Oublions Powerpoint avec Reveal.js

Pour se passer de Powerpoint, il y a Impress de LibreOffice bien sûr.

Mais il existe aussi de nombreuses solutions web issues du trio gagnant : JavaScript, HTML5 et CSS3).

Nous avons choisi avec cette traduction de mettre en valeur Reveal.js, avec une méthode de geek pour assurer l’archivage et retrouver facilement les différentes versions de vos présentations.

reveal.js

Enseigner avec l’application de présentation libre Reveal.js

Teaching with open source presentation service Reveal.js

Luis Ibanez – 30 octobre 2013 – OpenSource.com
(Traduction : Penguin, Genma, audionuma, cyrille, Omegax, Garburst)

OpenSource.com a un programme pour les modérateurs de communautés, et je suis fier d’en faire partie. Nous nous sommes récemment réunis dans le centre ville de Raleigh (en Caroline du Nord). L’une de nos discussions portait sur les logiciels open source pour l’éducation, et Ruth Suehle, qui dirige l’équipe marketing de Fedora tout en conseillant et en écrivant pour Opensource.com, a attiré notre attention sur les merveilles de Reveal.js, un nouvel outil de préparation de diapositives pour les présentations.

« C’est ce que les gens cool utilisent »dit-elle. Et dieu sait qu’elle avait raison !

Un rapide détour par la page d’exemples et de présentations permet de convaincre les plus sceptiques.

Les principales caractéristiques qui sortent du lot sont :

  • Les diapositives sont créées en écrivant du simple code HTML
  • Les présentations…
    • sont des pages HTML + Javascript
    • peuvent être vues sur n’importe quel appareil : téléphones, tablettes, ordinateurs.
  • Le contenu peut être mis dans un système de contrôle de version (par exemple Git/Github).
    • Ne vous est-il jamais arrivé de regarder une présentation d’une année passée et de vous demander s’il s’agit bien de la version que vous souhaitez utiliser ? Vous êtes vous jamais demandé quelles étaient les dernières modifications ?
  • L’hébergement Git permet la collaboration de plusieurs auteurs.
    • Tout comme avec n’importe quel projet collaboratif, différents auteurs peuvent ajouter du contenu, faire des commentaires, corriger les erreurs.
    • Et en cas de désaccord, ils peuvent toujours faire une branche dérivée, un fork, de ces présentations.

Voici quelques-unes des présentations qui ont été faites lors de notre cours « Pratiques des logiciels open-source » à l’École polytechnique Rensselaer et à l’université de l’État de New-York à Albany :

Pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec l’écriture de code HTML, il y a un éditeur interactif : Slid.es, au sein duquel vous pouvez créer vos diapositives en utilisant une interface simple. Les présentations sont également hébergées, ainsi vous n’avez pas besoin de vous préoccuper de trouver un serveur web.

Pour ceux à qui écrire du code HTML plaît, la façon la plus facile de commencer est la suivante :

  • Consultez les nombreux exemples
    • Copiez ou forkez vos (exemples) favoris
    • Modifiez et créez le votre

La façon de faire pour du long terme est la suivante :

Enfin, le partager en retour !

Vous pouvez ajouter vos présentations en guise d’exemple pour les autres, en modifiant simplement les exemples de la page de présentation.

Remarquez que l’usage de Git (ou GitHub) n’est pas une nécessité, vous pouvez profitez de la joie d’utiliser Reveal.js comme un simple framework web. C’est juste qu’ajouter les fonctionnalités de Github tel que le contrôle de version, l’hébergement, le partage, donne une nouvelle dimension à la facilité d’usage de ce merveilleux outil.

Remarquez qu’il n’est pas nécessaire d’héberger vos présentations sur un serveur web. Vous pouvez toujours faire la présentation depuis votre pc portable en indiquant à votre navigateur web où se trouvent les fichiers HTML sur votre disque dur. Ce qui peut s’avérer très pratique quand on arrive en retard en classe, ou lorsque l’on a des changements à faire en dernière minute sur la présentation (ce qui bien sûr n’arrive jamais…:)).




Opérateur du logiciel libre pour les métiers du livre (Villes en Biens Communs)

Dans le cadre de notre participation à Villes en Biens Communs nous ajoutons un double événement lié aux métiers du livre et organisé par Chloé Girard, membre de Framasoft, le 23 octobre à Paris et le 24 octobre à Lyon.

La_Forge - Chloé Girard

Présentation de La_Forge par Chloé Girard

Quelques années après avoir commencé à réfléchir à la transposition du modèle de l’Adullact vers les métiers du libre, l’Enssib, où je suis maître de conférences associé en édition numérique, a accepté de soutenir ce « projet de recherche ». J’organise donc deux réunions de présentation et de travail, l’une à Paris, l’autre à Lyon, afin de pousser la modélisation de cette Forge.

Il s’agit d’une structure accompagnant les éditeurs, libraires, diffuseurs, dans la mutualisation des fonds, la réalisation et la maintenance de logiciels métier communs et, par extension, experts, pérennes et évolutifs. Elle est gouvernée par et pour les professionnels du livre et constitue une interface « chargée de projet » côté « clients » avec les entreprises de service informatique.

De nombreux éditeurs expriment des besoins communs (de la gestion d’entreprise à la diffusion en passant par la fabrication) ou spécifiques (selon le genre éditorial par exemple, ou le modèle économique). Or aucun ou presque n’a de « département informatique » et beaucoup investissent des fonds, subventionnés ou non, sans prendre la mesure de la complexité de ces outils et de leur maintenance.

Ces deux réunions ont donc pour objectif de présenter le fonctionnement d’une telle, de réfléchir à sa gouvernance (très probablement associative), à son économie (mutualisation), et au logiciel libre (quelques a priori perdurent…).

De nombreux écueils se profilent dans ce contexte de petites entreprises privées, aux finances souvent fragiles. Du coté des développeurs (qui sont parfois les éditeurs eux-mêmes), la libération du code est souvent perçue comme l’abandon d’une potentielle manne financière, souvent en réalité plus coûteuse que rentable. Les acteurs métier espèrent aussi souvent, et nous les comprenons, se « débarrasser » de ces encombrantes questions techniques en choisissant des services en ligne, sans se soucier de la pérennité de ces services, de l’outil ou de l’entreprise qui les sous-tend.

En réponse la forge peut offrir par exemple de développer du coté « clients » les outils sur lesquels baser ce type de services de façon à ce qu’en cas de sortie d’une plateforme tout éditeur ou libraire puisse retrouver le même outil libre et le déployer, ou le voir déployer, ailleurs : expertise, qualité, indépendance et pérennité !

J’invite donc chacun à venir exprimer ses besoins en logiciels ou extensions métier, à discuter des tenants et aboutissants d’un tel projet et à y verser des logiciels développés en interne et complexes à maintenir seul.

Nous espérons au cours de ces deux réunions pouvoir identifier un besoin phare à lancer comme projet pilote.

Déroulement :

  • présentation de l’Opérateur du logiciel libre pour les métiers du livre, une association à vocation d’expert informatique coté « clients » : recension de logiciels, appels à projets, rédaction de cahiers des charges, mutualisation des fonds, suivi de projet, mise en production, assistance ;
  • présentation de projets : outils de gestion d’entreprise (droits d’auteur, abonnements revues, facturation, workflow de fabrication), outils de fabrication (édition de ePUB, passage ePUB to Web, mise en page PDF en ligne, annotation, lien POD), diffusion (gestion et publication de métadonnées, mesure d’usages, gestion des URL, protocoles de gestion d’accès, connexion aux réseaux sociaux, flux de catalogage, alertes, outils de librairie…) ;
  • consultation autour de la gouvernance de la structure : offrir une souplesse d’adhésion et de retrait des entreprises au gré de l’ouverture et de l’aboutissement d’un projet ;
  • les besoins logiciels identifiés : exprimez vos propres besoins ;
  • dépôt logiciel de la Forge : être informé et avoir accès en amont aux outils existants ;
  • reverser ses propres développements sous licences libres ?
  • le financement des projets.



Quand l’open source investit dans la diversité, tout le monde y gagne

Le groupe d’utilisateurs Python de Boston est passé en 2 ans de presque rien à 15% de femmes.

Ce qui est intéressant ici c’est qu’il semblerait qu’on se soit moins focalisé sur les femmes que sur les débutant(e)s, avec pour conséquence une croissance du nombre de femmes.

Jessica McKellar

Quand l’open source investit dans la diversité, tout le monde y gagne

When open source invests in diversity, everyone wins

Lynn Root – 15 octobre 2013 – OpenSource.com
(Traduction : lyn, SonicWars, aKa, Théotix, Cryptie, Moosh + anonymes)

Jessica McKellar est une entrepreneuse, une ingénieure logiciel et une développeuse open source. Elle aide à l’organisation du groupe d’utilisateurs Python à Boston et joue un rôle important dans la sensibilisation de la diversité en favorisant l’arrivée d’encore plus de débutants et de femmes. La participation a augmenté de 0-2% à 15% et le groupe d’utilisateurs a connu la même progression pendant les 2 dernières années.

Ce sont de tels résultats qui ont convaincu Jessica que quand des communautés open source s’investissent dans la diversité, cela profite à tout le monde. Depuis la création de cours pour débutants, des ateliers de niveau intermédiaire et des marathons open source, le groupe de Boston a vu sa taille plus que quintupler en passant de 700 membres à plus de 4000. C’est maintenant le groupe d’utilisateurs le plus important du monde. Ce type de croissance est quelque chose à laquelle toutes les communautés open source devraient aspirer.

Plus d’informations sur Jessica McKellar dans cette interview.

Depuis combien de temps participez-vous à la communauté open source ? Avez-vous eu un mentor quand vous avez commencé ?

Ma toute première contribution à un projet open source était sur la documentation du projet Twisted en 2009 (Twisted est un moteur réseau événementiel écrit en Python). Je suis restée impliquée dans le projet depuis, je suis désormais une contributrice principale et j’ai même eu le plaisir d’écrire un livre sur Twisted.

Contribuer à Twisted a été une première expérience fantastique : la communauté disposait d’une documentation à l’usage des nouveaux contributeurs, et a été à la fois une aide et un soutien patient lorsque j’ai satonné dans mes premières utilisations des processus et des outils. Je ne dirais pas que j’ai eu un mentor en particulier, mais j’ai bénéficié de l’aide collective de la communauté Twisted et du feedback patient des reviewers sur mes premiers tickets.

Comment voyez-vous l’évolution des logiciels libres depuis que vous avez rejoint la communauté ?

Il y a eu une formidable progression vers la diversité elle-même et sa sensibilisation, en particulier vers les débutants et tout ce qui s’y rapporte. L’augmentation de l’adoption de codes de conduite dans les conférences techniques, le programme GNOME de sensibilisation auprès des femmes, le programme de sensibilisation et d’éducation de la fondation Python ainsi que les événements PyCon’s Young Coders sont quelques exemples du très beau travail que la communauté open source accomplit pour devenir un environnement accueillant et favorable.

Vous êtes profondément impliquée dans la communauté Python. Pourquoi Python ? Quelle était votre première expérience avec ce langage ?

J’ai utilisé Python pour la première fois à l’école (j’étais au MIT au moment du changement dans le tronc commun Informatique de Scheme vers Python) et je l’ai utilisé dans chacun des emplois que j’ai pu avoir. C’est aussi mon langage par défaut pour la plupart de mes projets parallèles. En plus d’être un langage qui, à mon avis, est un bonheur pour développer, je me suis investie dans la communauté Python encouragée par son engagement dans un environnement favorable et accueillant pour tous.

Vous et Asheesh Laroia avez fait une belle présentation lors de la PyCon 2012 à propos du groupe d’utilisateur de Boston Python augmentant son champ d’action. Pouvez-vous décrire ce que vous avez fait ?

Ces 2 dernières années, le Boston Python a lancé une liste d’événements récurrents qui se concentrent sur les moyens d’amener plus de femmes dans les communautés Python locales. La première étape de la liste est de faire un week-end workshop pour les personnes programmant pour la première fois, ce que nous avons fait huit fois pour plus de 400 femmes.

Dans ce projet nos objectifs sont :

  • D’attirer plus de femmes dans la communauté de programmation locale, avec un objectif chiffré de 15% de femmes dans tous les événements du groupe d’utilisateurs Python de Boston ;
  • De mettre en avant de bons exemples de femmes programmeurs ;
  • De développer des ressources à destination des autres groupe de programmation, pour qu’ils puissent organiser leurs propres événements en faveur de la diversité.

Avant de lancer ces workshops, il y avait entre 0 à 2% de femmes à un événement standard du groupe d’utilisateurs Python de Boston. Depuis la participation des femmes à ce type d’événement a atteint, voire dépassé, les 15%. Ces manifestations rassemblent de 80 à 120 personnes : le nombre de femmes présentes a donc littéralement bondi, à la fois en pourcentage et en valeur absolue. Encore plus impressionnant, ces résultats se maintiennent depuis maintenant 2 ans !

Le grand secret de cette initiative est que même si vous vous concentrez sur un groupe particulier de personnes sous-représentées, tout le monde en bénéficie. Lancer ces worshops introductifs nous a forcé à apprendre comment aider les débutants. Nous avons commencé un projet de suivi mensuel Project Night de ces workshops, pour donner aux débutants et intermédiaires plus d’opportunités d’apprendre et de pratiquer le langage avec un mentor présent. Nous avons développé des cursus et des projets pratiques qui ont été utilisé partout dans le monde. Nous avons lancé des worskhops pour les niveaux intermédiaires et des marathons open source. À travers tout cela, le groupe d’utilisateurs a quintuplé, passant de 700 à plus de 4000 membres, en faisant de notre groupe le plus grand groupe d’utilisateurs de Python au monde.

Pour résumer, quand vous investissez dans la diversité, tout le monde y gagne.

Crédit photo : Jessica McKellar




Histoire d’une photo : le phare de Battery Point #Wikipedia

Voici une histoire toute simple mais qui raconte peut-être quelques chose de notre époque.

Lorsque KoS a demandé à son auteur l’autorisation de traduction voici quelle a été sa réponse :

Last week, someone contacted me via email and asked politely if I was ok with him translating one of my latest blog posts into French. I replied that the content of my blog was under a CC-BY SA 3.0 license, which allows the free re-use of the material for any purpose. A few days later, this person sent me the French version of my text that he had created with three other free knowledge enthusiasts. I’m still blown away by so much kindness and I’m deeply grateful for the work of the four people that I still don’t know who they are. Alors, “KoS, lamessen, Paul Scailyna and goofy” – merci beaucoup pour la traduction, vous êtes extraordinaire !

Frank Schulenburg - CC by-sa

Histoire d’une photo : le phare de Battery Point

Story Behind The Shot: Battery Point Lighthouse

Frank Schulenburg – 28 septembre 2013 – Site personnel
(Traduction : KoS, lamessen, Paul Scailyna et goofy)

« Alors, vous avez fait tout le chemin depuis San Francisco hier juste pour prendre une photo du phare ? »

« Oui, je suis photographe pour Wikipédia ».

Je suis assis à côté de Rick, conducteur de taxi à Crescent City, à six heures de voiture de là où je vis. Rick me conduit à l’aéroport, où je pourrai louer une voiture suite à un accident que j’ai eu la nuit dernière. Il me regarde et rigole. « Combien ils vous paient ? »

« Rien, je fais ça bénévolement. »

Rick me regarde. Il est stupéfait. « Mais ils remboursent au moins l’essence et l’hôtel. »

« Non, je paye tout de ma poche. »

« Pour prendre une photo de notre phare ? »

Visiblement Rick pense que je suis fou. « Oui, le phare. Nous n’avons pas de bonne photo du phare de Battery Point. »

Rick rigole encore, secoue la tête et sourit, « La prochaine fois, appelez-moi, je vous prendrai toutes les photos que vous voulez ».

Je n’avais pas envie de me lancer dans une discussion sur la difficulté de prendre vraiment une bonne photo d’un bâtiment. Combien de tentatives il me faut pour obtenir la bonne exposition, la bonne composition. Je n’ai pas non plus abordé « Wiki Loves Monuments », la compétition annuelle pour laquelle je prenais le phare en photo. Mais la réaction de Rick m’a fait réfléchir. C’était la troisième personne à qui je racontais mon histoire depuis mon arrivée à Crescent City, cette petite ville voisine de la frontière de l’Oregon. Et toutes les personnes avec qui j’avais parlé avaient eu la même réaction. Ils ont tous pensé que j’étais fou. Ou du moins étrange.

Crescent City est située sur la côte pacifique, dans la partie nord-ouest supérieure de la Californie. La pêche, le bois et le tourisme sont les principales sources de revenus. D’après Wikipédia, le revenu moyen par habitant en 2003 était de 13 000 dollars et près de 34 % des familles vivaient en dessous du seuil de pauvreté.

Est-ce bizarre de conduire près de 500 kilomètres pour prendre une photo d’un phare ? Peut-être. Du moins du point de vue de quelqu’un vivant à Crescent City. La plupart des gens avec qui j’ai discuté connaissaient Wikipédia. Cependant, aucun d’entre eux ne savait que les articles sont rédigés par des bénévoles. Pareil pour les photos. Certains pensaient que j’étais un photographe professionnel. À chaque fois que je disais « C’est une bonne chose de donner aux autres l’accès à une information libre », les gens acquiesçaient. Mais on voyait bien que le bénévolat n’est pas quelque chose de très répandu dans cette partie de la Californie.

Je suis rentré chez moi le même jour que celui où j’avais parlé avec Rick. J’ai beaucoup pensé aux gens que j’avais rencontrés. Et à leur réaction face à mon histoire.

Oui, c’est une bénédiction de pouvoir faire des choses qu’on aime pendant son temps libre. Ce mois-ci, des bénévoles du monde entier ont participé à « Wiki Loves Monuments », la plus grande compétition photo du monde. Ils y investissent leur savoir-faire, leur temps libre et parfois leur propre argent pour documenter le patrimoine culturel de plus de 50 pays. Au moment où je vous parle, plus de 250 000 images ont été déposées sur Wikimedia Commons, le dépôt de médias de Wikipédia. C’est un énorme succès ! Chapeau à ceux qui mettent en ligne mais aussi aux nombreux volontaires qui ont fait un super boulot dans l’organisation de ce concours. J’ai adoré, même si mon voyage à Crescent City s’est terminé de façon inattendue. J’aurais aimé prendre plus de photos de phares et passer le mot sur Wikipédia à des dizaines de milliers de bénévoles.

Heureusement, j’ai eu quelques photos acceptables du phare de Battery Point. Et je suis sûr que je vais y retourner. Il y a encore de nombreux phares le long de la côte de Californie et de l’Oregon qui n’ont pas une bonne photo sur Wikipédia…

Crédit photo : Frank Schulenburg (Creative Commons By-Sa)




Comment créer un livre électronique au format ePub avec LibreOffice

Nous sommes de plus en plus nombreux à lire des e-books au format ePub sur nos tablettes, smartphones et liseuses.

L’article ci-dessous propose une méthode simple et linéaire pour créer des fichiers au format ePub à partir du traitement de texte de LibreOffice et d’une extension dédiée.

Garantie 100 % pur libre !

Remarque : Si vous avez une autre méthode, toujours libre bien entendu, ne pas hésiter à nous la faire partager dans les commentaires.

ActuaLitté - CC by-sa

Comment créer un eBook à la sauce libre

How to create an eBook the open source way

Bryan Behrenshausen – 6 août 2013 – OpenSource.com

(Traduction : Asta, Paul, Penguin, Manolo, Garburst, P3ter, Floxy, Achille, Cyb, Moosh, brandelune, GregR, Scailyna, Pxl_Ctzn, M0tty)

Les lecteurs attentifs auront remarqué que nous avons commencé à publier nos e-books « Open Voices » au format ePub. Désormais, quelques-uns de nos meilleurs essais et interviews sont disponibles sous la forme de fichiers légers et portables, et peuvent être lus sur n’importe quel appareil de lecture électronique supportant ce format ouvert.

Et qui de mieux pour se charger de la tâche de convertir notre bibliothèque que votre amical stagiaire d’OpenSource.com ? L’été dernier, j’ai amélioré ce que je considère comme une méthode simple et fiable pour créer des e-books à la manière open source. J’aimerais aujourd’hui la partager.

Notre tâche

Ce guide détaille une méthode de création de livres numériques (« e-books ») dans le format ePub, en utilisant des outils libres disponibles sur la plupart des systèmes d’exploitation. Ce format international de publication numérique est devenu un standard et est supporté par la plupart des liseuses (hormis le Kindle – désolé pour les fans d’Amazon). Mais, plus important encore, proposer un livre numérique au format ePub garantit que de nombreuses boutiques et plate-formes de publication d’eBook pourront l’héberger et le distribuer.

La méthode que j’expose ici est le reflet de deux désirs : créer des e-books libres dans des formats ouverts en utilisant des outils libres, et éviter toute complication inutile en utilisant le moins d’outils possible. Au final, ce guide décrit une procédure assez spécifique permettant de recueillir et de mettre en forme un contenu au format ouvert OpenDocument et le transformer ensuite en un livre numérique au format ePub.

Vous aurez besoin

Juste un mot avant de commencer. Je n’aurais pas pu accomplir ce travail si rapidement et si facilement sans l’aide de Scott Nesbitt, l’éditeur et écrivain d’Auckland qui est un des piliers d’OpenSource.com. Lorsque j’ai commencé à imaginer la manière de réaliser ce projet, j’ai lu (plusieurs fois), de nombreux tutoriels remarquables de Scott sur les e-books qui se sont avérés d’une immense aide. Tout projet libre digne de ce nom se doit de reconnaître ses dettes. J’exprime ici à Scott toute ma gratitude.

Très bien. Allons-y.

Préparez le contenu

Tout d’abord, votre e-book a besoin d’un contenu.

Vous devez créer un contenu nouveau pour votre projet d’e-book. Ou bien reprendre un contenu que vous avez déjà publié sur un blog. Dans les deux cas, LibreOffice est l’outil idéal.

La manière dont vous importez votre contenu importe peu, mais vous ne devez pas oublier un point crucial : vous devez utiliser des styles pour mettre en forme votre document. Ces « styles » sont bien plus qu’un choix de police ou d’interligne : il s’agit de déclarations définissant la structure logique et significative de votre document (pour plus d’information sur ce sujet, renseignez-vous sur ce qu’est le « marquage sémantique »).

Certains pourraient penser qu’utiliser un traitement de texte pour créer un livre électronique est un peu fantaisiste, mais ils oublient une chose : les traitements de texte sont faits pour réaliser des mises en forme rapides et efficaces. Malheureusement, la plupart des utilisateurs n’apprennent jamais à utiliser correctement un logiciel de traitement de texte, et appliquent au petit bonheur un formatage de texte à des éléments individuels (comme la police de caractère ou la couleur du texte). Si vous êtes l’un d’eux (j’en étais), alors vous devriez vous rendre un merveilleux service en étudiant les tutoriels pour LibreOffce d’Ahuka disponibles sur le site Hacker Public Radio.

Appliquez les styles

Dans LibreOffice, appuyez sur F11 pour faire apparaître la fenêtre « Styles et formatage ». Quand cette fenêtre sera visible, elle exposera les différents styles utilisés dans votre document. Pour faire un fichier ePub, vous devez attribuer au minimum les éléments suivants :

  • Titres. Le titre du livre et ceux de ses principaux chapitres doivent se voir appliquer le style « Titre 1 ». Toutes les sections de chapitre doivent utiliser le style « Titre 2 ». Pour les sous-sections, choisissez « Titre 3 ». Bien que LibreOffice autorise plus de neuf niveaux de styles de titre, vous devriez éviter d’en utiliser plus de trois. La majorité des logiciels de conception d’ePub ne savent reconnaître que ces trois niveaux.
  • Corps du texte. Le texte de votre livre doit se voir appliquer le style « Corps de texte » dans LibreOffice.
  • Texte à indentation fixe. Certaines parties du texte — par exemple du code informatique — doivent être formatées pour conserver les espaces. Ces parties doivent utiliser « Texte préformaté ».
  • Citations étendues. Certains blocs de texte sont des citations. Ils doivent utiliser le style « Citation ».

Aucun élément de votre fichier OpenDocument ne doit être laissé non structuré. Vérifiez que chaque titre, citation et paragraphe est clairement identifié comme tel. En bonus : si vous copiez depuis une source dont l’édition a déjà été réalisée — telle une page web — LibreOffice devrait reconnaître les styles depuis le document source et les appliquer dans votre document cible.

Oubliez les polices de caractères.

Ne vous souciez pas de l’aspect des éléments de votre document. Passer tout votre après-midi à trouver la police de caractère parfaite pour les titres de chapitres, c’est gaspiller votre temps. Les fichiers ePub contiennent des règles de style écrites en langage CSS ; ces règles sont conçues pour permettre aux liseuses électroniques d’appliquer leurs propres préférences aux livres et aux lecteurs de spécifier les tailles et styles de police de leur choix.

En bref, l’aspect de votre document ne sera pas aussi important que la manière dont il a été structuré. Assurez-vous que chaque élément dans votre OpenDocument a été étiqueté, mais ne vous inquiétez pas des choses comme les marges.

Quand vous avez fini de mettre tout votre contenu dans LibreOffice, enregistrez votre travail (cela va sans dire mais ça va mieux en le disant).

Éditez le contenu

Avant de générer votre livre numérique, il n’est jamais inutile de le passer en revue. Vos lecteurs apprécieront bien sûr une relecture attentive, mais c’est aussi votre logiciel qui vous récompensera pour le temps consacré à mettre bon ordre dans les balises.

Méfiez-vous de l’invisible

Dans LibreOffice, la combinaison Ctrl+F10 permet d’afficher les « caractères invisibles » (caractères non imprimables). Ces caractères sont simplement les indicateurs invisibles utilisés par le traitement de texte pour mettre en forme le texte. En activant cette fonctionnalité, vous devenez capable de traquer le moindre espace, coupure ou retour à la ligne qui pourrait s’être glissé dans votre document.

Supprimez tous ceux qui ne sont pas nécessaires comme une espace à la fin de la dernière phrase d’un paragraphe ou un paragraphe vide au milieu de deux « morceaux » de texte. Votre fichier ePub doit être le plus propre possible, non seulement pour être beau, mais aussi pour que la conversion OpenDocument vers ePub se déroule correctement.

À cette étape, soyez sûr d’enregistrer votre travail (oui, je sais, je me répète).

Générez votre ePub

Nous sommes maintenant prêts à générer un fichier ePub depuis la source OpenDocument. Grâce à la très pratique extension Writer2ePub pour LibreOffice, c’est un jeu d’enfant.

Téléchargez et installez Writer2ePub en cliquant sur le lien de téléchargement approprié disponible sur la page du projet. Si l’extension s’enregistre sur votre ordinateur, double-cliquez sur le paquet téléchargé et Writer devrait faire pour vous le travail de configuration du plugin.

Si Writer2ePub a été correctement installé, LibreOffice affiche la barre d’outils ePub. Comme elle ne compte que trois boutons, la repérer n’est pas facile : ouvrez l’œil !

Tout d’abord, cliquez sur le bouton bleu pour saisir les métadonnées de votre e-book. Le faire est plus qu’important : c’est indispensable ! À tel point que Writer2ePub ne vous permettra pas d’y échapper. Vous devez fournir au minimum :

  • Un nom d’auteur ;
  • Le titre du livre ;
  • La langue du livre.

Vous pouvez aussi ajouter une couverture à votre livre. Par défaut, Writer2ePub recherche des images dans votre document et crée une couverture à partir de la première qu’il trouve. L’extension n’apprécie pas vraiment que vous lui demandiez de faire cela alors que votre livre ne contient aucune image. Veillez par conséquent à sélectionner « No Cover » (Pas de couverture) pour éviter des erreurs de ce type.

Quand vous êtes satisfait de vos réglages, cliquez sur OK, puis enregistrez votre OpenDocument.

Pour finir, appuyez sur le bouton vert dans la barre d’outils Writer2ePub et regardez ce magnifique plugin faire ce qu’il a à faire, c’est-à-dire la conversion.

Inspectez votre ePub

Writer2ePub va prendre le contrôle de LibreOffice et va commencer à convertir votre OpenDocument en fichier ePub. Naturellement, le temps nécessaire pour le faire dépend de la longueur de votre livre et du nombre d’images qu’il contient.

Lorsque cela est terminé, recherchez le dossier qui contient votre fichier source OpenDocument. À côté de lui devrait se trouver un nouvel ePub avec le même nom de fichier.

Ouvrez ce fichier avec le lecteur d’ePub de votre choix. La plupart des gens apprécient FBReader, qui est disponible sous Windows, OS X, Linux et Android. Vous pourriez aussi envisager d’installer votre lecteur d’ePub comme une extension de navigateur Web (à l’aide, par exemple, du bien nommé EPUBReader dans Firefox). Cela vous permet d’ouvrir sur Internet des liens vers des fichiers ePub sans changer d’application.

Vous allez maintenant inspecter soigneusement votre e-book. Assurez-vous de vérifier :

  • Sa table des matières (est-elle complète ? tous les titres sont-ils correctement ordonnés ?)
  • Ses chapitres et intitulés (leur hiérarchie est-elle correctement conservée ? l’usage des majuscules est-il cohérent ?)
  • Ses hyperliens (amènent-ils à l’endroit attendu et fonctionnent-ils correctement ?)

J’ai remarqué que l’extension Writer2ePub provoque parfois des erreurs lorsqu’elle a affaire à des liens hypertextes anormalement longs ou à des liens vers des fichiers autres que HTML (comme des PDF). J’ai aussi observé que l’extension éprouve des difficultés à gérer les chapitres ou sections se terminant par une liste numérotée ou à puces. Dans ce cas, insérez un paragraphe à la fin de la liste pour éviter tout souci ultérieur.

Dernière étape

Vous avez désormais entre les mains un livre numérique produit à la façon de l’open source, c’est-à-dire avec des outils libres dans un format ouvert. Désormais, vous pouvez par exemple :

Crédit photo : ActuaLitté (Creative Commons By-Sa)




Ce que j’aime chez Mozilla

Ce que j’aime chez Mozilla va bien au-delà du code… Le témoignage enthousiaste et caractéristique d’un contributeur.

Ce ne sont pas les développeurs sur des projets non libres qui peuvent en dire autant.

I love Mozilla

Ce que j’aime chez Mozilla

What I Love about Mozilla

Mihnea Dobrescu-Balaur – 6 octobre 2013 – Blog personnel
(Traduction : Asta, Penguin, goofy, Isammoc, FF255, nclm, GregR, greygjhart, Isammoc)

Je me suis pas mal impliqué pour Mozilla ces derniers temps et, entre mon dernier stage et le MozSummit de ce week-end, plusieurs pensées ont commencé à germer à propos de ce que j’aime le plus à son sujet. Ne perdez pas de vue que ces mots traduisent uniquement mes impressions.

Quand je parle de Mozilla aux gens, ils pensent en général « ah, Firefox ! ». Même si Firefox est notre projet le plus populaire actuellement, Mozilla représente bien plus que ça ; voici pourquoi j’écris cela.

Tout commence avec notre mission qui, comme Mitchell l’a expliqué au Summit, peut être réduite à trois principes de base :

  1. Le Web doit être ouvert : Internet est une source d’information publique qui doit être ouverte et accessible à chacun dans le monde entier.
  2. Le Web doit être interopérable : les gens ne doivent pas être enfermés dans un écosystème et doivent pouvoir utiliser la technologie qu’ils préfèrent pour accéder à Internet.
  3. Le Web doit être nôtre : les gens doivent avoir la possibilité de façonner leur expérience d’Internet et de contribuer à son contenu sans demander la permission à une instance centrale.

Il n’y a rien ici concernant les performances de JavaScript, le temps de démarrage des app, la fluidité du défilement ou d’autres mots à la mode ; bien que ceux-ci ne soient clairement pas ignorés, cela montre que Mozilla a des priorités différentes.

À chaque fois que je vois une démo ou que je lis un sujet sur un nouveau projet en cours, je suis impressionné de voir à quel point les gens recherchent la standardisation et maintiennent le choix de l’utilisateur au premier plan à tout moment. Cela montre encore que nous ne sommes pas dans une course à la fonctionnalité, essayant de nous démarquer au travers de fonctionnalités que les autres n’ont pas. Si vous avez fait attention aux principes, vous saurez que c’est en fait impensable… Le Web doit être interopérable, vous vous souvenez ?

La mission est ce qui guide la communauté. Je pense que nous avons là une communauté fantastique : développeurs, designers, testeurs, reps (NdT : des « représentants » Mozilla bénévoles qui organisent des événements), travaillant tous ensemble pour s’assurer, et là encore pour paraphraser Mitchell, qu’Internet soit ce que le monde a besoin qu’il soit. Contrairement à d’autres projets, où la communauté environnante ne joue qu’un (petit) rôle de soutien mineur, Mozilla telle qu’on la connaît ne serait pas pareille sans sa cohorte de volontaires.

Outre Firefox, nous travaillons sur d’autres projets qui rendent le Web plus accessible et le font avancer. Firefox OS et Webmaker me viennent à l’esprit. Firefox OS rapproche Internet des personnes qui n’ont pas actuellement de smartphone. En même temps, il fait avancer les technologies Web en procurant un support semblable à celui que les développeurs sur des plateformes fermées, propriétaires à travers des applications natives peuvent avoir. Webmaker a pour objet de forger notre Internet – il permet aux gens de contribuer au Web avec leur propre contenu.

Avec sa mission, ses super volontaires et ses projets tournés vers la communauté, Mozilla est différente. Elle est spéciale. C’est quelque chose que beaucoup n’auraient pas pensé possible. Il n’y a pas si longtemps, personne n’aurait pensé qu’un logiciel libre, gratuit et open source puisse atteindre une part de marché significative. Firefox l’a fait et c’est grâce à son influence déterminante que nous en sommes arrivés à disposer d’autres choix que seulement Internet Explorer pour naviguer sur le Web.

Notre communauté démontre qu’un groupe de gens dispersés à travers le monde peut faire du beau travail ensemble. Firefox OS amène le Web encore plus loin, plus proche des terminaux mobiles de plus en plus populaires. Tout cela et bien d’autres choses encore est réalisé en toute transparence par des contributeurs passionnés. Comment ne pas l’aimer !?

Crédit photo : Beyond the Code




Emmabuntüs est plus qu’une distribution GNU/Linux

En janvier 2011 nous réalisions une interview intitulée Ne pas subir, toujours agir ! Rencontre avec Patrick d’Emmaüs.

Près de 3 ans plus tard, il nous a semblé intéressant de prendre des nouvelles du projet qu’il porte tant son histoire et son évolution nous semblent exemplaires.

Cette interview a été initialement publiée en anglais le 24 septembre 2013 sur Linux notes from DarkDuck sous le titre « Patrick d’Emmabuntüs: Emmabuntüs is more than a Linux distribution ».

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Entretien avec Patrick d’Emmabuntüs

1. Bonjour Patrick. Je pense que vous n’êtes pas encore connu dans le monde Linux. Pourriez-vous vous présenter ?

Je suis Patrick d’Emmabuntüs et je suis venu dans le monde Linux par hasard en voulant aider pour le reconditionnement d’ordinateurs la communauté Emmaüs de Neuilly-Plaisance (Communauté de naissance du Mouvement Emmaüs en 1949), à la suite de cela j’ai participé à la création du Collectif Emmabuntüs qui œuvre à la promotion de la distribution Linux Emmabuntüs.

2. Vous travaillez sur le projet Emmabuntüs. Késako ?

Cette distribution a été conçue pour faciliter le reconditionnement des ordinateurs donnés aux associations humanitaires, en particulier aux communautés Emmaüs (d’où son nom) et favoriser la découverte de Linux par les débutants, mais aussi prolonger la durée de vie du matériel pour limiter le gaspillage entraîné par la surconsommation de matières premières(*).

3. Quel âge a le projet ?

En mai 2010, j’ai participé en tant que bénévole au reconditionnement d’ordinateurs au sein de la communauté Emmaüs de Neuilly-Plaisance. En voyant l’ampleur du travail nécessaire pour remettre en état des ordinateurs de façon manuelle, j’ai commencé à développer un ensemble de scripts pour automatiser cette tâche sous Windows XP, afin de ne pas altérer la licence initiale.

Par la suite, constatant que de nombreuses machines étaient données sans disque dur, j’ai eu l’idée de faire un script pour installer cet ensemble de logiciels Libres ainsi que le Dock sur une distribution Linux Ubuntu 10.04, en reprenant les idées de base utilisées pour la réalisation du reconditionnement des machines sous Windows XP.

J’ai alors présenté ce travail lors de l’Ubuntu-Party 10.10 de Paris (Octobre 2010), afin de sensibiliser d’autres personnes à la nécessité :

  • de développer et promouvoir une distribution Libre adaptée au reconditionnement de machines dans les communautés Emmaüs de la région parisienne,
  • d’aider ces communautés à remettre en état et à vendre des machines pour un public majoritairement débutant qui ne connaît pas les distributions Linux.

Lors de cette Ubuntu-Party j’ai eu la chance de rencontrer Gérard et Hervé, qui m’ont convaincu de créer une ISO pour installer la distribution sans connexion Internet, puis Quentin de Framasoft a proposé de faire une interview pour présenter le travail réalisé sur le Framablog, en janvier 2011. Après cette interview le noyau qui allait former le Collectif Emmabuntüs a été rejoint par David qui a aidé à diffuser cette ISO sur Sourceforge et, à partir de mars 2011, par Morgan pour la diffusion sur Freetorrent.

La première version d’Emmabuntüs a été mise en ligne le 29 mars 2011, elle était basée sur une Ubuntu 10.04.

4. Quels sont les buts principaux de votre projet ? Quelle est la cible de ceux-ci ?

Le but que nous poursuivons est la mise en place de structures d’aide au reconditionnement de machines pour les associations humanitaires et d’inciter d’autres personnes à suivre notre démarche pour permettre de lutter contre les trois fléaux suivants :

  • La pauvreté au sein de certaines couches de la population, par l’apport de nouvelles sources de revenus à des associations humanitaires grâce à la revente de ces machines.
  • La fracture numérique en France et dans le monde, en particulier en Afrique, par la diffusion d’une distribution complétée de données libres.

5. Combien avez-vous de membres dans votre équipe ?

C’est difficile de dire exactement combien de personnes composent le collectif Emmabuntüs, car ce n’est pas une association ou il y a une cotisation à verser, et dans ce cas il suffit de comptabiliser le nombres adhérents. Ce que nous pouvons dire, c’est qu’il y a plus de 50 personnes dans notre mailling-list, et que depuis cette année nous avons énormément de partenariat informel avec des associations dans les domaines suivants :

Et surtout notre collaboration avec le projet Jerry DIT (Jerry est un ordinateur assemblé dans un bidon en plastique avec des composants informatiques de récupération), qui a choisi depuis un an Emmabuntüs comme distribution favorite sur la version du Jerry Desktop, puis aussi le travail accompli sur une base Emmabuntüs par le JerryClan Côte d’Ivoire.

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Le Jerry Clan Côte d’Ivoire a développé sur une base Jerry et Emmabuntüs 2 un ensemble de services destinés à l’aide médicale. Ce service est basé sur une application mobile libre de suivi par SMS des malades de la tuberculose, ainsi que sur M-Pregnancy pour le suivi des grossesses et des femmes enceintes, voir cette vidéo en français qui présente le dernier Jerry-Marathon à Bouaké.

6. Quelles sont les différences entre Emmabuntüs et les autres variantes d’Ubuntu Pinguy, Zorin, Mint ?

La grande particularité de cette distribution est qu’elle se veut « simple, ouverte, et équitable » : simple pour l’installation et l’utilisation, ouverte pour échanger des données avec des systèmes ayant des formats propriétaires, équitable dans le choix de l’installation ou non des formats propriétaires, mais c’est aussi une allusion à la raison de la naissance de cette distribution : l’aide aux communautés Emmaüs. Des blogueurs indépendants ont traduit cela en parlant d’Emmabuntüs 2 : « El Xubuntu humanitario », « All-Inclusive French Resort », « Multifunktional Kompakter Allrounder für ältere Computer » ou bien « Emmabuntüs 2 pour tous et pour tout faire ».

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Voici en détail les particularités de cette distribution ?:

  • Utilisation des versions stables pour bénéficier des mises à jour pendant le plus longtemps possible. Depuis le début, nous avons utilisé les versions LTS des variantes d’Ubuntu (Ubuntu 10.04, Lubuntu 10.04, et maintenant Xubuntu 12.04). Cela ne veut pas dire que ce sera toujours le cas, bien que nous apprécions particulièrement Ubuntu.
  • Utilisation d’un dock (Cairo-Dock) pour rendre l’utilisation plus simple en particulier pour la très chère Madame Michu. En un mot, l’accessibilité est un critère important dans les choix qui composent la distribution Emmabuntüs. Cela nous oblige à inclure parfois des applications non libres comme le sulfureux Skype, et Flash. Nous préférons ne pas rester sur une position idéologique et les intégrer plutôt que risquer de décevoir des personnes habituées à utiliser ces logiciels non libres. Elles ne comprendraient pas que le monde des logiciels Libres soit plus contraignant qu’un monde dit privé ou privateur. Ces logiciels non libres sont inclus dans l’ISO et sont installables par l’utilisateur final, soit au premier redémarrage après l’installation de la distribution, soit ultérieurement à partir d’icônes dans le dock.

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  • Profusion de logiciels (plus d’une soixantaine), pour que les futurs utilisateurs disposent de tous les outils dont ils ont besoin à portée de clic dans le dock (ou plusieurs versions de dock en fonction de l’utilisateur (expert, débutant, enfant, dans la version Emmabuntüs 2) sans avoir à chercher celui qui manque dans la logithèque.

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  • Configuration des navigateurs Internet Firefox et Chromium pour la protection des mineurs, contre la publicité et le Phishing (ou Fishing).

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  • Compatibilité bureautique prise en compte en permettant l’installation de fontes non Libres au choix de l’utilisateur final.
  • Non utilisation d’Internet pour faire l’installation, pour pouvoir diffuser ce travail dans des lieux où les connexions Internet sont lentes, instables ou inexistantes. A Koupela au Burkina-Faso ou à Bouaké en Côte d’Ivoire, il n’est pas question de télécharger une distribution ou des applications de plusieurs gigaoctets. En revanche, il est possible d’envoyer un DVD ou une clé USB contenant l’ISO d’Emmabuntüs 2.
  • La dernière particularité est un fichier d’automatisation pour plusieurs modes d’installation, pour diminuer le travail dans les ateliers de reconditionnement.

8. Combien avez-vous d’utilisateurs ? Avez-vous des estimations démographiques ?

Ce qui compte pour nous ce n’est pas le nombre d’utilisateurs, mais quels utilisateurs nous avons !!! car notre travail étant orienté vers les associations, et combien nous avons vendu de machines sous Emmabuntüs au profit d’associations, ou de machines reconditionnées pour des associations.

Nous pouvons estimer que de l’ordre de 250 à 400 machines sous Emmabuntüs ont été vendues au profit d’Emmaüs dans les 6 communautés d’Emmaüs qui utilisent Emmabuntüs : Liberté à Ivry-sur-Seine, Villers-les-Pots, Montpellier, Catalogne à Perpignan-Polletres, Avenir à Neuilly-Plaisance et Neuilly-sur-Marne, et Cabriès.

Mais aussi Emmabuntüs est utilisée dans 6 espaces numériques, le premier à Koupela au Burkina Faso, puis le C@FISOL (L’Aigle, Orne), Sati 21 (Venarey-les-Laumes, Côte d’Or), CASA Poblano (Montreuil, Seine-Saint-Denis), Jerry Agor@ (Saint-Etienne, Loire)), Médiathèque d’Agneaux (Agneaux, Manche).

Et la grande fierté du collectif Emmabuntus, et d’être utilisé par le JerryClan de Côte d’Ivoire sur la quinzaine de Jerry SMS, qui a eux seuls incarnent les 3 buts poursuivis pas notre collectif :

  • aide aux associations humanitaires ;
  • réduire de la fracture numérique ;
  • prolonger la durée de vie du matériel informatique.

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Pour les statistiques sur le nombre et la répartition géographique des téléchargements qui ont été effectués à partir du nouveau compte Sourceforge (créé Septembre 2012 avec le 2 1.02 question Emmabuntüs), et les anciennes versions ici.

9. A l’heure actuelle vous être au alentour de la 150 ème position sur Distrowatch. Quels sont vos plans pour monter ?

Pour essayer d’augmenter notre score dans le but d’avoir une meilleure visibilité internationale pour toucher des associations en particulier en Afrique et en Amérique latine, nous allons essayer de travailler notre communication par le biais d’article dans les diverses langues incluses dans notre distribution. Nous avons depuis le début de l’année travaillé sur une page sur Wikipédia présentant Emmabuntüs, sur ces différentes traductions en Anglais, Espagnol, Portugais, et maintenant Italien.

Cela a payé car Igor a rejoint le projet Emmabuntüs, et il a mis en place un Blog dédié à Emmabuntüs Brasil en portugais, mais aussi nous avons le Blog Cartas de Linux qui nous soutient, ainsi que Miguel Parada qui a fait de très beaux articles sur Emmabuntüs & Jerry.

Si vos lecteurs veulent voir les différentes publications faite sur notre travail nous les encourageons de lire les différents articles sur Emmabuntüs dans leurs langues natales : http://reviews.emmabuntus.org

Sinon pour augmenter notre score il suffit simplement que tous vos lecteurs cliquent sur ce lien une fois par jour, et nous serons les premiers rapidement 😉

10. Quel système exploitation utilisez-vous pour votre ordinateur ?

Pour ma part j’utilise Ubuntu depuis environ 2009, après avoir essayé deux ou trois d’autres distributions Linux qui ne m’ont pas convenu, donc très peu de temps avant de créer Emmabuntüs. A l’heure actuelle j’utilise exactement une Ubuntu 10.04, machine sur laquelle je réalise toujours les Emmabuntüs, et pour mes ordinateurs portables, ils sont équipés des différentes versions d’Emmabuntüs, afin de faire des évaluations, de surveiller les passages de mise à jour, etc.

Par contre les membres de notre collectif pour leur usage personnel utilisent Ubuntu, Debian, Archlinux, mais aussi Windows et Mac OS X. Cette grande diversité permet des échanges plus constructifs dans les choix de développement pour Emmabuntüs.

11. Quelle est votre application favorite ?

Mon application favorite est sans conteste Cairo-Dock, car c’est vraiment cela qui est la pierre angulaire d’Emmabuntüs, et qui apporte cette indépendance à notre distribution par rapport aux versions de base que nous utilisons.

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Nous l’avons fait évoluer entre la première version Emmabuntüs 10.04 et la version 12.04, maintenant il est multilingue, se décline en 3 niveaux d’utilisation, et en fonction du format de l’écran est escamotable ou pas.

12. Lisez-vous Linux notes from DarkDuck ? Que devrions nous changer ou améliorer ?

Désolé mais je n’ai malheureusement pas le temps de lire DarkDuck, ni de suivre le reste de l’actualité du monde Libre. Par contre des membres du collectif font de la veille technologique et c’est eux qui n’informent sur d’éventuels logiciels intéressants pouvant être intégrés à Emmabuntüs.

13. En de dehors de l’informatique, avez-vous d’autres passions ou centres d’intérêts ? (peut-être la famille ?)

Oui, j’avais d’autres passions avant de commencer cette aventure d’Emmabuntüs, et maintenant je n’ai malheureusement plus le temps de me consacrer à ces activités peinture, jogging, escalade.

Emmabuntus, cela a été un tournant dans ma vie, et maintenant à cause de cela ou grâce à cela je suis passé dans des loisirs engagés pour essayer de changer notre société, car Emmabuntus c’est plus qu’une distribution Linux, c’est un collectif qui n’accepte pas la société de consommation que l’on veut nous imposer, et qui est basé sur une économique de croissance dont le modèle économique n’est pas viable à long terme pour notre planète, et donc pour nous 🙁

Et la question que nous voulons résoudre est : « Serions-nous dans une parenthèse de l’humanité qui en l’espace de quatre-cinq générations a consommé l’énergie accumulée pendant des dizaines de millions d’années » 🙁

Merci pour cette interview ! Je vous souhaite de réussir vous et votre projet !

Merci Dmitry pour cette interview, et d’avoir fait la première revue internationale sur Emmabuntüs il y a juste un an. Je souhaite bonne continuation au site du gentil petit Canard, ainsi que pour tes projets personnels, et je te dis à l’année prochaine 😉

Je tiens aussi à remercier Jean-Marie pour le relecture et les corrections de la version Française et David pour la relecture et la traduction de cette interview en Anglais, mais aussi tous les membres du collectif Emmabuntüs ainsi que ceux des JerryClan, qui œuvrent pour d’« Un jour, le monde sera libre ! ».

Notes

D’après l’ADEME de la fabrication à la mise au rebut, en passant par son utilisation, chaque étape de la vie de ces équipements informatiques peut être quantifiée en impact environnemental : la fabrication d’un ordinateur et son écran nécessite 1,8 tonnes de ressources (240 kg d’énergie fossile, 22 kg de produits chimiques, 1 500 litres d’eau).

Pour le groupe Ecoinfo, la priorité est d’agir. Chacun des membres du groupe le fait à son niveau (achat, maintenance, développement de réseaux) mais chacun d’entre nous peut aussi y contribuer par ses comportements. Leur conclusion : « s’il est déjà possible d’intervenir à toutes les étapes du cycle d’un matériel informatique, l’action la plus efficace que vous puissiez avoir pour limiter l’impact écologique de ces matériels, c’est de réduire les achats et augmenter leur durée de vie ! ».




Le logiciel libre a fait de moi l’homme que je suis

Le témoignage simple et percutant d’un développeur qui a visiblement fait le bon choix 😉

Beshef - CC by

L‘open source a fait de moi l’homme que je suis

Open Source made me the man I am

Matteo Spinelli – 6 octobre 2013 – Cubiq.org
(Traduction : Asta, Joseph, GregR, aKa, Cyb, Spanti Nicola, Lydie + anonymes)

De la conception de sites web pour les entreprises nationales au développement d’applications web haut de gamme pour les plus grands acteurs internationaux, tout cela grâce aux logiciels libres.

J’ai longtemps été un (triste) programmeur PHP en freelance ayant quelques compétences en front-end. Je travaillais pour de petites boîtes locales. Mon job le plus sympa en ce temps-là a été avec un distributeur de jeux vidéo, chez moi, en Italie. Le client était sympa, mais le boulot était chiant, et si frustrant parfois.

Je savais que je pouvais donner plus, mais je me sentais pris dans des sables mouvants.

La décision la plus importante que j’ai prise dans ma carrière a été de commencer à développer un logiciel libre et de bloguer sur ce sujet. J’ai commencé avec des trucs un peu stupides, comme un générateur d’URL épuré en PHP ou la suppression du délai sur l’évènement onClick et j’ai fini avec iScroll et l’ajout de widgets à l’écran d’accueil.

J’ai choisi pour eux la licence la plus libre que j’ai pu trouver (MIT) et les entreprises à travers le monde m’ont contacté pour me demander de la personnalisation et des nouvelles fonctionnalités. Mon tarif horaire était autour de 60 $ et j’ai dû l’augmenter sur une base à la journée parce que je ne pouvais pas suivre avec l’augmentation des demandes. Maintenant je suis toujours travailleur indépendant mais je travaille pour Microsoft et Google et mon tarif horaire est de 150 $ .

L‘open source a augmenté ma visibilité mais ce n’est pas qu’une question d’audience. L‘open source fait généralement de vous un meilleur développeur. Cela vous force à vous comparer vous-même avec d’autres développeurs et c’est le meilleur entrainement pour votre cerveau de codeur.

J’ai plus appris sur le JavaScript des gens postant des suggestions sur le rapporteur de bogues que sur n’importe quel guide, tutoriel ou livre que j’aie jamais lu.

Les logiciels libres m’ont fait également devenir un développeur plus modeste. Je sais comment patcher de petites portions de code et je suis moins sévère quand je remonte des bogues sur les dépôts des autres.

Mais c’est juste une partie de l’histoire.

Vous ne faites pas des logiciels libres juste pour la gloire (et l’argent). Peut-être qu’au début c’était mon intention, mais une fois que vous êtes impliqué vous comprenez que vous faites bien plus.

Beaucoup de gens utilisent votre code, vous aidez les startups dans leur projet en créant potentiellement de nouveaux emplois. Avec peut-être 48h de votre vie, vous pouvez possiblement aider des dizaines d’entreprises et leurs employés. Une personne a fait un plugin pour WordPress qui était essentiellement une couverture PHP pour mon Ajouter à l’écran d’accueil et il a levé 50k$ de fonds (peut-être plus maintenant). Vous pouvez penser que je suis jaloux de lui, mais je suis en fait heureux pour lui (et tous ses utilisateurs).

En outre, plus je développe du logiciel libre plus j’apprécie les autres logiciels libres et j’en deviens accro. Je comprends ce que signifie coder pour la sécurité et, plus particulièrement, l’importance de la vie privée de l’utilisateur (et la mienne).

J’étais un fervent utilisateur d’Apple parce que c’est joli et bien rangé et cela fonctionne simplement, mais peut-être qu’il y a des choses plus importantes qu’une interface de qualité et un dégradé parfait de pixels. J’utilise maintenant les produits Apple seulement pour tester et ma plateforme principale est Linux.

Je peux sans hésiter dire que l‘open source a fait de moi un homme meilleur et je vous encourage à publier votre code sous une licence libre, parce que si ça a marché avec moi, ça marchera probablement avec vous aussi.

Crédit photo : Beshef (Creative Commons By)