Gao & Blaze : le jeu mobile immersif qui utilise et respecte vos données personnelles

Nous avons été contacté·es récemment par l’équipe de la coopérative « La Boussole », pour nous parler d’un tout nouveau projet : le jeu Gao & Blaze.

Gao & Blaze, est un jeu libre et gratuit pour smartphone, qui permet de prendre conscience et agir sur la protection de vos données et le respect de votre vie privée. Au fur et à mesure du jeu, vous réalisez l’ampleur des données personnelles et sociales qui peuvent être divulguées avec l’installation d’une simple appli (mais sans collecte cachée de données, promis !).

Bel exemple d’éducation populaire aux enjeux du numérique, cet ovni dans le monde du jeu vidéo nous a grandement intéressé·es. Nous avons donc posé quelques questions à l’équipe de la coopérative « La Boussole ».

 

Bonjour l’équipe de la coopérative « La Boussole » ! À Framasoft, on vous connaît déjà un peu depuis quelques années, mais pourriez-vous vous présenter aux lecteur⋅ices du Framablog ?

Bonjour à Framasoft et merci pour cet espace ! Nous sommes plein de choses, mais avant tout 3 :

  • Une coopérative, c’est-à-dire que nous avons fait le choix de créer une structure qui appartient uniquement à celles et ceux qui y travaillent (pas d’actionnaires, pas de patron·nes).
  • D’éducation populaire, c’est-à-dire que nous voulons rendre certaines connaissances issues de la recherche académique (nous gardons un pied dans la recherche et l’université) accessibles au plus grand nombre sans que les bagages éducatifs soient un frein.
  • Et nous portons des valeurs d’émancipation, c’est-à-dire que nous avons pour ambition de donner du pouvoir d’agir aux individus et aux collectifs : nous croyons que le savoir est un pouvoir fort et voulons partager nos savoirs, autour de l’informatique libre, autour de la lutte contre les discriminations et sur les formes de travail alternatives.

Super ! Vous pouvez nous en dire un peu plus sur les types d’actions que vous réalisez ?

Principalement nous réalisons des projets de recherche autour de nos thématiques mais également des formations courtes pour donner des outils pratiques. Nous explorons aussi lors d’ateliers pédagogiques des nouvelles formes de transmettre des connaissances car nous nous préoccupons souvent de savoir comment nos savoirs académiques peuvent avoir un impact concret et positif sur les gens que nous rencontrons. Nous voyons aussi comment dans des domaines comme le numérique la concentration des savoirs et savoir-faire peut créer d’importantes inégalités de pouvoir.

Vous nous avez contactés récemment au sujet d’un projet un peu particulier : Gao & Blaze. Mais… c’est quoi ?!

Nous sommes parti·e·s d’une frustration : nous avions passé du temps et mis de l’énergie à essayer de convaincre du bien-fondé de la protection des données interpersonnelles, de sensibiliser aux questions liées à la sécurité informatique, mais le constat était que beaucoup de gens étaient d’accord avec nous sans pour autant changer leurs pratiques dans les faits.

Dit de manière brutale : nous voulions savoir comment faire pour que des gens aient envie d’aller à des chiffrofêtes car il nous semblait que seuls des gens déjà sensibilisés y participaient, et nous avions l’ambition d’aller chercher plus loin.

Bien évidemment, le panorama a évolué au cours des dernières années de différentes manières notamment avec des scandales de plus en plus audibles et relayés, mais également des initiatives enthousiasmantes qui ont marqué un avant et un après dans les usages courants (nous pensons notamment à votre campagne Dégooglisons internet). Pourtant, il nous semblait y avoir un chaînon manquant autour du « passage à l’action ». Nous avons donc voulu proposer un jeu qui utilise l’émotion avant d’utiliser la raison – autrement dit qui passe par l’expérience personnelle avant la connaissance concrète. C’est là que nous avons eu l’idée d’imaginer un jeu pour donner à voir les conséquences concrètes de l’exploitation et l’usage des données de Madame et Monsieur Tout-le-monde.

Cette frustration nous trottait à l’esprit quand nous avions vu un appel à projet de recherche sur la protection des données. Nous avions proposé un projet qui n’entrait pas dans les cases, mais nous avons réussi à monter un partenariat qui nous a permis de créer un ovni. À notre connaissance c’est le premier jeu autour de la sensibilisation à la protection des données interpersonnelles sur Android.

C’est un ovni car nous avions 4 conditions non négociables :

  • Exploiter le système des permissions Android pour proposer une expérience immersive
  • Utiliser les données des joueuses et des joueurs, tout en respectant ces données.
  • Faire un jeu 100% en logiciel libre sans utiliser des interfaces intermédiaires obscures (le jeu est en React Native)
  • Faire un vrai jeu : c’est-à-dire que nous voulions que les gens y jouent pour l’intérêt ludique et que ce ne soit pas le « volet sensibilisation » qui prenne le dessus.

C’est qui Gao et Blaze ? Des personnages ?

Exactement ! Gao est un chat, appartenant à Blaze. Il s’inspire de son chat et l’a converti en l’icône des Gao Games. Les Gao games sont un univers de mini-jeux gratuits sur smartphone autour duquel toute communauté s’est construite. Blaze, est le dev principal de ces jeux. Toute ressemblance avec certains petits jeux mignons, « gratuits » et très célèbres est purement accidentelle… 0:o)

C’est aussi et avant tout le chat de Blaze, le développeur des jeux, qui l’a rendu célèbre.

D’autres personnages et non des moindres, font partie de la communauté, Alex, Nikki, Masako, Amin, Ally…. nous vous laissons les découvrir en allant leur parler !

La question des données personnelles, vous pensez que ça intéresse réellement les jeunes ? Est-ce que la vie privée ce n’est pas « Un problème de vieux cons ? »

Question intéressante, nous pouvons rétorquer par facilité qu’en 2010 c’était une question de « vieux cons », mais c’était il y a déjà 12 ans ! Plus sérieusement, nous constatons que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis le début des années 2010 en termes de révélations (E. Snowden, Wikileaks, Cambridge Analytica, Pegasus…), en termes d’ampleur des scandales, de leur couverture médiatique, mais aussi du côté de la marche triomphante des multinationales des données dans la prédation et l’exploitation des données des individus.
Il y a également de nouveaux freins légaux (comme le RGPD, par exemple), et une jeune génération qui a ses propres stratégies d’appropriation et d’usage des technologies numériques…

Nous croyons que l’intérêt pour la vie privée est là, simplement qu’il se configure de nouvelles façons. Avec Gao&Blaze nous tentons d’apporter une réponse à la demande et aux questionnements d’un public peu expert et réfractaire aux approches classiques de sensibilisation.

Parlons maintenant des licences du jeu : sous quelle(s) licence(s) est publié le jeu, et surtout… Pourquoi ?

La question des licences a mérité un peu de réflexion, car un jeu vidéo présente la particularité de mêler plein de composantes différentes : code, œuvres graphiques, dialogues, musiques… Certaines licences (comme la GPL par exemple) sont conçues pour du code informatique, et conviendraient pas vraiment pour une illustration, par exemple.

Pour essayer de couvrir tous ces usages, Gao&Blaze est donc diffusé sous licence GNU AGPL 3.0 pour le code et sous licence Creative Commons BY-SA 4.0 pour les autres créations. Il embarque aussi des polices d’écriture et musiques sous licences tierces compatibles.

Vous n’avez pas peur de vous faire « voler » les innombrables heures de travail que vous avez passées en développement ?

C’est une vraie question !

En premier lieu, nous concevons notre création comme une contribution aux biens communs, et en soi, ça ne se « possède » pas – ça ne peut donc pas se voler.

En revanche, il existe deux risques auxquels nous avons pensé :

  • La prédation des biens communs pour en faire des biens privés. Pour un logiciel, ça pourrait être le fait de modifier légèrement le code, puis d’en faire un logiciel privateur. Mais ce sont aussi des choses qui arrivent dans d’autres domaines : privatiser des biens qui bénéficient à tous les êtres vivants (l’eau, l’air, les forêts…) au profit de quelques uns, etc.
  • L’usurpation, qui consisterait à respecter « à la marge » la licence, mais à s’approprier le travail de création qui a été fait (en faisant croire plus ou moins explicitement qu’une autre personne serait l’autrice du jeu). Un exemple de ça serait de reprendre le jeu tel quel, et remplacer tous les logos et mentions visibles des autrices et auteurs par ceux de quelqu’un d’autre, et se contenter de nous citer de façon obscure, avec une petite phrase en caractère 6 au fin fond d’un menu.

Une idée reçue est que les licences libres ne protègent pas bien les œuvres et/ou les autrices/auteurs mais c’est faux. Les licences que nous avons choisies protègent normalement de ces deux risques car :

  • Elles sont contaminantes, c’est-à-dire qu’elles obligent à repartager les modifications et travaux dérivés sous des licences similaires. On ne peut donc pas se les approprier en faisant de la prédation, on ne peut que permettre de nouvelles contributions aux biens communs.
  • Elles peuvent protéger efficacement de l’usurpation. C’est un dispositif juridique méconnu, mais il faut savoir que des licences comme la GNU AGPL permettent l’ajout de « termes additionnels » (qui doivent rester en conformité avec la licence). Nous avons utilisé ces termes additionnels pour nous prémunir de toute tentative de maquillage / « re-branding » du jeu.

Le seul risque qui existe serait que des gens créent une version dérivée avec laquelle nous serions en désaccord éthiquement, mais bon, c’est la vie. Dans le fond, créer des œuvres libres implique aussi de changer de point de vue : même si nous avons une parenté sur l’œuvre, ce n’est pas « notre » bébé, c’est le bébé de tout le monde. Mais ça tombe bien, ça fait potentiellement plus de bonnes volontés pour s’en occuper. 🙂

Quel rôle joue la MAIF dans votre projet ? Partenariat financier ou davantage ?

La MAIF est un assureur militant de poids et nous avons collaboré avec deux structures satellites de ce géant de l’assurance : la Fondation MAIF pour la recherche, et l’association Prévention MAIF dédiée aux actions de prévention. Ces deux structures non-lucratives ont co-financé avec nous la partie production et la partie recherche, et nous avons eu le plaisir d’avoir des échanges enrichissants pour consolider le projet et qu’il voie le jour.

Impossible de dire que l’engagement n’était que financier : les structures de la MAIF étaient intimement convaincues de la pertinence de la démarche et de l’urgence sociétale du sujet. Ils tenaient à ce que ce projet se fasse sous forme de logiciel libre mais qu’il ne puisse pas être approprié par d’autres.

Merci pour cet impressionnant travail ! 🙂 Quelles sont les prochaines étapes et vos attentes vis-à-vis de Gao & Blaze ?

C’est le cas de le dire ! C’était assez fou de créer un studio de jeu vidéo éphémère, de vouloir avancer masqué·e·s avec un jeu visuellement très mainstream, et pourtant codé « en dur », alors même que la production logicielle n’est pas notre cœur de métier.
La suite est la partie recherche de ce projet ! Nous avons besoin qu’il soit joué jusqu’au bout, nous avons envie de comprendre et constater comment oui ou non notre pari de sensibiliser à la protection des données via le jeu était pertinent ou pas.

Le jeu demande au fur et à mesure différentes autorisations.

Et pour vos autres projets (on se doute que vous en avez !) : quels sont-ils ? Quels sont vos espoirs ? Comment peut-on vous aider ?

Nous continuons dans nos projets de recherche (autour des formes de sensibilisation) et de formations auprès d’autres publics. Aujourd’hui nous réfléchissons à la sensibilisation aux questions de la vie privée pour des personnes peu ou pas lettrées qui pourtant sont contraintes à l’utilisation de téléphones portables.
Nous avons aussi d’autres chantiers académiques car il est important pour nous de nous maintenir à la page, de lire et de produire des recherches au long cours. Une participation à projet de documentaire sur les low-tech (basses-technologies) est dans les cartons et nous vous en parlerons plus tard quand il sera plus avancé !

Une question traditionnelle pour conclure : quelle est la question que l’on ne vous a pas posée, à laquelle vous auriez aimé répondre ? Et quelle serait-votre réponse, tant qu’à faire ! 🙂

Nous aurions voulu que vous nous demandiez si nous avons choisi exprès le 30 novembre pour lancer le jeu car c’est la journée mondiale de la sécurité informatique. Nous vous dirions que oui, nous avions tout savamment calculé 😉
Ou peut-être une autre question sur les autres personnages, surtout Nikki, hackeuse badass mais pas très genrée, ou sur Alex, une femme noire qui commence « Madame Tout-le-monde » et finit héroïne. Nous voulions fuir certaines caricatures et avions envie de personnages vraisemblables mais peu courants dans le monde du jeu vidéo.

Merci infiniment !

 

Liens utiles

 




Retour sur le Contribatelier « Accessibilité numérique » organisé lors de la Journée Mondiale des Mobilités et de l’Accessibilité

Le 30 avril 2022, à l’occasion de la Journée Mondiale des Mobilités et de l’Accessibilité, deux structures membres du collectif CHATONS, Alsace Réseau Neutre et Le Cloud Girofle, ainsi que le hackerspace associatif strasbourgeois Hackstub, se sont mobilisées pour organiser simultanément un Contribatelier sur l’Accessibilité numérique à Strasbourg et Villebon-sur-Yvette (91). Nous leur laissons le clavier pour nous partager un compte-rendu de cette action et des pistes envisagées pour la suite.

logo contribateliers accessibilité numérique

À cette occasion, une douzaine de tests ont été menés sur des logiciels libres, dont la plupart sont proposés comme services en ligne par des membres du collectif CHATONS. Les audits consistaient en des tests d’usage réalisés par binômes, composés d’une personne malvoyante en charge du test et d’une personne voyante en charge de sa captation. L’objectif de ces tests utilisateurices fut double : permettre aux personnes qui créent ou hébergent ces solutions de prendre conscience des problèmes et des solutions possibles, et identifier les éventuels services accessibles sur https://entraide.chatons.org et https://chatons.org.

Cet article est l’occasion de détailler comment les tests se sont passés et de mettre en avant les principaux soucis et perspectives liés à l’accessibilité des services libres, dans l’optique de structurer un groupe parlant d’accessibilité au sein du collectif.

Comptes-rendus des sessions

CR du contribatelier animé par ARN et Hackstub à la médiathèque Neudorf de Strasbourg

Avec :

  • Irina (organisatrice et participante), utilisatrice expérimentée d’outils libres et contributrice, membre d’Alsace Réseau Neutre, atteinte de déficience visuelle
  • Gabriel (participant), président de C’Cité (Fédération des Aveugles Alsace Lorraine Grand Est), à l’aise avec le numérique au quotidien, atteint de déficience visuelle proche du stade aveugle
  • Sylvain (participant), ingénieur logiciel
  • Valentin (organisateur et participant), ingénieur libriste militant, gérant de ReflexLibre, membre d’Alsace Réseau Neutre et contributeur de YunoHost
  • Marjorie (organisatrice et participante), graphiste, artiste et programmeuse libriste, membre d’Hackstub et du collectif cyberféministe Hacqueen

Avec le soutien également d’Éric et Thomas qui sont passés nous voir. Éric est graphiste et programmeur libriste, membre d’ARN, et Thomas est un usager régulier du hackerspace Hackstub qui s’intéresse à l’informatique, au Libre, et à leurs enjeux.

14 tests ont été effectués sur 13 logiciels en deux demi-journées. Nous avons été surprises et surpris du nombre de tests qui ont pu être conduits en si peu de temps, avec très peu de personnes testeuses. Parmi les possibilités de tests, nous n’avons pas sélectionné les outils collaboratifs car nous redoutions une faible accessibilité de ces outils : écrire dans un document collaboratif en ligne prive généralement la personne déficiente visuelle des raccourcis de son outil d’assistance. Les résultats sont mitigés : sur 14 tests, 8 se sont soldés par un succès et 6 ont posé problème (deux réussites partielles et 4 échecs). Les services qui ont posé le plus de problèmes sont les outils de sondage. Certains des tests partiellement réussis ont nécessité une assistance, due à des défauts d’accessibilité non liés à l’outil testé. Exemple : lors du test de Mumble, un logiciel d’audioconférence libre, l’activation du micro a été ardue. Il y avait donc des problèmes liés davantage aux fonctionnalités du navigateur ou à d’autres paramètres (configuration des outils d’assistance ou des interfaces).

Un autre constat intéressant à faire est que les tests ont été effectués avec un système d’exploitation et un navigateur propriétaire (OS Windows + navigateur Edge ou Chrome). L’outil d’assistance était quant à lui libre (NVDA). On peut s’interroger sur le rapport entre le taux de réussite et l’utilisation d’outils qui ne sont pas libres : y a-t-il plus de moyens injectés pour l’accessibilité dans les outils propriétaires ?

Pour ce qui est de l’ambiance, nous avons apprécié l’accueil de la médiathèque Neudorf avec laquelle il a été facile de travailler dans une dynamique de coopération. Gabriel nous a également fait part de son enthousiasme quant à la convivialité de l’événement, malgré le peu de participation. Ce faible taux de participation, tant du côté des personnes malvoyantes que des personnes développeuses, nous a questionné sur les liens que nous entretenons avec les associations et publics déficients visuels, et nous a démontré qu’il y avait un vrai travail de sensibilisation à mener auprès de la communauté libriste. Il a toutefois permis un cadre assez intimiste, favorisant l’attention portée aux personnes participantes.

CR du contribatelier animé par Le cloud de Girofle à Villebon-sur-Yvette (91)

Avec :

  • Nicolas (participant), informaticien de métier atteint d’une déficience visuelle dégénérescente
  • Agathe (participante), libriste expérimentée et vidéaste à ses heures perdues
  • Maxime (organisateur et participant), membre du Cloud Girofle, libriste militant
  • Margaux (organisatrice et participante), membre du Cloud Girofle

Nous nous sommes retrouvés à 4 à la MJC Bobby Lapointe de Villebon-sur-Yvette (91), gentiment mise à disposition par Charles, également membre du Cloud Girofle. Avec l’aide d’Agathe, libriste et vidéaste à ses heures perdues, nous avons accueilli Nicolas, « informaticien d’avant Windows ! » atteint d’une déficience visuelle dégénérescente. Son ordinateur tourne sous Debian et le passage à la ligne de commande a été plus aisé pour lui quand sa vue a commencé à se détériorer. Il utilise encore des outils visuels, des fonctionnalités intégrées au gestionnaire de fenêtres Compiz comme le zoom et l’inversion de contraste. Mais il utilise de plus en plus les outils vocaux, qui représentent environ 80 % de son usage : le lecteur d’écran libre Orca et la synthèse vocale propriétaire Baratinoo, en attendant de trouver une synthèse vocale libre, en français, de qualité suffisante. Par ailleurs, Nicolas utilise EMACS, un éditeur de texte libre navigable intégralement au clavier développé par Richard Stallman, qui dispose de son propre lecteur d’écran (dans ces cas-là, il coupe Orca, qui est le lecteur d’écran pour systèmes GNU Linux). Il l’utilise beaucoup parce que c’est très adapté à son usage, mais ce n’est malheureusement pas toujours possible : en effet, le navigateur EWW intégré dans cet outil n’interprète pas le Javascript, un langage qui est aujourd’hui massivement présent sur le web !

Le cadre intimiste nous a permis d’échanger de manière très qualitative, et nous nous sommes concentrés sur Nicolas toute l’après-midi. Il nous aura fallu vivre cet atelier pour prendre conscience de la difficulté (pour être honnête, de la quasi-impossibilité) d’utiliser beaucoup de services libres en ligne quand on est déficient⋅e visuel⋅le (malvoyant⋅e, non-voyant⋅e).

Une dizaine de tests filmés ont été effectués par Nicolas, sans assistance extérieure, sur des services proposés par le Cloud Girofle : créer un compte sur Nextcloud, accéder à un espace de discussion Mattermost, lire un document OnlyOffice partagé par email, etc. Un protocole de test et des scénarios de tests avaient été préparé en amont et étaient mis à disposition. Les captations rendent compte de ce qui se passe sur l’écran et de la synthèse vocale.

Navigation sur Nextcloud lors du Contribatelier
Navigation sur Nextcloud lors du Contribatelier : l’utilisateur doit utiliser un niveau de zoom très élevé, en plus d’une synthèse vocale (enregistrée par l’enregistreur visible à droite).

Conclusion : c’est pas glorieux

Alors, les logiciels des CHATONS, c’est accessible comment ? Pour nous, les résultats sont édifiants (et décevants). La quasi-totalité des missions a échoué du côté de Villebon-sur-Yvette et le taux de réussite à Strasbourg ne dépasse pas 50%. Les tests qui ont rencontré le plus de succès ont été menés avec du matériel et des outils propriétaires (à l’exception du logiciel d’assistance), et il s’agissait aussi des manœuvres les plus simples.

Quelques exemples :

  • un test consistant à se créer un compte Nextcloud en recevant une invitation par email a pris une demi-heure (et nous parlons d’un test réalisé par un informaticien) !
  • un autre test sur le service Framadate (outil de planification de date) ne propose pas « oui/non/peut-être » comme réponses, mais « chaussure de ski » et « drapeau dans un trou » !
  • toujours sur Framadate, un autre testeur nous indique que la seule manière qu’il a trouvé de l’utiliser est de copier-coller les options dans un tableur, de le remplir, puis de reporter les options dans le tableau en ligne. Une gageure !

Et lors d’un test pour éditer un document en ligne (OnlyOffice) partagé avec Nextcloud, on se rend compte que le bouton pour ouvrir le document n’est pas accessible à la navigation au clavier, que même si on pose le curseur dessus, les options pour l’ouvrir ne sont pas lues par la synthèse vocale et que même si le document est ouvert, la synthèse vocale ne lit pas le document. On découvre ainsi que, même s’il y a un plugin de synthèse vocale installé dans OnlyOffice, le menu pour y accéder n’est pas accessible et que même si on clique sur ce bouton, la synthèse vocale ne fonctionne pas.

À chaque fois, la tentation d’abandonner est forte : impossible de savoir si la fonction qu’on essaye d’utiliser va réussir, ou si l’on va échouer pour une raison parfois bête (un bouton sans label, un message d’erreur qui s’affiche mais qui n’est pas lu). Assister en direct aux difficultés rencontrées par une personne malvoyante sur un ordinateur est une expérience édifiante. Nous pensons que tout le monde devrait la faire au moins une fois, pour se rendre compte des enjeux associés à l’accessibilité numérique.

écran présentant un zoom sur un client mail lors du Contribatelier
Lecture d’un mail lors du Contribatelier : l’utilisateur doit utiliser un niveau de zoom très élevé, en plus d’une synthèse vocale (enregistrée par l’enregistreur visible à droite).

Bilan et perspectives

Le contribatelier, un outil de sensibilisation à l’accessibilité

Participer à ce contribatelier a été très éclairant à la fois sur l’urgence de la situation des personnes déficientes visuelles (beaucoup de services restent bloquants, et pour certains sur des points assez élémentaires), et sur ce qu’implique concrètement la manipulation d’outils d’assistance tels que les lecteurs d’écran. On se sent plus outillé et plus armé pour défendre ce grand sujet. C’est un format idéal pour provoquer une prise de conscience auprès de personnes non initiées, qui a le double avantage de sensibiliser tout en étant dans le “faire” (en l’occurrence, contribuer au libre). Les expériences ont globalement été appréciées de toustes les participantes. Que ce soit du point de vue de l’accueil ou du travail réalisé, ces séances ont offert un cadre convivial, surtout en petits groupes.

Le point sur les difficultés rencontrées

Nous nous sommes interrogés sur le degré d’intervention des personnes qui ne sont pas en situation de handicap lors d’un blocage pendant un test. Nous avons conclu de cet échange qu’il valait mieux laisser du temps pour dénouer la situation avant d’intervenir, afin de véritablement éprouver l’accessibilité de l’outil, mais que si on se retrouvait face à une impasse, il fallait accompagner la résolution du problème rencontré.

Si la personne déficiente visuelle ne prend pas aisément le service en main, il y a différents types d’échec :

  • celui où elle devra d’abord explorer l’interface pour la comprendre et consulter la documentation ;
  • celui où des astuces/manipulations lui sont indiquées par une autre personne ;
  • celui où elle ne pourra jamais accéder au service par ses propres moyens.

Côté développement, on peut aussi distinguer différents cas :

  • celui où il suffirait de corriger quelques détails ;
  • celui où les modifications sont complexes mais le service partiellement utilisable ;
  • celui où il faudrait quasiment tout revoir.

On découvre ainsi plusieurs catégories de problèmes :

  • des problèmes de conception : pages web trop complexes (comment s’y retrouver quand des centaines d’informations non hiérarchisées – il n’y a pas de couleurs en synthèse vocale – sont lues ?), notifications non accessibles ou synthèse vocale indisponible dans certains environnements (canevas notamment) ;
  • des erreurs d’implémentation : boutons sans label, titres des vidéos qui ne sont pas indiqués, parties du logiciel non navigables au clavier ;
  • des problèmes de version : avec la course aux fonctionnalités, les navigateurs web un peu anciens sont de moins en moins supportés. Or ce sont souvent ces navigateurs qui équipent les systèmes adaptés aux non-voyant⋅es. Choisir de ne pas les prendre en compte, c’est se priver de certain⋅es utilisateurices qui utilisent des systèmes spécifiques, pour lesquels les mises à jour sont parfois compliquées.

De manière générale, bien qu’une bonne moitié des interfaces graphiques des logiciels « en dur » sont inutilisables ou difficilement utilisables, elles restent mieux gérées par la synthèse vocale que dans les applications web, qui sont d’expérience peu accessibles. Les standards d’accessibilité sont peu respectés et la conception de pages complexes rend la lecture des pages plus difficile encore.

Par ailleurs, alors qu’aujourd’hui la majorité des personnes utilisent un très petit nombre de navigateurs web (Firefox, Chrome et Safari, qui se partagent la majorité du marché et concentrent toute l’attention des personnes développeuses), les personnes déficientes visuelles utilisent parfois d’autres navigateurs (Edge, Lynx, etc.), en plus de matériels d’assistance variés. Suivant les profils, on peut trouver des plages ou afficheurs braille, de la vocalisation, des outils visuels (zoom, couleurs, contraste), etc. Certains logiciels d’assistance définissent leurs propres raccourcis clavier, qui peuvent entrer en conflit avec les raccourcis natifs du système ou ceux d’autres programmes. L’interopérabilité de tous ces équipements n’est donc pas triviale.

personne utilisant une plage braille
Un lecteur braille – Photo by Sigmund on Unsplash

 

Il y a également un autre paradoxe : la plupart des logiciels libres populaires dédient une partie de leur documentation à l’accessibilité, chacun expliquant comment les logiciels sont accessibles. Nous reconnaissons les efforts faits pour améliorer la situation, pourtant, en regardant les cas de OnlyOffice et de Mattermost, nous regrettons :

  • que ces pages ne soient pas plus mises en avant, par exemple au moment de se connecter au logiciel, et pas seulement en faisant une recherche sur le site de l’entreprise qui développe le logiciel ;
  • que les informations fournies dans ces pages soient parfois incomplètes, par exemple en ne précisant pas les limitations induites par le mode lecture ;
  • que ces procédures ne fonctionnent souvent pas ! Mattermost peut se naviguer au clavier, mais sur la version de Firefox utilisée par un de nos testeurs, celle-ci ne fonctionne pas. Autre exemple : le plugin de synthèse vocale d’OnlyOffice ne peut pas être activé facilement, et nécessite une configuration administrateur qui n’est pas faite par défaut.

Une personne dans le groupe strasbourgeois a rencontré des difficultés liées au verrouillage de son système, configuré par une entreprise qui fournit des systèmes adaptés aux personnes déficientes visuelles. Cette dernière n’installe que des versions de logiciels dont l’accessibilité a été évaluée, et parfois légèrement modifiées pour les rendre plus accessibles. L’entreprise dispose donc de son propre dépôt de paquets Debian, et configure les machines de ses clients et clientes pour utiliser ce dépôt en priorité, afin d’éviter qu’iels ne fassent des mises à jour non testées. L’inconvénient de cette méthode “verrouillée” est qu’il est ardu d’accéder aux dernières versions logicielles, faute de mises à jour, qui sont souvent disponibles sur le tard (plusieurs années sont parfois nécessaires). Le principe est pertinent, mais la prudence excessive, ou peut-être le manque de personnel compétent pour le travail d’adaptation, rend l’utilisation d’une machine sous ce système laborieuse. Par ailleurs, ce contrôle à distance du paramétrage peut donner le sentiment d’être dépossédé de sa machine, d’autant plus si la communication sur les changements apportés fait défaut. Il est possible de contourner le verrouillage “à la main”, mais cela demande une certaine aisance en informatique, et lève la garantie d’assistance en cas de soucis. Ainsi, des problèmes sont persistants avec Firefox car la version fournie n’est pas la dernière, ce qui a été bloquant pour mener à bien les tests : la personne est mobilisée pour la résolution du problème plutôt que pour la réalisation des tests. Ça pose la question du processus de développement logiciel : aujourd’hui on fournit des logiciels qui évoluent sans cesse, dont les anciennes versions ne sont pas supportées facilement, voire pas supportées du tout.

Et après ?

Nous souhaitons proposer à nouveaux des contribateliers sur l’accessibilité numérique afin de finir les tests prévus. De plus, nous préparerons d’autres tests à mener, avec comme priorité les services qui répondent à des usages du quotidien (communication, collaboration, sondage, traitement de texte, etc.). Nous envisageons néanmoins des tests sur des outils plus techniques dans un second temps (services proposés par YunoHost par exemple, un système d’exploitation qui facilite l’administration d’un serveur et participe à la démocratisation de l’auto-hébergement).

Par ailleurs, il est intéressant de noter que réaliser plusieurs fois un même test n’est pas futile. Au contraire, cela rend compte des différences rencontrées en fonction des systèmes et configurations, mais aussi selon les handicaps. La diversité des profils est très importante pour les tests. Il faut bien prendre en compte la différence de handicaps et de niveaux de culture numérique.

Nous pensons aussi qu’il serait pertinent de mettre en avant les manipulations qui facilitent la prise en main des outils et logiciels. Il y a parfois des astuces simples, qui s’avèrent très utiles pour contourner les difficultés rencontrées, même s’il est regrettable de devoir presque recourir au hack pour pouvoir utiliser un service.

Beaucoup de documentation à été produite lors de ces ateliers : des vidéos et des notes principalement. Nous entrons désormais dans la phase de restitution de ces tests, nous allons créer et publier des reports de bugs d’accessibilité sur les forges Git des logiciels concernés et les suivre. Deux personnes parmi nous, Irina et Valentin, ont fait deux rapports de bug antérieurement autour de Network Manager et de Mumble. Les protocoles pour soumettre les bugs d’accessibilité peuvent être laborieux, selon leur retour.

Lors de notre débrief, nous nous sommes demandés comment mobiliser davantage sur l’accessibilité numérique, au regard du faible nombre de personnes participantes. Nous aurions en effet souhaité que l’opération se déroule simultanément au sein de multiples structures membres du collectif CHATONS en France, afin de fédérer sur la question, et de lui donner plus de résonance.

Actions envisagées

Nous avons relevé plusieurs type d’action à envisager, en dehors de la reconduite de contribateliers sur le sujet et de la publication de ce communiqué :

  • Faire émerger un groupe “Accessibilité”. Une interstructure Accessibilité a déjà été créée sur la Litière, le wiki des CHATONS. Il serait intéressant de constituer un groupe national de travail, s’étendant à des structures telles que la FFDN, et qui peut-être ne se cantonnerait pas qu’au Libre pour réellement servir l’accessibilité numérique, qui dépend aujourd’hui de beaucoup d’outils propriétaires déployant les moyens.
  • Un atelier sur cette thématique sera proposé lors du camp CHATONS 2022 (18-22 août).
  • Rédiger des rapports de bug à destination des développeur⋅euses de logiciels.
  • Mettre à disposition sur les mails de connexion envoyés par les logiciels un lien vers des page décrivant les raccourcis clavier et options d’accessibilité proposées par le logiciel, ainsi que la liste des fonctions qui sont inopérantes.
  • Mettre plus en évidence l’accessibilité dans les critères pour intégrer le collectif CHATONS.
  • Faire infuser l’accessibilité numérique dans la communauté libriste à travers des ateliers de sensibilisation et d’auto-formation, en organisant des permanences en milieux associatifs rassemblant des publics déficients visuels, en veillant à ce que les formats proposés considèrent l’accessibilité et en parlent, etc.
  • Construire une relation de confiance et créer du lien entre associations de personnes déficientes visuelles et développeuses.
  • Aller chercher des gens plus compétents sur ces questions, et saisir des structures telles que les tiers-lieux numériques, les universités, les milieux étudiants, etc.
  • Compiler et traduire la documentation et les ressources existantes sur l’accessibilité numérique.

Quelques parti-pris non consensuels

L’inaccessibilité numérique renforce la fracture numérique et ne concerne pas que les personnes atteintes d’un handicap visuel mais aussi les personnes éloignées du numérique de manière générale, comme les personnes âgées ou les personnes neurodifférentes. Renforcer l’accessibilité numérique pour les personnes déficientes visuelles renforce aussi l’accessibilité numérique tout court !

L’accessibilité numérique n’est pas un patch, un plugin à ajouter, mais bien une philosophie, une manière de voir les choses qui doit infuser dès la base du développement (on parle d’accessibilité native).

Que choisir : du libre à tout prix, ou l’accessibilité ?

En tant que défenseur⋅euses des logiciels libres, on s’interroge : la liberté numéro zéro, c’est celle d’utiliser le logiciel libre.

Que faire quand une partie de la population se retrouve exclue contre son gré de l’utilisation de logiciels libres ? Voulons-nous des logiciels qui ne libèrent que les développeur⋅euses ou permettent aussi d’autonomiser les utilisateurices ?

Pour aller plus loin :

Résultats des tests d’accessibilité réalisés le 30 avril 2022 par ARN et le Cloud Girofle




Castopod : la voix du fédivers

Plus de soixante-quinze millions de podcasts sont téléchargés chaque mois dans notre pays par plus de douze millions de personnes.
Qui les fait ? Qui les écoute ? Nous avons interrogé Benjamin Bellamy, co-créateur de Castopod —en audio, s’il vous plaît.

Origami oiseau réalisé avec une feuille portant des logos de Castopod; posé sur un casque audio
Illustration CC-BY-SA Benjamin Bellamy

La transcription de l’entretien

 

Bonjour ! Selon une enquête Médiamétrie sortie en décembre 2022 « Les chiffres clés de la consommation de podcasts en France », plus de soixante-quinze millions de podcasts sont téléchargés chaque mois dans notre pays par plus de douze millions de personnes. C’est donc un phénomène qui a conquis toute la Gaule. Toute, pas tout à fait puisqu’il reste au moins un indi… irréductible, voilà, je commence à bafouiller, c’est bien, qui est passé à côté c’est-à-dire moi.

Aujourd’hui nous avons eu l’idée d’interviewer Benjamin qui, lui, est très impliqué dans le monde du podcast et pour lui faire honneur nous faisons donc cet entretien en audio, ce qui n’est pas l’habitude dans le Framablog.

Benjamin, est-ce que tu peux te présenter ?

 

Oui, bien sûr, Frédéric. Bonjour. Donc je m’appelle Benjamin Bellamy.

En deux mots je suis né longtemps avant les réseaux sociaux mais après les cartes perforées et tout petit je suis tombé dans la marmite informatique.
J’écoute des podcasts depuis pas mal de temps et il y a deux ans avec trois associés j’ai créé une société qui y est exclusivement consacrée, Ad Aures.

 

Est-ce que tu peux présenter Castopod ? C’est quoi ? Un logiciel, une plate-forme, un oiseau, une fusée ?

 

Castopod qui donc est développée par Ad Aures, c’est un peu tout ça à la fois.
C’est d’abord un logiciel codé en PHP qui permet à toutes et à tous d’héberger plusieurs podcasts. Une fois en place, c’est-à-dire cinq minutes après avoir dézippé le paquet et lancé l’assistant d’installation c’est une plateforme d’hébergement de podcasts multipodcasts multi-utilisatrices multi-utilisateurs et enfin peu de gens le savent mais en imprimant le code source de Castopod sur une feuille A4 on obtient un superbe oiseau.

Origami papillon réalisé avec une feuille portant des logos de Castopod, posé sur des fleurs
Illustration CC-BY-SA Benjamin Bellamy

 

Pour la fusée en revanche j’avoue on est super en retard et rien n’est prêt.

Enfin, plus sérieusement, Castopod permet à tout le monde de mettre des podcasts en ligne afin qu’ils soient disponibles sur n’importe quelle plateforme d’écoute donc ça peut être évidemment Apple Podcast, Google Podcast, Deezer, Spotify, Podcast-Addict, PostFriends, Overcast,… Il y en a plein d’autres, donc vraiment partout. Castopod apporte tout ce dont on a besoin donc de la gestion de fichiers sonores MP3 évidemment à la gestion des métadonnées, des titres, des descriptions, la génération du fameux RSS, l’export de clips vidéo à partager sur les réseaux sociaux, les mesures d’audience etc.

 

Et d’autre part, Castopod est adapté tout autant aux podcastrices et aux podcasteurs en herbe qu’aux professionnels les plus chevronnés puisque avec une seule installation on peut avoir autant de podcasts qu’on veut autant de comptes utilisateurs qu’on veut et enfin Castopod est open source, libre et gratuit, et il promeut et intègre des initiatives ouvertes telles que celles de Podcasting 2.0 qui permet entre autres la gestion de transcription et de sous-titrage de liens de financement de chapitres de géolocalisation de contenu de gestion des intervenants et de commentaires inter-plateforme et encore plein d’autres choses.

 

Qu’est-ce qui t’a poussé à lancer Casopod ?

 

Qu’est-ce qui m’a poussé à lancer Castopod, tu veux dire : qui m’a poussé à lancer Castopod ? D’une certaine manière c’est Framasoft.
En fait en mars 2019 alors que je cherchais une plateforme de podcasts compatible avec le fédivers j’ai contacté Framasoft pour savoir si vous aviez pas ça dans les tuyaux. Naïvement j’étais persuadé que la réponse serait « ben oui, évidemment » et là la douche froide : « non pas du tout ».

Et à ce moment-là Chocobozzz m’avait expliqué qu’avec les développements de Peertube et Mobilizon qui avaient été lancés un petit peu avant en décembre 2018 Framasoft n’avait pas le temps de se consacrer à un autre projet.

Heureuse coïncidence, à ce moment-là Ludovic Dubost le créateur de Xwiki m’a raconté comment il avait obtenu un financement de NLnet pour CryptPad. Donc j’ai déposé un dossier qui a été accepté immédiatement et qui en plus de nous faire très plaisir nous a confortés quant à la pertinence du projet.

 

Les podcasts m’ont l’air d’être gratuits dans la majorité des cas. Quel est le modèle économique ? Comment est-ce qu’ils en vivent, les gens ?

 

Il y a plusieurs modèles économiques du podcast.

Déjà effectivement il est important de noter qu’aujourd’hui quatre-vingt-dix-neuf pour cent des podcasts n’ont pas de modèle au sens capitaliste du terme, ce qui ne veut pas pour autant dire qu’ils sont gratuits.

Les podcastrices et les podcasteurs se rémunèrent de façon indirecte par le plaisir que ça procure, pour la promotion d’un autre produit ou service, pour l’exposition médiatique, etc. et quant au pourcent restant… Il existe plein de manières de gagner de l’argent.

On peut vendre un abonnement, encourager ses auditrices et ses auditeurs à donner des pourboires, on peut gagner des bitcoins par seconde d’écoute, on peut lire de la publicité, on peut produire un podcast de marque, on peut insérer automatiquement des spots publicitaires sonores, on peut afficher de la publicité à l’écran… par exemple chez Ad Aures notre spécialité c’est l’affichage publicitaire de recommandations contextuelles donc sans cookie ni profilage de l’internaute.

 

Et quel est le modèle économique de Castopod, alors ? Si je te dis que la société Ad Aures est l’équivalent de Canonical pour Ubuntu, est-ce que tu le prends mal ?

 

 

En fait c’est plutôt flatteur. On n’a pas du tout la prétention de devenir le Canonical du podcast même si effectivement on peut y voir des similitudes.
Pour répondre à ta question comme je l’ai laissé entendre plus tôt Castopod a bénéficié d’une subvention européenne qui a permis de financer le démarrage du développement. Ad Aures, la société que j’ai créée avec mes associés a également financé une grosse part du développement.

On compte sur les contributions de toutes celles et ceux qui souhaitent qu’on puisse continuer à maintenir et à faire grandir Castopod au travers de la plateforme Open Collective et enfin à on lance à l’heure où on parle tout juste d’une offre d’hébergement payante clés en main qui va donc permettre à toutes et à tous d’utiliser Castopod sans avoir à s’occuper du moindre aspect technique de l’hébergement.

 

On se rapproche plutôt du modèle de Piwigo, alors ?

 

Euh, exactement, ouais.

 

Alors la question qui pique. Moi je te connais, on s’est rencontrés, euh, il n’y a pas si longtemps que ça, au salon Open-Source Experience et je te connais comme un vrai libriste très engagé… et tu proposes de mettre de la pub sur les «postcasses» des gens ! J’arriverai jamais à prononcer «podcast» correctement ! Alors est-ce que la pub c’est compatible avec ton engagement libriste ?

 

Alors je vois pas pourquoi ça ne serait pas parce que en fait publicité et open source, ces deux concepts ont absolument rien à voir, même si je comprends ce que tu veux dire.

Personnellement, moi, je considère que la publicité en soi déjà ce n’est pas sale et c’est pas honteux et… Ce qui lui a donné une mauvaise réputation c’est le profilage à outrance des internautes est ça ouais c’est pas terrible, je suis d’accord mais justement nous ce qu’on propose c’est des publicités qui sont non invasives sans profilage sans cookie, pertinentes parce que en relation directe avec le contenu qui les héberge et ça permet d’offrir une rémunération à celles et à ceux qui produisent les contenus.

 

Chez nous il n’y a pas de pub pour le tout dernier jeu super addictif ou le top dix des choses qu’on ignorait pouvoir faire avec un cure-dent et un balai de chiottes.
Nous on va plutôt mettre en avant un bouquin en lien direct avec les métadonnées et avec le contenu sonore du podcast grâce au concept que notre moteur d’analyse sémantique aura détecté.

Alors d’un point de vue pratique comment est-ce qu’on fait pour avoir des podcasts dans son smartphone sans blinder sa mémoire ? Parce que moi j’oublie pas que je suis toujours à court de mémoire.

 

Eh eh, c’est là que que je vois qu’effectivement tu n’es pas un expert du podcast parce que un podcast en moyenne c’est quarante minutes.

 

Pour avoir une bonne qualité, voire même une très bonne qualité il faut compter 192 kilobits par seconde. Ce qui fait que un bon gros podcast ça fait moins de 100 méga-octets. Si en plus tu considères que aujourd’hui on est connecté la plupart du temps à Internet du coup pour écouter un podcast il n’y a pas nécessairement besoin de le pré-télécharger. On se rend vite compte que l’espace de stockage nécessaire c’est pas vraiment le souci.

OK, alors moi j’ai un autre problème quand est-ce que les gens ont le temps d’écouter des podcasts ? En faisant autre chose en même temps ?

 

Bah ça c’est la magie du podcast. Le podcast il laisse les mains et les pieds et les yeux totalement libres. Si tu fais le bilan d’une journée, en fait, tu te rends compte que les occasions elles sont super nombreuses.

Tu as le petit-déj, dans ta voiture, dans les transports, en faisant du sport, en attendant un rendez-vous, en faisant son ménage. Personnellement je ne fais plus la vaisselle sans mon podcast.

 

OK, mais le temps d’une vaisselle suffit pour écouter un podcast ? C’est quoi la durée idéale d’un podcast ?

 

Alors… J’ai envie dire déjà ça dépend de ta dextérité à faire la vaisselle. Peut-être que la mienne est pas au top et que justement comme j’écoute des podcasts, eh bien, je ne progresse pas beaucoup. La durée idéale d’un podcast, ben, c’est un peu comme la longueur idéale des jambes, c’est quand elles touchent bien le sol. C’est affaire de contexte parce que si euh les statistiques font état donc d’une durée moyenne de quarante minutes il y a tout plein de circonstances pour écouter un podcast. Donc en fait il y a plein de durées idéales.

Le contexte d’écoute c’est un critère déterminant.

Je ne vais pas chercher le même type et la même longueur, la même durée, de podcast pour le café du matin que pour le café du TGV Paris-Biarritz ! À chaque contexte d’écoute il y a une durée idéale.

Alors, qui produit des podcasts ? Est-ce qu’il y a une grosse offre française ? Moi je ne connais que celui de Tristan Nitot mais en effet je ne suis pas spécialiste.

 

Sur les quatre millions de podcasts dans le monde il y en a 72 000 qui sont francophones ce qui veut dire qu’il y en a beaucoup et qui a beaucoup plus d’heures de podcasts francophones publiés chaque jour qu’il y a d’heures dans une journée. Même si tu les écoutes en vitesse deux fois sans dormir tu ne pourras pas tout écouter.

L’une des particularités du marché français c’est l’importance de l’offre radiophonique parce que les Françaises et les Français sont très attachés à leurs radios, bien plus que dans les autres pays du monde, d’ailleurs. Et donc c’est naturellement qu’on retrouve les radios en bonne place dans les études d’écoute de podcasts. En France il y a également beaucoup de studios de podcasts d’une très grande qualité, vraiment beaucoup, et enfin et c’est ce qui est génial avec le podcasting : n’importe qui peut se lancer que ce soit pour une heure une semaine un an ou dix.

Ma fille a lancé le sien à dix ans !

 

Ah oui, les poésies d’Héloïse, tu m’as dit ça tout à l’heure.

 

C’est ça !

 

Est-ce qu’on a besoin de beaucoup de matériel pour faire un podcast ?

On a besoin que d’un bon micro, des idées, évidemment, euh, d’Audacity, Castopod, et ça suffit, hop-là, on se lance ?

 

La première chose dont on a besoin c’est l’envie puis l’idée et euh… et c’est tout !

Aujourd’hui n’importe quel téléphone moderne est capable d’enregistrer une voix bien mieux que les enregistreurs hors de prix qu’on avait dans les années quatre-vingts !

Si tu savais combien de podcasts sont en fait enregistrés au téléphone sous une couette ou dans une taie d’oreiller ! Bien entendu, et ce n’est pas valable que pour le podcast, hein, plus on avance et plus on devient exigeant et un bon microphone et une bonne carte son, ça fera vite la différence. Mais les contraintes techniques ne doivent pas brider la créativité.

En ce qui concerne le montage donc tu as cité Audacity. Je l’utilise de temps à autre mais je suis plutôt «Team Ardour». La grosse différence c’est qu’Audacity est destructif. C’est-à-dire que tu ne peux pas annuler une manipulation que tu as faite il y a deux heures alors qu’avec Ardour qui est non-destructif… deux ans après avoir bossé sur un montage tu peux encore tout corriger et revenir sur n’importe quelle opération.

Et enfin sur l’hébergement bah il y en a pour tous les besoins, tous les goûts, tous les profils, tous les podcasts, mais la seule solution qui à la fois open source certifié podcasting 2.0 et connectée au fédiverse c’est Castopod.

 

 

Qu’est-ce que tu écoutes, toi, comme podcasts ? Est-ce que tu as des conseils pour les personnes qui souhaitent une sélection ?
On mettra les liens dans les commentaires.

 

Ah c’est un peu audacieux de demander à un inconnu un conseil podcast, c’est un peu comme demander un conseil gastronomique à un inconnu dans la rue.

Surtout que personnellement j’ai une sélection qui est assez éclectique et pas très originale.

Dans les podcasts que j’écoute régulièrement… Il y a Podland, Podnews, Podcasting 2.0, The Europeans, Décryptualité, Libre à vous, L’Octet vert que tu as cité et Sans Algo. Et puis j’écoute aussi beaucoup de d’émission de radio du service public podcastées quand elles sont pas sauvagement supprimées des plateformes ouvertes, suivez mon regard…

 

Alors c’est quoi ton regard ? Tu peux les citer ou… ?

 

Non je ne veux me fâcher avec personne.

 

J’ai vu que Castopod était compatibles Activitypub. Alors ça veut dire quoi concrètement pour les gens qui nous écoutent ?

 

Alors
Activitypub c’est un protocole… c’est un protocole standard normalisé par le W3C, donc c’est pas vraiment des rigolos quand il s’agit de définir une norme, qui permet à toutes les plateformes de réseaux sociaux qui l’implémente de connecter leur contenu et leurs utilisatrices et leurs utilisateurs entre eux l’ensemble des plateformes qui utilisent Activitypub est appelé le fédiverse qui est un mot-valise contraction de «univers» et «fédérer». La plus emblématique de ces plateformes c’est Mastodon quel est donc une plateforme de microblogging semblable à Twitter qui connaît un succès considérable depuis 2017 et récemment on en entend beaucoup parler suite au rachat de Twitter et on compte aujourd’hui plusieurs milliers de serveurs Mastodon et plusieurs millions d’utilisatrices et utilisateurs.
Là où franchement ça devient génial et même au-delà de Mastodon c’est que le fédiverse permet de mutualiser et d’interconnecter plein plein plein de serveurs sur des technologies diverses, différentes, pourvu qu’il implémente Activitypub. Par exemple une utilisatrice ou un utilisateur pourra depuis un un compte Mastodon donc un unique compte Mastodon interagir avec d’autres qui sont connectés depuis un ou plusieurs serveurs Pixelfed, du partage de photos façon Instagram depuis des serveurs Peertube partage de vidéos façon Youtube depuis des serveurs Bookwyrm qui est un service de partage de critiques littéraires depuis les serveurs Funkwhale qui permet du partage de musique depuis Mobilizon, nous en parlions tout à l’heure, qui permet de partager de l’organisation d’événements et depuis Castopod qui permet le partage de podcasts.

Origami papillon réalisé avec une feuille portant des logos de Castopod, posé sur des fleurs
Illustration CC-BY-SA Benjamin Bellamy

Donc concrètement imagine c’est comme si depuis ton compte Twitter tu pouvais « liker » une photo Instagram, commenter une vidéo Youtube, partager une musique SoundCloud.

Alors évidemment bah ça c’est pas possible. C’est pas possible chez les GAFAM.

Mais sur le fédivers ça l’est ! C’est possible, et c’est possible aujourd’hui ! Ce qui fait que ben avec Castopod le podcast est le réseau social donc tes auditrices et tes auditeurs peuvent commenter, partager ou aimer un épisode directement sans aucun intermédiaire. Aucun intermédiaire, qu’il soit technique ou juridique, hein sans GAFAM, sans plateforme privative entre les deux tu as la garantie de ne pas te prendre un «strike» parce que tu as fait usage de ton droit de citation tu ne vas pas avoir ton compte bloqué parce que t’as utilisé des mots-clefs qui sont indésirables et pas de censure automatique par un idiot de «bot» qui ne sait dialoguer qu’en éructant des réponses pré-formatées.

Et tout cela en étant accessible à des millions d’utilisatrices et utilisateurs sur des milliers de serveurs du fédivers. Honnêtement, n’ayons pas peur de le dire, l’avenir des réseaux sociaux sera fédivers ou ne sera pas !

 

Ça me rappelle quelqu’un, tiens… Alors tu as mentionné, quand on a parlé de podcast, tout à l’heure, tu vois je n’arrive pas à le prononcer, décidément.

Tu as mentionné Podcast-Index quand on s’est parlé en préparant l’interview et tu as parlé de Podcasting 2.0 tout à l’heure. Qu’est-ce que c’est ?

Quatre bulles disent "podcrasse", "podcasque", "proutcast" et "prodcrasse" avant qu'une bulle énervée dise "Purin de purin !"
Fred répète pour prononcer « podcast » correctement.

 

 

 

Alors…

Hum…

Laisse-moi chausser mes lunettes parce que cette question nécessite qu’on s’arrête une petite heure, une petite heure et demie sur
l’histoire du podcast.

 

Je ne suis pas sûr qu’il nous reste autant (de temps).

 

Alors là je vais… je vais abréger.

Bien avant les iPods, en 1989, l’émission « l’illusion d’une radio indépendante » (“Иллюзия независимого радио”) ouvre la voie aux podcasts qu’on connaît aujourd’hui en proposant en URSS des émissions sonores qui à l’époque étaient diffusées sur des cassettes et des bandes magnétiques et de « URSS » à « RSS » il n’y a qu’un U, celui de « Uuuuuuh ! quel jeu de mot tout pourri !» jeux de mots que je m’abstiendrai donc de faire.

 

Trop tard !…

 

Et donc sans jeu de mots et bien plus tard c’est en octobre 2000 que Tristan Louis, comme son nom peut le laisser penser il est français, il a l’idée d’inclure des fichiers MP3 dans un flux RSS. RSS lui-même créé et promu par des véritables légendes tel que Ramanathan V. Guha, Dave Winer ou Aaron Swartz.
Et donc il crée la technologie qui est celle que tous les podcasts du monde utilisent encore aujourd’hui. Après ça alors qu’on parlait plutôt d’audio blogging à l’époque, Ben Hammersley, journaliste au Guardian, est le premier à lancer le mot podcast en février 2004 qui est un mot-valise entre « iPod » et broadcasting, broadcasting pour « diffusion » en anglais.

Ce qui fera vraiment connaître le podcast au grand public c’est d’abord les contenus par exemple “Daily Source Code” d’Adam Curry lancé à l’été 2004, et ensuite l’intégration des podcasts par Apple dans iTunes 4.9 en juin 2005.

Et puis pas grand-chose pendant toute une décennie ! En fait l’histoire du podcast elle aurait pu s’arrêter là.

Mais en 2014, Sarah Koenig va bousculer littéralement un écosystème un peu moribond en publiant Serial le podcast aux 350 millions de téléchargements et c’est à ce moment-là qu’un véritable engouement populaire pour les podcasts apparaît.

 

C’est impressionnant, comme chiffre !

 

Ah oui, c’est impressionnant, oui… C’est impressionnant surtout que ça n’arrête pas de croître ! C’est un très bon podcast d’ailleurs Serial, j’adore. Il y a trois saisons et les trois sont très très bien. Si on comprend l’anglais c’est vraiment un podcast à écouter, Serial.

Néanmoins malgré ce renouveau force est de constater que,en plus de quinze ans, pas une seule – et alors que les usages du web entre-temps ont été révolutionnées par le haut débit les smartphones les réseaux sociaux le cloud etc. – donc pas une seule innovation technologique n’est venue bousculer le podcast.
Statu quo fonctionnel et technologique.

Apple règne toujours en maître absolu sur son annuaire de podcasts et rien n’a évolué et à l’été 2019 Adam Curry le même que cité tout à l’heure et Dave Jones, insatisfaits de cette situation, décident de lancer en parallèle, non pas un non pas deux, mais bien trois projets afin de secouer un peu tout ça.

Premièrement et pour mettre fin à la dépendance vis-à-vis de l’index d’Apple ils créent un index de podcasts qui s’appelle Podcast-Index, pas super original, mais au moins on comprend ce que c’est. Il faut comprendre que là où l’index d’Apple requiert une validation d’Apple pour ajouter le moindre podcast mais également pour lire le contenu de l’index ce qui fait qu’Apple en fait a le pouvoir de vie ou de mort sur n’importe quelle application d’écoute qui n’utiliserait que son index.
Là où l’index d’Apple est soumis au bon vouloir d’Apple, Podcast-index est libre.

Il est libre en lecture et en écriture mais attention, vraiment libre par exemple la base de données de Podcast-index, elle est librement téléchargeable dans son intégralité en un clic depuis la page d’accueil. Tu n’as même pas besoin de créer un compte, de filer ton adresse mail, ton numéro de portable, ou le nom de jeune fille de ta mère. Et en plus de ça des API sont librement disponibles pour les applications mobiles Podcast-index référence aujourd’hui plus de quatre millions de podcasts. Apple aujourd’hui en a deux millions et demi.

Deuxièmement et pour rattraper le temps perdu, Adam et Dave décident de proposer de nouvelles fonctionnalités en créant des nouvelles méta-données, le « Podcast Namespace », qui ouvre la voie à ce qu’ils appellent « Podcasting 2.0 ».

Parmi les nombreuses fonctionnalités qui comprend comment on peut noter ben donc la gestion de transcription et de sous-titrage les liens de financement le chapitrage la géolocalisation contenus la gestion d’un intervenant. Il y en a plein d’autres ayant des nouvelles tout le temps, l’ensemble de ces spécifications euh et de ses innovations est librement consultable en ligne sur Github (on mettra le lien dans l’article, dans la description) et librement consultable encore une fois en lecture et en écriture.

C’est là en fait le troisième volet la troisième révolution, le mot est à peine exagéré hein qu’Adam et Dave vont apporter aux podcasts ; ils ont créé une communauté libre et ouverte où tout le monde peut apporter son temps son talent ou son trésor et force est de constater que ça fonctionne du tonnerre. En moins de six mois, alors que je rappelle qu’aucune innovation n’avait bousculé le podcast en quinze ans, en moins de six mois il y a plein d’applications d’écoute et d’hébergeurs évidemment dont Castopod qui ont rejoint le mouvement et qui ont intégré tout ou partie de ces nouvelles fonctionnalités. Donc cette communauté elle se rassemble sur Github sur Mastodon sur podcastindex.social dans un podcast éponyme et lors de réunions où on parle plutôt «techos».

Enfin le résultat c’est que la liste des applications et des services qui sont compatibles podcasting 2.0 est disponible sur le site podcasting.com. Clairement c’est sur ce site et sur podcastindex.org qui faut aujourd’hui choisir son application ou son hébergeur.

 

Alors moi je suis allé tourner un peu sur les sites de Castopod, je suis allé voir blog.castopod.org mais alors tout est en anglais là-dedans !

J’ai cherché un un petit bouton pour changer de langue et il n’y en a pas. Je croyais que le projet était français ? Pourquoi ça cause pas la langue de Molière ?

 

Le projet est français mais il est avant tout européen, enfin en tous cas d’un point de vue chronologique et et donc naturellement on a commencé par l’anglais et on n’a pas eu le temps de traduire cette partie-là mais ça va venir vite, c’est promis.

 

Oui parce que la doc en revanche elle a son site en français doc.castopod.org/fr et là j’étais content j’aurais dû commencer par là parce que il y a plein d’explications dans la doc.

 

Oui, alors la doc, on a pris le temps de la traduire en français et en plus la communauté aidant elle est également disponible en plus de l’anglais en brésilien1 et en norvégien et d’autres langues arriveront derrière.

 

Mais alors je suppose que c’est en fonction des contributeurs et des contributrices que le projet évolue ? Vous avez besoin de contributeurs de contributrices ? Comment est-ce qu’on peut faire pour vous aider ?

 

Ouais tout à fait mais Castopod c’est avant tout un projet ouvert hein donc le le code source est ouvert mais pas seulement on a besoin de développeuses et de développeurs mais également de traductrices de traducteurs de testeuses de testeurs de prescriptrices et de prescripteurs qui prêchent la bonne parole (merci Framasoft !) et puis de financement via Open Collective.

 

D’accord ! Alors comme d’habitude on te laisse le mot de la fin dans le Framablog. Est-ce qu’il y a des questions qu’on ne t’a pas posées ? Est-ce qu’il y a des choses que tu as envie d’ajouter ?

 

Écoute, je trouve que tu as mené cette interview d’une main de maître.

Merci de m’avoir reçu ! En fait je voudrais juste dire aux gens : essayez le podcast.

Vous avez un téléphone vous pouvez vous y mettre ; il ne faut pas être timides hein lancez-vous attendez pas des mois avant de créer le premier épisode car une fois qu’on a une idée on enregistre on publie et puis c’est ce que j’aime avec le podcast, on peut changer de modèle on peut changer de format on peut changer ce qu’on veut on peut tester il y a des hébergeurs pour tout le monde. Évidemment moi je vous engage à aller sur castopod.org pour voir ce que c’est pour voir ce qu’on propose.

Ah, si vous avez un peu la fibre technique eh bien n’hésitez pas à le télécharger et à l’installer, sachant que si vous avez pas la fibre technique et bah allez plutôt sur castopod.com où on propose des prestations d’hébergement clé en main. Et puis bon podcasting et bonne écoute !

 

Ah bah je vais m’y mette du coup je vais essayer de trouver quelques podcasts intéressants parce que c’est pas du tout ma culture ! En tout cas voilà grâce à toi je vais écouter des podcasts.

Merci beaucoup d’être venu parler avec nous et puis on espère longue vie à Castopod.

Merci à Framasoft.
À bientôt !

 

Pour aller plus loin

Sources, sites mentionnés

L’illustration « Fred répète » a été réalisée avec Gégé, le générateur de Geektionnerd basé sur des dessins sous licence libre de SImon « Gee » Giraudot

Musique : Creative Commons   by sa 2.5 license – Antiblues – from www.dogmazic.net/Tdbt

Podcasts

English version of this article

Castopod, the voice of the Fediverse (English version)




Fermer ses comptes… et respirer !

L’équipe de traduction des bénévoles de Framalang vous propose aujourd’hui le bref témoignage de Silvia, une designeuse indépendante2, qui avait atteint comme beaucoup un degré d’addiction élevé aux réseaux sociaux. Comme d’autres aussi, elle a renoncé progressivement à ces réseaux, et fait le bilan après six mois du nouvel état d’esprit dont elle a bénéficié, une sorte de sentiment de soulagement, celui d’avoir retrouvé un peu de liberté…
Bien sûr chacun a une trajectoire différente et la démarche peut n’être pas aussi facile, mais pourquoi ne pas tenter ?

Article original sur le blog de l’autrice : Life off social media, six months in
Traduction Framalang : Bromind, Diane, Florence, goofy, Marius, ngfchristian, Penguin

Six mois hors réseaux sociaux, six mois dans ma vie

par Silvia Maggi

J’étais vraiment partout. Citez-moi un réseau social, et sans doute, j’y avais un compte… Internet a toujours été important pour moi, et un certain degré de présence en ligne était bon pour mon travail, mes hobbies et mes relations sociales.

Mes préférés étaient Twitter, Flickr et LinkedIn. J’ai été une utilisatrice plutôt précoce. Puis sont arrivés Facebook et Instagram, qui sont ensuite devenus les principales raisons pour lesquelles j’ai fermé la plupart de mes comptes. Dès l’origine, j’ai eu une relation d’amour-haine avec Facebook. La première fois que je m’y suis connectée, j’ai détesté l’interface, les couleurs, et j’avais du mal à voir l’intérêt. D’ailleurs, j’ai aussitôt fermé le compte que je venais d’ouvrir, et je n’y suis revenue que plus tard, poussée par des amis qui me disaient « on y est tous et c’est marrant ».

Avec Instagram, le ressentiment est monté progressivement. Mon amour pour la photographie aurait pu être satisfait par l’application mais c’était également une période où les filtres étaient utilisés à outrance – à l’époque, l’autre application en vogue pour la prise de photos était Hipstamatic – et je préférais de toute façon prendre des clichés plutôt avec un appareil photo.

À mesure que la popularité d’Instagram augmentait, associée à la qualité du contenu, je suis devenue accro. Je n’ai jamais effacé mon compte Flickr, mais je ne visitais que rarement la plateforme : à un moment, on a eu l’impression que tout le monde avait migré vers l’application aux photos carrées. Cependant, quand Facebook a acheté Instagram pour 1 milliard de dollars en 2012, son avenir est devenu malheureusement évident. Avance rapide jusqu’à janvier 2021 : j’ai désactivé ce que je considérais à une époque comme mon précieux compte Instagram, et j’ai également fermé mon compte WhatsApp. Avant cela, j’avais fermé mes comptes Twitter, Facebook et Pinterest. Six mois plus tard, je peux dire comment les choses se sont passées.

Le bruit de fond s’est tu

Au début, c’était une sensation étrange : quelque chose manquait. Dans ma vie, je m’étais habituée à un certain niveau de bruit, au point de ne plus m’en rendre compte. Une fois qu’il a disparu, cela est devenu si évident que je m’en suis sentie soulagée. J’ai désormais moins d’opportunités de distractions et ainsi, il m’est devenu progressivement, plus facile de rester concentrée plus longtemps. En conséquence, cela a considérablement amélioré ma productivité et désormais, je suis à même de commencer et terminer la lecture de livres.

Le monde a continué de tourner

Je ne prête plus l’oreille aux mèmes, scandales ni à tout ce qui devient viral ou tendance sur les réseaux sociaux. Au lieu d’avoir peur de rater quelque chose, j’y suis indifférente. Le temps que je passais à suivre ce qui arrivait en ligne, je le passe ailleurs. Et le mieux dans tout ça, c’est que je ne me sens pas obligée de donner mon avis. J’ai des opinions précises sur les choses qui me tiennent à cœur, mais je doute que le monde entier ait besoin de les connaître.

En ce moment historique, tout peut être source de division, et les réseaux sociaux sont un endroit où la plupart des gens choisissent un camp. C’est un triste spectacle à voir car les arguments clivants sont amplifiés mais jamais réellement apaisés.

Ma santé mentale s’est améliorée

Il y a quelques années, je pensais qu’avoir du succès sur Instagram pourrait devenir mon boulot d’appoint. C’est arrivé à beaucoup de gens, alors pourquoi pas moi ? J’avais acheté un cours en ligne, proposé par un influenceur célèbre, pour comprendre comment rendre mon compte Instagram digne d’intérêt, et faire monter mes photos tout en haut grâce à l’algorithme.

À partir de ce moment, je me suis retrouvée enfermée dans une boucle. Je sortais et prenais avec frénésie plein de photos, les publiais puis je vérifiais les statistiques pour voir comment elles évoluaient. J’ai eu de bons moments, rencontré des personnes géniales, mais ce n’était jamais assez. En tant que photographe, je n’en faisais jamais assez. Les statistiques sont devenues un problème : j’en étais obsédée. Je les vérifiais tout le temps, me demandant ce que je faisais mal. Quand tout cela est devenu trop, je suis passée à un compte personnel, espérant résoudre mon problème en cliquant sur un simple bouton. Ça ne s’est pas passé ainsi : les chiffres n’étaient pas le vrai problème.

À chaque fois que j’éprouvais comme une démangeaison de photographier, et que je ne pouvais pas prendre de photos, je me sentais coupable parce que je n’avais rien à poster. Ma passion pour la photographie est passée d’une activité qui ne m’a jamais déçue, à une source d’anxiété et de sentiment d’infériorité. Depuis que j’ai désactivé mon compte Instagram, je prends des photos quand j’en ai envie. Je les poste sur Flickr, ou bien je les garde pour moi. Ça ne compte plus vraiment, tant que c’est un exutoire créatif.

écrit au néon rose sur fond de feuillage 'and breathe' (en français : et respirez)- Photo de Max van den Oetelaar.
Photo de Max van den Oetelaar, licence Unsplash

 

Finie l’immédiateté

Chaque fois que j’avais quelque chose à dire ou à montrer, je postais presque immédiatement sur un réseau social. C’était la chose normale à faire. Même si cela a diminué pendant les dernières années, je vois cela comme une attitude étrange de ma part. C’est peut-être une réflexion due au fait que je me connais un peu mieux désormais, mais il m’a toujours fallu du temps pour assimiler des concepts et me forger des opinions. C’est pour cela que je préfère écrire sur mon blog et que j’ai réduit récemment ma fréquence de publication : je donne davantage de détails sur mes apprentissages et mes réalisations récentes.

Conclusion

Quitter les réseaux sociaux a été une bonne décision pour moi. Je suis plus concentrée, moins anxieuse et j’ai à présent plus de temps libre. Cela, en plus des divers confinements, m’a permis de mieux me concentrer et réfléchir davantage à ce qui compte vraiment. Prendre cette décision ne conviendrait certainement pas à tout le monde, mais il est important de réaliser à quel point les réseaux sociaux influencent nos vies, et à quel point ils peuvent changer nos habitudes ainsi que notre manière de penser. Et ainsi, prendre des décisions à notre place.

Pour aller plus loin
Des articles en anglais

Des très nombreux témoignages en français qui mettent souvent l’accent sur la difficulté à se « sevrer »…

Mise à jour

22 Novembre 2021. Il y a deux mois, je me suis connectée à Instagram et n’ai rien ressenti. J’ai vu une vidéo d’un ami, mais je n’ai nullement éprouvé le besoin de regarder plus loin.
Il n’y avait aucun intérêt à maintenir ce compte en mode inactif, alors j’ai demandé sa suppression.
Maintenant c’est fini.

 




CLIC ! : une plateforme de coopération tout terrain

Fin novembre, des commoners (militant·e·s des communs), artistes, animateurs et animatrices de rues se sont retrouvé·e·s au Vigan (dans les Cévennes gardoises), pour travailler sur le #ProjetCLIC! (Contenus et Logiciels pour des Internets Conviviaux !), une plateforme numérique pour essaimer des pratiques numériques et coopératives, solidaires et émancipatrices grâce à des logiciels, ressources et formations librement partageables.


Que ce soit dans le secteur associatif, en entreprise, ou dans tout autre collectif, les besoins en outillage informatique sont prégnants. Les géants de l’Internet savent proposer des solutions qui paraissent convenir mais cela a un certain prix, que ce soit en termes monétaires ou d’abandon de notre vie privée. Heureusement, certaines initiatives, telles que celles portées par Framasoft et les CHATONS, permettent de répondre à ces besoins sans concession. Cependant, ces solutions nous font dépendre de tiers, qui doivent être de confiance, et elles sont limitées à la présence d’une connexion internet et à la capacité du tiers à maintenir son service en ligne. En outre, ces outils sont livrés « nus » : il nous faut alors les alimenter en contenus afin de partager nos savoirs et connaissances.

Comment permettre que ces contenus et outils soient facilement accessibles, utilisés et réutilisables dans tous les contextes, y compris les plus éloignés de l’Internet ?

C’est à cette fin que les Animacoop, Colibris, Framasoft, ritimo, le Réseau national des ressourceries, Yunohost et autres allié·es ont imaginé « CLIC! », pour essaimer des pratiques numériques coopératives, solidaires et émancipatrices.

La proposition de CLIC! est de s’auto-héberger (d’installer les services sur son matériel, chez soi) et d’avoir ses outils libres et contenus disponibles localement, et/ou sur le grand Internet avec un système technique pré-configuré. On vous explique.

CLIC! home servicesL’interface de sélection des services dans CLIC!

Entre Chatons et PirateBox : CLIC!

CLIC! pourrait être vu comme un mix entre un CHATONS (hébergeur de logiciel et service libre) et une Piratebox (dispositif électronique accessible par wifi, permettant de partager des contenus libres) pour mettre l’auto-hébergement à la portée de toutes et tous.

Coté logiciel, CLIC! est une distribution Linux issue de Yunohost qui propose déjà des services et des contenus libres préinstallés. L’idée est de proposer en plus des contenus thématiques installables en un clic (fichiers multimédias, parcours pédagogiques, …)

Coté matériel, il pourrait s’installer sur différentes machines: le gros serveur dans un datacenter, un nano-ordinateur type Raspberry Pi, ou encore sur des « ordinosaures » (de vieilles tours d’ordinateurs ou d’anciens ordinateurs portables réutilisés).

Dessin CLIC! FrédériqueUn schéma de Frédérique pour y voir plus clair (ou pas)

Une coding party pour faire avancer le projet

La semaine du 22 au 28 novembre 2021, un groupe éclectique de développeur·euses, facilitateur·rices, bricoleur·euses et artistes issu·es de divers horizons se sont retrouvé·es pour imaginer des usages, adapter l’ergonomie, travailler l’interface, réaliser des installations artistiques dans l’espace public et poursuivre les développements de la distribution CLIC!

Le groupe s’est retrouvé à la Fabrègue (la fabrique en occitan), un écolieu du Vigan associé à la ressourcerie locale.

Une vidéo timelapse pour voir l’ambiance et comment on collaborait

Appréhender ce que pourrait être un Internet low-tech

Qu’est-ce qu’un Internet low-tech ? Le simple fait de trouver une définition des concepts et de se mettre d’accord sur le degré d’autonomie souhaité est un vaste sujet !
De nombreuses personnes réfléchissent déjà au sujet. Notre approche est très concrète : comment faire du mieux avec les ressources à disposition près de chez nous (récupérer du vieux matos dans ses placards ou dans les ressourceries) et tester du matériel peu gourmand en énergie (comme un nano-ordinateur) pour s’auto-alimenter en électricité.
Voici les pistes explorées durant cette semaine au Vigan :

Alimentation autonome via panneaux solaires

Quelques tests ont été réalisés pour discuter des problématiques d’alimentation d’un petit ordinateur ARM avec une batterie lithium et un panneau solaire USB.

Une caractéristique importante des batteries est la puissance maximale qu’elles peuvent absorber quand on les charge. C’est ce qui permettra de déterminer s’il est possible de les recharger en une seule journée via un panneau solaire ou s’il faudra compter plusieurs jours de soleil pour une charge complète.

12b prend des mesures d’un Raspberry Pi sur batterie, avec un écran portable branché.

Toutes les informations à ce sujet sur https://wiki.distrilab.fr/?TestsBatteriesEtPanneauxSolairesUSB

Récupération de batteries lithium d’anciens ordinateurs portables

Un beau travail a été mené pour détailler les opérations nécessaires pour récupérer des batteries depuis des vieilles batteries d’ordinateurs portables. Toutes les opérations sont détaillées dans un tutoriel accessible sur le wiki du Distrilab.

Alimentation et batterie lithiumLes piles lithium rondes que l’on peut trouver dans les batteries d’ordinateurs portables

Réemploi de vieux ordinateurs (ordinosaures)

Visite à la Ressources du pont au ViganLa délégation partie faire ses courses à la Ressourcerie du Pont pour faire le plein d’ordinosaures qui deviendront autant de kiosques autonomes mettant à disposition autant de services numériques que des livres électroniques ou des MOOCs

Hack-design

Des plasticien·nes locaux ont fait parler leur imagination pour créer de nouveaux looks pour différents usages :

  • Yeahman : un crieur de rue qui enregistrera des paroles publiques et les rediffusera, faisant office de jukebox actionnable par liens mp3 dans des QR-codes
  • Mouche à facette: un Raspberry Pi volant, avec des ailes en boule à facettes
  • Girafe rose : une statue de girafe en bois cachant un point d’accès wifi et un serveur CLIC!

Raspberry pi zero avec écran e-inkAutre piste explorée : un lecteur d’annonces connecté au web par flux RSS, à base de raspberry pi zéro et écran e-ink (comme sur les liseuses d’e-book, l’écran noir et blanc continue d’afficher du contenu sans avoir besoin d’énergie)

Améliorer les outils pour permettre l’usage en local et déconnecté du grand internet

Nous avons profité de la présence d’éminents contributeur·ices Yunohost et Chatons, pour contribuer au code de projets libres. Ainsi :

  • Ljf a pu corriger des bugs du hotspot wifi dans Yunohost et faire en sorte qu’il propose les services du serveur CLIC même sans connexion internet ✨
  • Tobias a ajouté le support de Framemo dans le dépot d’applications de YunoHost. Il a également travaillé sur une app permettant de remonter des informations vers l’outil de statistiques des chatons
  • 12b a créé des images Raspberry Pi et Odroid « clé en main » pour avoir un Yunohost avec des services installés, et une sélection de contenus de formations, de vidéos et de textes préinstallés, et accessibles en mode wifi « hotspot » local.
  • Aleks a fait une interface de configuration initiale pour CLIC!, accessible depuis le navigateur web, basée sur ce qui existait déjà pour la brique internet.

Ordinateur qui lance l'install de CLIC!L’interface d’installation de CLIC!

Penser les usages et les contenus pour être au plus proche des besoins des gens

Le temps nous a manqué pour réaliser tout ce que nous avions imaginé, en partie parce que nous avons pris du temps pour avoir des moments de restitution et d’échange avec les personnes en visite sur le lieu, ce qui fut riche !
Des graines de projets ont donc été semées et pousseront en 2022 :

  • une rubrique « Participation citoyenne » est apparue dans CLIC!, pour permettre d’effectuer des votes, des sondages et d’autres échanges locaux ;
  • initier les bénévoles de la ressourcerie à l’installation de ces kiosques sur des vieux ordinateurs et mettre la formation à disposition de toutes et tous ;
  • faire des tests utilisateur·ices en direct sur un marché avec un nano-ordi nomade et un kiosque à la ressourcerie.

Affiche OrdinosaureUne affiche de présentation des bornes Recy’clic par Uto de R(d)évolution

Expérimenter de nouvelles manières de travailler ensemble

Se voir en vrai, vivre ensemble, prendre soin des besoins de toutes et tous, s’amuser, passer du bon temps entre et avec des personnes inspirant·es… Cette rencontre a provoqué une envie de continuer à travailler ensemble sur ce projet. Voici quelques ingrédients, que nous pouvons partager, pour des rencontres réussies :

  • Liberté de rythme et de présence : certains étaient là pour quelques jours, d’autres pour une semaine. Certains actifs tôt le matin, d’autres (et iels étaient nombreux⋅ses) tard dans la nuit.
  • Un lieu inspirant et des hôtes accueillant·e·s, merci R(d)évolution du Vigan!
  • Un cadre de travail mêlant grand repas auto-organisés, discussions enflammées, temps de travail collectif et présentation croisées des avancées
  • Des animateur·ice·s soucieux·ses de l’inclusion des participant·es, de nombreux points de synchronisation
  • Faire du commun, trouver du sens dans nos collaborations

Quelques liens pour creuser

Le mot de la fin

Comme d’habitude sur le framablog, un petit mot des participant·es pour conclure :

  • ljf : Il reste de nombreux défis à relever pour proposer de l’auto-hébergement facile, itinérant et déconnectable, cette résidence était un pas de plus, longue vie au projet CLIC! et merci aux habitant⋅es de la Fabrègue et à leur énergie inspirante.
  • 12b : De belles rencontres et un projet inspirant. On continue en 2022!
  • Simon : Une chouette rencontre avec une belle diversité et plein d’idées, vivement la suite !
  • Tobias : Une rencontre hors du temps qui crée autant de code que d’idées et de liens entre les personnes.
  • Frédéric : Une belle parenthèse pour moi qui cours toujours après le temps et de super rencontres! Ce fut un vrai moment de bonheur de pouvoir participer au développement de cette solution. Merci à tous·tes
  • Christian : un chouette moment d’échange, pour découvrir, expérimenter, tester et discuter. Un grand merci aux organisateurs.
  • Lilian : Il y a encore du travail pour que cela soit accessible à tous·tes, mais un énorme potentiel pour permettre à chacun·e d’avoir facilement accès à des outils éthiques.
  • Ulysse : Une très belle aventure, qui va essaimer, et pas forcément là où on l’imagine, et c’est ça qui est beau !
  • Florian: merci Framasoft de nous avoir soutenus dans cette démarche et au plaisir de vous voir à notre prochain sprint IRL avec ce super groupe <3
  • Mathieu : un dispositif dont ritimo rêvait depuis de nombreuses années, qui est en train d’aboutir avec les précieuses contributions de chouettes personnes, et un soutien extra de Framasoft : la recette pour créer du lien, de l’interconnaissance, de la confiance – et construire ensemble du commun !

Crédit photos et vidéos : 12b Fabrice Bellamy – licence CC BY SA




PeerTube v4, more power to help you present your videos

Customization, content discovery, empowering through more control… Here is an overview of the new version of our software solution to create alternative platforms to YouTube and federate them together.

« Frama is not just… »

Each week of Fall 2021, we want to present you the diversity of what Framasoft does. As these actions are funded by your donations (66% tax-free for Fench tax-payers), you can find a complete summary, in the form of cards to click and flip, on the website Support Framasoft.

➡️ Read this series of articles (FR, Oct – Dec 2021)

PeerTube is a free software that, once installed on a server, generates a video hosting platform. This platform can be federated, to share its video catalog with other PeerTube platforms. It also provides a resilient video broadcasting system, which combines peer-to-peer and traditional streaming.

Today, PeerTube is a whole ecosystem: with an index of nearly 900 public « instances » (that’s how a PeerTube server is called), a search engine, dozens of plugins to adapt one’s instance to the needs of the content creators they hosts… But also tens of thousands of lines of code and hundreds of thousands of videos.

Card "Peertube" PeerTube is an open source software that democratises video distribution, as it allows hosts to create YouTube-like video platforms. These platforms can link together to show a wider range of videos while remaining independent.

A year of work since adding live streams

Last January, the 3rd version (v3) of PeerTube was released. The big new feature was the ability to stream live videos in peer-to-peer.

Late March 2021, version 3.1 was released, with improved video transcoding, interface, subscriptions…

Version 3.2 of PeerTube was released by the end of May. It allows content creators to customize their channels. Viewers also get better control of their viewing (automatic recover of views of downloads when interrupted, improvement on the video player contextual menu…).

Late July, version 3.3 offers administrators of a PeerTube instance homepage customization: add text, banners, highlight videos, channels, playlists. In addition, playlists now appear in search results, we have also shortened the web addresses of videos, channels and accounts, and the display of languages that read from right to left is now fully supported.

Framatube homepage
Framatube homepage

In early September, PeerTube version 3.4 was released. The video player became more convenient and fluid. Instance administrators can now federate only to an account or a channel (without having to federate with the whole instance that hosts them). But above all, it is now possible to filter videos on a page that displays several videos. For example, on the page of a channel you can display only the videos that are in French and that talk about cooking.

illustration CC-By David Revoy (sources)

A v4 by 2022, to give you even more control

The fourth version of PeerTube is scheduled for late 2021/early 2022. But as of today, we are publishing the Release Candidate of this v4, that is to say, the almost finished version that we will test for bugs and unexpected behavior. So we can already tell you about the new features!

The big new feature of this v4 is the table view of all the videos of an instance. It will facilitate instances administration and moderation by allowing you to select a batch of videos to apply the same action in bulk: delete them, block them, transcode them to or delete a certain video format, etc.

Table view of video administration on PeerTube
Table view of video administration on PeerTube

The advanced filter features make this bulk processing easier, by distinguishing between local videos (hosted on one’s own server) and remote videos (hosted on servers with which one has federated), or by sorting by publication date, for example.

Content creators will also be able to benefit from features to better manage all the videos on their PeerTube channels or view their subscribers. For now, this subscriber view is basic and doesn’t allow for (much) action, but it’s a foundation we’ll be able to build on to meet many needs.

Table view of subscribers to a PeerTube account
Table view of subscribers to a PeerTube account

Another new low-tech feature in PeerTube is the introduction of 144p video resolution. This is very low bandwidth-friendly, and can be very useful for weak connections, audio broadcasts, or videos where you don’t need to see very fine details.

Finally, the release of this v4 is the occasion of a big spring winter cleaning. The configuration, the code, but also the API (that allows other software to interact with PeerTube) have been reviewed, modified and improved.

Vertical videos are more beautiful in this new version, too...
Vertical videos are more beautiful in this new version, too…

 

Our contributions to the PeerTube ecosystem

Indeed, PeerTube is now an ecosystem of instances, content creators, third party clients, plugins, contributors… An ecosystem of which we are but one member.

Throughout the year, we have improved the JoinPeertube FAQ, moderated our search engine index, responded to issues (software feedback) and reviewed pull requests (code contributions). After a recent audit offered by NGI, we worked on the code of the official JoinPeertube website to improve its accessibility.

We also funded and supported two external developments that greatly improve the live experience. On one hand, we helped the PeerTube Live Chat plugin. It allows instances adminnistrators to add chat functionality to their content creators’ live streams. On the other hand, the PeerTube Live App, which allows anyone with a PeerTube account to broadcast lives from their Android smartphones (available here on Fdroid and here on the Google Playstore).

 

 

Broadcast live from your smartphone!
Broadcast live from your smartphone!

One of the recent evolutions of the PeerTube ecosystem is the multiplication of large instances, which host many videos. This creates new uses and new expectations that we try to meet.

For example, we communicate with one team of the French Ministry of Education, that works on apps.education.fr, a tool where teachers in France can find many freeèlibre services, including PeerTube hosting. Our goal is to get a better understanding of their needs and use cases, and to find ways to facilitate their contribution to the PeerTube community.

Any plans for PeerTube in 2022…?

The first project is to test this v4 Release Candidate, collect feedback, apply fixes to release a stable v4 by the end of 2021 / early 2022. After that, it will probably be necessary to take some time to rest, and prepare a roadmap for the upcoming year.

Even if we don’t know yet what form PeerTube v5 will take, we can already tell you about our intuitions, and especially the points that caught our attention:

  • Eliminate frustration points and improve usability;
  • Work on giving even more control to instance managers as well as to video makers (mass processing of videos, acting on subscriber lists, etc.);
  • Improve the transcoding and its displaying (display of the time remaining before publishing the video, why not work on deporting transcoding tasks to a remote server…);
  • Add light-weight editing tools for videos (cut the beginning/end of a video, etc.);
  • Work on automatic import of channels and videos hosted on other mainstream platforms;
  • Basic import/export tools for a PeerTube account to facilitate migration between two instances.

The list is far from complete and we’ll keep listening to your ideas (for example on our forum)… But we already know that we won’t be able to do everything, not by ourselves.

Illustration : David Revoy (CC-By)

Support Framasoft to support PeerTube

In 2021, we received a 50 000 € grant from NLnet (from European funds) for our work on PeerTube. This external funding allowed us to avoid having to prioritize « sexier » features in order to get a successful crowdfunding. So it’s thanks to this support from NLnet that we were able to make significant improvements that are not super-bankable, but necessary when you want a mature software.

The growing success of PeerTube implies an increasing amount of work to maintain and respond to the people who use it: understanding and solving bug reports, reviewing and integration of code contributions (commits), answering questions and requests on the forum, on the chat and on the software forge (already 3100 issues processed for about 400 pending)… All this work, not very visible, is mainly done by Framasoft.

We estimate (roughly) that the NLnet grant will have financed two thirds of the total cost of this project in 2021. This means that we have taken 25 000 € from the annual budget of the Framasoft association, so from the donations of the people who support us. We did not ask NLnet for 2022 funding on PeerTube (because we did it for another of our projects: Mobilizon).

However, Framasoft is (and wishes to remain) a small not-for-profit association https://framasoft.org/en/association , with about 40 members, including 10 employees. We maintain many actions (summarized in a deck of cards to flip on our donation page), and only one of our developers can devote about three quarters of his time to PeerTube.

If you would like to support the funding of PeerTube in 2022, please donate to Framasoft. By the way, in France, the Framasoft association is recognized as being of general interest and thus gives rights to tax deductions (so that a donation of 100 € will be – after tax deduction – 34 € for French taxpayers).

Thus, in addition to supporting PeerTube, you will finance many actions to facilitate digital emancipation, and emancipation through digital.

We count on your contribution!

Support Framasoft

 

Helpful links




PeerTube v4, prenez le pouvoir pour présenter vos vidéos

Personnalisation, mise en avant des contenus, plus de pouvoir et de maîtrise… Tour d’horizon de la nouvelle version de notre solution logicielle pour créer des plateformes alternatives à YouTube et les fédérer ensemble.

« Frama, c’est pas que… »

Pour l’automne 2021, chaque semaine, nous voulons vous faire découvrir un nouveau pan des actions menées par Framasoft. Ces actions étant financées par vos dons (défiscalisables à 66 %), vous pouvez en trouver un résumé complet, sous forme de cartes à découvrir et à cliquer, sur le site Soutenir Framasoft.

➡️ Lire cette série d’articles (oct. – déc. 2021)

À noter : cet article bénéficie désormais d’une version audio.
Merci à Sualtam, auteur de lectureaudio.fr pour cette contribution active.

PeerTube est un logiciel libre qui, une fois installé sur un serveur, permet de créer une plateforme d’hébergement vidéo. Cette plateforme peut se fédérer, pour partager son catalogue de vidéos avec d’autres. Elle offre aussi une diffusion des vidéos résiliente, qui associe diffusion en pair à pair et la diffusion classique.

Or aujourd’hui, PeerTube, c’est tout un écosystème : avec un index de près de 900 instances (c’est le nom d’un serveur PeerTube), un moteur de recherche des contenus, des dizaines de plugins pour adapter son instance aux besoins des vidéastes qu’on héberge… Mais aussi des dizaines de milliers de lignes de code et des centaines de milliers de vidéos en ligne.

Carte "Peertube" PeerTube est un logiciel libre qui démocratise la diffusion de vidéos, car il permet à des hébergeurs de créer des plateformes vidéos à la YouTube. Ces plateformes peuvent se relier entre elles pour montrer un plus grand choix de vidéos tout en restant indépendantes.

Un an de travail depuis l’arrivée du live

C’est en janvier dernier qu’est sortie la 3ème version (v3) de PeerTube, avec comme grande nouveauté la possibilité de diffuser des vidéos en direct pour des live minimalistes.

Fin mars, c’est la version 3.1 qui voit le jour, avec une amélioration du transcodage des vidéos, de l’interface, des abonnements…

La version 3.2 de PeerTube a été publiée fin mai. Elle permet aux vidéastes de personnaliser leurs chaînes, et au public de mieux maîtriser leur visionnage (reprise automatique de la lecture d’une vidéo, amélioration du menu contextuel du lecteur vidéo…).

Fin juillet, la version 3.3 permet aux personnes qui administrent une instance PeerTube de personnaliser leur page d’accueil : y ajouter du texte, des bandeaux, mettre en valeur des vidéos, des chaînes, des listes de lectures. De plus, les playlists apparaissent désormais dans les résultats de recherche, nous avons raccourci les adresses web des vidéos, chaînes et comptes, et l’affichage des langues qui se lisent de droite à gauche est désormais pleinement supporté.

Page d'accueil de Framatube
Page d’accueil de Framatube

Début septembre, c’est la version 3.4 de PeerTube qui voit le jour. Le lecteur vidéo devient plus pratique et plus fluide. Les administrateurs d’instances peuvent désormais se fédérer uniquement à un compte ou une chaîne (sans avoir à se fédérer avec toute l’instance qui les héberge). Mais surtout on peut enfin filtrer les vidéos d’une page qui en affiche plusieurs. Par exemple, sur la page d’une chaîne vous pouvez afficher uniquement les vidéos qui sont en français et qui parlent de cuisine.

illustration CC-By David Revoy (sources)

Une v4 d’ici 2022, pour vous donner encore plus de maîtrise

La quatrième version de PeerTube est prévue pour fin 2021/début 2022. Mais dès aujourd’hui, nous publions la release candidate de cette v4, c’est à dire la version presque finie que l’on va tester pour en chasser les bugs et comportements inattendus. On peut donc d’ores et déjà vous décrire les nouvelles fonctionnalités !

La grosse nouveauté de cette v4 c’est la vue en tableau de toutes les vidéos d’une instance. Elle va faciliter l’administration et la modération d’une instance en permettant de sélectionner un lot de vidéos pour leur appliquer la même action : les supprimer, les bloquer, transcoder vers ou effacer tel ou tel format de vidéo, etc.

vue en tableau de l’administration de vidéos sur PeerTube
vue en tableau de l’administration de vidéos sur PeerTube

Les fonctionnalités de tri avancé permettent de faciliter ce traitement par lot, en distinguant les vidéos locales (hébergées sur son serveur) et distantes (hébergées sur des serveurs avec qui l’on s’est fédéré), ou en triant par date de publication, par exemple.

Les vidéastes aussi vont pouvoir bénéficier de fonctionnalités pour mieux gérer l’ensemble des vidéos sur leurs chaînes PeerTube ou visualiser leurs abonné·es. Pour l’instant, cette vue des abonné·es est basique et ne permet pas (beaucoup) d’actions, mais c’est là une base sur laquelle nous allons pouvoir construire pour répondre à de nombreux besoins.

Capture d'écran de la vue en tableau des abonnés à un compte PeerTube
Vue en tableau des abonné·es à un compte PeerTube

Autre nouveauté orientée low-tech dans PeerTube, c’est l’apparition de la définition 144p pour les vidéos. Très peu gourmande en bande passante, elle peut être très pratique pour les faibles connexions, les diffusions audio, ou les vidéos dont on n’a pas besoin de voir des détails très fins.

Enfin, la sortie de cette v4 est l’occasion d’un grand ménage de printemps d’hiver. La configuration, le code, mais aussi l’API (ce qui permet à d’autres logiciels d’interagir avec PeerTube) ont été revus, modifiés et améliorés.

Capture de l'onglet d'une miniature de video verticale sur PerrTube
Les vidéos verticales sont mieux présentées par cette nouvelle version, aussi. C’est peut-être un détail pour vous…

Nos contributions à l’écosystème PeerTube

En effet, PeerTube, c’est maintenant un écosystème d’instances, de vidéastes, d’applications, de plugins, de contributeurs et contributrices… dont nous faisons partie.

Tout au long de l’année, nous avons amélioré la foire aux questions de JoinPeertube, modéré l’index de notre moteur de recherche, répondu aux issues (les retours sur le logiciel) et corrigé des pull requests (proposition de contribution en code). Suite à un audit récemment offert par The Accessibility Foundation, nous avons travaillé sur le code du site officiel JoinPeertube pour améliorer son accessibilité.

Nous avons aussi financé et accompagné deux développements externes qui améliorent grandement l’expérience des live. D’une part, le plugin PeerTube Live Chat qui permet aux instances d’ajouter une fonctionnalité de chat aux lives de leurs vidéastes. D’autre part l’application PeerTube Live App, qui permet aux vidéastes de diffuser des lives depuis leur smartphone Android (disponible ici sur Fdroid et là sur le Playstore de Google).

gif montrant l'ajout d'un live sur l'applicaiton peertube live app
Diffusez en direct depuis votre smartphone !

Une des récentes évolutions de l’écosystème PeerTube, c’est la multiplication de grosses instances, qui hébergent de nombreuses vidéos. Cela crée donc de nouveaux usages et de nouvelles attentes auxquelles nous essayons de répondre.

Ainsi, nous communiquons avec l’équipe du Ministère de l’Éducation Nationale qui travaille sur apps.education.fr, un portail où les enseignant·es français⋅es peuvent trouver de nombreux services libres, dont des hébergements PeerTube. L’objectif est de mieux comprendre leurs besoins et cas d’usage, et trouver comment faciliter leur contribution au sein de la communauté PeerTube.

capture d'écran de la plateforme apps.education.fr proposant PeerTube
PeerTube est proposé aux agent·es de l’éducation nationale.

Des projets pour PeerTube en 2022…?

Le premier projet, c’est de tester cette Release Candidate de la v4, récolter vos retours, appliquer les corrections pour publier une v4 stable d’ici fin 2021 / début 2022. Ensuite, nous allons probablement prendre un temps pour se reposer, prendre des forces et préparer une feuille de route pour l’année à venir.

Si nous ne savons donc pas encore la forme que prendra PeerTube v5 on peut d’ores et déjà vous dire nos intuitions, et surtout les besoins qui ont retenu notre attention :

  • Éliminer les points de frustration et améliorer l’utilisabilité ;
  • Travailler à donner encore plus de maîtrise aux gestionnaires d’instances comme aux vidéastes (traitement en masse de vidéos, agir sur les listes d’abonné·es, etc.) ;
  • Améliorer le transcodage et sa compréhension (affichage du temps restant avant publication de la vidéo, pourquoi pas travailler à déporter le transcodage sur un serveur distant…?) ;
  • Ajouter des outils d’édition légère de vidéos (couper le début/la fin d’une vidéo, etc.) ;
  • Travailler sur l’import automatique de chaînes et vidéos hébergées sur d’autres plateformes privatives ;
  • Outils d’import/export basiques d’un compte PeerTube pour faciliter la migration entre deux instances.

La liste est loin d’être complète et nous resterons à l’écoute de vos idées (par exemple sur notre forum)… Mais nous savons dès à présent que nous ne pourrons pas tout faire, pas à nous seul·es.

Illustration : David Revoy (CC-By)

Soutenez Framasoft pour soutenir PeerTube

En 2021, nous avons bénéficié d’une bourse de 50 000 € de la fondation NLnet pour notre travail sur PeerTube. Ce financement externe nous a surtout permis de ne pas devoir s’imposer de coder des fonctionnalités plus « tape-à-l’œil » afin de réussir un crowdfunding. C’est donc grâce à ce soutien de NLnet que nous avons pu apporter des améliorations significatives qui ne sont pas hyper vendeuses, mais nécessaires si l’on veut un logiciel mature.

Le succès croissant de PeerTube implique en effet un travail croissant de maintenance et de réponses aux personnes qui l’utilisent : comprendre et résoudre les rapports de bugs, relire et traiter les contributions en code (commits), répondre aux questions et demandes sur le forum, sur le chat et sur la forge du logiciels

(déjà 3100 issues traitées pour environ 400 en attente)… Tout ce travail, peu visible, est principalement assuré par Framasoft.

Nous estimons (c’est approximatif) que la bourse de NLnet aura financé les deux tiers du coût total de ce projet en 2021. Cela induit que nous avons pris 25 000 € sur le budget annuel de l’association Framasoft, donc sur les dons des personnes qui nous soutiennent. Nous n’avons pas demandé de financement 2022 sur PeerTube à NLnet (car nous l’avons fait pour un autre de nos projets : Mobilizon).

Or Framasoft est (et souhaite rester) une petite association à but non lucratif, d’une quarantaine de membres, dont dix salarié·es. Nous maintenons de très nombreuses actions (résumées en un jeu de cartes sur notre page de dons), et seul un de nos développeurs peut consacrer les trois quarts de son temps à PeerTube.

Si vous désirez soutenir le financement de PeerTube en 2022, n’hésitez pas à faire un don à Framasoft. D’ailleurs, en France, l’association Framasoft est reconnue d’intérêt général et ouvre droit à des réductions d’impôts (ce qui fait qu’un don de 100 € reviendra -après déduction fiscale- à 34 € pour les contribuables français·es).

Ainsi, en plus de soutenir PeerTube vous financerez de nombreuses actions pour faciliter l’émancipation numérique, par le numérique.

Nous comptons sur votre contribution !

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Mobilizon v2, now matured, like a good French wine

Mobilizon is our answer to the question: « How can we make it so that Climate Walks and demonstrations are not organized on Facebook? » This tool allows you to create groups, pages and events, without having to offer your data, update your status, tag your friends, share your photos…

« Frama is not just… »

Each week of Fall 2021, we want to present you the diversity of what Framasoft does. As these actions are funded by your donations (66% tax-free for Fench tax-payers), you can find a complete summary, in the form of cards to click and flip, on the website Support Framasoft.

➡️ Read this series of articles (FR, Oct – Dec 2021)

First, you will need to find where to register on Mobilizon. We do host Mobilizon.fr, but it is restricted to French speaking users (otherwise we wouldn’t be able to moderate). But we’ve got you covered: we propose a selection of other Mobilizon hosters on Mobilizon.org.

Card "Mobilizon" Mobilizon is a free and federated alternative to Facebook events and groups. Mobilizon is not a social network, and does not promote egos. Groups, on the other hand, can discuss, share resources, publish articles and organise their events.

Come again: what is Mobilizon?

Mobilizon is first and foremost a software, that web-hosters can install on a server, in order to create a platform, a Mobilizon web site. This Mobilizon web site can federate and thus synchronize its data with other Mobilizon web sites.

Imagine if Facebook were a network with several entry points, like emails. You would have the choice to sign up with this or that Facebook provider (just like you have the choice of your email provider). You’d choose such hoster because you feel you can trust them with your data, or to enforce a fair moderation. However, your Facebook provider would give you access to as many events and groups in the network as possible, because it would federate with the other hosts (just as you can receive emails from anyone, regardless of their provider).

That’s what Mobilizon is: a federated tool to publish your events, your pages, your information… and to focus on organizing your group.

Discover Mobilizon on the official website Join Mobilizon
Illustration : David Revoy (CC BY)

One year of updates from your feedbacks

It’s been a little over a year since we published the first version (v1) of Mobilizon. Let’s admit that proposing a tool to organize and gather your group in the midst of confinements and curfews was not such a smart idea!

Yet Mobilizon is a promising software, with more than 75 public hosts (we’re calling them instances) and an already international scope. It must be said that for the past year, we have been updating the software to provide you with much needed features.

Last March, we released version 1.1, which added a history of activities, the ability to display events by geographic proximity and access to RSS feeds (to subscribe to news feeds and not miss anything).

In late June, we released version 1.2, which includes a notification system (useful for informing participants of your event), and a clear improvement of the interface (more pleasant on mobile)

In mid-August, we released version 1.3 of Mobilizon. It allows a better management of groups, whose administrators or moderators can edit events or blog posts. Moreover, you can now add many metadata to events: accessibility level, Twitter account, live stream address…

Finally, we worked in partnership with Koena Connect (a French accessibility company) to improve the accessibility of Mobilizon. Koena Connect provided a direct feedback channel to the persons who find accessibility issues with our software.

Illustration : David Revoy (CC-By)

Mobilizon v2, a tool designed to serve you

Since this summer, we have been working hard (with our team of ONE paid developer who devotes 75% of his time to the project) to implement features inspired by your comments and requests.

From now on, it is possible for one of your Mobilizon profiles to follow the public activities of a group without having to join. You will have these events on your « My Events » page (now with a new filter system to display events). They will also appear on your home page and in your emails notifications (that you can turn off), as soon as this group publishes a public event.

People who organize events can now export a list of attendants, for example to check who has signed up and who comes. This list is downloadable in the most common formats (csv, odf, pdf), and for now only contains the names of profiles who have clicked « Participate » (and messages from anonymous accounts). But this is the beginning of a work that could be expanded, depending on your expectations.

Mobilizon v2 solves a real headache (and it was one to develop :p!): dealing with time zones. Now, if you organize an event in London, the time of your event will be associated with the British time zone by default.

Mobilizon will then convert the time for people who want to register from France, by displaying the time of the event on Paris time, for example. For this, Mobilizon looks at the time zone declared by your web browser (and you can control this setting in your account). This also allows Mobilizon to send you « the event starts in an hour » reminder emails at the right time, i.e.: yours (what a pleasure!)

A lot of work has been done to correctly display right to left languages; we had to adapt the interface itself. The tricky part was to adapt to « bidirectional » cases, where two languages with different reading directions are mixed, for example Mobilizon’s interface in French and an event described in Arabic.

You have asked for it (a lot), and it is even more relevant in times of pandemic, you now have the possibility to define an event as online, without geographical location. We’ve also added a new filter to the Mobilizon search, so you can see only « online » events among your results.

About the search engine, it is now possible to search among past events, just to find the ones that you liked.

We have implemented an automatic detection of the language of the events. When you write your event title and description, Mobilizon will assign a language to it. This allows for better accessibility for people who use a screen reader, but also improves on displaying the time of your event in its social media preview.

Finally, there are many, many tweaks that may seem small but are life changing. We worked on the emails look, on the cards presenting events or groups, and improved on the public view of groups (the alternative to Facebook « pages »). We also made progress in digital accessibility thanks to our exchanges with Koena.

Mobilizon can now easily run on ARM machines, which will facilitate self-hosting on nanocomputers (like Raspberry Pi) or with Yunohost, for example.

illustration : David Revoy (CC-By)

Join the Mobilizon Community

Mobilizon is still in the early stages of its life, with a very motivated community. There are lively discussions in our Matrix Room! The contributors who translate Mobilizon are amazingly efficient (thanks and lots of datalove to them!)

We don’t know exactly yet how we’ll improve on Mobilizon in 2022. Our intuitions tell us that we will have to work on making this solution better known to the people it could appeal to.

One way to manage it would be to improve content discovery (events, groups, their public page, the public articles of these groups) notably by working on search tools, filters, and so on.

But nothing is decided yet and we are eager to hear your feedback (on our forum or our Matrix lounge, for example) to know what direction to give to Mobilizon.

Illustration : David Revoy (CC BY)

 

As soon as we have a clearer roadmap proposal, we’ll be sure to let you know in the Mobilizon newsletter (so be sure to sign up here).

By coincidence, today the documentary Disappear – Under the Radar of Algorithms is released by ArteTV. Directed by Marc Meillassoux, this documentary features a performer trying to escape from the clutches of Facebook, and Mobilizon seems to play an important role in it…

Mobilizon is financed thanks to your donations

We remind you that this v2 of Mobilizon has been financed on our 2021 budget, so directly thanks to the donations of the people who support Framasoft. Indeed, Framasoft is a not-for-profit organization financed at 93% by your donations.

Because Framasoft is recognized as being of general interest by French authorities, donations to our association are tax deductible for French taxpayers. Thus, a donation of 100 € to Framasoft is, after deduction of income tax, 34 €.

We have explained, in this series of articles in French on the Framablog , all the actions that are financed by a donation to Framasoft. They are summarized in a set of (multilingual !) cards to click, flip and color on our support Framasoft page.

Thank you in advance for visiting and sharing this page. For those of you who can, please consider giving colors to our actions by making a donation to Framasoft.

Support Framasoft

 

This is Rȯse, the Mobilizon mascot.
Click on the image to read a photo novel that shows you a guided tour of Mobilizon.
illustration : David Revoy (CC-By)

 

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