GnuPG a 16 ans et est en campagne

GnuPG, célèbre logiciel libre de chiffrement des messages fête ses 16 ans aujourd’hui. Et dieu sait si on en a besoin aujourd’hui pour préserver sa vie privée.

Raison de plus pour relayer et soutenir leur campagne de crowdfunding sur Goteo.

GnuPG Logo

16 Ans de protection de la vie privée

16 Years of protecting privacy

Sam Tuke – 20 décembre 2013 – GnuPG Blog
(Traduction : axl, z1tor, crendipt, FF255)

Aujourd’hui marque les 16 ans depuis la première version de GNU Privacy Guard (GnuPG). Pendant ce temps le projet est passé d’un simple hobby de hackers à un des outils les plus importants de l’anti-surveillance dans le monde. Aujourd’hui GnuPG reste un acteur important de la bataille entre surveillance intrusive et libertés citoyennes.

« Avec le temps, le logiciel libre a su se montrer un rempart efficace contre les entreprises et les gouvernements qui cherchent à nuire à la vie privée des citoyens » déclare Werner Koch, fondateur et développeur principal de GnuPG. « Bien que trouver des mécènes pour notre travail n’ait jamais été facile, avoir des outils pour la vie privée, accessibles à tous, se montre de plus en plus nécessaire. »

Certains des spécialistes mondiaux en sécurité, comme Bruce Schneier, Jacob Appelbaum et Phil Zimmerman – inventeur de PGP, utilisent maintenant GnuPG. Cet été, grâce à des lanceurs d’alerte, le monde a appris à quel point les gouvernements espionnaient les gens, et des journalistes utilisent désormais GnuPG pour chiffrer leurs courriels. Des références sur le marché des serveurs, tels que Red Hat et Debian, ont bâti leur réputation de sécurité sur des logiciels vérifiés par GnuPG.

« Le succès de la première campagne de crowdfunding de GnuPG, lors de laquelle 90% des objectifs ont été remplis en 24 heures, montre à quel point les utilisateurs sont prêts à soutenir GnuPG et ouvre de nouvelles opportunités pour le développement du projet » déclare Sam Tuke, qui gère la campagne de GnuPG. « La prochaine sortie de la version 2.1 de GnuPG et le lancement d’un nouveau site plus ergonomique vont accroître l’audience du programme et de ses versions pour Windows, Mac, Gnu/Linux et Android. »

Au fil des années GnuPG a évolué avec de nouveaux algorithmes, telle que la cryptographie à courbe elliptique, et s’est montré réactif face à de nouvelles menaces comme la récupération de clé via la surveillance acoustique. Les membres de GnuPG restent confiants sur le futur de l’application et sont prêts, avec l’aide de la communauté, à faire face à de nouvelles futures menaces sur la vie privée.




Hackadon du 11/12/13 Donnez au Libre ! Entretien avec Bastien Guerry

Bastien Guerry co-organise l’événement « 111213 » qui aura lieu le 11 décembre 2013 à simplon.co à Montreuil, une soirée où les internautes sont invités à soutenir des logiciels libres avec des dons. Nous lui avons posé quelques questions pour comprendre le pourquoi et le comment.

Hackadon

Peux-tu te présenter en deux mots ?

Je m’appelle Bastien Guerry. J’ai découvert le libre en 2000 via Thierry Stoehr, alors vice-président de l’AFUL, et en lisant le recueil d’articles de Florent Latrive et Olivier Blondeau intitulé « Libres enfants du savoir numérique », paru aux éditions de l’Éclat en 2001. Depuis, je suis devenu contributeur de GNU Emacs.

La programmation, simple passe-temps, est peu à peu devenu une passion. Quand j’ai reçu des dons pour mon implication comme mainteneur d’un logiciel, ça a fait « tilt » : je me suis dit qu’il fallait que j’aide d’autres développeurs à recevoir plus de dons. C’est à ça que je consacre aujourd’hui mon énergie avec le projet http://kickhub.com

Tu lances avec d’autres un « hackadon » le 11 décembre. C’est quoi ?

C’est une soirée pour faire des dons à des projets libres, pour recenser les différentes façons de le faire et pour réfléchir ensemble au sens de ce geste.

Nous lançons ça avec Sylvain Le Bon, de http://openinitiative.com, et Frédéric Bardeau, de http://simplon.co.

Depuis quelques années, un bandeau s’affiche tous les ans sur les pages de Wikipédia pendant les campagnes de dons de la Wikimedia Foundation et de Wikimédia France. Cela a permis aux gens de se rendre compte que le sort de l’encyclopédie était entre leurs mains, et que même ceux qui ne contribuent pas directement peuvent jouer un rôle, celui de soutenir l’infrastructure technique et le mouvement Wikimédia.

Pour les logiciels libres, c’est différent. D’abord parce que bon nombre d’entre eux sont en partie financés par des entreprises ; ensuite parce qu’il n’y a pas de canal de communication unique pour solliciter des dons, les demandes avancent en ordre dispersé.

Mais imaginons une campagne qui rassemble des logiciels populaires comme Firefox, LibreOffice et VLC. Qui ne serait pas sensible à un message du genre : « Pour continuer de développer ces logiciels et pour rester indépendants, nous avons besoin de votre soutien ! » Je crois qu’une telle démarche aurait du succès et permettrait à chacun de comprendre qu’il peut être utile, non pas comme développeur, mais comme soutien ; qu’il y a encore plein de logiciels dont la survie dépend de la bonne volonté des contributeurs, et qu’en général, les entreprises ne devraient pas être seules à en assurer le financement.

Le Hackadon du 11 décembre est une première tentative de sensibilisation.

Pourquoi maintenant ?

Le déclic a été pour moi d’assister à la montée en volume du financement participatif ces deux dernières années. Ce que les gens ont l’air d’apprécier dans ces modes de financement (un contact direct avec le porteur de projet, des nouvelles régulières sur ses avancées, etc.) c’est ce qu’on fait dans les projets libres depuis toujours !

On voit de plus en plus de projets libres sur les plates-formes comme kickstarter.com, la dernière campagne pour le Ubuntu Edge a beaucoup fait parler d’elle — et pour cause : il y a une affinité naturelle entre ce mode de financement et le mode de développement du libre.

Mais le préalable est que chacun comprenne qu’en soutenant un projet libre, même modestement, il donne du temps et de l’indépendance à son développeur. Et je crois qu’aujourd’hui les mentalités sont mûres pour cette prise de conscience.

Cette soirée s’adresse à qui ?

À tous ! Nous aurons à manger et à boire pour tous les invités qui se déplaceront jusqu’à Montreuil (l’événement a lieu à Simplon.co, qui co-organise l’événement), et le message s’adresse à Monsieur et Madame Toutlemonde. Pour qu’ils comprennent la différence entre un logiciel gratuit et un logiciel libre. Et qu’ils se disent : « Mais bon sang mais c’est bien sûr, un freeware c’est juste de la publicité, alors qu’un logiciel libre c’est ma liberté ! »

Nous invitons aussi tous les développeurs qui souhaitent solliciter des dons — la soirée sera ponctuée de présentations de donateurs qui expliquent pourquoi ils donnent et de développeurs qui partagent leur passion.

Vous avez un objectif précis ?

Assez : atteindre un beau score final et passer une soirée riche de témoignages et d’échanges !

Est-ce qu’il y aura une suite ?

J’ai un peu cherché mais je n’ai pas vu d’événement du même type.

J’espère que ce hackadon donnera envie à d’autres d’en organiser. La formule est simple : se réunir pour donner à des logiciels libres. Un geste qu’on fait parfois dans son coin, mais qui prend encore plus de sens quand on explique à d’autres pourquoi on le fait.

Donc les suites possibles, ce sont d’autres hackadons ailleurs : croisons les doigts !

As-tu un rêve pour l’avenir du libre ?

Je ne veux plus voir de libriste faire du propriétaire le jour et du libre la nuit. Je ne veux plus voir de libriste dire qu’il abandonne la maintenance d’un projet parce qu’il vient d’avoir un enfant.

La main invisible du marché logiciel a tout intérêt à laisser les utilisateurs confondre le libre et le gratuit ; mais cette main, on risque à tout moment de se la prendre dans la figure tant qu’on ne donne pas plus d’indépendance aux développeurs.

C’est sûr, il y aura toujours plus de bénévoles que de donateurs, car donner de l’argent est rarement une passion. Mais Wikipédia montre l’exemple : on peut rétablir, peu à peu, la balance !

-> Hackadon du 11/12/13 : donnez au libre !

Bastien Guerry




Sortie du livre Utopie du logiciel libre – Interview de Sébastien Broca

Nous avons déjà reçu deux fois le sociologue Sébastien Broca dans nos colonnes, pour une théorie de l’intelligence collective appliquée au logiciel libre et pour une critique de notre biographie de Richard Stallman.

Nous renouvelons l’invitation avec d’autant plus de plaisir qu’il s’agit d’annoncer la sortie de son livre Utopie du logiciel libre – Du bricolage informatique à la réinvention sociale (aux édition du Passager Clandestin) que nous tenons déjà pour une référence francophone dans son domaine.

Vous trouverez en annexe ci-dessous copie audio de la chronique de La Matinale du Mouv’ du 25 novembre dernier, intitulée Le logiciel libre, nouvelle révolution ?, avec pour invités Sebastien Broca et Alexis Kauffmann.

Utopie du Logiciel Libre -Sébastien Broca

Entretien avec Sébastien Brocas (par Alexis Kauffmann)

Bonjour Sébastien, petite présentation succincte ?

Bonjour Alexis. Je suis sociologue, rattaché à la Sorbonne (Université Paris 1). Je viens de publier un livre sur le Libre, dans lequel je raconte l’histoire de l’extension du logiciel libre hors du domaine informatique. J’essaie d’y montrer comment on peut à travers cette histoire éclairer certaines questions liées au travail, à la technique ou à la connaissance.

Commençons par la question « qui fâche » (pour l’évacuer) : Pourquoi ce choix de la plus restrictive des licences Creative Commons, la CC By-Nc-Nd ? C’est pour être sûr de ne pas être pris chez Framabook ? 😉

Je sais que c’est un sujet qui fâche beaucoup de libristes (toi y compris!) mais à vrai dire je trouve que ça ne devrait pas. Il faut tout d’abord rappeler que la licence By-Nc-Nd permet à tous ceux que ça intéresse de télécharger l’ensemble du texte en ligne. Cela me semble remplir l’objectif principal : donner un accès facile au livre, qui est une version largement retravaillée de ma thèse.

Pourquoi ne pas aller au-delà ? De manière générale, la clause Nc se justifie à mon avis par la nécessité de maintenir une distinction entre usages commercial et non-commercial des œuvres. Cela me paraît notamment pertinent pour défendre une réforme d’ensemble du droit d’auteur ; La Quadrature du Net et Lionel Maurel sont assez convaincants sur ce point. Dans mon cas précis, la clause Nc permet à mon éditeur de se réserver les utilisations commerciales du texte. Je trouve cela légitime étant donné qu’il a largement contribué à l’élaboration du livre et que la commercialisation de la version papier est, en l’état actuel des choses, le seul moyen dont il dispose pour gagner de l’argent. Je ne crois pas en la désintermédiation totale : un éditeur indépendant comme le mien fait un travail d’accompagnement des auteurs qu’il faut défendre. On est loin du parasitisme qu’on peut dénoncer chez certains gros éditeurs scientifiques.

Quant à la clause Nd, c’est une question qui renvoie au type d’oeuvre concerné. Je trouve que Richard Stallman est assez lucide là-dessus lorsqu’il dit que le droit de modification – important pour les logiciels et plus largement pour les œuvres fonctionnelles – n’a pas à s’appliquer aux œuvres qui expriment une opinion et aux articles scientifiques. Dans ce cadre les processus d’écriture collectifs et itératifs sur le modèle du logiciel libre peuvent parfois avoir des vertus, mais de façon générale je ne pense pas qu’il faille considérer le travail en sciences humaines comme un constant work in progress sur des textes qu’il s’agirait d’améliorer et de « déboguer. » Il y a une différence épistémologique entre programmer un logiciel et échanger des arguments dans le cadre d’une discussion rationnelle, ce qui est à peu près ce qu’on est censé faire en sciences humaines. Dans le second cas, la possibilité de modification n’est pas nécessaire.

Alors, ce livre, Utopie du logiciel libre, invite à prendre Utopie au sens de « utopie concrète ». Peux tu préciser le concept et en quoi selon toi le logiciel libre en est une ?

Oui, je n’utilise pas le terme utopie dans le sens péjoratif courant, afin de dénigrer des ambitions irréalistes et un peu farfelues. Je l’emploie plutôt pour désigner des projets qui dessinent un monde social différent dont rien n’indique qu’il soit totalement hors de portée ou, du moins, qu’on ne puisse pas s’en approcher. Cet usage positif du terme a des racines historiques dans les utopies socialistes du XIXe siècle par exemple, et des racines philosophiques chez des auteurs comme Walter Benjamin, Ernst Bloch ou plus récemment Miguel Abensour.

C’est à Ernst Bloch que je reprends l’expression en apparence contradictoire d’« utopie concrète ». Je l’applique au logiciel libre pour mettre en avant deux choses. D’une part, le logiciel libre et toutes les ramifications qu’on lui connaît désormais (de la culture libre à l’impression 3D) esquisse un modèle social différent : on peut en tirer des idées assez fortes sur ce que devrait être l’organisation du travail, le rapport aux objets techniques ou la régulation des échanges sur Internet. D’autre part, cet idéal utopique n’est pas abstrait ou purement théorique. Il est au contraire incarné et construit à travers des pratiques, que ce soit les pratiques de collaboration dans des projets comme Debian, Wikipédia ou Open Street Map, ou l’activisme de certains libristes sur les questions de propriété intellectuelle (brevets, copyright, régulation des échanges sur Internet). C’est cette conjonction d’un idéal social fort et de pratiques inventives qui permet de parler d’utopie concrète.

Sébastien Broca

Tu parles de « réinvention sociale ». Qu’entends-tu par là et irais-tu jusqu’à parler de « révolution sociale » ?

Le sous-titre du livre est « du bricolage technologique à la réinvention sociale ». C’est précisément une manière de mettre en avant l’importance des pratiques. C’est une façon de dire que si le Libre propose une utopie, ce n’est pas au sens où il aurait construit de manière théorique l’idéal achevé et clos de la meilleure des sociétés possibles. C’est à travers l’écriture de bouts de code, l’expérimentation dans l’organisation des projets collectifs, la création de nouvelles licences ou le bidouillage de certains objets que se dessine, de manière un peu impressionniste, quelque chose de différent. Parler de « bricolage » et de « réinvention » permet d’insister sur cette dimension très concrète et empirique du projet de transformation sociale dont le Libre est porteur.

Dans le même ordre d’idées, je trouve le terme de « révolution sociale » intéressant par contraste avec celui de « révolution politique ». Il souligne que les libristes adhèrent dans leur très grande majorité à une vision du changement social « par en bas » (bottom-up), indépendamment de la conquête des lieux du pouvoir politique. Ils partagent cette idée que les individus peuvent changer les choses en s’auto-organisant, sans qu’il y ait besoin de « prendre le palais d’Hiver ». Adrian Bowyer, le créateur de la Rep Rap, illustre bien cet état d’esprit lorsqu’il dit que son imprimante 3D permet une réappropriation des moyens de production qui fait l’économie de la révolution politique et de ses dangers.

Malgré tout, le terme de « révolution » est peut-être un peu excessif, optimiste ou prématuré. Le Libre est loin d’avoir gagné. Et par ailleurs, il est, sur certains points, plus réformiste que révolutionnaire. Sa dimension utopique est parfois contrebalancée par une dimension plus conservatrice.

Tu penses au débat entre « free software » et « open source » ?

Notamment mais pas uniquement. Disons que quand Google, Amazon ou Free utilisent des logiciels libres, je ne suis pas sûr qu’on puisse parler de révolution. Ce que montre l’économie open source, c’est l’habileté de certaines entreprises à réduire leur coût en mutualisant une partie de leur R&D, ou à commercialiser des services (personnalisation, maintenance, formation, etc.) à partir de logiciels libres dont elles n’ont souvent pas payé le travail d’écriture. On est ici au cœur des nouveaux business models du « capitalisme cognitif » plus que d’une « révolution sociale ».

Tu as déjà suggéré la réponse, mais je te pose quand même la question : es-tu « free software » ou « open source » ?

Je suis plutôt « free software ». C’est une manière de présenter les choses qui me semble beaucoup plus riche et intéressante, quand bien même on n’est pas d’accord avec tout ce que dit Stallman. Le discours de l‘open source, qui s’est le plus souvent résumé à dire « nous sommes pragmatiques, nous n’avons pas d’idéologie », m’énerve. C’est faire comme si les choix technologiques n’étaient pas des choix de société, comme si les technologies étaient neutres et devaient être jugées simplement en fonction de leur « efficacité ». C’est se placer dans la position de l’expert, objectif et détaché de toutes les questions de valeurs, position qui n’est à mon avis pas tenable dès lors que des questions sociales sont en jeu (et la technique en est une). En fait, ce discours est le plus idéologique de tous car il occulte qu’il y a toujours des choix à faire, et que ces choix engagent forcément des valeurs et des prises de position.

La posture du free software, qui se présente comme un « mouvement social », me semble bien plus cohérente. Un des coups de génie de Stallman est d’avoir compris que l’enjeu était la liberté des gens plus que celle des logiciels et d’avoir présenté le free software comme une critique de certaines pratiques sociales à travers la question informatique. Cela donne lieu à des réflexions beaucoup plus stimulantes sur la technologie, sur les bénéfices sociaux liés au partage du code, à la circulation de l’information, etc. Il n’empêche que Stallman dit aussi des choses que je ne trouve pas pertinentes. Quand il suggère que l’utilisation de logiciels propriétaires est une faute morale et qu’il ramène Kant et son impératif catégorique dans le débat, je ne le suis plus. Je ne me sens pas irrémédiablement souillé dès lors que j’utilise un logiciel non libre. De plus, on pourrait sans doute laisser le vieux Kant là où il est dans la mesure où les questions sont plus politiques que morales. Ce qui est jeu, c’est le rapport des gens à la technique, le contrôle sur les données personnelles, la limitation du pouvoir des grandes entreprises informatiques comme Apple. Ce sont des questions de société, qu’on ne gagne à mon avis rien à présenter sous un angle moral. Le free software a pour objet la liberté, question politique par excellence, non le Bien en tant que question morale.

Mais alors, le logiciel libre, il est de gauche ou pas ?

D’un point de vue strictement sociologique il est sans doute ni de droite ni de gauche, dans la mesure où on rencontre tous les profils politiques parmi les contributeurs aux logiciels libres. Plus généralement, les mouvements liés au numérique (le Libre mais aussi les Anonymous, les partis pirates, les collectifs comme La Quadrature du Net) sont assez difficiles à analyser à partir d’une polarisation droite/gauche. D’une certaine manière, ils rejouent ce qui s’est passé il y a quelques décennies avec l’émergence de l’écologie politique : en mettant en avant de nouvelles questions, ils brouillent les clivages politiques préexistants.

Ensuite, il existe indéniablement certains éléments qui font pencher le logiciel libre, du moins dans sa version free software, vers la gauche. L’activisme des libristes (que ce soit contre les brevets logiciels, Hadopi, ACTA, peut-être TAFTA bientôt) se comprend la plupart du temps comme une lutte contre l’appropriation de certains biens informationnels par les multinationales, qui ont ces dernières années réussi à tordre le droit de la propriété intellectuelle dans le sens de leurs intérêts. Ce combat contre le « capitalisme informationnel » (comme l’appelle Philippe Aigrain) est plutôt marqué à gauche. Par ailleurs, une part de ce qui se joue dans lopen hardware, le design libre ou lopen source ecology fait clairement écho à des projets politiques de gauche. Quand on parle de se réapproprier certains savoir-faire pour relocaliser la production, rompre avec la consommation industrielle de masse et les logiques d’obsolescence programmée, on est dans la continuité de ce que pouvaient prôner des penseurs radicaux comme André Gorz. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce dernier s’est beaucoup intéressé au logiciel libre et à la fabrication personnelle à la fin de sa vie. Il y voyait les moyens techniques de concrétiser l’utopie décentralisatrice qu’il n’avait cessé de défendre.

Tu parles donc de « politiques » du Libre au pluriel dans ton livre, mais du Libre au singulier et avec une majuscule. Pourquoi ce choix ?

Le Libre, c’est pour marquer que je désigne quelque chose qui ne concerne plus uniquement le logiciel mais qui est comme un seul et même continent en expansion. Dans la mesure où c’est un mouvement culturel et social, on peut en dériver plusieurs politiques, d’où le pluriel pour ce dernier terme (et ma difficulté à répondre de façon tranchée à la question précédente).

Dans les remerciements du livre, on trouve le Framablog « source d’information incomparable ». Tu nous en vois flattés. En quoi cela t’a été utile pour la rédaction de cet ouvrage ?

Cela m’a été utile de plein de façons. Vous avez réuni en quelques années un nombre d’articles assez impressionnant sur tous les aspects de la culture libre, y compris des traductions d’articles américains sur lesquels je ne serai probablement jamais tombé sans vous. Rien que pour ça le Framablog a été une mine d’or. Je me suis aussi beaucoup nourri des commentaires et des débats plus ou moins « trollesques » auxquels les articles donnent lieu. Ça m’a permis, je l’espère, de mieux capturer l’esprit du Libre mais aussi certaines nuances dans le sens que différentes personnes donnent à leur engagement.

Dernière question : tu as donc observé la communauté « libriste », aurais-tu un conseil à lui donner pour que ses principes, ses valeurs et ses idées pénètrent plus encore la société ?

Un conseil qui me semble assez évident, c’est de se mettre à la place de l’utilisateur non-technicien, vous en savez quelque chose à Framasoft. Peut-être que les libristes ont parfois encore un peu de mal à comprendre que les autres ne comprennent pas, et à mesurer la difficulté qu’il y a à quitter un environnement technologique fermé mais confortable pour des solutions libres dont l’utilisation réclame souvent quelques efforts. Et puis il peut y avoir chez certains une pointe d’élitisme, éventuellement de snobisme, liée au fait d’avoir connaissance de choses que les autres ignorent ou d’avoir des compétences (en informatique notamment) qui semblent complètement ésotériques pour la plupart des gens. Cela a parfois un effet excluant. D’une certaine manière, les libristes rencontrent une question qui se pose plus ou moins à toutes les contre-cultures. Soit ils restent dans l‘underground, fiers de leurs spécificités et de leur singularité. Soit ils font un pas vers le mainstream, mais au risque de voir se diluer ce qui les distinguait du tout-venant. Malgré ce dilemme bien connu, il me semble qu’il y a d’autres manières pour le logiciel libre de mettre un pied dans le mainstream que la manière molle et dépolitisée de l‘open source.

-> Utopie du logiciel libre – Du bricolage informatique à la réinvention sociale

Annexe : Le logiciel libre, nouvelle révolution ?

Extrait audio de La matinale du Mouv’ du 25 novembre Le logiciel libre, nouvelle révolution ? avec Sebastien Broca et Alexis Kauffmann.

Partie 1 (10 min)

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Partie 2 (10 min)

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Sebastien Broca et Alexis Kauffmann - La matinale du Mouv' - 25 novembre 2013




Agritux : histoire d’une (belle) rencontre entre un agriculteur et un artisan du libre

À l’occasion de notre présence lors des RMLLd sur l’île de la Réunion, voir cet article, nous avons eu l’occasion de rencontrer Jean-Noël Rouchon, qui fait partie de ces « artisans du libre » de plus en plus nombreux, sa structure (Mithril) proposant de nombreux services autour du logiciel libre.


Mais Jean-Noël est aussi le développeur du logiciel de gestion pour le suivi d’exploitations agricoles Agritux. Et l’histoire de la naissance de ce logiciel étant plutôt intéressante, nous souhaitions vous la faire partager.

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Bonjour Jean-Noël, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Jean-Noël Rouchon, j’ai 32 ans et je vis à Saint-Joseph, sur l’île de la Réunion. Je suis passionné d’informatique depuis tout jeune ce qui m’a poussé à en faire mon métier. J’ai découvert Linux et monde du logiciel libre quand j’étais étudiant en 2000 avec une mandrake (la 7.2 si je me souviens bien) et j’ai très vite été happé par cet univers-là et la philosophie qui en découle.

Après ma maîtrise, j’ai travaillé pour une entreprise spécialisée dans le logiciel de gestion, mais je ne me trouvais pas à l’aise dans le monde du logiciel propriétaire. J’ai donc fini par créer ma petite entreprise, Mithril Informatique.

Quelles sont les activités principales de Mithril ?

Je travaille sur trois grands axes en même temps :

  • la maintenance de parc informatique, il s’agit principalement de mettre en place et de maintenir des serveurs Linux pour diverses utilisations (serveur de fichiers, base de données, mails, contrôleur de domaine, virtualisation, proxy, portail captif, etc.)
  • le développement d’applications : je me suis spécialisé dans deux langages, le C et le Ruby. J’utilise principalement le C pour des applications multimédias et le Ruby pour des applications métiers (soit application web, soit interface en Gtk)
  • la formation : je complète mon offre par de la formation sur divers sujets (bureautique, distribution Linux, logiciels de gestions, etc.)

L’ensemble des mes prestations est consultable sur le site.

Tu es le développeur d’Agritux, mais… c’est quoi Agritux ?

Agritux est un logiciel de gestion pour le suivi d’exploitations agricoles.

Il permet de faire le suivi par parcelles et par cultures de la production de cultures végétales en gardant une trace des intrants et de la main d’oeuvre utilisée.

Le but étant surtout de pouvoir éditer un « cahier de culture », document officiel qui peut être demandé lors d’un contrôle de l’exploitation par exemple. Il est développé en Ruby avec une interface en Gtk, il fonctionne sous Linux et Windows (et probablement Mac OS aussi mais je n’ai pas eu l’occasion de le tester). Il est bien sûr sous licence libre (GPLv3) et le code source est téléchargeable sur gitorious.

Comment est né ce logiciel ?

L’idée du logiciel a commencé à naître lors des RMLLd de 2011 à St-Joseph. J’ai participé à ces premières Rencontres Mondiales du Logiciel Libre décentralisées en tant que membre d’un GUL de la Réunion (Libre974) et j’ai eu l’occasion de rencontrer pas mal de monde et en particulier plusieurs agriculteurs faisant le parallèle entre les semences libres et le logiciel libre. J’ai pu longuement discuter avec un agriculteur bio, venu là par curiosité.

L’idée du logiciel libre lui a trotté dans la tête un bon moment puisqu’au début de cette année 2013, il me rappelle pour lui installer une distribution Linux sur son ordinateur et pour lui créer un logiciel de suivi d’exploitation agricole, qu’il n’arrive pas à trouver parmi les logiciels libres déjà existants. Les premières lignes de code d’Agritux sont écrites en avril 2013.

J’ai pu constater qu’Agritux interessait pas mal d’agriculteurs (et d’enseignants de lycée agricoles) à la Réunion. Mais sais-tu si le logiciel interesse des publics similaires en métropole ou à l’étranger ? Comment envisages-tu l’avenir d’Agritux ?

Il y a eu en effet un intérêt certain pour Agritux lors des dernières RMLLd, plus que je ne l’imaginais. J’en déduis que ce type de logiciel correspond à un besoin réel de beaucoup d’agriculteurs.

Depuis ces dernières rencontres, j’ai eu plusieurs contacts de la Réunion mais aussi de la métropole et de Madagascar m’apportant des idées pour la suite.

Le logiciel est encore très jeune, et il y a plein de pistes à explorer pour l’améliorer. Dans le désordre :

  • les statistiques économiques
  • la gestion de l’élevage
  • la gestion de la météo
  • la gestion de rotation de cultures
  • la traduction du logiciel

Pour mutualiser les coûts de développement, je pense essayer de faire financer les futures évolutions en passant par du crowdfunding et en particulier par la plateforme Openfunding qui est spécialisée dans le financement de logiciels libres.

Étant le seul développeur, il n’y a pas pour le moment de communauté autour de Agritux, juste quelques utilisateurs qui me font parfois des remontées par mail, bien qu’un bug tracker soit disponible.

Si d’autres développeurs sont intéressés pour m’aider à faire évoluer Agritux, ils seront accueillis à bras ouverts !

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La Réunion, de par son éloignement avec la métropole, est-elle un terrain propice au développement du logiciel libre, ou des structures comme la tienne sont-elles complètement marginales ?

Je ne connais pas bien la situation du développement de logiciels libres en métropole, mais il me semble que la Réunion est plus propice au développement de petits logiciels spécifiques créé par de petites structures. D’abord parce que les entreprises préfèrent généralement avoir à faire à des prestataires locaux et ensuite parce qu’il y a peu de grosses entreprises et donc peu d’intérêt pour de grosses sociétés d’édition de logiciel d’être présentes ici.

Le souci du coup, c’est que nous devons travailler avec plein de petites entreprises, très différentes les unes des autres, ce qui nous oblige à nous diversifier (ou même nous éparpiller dans mon cas ;)).

C’est pour cette raison qu’un groupement de prestataires de logiciels libres a été créé sur l’île. Il s’agit ici de fédérer nos compétences tout en restant indépendants et de proposer un site web répertoriant un maximum de prestations autour des logiciels libres à la Réunion. Ce groupement s’appelle Prestalibre et l’annuaire est disponible sur le site.

Un petit mot pour la fin ?

Concernant Agritux, toutes remontées de bugs, demandes, propositions, critiques (même mauvaises) sont les bienvenues. De même si des personnes sont intéressées pour participer au développement, à la traduction ou aux tests du logiciel, vous pouvez me contacter à mail AT mithril.re. Agritux a besoin de vous ;) !




Saint-Joseph de La Réunion, la très libre ville la plus australe d’Europe

Cet été, Framasoft était invité à participer aux Rencontres Mondiales Décentralisées du Logiciel Libre (RMLLd), qui se déroulaient dans la commune de St-Joseph, sur l’île de la Réunion.

En dehors d’un cadre on ne peut plus propice à la randonnée (sur les sentiers parfois escarpés du logiciel libre, évidemment), nous avons été impressionnés par la capacité d’une commune d’une taille modeste à mobiliser non seulement ses services, mais aussi les acteurs public locaux (comme par exemple les étudiants du BTS informatique pour la mise en place du réseau WiFi).

La ville ne s’est pas contentée d’accueillir ces rencontres mondiales, elle en a été l’un des moteurs. Par ailleurs, la commune a fait le choix (encore trop rare aujourd’hui) de publier sous licence libre les logiciels qu’elle a elle-même développés. Permettant ainsi à d’autres collectivités de ne pas réinventer la roue, tout en faisant faire des économies aux contribuables.

Nous avons souhaité poser quelques questions au dynamique Directeur Informatique de la ville de St-Joseph, Dominique Leperlier.

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Bonjour Dominique, peux-tu te présenter et nous dire quelques mots sur ton parcours ?


Je suis ingénieur territorial et directeur informatique en charge des projets numériques à la Ville de Saint-Joseph de la Réunion, située à l’extrême sud de l’île (37 000 hab.) – C’est d’ailleurs la ville la plus australe d’Europe. A la sortie des mes études en 1990, j’ai intégré la mairie de Saint-Joseph en tant que responsable. A l’époque, le service se résumait à moi seul ! Après un intermède d’un an dans une autre collectivité je suis revenu en 2001 dans ma ville de cœur avec de nouveaux projets et une nouvelle dynamique. Aujourd’hui la direction informatique c’est 8 agents à temps plein dont 4 titulaires et 3 CDI.

Comme tu le vois, je suis de la génération Microsoft, de la grande époque du passage de MSDOS à Windows 3.11.

La commune de St-Joseph semble avoir une démarche très active en faveur du logiciel libre. Peux-tu nous expliquer pourquoi ?

Même si dès mon retour en 2001, nous avions déjà effectué quelques changements avec la généralisation de Firefox ou l’installation de Nagios, le choix du logiciel libre s’est véritablement opéré en 2008. L’idée est venue lorsque la commune a mis en œuvre pour les services techniques « l’entreprise municipale », un service à part entière composé de plusieurs corps de métier et qui réalisent divers grands travaux (aménagement routier, construction de bâtiments publics, etc) sur les projets qui ne sont plus financés.

En tant que cadre, tu es force de proposition et à Saint-Joseph, nous avons cette chance d’être aussi écouté. L’idée était de construire cette fois-ci une entreprise municipale du numérique avec pour idée directrice de nous réapproprier notre système d’information.

Nous avions déjà anticipé cette évolution, un an plus tôt, en recrutant 2 agents pour créer une équipe de développement au sein de la direction. Toutefois, le point de départ reste selon moi la note de service signée du Député-Maire en novembre 2008, où il est clairement dit que la collectivité fait le choix du logiciel libre et oriente désormais son système d’information en ce sens, à commencer par la migration vers OpenOffice. Le fonds du message a bien été compris par les agents. Cependant, quand tu portes un projet aussi transversal que la migration d’une suite bureautique et qui va de surcroît bouleverser certaines habitudes, tu te heurtes tout naturellement à certaines résistances (surtout en pleine phase transitoire). Mais la grande majorité des agents ont joué le jeu. Cette note de service a vraiment fait la différence. Il ne s’agissait pas d’une lubie de quelques informaticiens, c’était un choix stratégique approuvé par l’autorité territoriale. Cela ne te dédouane pas non plus d’accompagner ce changement. Nous avons pour cela créé un comité de pilotage, un comité technique avec des référents dans les services.

Nous avons aussi organisé des demi-journées de transition. Pour information, le projet s’est étalé sur une année pour environ 300 postes. Derrière cela, il faut aussi l’avouer, il y a avait une dimension économique. Nous économisions près de 30 000 euros par an. Enfin, cela nous permettait dorénavant de valoriser les compétences internes, en investissant sur des hommes et non plus sur des licences. Le libre a pour avantage de favoriser les initiatives locales et j’espère par ailleurs que les entreprises de la Réunion vont davantage se tourner vers ce modèle économique.

Quelles sont les principales actions mises en œuvre par la commune ?

Nous avons depuis quelques années une politique numérique assez active, avec une certaine notoriété dans le département. Sans toutes les citer, nous avons notamment été à l’origine de plusieurs initiatives novatrices à l’échelle de l’île :

  • première commune à ouvrir des zones WIFI dans les espaces publics avec un certain succès d’ailleurs, puisque nous comptabilisons en moyenne 4 000 connexions mensuelles sur les 3 sites déployés ;
  • première commune de l’ile à ouvrir une WebTV avec plusieurs reportages hebdomadaires mais aussi des retransmissions en direct (tous les conseils municipaux, des pièces de théâtres, des concerts, …) ;
  • première aussi à installer une borne interactive de consultation dans un cimetière de la ville (projet encore au stade expérimental avant déploiement dans 2 autres cimetières) ;
  • Seul site internet public de l’ile accessible, labellisé en 2010 AccessiWeb Argent ;
  • première commune à dématérialiser la convocation des conseils municipaux ainsi que la transmission dossiers (tous les conseillers disposent d’une tablette).

Enfin , il ne faut pas oublier que la ville a ouvert 5 espaces publics numériques d’une dizaine de postes en moyenne (tous sous des systèmes libres). Deux autres devraient s’ouvrir dans les deux prochaines années.

Pour en revenir au logiciel libre, comme je te l’ai dit, nous avons officiellement basculé avec la migration vers OpenOffice. Et étrangement c’est Microsoft qui nous a facilité cette mutation avec l’arrivée d’Office 2007 et son interface totalement remaniée. C’était une opportunité que nous ne pouvions laisser passer. On a donc abandonné la suite propriétaire, ce qui nous a obligé aussi à changer notre client de messagerie pour Thunderbird. Parallèlement, nous avons décidé d’abandonner Microsoft Exchange pour OBM à l’époque (nous sommes depuis passés sous Zimbra). Nous avons bien entendu mené d’autres projets comme l’informatisation de toutes nos écoles avec la solution AmonEcole, la ré-informatisation de la bibliothèque avec PhpMyBibli (PMB) que nous avons légèrement adapté à nos besoins.

Outre le fait d’être un utilisateur de logiciels libres, nous sommes aussi devenu des contributeurs depuis 2 ans, puisque nous avons mis en libre sur la forge de l’Adullact plusieurs logiciels développés en interne :

  • CIEL-PMB (Catalogue Informatisé En Ligne) : c’est la version accessible de l’OPAC de PMB qui permet la consultation et la réservation des ouvrages en ligne.
  • ADEL (Accompagnement des DEmandeurs de Logement) : logiciel de gestion des demandes de logement et de l’amélioration de l’habitat
  • ParkPool : logiciel de réservation des ressources et moyens en mode pool. Même si il existe de très bon logiciel de gestion de ressources, nous n’en avons pas trouvé qui s’appuie sur un fonctionnement de type pool.
  • Papangue : une plateforme d’envoi de SMS à partir de plusieurs téléphones recyclés connectés en WIFI et sur lesquels nous avons installé Cyanogen.

Les 2 premières sont disponibles depuis 2011 dans leur version stable. Les 2 dernières le sont depuis peu, mais nous devrions publier prochainement une version nettement améliorée, surtout pour Papangue.

RMLLd 2013

Utilisateurs, contributeurs, nous sommes aussi devenus promoteurs depuis notre rencontre avec les CEMEA de la Réunion en organisant les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre décentralisées en 2011 et 2013. Nous ne voulions pas être une simple ville hôte. Nous voulions prendre au part au projet, parce que cela a du sens, au regard des actions que nous avions déjà mené sur le libre. C’est la première chose qui surprend pour les habitués des RMLL nationales, voir ainsi la ville qui accueille s’impliquer totalement et notamment dans l’organisation. Nous ne voulions pas que d’un rendez-vous de passionnés ou de convaincus, mais une manifestation qui s’ouvre sur la société. Ce public hétérogène c’est vraiment particulier aux RMLLd.

Et pourtant, le pari n’était pas gagné d’avance… surtout quand tu organises une manifestation autour d’un thème encore très peu connu du grand public (parfois même de certaines administrations), dans une commune rurale et à l’opposé des centres d’affaires. Nous avons réussi, malgré tout, à mobiliser le grand public venu de toute l’île, des agents de collectivités territoriales, le monde associatif, le monde de l’éducation, les acteurs économiques ainsi que la presse écrite et audiovisuelle. On a certes parlé de Saint-Joseph au cours de ces 4 journées, mais on a surtout beaucoup parlé du libre. Et tout cela est rendu possible grâce évidemment aux CEMEA, à la mobilisation d’une dizaine de services communaux (que je tiens vraiment à remercier !) mais aussi à d’autres partenaires tels que le BTS SIO de Saint-Joseph et Libre974.

Utilisez-vous à Saint-Joseph d’autres logiciels libres développés par d’autres communes ? Et, à l’inverse – as-tu connaissance de l’utilisation de “vos” logiciels dans d’autres villes ?

Nous n’avons pas réellement trouvé de logiciels développés par d’autres communes et qui présentent pour le moment un intérêt pour nous. Toutefois, nous avons depuis mars 2013 ouvert notre portail citoyen, qui permet aux usagers de disposer d’un compte famille pour effectuer des demandes d’actes d’état civil et de payer la restauration scolaire en ligne. Cette plate-forme, CapDemat, a été conçue par le conseil général du Val d’Oise. Nous avons fait appel à une entreprise locale pour son déploiement. Nous suivons aussi de près le logiciel de gestion des marchés publics EPM mise en code source libre par la Ville de Paris.

En ce qui concerne les logiciels que nous avons développé, je sais que ADEL par exemple a été repris par une commune de l’est de la Réunion qui a d’ailleurs intégré un module SSO pour ses propres besoins, mais qui ne l’a malheureusement pas publié sur la forge. Je pense qu’avec Papangue et ParkPool, on pourrait avoir de belles surprises et pas seulement du coté des administrations… à suivre donc !

Que dirais-tu (ou que dis-tu déjà !) lorsque tu rencontre un Directeur Informatique d’une autre commune (de la Réunion ou de métropole) pour le convaincre d’utiliser des logiciels libres ?

C’est la question piège celle-là. Beaucoup utilisent déjà des logiciels libres, mais sur un périmètre très limité et déjà très balayé comme la sécurité du SI ou la supervision des équipements, du très banal quoi. Mais bon, ça reste invisible de l’utilisateur, c’est un truc d’informaticien. A mon sens tu franchis vraiment le pas quand tu t’attaques à des secteurs déjà bien établis. La suite bureautique en est une, le système encore un autre. Quand tu dois faire face à plusieurs dizaines d’années de pratiques comme cette « logique microsoft» qui veut que pour formater une page, tu dois passer par le menu fichier… c’est là que les choses se compliquent ! Je ne connais pas beaucoup de directeurs informatiques qui ne soient pas convaincu par le libre. C’est d’ailleurs une décision qui n’est pas de leur seul ressort, c’est un choix stratégique (peut être même politique) qui doit être validé au plus haut. Je me sens au final pas très à l’aise et encore moins légitime pour convaincre qui que ce soit. Chacun doit faire face à son environnement et ses contraintes. Au mieux, je ne pourrais que témoigner de mon expérience.

RMLLd 2013

La ville de St-Joseph a accueilli les RMLLd en 2011 et 2013, vous pensez rempiler en 2015 ?

Quand tu vois une responsable d’association venir le samedi s’informer et participer aux différents ateliers, faire le ménage sur son ordinateur toute la nuit et revenir le lendemain pour qu’on lui installe les logiciels qu’elle a repéré, je te répondrai tout de suite « oui ! ». D’ailleurs le Député-Maire, lors du discours inaugural, a déjà donné rendez-vous pour 2015. Mais cela ne pourrait se faire qu’avec les CEMEA qui portent depuis bien plus longtemps que nous la voix du libre. C’est un partenaire incontournable, c’est aussi leur décision, et la ville de Saint-Joseph ne pourrait anticiper celle-ci. Après les RMLLd 2013, le plus important à l’heure actuelle est de ne pas laisser retomber le soufflet. Nous avons déjà des pistes, notamment à l’échelle de notre territoire, pour continuer dans cette dynamique.

Un petit mot pour la fin ?

Pour la ville de Saint-Joseph, les projets ne s’arrêtent pas là. Nous sommes en pleine dématérialisation des processus comptables. Nous avons d’ores et déjà fais le choix du logiciel libre pour ce projet, à travers i-parapheur, pour la mise en place d’un parapheur électronique, ou Nuxeo pour la partie gestion électronique de documents Nous avons aussi entamé le déploiement d’Ubuntu sur la base du volontariat dans certains services, notamment ceux qui n’ont pas de contraintes liées à leur applicatif métier. Cela reste encore marginal, mais Saint-Joseph a vraiment mis le cap sur le libre. À notre rythme, nous avançons, inébranlablement, mais, comme tu le sais, même si la route est longue, parfois semée d’embûches, la voie, elle, est plus que jamais libre 😉

VUE_AERIENNE_DE_ST_JOSEPH.jpg




Oublions Powerpoint avec Reveal.js

Pour se passer de Powerpoint, il y a Impress de LibreOffice bien sûr.

Mais il existe aussi de nombreuses solutions web issues du trio gagnant : JavaScript, HTML5 et CSS3).

Nous avons choisi avec cette traduction de mettre en valeur Reveal.js, avec une méthode de geek pour assurer l’archivage et retrouver facilement les différentes versions de vos présentations.

reveal.js

Enseigner avec l’application de présentation libre Reveal.js

Teaching with open source presentation service Reveal.js

Luis Ibanez – 30 octobre 2013 – OpenSource.com
(Traduction : Penguin, Genma, audionuma, cyrille, Omegax, Garburst)

OpenSource.com a un programme pour les modérateurs de communautés, et je suis fier d’en faire partie. Nous nous sommes récemment réunis dans le centre ville de Raleigh (en Caroline du Nord). L’une de nos discussions portait sur les logiciels open source pour l’éducation, et Ruth Suehle, qui dirige l’équipe marketing de Fedora tout en conseillant et en écrivant pour Opensource.com, a attiré notre attention sur les merveilles de Reveal.js, un nouvel outil de préparation de diapositives pour les présentations.

« C’est ce que les gens cool utilisent »dit-elle. Et dieu sait qu’elle avait raison !

Un rapide détour par la page d’exemples et de présentations permet de convaincre les plus sceptiques.

Les principales caractéristiques qui sortent du lot sont :

  • Les diapositives sont créées en écrivant du simple code HTML
  • Les présentations…
    • sont des pages HTML + Javascript
    • peuvent être vues sur n’importe quel appareil : téléphones, tablettes, ordinateurs.
  • Le contenu peut être mis dans un système de contrôle de version (par exemple Git/Github).
    • Ne vous est-il jamais arrivé de regarder une présentation d’une année passée et de vous demander s’il s’agit bien de la version que vous souhaitez utiliser ? Vous êtes vous jamais demandé quelles étaient les dernières modifications ?
  • L’hébergement Git permet la collaboration de plusieurs auteurs.
    • Tout comme avec n’importe quel projet collaboratif, différents auteurs peuvent ajouter du contenu, faire des commentaires, corriger les erreurs.
    • Et en cas de désaccord, ils peuvent toujours faire une branche dérivée, un fork, de ces présentations.

Voici quelques-unes des présentations qui ont été faites lors de notre cours « Pratiques des logiciels open-source » à l’École polytechnique Rensselaer et à l’université de l’État de New-York à Albany :

Pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec l’écriture de code HTML, il y a un éditeur interactif : Slid.es, au sein duquel vous pouvez créer vos diapositives en utilisant une interface simple. Les présentations sont également hébergées, ainsi vous n’avez pas besoin de vous préoccuper de trouver un serveur web.

Pour ceux à qui écrire du code HTML plaît, la façon la plus facile de commencer est la suivante :

  • Consultez les nombreux exemples
    • Copiez ou forkez vos (exemples) favoris
    • Modifiez et créez le votre

La façon de faire pour du long terme est la suivante :

Enfin, le partager en retour !

Vous pouvez ajouter vos présentations en guise d’exemple pour les autres, en modifiant simplement les exemples de la page de présentation.

Remarquez que l’usage de Git (ou GitHub) n’est pas une nécessité, vous pouvez profitez de la joie d’utiliser Reveal.js comme un simple framework web. C’est juste qu’ajouter les fonctionnalités de Github tel que le contrôle de version, l’hébergement, le partage, donne une nouvelle dimension à la facilité d’usage de ce merveilleux outil.

Remarquez qu’il n’est pas nécessaire d’héberger vos présentations sur un serveur web. Vous pouvez toujours faire la présentation depuis votre pc portable en indiquant à votre navigateur web où se trouvent les fichiers HTML sur votre disque dur. Ce qui peut s’avérer très pratique quand on arrive en retard en classe, ou lorsque l’on a des changements à faire en dernière minute sur la présentation (ce qui bien sûr n’arrive jamais…:)).




Opérateur du logiciel libre pour les métiers du livre (Villes en Biens Communs)

Dans le cadre de notre participation à Villes en Biens Communs nous ajoutons un double événement lié aux métiers du livre et organisé par Chloé Girard, membre de Framasoft, le 23 octobre à Paris et le 24 octobre à Lyon.

La_Forge - Chloé Girard

Présentation de La_Forge par Chloé Girard

Quelques années après avoir commencé à réfléchir à la transposition du modèle de l’Adullact vers les métiers du libre, l’Enssib, où je suis maître de conférences associé en édition numérique, a accepté de soutenir ce « projet de recherche ». J’organise donc deux réunions de présentation et de travail, l’une à Paris, l’autre à Lyon, afin de pousser la modélisation de cette Forge.

Il s’agit d’une structure accompagnant les éditeurs, libraires, diffuseurs, dans la mutualisation des fonds, la réalisation et la maintenance de logiciels métier communs et, par extension, experts, pérennes et évolutifs. Elle est gouvernée par et pour les professionnels du livre et constitue une interface « chargée de projet » côté « clients » avec les entreprises de service informatique.

De nombreux éditeurs expriment des besoins communs (de la gestion d’entreprise à la diffusion en passant par la fabrication) ou spécifiques (selon le genre éditorial par exemple, ou le modèle économique). Or aucun ou presque n’a de « département informatique » et beaucoup investissent des fonds, subventionnés ou non, sans prendre la mesure de la complexité de ces outils et de leur maintenance.

Ces deux réunions ont donc pour objectif de présenter le fonctionnement d’une telle, de réfléchir à sa gouvernance (très probablement associative), à son économie (mutualisation), et au logiciel libre (quelques a priori perdurent…).

De nombreux écueils se profilent dans ce contexte de petites entreprises privées, aux finances souvent fragiles. Du coté des développeurs (qui sont parfois les éditeurs eux-mêmes), la libération du code est souvent perçue comme l’abandon d’une potentielle manne financière, souvent en réalité plus coûteuse que rentable. Les acteurs métier espèrent aussi souvent, et nous les comprenons, se « débarrasser » de ces encombrantes questions techniques en choisissant des services en ligne, sans se soucier de la pérennité de ces services, de l’outil ou de l’entreprise qui les sous-tend.

En réponse la forge peut offrir par exemple de développer du coté « clients » les outils sur lesquels baser ce type de services de façon à ce qu’en cas de sortie d’une plateforme tout éditeur ou libraire puisse retrouver le même outil libre et le déployer, ou le voir déployer, ailleurs : expertise, qualité, indépendance et pérennité !

J’invite donc chacun à venir exprimer ses besoins en logiciels ou extensions métier, à discuter des tenants et aboutissants d’un tel projet et à y verser des logiciels développés en interne et complexes à maintenir seul.

Nous espérons au cours de ces deux réunions pouvoir identifier un besoin phare à lancer comme projet pilote.

Déroulement :

  • présentation de l’Opérateur du logiciel libre pour les métiers du livre, une association à vocation d’expert informatique coté « clients » : recension de logiciels, appels à projets, rédaction de cahiers des charges, mutualisation des fonds, suivi de projet, mise en production, assistance ;
  • présentation de projets : outils de gestion d’entreprise (droits d’auteur, abonnements revues, facturation, workflow de fabrication), outils de fabrication (édition de ePUB, passage ePUB to Web, mise en page PDF en ligne, annotation, lien POD), diffusion (gestion et publication de métadonnées, mesure d’usages, gestion des URL, protocoles de gestion d’accès, connexion aux réseaux sociaux, flux de catalogage, alertes, outils de librairie…) ;
  • consultation autour de la gouvernance de la structure : offrir une souplesse d’adhésion et de retrait des entreprises au gré de l’ouverture et de l’aboutissement d’un projet ;
  • les besoins logiciels identifiés : exprimez vos propres besoins ;
  • dépôt logiciel de la Forge : être informé et avoir accès en amont aux outils existants ;
  • reverser ses propres développements sous licences libres ?
  • le financement des projets.



Quand l’open source investit dans la diversité, tout le monde y gagne

Le groupe d’utilisateurs Python de Boston est passé en 2 ans de presque rien à 15% de femmes.

Ce qui est intéressant ici c’est qu’il semblerait qu’on se soit moins focalisé sur les femmes que sur les débutant(e)s, avec pour conséquence une croissance du nombre de femmes.

Jessica McKellar

Quand l’open source investit dans la diversité, tout le monde y gagne

When open source invests in diversity, everyone wins

Lynn Root – 15 octobre 2013 – OpenSource.com
(Traduction : lyn, SonicWars, aKa, Théotix, Cryptie, Moosh + anonymes)

Jessica McKellar est une entrepreneuse, une ingénieure logiciel et une développeuse open source. Elle aide à l’organisation du groupe d’utilisateurs Python à Boston et joue un rôle important dans la sensibilisation de la diversité en favorisant l’arrivée d’encore plus de débutants et de femmes. La participation a augmenté de 0-2% à 15% et le groupe d’utilisateurs a connu la même progression pendant les 2 dernières années.

Ce sont de tels résultats qui ont convaincu Jessica que quand des communautés open source s’investissent dans la diversité, cela profite à tout le monde. Depuis la création de cours pour débutants, des ateliers de niveau intermédiaire et des marathons open source, le groupe de Boston a vu sa taille plus que quintupler en passant de 700 membres à plus de 4000. C’est maintenant le groupe d’utilisateurs le plus important du monde. Ce type de croissance est quelque chose à laquelle toutes les communautés open source devraient aspirer.

Plus d’informations sur Jessica McKellar dans cette interview.

Depuis combien de temps participez-vous à la communauté open source ? Avez-vous eu un mentor quand vous avez commencé ?

Ma toute première contribution à un projet open source était sur la documentation du projet Twisted en 2009 (Twisted est un moteur réseau événementiel écrit en Python). Je suis restée impliquée dans le projet depuis, je suis désormais une contributrice principale et j’ai même eu le plaisir d’écrire un livre sur Twisted.

Contribuer à Twisted a été une première expérience fantastique : la communauté disposait d’une documentation à l’usage des nouveaux contributeurs, et a été à la fois une aide et un soutien patient lorsque j’ai satonné dans mes premières utilisations des processus et des outils. Je ne dirais pas que j’ai eu un mentor en particulier, mais j’ai bénéficié de l’aide collective de la communauté Twisted et du feedback patient des reviewers sur mes premiers tickets.

Comment voyez-vous l’évolution des logiciels libres depuis que vous avez rejoint la communauté ?

Il y a eu une formidable progression vers la diversité elle-même et sa sensibilisation, en particulier vers les débutants et tout ce qui s’y rapporte. L’augmentation de l’adoption de codes de conduite dans les conférences techniques, le programme GNOME de sensibilisation auprès des femmes, le programme de sensibilisation et d’éducation de la fondation Python ainsi que les événements PyCon’s Young Coders sont quelques exemples du très beau travail que la communauté open source accomplit pour devenir un environnement accueillant et favorable.

Vous êtes profondément impliquée dans la communauté Python. Pourquoi Python ? Quelle était votre première expérience avec ce langage ?

J’ai utilisé Python pour la première fois à l’école (j’étais au MIT au moment du changement dans le tronc commun Informatique de Scheme vers Python) et je l’ai utilisé dans chacun des emplois que j’ai pu avoir. C’est aussi mon langage par défaut pour la plupart de mes projets parallèles. En plus d’être un langage qui, à mon avis, est un bonheur pour développer, je me suis investie dans la communauté Python encouragée par son engagement dans un environnement favorable et accueillant pour tous.

Vous et Asheesh Laroia avez fait une belle présentation lors de la PyCon 2012 à propos du groupe d’utilisateur de Boston Python augmentant son champ d’action. Pouvez-vous décrire ce que vous avez fait ?

Ces 2 dernières années, le Boston Python a lancé une liste d’événements récurrents qui se concentrent sur les moyens d’amener plus de femmes dans les communautés Python locales. La première étape de la liste est de faire un week-end workshop pour les personnes programmant pour la première fois, ce que nous avons fait huit fois pour plus de 400 femmes.

Dans ce projet nos objectifs sont :

  • D’attirer plus de femmes dans la communauté de programmation locale, avec un objectif chiffré de 15% de femmes dans tous les événements du groupe d’utilisateurs Python de Boston ;
  • De mettre en avant de bons exemples de femmes programmeurs ;
  • De développer des ressources à destination des autres groupe de programmation, pour qu’ils puissent organiser leurs propres événements en faveur de la diversité.

Avant de lancer ces workshops, il y avait entre 0 à 2% de femmes à un événement standard du groupe d’utilisateurs Python de Boston. Depuis la participation des femmes à ce type d’événement a atteint, voire dépassé, les 15%. Ces manifestations rassemblent de 80 à 120 personnes : le nombre de femmes présentes a donc littéralement bondi, à la fois en pourcentage et en valeur absolue. Encore plus impressionnant, ces résultats se maintiennent depuis maintenant 2 ans !

Le grand secret de cette initiative est que même si vous vous concentrez sur un groupe particulier de personnes sous-représentées, tout le monde en bénéficie. Lancer ces worshops introductifs nous a forcé à apprendre comment aider les débutants. Nous avons commencé un projet de suivi mensuel Project Night de ces workshops, pour donner aux débutants et intermédiaires plus d’opportunités d’apprendre et de pratiquer le langage avec un mentor présent. Nous avons développé des cursus et des projets pratiques qui ont été utilisé partout dans le monde. Nous avons lancé des worskhops pour les niveaux intermédiaires et des marathons open source. À travers tout cela, le groupe d’utilisateurs a quintuplé, passant de 700 à plus de 4000 membres, en faisant de notre groupe le plus grand groupe d’utilisateurs de Python au monde.

Pour résumer, quand vous investissez dans la diversité, tout le monde y gagne.

Crédit photo : Jessica McKellar