemples vous ont arraché un petit sourire, c’est que MyFrama peut vous servir.

Le principe est simple : vous vous créez un compte, vous vous y connectez et vous avez désormais un fourre-tout numérique accessible d’où vous le souhaitez. Dans ce fourre-tout, vous mettez des liens, des adresses web, des URL. Vous pouvez le faire directement en ligne (en les copiant/collant sur votre compte my.framasoft.org), en utilisant le marque-page dynamique (un bouton que vous aurez glissé-déposé sur la barre de favoris de votre navigateur) ou encore depuis une application android (shaarlier, aussi disponible sur le Google PlayStore).

Lorsque vous ajoutez un lien à votre MyFrama, vous pouvez lui donner un titre, une description, des étiquettes (des tags), afin de le retrouver aisément et de vous souvenir de ce dont ça parle. Et voilà, la puissance du logiciel Shaarli permet à MyFrama d’être une alternative à Del.ico.us (pour les vétéran-ne-s du web) et aux favoris de votre compte Google Chrome (le service « Google Favoris »)…

… Mais ce n’est pas tout.

 

anim_myframa

MyFrama : ne perdez plus vos Frama – pads, – dates, – calcs, etc.

Comme nous l’avons expliqué en lançant la 3e année de notre campagne : nous ne souhaitons pas, à court ou moyen terme, créer de « Compte Framasoft » comme vous pourriez avoir un compte Google, ou Apple, ou Microsoft… Ce serait trop compliqué (beaucoup de technologies et langages disparates), trop risqué (cela créerait un seul endroit où « tout peut péter »… ou bien peut être piraté) mais surtout ce serait à l’inverse de ce que nous prônons : re-décentraliser les usages du Web, afin que vos vies numériques ne soient plus jamais enfermées dans des silos de données.

Franchement, entre nous : on ne va pas dégoogliser internet pour le framasoftiser, hein 😉 ? Notre but secret est atteint (pour notre plus grande joie) quand vous quittez fièrement un service Framasoft. Parce que cela veut dire que vous l’avez tellement aimé que vous avez décidé de l’installer pour vous-même (ou d’utiliser le serveur d’un CHATON, d’un ami, de votre asso, collectif, entreprise, etc.). Bref : nous vous souhaitons, à vous et vos données, la plus grande indépendance numérique.

Tout cela, c’est bien joli. Mais pour autant, on ne répond pas à un besoin que, en attendant, vous nous exprimez régulièrement.

« Comment je fais pour retrouver tous les Frama-bidules que j’utilise ??? »

La réponse, c’est le nouveau bouton violet “MyFrama” que vous avez vu apparaître dans la “framanav” la barre de menu qui se trouve en haut de chacun de nos sites web. Lorsque vous êtes sur un Framapad (ou date, ou calc, ou autre…) il vous suffit de cliquer sur ce bouton pour que non seulement ledit pad s’ajoute dans votre compte MyFrama, mais qu’en plus il soit automatiquement classé sous l’étiquette “Pad”, afin que vous puissiez le retrouver (avec tous ses camarades) en un clic…

myframa-comme-ca

… Et ce n’est pas tout.

Triez tout Internet si vous le voulez (mais c’est long)

Le logiciel Shaarli ne proposait pas cette option de tri automatique. Quelque chose qui permette de reconnaître qu’il y ait « framapad.org » dans l’adresse web et donc qui attribue à cette adresse l’étiquette “pad”. Qu’à cela ne tienne, JosephK, notre codeur tout terrain, a écouté la grande loi du Yakafokon et passé quelques heures sur son clavier pour développer un nouveau plugin qui permette exactement cela sur Shaarli.

Du coup, ce tri automatique ne sert pas qu’aux services Framasoft ! En effet, vous pouvez tout à fait (et facilement) le paramétrer pour qu’il reconnaisse, étiquette et trie automatiquement les “nextinpact”, “linuxfr”, “numerama” ou “korben” (ceci sont des exemples totalement pris au hasard :p) qui se trouvent dans les liens que vous ajouterez à votre fourre-tout numérique !

internet-c-long

Et si vous avez déjà un Shaarli sur votre serveur, pas de soucis : le plugin « tags_advanced » est libre, il vous suffit de l’ajouter à votre instance, voire de l’améliorer si le cœur vous en dit ! Quand on utilise du Libre, on finit toujours par en vouloir plus et donc par apporter sa pierre, sa contribution. C’est ça le cercle vertueux !

Mouais, mais concrètement, je fais comment pour utiliser MyFrama ?

OK, allons-y étape par étape. La première, c’est de se créer son compte ! Vous allez sur my.framasoft.org, et vous cliquez sur « Créer un compte » pour entrer vos informations :

myframa-creation-de-compteVoilà, votre compte est créé, il vous suffit de taper votre mot de passe une seconde fois pour vous y connecter (par contre ne cochez la case « rester connecté » que si vous êtes sur votre ordinateur perso). Notez que votre nom d’utilisateur est passé en « tout en minuscules » (beaucoup plus facile à retenir ^^)

myframa-connection

Vous arrivez donc sur votre compte MyFrama, où nous vous avons pré-rempli quelques filtres et liens pour l’exemple. Regardons cela ensemble :

myframa-complet
cliquez sur l’image si vous voulez l’agrandir, les numéros de ces cadres vont nous servir tout au long de l’article

1) la barre d’outils

Elle vous permet de :

  • rechercher un lien parmi vos favoris ;
  • régler l’affichage des liens ;
  • obtenir le flux RSS de vos liens ;
  • gérer vos paramètres ;
  • se déconnecter de MyFrama.

2) ajouter des liens

Il y a plusieurs moyens d’ajouter des adresses web dans votre MyFrama.

Le premier est de la copier puis la coller dans la grande barre en haut de de l’accueil (cadre 2).

Le deuxième est d’aller dans vos paramètres (bouton ) pour ajouter un des boutons suivants à votre navigateur préféré :

Yapluka suivre ce qui est écrit ^^ !
Yapluka suivre ce qui est écrit ^^ !

shaarlier-sur-androidLe dernier c’est d’utiliser une application sur votre mobile.

Pour Android, vous avez l’application Shaarlier, qui est disponible sur le magasin libre Fdroid et sur le Playstore de Google. Pensez à préciser :

  • L’url de votre shaarli : https://my.framasoft.org/u/votrepseudo
  • Pseudo : en minuscule
  • Mot de passe (sans se tromper ^^)
  • Le nom du compte : répétez votre pseudo en minuscule…

Voici le résultat sous vos yeux ébaubis.

 

3) 4) et 5) lorsque vous ajoutez un lien

Un lien est une adresse web (URL), et afin de la retrouver plus facilement dans votre fourre-tout, vous pouvez en préciser :

  • Le titre (cadre 3)
  • La description (cadre 4)
  • Des étiquettes (les « tags », cadre 5)
  • Et si vous voulez qu’il soit privé ou public.

myframa-ajout-lien

6) des filtres automatiques pour retrouver vos services Framasoft

On vient de partager un Framapad avec vous ? Vous voulez mettre de côté le Framadate de votre prochaine réunion d’équipe ? Pas de soucis : allez sur la page en question, et cliquez sur le bouton violet MyFrama dans la Framanav (la barre tout en haut)

Encore une fois : juste comme ça ;)
Encore une fois : juste comme ça ;)

Nous avons pré-réglé des filtres automatiques pour que votre compte MyFrama reconnaisse automatiquement les adresses « framapad.org » ou « framadate.org » etc. et leur attribue une étiquette correspondante. Une fois dans votre compte, il vous suffit de cliquer sur le bon tag (cadre 6) pour y retrouver vos liens !

7) des filtres que vous pouvez modifier à loisir

Bien entendu, vous restez libre de gérer le tri automatique de vos favoris !

Pour cela :

  • rendez-vous dans les paramètres des tags (bouton en bas à droite)
  • indiquez l’étiquette que vous voulez dans la colonne « Nom » (ici korben)
  • et éventuellement le motif que MyFrama doit repérer pour trier automatiquement (ici korben.info)
  • déterminez l’ordre avec les flèches de gauche
  • cochez/décochez les options à droite (page d’accueil/lien privé)

myframa-filtres

Et voilà, vous n’avez plus qu’à vous créer votre petit fourre-tout du web avec MyFrama !

Pour aller plus loin :




Framagenda : ne partagez plus votre planning (ni vos contacts) avec la NSA !

Un service d’agenda touche à l’intime. On a beau partager le rendez-vous « déjeuner d’affaires » et mettre en privé celui qui est noté « Dépist.HIV »… notre emploi du temps est malgré tout partagé avec celui à qui on le confie : l’hébergeur.

Google Agenda.

Apple Agenda.

Microsoft Agenda…

Si vous êtes le produit, ce n’est pas gratuit

(ceci est une référence à l’excellente tribune de Laurent Chemla, à lire !)

Comment Siri (Apple™) sait-elle que vous préférez tel restaurant pour vos déjeuners d’affaires ? Comment Cortana (Microsoft™) peut-elle vous proposer d’ajouter ce PowerPoint™ à la réunion que vous êtes en train de planifier ? Comment Google Now™ sait-elle vous prévenir à temps de rejoindre votre voiture afin d’éviter les bouchons pour aller à votre rendez-vous ? (eh oui : les GAFAM accordent les assistants numériques au féminin -_-)

anim_framagenda

C’est simple : vous leur donnez ces informations et ils ne se privent pas pour les scanner, analyser, indexer. Pour alimenter votre profil personnel, votre graphe social. Les gestionnaires d’emploi du temps sont l’illustration parfaite de ce que recouvre l’expression « données personnelles ». Tout simplement, la traduction de nos vies : nos vies numériques, liées à nos vies physiques. Où nous sommes, à quel moment, pour quoi faire, avec qui…

Nothing to hide
Nothing to hide (« Rien à cacher »), un documentaire qu’il nous tarde de voir ^^

« Oui, mais c’est tellement pratique…»

En effet. Mais ce confort a un prix : des morceaux de votre vie… et de celle des personnes qui la partagent, par ricochet. Bien sûr, vous pouvez tenter de tricher, de noter une cryptique « chasse au crabe avec Jérôme » pour indiquer l’accompagnement de votre frère à sa séance de chimiothérapie. Mais si lui (ou vous) n’a pas désactivé la géolocalisation de vos téléphones, une fois arrivé-e-s au centre anti-cancer, un GAFAM aura vite fait de recouper les données et de déjouer votre subterfuge. Surtout si vous avez utilisé votre téléphone en mode GPS pour trouver cette fichue clinique…

Sans aller si loin dans l’intime, nous ne souhaitons pas toujours dévoiler les informations de nos plannings collaboratifs : les réunions d’un syndicat, le rétro-planning du projet phare de votre entreprise, le local d’accueil pour victimes de violences conjugales, les horaires d’arrivée et de départ des loupiots à la crèche, etc.

Un planning, ou un agenda, note ce que vous faites de votre vie et avec qui. Il était plus qu’urgent de trouver une alternative éthique offrant une réelle indépendance.

L’histoire du stagiaire qui fit la nique à Google Agenda

Nous connaissions déjà Thomas, vu qu’il est l’un des développeurs principaux de wallabag, le logiciel libre qui fait fonctionner Framabag, notre service de lecture différée d’articles Web. Lorsqu’il nous a proposé de faire son stage de fin d’études chez nous, nous avons tout de suite pensé à ce projet d’agenda libre !

Le besoin était aussi grand que précis : il nous fallait une solution permettant de gérer des agendas privés, confidentiels et publics. Qui offre la possibilité d’inviter (par courriel) une personne sur un des événements qu’on y saisit. Qui soit vraiment facile à installer sur un serveur (sur le petit hébergement mutualisé d’une association, par exemple). Et, enfin, qui se base sur des logiciels libres déjà existants, parce que même si aucun ne remplissait déjà tous nos critères, on n’allait pas non plus réinventer la roue alors qu’on pouvait simplement contribuer à un projet (et une communauté) déjà reconnu(e).

Thomas a donc travaillé d’arrache-pied sur l’application Agenda de ownCloud/NextCloud, en collaboration avec les communautés de ces logiciels, afin qu’on puisse rendre certains plannings publics (si on le veut) et que l’on puisse s’abonner à des agendas existants (par le standard CalDAV). Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est un succès, vu l’accueil que Thomas a reçu lors de sa présentation à la ownCloud Contributors Conference en septembre dernier à Berlin.


Conférence « Devlopping ownCloud for our own needs » sur Youtube

Le résultat ? Vous pouvez le tester dès aujourd’hui, il s’appelle Framagenda. La morale de cette histoire ? Au sortir de son stage, Thomas a été engagé en tant que développeur chez Framasoft pour un CDD de six mois, que nous envisageons de pérenniser si tel est son souhait, et si les moyens que vous nous offrez par vos dons nous le permettent.

Framagenda expliqué aux pros du mulot

Ici, nous allons être un peu techniques mais brefs. Si vous préférez un petit tutoriel illustré, n’hésitez pas à passer directement au titre suivant ;).

Framagenda vous permet :

  • La création d’un compte (sur une instance Nextcloud, mais avec 5 Mo d’espace disque, ce n’est pas un Framadrive)
  • La création et l’édition de multiples agendas (perso, pro, associatif, fêtes familiales, etc.)
  • La création d’événements (rendez-vous) dans un agenda :
    • Privé, confidentiel, public…
    • Possibilité de détailler : horaires, lieux, description…
    • Possibilité de faire des rappels
    • Récurrence : possibilité de paramétrer des événements qui se répètent régulièrement
    • Possibilité d’ajouter des participant-e-s par email (avec envoi d’email & d’un fichier .ics en pièce jointe)
  • L’intégration avec un carnet de contacts (le calendrier de leurs anniversaires est automatiquement créé \o/)
  • L’intégration avec les listes de tâches (une par agenda, mais plus si affinités)
  • La synchronisation avec vos appareils (exemple pour Android : via DAVDroid)
    • de vos agendas (avec un choix agenda par agenda)
    • des listes de tâches afférentes (exemple pour Android : avec Open Tasks)
    • de vos contacts (toujours via DAVDroid pour Android)
  • Le partage d’un ou plusieurs agendas avec d’autres utilisateurs de Framagenda (par leur pseudo)
  • L’abonnement à d’autres agendas/calendriers externes (intégration via ics/WebCal, dont les calendriers des GAFAM : Gmail, Apple, Outlook, etc.)
  • La création de liens publics vers chacun de vos agendas :
    • Lien « vue publique », toute simple
    • Lien CalDAV pour les clients (Thunderbird, DAVDroid, etc.)
    • Lien WebDAV pour ajouter dans Google Agenda & Cie
  • La possibilité de publier un agenda sur votre site web (code d’intégration iframe)
  • L’import ics (dans un nouvel agenda ou dans un agenda existant)
  • L’export ics (agenda ou événement)

Framagenda est basé sur l’application Nextcloud 11 et l’application Agenda (1.5), sous licence GNU AGPL v3. Si vous voulez l’installer sur vos serveurs (et gagner en indépendance) notre tutoriel d’installation se trouve ici.

« Expliquez-moi Framagenda en un exemple simple à comprendre »

C’est une demande que nous avons régulièrement, le fameux exemple « simple à comprendre ». C’est aussi un bon exercice d’expliquer comment fonctionne un service et ce qu’il peut faire (à une personne qui n’est pas forcément passionnée par l’informatique). Nous nous y plions donc avec plaisir mais surtout avec cet exemple :

Farida se dégooglise de l’Agenda
(et du carnet de contacts)

Farida n’est pas une libriste de la première heure : juste une personne indépendante à qui ça pose problème de dévoiler sa vie à Google. Agnès, qui coache l’équipe de football de sa fille, lui a parlé de Framagenda : elle décide de se lancer.

Pour cela elle doit se créer un compte. Mouais, OK, mais que va-t-on faire de ses données ? Elle prend cinq minutes pour lire les conditions générales d’utilisation des services Framasoft (il n’en faut pas plus) et cela lui convient. Du coup, elle :

  1. se rend donc sur Framagenda.org ;
  2. clique sur « S’enregistrer » ;
  3. saisit son adresse email pour recevoir un lien de vérification ;
  4. crée son compte dans la fenêtre ouverte par le lien de vérification.

framagenda-01

Bien. Une fois son compte créé, elle n’a plus qu’à saisir son mot de passe, quelque chose de somme toute classique. C’est bien, dès l’accueil, elle a droit à quelques liens pour savoir comment utiliser son Framagenda : de la documentation, des outils pour le synchroniser sur son mobile…

framagenda-03

Elle décide de voir si elle arrive à récupérer son agenda personnel Google. Ce n’est pas hyper intuitif (tiens, Google est moins son ami, sur ce coup !), mais en suivant leur tutoriel, elle arrive à aller dans les paramètres dudit agenda pour obtenir l’export de son calendrier.

framagenda-04

Bon il lui faut le dézipper (merci Google, grrrrr), mais ça y est, elle a un fichier .ics ! Ce doit être ça qu’il lui faut…

Dans son Framagenda, il lui suffit de cliquer sur « paramètres » puis sur « importer un agenda » pour qu’elle puisse intégrer son Google Agenda à son agenda personnel (ouf, sauvée, c’est bien le fichier .ics qu’il lui fallait !).

framagenda-05

La voilà devant une interface d’agenda comme elle en connaît bien, avec au choix une visualisation de la journée, de la semaine, du mois ; ainsi qu’un agenda personnel (celui dans lequel elle a importé ses rendez-vous qui étaient sur Google) et un « Anniversaire de ses contacts » déjà intégrés.

framagenda-06

Bon, c’est pas tout ça, mais samedi à 15 h elle a une réunion avec Agnès, justement, l’entraîneuse de l’équipe de foot de sa fille. Elle crée donc l’événement en cliquant sur l’horaire. Comme elle veut inviter Agnès au rendez-vous, elle clique sur « plus » pour détailler cet événement. Elle rentre l’email d’Agnès, pour que cette dernière soit prévenue du rendez-vous directement dans sa boite mail.

framagenda-07

Sandrine trouve que finalement, c’est pas si compliqué que ça, de se dégoogliser. Elle se dit qu’elle devrait aller rencontrer des libristes près de chez elle. Du coup, elle va sur l’Agenda du Libre, LE site qui regroupe les événements publics des libristes en France. Farida voit que dans les flux, en bas, elle peut s’abonner au calendrier des rencontres libristes de sa région.

framagenda-08

Bon, c’est bien gentil, mais entre le RSS, le WebCal, l’iCal et autres, elle ne sait que choisir (si ce n’est sa région : l’Occitanie). Heureusement, lorsqu’elle clique sur « nouvel abonnement » dans son Framagenda, elle voit qu’on lui demande une adresse Webcal : d’un clic-droit de la souris, elle copie l’adresse du lien WebCal de l’agenda du libre, et ajoute cet abonnement à son Framagenda.

framagenda-09

La voilà désormais avec un agenda bien chargé. C’est bien. Mais ce serait tout de même mieux si elle pouvait l’avoir sur son téléphone. Mince : dans l’image qui l’a accueillie lors de son inscription, il y avait le lien d’un tuto pour synchroniser son agenda avec son téléphone Android, mais elle a oublié de noter ce lien… Pas de soucis, elle le retrouve dans l’aide de Framagenda.

Farida télécharge donc DAVDroid (3€99… si ce n’est pas gratuit c’est bien que c’est elle qui soutient le produit !) et se laisse porter par le tutoriel… Et voilà le travail !

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Oh ! Incroyable ! En suivant le tuto d’installation de son agenda sur son téléphone, elle se rend compte qu’elle peut aussi y prendre les contacts qu’elle avait confiés à Google (ses ami-e-s, leurs téléphones, leurs emails et adresses physiques) et les importer dans son Framagenda…

Elle peut même ajouter les listes de tâches liées à chacun de ses agendas en utilisant l’application OpenTasks.

Cela ne lui prend que quelques tapotis de plus, alors elle s’exécute avec plaisir !

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Du coup, Farida se demande si elle ne peut pas aller plus loin. Le club de foot de sa fille a besoin d’un agenda partagé pour afficher les entraînements, matchs et événements des différentes équipes.

Elle tente donc de créer un agenda « FootClub des Arceaux » avec un événement récurrent (entraînement tous les samedis matin pour l’équipe de sa fille). Du coup elle va cacher ses autres agendas (en cliquant sur leurs pastilles colorées) pour en voir le résultat :

Créer l'événement récurent
Créer l’événement récurrent

Elle partage ensuite la tenue de cet agenda avec Agnès, la coach. Il lui suffit de cliquer sur l’icône partager à côté de l’agenda « FootClub des Arceaux » et de rentrer le pseudonyme d’Agnès. Comme Agnès est aussi sur Framagenda, cela se complète automatiquement et fonctionne directement.

Résultat en cachant les autres agendas
Résultat en cachant les autres agendas

Avec cette astuce, Agnès a elle aussi la main sur cet agenda partagé. Cela lui permet de rentrer les entraînements des autres équipes et les prochains matchs. En cherchant à partager le lien public de l’agenda du club de foot, Farida et elle se rendent compte qu’en regardant les paramètres de cet affichage public, elles ont justement un code HTML à intégrer dans le site web du club de foot ! Et voilà leur agenda en ligne !

framagenda-12Si on intègre ce code ici cela donne :

Ni Farida, ni Agnès ne se définissent comme expertes en informatique ou même Geeks. Pourtant, désormais, leurs rendez-vous, contacts et listes de tâches n’appartiennent plus ni à Google (pour Farida) ni à Apple (pour Agnès qui s’est désintoxiquée de l’Iphone). Prochaine étape : voir avec les libristes du coin si elles peuvent installer le même logiciel sur les serveurs du Foot-Club des Arceaux et y importer leurs données Framagenda (on leur a assuré qu’avec Nextcloud, c’est hyper facile).

Cette fois-ci, elles deviendront totalement indépendantes !

Si vous voulez les suivre sur cette route, c’est simple, la voie est libre : testez Framagenda !

Pour aller plus loin :




Framatalk : semez la Discord sur Skype et cie !

— …on se skaïpe et on en reparle…?

— Non.

Quand il n’y avait pas (ou peu) d’autres choix éthiques, ce dialogue était inimaginable. Mais ça, c’était avant.

Conjuguons l’affreux verbe « Skaïper » au passé !

Mais si, vous connaissez Skype ! C’est un de ces logiciels/réseaux sociaux/services qui, par défaut, ne se ferment pas quand vous appuyez sur la croix, s’allument dès le démarrage de votre ordi, sont retors à désinstaller et à quitter, vous collent des notifications à tout va et sont installés de base sur votre ordinateur (qu’on vous a forcé à acheter avec un Windows dessus)…

Normal : ce cauchemar de libriste, ce logiciel qui veut contrôler vos comportements au lieu de vous laisser « maîtres » de votre machine, est un des fleurons de Microsoft. Au-delà de la faute de goût linguistique (« Skaïper »… -_- ), le danger est grand. Chaque compte Skype est désormais un compte Microsoft, et leur nouvelle fonctionnalité de traduction automatique de vos échanges audio nous apprend que Microsoft est désormais capable de scanner vos conversations et les transformer en textes. Le texte, c’est facile et très peu coûteux à archiver, à indexer, à analyser… Une manne incroyable pour les publicitaires qui enrichissent les GAFAM sur notre dos !

Microsoft : Do you need a backdoor ?
Microsoft : Do you need a backdoor ?

Au-delà de Microsoft-Skype, le monde des conversations audio/vidéo en ligne n’est pas beaucoup plus reluisant… Facebook déguise son Messenger en appli de téléphone tout en captant vos données sur Whatsapp (sauf si vous faites cela), Google ressert ses Hangouts à toutes les sauces (non mais Allo, quoi !), Apple ne jure que par Facetime… Pendant que Discord (qui a néanmoins le bon goût d’utiliser la technologie WebRTC) grimpe en flèche chez les gamers. Avec plus de 11 millions d’utilisateurs il détrône de fait Teamspeak, et Mumble l’outsider libre… Or nous avons déjà vu avec Microsoft-Skype ce qu’il se passe lorsqu’on laisse trop de monde mettre sa vie numérique dans le panier d’un seul et même logiciel non-libre…

De son côté, la fondation Mozilla annonce la fin de la prise en charge de Hello, un outil de conversations audio/vidéo qui était inclus dans leur navigateur Firefox… mais qui ne le sera plus à partir de la version 49 du panda roux. Et nous, on a envie de lui faire des câlins, au panda roux, tant il en faut pour le consoler.

anim_framatalk

Framatalk : une conversation audio/vidéo en deux clics

Voici donc une solution imparfaite mais libre… et simple ! C’est un des gros avantages de Framatalk : sa simplicité d’utilisation. Nul besoin de créer un compte, il vous suffit d’aller sur Framatalk.org pour :

  1. Créer un salon en saisissant votre nom (l’adresse Web sera framatalk.org/NomQueVousAvezChoisi)
  2. Autoriser votre navigateur à utiliser votre micro et votre caméra
  3. Partager l’adresse Web du salon avec votre interlocuteur pour qu’il vous rejoigne
  4. … et discuter !

C’est aussi simple que ça.

gege-framatalk

Bien entendu, vous trouverez tout un tas de petites options faciles à comprendre, dont :

  • Un tchat pour discuter en mode texte (il vous faudra entrer un pseudo)
  • Un bouton d’invitation à la conversation (partage par email de l’adresse web du salon)
  • Des boutons pour activer/désactiver le micro, la caméra, le mode plein écran
  • Un accès aux paramètres (modifier son pseudo, sa caméra, son micro)
  • La possibilité que Framatalk retienne votre profil de paramètres (il créera un cookie)
  • Les droits de modération du salon (pour la première personne arrivée)
  • La possibilité de protéger le salon par mot de passe (pour le modérateur)

Tous ces détails sont d’un usage intuitif et sont résumés dans la barre des boutons en haut ou à gauche de l’écran de votre salon Framatalk. Tant de simplicité nous permet de tenter un record, ici et maintenant (appelez le Guiness Book !) :

Le tuto le plus court du monde ?

#gallery-3 { margin: auto; } #gallery-3 .gallery-item { float: left; margin-top: 10px; text-align: center; width: 50%; } #gallery-3 img { border: 2px solid #cfcfcf; } #gallery-3 .gallery-caption { margin-left: 0; } /* see gallery_shortcode() in wp-includes/media.php */

Oui, c’est tout.

Avec Framatalk, vous n’aurez plus à accepter de vous faire skyper contre votre gré.

Libre et imparfait ? — On va quand même le faire…

Soyons honnêtes : la solution que nous vous proposons n’est pas parfaite. Depuis plus de neuf mois, nous avons testé de nombreux services libres, et aucun n’est (pour l’instant et à nos yeux) parfait. Alors entre Vroom.im, Spreed.me, Hubl.in et bien d’autres… nous avons choisi Jitsi Meet !

Framatalk est donc une instance de Jitsi Meet (une parmi d’autres, dont celle des développeurs). C’est un logiciel développé en JavaScript, qui utilise la technologie WebRTC, et qui est sous licence Apache 2.0. C’est surtout le logiciel permettant de créer des salons de discussions audio/vidéo qui a le mieux supporté nos tests et notre cahier des charges.

Cela ne signifie pas qu’il est irréprochable pour autant : d’après nous, l’utilisation est optimale lorsqu’on est deux personnes avec chacun-e un micro-casque. Du coup, pas d’audio/vidéo conférence, pas de visio-conférence à plusieurs pour l’instant (vous pouvez tenter, hein, même que chez nous ça marche ©… mais ça peut planter ^^). Framatalk fonctionne aussi lorsqu’une personne utilise son ordiphone (nous l’avons testé avec Firefox Mobile), mais pas si les deux participant-e-s le font. Nous sommes confiants dans le fait que le développement du logiciel réglera ces soucis dans l’avenir (on l’a mis à jour la semaine dernière : il y a déjà des améliorations !)

Par ailleurs, nous vous conseillons de désactiver l’affichage de la vidéo (le petit bouton « caméra ») si vous n’avez pas une connexion bien solide. Tout simplement parce que les échanges vidéos fonctionnent, mais demandent une bande passante importante (un abonnement Internet de type fibre) si on ne veut pas souffrir de ralentissements et autres voix mécaniques…

Donc voilà : Framatalk est imparfait, et a des limitations que les géants du Web ne connaissent pas. Le problème, c’est que les GAFAM investissent grandement pour s’enrichir grâce à vos données (et donc vos vies) numériques, et qu’il faut réagir et proposer une alternative sans espionnage / profilage publicitaire.

Notre espoir, c’est que plus nous serons nombreuses et nombreux à utiliser Jitsi Meet (ou d’autres solutions libres), plus cela motivera les communautés à trouver des solutions et des moyens. Donc, si le principe vous plaît, n’hésitez pas à aller participer au code de Jitsi Meet !

Pour aller plus loin :




Tristan Nitot : « face à la Surveillance:// on retrousse ses manches ! »

Tristan Nitot est l’auteur d’un ouvrage titré « Surveillance:// » qui dresse le bilan du pillage systématique de nos données privées par les géants du web. Mais, loin de se résigner, il applique les leçons issues de son expérience chez Mozilla : il ne sert à rien de se décourager, il s’agit de réagir et de faire face, chacun selon ses moyens. Il en profite pour rappeler les règles d’une bonne hygiène numérique.

Voilà un discours qui trouve de l’écho chez nous, pile au moment où nous abordons la troisième année de notre campagne Dégooglisons Internet.

Nous avons rencontré l’ami Tristan pour lui poser quelques questions.

On dirait bien qu’il nous a à la bonne !

 

Bonjour Tristan !

Nous avons suivi d’un œil admiratif la prépublication sur ton blog de l’ouvrage qui vient de sortir en véritable papier comme autrefois. Il rejoint bien des questions qui sont aussi les nôtres : comment faire prendre conscience au plus grand nombre des atteintes que la surveillance démultipliée inflige à nos vies en ligne et réelles, comment préserver une bulle minimale de vie privée dans la grande lessiveuse numérique, quels dispositifs techniques accessibles peuvent être utilisés pour se préserver autant que possible.

Mais pour commencer, une question sur la publication : est-ce que certaines de tes recommandations n’ont pas déjà pris un petit coup de vieux, entre le moment où tu as écrit et celui où tu publies, tant la situation est évolutive ?

Tristan Nitot par Matthias Dugué, licence CC-BY
Tristan Nitot par Matthias Dugué, licence CC-BY

Effectivement, la quatrième partie de mon livre, qui s’intitule « Limiter la surveillance au quotidien », est celle qui est la plus susceptible d’être périmée rapidement, car la technologie et les produits évoluent rapidement et sans arrêt. J’ai hésité, pour cette raison, à l’inclure, mais je me suis décidé à le faire pour une raison très simple : je refuse d’expliquer au lecteur un problème (la surveillance, rendue possible par la collecte de données personnelles par les GAFAM) sans apporter un début de solution. Sinon, le lecteur, pas forcément un surdoué de l’informatique, va se résigner, se dire « c’est trop dur, il n’y a rien à faire » et il va baisser les bras et se résigner à la surveillance. Or il y a beaucoup à faire, en commençant par mettre son système d’exploitation à jour, adopter un antivirus (pour Windows), utiliser un navigateur comme Firefox, avec les bonnes extensions… Bref, de l’hygiène informatique de base, qu’on peut appliquer sans débourser d’argent et en quelques minutes à chaque fois.

D’après les retours obtenus en publiant sur ton blog : l’intérêt pour les questions de la surveillance et de l’intimité numérique, c’est une préoccupation qui touche le « grand public » ou plutôt une audience libriste, tech-savvy et geek-friendly ?

En fait, ça touche tout le monde, mais pas toujours de la même façon. Les personnes qui s’intéressent à l’histoire savent l’impact négatif qu’a eu la surveillance de la Stasi (Allemagne de l’Est) sur ses citoyens. Mais ce ne sont pas forcément les plus calées en informatique et elles ont du mal à comprendre le fonctionnement des GAFAM, de la gratuité, etc. D’autres, souvent plus jeunes, sont plus familières avec la technologie et comprennent intuitivement les dangers de la surveillance. Pour eux, le livre met des mots sur cette intuition et j’espère qu’ils prendront le temps d’expliquer cela autour d’eux.

Et qu’est-ce qui te ferait le plus flipper, que ton ouvrage soit obsolète dans cinq ans, ou qu’il soit encore d’actualité dans cinq ans ?

En fait, je crois que les différentes parties du livre vont vieillir de façon différente. Les deux premières, où j’explique la surveillance, vont vieillir doucement. Les exemples utilisés vont vieillir car les gens ont la mémoire courte, mais le raisonnement va tenir assez longtemps. La troisième partie, sur le concept de SIRCUS (Système d’Information Redonnant le Contrôle aux UtilisateurS) devrait bien vieillir car reposant sur des principes pérennes comme l’utilisation de la cryptographie, la décentralisation, le logiciel libre, etc. À l’inverse, la dernière partie, qui mentionne des logiciels, vieillira bien plus vite.

Chez Framasoft, on aime beaucoup C&F éditions, la maison de Hervé le Crosnier, dont le catalogue permet de s’instruire sur les communs et le numérique. Comment s’est passée votre collaboration ? Le fait que cet ouvrage ait été pré-publié sur ton blog vous a-t-il posé problème ?

Aucun problème de la part de C&F Éditions. Ils ont été super ! Hervé et Nicolas (typographie et mise en page) ont été d’un grand soutien. C’est grâce à eux que le livre est un bel objet, bien mieux fini que ce que j’ai pu écrire au fil de l’eau sur mon blog. Nous sommes tout de suite tombés d’accord sur l’absence de DRM dans la version ebook, ou sur l’utilisation de la licence équitable. Et puis au-delà des personnes, de leurs talents respectifs et de leurs idées, ils ont édité d’excellents ouvrages…

Niveau surveillance de nos vies numériques, tu tends vers quel extrême, paranoïaque ou fataliste ?

Justement, ni l’un ni l’autre ! C’est un héritage de Mozilla : quand on n’est pas content d’une situation, on relève ses manches et on s’y colle ! C’est ce que je fais chez Cozy Cloud en créant une variante du concept SIRCUS, en faisant un cloud personnel en logiciel libre. Et en écrivant ce livre.

Tu racontes des choses que les geeks connaissent bien (tu t’en excuses auprès d’eux, c’est meugnon) et qu’on peut trouver sur Internet en cherchant un peu. Tu penses que c’est important, de poser un jalon et de faire un état des lieux dans un ouvrage imprimé, comme tu le fais ?

Je pense qu’un livre permet de concentrer un propos sur un temps long qui complète bien ce qu’on peut lire au fil de l’eau sur les réseaux sociaux. La surveillance, on en a conscience confusément, mais là je prends le temps de mettre en perspective des choses dont on entend parler, mais sans forcément en réaliser l’ampleur et les dangers. C’est tout l’intérêt du livre, en plus de donner une crédibilité au propos.

Ton ouvrage s’adresse avant tout au grand public, dans la lignée des mouvements d’éducation populaire. Ressens-tu une urgence à ouvrir ces thématiques auprès d’un public qui ne va pas forcément « regarder sous le capot » de ses ordinateurs ?

Oui, exactement ! En cela, je me sens proche de Framasoft. Je suis un piètre ingénieur, mais j’aime expliquer, écrire, parler. Et puis l’informatique est arrivée poussée par les fournisseurs de solutions, avec très peu de formation réelle sur le sujet et dans le meilleur des cas, on enseigne l’utilisation d’un tableur ou d’un traitement de texte (ne me relancez pas sur l’accord entre Microsoft et l’Éducation Nationale !). Bref, pas de pensée critique, juste une approche qui laisse l’utilisateur sans recul face à des outils qu’il a du mal à appréhender, coincé entre les messages marketing des fournisseurs et les injonctions de modernité : « c’est l’avenir, on ne peut pas vivre sans ».

Nous adorons tes passages sur l’ergonomie. C’est un axe majeur de progrès pour les logiciels libres ?

Oui, je pense que l’ergonomie est un front très important si on veut que l’informatique libératrice ait du succès. Il faut que les libristes se libèrent eux-mêmes, mais si on veut toucher une frange plus large de la population, il faut que ça soit aussi facile d’utilisation que les produits propriétaires. Et il faut aussi que cela apporte un plus concret.

Est-ce que tu penses qu’il existe une frange suffisante de gentils libristes-activistes pour changer la donne ? Nous savons que tu développes une attitude plutôt positive et confiante, mais face aux moyens gigantesques des États et des GAFAM, que pesons-nous ?

Je pense que le monde n’est pas binaire. Je veux, avec Surveillance://, équiper les libristes /activistes d’un argumentaire solide pour convaincre leurs proches, mais je pense aussi qu’un livre papier, écrit dans des termes simples, avec des exemples, peut toucher une cible un peu plus large. Ensuite, si on n’essaie pas, on ne risque pas de réussir ! Quand j’ai décidé de lancer Mozilla Europe en 2003, sans moyens et avec une poignée de bénévoles, tout le monde me prenait pour un dingue ! Et puis on a réussi à déboulonner Internet Explorer, contre toute attente.

D’ailleurs, tu dis quelque part la même chose que lors de la conférence de lancement de la campagne Dégooglisons Internet, en substance : « On ne va pas y arriver, mais si on a une minuscule chance, c’est tous ensemble ». Tu es en phase avec notre campagne Dégooglisons ?

C’est exactement ça ! Je suis fan de Framasoft que je soutiens financièrement et dont je parle dès que je peux. Dégooglisons Internet, c’est une campagne géniale !

Justement, la sortie de ton livre coïncide avec l’an III de Dégooglisons Internet. Ça signifie peut-être qu’il y a une convergence des idées chez certains libristes, que nous aboutissons tous aux mêmes conclusions, qu’en dis-tu ?

Il y a clairement une convergence de vue, qui se matérialise sur le calendrier. Le problème de fond, c’est que le logiciel libre tel que formalisé par Stallman, l’était dans l’idée d’un ordinateur personnel où l’on contrôlait tout : le matériel, le logiciel (libre) et donc forcément, les données. Mais en 2016, on a tous au moins 3 ordinateurs : un PC, un smartphone (forcément privateur) et un ou plusieurs « Clouds». Sur ces deux derniers, on ne contrôle pas grand-chose… Mozilla s’est planté sur le smartphone, à mon grand regret, et coté cloud, c’est une horreur, d’où mon engagement chez Cozy Cloud : nous voulons construire un cloud personnel en logiciel libre, qu’on peut auto-héberger si on le souhaite, ou le faire tourner chez un hébergeur.

Tu as un discours plus modéré envers certains GAFAM (une tendresse pour Apple ? :-P) Il n’est plus possible, de nos jours, d’être un-e libriste sans faire des concessions ?

Bien sûr que non : déjà un PC avec seulement du logiciel libre, c’est limite impossible (il faudrait un BIOS libre et refuser de télécharger du JavaScript quand tu navigues !). Seuls quelques experts y arrivent, au prix d’efforts délirants, pour une productivité finalement très limitée. Donc le compromis est indispensable. J’utilise un Mac actuellement, car j’y trouve la productivité et l’ergonomie que je recherche et j’y fais tourner du logiciel libre (Firefox, Thunderbird, LibreOffice). Côté smartphone, c’est plus compliqué : on doit choisir entre la peste (Android de Google) et le choléra (iPhone d’Apple). Google est à fond dans la collecte de données alors qu’Apple a fait de la vie privée un cheval de bataille, car c’est un différenciateur fort (voir les lettres de leur CEO, leur résistance face au FBI dans l’affaire de Bernardino). Mais Apple a un politique de censure de son AppStore qui est hostile au logiciel libre (refus de la licence GPL). Pas facile de naviguer entre tout ça !

Tu as constaté, au cours de ton cheminement dans l’ouvrage comme au cours de ton expérience au Conseil National du Numérique, que la clé des problèmes est souvent entre les mains des politiques et pas forcément du côté des technologies. Or nous subissons un pouvoir politique qui ne cesse d’accentuer la pression sur nos libertés numériques. Est-ce qu’on va voir un jour Tristan Nitot batailler clairement dans le champ politique ?

Non, je ne risque pas de devenir candidat à quoi que ce soit : j’ai promis à ma femme que je ne le ferai pas ! J’ai eu, avec le CNNum, une expérience très intéressante, qui a été utile aussi (neutralité du net, portabilité des données dans la loi Lemaire) mais aussi très frustrante : les communs informationnels, le droit de panorama sont passés à la trappe, et la loi Renseignement, qui autorise la surveillance de masse, est passée. Mener ça de front bénévolement, avec le travail exigé par Cozy Cloud (une startup qui fait un cloud personnel en logiciel libre), fut éprouvant, en particulier parce que j’ai tendance à me donner à fond. Par contre, se présenter à une élection serait probablement une source de frustration trop grande pour moi. Mais il y a d’autres façons d’agir, en écrivant un livre, du logiciel, ou d’un point de vue médiatique. Et je fais tout cela.

S.I.R.C.U.S., C.H.A.T.O.N.S. : mêmes combats, mêmes objectifs ?

Oui, en bonne partie. On retrouve dans CHATONS plusieurs critères listés dans SIRCUS, dont le logiciel libre, la décentralisation, un modèle d’affaire vertueux (pas de pub ciblée). Nous sommes bien sur la même longueur d’onde !

Tu crois à cette évolution d’Internet, qui nous (ra)mènerait vers un réseau pour et par des internautes ?

Ça serait prétentieux d’affirmer qu’on va y arriver, mais si on n’essaie pas, on ne risque pas d’y arriver. Tout ce que je peux dire, c’est que j’essaie, avec mes idées, avec mon travail chez Cozy Cloud, de faire un outil (un cloud personnel) qui pourra être mis entre toutes les mains. Va-t-on y arriver ? Je le souhaite de tout cœur, et j’y mets beaucoup d’énergie. On a bien réussi avec Firefox en 2004, et on a vu d’autres efforts comme Wikipedia et OpenStreetMap réussir, donc on sait que le succès n’est pas exclu. 🙂

Comme toujours dans le Framablog, on te laisse le mot de la fin. 😉

J’aime beaucoup le travail de Framasoft, qui a d’après moi très bien réussi sa transition du logiciel libre vers le Saas/Cloud. Ah, si vous voulez un scoop : j’ai un prochain livre dans les tuyaux, et c’est un Framabook ! C’est vous dire si j’apprécie Framasoft, mais je ne vous en dis pas plus, j’espère juste qu’on en reparlera ! 😉

Surveillance://, couverture du livre
Surveillance://, couverture du livre

Pour aller plus loin

Le livre Surveillance:// sur le site de l’éditeur : http://cfeditions.com/surveillance/

Le blog de Tristan Nitot : http://standblog.org/blog/